Test Blu-ray / La Malédiction des morts-vivants, réalisé par Raffaele Picchio

LA MALÉDICTION DES MORTS-VIVANTS (Curse of the Blind Dead) réalisé par Raffaele Picchio, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Aaron Stielstra, Alice Zanini, Francesca Pellegrini, Bill Hutchens, Fabio Testi, David White, Jennifer Mischiati, Douglas Dean…

Scénario : Lorenzo Paviano, Raffaele Picchio & Alessandro Testa, d’après les personnages de Gustavo Adolfo Bécquer et Amando de Ossorio

Photographie : Alberto Viavattene

Musique : Andrea C. Pinna

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Au XIVe siècle, un rituel mené par un groupe d’adorateurs de Satan connus sous le nom des Templiers se solde par leur capture et leur brutale exécution par les habitants. Avant leur mise à mort, les chevaliers font le serment de revenir d’entre les morts pour hanter à jamais le village et la forêt avoisinante. Des siècles plus tard, dans un futur post-apocalyptique, un homme et sa fille luttent pour leur survie, affrontant les Chevaliers morts-vivants ainsi qu’une secte dirigée par un prédicateur dément.

En voilà une bonne découverte ! La Malédiction des morts-vivants Curse of the Blind Dead est une production essentiellement italienne, réalisée par Raffaele Picchio, dont on ne sait pas grand-chose, mise à part sa nationalité et les titres de ses précédents longs-métrages, Morituris : Legions of the Dead (2011, sorti dans les bacs français chez Elephant Films en 2013), Sangue misto (2016, film collectif), The Blind King (2016) et donc cette Malédiction des morts-vivants (2020). Comme les Templiers de son film, il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte que ce qui anime ce jeune cinéaste est le genre, l’horreur, le gore, son cinéma étant irrigué par des codes issus de l’épouvante rétro-vintage. C’est encore une fois le cas pour Curse of the Blind Dead, à voir comme une suite-reboot-remake de la légendaire tétralogie dite « des Templiers » de l’espagnol Amando de Ossorio (1918-2001), constituée de La Révolte des morts-vivants La Noche del terror ciego (1971), Le Retour des morts-vivants El Ataque de los muertos sin ojos (1973), Le Monde des morts-vivants El Buque maldito (1974) et La Chevauchée des morts-vivants La Noche de las gaviotas (1975). S’il n’est pas réussi tout du long, cet opus vaut absolument le coup d’oeil, ne serait-ce que pour son prologue, ébouriffant, sans doute l’une des séquences les plus dingues qu’il nous ait été donnés de voir depuis des lustres, suivi d’un générique chiadé et prometteur. Évidemment, il est dommage que le reste ne soit pas à la hauteur, même si La Malédiction des morts-vivants demeure souvent ponctué par des fulgurances d’hémoglobine. Au final, on est tellement emballé que l’on souhaiterait revoir ces Templiers à l’oeuvre !

Dans un monde post-apocalyptique, un père et sa fille enceinte recherchent la source d’une transmission promettant la construction d’une nouvelle civilisation. En chemin, ils se font attaquer par un groupe de brigands et sont sauvés par des chasseurs d’une communauté voisine. Mais leurs sauveurs ne sont pas aussi bienfaisants qu’il y paraît. Ce sont des serviteurs de Satan, morts depuis longtemps, adorant les Templiers, qui parcourent désormais les nuits sous le nom de « Blind Dead ». Seul un accord monstrueux empêche ces chevaliers morts-vivants de se repaître de la communauté.

Il y a de tout dans Curse of the Blind Dead! Des disciples de Satan, des Chevaliers Templiers, des tortures, des rituels, une secte, un prêtre fou, le tout dans un décor post-apocalyptique. En 85 minutes, Raffaele Picchio place tout ce qu’il aime et l’anime, en allant à fond la caisse et s’il n’invente rien, celui-ci a bien digéré ses références. Non seulement La Malédiction des morts-vivants a de la gueule (photo stylisée d’Alberto Viavattene, qui a fait ses classes chez Paolo Sorrentino), mais il est aussi extrêmement généreux en tripailles (on n’évite pas les scènes où les victimes éventrées soutiennent leurs intestins en prenant l’air hébété, il y a de quoi c’est vrai), en réjouissances « hardgore » (avec même un petit hommage à Predator, quand un Templier arrache la colonne vertébrale d’un pauvre adepte) et autres idées où coule à gros bouillon le sang quasi-noir de celles et ceux qui se retrouvent entre les mains (et les mâchoires) des Templiers au sourire digne de celui de Fanny Ardant.

Raffaele Picchio compose également un casting convaincant avec l’espagnol Aaron Stielstra (déjà présent dans The Blind King, qui en fait des caisses quand même), l’excellente Alice Zanini (vue dernièrement dans Ferrari de Michael Mann), la révélation Francesca Pellegrini, la tronche de Bill Hutchens (The Human Centipede 2), sans oublier une apparition musclée du mythique Fabio Testi (Big Racket, L’Important c’est d’aimer, Mais qu’avez-vous fait à Solange ?, Le Tueur, Les Quatre de l’apocalypse).

Si le récit est donc classique et sans véritable surprise, le ride est peu avare en sensations fortes, les effets spéciaux sont réussis, les maquillages du moins (les FX numériques sont assez laids), la musique d’Andrea C. Pinna est inspirée, on ne s’ennuie pas une seconde et on se laisse porter par ce spectacle souvent bourrin, mais imprégné d’un amour incommensurable et contagieux pour le divertissement underground et le Bis.

LE BLU-RAY

Il arrive au Chat qui fume d’éditer des films plus contemporains. C’est ici le cas avec La Malédiction des morts-vivants, qui débarque chez l’éditeur en Haute-Définition. La galette, intelligemment sérigraphiée, repose dans un élégant boîtier Scanavo. On adore la jaquette au visuel forcément très attractif. Le menu principal est animé et musical.

Chouette interview que celle du réalisateur Raffaele Picchio, venu faire un tour dans l’antre du Chat qui fume afin de nous parler du film qui nous intéresse aujourd’hui (29’). Sans surprise, le metteur en scène déclare tout son amour pour la tétralogie des Templiers d’Amando de Ossorio, qui l’avait fasciné quand il était gamin, « un univers devenu culte à sa manière » précise-t-il. Raffaele Picchio parle de ses premières œuvres (déjà parcourues par des références aux films des Templiers aveugles), avant d’en venir à l’écriture de La Malédiction des morts-vivants, qui dans la première mouture du scénario se déroulait à la fin du fascisme. Le cinéaste a dû revoir sa copie pour des raisons de production, changer le décor, réadapter le récit en à peine un mois après avoir découvert le site d’une ancienne cimenterie près de Bergame (images à l’appui, ainsi des instantanés de tournage et de plateau), sur le point d’être rasée. Picchio explique que la structure principale de son film suit celle du quatrième et dernier volet de la saga originale des Templiers, puis évoque le casting, dont la participation de Fabio Testi. Il clôt cette interview en déclarant que ce dont il est le plus fier est sans nul doute du prologue de La Malédiction des morts-vivants, d’autant plus que les prises de vue ont été faites en deux jours seulement.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

La Malédiction des morts-vivants est un film sombre et la Haute définition restitue habilement la photo du chef opérateur Alberto Viavattene. Les volontés artistiques sont donc respectées mais entraînent quelques pertes occasionnelles de la définition dans les scènes les moins éclairées, qui s’accompagnent d’un gros grain. Néanmoins, ce master HD demeure impressionnant de beauté, tant au niveau des détails que du piqué. Le cadre n’est pas avare en détails, les contrastes affichent une densité remarquable (du vrai goudron en ce qui concerne les noirs) et la colorimétrie froide est optimale.

Que votre choix se soit porté sur la version anglaise DTS-HD Master Audio 5.1. ou Stéréo, le confort acoustique est total. Le pourvoir immersif des deux mixages est fort plaisant. Toutes les enceintes sont intelligemment mises à contribution, les effets sont souvent percutants. La balance frontale et latérale est constante et riche, le caisson de basses souligne efficacement les séquences du film les plus agitées, tandis que les dialogues et commentaires restent fluides et solides.

Crédits images : © Le Chat qui fume / Mafarka Film / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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