LA MAIN (Talk to Me) réalisé par Danny & Michael Philippou, disponible en DVD et Blu-ray le 23 novembre 2023 chez M6 Vidéo.
Acteurs : Sophie Wilde, Alexandra Jensen, Joe Bird, Otis Dhanji, Miranda Otto, Zoe Terakes, Chris Alosio, Marcus Johnson…
Scénario : Bill Hinzman & Danny Philippou, d’après une histoire originale de Daley Pearson
Photographie : Aaron McLisky
Musique : Cornel Wilczek
Durée : 1h34
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Lorsqu’un groupe d’amis découvre comment conjurer les esprits à l’aide d’une mystérieuse main hantée, ils deviennent accros à ce nouveau frisson, et l’expérience fait le tour des réseaux sociaux. Une seule règle à respecter : ils ne doivent pas tenir la main plus de 90 secondes. Lorsque l’un d’entre eux l’enfreint, ils vont être rattrapés par les esprits, les obligeant à choisir : à qui se fier, aux morts ou aux vivants ?
Mais d’où sort ce film, La Main – Talk to Me ? On le doit aux frères jumeaux Danny et Michael Philippou, créateurs australiens de la chaîne YouTube Rackaracka (près de sept millions d’abonnés et plus d’1,5 milliard de vues depuis dix ans), sur laquelle ils se sont fait connaître en postant des vidéos horrifiques et humoristiques. Multi-récompensés dans leur domaine, les frères Philippou se lancent tout naturellement dans le cinéma avec La Main, énorme succès de 2023, qui a rapporté près de cent millions de dollars pour une mise de départ de 4,5 millions. Accueilli chaleureusement à travers le monde par la critique et le public, y compris en France où plus d’un demi-million de spectateurs sont venus le découvrir dans les salles, La Main est sans conteste un des films d’épouvante de l’année, roublard, inventif, impeccablement interprété et mis en scène. Le final est assurément l’un des plus malins et l’ensemble rappelle les séries B qui fleurissaient dans les années 1980 dans The Lucky Country.
Un groupe d’adolescents découvre le moyen d’entrer en contact avec le monde des esprits grâce à une main embaumée dont la règle principale est de ne pas tenir la main plus de 90 secondes. L’expérience devenue virale sur les réseaux sociaux, Mia, bouleversée par une tragédie familiale, décide de tester l’expérience mais les conséquences vont être bien plus violentes et terrifiantes que prévu.
Pour un premier long-métrage, les frères Philippou démontrent qu’ils en ont sacrément sous le capot et profitent de ce fantasme devenu réalité, pour y concentrer tout le cinéma qu’ils ont toujours adoré. Nous n’irons pas jusqu’à parler d’un coup de maître, soyons raisonnables, mais toujours est-il que La Main demeure incontestablement l’une des expériences récentes les plus efficaces en la matière. Parallèlement aux sueurs froides données au public, sans l’utilisation aussi systématique que gratuite aux jump scares, les réalisateurs et leurs scénaristes traitent intelligemment du deuil (sujet intemporel et universel), ainsi que de l’éternel passage à l’âge adulte, où l’être humain (qui use parfois de substances, de drogues diverses et d’alcool, remplacées ici par un trip surnaturel) commence à se rendre compte de l’impact de ses actes ou au contraire de son inaction. Le fait de n’avoir aucun acteur connu (en dehors de Miranda Otto), renforce l’identification, l’empathie pour le personnage principal, solidement interprété par Sophie Wilde, actrice australienne elle aussi, qui n’avait fait que deux séries télévisées et qui fait avec La Main ses débuts au cinéma. Depuis cette révélation, elle tient depuis la tête de la série Netflix Everything Now, sur l’anorexie, ainsi que la mini-série Tom Jones, nouvelle adaptation du roman d’Henry Fielding.
On la suit donc dans cette attraction qui rappelle un train fantôme, produit par celles et ceux déjà à la barre des percutants Mister Babadook et The Nightingale de Jennifer Kent, qui repose la plupart du temps sur des effets traditionnels et physiques, plutôt que d’avoir recours aux images de synthèse. La Main est aussi un film qui a de la gueule avec une photographie aussi discrète que stylisée réalisée par Aaron McLisky (Poker Face de Russell Crowe), un montage lisible, une mise en scène recherchée, jamais tape-à-l’oeil, mais nullement statique et qui instaure d’emblée d’une atmosphère étrange. Après un prologue hallucinant et une exposition médiocre des personnages, La Main trouve son rythme (soutenu) de croisière, enchaîne les morceaux de bravoure, les affrontements secs et brutaux (on se souviendra de la tête fracassée du jeune qui voulait participer à l’expérience), et dont le dispositif « maléfique » rappelle parfois le désormais culte It Follows de David Robert Mitchell. Ce qui n’est pas un mince compliment.
Talk to Me est donc une bonne surprise, bien emballée, attachante, pensée et prometteuse. On attend de voir si les frères Philippou confirmeront cette réussite dès leur second long-métrage, pour lequel ils devraient logiquement bénéficié de moyens plus conséquents.
LE BLU-RAY
Après son beau succès dans les salles, La Main débarque en DVD et Blu-ray (mais pas en UHD comme de l’autre côté de l’Atlantique) chez M6 Vidéo. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.
Le module sobrement intitulé Les coulisses du tournage (8’), donne un aperçu du plateau, le tout agrémenté de propos de l’équipe. Les acteurs et les réalisateurs (véritables stars en Australie grâce à leur chaîne YouTube) nous racontent l’histoire du film, parlent de leur approche du cinéma, de la genèse de La Main, de la psychologie des personnages, du casting et des effets spéciaux. Supplément rapide, classique, mais efficace.
On trouve également quelques scènes coupées (7’). Une conversation alternative avec Tante Lee, puis une autre avec Sue, une dispute entre Mia et son père, une autre entre Jade et Sue. Des séquences probablement rejetées en raison de leur redondance ou qui ralentissaient l’action.
L’Image et le son
Super édition Blu-ray de La Main ! Une patine délicate et léchée se fait ressentir du début à la fin et les partis-pris sont merveilleusement rendus. C’est un sans-faute technique : relief, colorimétrie, piqué (acéré), contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux. Les teintes froides s’allient avec les gammes chatoyantes, et chaque détail aux quatre coins de l’écran est aussi saisissant qu’étourdissant. Ce transfert immaculé soutenu par une compression AVC solide comme un roc laisse pantois d’admiration.
Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’ambiance. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux moments opportuns. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.