Test Blu-ray / Max et Jérémie, réalisé par Claire Devers

MAX ET JÉRÉMIE réalisé par Claire Devers, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 9 septembre 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Philippe Noiret, Christophe Lambert, Jean-Pierre Marielle, Christophe Odent, Feodor Chaliapin Jr., Thierry Gimenez, Jean-Pierre Miquel, José Quaglio…

Scénario : Claire Devers & Bernard Stora, d’après le roman de Teri White

Photographie : Bruno de Keyzer

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

Tueur à la retraite, Max se lie d’amitié avec Jérémie, un petit voyou ambitieux. Ce dernier, comme premier « contrat », a pour mission d’éliminer le vieil homme. Mais une tendre complicité naît entre les deux tueurs…

Nous sommes en 1992 et en cette belle année où l’auteur de ces mots franchissait pour la première fois les portes du collège Alfred de Musset de Patay, ce cher Christophe(r) – hinhinhin – Lambert partageait sa carrière entre la France et les États-Unis. À 35 ans, le comédien a vu sa carrière s’envoler définitivement en enchaînant Greystoke (3,5 millions d’entrées), Paroles et Musique de Élie Chouraqui (1,6 millions), Subway (2,9 millions et César du meilleur acteur) et Highlander (4 millions). Il connaît ensuite quelques revers chez Marco Ferreri (I Love You) et Michael Cimino (Le Sicilien), tandis que la suite des aventures de Connor MacLeod n’emporte pas l’adhésion espérée. Et pour cause. Christophe Lambert revient en force avec l’excellent Face à face Knight Moves de Carl Schenkel, pour lequel il partage l’affiche avec sa compagne Diane Lane (veinard), le génial (si si) Fortress de Stuart Gordon et trouve l’un de ses meilleurs rôles dans Max et Jérémie de Claire Devers. Encore aujourd’hui, l’acteur déclare qu’il s’agit d’un des meilleurs scénarios qu’il a pu lire. Rétrospectivement et s’il ne connaîtra qu’un succès relatif avec 630.000 spectateurs réunis dans les salles, Max et Jérémie demeure un solide et étrange polar, dans lequel le tandem Philippe Noiret – Christophe Lambert fonctionne étonnamment bien, duo par ailleurs soutenu par la participation d’un autre monstre, Jean-Pierre Marielle, qui sera nommé pour le César du meilleur second rôle.

Max est un tueur, le meilleur de la place. Après trente ans de bons et loyaux services, ses arrières assurés, il prend une retraite aussi confortable que méritée. Bien vite, l’inaction lui pèse. Il s’ennuie, il broie du noir. Ce familier de la mort pense qu’elle tarde à lui faire signe. Un jour elle vient à sa rencontre. Il la reconnaît aussitôt et la laisse, par jeu, par défi, rôder autour de lui. D’autant qu’elle prend la forme de son double inversé. Jérémie est jeune, spontané, brouillon. Il improvise au gré du moment. Max ne laisse rien au hasard, la répétition quotidienne des gestes le rassure. L’imprévu est une menace qu’il s’efforce de conjurer depuis toujours.

En-dehors de leur profession, tueur donc, tout oppose Max et Jérémie. Le premier, est devenu un honorable bourgeois du XVIe arrondissement de Paris, élégamment blanchi sous le harnais, qui compte bien profiter, autant qu’il le peut, des années qui lui restent. Le second, jeune chien fou, sans foi ni loi, est prêt à tout pour quitter son appartement miteux en HLM, sa banlieue et l’avenir d’ennui et de misère qui semble lui être promis. Affichant de prétendues compétences, Jérémie contacte Maubuisson, « l’avocat » du vieux chef de gang Agopian, et lui demande de lui offrir sa chance. On le charge de tuer Max. Parallèlement, cela fait quarante ans que l’inspecteur Almeida cherche à mettre Max sous les verrous. Une sorte d’affection s’est établie entre les deux hommes. La mort rôde et danse autour de Max et elle lui apparaît sous les traits de ce jeune homme au bagou ininterrompu, qui ne tient pas en place, qui a des fourmis dans les doigts et qui voudrait passer à l’échelon supérieur, en d’autres termes sortir des petites affaires criminelles, pour enfin tenir une arme.

Max et Jérémie est le long-métrage le plus connu de Claire Devers. Dans cette adaptation du roman de Teri White, Max Trueblood and the Jersey Desperado (Les Lamentations de Jeremiah en France), la réalisatrice met en scène la complicité intergénérationnelle entre deux tueurs, qui n’auraient jamais dû se croiser, chacun évoluant dans ses pratiques et ses conceptions. Un flic, qui comme Max est en fin de parcours, souhaiterait bien partir sur un dernier coup d’éclat, autrement dit mettre son adversaire derrière les verrous. Si Christophe Lambert en fait parfois trop dans la première partie, son jeu est relevé dès qu’il se retrouve face à Philippe Noiret, magistral, entre présence glaciale et glaçante, remarquablement ambiguë, qui laisse transparaître le trouble de son personnage et donc son humanité. Entre Tango de Patrice Leconte et Le Facteur Il Postino de Massimo Troisi et Michael Radford, Philippe Noiret impressionne dans la peau de ce tueur qui se démarque dans son illustre filmographie.

À la fois thriller sombre et crépusculaire, mélancolique, mais aussi buddy movie où l’humour est aussi présent, Max et Jéremie est contre toute attente une histoire d’amitié, presque d’amour, qui s’installe entre deux êtres profondément solitaires, à qui la vie n’a pas fait de cadeaux et qui trouvent enfin à qui parler. Si la mise en scène reste finalement assez banale, les dialogues sont on ne peut plus soignés, les changements de ton étonnants et le casting emporte tout sur son passage.

LE COMBO BLU-RAY + DVD

Max et Jérémie était sorti en DVD il y a un peu plus de vingt ans chez Studiocanal, dans la collection Série Noire. Plus rien depuis. Et puis voilà, septembre 2025, Tamasa Distribution dévoile un Combo Blu-ray + DVD. Les deux disques reposent dans un boîtier Digipack à deux volets. On regrette que l’éditeur n’ait pas repris le beau visuel de l’affiche original d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.


Pour cette nouvelle édition, Tamasa a réuni Christophe Lambert et Claire Devers (32’35). Une rencontre qui forcément conduit à de nombreux souvenirs liés au tournage de Max et Jérémie et où l’on sent le comédien, qui paraît malheureusement diminué, très ému à l’idée de parler de ce film, qu’il place aisément dans le top cinq de sa carrière. « Pas une virgule n’était à bouger, le script était parfait » dit-il à Claire Devers, visiblement heureuse d’évoquer son plus grand succès. Elle évoque l’adaptation du livre de Teri White, qui avait écrit une lettre dithyrambique destinée à Christophe Lambert, et que la cinéaste lui offre, pour qu’il puisse la découvrir et la lire. Les thèmes du film sont ensuite passés en revue, ainsi que les conditions des prises de vue, le travail et l’amitié avec Philippe Noiret, les partis-pris et les intentions de la réalisatrice. Un très beau moment.

Tamasa reprend ensuite l’entretien avec Christophe Lambert, Philippe Noiret et Claire Devers, déjà présent sur le DVD Studiocanal (21’). Réalisé à l’occasion du dixième anniversaire du film, ce bonus vaut le coup d’oeil pour l’évidente complicité entre les deux acteurs, confortablement installés sur un canapé et où Philippe Noiret fume tranquillement son barreau de chaise. Si vous avez écouté le supplément précédent avant celui-ci, vous retrouverez plus ou moins les mêmes arguments, mais passer vingt minutes avec Noiret ne se refuse pas.

L’Image et le son

Tamasa annonce un master restauré 4K. Effectivement, la copie est on ne peut plus propre, la texture argentique est présente, organique, équilibrée. Cependant, la définition flanche à plusieurs reprises et parfois au cours d’une même scène. Le piqué devient aléatoire, ainsi que le gestion des contrastes, tandis que le grain se fait plus hasardeux. La photographie de Bruno de Keyzer (Autour de minuit, Lacenaire) est froide et hivernale dans la partie parisienne, puis s’avère plus lumineuse quand le tandem se tire dans le Sud de la France. Des partis-pris bien rendus, avec une carnation naturelle et un relief de certaines matières, à l’instar des vêtements de grand luxe de Max.

Le mixage permet à la composition de Philippe Sarde d’être délivrée avec un coffre inédit. Également restauré, le son a subi un dépoussiérage depuis la dernière sortie du film en DVD. Le confort acoustique est ici largement assuré, jamais entaché par un souffle quelconque. La musique, les effets annexes, les voix des comédiens, tout est ici mis en valeur avec fluidité probante. En revanche, pas de sous-titres français pour sourds et malentendants, ni de piste Audiodescription.

Crédits images : © Tamasa / Studiocanal – Gruppo Bema (Italie) / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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