RIPOSTE ARMÉE (Armed Response) réalisé par John Stockwell, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 17 février 2022 chez BQHL Éditions.
Acteurs : Wesley Snipes, Anne Heche, Dave Annable, Colby Lopez, Kyle Clements, Morgan Roberts, Eyas Younis, Mo Gallini…
Scénario : Matt Savelloni
Photographie : Matthew Irving
Musique : Elia Cmiral
Durée : 1h30
Date de sortie initiale: 2017
LE FILM
Aucun signe de vie n’émane du Temple, une prison militaire destinée aux détenus les plus dangereux et contrôlée via un système d’intelligence artificielle. Les militaires chargés de garder les lieux ayant tous disparu, l’état-major envoie sur place une unité d’élite.
Looooooooool !
Ça ne suffit pas comme argument ? Alors je vais essayer de vous en dire un peu plus sur Riposte armée (ptdr…) ou Armed Response (ça fait tout de suite plus sérieux en version originale), réalisé en 2017 par John Stockwell (né en 1961). Vous le connaissez sûrement. En tant qu’acteur tout d’abord. C’est lui qui interprète Dennis Guilder dans Christine de John Carpenter (le meilleur ami d’Arnie, ça vous revient ?), mais aussi Cougar dans Top Gun de Tony Scott (cette fois ça y est, vous l’avez). Mais ce dernier a ensuite bifurqué derrière la caméra au début des années 2000, en devenant l’expert des films situés sous les palmiers, sous lesquels déambulent de belles nanas en bikini, accompagnées de mâles aux tablettes de chocolat saillantes, en direction de la plage azur. Des titres ? Blue Crush (2002) avec Kate Bosworth et Michelle Rodriguez, Bleu d’enfer – Into the Blue (2005) avec Jessica Alba et Paul Walker, Dark Tide (2012) avec Halle Berry et Olivier Martinez. Depuis les années 2010, le réalisateur s’est tourné vers les séries B d’action, à l’instar de l’épuisant Out of Control (ou In the Blood en VO, allez comprendre pourquoi) avec une Gina Carano qui s’endort sur son menton carré entre deux scènes de baston, ou du nanardesque Kickboxer : Vengeance (2016) avec Dave Bautista, Alain Moussi et JCVD. Notre chez Johnny s’est fait une spécialité du film à budget (très) limité, filmé dans quelques décors abandonnés légèrement retapés (mais pas trop), chichement éclairés et au casting composé d’anciennes stars ou vedettes sur le retour. C’est exactement le cas pour Riposte armée, qui oscille entre la navet pur et dur, et le nanar fatigué, où Wesley Snipes apparaît tellement transparent qu’on en vient à se demander s’il ne s’agit pas d’un hologramme, et où Anne Heche (c’est qui ça déjà ?) a constamment l’oeil visé à son flingue et l’autre sur sa feuille d’impôts dont elle venue payer un arriéré. Car Riposte armée est un produit complètement insignifiant, inodore, incolore, invisible, qui vous engourdit le cerveau pendant 90 interminables minutes (un montage aux pâquerettes), durant lesquelles il ne se passe absolument rien et qui en même temps fascine par sa vacuité et sa démonstration pour illustrer un scénario inepte. À vous de voir, si l’envie vous en dit…
Une équipe d’agents de terrain est envoyée dans un établissement, un bâtiment pénitentiaire plus précisément, car celle habituellement postée sur place n’a plus donné signe de vie. Peu de temps après leur arrivée, ils trouvent les cadavres de leurs collègues, puis se retrouvent piégés à l’intérieur après un verrouillage complet. Ils découvrent les images de surveillance de l’autre équipe, tuée par des assaillants invisibles et bientôt, à leur tour, commencent à ressentir des phénomènes étranges et horribles alors qu’ils tentent de mettre la main sur ce qui a tué les anciens occupants. Le bâtiment est sous le contrôle d’une intelligence artificielle très évoluée nommée Temple, qui est en fait un énorme détecteur de mensonges. L’unité décimée et l’équipe envoyée pour les secourir avaient déjà effectué une période de service en Afghanistan. Sur place, les choses étaient devenues incontrôlables, au point d’entraîner le massacre d’un village. Le Temple est au courant.
Oh Wesley Snipes ! On ne l’avait pas vu depuis quand ? Le raté et très dispensable Expendables 3 de Patrick Hughes sans doute. Quand on creuse, on voit qu’il a participé à Chi-Raq de Spike Lee, aux côtés de Samuel L. Jackson et de John Cusack, mais aussi rejoint Eddie Murphy pour Dolemite Is My Name (2019) et Un prince à New York 2 – Coming 2 America (2021), tous les deux mis en scène par Craig Bewer. Également producteur sur Riposte armée, le comédien donne le pire de lui-même, yeux plissés (peut-être dormait-il au moment des prises de vue) ou calfeutrés derrière des verres fumés qui reflètent la caméra (il s’en fout Wesley), tenant son arme en passant le périmètre en revue, tout en faisant signe à ses camarades burnés et à la mine patibulaire d’avancer au pas. Riposte armée a été tourné dans un hangar, un entrepôt ou une nouvelle prison en attente de taulards, des couloirs sans âme, éclairés aux néons verts et bleus. Un procédé devenu récurrent dans les opus B-Z principalement destinés à la VOD ou pour une sortie directe en DVD-Blu-ray.
Parmi les plus couillus de la team, Anne Heche (oui, bon…) joue des épaules au milieu de mecs baraqués et parvient tout de même à tirer son épingle du jeu. L’actrice ayant eu son heure de gloire dans les années 1990, que l’on avait adoré dans Donnie Brasco de Mike Newell, Des hommes d’influence – Wag the Dog de Barry Levinson, 6 jours, 7 nuits – Six Days Seven Nights d’Ivan Reitman,y compris dans le fendard et improbable Volcano de Mick Jackson, a l’air de se prendre au jeu ici et s’en sort plutôt bien, surtout dans la dernière partie, plus amusante avec ses effets spéciaux rigolos. Mais le vrai premier rôle de Riposte armée reste le dénommé Dave Annable, qui promène sa bonne tronche sur les écrans depuis une vingtaine d’années, au cinéma (Les Ex de mon mec, (S)ex List) comme à la télévision (Brothers & Sisters, What/If, Yellowstone, Walker), qui vole facilement la vedette à l’ami Wesley, qui a l’air de s’en foutre, mais alors à un point !
Bref, voilà pourquoi un lol suffisait pour qualifier Armed Response. Si vous ne savez pas quoi faire pendant 90 minutes ou si vous désirez simplement combler le silence pendant votre repassage, alors prenez place aux côtés de cette équipe d’intervenants hautement qualifiés et tentez de vous sortir de ce complexe militaire isolé pour échapper aux phénomènes étranges et horribles engendrés par une IA revancharde. Enfin, pour vous donner une idée du bouzin sorti de l’écurie Saban Films (avec au moins une minute de logos de productions avant que le film commence), le film a obtenu le score de 0 % sur Rotten Tomatoes. Voilà voilà…
LE BLU-RAY
C’est chez BQHL Éditions que déboule Riposte armée, en DVD et même en Blu-ray. L’édition HD prend la forme d’un boîtier classique de couleur bleue, glissée dans un surétui cartonné. Le visuel est uniquement centré sur Wesley Snipes, prêt à en découdre…avec le scénariste ? Le menu principal est animé et musical.
Aucun supplément sur cette édition.
L’Image et le son
L’éditeur fait ce qu’il peut pour l’arrivée directe dans les bacs de Riposte armée, tourné en numérique et présenté dans un Blu-ray au format 1080p. Le transfert est correct, quelques instabilités sont constatées sur les nombreux plans aériens filmés à l’aide d’un drone en début de film. Le reste du métrage, autrement dit les séquences dans le Temple, n’est guère reluisant du point de vue palette chromatique et les détails manquent à l’appel. Lorsque les plans sont plus lumineux et que la caméra se stabilise quelque peu, le piqué se fait plus incisif, les contrastes sont mieux équilibrés et le relief des textures est plus éloquent. Certaines images de synthèse manquent de naturel et se voient comme le nez au milieu de la figure. Mais comme une grande partie de Riposte armée se déroule dans des couloirs faiblement éclairés, ceux-ci ont le mérite d’être quelque peu dissimulés pour éviter les dégâts.
Riposte armée ne regorge pas de scènes d’action pendant 1h30, mais toutes les séquences, y compris les nombreux échanges entre les personnages, sont constamment mises en valeur par des effets et ambiances puissantes, mettant à contribution chaque parcelle de votre installation acoustique, sans oublier le caisson de basses. En anglais comme en français, les mixages LPCM 5.1 créent une immersion constante, dynamique et souvent fracassante, avec un net avantage pour la version originale.