LES MÉCHANTS réalisé par Mouloud Achour & Dominique Baumard, disponible en DVD et Blu-ray le 26 janvier 2022 chez Le Pacte.
Acteurs : Roman Frayssinet, Djimo, Ludivine Sagnier, Anthony Bajon, Kyan Khojandi, Mathieu Kassovitz, Alban Ivanov, Samy Naceri…
Scénario : Mouloud Achour & Dominique Baumard
Photographie : Marco Graziaplena
Musique : Nikfurie (La Caution)
Durée : 1h24
Date de sortie initiale : 2021
LE FILM
Patrick et Sebastien passent la pire journée de leur vie. En quelques heures, ils deviennent les méchants les plus recherchés de France. La raison ? Une fake news montée de toutes pièces par Virginie Arioule, présentatrice d’une chaine de débat prête à tout pour faire de l’audience, quitte à pactiser avec des trafiquants de clics.
« La France a peur » disait Roger Gicquel en 1976. Et en 2021 il y a des films qui donnent aussi ce sentiment. Les Méchants en fait partie, c’est même le haut du panier. Des trucs filmés qui compilent tout ce qui ne faut pas faire au cinéma. Deux réalisateurs sont crédités. Le premier, Dominique Baumard, qui avait « commis » le scénario de Roulez jeunesse, comédie poussive, pour ne pas dire nulle de Julien Guetta, ainsi que divers épisodes de la série Le Bureau des Légendes. Le second est le « journaliste » et animateur Mouloud Achour, dont on se demandera toujours comment il a fait pour en arriver là, à vouloir s’incruster dans notre foyer par la petite lucarne, où à travers le vide de ses émissions il participe à créer un courant d’air avec la fenêtre de notre cuisine restée ouverte. Ils cosignent Les Méchants, leur premier long-métrage, à la fois au « scénario » et à la « mise en scène », gigantesque accident industriel d’une platitude confondante, laide à regarder, vide d’intérêt, interprété par des acteurs en carton (et toute une série de caméos du style Omar Sy, Vincent Cassel, même si Camelia Jordana et Assa Traoré manquent à l’appel), d’une immaturité assez dingue et surtout d’une vulgarité tellement gratuite qu’elle en devient pathétique et finalement représentative des deux instigateurs de ce gigantesque navet. Vous cherchiez le pire film de l’année passée ? Le voici.
Dans une France divisée entre « gentils » et « méchants », nul doute que dérober une console de jeux à des migrants ne passerait pas inaperçu. Mais si le « méchant » Patrick avait su, il se serait sûrement abstenu ! En tentant de refourguer le fruit de son larcin à Sébastien, un « gentil », Patrick se fait repérer et se fait rapidement placarder son portrait dans tous les médias, devenant l’ennemi public numéro un. D’anciens taulards, des rappeurs, des journalistes peu scrupuleux, tous les vrais « méchants » le prennent en grippe et veulent avoir sa peau. Il doit fuir en attendant de voir la vérité sur cette affaire éclater au grand jour…
Dès le départ, on sent que l’on va avoir beaucoup de mal. Premièrement, en raison de son « acteur » principal, un certain Roman Frayssinet, dont le charisme de bulot et le regard de poisson mort interpellent d’emblée et ne rassurent pas. On apprend que cet individu, apparemment humoriste, anime depuis janvier 2018 une chronique dans « l’émission » Clique sur Canal+, animée par, je vous le donne en mille, Mouloud Achour. Il fait ici ses premiers pas, et on espère les derniers, sur le grand écran. Il donne la réplique à Djimo, lui aussi « humoriste », vu dans l’improbable Rendez-vous chez les Malawas de James Huth et qui, grande surprise, est lui aussi chroniqueur dans Clique. Si ça c’est pas de l’inceste quand même…On en voit beaucoup des mauvais films, parfois on adore ça, surtout quand il s’agit de nanars surréalistes, qui donnent autant la pêche que le sourire, mais avec Les Méchants nous sommes dans ce qu’il y a de pire, le navet bien pourri qui pense avoir des choses à dire, qui se donne bonne conscience (Achour est un peu le Florent Brunel de la télé, on dénonce, mais pas trop, car faut pas froisser), où les instigateurs sont visiblement ravis du résultat final, avant d’aller en faire la promo chez Hanouna. Ce n’est pas qu’on a quelque chose contre Mouloud Achour hein, c’est juste qu’il représente le journalisme de pacotille des années 2010-2020, qui à 40 ans passés se comporte toujours comme un adolescent attardé, qui balance des citations de 2Pac sans aucun sens, encense Samy Naceri (qui « joue » dans le film aussi tiens, mais il a droit à une deuxième chance) et qui s’exprime comme un gamin de CM1.
Et tout cela ressort dans Les Méchants, même s’il est évident que Dominique Baumard a essayé de raccorder tout ce bordel comme il le pouvait. Mais rien, absolument rien ne fonctionne, ni le « jeu » des « comédiens » livrés à eux-mêmes, on ne sait pas s’ils étaient d’ailleurs conscients du néant qu’ils avaient à défendre, ni le montage (aux pâquerettes), ni la réalisation (inexistante). Toutes les séquences du journal TV avec Ludivine Sagnier – la compagne du réalisateur Kim Chapiron, qui avait « dirigé » Mouloud Achour dans l’immonde Sheitan, vous comprenez maintenant pourquoi elle apparaît dans ce truc ? – qui tente de sauver les meubles, en donnant la « réplique » à Mathieu – je pense aux pauvres dans ma maison donnant sur le bois de Vincennes – Kassovitz et Alban – je grogne tout le temps – Ivanov sont un véritable supplice. Celles-ci montrent très vite la vacuité du propos de ce film douteux, toujours « nappée » d’une musique atroce qui fait autant saigner les oreilles que la « voix » de Heuss l’Enculé, ou Enfoiré on ne sait plus.
S’il s’imagine comme un représentant de la génération Y, Mouloud Achour – qui pense sûrement que le sketch légendaire des MC Warriors de Groland est un vrai documentaire sur la banlieue – s’apparente plutôt à celui des parisiens de la génération Z. Une lettre qui représente bien son coup d’essai au cinéma et on espère très sincèrement qu’il en restera là, car c’est terriblement gênant. Mais Libération a aimé, c’est déjà ça.
LE BLU-RAY
Après s’être bien ramassé dans les salles avec 138.000 entrées, Les Méchants bénéficie tout de même d’une sortie en Blu-ray chez Le Pacte. Le visuel reprend celui de l’affiche « d’exploitation » (notez les guillemets), le menu principal étant animé sur la « chanson » titre du mec qui couine et qui répond au doux nom de Heuss l’Enflure, ou l’Enculé, un truc comme ça quoi.
Outre deux teasers (évidemment pas drôles), l’interactivité des Méchants se résume à un module d’une minute (oui oui), tourné lors de l’avant-première du film au Grand Rex, devant un public ravi ! Il faut le voir pour le croire, certains n’hésitant pas à affirmer face caméra « avoir ri de la première à la dernière minute », tandis que d’autres se disent émus par l’histoire. Un bonus plus amusant que le film donc.
L’Image et le son
Le Pacte frôle la perfection avec le master HD des Méchants. Toutes les scènes se déroulant en extérieur impressionnent par leur rendu saisissant. Le piqué reste tranchant comme la lame d’un scalpel, les détails abondent sur le cadre large, la profondeur de champ est appréciable, les contrastes sont denses et la colorimétrie chatoyante. L’encodage AVC consolide l’ensemble, la luminosité ravit constamment les yeux.
Le spectacle est également assuré du point de vue acoustique grâce à un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 qui exploite toutes les enceintes dans leurs moindres recoins. La balance frontale est percutante, les effets nets et précis, les dialogues savamment délivrés sur le point central et les ambiances latérales constantes participent à « l’immersion » du spectateur. La musique bénéficie d’une belle spatialisation. N’oublions pas le caisson de basses qui tire habilement son épingle du jeu à de multiples reprises. La Stéréo est évidemment plus plate, mais ne démérite pas. L’éditeur joint également une piste audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.