LA FILLE DU ROI DES MARAIS (The Marsh King’s Daughter) réalisé par Neil Burger, disponible en DVD & Blu-ray le 15 février 2024 chez Metropolitan Vidéo.
Acteurs : Daisy Ridley, Ben Mendelsohn, Brooklynn Prince, Gil Birmingham, Caren Pistorius, Garrett Hedlund, Joey Carson, Pamela MacDonald…
Scénario : Elle Smith & Mark L. Smith, d’après le roman de Karen Dionne
Photographie : Alwin H. Küchler
Musique : Adam Janota Bzowski
Durée : 1h48
Date de sortie initiale : 2023
LE FILM
La vie idyllique d’Helena Petterier est mise à mal lorsqu’elle apprend que l’homme qui l’a élevée et gardée en otage pendant 12 ans dans un marécage s’est évadé de prison. Pour protéger son mari et sa fille, Helena va devoir affronter son sombre passé qu’elle a toujours gardé secret et traquer son père, le tristement célèbre Roi des Marais.
La Fille du roi des Marais, non ce n’est pas un biopic sur un enfant qu’aurait eu Bertrand Delanoë, mais l’adaptation du roman éponyme de Karen Dionne, sorti en 2017 et édité en France aux Éditions Jean-Claude Lattès. Un best-seller international – que l’on pourrait rapprocher de Là où chantent les écrevisses, gros succès de 2022 – qui a forcément tout de suite attiré les producteurs et les studios de cinéma, pensant déjà à sa transposition. Dans un premier temps, celle-ci devait se faire avec la suédoise Alicia Vikander, tandis que le norvégien Morten Tyldum (Imitation Game, Passengers) se chargeait de la mise en scène, sur un scénario d’Elle Smith et Mark L. Smith (Overlord, The Revenant, The Hole). Si les auteurs n’ont pas bougé et n’ont pas revu leur copie, il y a eu du changement devant et derrière la caméra. Le rôle principal a finalement été octroyé à la britannique Daisy Ridley, tandis que l’américain Neil Burger prenait définitivement les manettes du projet. Entièrement tourné au Canada dans de magnifiques paysages naturels, La Fille du roi des marais est un film étonnant, prenant et même bouleversant, qui repose en grande partie sur les épaules de la belle comédienne née en 1992, qui depuis sa révélation dans la postlogie (affreuse, mais ce n’est pas le sujet du jour) Star Wars n’avait pas été gâtée (Le Crime de L’Orient-Express de Kenneth Branagh), trouve enfin un rôle dans lequel elle peut pleinement dévoiler son talent dramatique. Quasiment de toutes les scènes, pour ne pas dire de tous les plans, Daisy Ridley est la raison d’être de The Marsh King’s Daughter, qui mérite qu’on s’y attarde.
Aujourd’hui mariée à Stephen et maman d’une petite fille, Helena Pelletier apprend que son père, Jacob Holbrook, s’est évadé lors de son transfert en prison. L’homme, surnommé « le roi des marais » par la presse, avait jadis enlevée sa mère et Helena était née durant la captivité. Après avoir grandi dans les marais aux côtés de son géniteur, elle était parvenue à s’échapper avec sa mère. Helena voit ressurgir ses vieux démons. Persuadée qu’il a l’intention de lui prendre sa fille, Helena décide de le retrouver et de l’éliminer elle-même.
Survival, tant physique que psychologique, thriller dramatique, réflexion sur l’animalité présente en chaque individu et sur l’instinct de survie, La Fille du roi des marais est une réussite inattendue. Le premier acte, qui se déroule donc vingt ans dans le passé, expose la vie d’Helena, petite fille de dix ans, de son père Jacob et de sa mère Beth avec laquelle les rapports paraissent compliqués. Helena mène son existence dans les marais, son père lui apprenant la chasse, tatouant sur sa peau chaque étape de sa courte existence et de son parcours initiatique, tandis que sa mère paraît sans cesse craintive, voire apeurée. En réalité, l’action se passe au début des années 2000 et Helena est le fruit du viol de sa mère, séquestrée depuis une dizaine d’années par cet homme qui a voulu retourner « communier » avec la nature sauvage, loin de la civilisation, dans la péninsule supérieure du Michigan. Un événement entraîne l’évasion de Beth, emmenant de force Helena qui ne comprend pas pourquoi. Toutes les deux parviennent à rejoindre la ville la plus proche. Jacob est arrêté un peu plus tard.
Deux décennies passent, Beth, traumatisée, s’est suicidée. Helena a fondé une famille avec Stephen, avec lequel elle a eu une fille, Marigold. Jusqu’au jour où Helena apprend que son père a réussi à s’évader avec l’aide de complices. Sachant que Jacob, qu’elle n’a jamais revu depuis leur retour à la vie normale, fera tout pour s’en prendre à elle et à Marigold, Helena, qui n’avait jamais dit la vérité à l’homme qu’elle aime, se prépare pour un face-à-face qu’elle sait inéluctable. Pour cela, elle retourne sur la terre qui l’a vue naître et où Jacob lui a enseigné à se défendre contre ce qui pourrait la mettre en danger elle et les siens. Helena n’a jamais oublié ces règles et il est temps pour elle de les appliquer.
Du point de vue formel, La Fille du roi des marais est très élégant et peut compter sur une superbe photographie d’Alwin H. Küchler (Désigné coupable de Kevin Macdonald, R.I.P.D. Brigade fantôme de Robert Schwentke), qui avait déjà collaboré avec Neil Burger sur Divergente. Le réalisateur, qui avait signé le remarqué (pas dans le bon sens) Voyagers avec Tye Sheridan et Lily-Rose Depp, ainsi que The Upside, remake US d’Intouchables avec Kevin Hart et Bryan Cranston, sans oublié l’excellent Limitless avec Bradley Cooper et Robert De Niro est d’ailleurs loin d’être un manchot. Sa mise en scène est soignée, capture la sauvagerie des décors et les tourments de son personnage principal.
Si Daisy Ridley est donc aussi impeccable que charismatique, elle est également épaulée par celui que l’auteur de ces mots a pour ainsi dire toujours qualifié de meilleur acteur du monde, l’immense Ben Mendelsohn. Le duel final entre Helena et Jacob est à la fois ambigu, complexe, violent, nerveux et poignant. Passionnant du début à la fin, La Fille du roi des marais est une jolie surprise et s’avère bien plus convaincant que le lénifiant Room de Lenny Abrahamson auquel on peut aisément le comparer.
LE BLU-RAY
Quasiment simultanément à sa mise à disposition sur Prime Video, La Fille du roi des marais déboule en DVD et Blu-ray chez Metropolitan Vidéo. Le menu principal est animé et musical.
Nous aurions voulu quelques interviews ou un making of…il faudra se contenter d’un lot de bandes-annonces…
L’Image et le son
En revanche, faites confiance à Metropolitan pour assurer la sortie dans les bacs de ce DTV. En effet, si le film de Neil Burger n’a pas connu de sorties dans nos salles, il bénéficie tout de même d’une édition Blu-ray élégante. Les contrastes affichent une densité impressionnante, le piqué est chirurgical, y compris sur les scènes sombres. La profondeur de champ demeure fort appréciable (les scènes en forêt sont superbes), les détails abondent en extérieur jour, le cadre large est idéalement exploité et la colorimétrie est très bien rendue.
Les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 anglaise et française instaurent un confort acoustique dynamique, dense et souvent percutant. Dans les deux cas, le confort acoustique est largement assuré et souvent de même acabit avec une spatialisation musicale – très beau score d’Adam Janota Bzowski – systématique. Quelques séquences sortent du lot et les scènes plus intimistes baignent dans un silence de marbre.