Test Blu-ray / Lee Miller, réalisé par Ellen Kuras

LEE MILLER réalisé par Ellen Kuras, disponible en DVD & Blu-ray le 12 février 2025 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Kate Winslet, Andy Samberg, Alexander Skarsgård, Marion Cotillard, Andrea Riseborough, Noémie Merlant, Josh O’Connor, James Murray, Arinzé Kene, Vincent Colombe, Patrick Mille…

Scénario : Liz Hannah, Marion Hume & John Collee, d’après le livre d’Antony Penrose

Photographie : Pawel Edelman

Musique : Alexandre Desplat

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

L’incroyable vie de Lee Miller, ex-modèle pour Vogue et muse de Man Ray, devenue l’une des premières femmes photographes de guerre. Partie sur le front et prête à tout pour témoigner des horreurs de la Seconde Guerre mondiale, elle a, par son courage et son refus des conventions, changé la façon de voir le monde.

Et encore un biopic…Voici celui consacré à Elizabeth Miller, alias Lee Miller (1907-1977), reporter et photographe américaine, passée à la postérité pour le célèbre cliché la montrant nue, dans la baignoire d’Adolf Hitler, peu de temps après le suicide de son dernier. Nous sommes ici en plein genre ultra-balisé et donc sans aucune surprise. Le film, premier long-métrage comme réalisatrice d’Ellen Kuras, habituellement directrice de la photographie chez Spike Lee (He Got Game), Jim Jarmusch (Coffee and Cigarettes), Michel Gondry (Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Soyez sympas, rembobinez), Sam Mendes (Away We Go), ne sort pas des sentiers – archis – battus de l’hagiographie et se contente d’aligner les moments clés de la vie de sa protagoniste, formidablement interprétée par Kate Winslet, toujours extraordinairement investie (elle est également productrice) et dont le charisme, ainsi que le talent, sont aussi impressionnants. Projet nourri pendant de longues années, Lee Miller (ou simplement Lee en version originale), n’est évidemment pas inintéressant, mais pâtit d’un manque de rythme. Heureusement, l’intérêt redouble dans une deuxième partie, celle où Lee Miller se rend compte des horreurs de la guerre, avant de les immortaliser avec son Rolleiflex. Nous ne saurons que trop vous conseiller le documentaire de Sylvain Roumette, Lee Miller ou la traversée du miroir (1995), sans doute plus complet que le film d’Ellen Kuras. Néanmoins, Lee Miller est déjà un bon portrait de la photographe, modèle et égérie de Man Ray, et Kate Winslet était la plus parfaite candidate pour incarner cette femme exceptionnelle, aventurière dans son domaine, qui disait n’avoir jamais perdu une minute de sa vie.

En 1977, Lee Miller raconte sa vie. En 1937, Lee est une ancienne mannequin new-yorkaise et aspirante photographe vivant un style de vie de bohème en France lorsqu’elle rencontre et tombe amoureuse de Roland Penrose. Elle déménage ensuite avec Roland à Londres et obtient un emploi pour le magazine Vogue pendant la Seconde Guerre mondiale, photographiant les Britanniques pendant le Blitz. Sa capacité à documenter davantage la guerre est limitée, car le Royaume-Uni interdit aux femmes d’aller sur le front. Cependant, après l’entrée en guerre des États-Unis à la fin de 1941, Lee est nommée correspondante de guerre aux côtés du photojournaliste David Scherman. Après le débarquement de Normandie en juin 1944, Lee photographie les combats de la bataille de Saint-Malo, enregistrant sans le savoir la première utilisation du napalm en temps de guerre. Lors de la Libération de Paris, elle photographie des membres de la Résistance française humiliant publiquement les Françaises qui ont collaboré avec les Allemands. Lee retrouve son amie désemparée Solange d’Ayen, qui a récemment survécu à l’emprisonnement et dont le mari est toujours porté disparu. Lee renoue avec ses amis Nusch Éluard et Paul Éluard, qui l’informent des milliers de personnes portées disparues pendant l’occupation allemande. Lee et Scherman arrvent en Allemagne. Ils parcourent les lignes de front en Jeep et photographient les atrocités commises à Buchenwald et à Dachau.

Lee Miller rappelle le récent Une vie One Life de James Hawes, consacré à Nicholas Winton, alias le « Schindler britannique ». On y retrouve en effet le même genre de montage platounet, qui se contente d’aligner les passages clés d’une existence écrits sur la page Wikipédia de l’intéressé(e), ainsi qu’une photographie triste et désaturée supposée refléter la période dramatique durant laquelle se déroule l’intrigue. Ici, c’est le chef opérateur Pawel Edelman, déjà responsable des images sans relief du J’accuse de Roman Polanski, avec lequel il a collaboré de nombreuses fois, y compris sur Le Pianiste, qui tente de renvoyer aux images d’époque, accompagnée d’une (fausse) texture argentique. On échappe au sépia, et encore, puisque l’acte se déroulant en Province, où l’on nous gratifie de beaux plans topless de Noémie Merlant et de Kate Winslet, croule sous les clichés esthétiques symbolisant le soleil du sud. Rien à redire sur la distribution et la star laisse une belle place à ses partenaires de renom, de Marion Cotillard (on échappe au « T’es une belle personne Lee ») à Alexander Skarsgård, en passant par Andrea Riseborough (méconnaissable), sans oublier les excellents Josh O’Connor (The Crown, La Chimère, Entre les lignes) et Andy Samberg (Brooklyn Nine-Nine).

On suit donc, non pas difficilement, mais somnolent, cette histoire pourtant incroyable, trop lourdement accompagnée par la composition d’Alexandre Desplat, en attendant enfin l’acte consacré à la fin de la guerre et à la découverte des camps, dont la reconstitution est aussi brillante que déconseillée aux âmes sensibles. Dommage que les comédiens passent par la case « maquillage » pour les scènes « au présent », quand bien même Kate Winslet impressionne là encore dans la peau de son personnage âgé de 70 ans.

L’émotion manque à l’appel en raison d’un côté trop mécanique, attendu, prévisible. Le travail de Lee Miller demeure et restera, tandis que le film d’Ellen Kuras, qui, s’il ne passera assurément pas à la postérité, saura tout de même sensibiliser une partie du public au travail de la photographe.

LE BLU-RAY

La France a été l’un des pays du monde à avoir le mieux accueilli Lee Miller avec 750.000 entrées enregistrées en octobre 2024. De ce fait, M6 Vidéo prend soin du film d’Ellen Kuras et le propose en DVD et Blu-ray. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est fixe et musical.

L’édition reçue contient un making of promotionnel, qui donne surtout la parole aux comédiens, à Antony Penrose (le fils de Lee Miller), à la réalisatrice, ainsi qu’au directeur de la photographie Pawel Edelman (10’20). Rien de bien sensationnel, les propos tenus ici font évidemment l’éloge de la photographe, avant d’évoquer les challenges à relever pour mettre en valeur le parcours de Lee Miller. L’investissement de chacun est indéniable, mais tout tourne à la prosternation, ce qui devient rapidement usant.

L’Image et le son

M6 Vidéo prend soin du service après-vente du film d’Ellen Kuras. Voici donc un très beau master HD. Respectueuse des volontés artistiques originales concoctées par Pawel Edelman la copie de Lee Miller se révèle un petit bijou technique avec des teintes spécifiques, un léger grain palpable, le tout soutenu par un encodage AVC solide. Le piqué, tout comme les contrastes, sont tranchants, les arrière-plans sont magnifiquement détaillés, le relief omniprésent et les détails foisonnants. Malgré tout, signalons que les séquences en basse lumière manquent de définition par rapport au reste, mais rien de rédhibitoire.

L’éditeur a également soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais, aussi probants dans les scènes de fusillades que dans les séquences plus calmes. Les pics de violence peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales. Les effets annexes sont dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des séquences au moment opportun. La spatialisation musicale est luxuriante avec un net avantage pour la version originale. L’éditeur joint une piste Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © M6 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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