MONSTROUS réalisé par Chris Sivertson, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2023 chez Metropolitan Films.
Acteurs : Christina Ricci, Santino Barnard, Don Durrell, Colleen Camp, Lew Temple, Carol Anne Watts, Jennifer Novak Chun, Peter Hodge…
Scénario : Carol Chrest
Photographie : Senda Bonnet
Musique : Tim Rutili
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Dans les années 50, une femme fuit une relation abusive et emménage avec son fils de sept ans dans une charmante maison près d’un lac. Mais, sous les eaux paisibles de leur nouveau sanctuaire, se cache un danger terrifiant.
Quel plaisir de revoir Christina Ricci au cinéma ! Même si Monstrous n’est pas vraiment ce qu’on pourrait appeler un bon film, au moins elle y est quasiment de tous les plans, ou tout du moins de toutes les scènes. Remarqué avec All Cheeleaders Die en 2001, qu’il coréalise avec Lucky McKee, dont ils signeront le remake plus de dix ans après, Chris Sivertson a toujours eu un faible pour le cinéma d’horreur et le thriller. The Lost (2005), adaptation du sulfureux roman de Jack Ketchum et I Know Who Killed Me (2007) avec Lindsay Lohan et Julia Ormond seront aussi bien reçus de la part du public que de la critique, au point de devenir cultes avec les années. Si l’on jette un coup d’oeil à sa filmographie, qui contient également des téléfilms, on se rend compte que l’un des sujets de prédilection de Chris Sivertson demeure la psyché perturbée des êtres humains. Du coup, il sera difficile de parler de Monstrous sans spoiler et l’on devine pourquoi le scénario de Carol Chrest a pu attirer le cinéaste. Cependant, soyons honnêtes, il sera aisé pour le cinéphile/age de comprendre où l’histoire veut nous emmener et ce dès les CINQ premières minutes. Vous voyez où on veut en venir ? On en a déjà trop dit en fait, mais Monstrous repose sur les mêmes codes usés jusqu’à la moelle par les auteurs de films fantastico-d’épouvante nappés de drame psychologique. Sans trop vous donner la puce à l’oreille, disons que Monstrous rappelle parfois bougrement Babycall (2011) de Pål Sletaune, avec la géniale Noomi Rapace…on pourrait citer d’autres longs-métrages plus connus, mais ce serait franchement vous mettre sur la voie…Néanmoins, n’y allons pas par quatre chemins, la seule raison d’être de Monstrous et de le visionner reste Christina Ricci.
Dans les années 1950, Laura et Cody, son fils de sept ans, se rendent dans une maison isolée en Californie pour fuir un ex-mari et père violent. La famille est menacée par l’éventualité de son retour ainsi que…par la présence d’un monstre tapi dans un lac voisin. Ils s’installent, Laura envoie son fils à l’école, lui prépare le déjeuner et travaille dans une entreprise de dactylographie. Une nuit, Cody semble effrayé en raison d’un monstre qu’il aurait aperçu près du lac, qui se serait ensuite glissé jusque dans sa chambre la nuit. Mais après cette confrontation, Cody semble étonnamment à l’aise avec cette créature qu’il baptise « la jolie dame du lac » qui l’attire irrésistiblement vers les eaux.
Pour Monstrous, un film qui a eu manifestement du mal à se monter financièrement (1’30 de logos de sociétés de production en début de programme !), Christina Ricci a été récompensée par le Prix de la Meilleure actrice au Fantaspoa International Fantastic Film Festival de Porto Alegre. La comédienne révélée en 1990 par Les Deux Sirènes – Mermaids de Richard Benjamin et bien sûr l’année suivante dans La Famille Addams – The Addams Family de Barry Sonnenfeld (éternelle Wednesday), revient sur le devant de la scène et se glisse dans la peau d’un personnage abimé par la vie, traumatisé et vraisemblablement fragile. S’il n’y a rien à redire concernant la performance des acteurs, y compris du jeune Santino Barnard (vu dans les séries Penny Dreadful: City of Angels et The Kids Are Allright), le bât blesse au niveau du récit et de son traitement malhabile, au point – comme on l’a déjà dit – que beaucoup anticiperont l’issue du film dès l’arrivée de Laura et de Cody dans leur nouvelle maison, ce qui n’était visiblement pas l’intention du réalisateur.
Certes, Chris Sivertson maîtrise admirablement le cadre et l’espace (la photo est qui plus est très belle), se révèle un excellent directeur d’acteur et insuffle à son histoire suffisamment de mystère, mais l’approche fantastique est un peu pesante, le thriller paranoïaque et anxiogène (qui se voudrait horrifique) manque finalement d’originalité et même d’âme. Malgré ses indéniables maladresses, son absence totale de personnalité, ses rebondissements et son twist prévisibles, la prestation de Christina Ricci est à saluer, sa puissance et son regard effrayé restent même gravés en mémoire après la projection. Et elle confirme sans le moindre doute tout le bien que l’on pense d’elle depuis toujours et surtout qu’on aimerait la voir plus souvent.
LE BLU-RAY
Monstrous débarque en DVD et Blu-ray chez Metropolitan Vidéo. Superbe visuel. Le menu principal est simple, élégant, très légèrement, animé et musical.
Aucun supplément…
L’Image et le son
Ce transfert HD (1080p, AVC) s’avère soigné. Les partis pris de la photo signée Senda Bonnet sont très bien retranscrits avec une prédominance de couleurs vives et pétillantes (les teintes bleues et jaunes foisonnent), les contrastes sont au beau fixe et le piqué aiguisé comme la lame d’un scalpel. Ce master s’avère un bel objet, le relief est omniprésent, les détails omniprésents sur le cadre large, les séquences en extérieur sont magnifiques et étincelantes.
Les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 anglaise et française instaurent un confort acoustique dynamique, dense et percutant, même si les voix des comédiens auraient pu être un peu plus relevées sur la centrale en ce qui concerne la version originale. Le doublage français est impeccable. Dans les deux cas, le confort acoustique est largement assuré et souvent de même acabit avec une spatialisation musicale systématique. Quelques séquences sortent du lot et les scènes plus intimistes baignent dans un silence de marbre.