PIEDS NUS DANS LE PARC (Barefoot in the Park) réalisé par Gene Saks, disponible en Blu-ray le 6 janvier 2021 chez Paramount Pictures.
Acteurs : Robert Redford, Jane Fonda, Charles Boyer, Mildred Natwick, Herb Edelman, Mabel Albertson, Fritz Feld, James Stone, James F. Stone, Ted Hartley…
Scénario : Neil Simon d’après sa pièce de théâtre
Photographie : Joseph LaShelle
Musique : Neal Hefti
Durée : 1h46
Année de sortie : 1967
LE FILM
Deux jeunes mariés follement épris l’un de l’autre. Ils ont oublié le reste du monde. Hélas, la lune de miel terminée, les nouveaux époux ont des problèmes d’appartement sur lesquels ils ne sont pas tout à fait d’accord. Elle pense un peu trop à sa toilette pour être belle et plaire à son mari, lui, un peu trop à ses affaires pour gagner de l’argent et plaire à sa femme.
Produit et écrit par Neil Simon, d’après l’une de ses pièces de théâtre à succès, Pieds nus dans le parc – Barefoot in the Park est le premier long-métrage du réalisateur Gene Saks (1921-2015), plus connu pour son second film, Drôle de couple – The Odd Couple (1968) avec le légendaire tandem Jack Lemmon et Walter Matthau, également adapté d’une pièce de Neil Simon. Si Pieds nus dans le parc est passé à la postérité, c’est surtout en raison de son couple star, Jane Fonda et Robert Redford, alors au début de leurs carrières respectives, beaux comme des Dieux, merveilleusement complices, sexy et visiblement heureux de se donner la (tordante) réplique, quitte parfois à en faire trop, mais on leur pardonne volontiers. La mise en scène ne parvient jamais à se sortir du dispositif théâtral original, mais la réussite du film provient de l’excellence de l’interprétation, ses deux têtes d’affiche donc, mais aussi notre Charles Boyer national et Mildred Natwick, grande comédienne de second rôle souvent vue chez John Ford (Les Hommes de la mer, Le Fils du désert, La Charge héroïque, L’Homme tranquille), Joseph L. Mankiewicz (Un mariage à Boston – The Late George Apley), George Sherman (À l’abordage – Against all flags) et Alfred Hitchcoick (Mais qui a tué Harry ? – The Trouble with Harry) dont les personnages deviennent aussi important dans la deuxième partie du film que le couple principal. Barefoot in the Park n’a certes pas révolutionné le cinéma, mais a su conserver une fraîcheur et une liberté de ton plus de cinquante ans après sa sortie et demeure un classique de la comédie américaine.
Après avoir passé leur lune de miel dans une superbe suite du Plaza de New York, Paul et Corie Bratter emménagent dans un petit appartement sous les combles. Corie rêve d’une vie de bohème, tandis que Paul, jeune avocat plein d’ambition, la rappelle sans cesse à de triviales réalités économiques. L’arrivée de la mère de Corie tourne au drame : elle espérait un appartement de rêve pour sa fille, et la voilà installée dans un deux-pièces qui, selon elle, est sordide. Victor, le voisin, s’avère d’agréable compagnie. Européen cultivé et séducteur, il met en émoi la mère de Corie…
Au début des années 1960, Robert Redford multiplie les apparitions dans quelques séries télévisées (Maverick, The Deputy, Perry Mason, Les Incorruptibles) et interprète sur scène le rôle de Paul Bratter dans la pièce de théâtre Pieds nus dans le parc, qui fait salle comble à Broadway. En 1965, sa carrière prend son envol au cinéma grâce à Robert Mulligan qui l’engage pour son film Daisy Clover, qui lui vaut le Golden Globe de la révélation masculine de l’année. Les propositions s’enchaînent très vite, comme La Poursuite impitoyable – The Chase d’Arthur Penn et Propriété interdite – This Property Is Condemned de Sydney Pollack. Avant de rejoindre Paul Newman et le cinéaste George Roy Hill pour le très attendu Butch Cassidy et le Kid, le comédien se voit proposer de reprendre le rôle de Paul Bratter pour la version cinématographique de Pieds nus dans le parc. Il accepte rapidement, d’autant plus que sa partenaire n’est autre que Jane Fonda, qu’il connaît très bien puisqu’ils avaient fait tous les deux leurs débuts devant la caméra de Joshua Logan dans La Tête à l’envers – Tall Story en 1960, avant de se retrouver dans La Poursuite impitoyable face à Marlon Brando.
A l’écran comme dans la vie, leur alchimie est évidente et Pieds nus dans le parc tire profit de cette étroite collaboration et ce dès la première séquence, celle de la lune de miel, quand les deux fraîchement mariés passent cinq jours enfermés dans leur chambre du Plaza, sans sortir, les journaux s’accumulant devant la porte de leur tanière. Après cet interlude qu’on imagine aussi passionnel qu’exténuant, le quotidien revient alors au galop, et même si Corie fait tout pour retenir encore son mari, Paul est obligé de retourner travailler, d’autant plus que sa carrière d’avocat est sur le point de décoller. Corie se rend dans leur nouvel appartement, que Paul n’a pas encore vu d’ailleurs, afin de préparer leur nid situé au dernier étage d’un immeuble de six étages (cinq en fait, mais le perron compte pour un) sans ascenseur. Ce lieu deviendra le décor principal du film, limitant la réalisation de Gene Saks, dont la caméra se contentera essentiellement de suivre les comédiens dans cet appartement étriqué et vétuste.
Après l’introduction, l’action se concentre surtout sur Corie, qui fera tout son possible pour rendre accueillant et chaleureux (même si le chauffage ne fonctionne pas, mais elle a d’autres atouts pour cela) cet appartement, en faisant installer le téléphone et en attendant la livraison – qui sera évidemment retardée – de leurs meubles. C’est alors que la mère de Corie, Ethel Banks, fait son apparition. Pieds nus dans le parc prend une autre tournure puisque le récit se focalise sur cette femme d’un âge respectable, vivant seule. Dans le même immeuble que Corie et Paul, habite un homme mûr venu d’Europe, Victor Velasco, vivant chichement dans une mansarde, à qui Charles Boyer apporte son éternelle élégance. Entre ces deux êtres qui ne sont plus des perdreaux de l’année, une flamme va se raviver, tandis que Paul et Corie se disputent pour la première fois. Ne sachant pas comment gérer ce conflit, Corie envoie tout balader, y compris Paul qu’elle renvoie de chez eux et auquel elle déclare vouloir divorcer.
Pieds nus dans le parc étonne par sa rupture de ton et même son changement de personnages principaux en plein milieu du film. Certes, Robert Redford et Jane Fonda en restent les protagonistes, mais l’action se focalise sur les deux autres, Ethel et Victor, Paul et Corie apparaissant sensiblement en retrait durant le deuxième tiers, avant de revenir sur le devant de la scène pour l’acte final, celui de la dispute et bien sûr celui de la réconciliation. La fin peut alors paraître abrupte, mais finalement Barefoot in the Park aborde plus le sujet de l’amour chez les personnes du troisième âge, plutôt que celui encore frais, bouillant et insouciant des jeunes de 25 ans, qui ont toute la vie devant eux. Si l’histoire apparaît donc quelque peu déséquilibrée, la surprise est là, le charme opère, la sensualité de Jane Fonda (un an avant Barbarella de Roger Vadim) explose à l’écran, même chose pour le sex-appeal de Robert Redford, l’émotion et la réflexion arrivent sans crier gare et surtout on rit toujours de bon coeur devant l’abattage virtuose des comédiens.
LE BLU-RAY
Pieds nus dans le parc commençait à devenir rare depuis sa première édition en DVD chez Paramount Pictures France ! Depuis 2001, le film de Gene Saks ne disposait que d’une édition Standard. Il y a bien eu un petit sursaut en 2006 quand le titre a intégré la collection « Eddy Mitchell », mais rien depuis. Il aura donc fallu attendre 2021 pour que Barefoot in the Park débarque en Haute-Définition dans nos contrées ! Le menu principal est fixe et muet.
Et malheureusement, nous ne trouvons aucun supplément sur ce Blu-ray !
L’Image et le son
Pieds nus dans le parc est très élégamment servi par Paramount, qui a concocté un très beau master HD. La texture argentique est tout d’abord agréable et excellemment gérée, l’image originale n’a pas subi de lissage excessif et demeure organique, sans jamais dénaturer les détails sur les très nombreux gros plans. La matière des vêtements est palpable, les décors profitent d’un piqué aiguisé (on peut observer l’appartement principal et la cage d’escalier sous tous les angles), les quelques séquences en extérieur sont encore plus pointues avec même une jolie luminosité hivernale. Mais le gros point fort de cette édition reste le traitement des couleurs, qui retrouvent un peps inattendu, à l’instar du pantalon vert et le pull jaune de Jane Fonda, mais aussi le vert du bus emprunté par Paul à plusieurs reprises. Des teintes saturées à souhait, naturelles, tout comme la carnation. Et n’oublions pas la propreté et la stabilité irréprochables de la copie, y compris sur les fondus enchaînés qui n’entraînent pas de décrochages.
Soyez rassurés, vous ne trouverez pas ici de remixage 5.1 ! Ce qui n’empêche pas la musique de Neal Hefti d’être mise en valeur grâce à la piste anglaise Dolby TrueHD Mono. Le mixage est fluide, bien équilibré entre les dialogues et les quelques ambiances naturelles qui parviennent à percer, notamment sur les séquences en extérieur, les voix sont claires et la balance frontale dynamique. La version française (au doublage excellent) est proposée en Dolby Digital Mono 2.0, forcément plus plate avec même parfois des voix légèrement étouffées.