PACIFIC EXPRESS (Union Pacific) réalisé par Cecil B. DeMille, disponible le 26 novembre 2019 en DVD et Blu-ray chez ESC Editions / Movinside.
Acteurs : Barbara Stanwyck, Joel McCrea, Akim Tamiroff, Robert Preston, Lynne Overman, Brian Donlevy, Robert Barrat, Anthony Quinn…
Scénario : Jack Cunningham, Walter DeLeon, C. Gardner Sullivan, Jesse Lasky Jr. d’après une histoire originale d’Ernest Haycox
Photographie : Victor Milner
Musique : Sigmund Krumgold, John Leipold
Durée : 2h16
Année de sortie : 1939
LE FILM
En 1862, pendant la guerre de sécession, fut entreprise la construction de la première ligne de chemin de fer transcontinentale reliant l’Atlantique au Pacifique. Un agent du gouvernement, Jeff Butler, est chargé de la surveillance. Il tombe amoureux de la fille d’un ingénieur, Mollie Monahan. Mais sa mission comporte aussi des risques, deux joueurs professionnels ont été chargés par un politicien véreux de saboter les travaux…
Pacific Express – Union Pacific clôt une décennie exceptionnelle pour le réalisateur Cecil B. DeMille (1881-1959). Après Le Signe de la Croix (1932), péplum avec Claudette Colbert, Charles Laughton et Fredric March, Cléopâtre (1934), Les Croisades (1935) et Les Flibustiers – The Buccaneer, le cinéaste est devenu synonyme de spectacles grandioses, de fresques spectaculaires, de divertissements surdimensionnés. Pacific Express, réalisé en 1939, ne déroge pas à la règle et embrasse l’Histoire Américaine (avec un grand H et un grand A donc) en prenant comme sujet la réunion de l’Ouest et de l’Est par l’intermédiaire du chemin de fer. Avant-dernier western de Cecil B. DeMille, Union Pacific est et demeure un immense film, un chef d’oeuvre, par ailleurs le dernier en N&B du réalisateur, qui conserve encore un souffle épique indiscutable et une folle modernité plus de 80 ans après sa sortie. Sans doute pour cela que Pacific Express a remporté en 2002 la Palme d’or au Festival de Cannes rétroactivement et délivrée par un jury présidé par Jean d’Ormesson.
Peu avant 1870, en pleine guerre de Sécession, après que le président Abraham Lincoln ait donné son autorisation, deux compagnies ferroviaires rivales tentent, par tous les moyens, la construction de la ligne de chemin de fer qui traversera les États-Unis d’Est en Ouest, reliant l’océan Atlantique à l’océan Pacifique. La première, l’Union Pacific part de l’Atlantique. Le train de cette compagnie est conduit par Monahan aidé par sa fille Mollie qui s’occupe de l’intendance. Jeff Butler, agent du gouvernement, assure l’ordre et la protection du convoi. Le deuxième projet, le Central Pacific, est soutenu par un politicien véreux Barrows qui utilise tous les procédés pour retarder l’Union Pacific afin d’effectuer la plus grande portion de ligne de chemin de fer. Un sabotage sur l’Union Pacific met en cause Dick Allen un ami de longue date de Jeff Butler. Leur amitié va être mise à rude épreuve leurs intérêts étant contraires, ils sont de plus tous deux amoureux de Mollie.
La démesure de Cecil B. DeMille, mais aussi son extraordinaire talent de raconteur d’histoire et de directeur d’acteurs explosent une fois de plus. Rarement un cadre 1.33 nous aura semblé aussi large qu’un écran de CinémaScope. Il y a également la reconstitution sensationnelle d’une époque, ces merveilleux décors qui agissent comme un voyage dans le temps auprès des spectateurs. Et des péripéties il y en a tellement dans Pacific Express, des sabotages, un vol de la paye des ouvriers, des attaques d’indiens, des bagarres, mais aussi un triangle amoureux, des trahisons, des sacrifices. Tout cela jusqu’à ce que le dernier tronçon de voie soit enfin posé.
La construction de la première ligne de chemin de fer transcontinentale avait déjà inspiré John Ford en 1924 pour Le Cheval de fer – The Iron Horse, film muet avec Georges O’Brien, Madge Bellami et Charles E.Bull. Quinze ans plus tard, Cecil B. DeMille s’empare à nouveau de ce sujet avec des moyens conséquents qui lui permettent de laisser libre cours à son imagination, en mêlant à la fois réalisme en suivant les grandes lignes historiques liées à cet événement, et la fiction à travers quelques personnages lancés dans cette aventure. Il y a notamment la divine Barbara Stanwyck. Agée de 32 ans, la comédienne qui avait déjà collaboré avec Frank Capra (Ladies of Leisure, The Miracle Woman, Amour défendu, La Grande muraille) et William A. Wellman (L’Ange blanc, Mon grand, The Purchase Price) et John Ford (Révolte à Dublin), se retrouve en tête d’affiche de Pacific Express. Certes, ses partenaires Joel McCrea, Akim Tamiroff et Robert Preston (excusez du peu) sont formidables dans le film de Cecil B. DeMille, mais on ne voit qu’elle, ses regards doux qui peuvent refléter une si grande détresse ou une incommensurable tristesse (l’actrice avait commencé à la fin des années 1920 durant le cinéma muet), sa délicatesse, mais également son sex-appeal et son côté bad-ass quand elle n’hésite pas à prendre le flingue. Une des plus grandes comédiennes de l’histoire du cinéma.
Joel McCrea (Les Chasses du comte Zaroff, Coups de feu dans la Sierra, Les Rebelles) s’impose sans mal avec ses épaules aussi larges que son couvre-chef, qui s’est vu confier pour mission de veiller sur la sécurité de l’Union Pacific, avec tout ce que cela implique compte tenu des travaux titanesques en cours, qui s’effectuent parfois en territoire indien. Enfin, il y a aussi Robert Preston, acteur de légende ici dans un de ses premiers rôles au cinéma, qui campe l’énigmatique Dick Allen. Toutes les scènes où ce dernier se retrouve confronté à Jeff Butler font partie des meilleures du film. Comme d’habitude, Cecil B. DeMille prend soin du casting de second plan avec la participation du légendaire Akim Tamiroff dans le rôle de l’extravagant Fiesta, ou bien encore Anthony Quinn, gendre du réalisateur, qui interprète le suintant Jack Cordray, l’homme de main de Campeau, incarné quant à lui par Brian Donlevy (Les Bourreaux meurent aussi).
Alors oui le film a été depuis très critiqué pour avoir « oublié » de mentionner que les ouvriers ayant participé aux travaux étaient d’origine chinoise ou irlandaise, ou que les indiens avaient été expulsés de leur territoire ou carrément massacré pour laisser passer les rails. Toutefois, avec sa direction artistique hors-du-commun, Pacific Express transcende les années et les générations et convie les spectateurs à traverser l’écran pour mieux plonger dans cette épopée intemporelle et gigantesque divertissement.
LE BLU-RAY
Jusqu’à présent, Pacific Express était disponible en DVD chez Universal, puis chez MEP Vidéo, éditions épuisées et qui se revendaient en occasion. Le chef d’oeuvre de Cecil B. DeMille fait son retour dans les bacs chez ESC Distribution sous sa bannière Movinside et dans la collection Hollywood Westerns, en DVD et en Blu-ray. Très beau visuel. Le menu principal est animé et musical. La jaquette est glissée dans un boîtier classique de couleur noire, lui-même glissé dans un surétui cartonné.
Noël Simsolo est de retour pour présenter Pacific Express (24’). Le réalisateur Cecil B. DeMille est au centre de ce module, puisque l’historien du cinéma revient en long en large sur sa carrière, tout en disséquant le film qui nous intéresse aujourd’hui en le replaçant dans son contexte historique. Certaines scènes de Pacific Express, son sujet principal et surtout le casting sont passés au peigne fin. Nöel Simsolo rend notamment hommage au comédien Robert Preston (« un acteur bouleversant, fabuleux, extraordinaire ») et évoque aussi Akim Tamiroff, petit comédien devenu protégé d’Orson Welles, mais également une star de la Nouvelle vague que l’on verra chez Jean-Luc Godard et Claude Chabrol ! Superbe et passionnant module.
Comme sur les Blu-ray de Geronimo, le peau-rouge et Californie, terre promise, nous retrouvons également Iac, peintre en Art Western et romancier (8’). Comme il en a l’habitude, l’invité d’ESC Distribution propose une présentation complète et très intéressante sur la construction du chemin de fer aux Etats-Unis, son histoire, sur le sort réservé aux tribus indiennes. Un sujet déjà abordé au cinéma chez John Ford ou même à la télévision à travers la série Hell on Wheels : L’Enfer de l’Ouest, chaudement recommandée par Iac.
L’Image et le son
Pacific Express bénéficie d’un vrai lifting. L’éditeur reprend visiblement le même master HD déjà disponible en Allemagne chez Koch Media depuis 2017. ESC Editions/Distribution nous permet non seulement de redécouvrir le film de Cecil B. DeMille dans de superbes conditions, mais aussi dans sa version complète de 2h15, contrairement à celle exploitée en DVD chez Universal à laquelle il manquait près de vingt minutes. Sous sa bannière de Movinside, ESC Editions nous gratifie donc d’une copie au N&B lumineux, très propre, même si divers points blancs et quelques traits verticaux demeurent. Superbe cadre 1.33 (16/9), Blu-ray au format 1080p. Le point fort de cette édition est indéniablement sa gestion des contrastes, revus à la hausse, avec ses blancs clairs, ses noirs denses et ses gris nuancés. Le grain argentique est présent, palpable, beau et élégant, parfois plus appuyé sur les séquences à effets spéciaux, mais toujours bien géré. Piqué vif et définition au cordeau, bref, une superbe édition HD.
Même si le doublage français existe bel et bien, seule la version originale est disponible sur cette édition. Les dialogues, tout comme la musique, sont dynamiques et le confort acoustique très appréciable, sans souffle. Les sous-titres français ne sont pas imposés.
Une réflexion sur « Test Blu-ray / Pacific Express, réalisé par Cecil B. DeMille »