PARTIES INTIMES (Private Parts) réalisé par Betty Thomas, disponible en Blu-ray le 20 janvier 2021 chez Paramount Pictures.
Acteurs : Howard Stern, Robin Quivers, Mary McCormack, Fred Norris, Paul Giamatti, Gary Dell’Abate, Jackie Martling, Carol Alt…
Scénario : Len Blum & Michael Kalesniko, d’après le livre d’Howard Stern
Photographie : Walt Lloyd
Musique : Van Dyke Parks
Durée : 1h49
Année de sortie : 1997
LE FILM
Evocation de la lutte et de la carrière d’Howard Stern, aphasique depuis l’âge de douze ans et qui à force de volonté est devenu une star de la radio et de la télévision aux Etats-Unis.
Qui en France, en 2021, se souvient encore de Howard Stern ? Né en 1954 à New York, l’animateur de radio américain, par ailleurs autoproclamé « Roi de tous les médias », avait su marquer les années 1980-90 avec son ton irrévérencieux à une heure de grande écoute, qui n’avait pas tardé à créer de multiples controverses, non seulement dans son pays, mais aussi au sein même de la station de radio qui l’employait. Parties intimes – Private Parts est un peu la cerise sur le gâteau pour la star radiophonique, puisqu’il s’agit de l’adaptation cinématographique de son autobiographie (très romancée paraît-il), réalisée par Betty Thomas et interprétée par…Howard Stern lui-même dans son propre rôle. Soyons honnêtes, le film a peu voire aucun intérêt dans nos contrées, surtout aujourd’hui, à part pour celles et ceux qui auront grandi dans les années 1980-1990 et aperçu son émission filmée et diffusée sur MTV. Toujours est-il que si l’on oublie que l’histoire qui nous est racontée est « vraie », Parties intimes reste une comédie sympathique, qui ne vole pas haut certes, mais qui dresse le portrait d’un quasi-freak à la langue bien pendue, probablement mal dans sa peau, timide et renfermé, qui s’est créé un monstre provocateur pour pouvoir enfin sortir de sa coquille et se sentir aimé. C’est déjà pas si mal pour un petit film complètement disparu, du moins dans l’Hexagone (où il aura fait 23.000 entrées en mai 1997), qui avait connu un beau succès commercial chez l’Oncle Sam en rapportant 41 millions de dollars, soit deux fois son budget initial.
« Ceux qui l’aiment et le détestent l’écoutent, pourquoi ? » « Pour savoir ce qu’il dira après ! ».
Produit par Ivan Reitman, Parties intimes est mis en scène par Betty Thomas, avant tout comédienne vue dans La Grosse Magouille – Used Cars (1980) de Robert Zemeckis, qui passe derrière la caméra à la fin des années 1980 pour quelques séries télévisées diverses et variées (Dream On, Sons and Daughters). Au cinéma, elle compte à son actif quelques hits au box-office, notamment Dr. Dolittle – Doctor Dolittle (1998), le troisième plus gros succès de la carrière d’Eddie Murphy, John Tucker doit mourir – John Tucker Must Die (2006) et son dernier en date Alvin et les Chipmunks 2 (2009), avec près d’un demi-milliard de dollars de recettes. S’il y a eu aussi quelques ratés, comme 28 jours en sursis – 28 Days (2000) avec Sandra Bullock en cure de désyntox et Espion et demi – I Spy (2002) qui réunissait Eddie Murphy et Owen Wilson, Parties intimes fait partie des films réussis de la cinéaste, qui s’en sort pas trop mal et se permet même de signer quelques jolis plans, aidés en cela par son directeur de la photographie Walt Lloyd (Sexe, mensonges et vidéo, Short Cuts), surtout sur les séquences du passé, qui ont vraiment de la gueule. Rien à redire donc du côté technique, c’est propre, carré, mine de rien beau à regarder.
Même chose, Howard Stern a peu à faire pour rendre son personnage d’abruti (mais pas trop en fait) attachant, d’autant plus qu’il reste le premier à se moquer de lui-même et en particulier de la taille minuscule de son pénis qui contraste avec ses presque deux mètres de hauteur. Où est la réalité ? Où est la fiction ? Difficile à savoir, surtout quand Stern lui-même déclare en voix-off que « le film est bourré d’invraisemblances », mais les grandes étapes de sa carrière, avant de devenir l’animateur numéro 1 sur le marché et le premier « DJ » de la Grosse Pomme, sont respectées. Mais ce qui était qualifié de trash il y a trente ou quarante ans est aujourd’hui bieeeen sage et Parties intimes est sans le savoir devenu le témoignage d’un temps révolu, où l’on pouvait sans doute rire de tout et où ce qui était perçu comme étant vulgaire et osé, est devenu une recette appliquée (et entraînant un ennui poli) sur n’importe quelle chaîne de télévision à l’heure du repas en 2021.
Howard Stern s’amuse à composer son propre personnage et ce dès le stade de la post-adolescence, évidemment conscient de ne pas être crédible une seconde, mais en y mettant du coeur et de l’autodérision. Si rétrospectivement, l’explosif Dumb & Dumber des frères Farrelly était sorti trois ans auparavant et avait changé la donne de la représentation de la bêtise au cinéma, en lui dressant un nouveau piédestal qui allait servir de référence pour les années à venir, Parties intimes fait presque figure de bon élève, presque fayot en fait avec ses airs de premier de la classe, qui voudrait se faire passer pour un rebelle, mais qui n’y arrive qu’à moitié. La faute sans doute à la trop grande place accordée à l’histoire d’amour d’Howard Stern avec son épouse, interprétée par l’excellente Mary McCormack (Deep Impact, Jugé coupable, Drone). Comme si Howard Stern cherchait ici à montrer qu’il avait bon fond (ce qui a été très souvent démenti), qu’il avait un coeur comme tout le monde, qu’il avait aussi ses problèmes et ses ennuis personnels (on y parle de fausse couche) et surtout qu’il jouait un rôle derrière le micro (mais où il n’hésite pas à raconter sa vie privée, au grand désespoir de sa femme), Parties intimes convainc moins sur le côté sentimental, personnel, et donc dramatique du personnage.
Cela étant, on se marre bien devant Private Parts, vrai-faux-ou pas biopic d’un mec « choquant, odieux et dégueulasse » (il est ainsi qualifié dès les premières minutes du film), qui rêve de devenir le rassembleur des classes sociales et des générations grâce à son talent indéniable d’animateur, mais qui reste aussi célèbre pour apparaître quasiment cul-nul devant des milliers de personnes dans la peau du super-héros Pétoman – Fartman, qui a semble-t-il inspiré notre Michael Youn national. Certaines séquences sont restées célèbres, comme celle où Stern fait l’amour par téléphone avec une auditrice, perchée sur un caisson de basses qui vibre au son de la voix de son interlocuteur, ce qui la conduit à l’orgasme, alors écouté par une audience très attentive.
S’il n’arrive pas à la cheville du puissant et pourtant méconnu Conversations nocturnes – Talk Radio (1988) d’Oliver Stone, basé sur la vie d’Alan Berg, assassiné en 1984, Parties intimes n’a rien de déshonorant et s’avère un pur produit de son époque, où pointe désormais un sentiment de nostalgie, ce que n’avait sans doute pas imaginer Howard Stern et Betty Thomas au moment de faire ce film fun et décomplexé.
LE BLU-RAY
Qui aurait pu croire que Parties intimes arriverait en Haute-Définition chez nous ? Traînant dans le fin fond de son catalogue, Paramount Pictures, qui avait déjà sorti le film en DVD en 2001 (il serait amusant de revoir l’état de l’image), avant de le ressortir en 2010 dans la même édition avec probablement le même master, Private Parts apparaît en Blu-ray dans les bacs français. Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est fixe et muet.
Aucun supplément sur cette édition.
L’Image et le son
Que peut donc apporter la Haute-Définition à un film comme Parties intimes ? C’est surtout au niveau de la belle photographie du film que ça se passe, avec une palette chromatique qui s’impose par sa vivacité, un relief inédit et très appréciable, ainsi qu’un piqué étonnant qui affiche quasiment un quart de siècle au compteur. Les détails sont conséquents, le grain argentique étant heureusement conservé et par ailleurs très bien géré. Si la profondeur de champ n’est guère exploitée, les gros plans sont bluffants de précision, la clarté est de mise, les contrastes stables, en dépit de noirs un peu légers. N’oublions pas non plus l’agréable propreté de la copie, malgré quelques poussières encore visibles ici et là.
Penchons-nous tout d’abord sur la version originale proposée en DTS-HD Master Audio 5.1. Immersive dès la première séquence, cette piste offre de belles ambiances intimistes. L’excellente bande originale (Rob Zombie, Nat King Cole, The Temptations, Doris Day, Benny Goldman, Peggy Lee, Deep Purple, Chris Isaak, ZZ Top, The Pretenders, Aerosmith, Ozzy Osbourne, The Ramones, Jimi Hendrix, Van Halen et bien d’autres) est savamment spatialisée, sans oublier les effets latéraux distillés à bon escient. Parties intimes contient un lot conséquent de séquences en intérieur où l’action est évidemment canalisée sur les frontales, en tous points dynamiques. La piste française est quant à elle présentée en Dolby Digital 5.1 de fort bon acabit.