RE-ANIMATOR II (Bride of Re-Animator) réalisé par Brian Yuzna, disponible en Édition Collector 2 Blu-ray + 2 DVD + Livret depuis août 2020 chez The Ecstasy of Films.
Acteurs : Jeffrey Combs, Bruce Abbott, Claude Earl Jones, Fabiana Udenio, David Gale, Kathleen Kinmont…
Scénario : Woody Keith, Rick Fry & Brian Yuzna
Photographie : Rick Fichter
Musique : Richard Band
Durée : 1h33
Année de sortie : 1990
LE FILM
Après leurs méfaits commis dans la ville d’Arkham, le docteur Herbert West et son complice, l’étudiant Dan Cain, se sont réfugiés en Amérique latine. De retour dans leur pays avec un nouveau sérum particulièrement perfectionné, ils se proposent de réanimer la fiancée de Dan Cain dont il ne peut oublier la disparition avec le corps d’une jeune femme sur le point de mourir. Le résultat n’est pas tout à fait celui qu’ils attendaient, surtout pour la fiancée.
Il aura fallu cinq ans pour que le Re-Animator revienne sur les écrans, après avoir connu un beau succès dans les salles américaines, mais surtout un triomphe dans le reste du monde et plus particulièrement en Europe. En France, près de 635.000 spectateurs s’étaient rués dans les salles pour découvrir les aventures de ce savant fou moderne incarné par Jeffrey Combs. Alors qu’une suite était déjà envisagée sur le tournage de From Beyond (1986), le projet prend forme début 1990, mais Stuart Gordon ne peut pas rempiler, en raison d’un emploi du temps non compatible. Le producteur Brian Yuzna, ayant pu trouver des capitaux provenant du Japon, est dans l’obligation de tourner durant l’été 90 pour une sortie prévue en février 1991 aux Etats-Unis et même avant en Europe. Bryan Yuzna s’étant fait la main à la mise en scène avec son premier long-métrage Society, décide de signer lui-même Re-Animator 2 – Bride of Re-Animator. Si la référence à H.P. Lovecraft est encore de la partie, le réalisateur, épaulé par ses coscénaristes de Society, Rick Fry et Woody Keith, rendent cette fois un hommage encore plus appuyé au Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley. En effet, cette fois le docteur Herbert West ne se contente pas de ressusciter les morts, mais souhaite donner la vie à partir d’éléments composites. Ecrit dans la précipitation, Re-Animator 2 est pourtant un immense divertissement fourre-tout et extrêmement généreux, qui parvient à se hisser au niveau du premier volet, et nous n’hésiterons pas à dire qu’il parvient même à le surpasser. Encore plus inventif, drôle, sanglant, décomplexé et surtout mieux rythmé, cette Fiancée de Re-Animator n’a pas usurpé son statut culte et reste l’un des rares cas de suite encore plus fun et frappadingue que l’original.
Cinq ans se sont écoulés depuis les terribles événements qui ont secoué la petite ville d’Arkham : des morts, ramenés à la vie par un étrange sérum, avaient massacré le personnel de l’hôpital. Le docteur Herbert West, inventeur de la potion diabolique, et son complice, se sont réfugiés dans un pays d’Amérique du Sud, où la guerre fait rage : les circonstances sont idéales pour tester le nouveau sérum de vie qu’ils ont mis au point. Munis de cette seconde potion miracle, les deux savants reviennent à Arkham pour de nouvelles expériences…
Bryan Yuzna lâche les chevaux dans Re-Animator 2, bien décidé à offrir aux fans du premier opus une suite – qui lui était réclamée depuis belle lurette, mais bloquée en raison de droits – digne de ce nom ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le cinéaste, coscénariste et producteur a tenu ses promesses, autrement dit livrer un spectacle azimuté, coloré, où le gore côtoie le grand-guignol, avec une touche d’érotisme barré et d’humour aux ras des pâquerettes qui assume les gags mous et les blagues qui font pschitt. Au-dessus de la mêlée trône l’impérial Jeffrey Combs, qui endosse à nouveau les lunettes du docteur Herbert West. Le personnage a peu évolué, mais se prend cette fois définitivement pour un dieu, si ce n’est LE dieu, qui à travers ses expériences et son sérum vert fluorescent compte bien remplacer le Créateur, qui a selon lui échoué dans ses fonctions. Et pour cela, il peut compter sur son acolyte, le docteur Dan Cain (Bruce Abbott), toujours aussi con-con et naïf comme un gamin de deux ans, qui se laisse encore embobiner systématiquement par le bagou de West. Fleur bleue, mais se laissant aussi entraîner par son pénis, Cain se laisse avoir par ses sentiments, en étant constamment manipulé par West. La dynamique entre les deux personnages est évidente, tout comme l’alchimie des deux comédiens, qui s’amusent et le communiquent à chaque scène.
Du point de vue casting, nous sommes gâtés avec la belle présence de la sculpturale Kathleen Kinmont dans le rôle de Gloria, dont le corps écorché reconstitué est aussi légendaire que le sera celui de la sublime Melinda Clark dans Le Retour des morts-vivants 3 – Return of the living dead 3 que réalisera le même Brian Yuzna en 1993 ! Fabiana Udenio (Francesca) complète cette belle et sexy distribution féminine. Contre toute attente, David Gale est de retour dans le rôle du docteur Carl Hill, de sa tête plutôt, puisque le reste était réduit en charpie dans Re-Animator. On pensait que sa tête avait subi le même sort, mais les scénaristes ont trouvé un subterfuge pour ramener le personnage à l’écran, après que le comédien ait lourdement insisté. Si on le voit moins à l’écran que dans l’opus précédent, ses apparitions demeurent tout bonnement délirantes, surtout quand il se voit affubler d’ailes de chauve-souris, qui lui permettent enfin de se déplacer sans avoir recours aux bras d’un « valet » préalablement hypnotisé.
Re-Animator 2 se regarde comme une attraction de fête foraine, un train-fantôme bien évidemment, où l’on s’amuse devant un carnage rempli d’hémoglobine avec un second degré de tous les instants. L’acte final est un sommet du nawak avec des créatures hideuses et confectionnées par les magiciens des effets spéciaux qui rappellent parfois celles de la saga Basket Case de Frank Henenlotter, mais aussi et surtout Frankenhooker réalisé la même année par ce dernier. Ces êtres hybrides et bien glauques s’en prennent à nos protagonistes, tandis que le décor s’effondre sur eux et que la caméra bouge dans tous les sens, sans qu’on n’y comprenne grand-chose. C’est peut-être le seul reproche à faire au film…mais toujours est-il que l’on rit constamment d’avance d’avoir peur et le spectateur a toujours l’impression que le prix de son billet est – sans aucune commune mesure – largement rentabilisé.
Pour Thomas Demaerel.
LE COMBO
The Ecstasy of Films avait déjà comblé les fans du premier Re-Animator. L’éditeur récidive pour Re-Animator 2 – Bride of Re-Animator, à travers un combo 2 Blu-ray + 2 DVD + Livret, limité à 2000 exemplaires et disponible depuis août 2020. Comme pour L’Éventreur de New York, TEOF a concocté deux couvertures différentes pour le visuel de ce Médiabook. Ainsi 1000 exemplaires proposent l’affiche française comme visuel, et 1000 autres l’affiche française Artwork créé par Paskal Millet. Les quatre disques reposent dans un magnifique Mediabook, suprêmement élégant. Le DVD 1 et le Blu-ray 1 présentent la version Unrated du film (93’), le DVD 2 et le Blu-ray 2 le montage R-Rated (93’). La durée du film est identique, tout simplement parce que les plans gores de la version non censurée sont remplacés par des plans de réaction des personnages. Le menu principal est animé et musical. Mention spéciale au livret de 40 pages écrit par l’auteur-critique Marc Toullec, très complet sur la genèse, le tournage et la sortie de Re-Animator 2, comprenant aussi quelques photos de tournage et d’exploitation, ainsi que différentes affiches du film.
Le disque de la version Unrated présente en premier lieu un commentaire audio (VOSTF) qui réunit rien de moins que le réalisateur Brian Yuzna, le comédien Jeffrey Combs, ainsi que les créateurs des effets spéciaux Howard Berger (KNB, en charge des maquillages pour le personnage de la Fiancée), Robert Kurtzman (KNB), Tom Rainone (superviseur des effets spéciaux et deuxième réalisateur), Mike Deak (superviseur des effets spéciaux pour MMI, en charge de la tête du docteur Hill et de la chauve-souris), Screaming Mad George (chargé de toutes les expériences ratées du docteur West) et John Buechler (qui avait déjà participé au premier opus). Ne manquez pas ce commentaire audio où toute l’équipe s’est réunie autour de bières et de sandwichs pour parler de Re-Animator 2, dix ans après. On peut donc penser que le commentaire date du début des années 2000, d’autant plus que Howard Berger, Tom Rainone et Robert Kurtzman évoquent leur dernière collaboration en date, The Crow 3: Salvation de Bharat Nalluri. Les souvenirs fusent, la bonne humeur est de mise, les conditions de tournage (même si difficiles) sont largement évoquées et tous les effets visuels sont passés au crible par ces spécialistes qui étaient divisés en trois équipes travaillant en même temps et quasiment 24h/24.
On ne peut pas en dire autant du second commentaire qui réunit les deux têtes d’affiche de Re-Animator 2, Jeffrey Combs (alias le docteur Herbert West) et Bruce Abbott (le docteur Dan Cain). Si l’on est tout d’abord très heureux d’écouter les deux complices, on déchante rapidement tout simplement parce qu’ils n’ont pour ainsi dire rien à dire sur le film, si ce n’est qu’ils se sont bien amusés sur le plateau et ce même si le rythme effréné n’était pas facile à gérer. La plupart du temps, les deux paraphrasent ce qui se passe à l’écran, s’adressent aux personnages en leur disant « Non, ne va pas là ! » ou « Fais attention derrière toi ! », ou plaisantent de la version comédie-musicale qui allait se tenir en 2011. Marrant cinq minutes, mais sur 92 minutes, on peut trouver le temps long. Vous n’apprendrez absolument rien sur le travail de Brian Yuzna ou sur la mise en route de Bride of Re-Animator…vous pouvez donc vous passer de ce commentaire (VOSTF).
Si The Ecstasy of Films n’a pas repris le commentaire de Bryan Yuzna présent sur l’édition Arrow, nous trouvons heureusement l’interview de ce dernier (9’) qui revient sur l’origine du projet, sur la première mouture du scénario (en gros, Dan Cain se retrouvait dans le sous-sol de la Maison Blanche avec Herbert West et le corps de Ronald Reagan qui devait être ressuscité après un attentat) et sur la mise en route précipitée du film après avoir obtenu le budget nécessaire. Le réalisateur explique comment il a pris le relais de Stuart Gordon à la mise en scène après avoir rendu le scénario quelques heures seulement avant le début des prises de vues. « Quand on regarde le film, on se rend compte qu’on a jeté des idées au hasard sur le papier […] on en a gardé pas mal et du coup cela donne un truc assez étrange » dit d’ailleurs Brian Yuzna sans langue de bois. Le cinéaste clôt cette interview en disant que ce deuxième opus est plus ambitieux en terme de production, même s’il y avait davantage de pression que sur le premier, d’autant plus que les fans les attendaient au tournant.
Dans le supplément suivant, nous refaisons un petit tour d’horizon des effets spéciaux de Re-Animator 2 en compagnie de Robert Kurtzman, Screaming Mad George, Anthony Doublin et John Carl Buechler (14′). Ces quatre artistes abordent et détaillent leurs spécialités, ainsi que leurs missions respectives sur le film de Brian Yuzna. Si quelques redites sont évidentes avec ce qui a déjà été entendu lors de leur commentaire audio, ce supplément est bien fait, rapide et plutôt cool à suivre.
Nous trouvons ensuite un making of d’époque (Getting ahead in horror, 23’), composé d’images rares de tournage (et des essais maquillages), ainsi que de propos de l’équipe du film.
L’éditeur présente deux scènes coupées au montage. La première (8′) montrait le personnage de Meg, interprétée par Fabiana Udenio (qui reprenait le rôle tenu par Barbara Crampton dans le premier épisode), qui ne supportait pas (ou plus) le traitement de réanimation et mourrait dans les bras de Dan. Cette séquence est proposée avec les images de tournage et complétées par ce qu’aurait donné la séquence à l’écran. La seconde scène laissée sur le banc de montage (2′) était en fait celle où le lieutenant Leslie Chapham découvrait la tête du docteur Hill dans une attraction de fête foraine ! Il ne subsiste aujourd’hui que des photos de cette séquence.
Sur le disque de la version R-Rated, vous trouverez tout d’abord un montage de scènes filmées sur le plateau, ainsi que dans les ateliers de créations et de maquillages des différentes équipes responsables des effets spéciaux (14’). Les images de ce module sont dispersées un peu partout dans les autres suppléments de cette édition et l’on peut y voir la bonne humeur qui régnait sur le plateau. Du moins à ce moment-là, puisque le tournage n’a pas été une partie de plaisir tout du long, en raison de son rythme effréné qui monopolisait certains membres de l’équipe pendant plus de 24 heures.
Nous trouvons ensuite deux courts-métrages réalisés par Marc Charley, deux films liés à H.P. Lovecraft.
Le premier s’intitule La Tombe (1990, 6’) et s’avère une adaptation du Témoignage de Randolph Carter. Un soir d’orage, Randolph Carter, accompagné d’un assistant, visite une vieille tombe abandonnée. Après avoir déplacé la dalle, Carter s’engouffre dans la sépulture et s’y perd.
Le second, La Transition d’Ulrich Zann (1990, 17’) est interprété par Michel Vuillermoz et Thierry Der’ven et avait été sélectionné au Festival d’Avoriaz. Ce magnifique court-métrage réalisé en N&B était en fait le film de fin d’étude du metteur en scène. Laissez-vous enlever par les puissances de la nuit !
L’interactivité se clôt sur des bandes-annonces de films disponibles chez The Ecstasy of Films, ainsi qu’une compilation de bandes-annonces de longs-métrages adaptés de H.P. Lovecraft dont La Maison ensorcelée de Vernon Sewell, Horreur à volonté de Daniel Haller, La Malédiction des Whateley de David Greene, La Malédiction d’Arkham de Roger Corman, bref, plus d’une vingtaine de bandes-annonces !
L’Image et le son
Contrairement au premier Re-Animator, Bride of Re-Animator n’a pas bénéficié d’une prestigieuse restauration 4K, mais devra se « contenter » d’un lifting 2K, réalisé à partir d’un interpositif 35mm pour le montage R-Rated, complété d’une copie composite Master Positif comprenant les quelques plans censurés ici et là pour le montage Unrated. Ces plans se voient effectivement comme le nez au milieu de la figure avec un relâchement soudain et ponctuel de la définition et de la colorimétrie. Heureusement, ces divers plans réinsérés sont finalement assez rares, mais l’ensemble prend un aspect puzzle qui manque d’équilibre. Cette version est donc à voir avant tout comme un bonus à part entière. En ce qui concerne la version R-Rated, le travail de restauration est impressionnant et l’image est très propre, débarrassée de l’ensemble de scories, poussières, griffures et autres résidus imaginables. Un soin particulier a été apporté afin que la texture originale du film, les détails (sur les visages notamment et le corps de la Fiancée), la structure du grain ne soient pas affectés par le traitement numérique. Ce nouveau transfert Haute Définition permet de redécouvrir le film de Brian Yuzna sous toutes ses coutures avec une magnifique patine argentique. Cette élévation HD offre un nouvel éclat aux couleurs parfois baroques. La gestion des contrastes demeure solide, y compris sur les très nombreuses scènes sombres. Pas de réduction de bruit à l’horizon et le piqué est très élégant.
En anglais Mono comme en français Stéréo (au doublage forcément culte), les deux mixages DTS-HD Master Audio contenteront les puristes. Ces deux options acoustiques s’avèrent dynamiques et limpides, avec une belle restitution des dialogues (peut-être trop en français d’ailleurs) et de la tonitruante musique du film. Les effets sont solides et le confort assuré. Pas de souffle constaté. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale et le changement de langue non verrouillé à la volée. Mais ce n’est pas tout ! En effet, The Ecstasy of Films propose aussi une version originale en DTS HD Master Audio 5.1 qui une fois enclenchée parviendra à vous plonger encore plus dans le délire de Brian Yuzna. La spatialisation est concrète avec de nombreuses ambiances et de multiples effets qui créent une nouvelle façon de visionner Re-Animator 2.