LA COLONIE (Tides) réalisé par Tim Fehlbaum, disponible en DVD et Bluray le 20 septembre 2021 chez Metropolitan Video.
Acteurs : Nora Arnezeder, Sarah-Sofie Boussnina, Iain Glen, Sope Dirisu, Joel Basman, Sebastian Roché, Bella Bading, Hong Indira Rieck…
Scénario : Tim Fehlbaum, Mariko Minoguchi, Jo Rogers & Tim Trachte
Photographie : Markus Förderer
Musique : Lorenz Dangel
Durée : 1h44
Année de sortie : 2021
LE FILM
Dans un avenir pas si lointain. Après qu’une catastrophe mondiale ait anéanti presque toute l’humanité, l’astronaute Blake est renvoyée sur Terre depuis la colonie spatiale Kepler et doit prendre une décision qui scellera le sort de la population sur les deux planètes.
S’il y a des trous le gruyère en Suisse, il n’y en a pas dans le scénario de La Colonie ou Tides, titre international d’exploitation de cette production germano-helvétique et deuxième long-métrage du réalisateur Tim Fehlbaum, venu tout droit de la confédération. Né en 1982, ce dernier avait été remarqué avec son premier film Hell, primé dans divers festivals (Sitges, Munich…), sorti il y a dix ans, dans lequel il parlait déjà de l’avenir de la planète, en y montrant notamment la surface du globe brûlée par les rayons du soleil, des terres asséchées, et une nourriture devenue rare. Dans Hell, deux types de survivants s’opposaient, les proies et les prédateurs, tandis que trois camarades traversaient des paysages désolés dans l’espoir d’y trouver de l’eau. En 2021, Tim Fehlbaum, toujours sous la houlette de Roland Emmerich, producteur exécutif, s’interroge une fois de plus dans Tides sur les futures conditions de la Terre, mais aussi et surtout sur celled de l’être humain, le responsable des différentes catastrophes écologiques et qui n’a rien fait pour y remédier, celui qui espère que la planète renaîtra, celui qui profite de cette situation pour asservir son prochain, assouvir ses pulsions et devenir le maître de ce nouveau monde post-apocalyptique. Comme dans Hell, les survivants vont devoir s’engager dans un long combat pour ne pas tomber entre les mains de ceux qui ont décidé de s’emparer du pouvoir pour façonner la planète comme ils l’entendent, au détriment de la liberté d’autrui. Il y a beaucoup d’éléments passionnants dans cette étrange Colonie, film de science-fiction, d’anticipation pour être précis, qui confirme le potentiel d’un metteur en scène et scénariste sur lequel on misait déjà et auquel Hollywood ne devrait pas tarder à faire de l’oeil. Enfin, Tides offre à la française Nora Arnezeder son meilleur rôle à ce jour. De tous les plans, bad-ass, d’une sensibilité à fleur de peau, aussi à l’aise dans les scènes d’action que dramatiques, l’actrice découverte en 2008 dans Faubourg 36 de Christophe Barratier et dernièrement à l’affiche d’Army of the Dead de Zack Snyder, a pris du galon ainsi que du charisme et signe une très belle performance qui participe grandement à la réussite de Tides.
Lorsque la Terre est devenue inhabitable pour les humains, l’élite dirigeante a colonisé la planète Kepler 209. Mais son atmosphère rend les nouveaux habitants infertiles. Deux générations plus tard, un programme doit déterminer si la vie sur Terre est à nouveau possible : la mission Ulysse II doit apporter une certitude. La capsule spatiale devient incontrôlable lorsqu’elle entre dans l’atmosphère terrestre. L’astronaute Blake est la seule à survivre à l’atterrissage – mais elle découvre qu’elle n’est pas seule sur Terre. Une lutte pour la survie commence, et Blake doit prendre des décisions qui détermineront le sort de toute l’humanité.
For the many…
Bienvenue dans le monde d’après. Celui où il ne reste pas grand-chose à la fin du XXIe siècle et qui ressemble à un bord de mer dans un trou paumé du Nord de la France, noyé sous un brouillard à couper au couteau, où ce qui reste de plage est jonché de navires en perdition, sur lesquels la nature a repris ses droits après avoir été longuement malmenée. Ceux qui ont survécu se sont organisés en utilisant une langue inconnue et semblent vouloir protéger les enfants. Ces derniers manquent sur la planète Kepler 209, où l’ensemble des terriens – du moins ceux qui avaient les moyens de le faire – ont pris leurs cliques et leurs claques quelques décennies auparavant. En effet, en s’expatriant, il semblerait que les femmes soient devenues stériles et la race humaine a commencé à s’éteindre petit à petit. Maintenant que le temps a fait son œuvre, ne serait-il donc pas l’heure d’aller voir ce qu’est devenue notre chère planète bleue ? Si les hommes composant la première expédition n’ont jamais donné signé de vie, la seconde, dirigée entre autres par Blake (Nora Arnezeder), qui s’est engagée dans cette mission, quinze ans après avoir vu son père (Sebastien Roché) partir puis disparaître mystérieusement, est arrivée à bon port. Sur place, l’équipage découvre une tribu composée d’hommes, de femmes et surtout d’enfants, vivant à l’air libre. Mais une menace pèse. Soudain, ces habitants sont enlevés et leurs ravisseurs semblent en vouloir aux enfants. Blake s’infiltre parmi le groupe afin d’en savoir plus.
Franchement, La Colonie épate par sa rigueur artistique, ses décors naturels incroyables, en passant par la qualité des effets spéciaux (même si limités, le réalisateur ayant privilégié un tournage live), la beauté de la photographie de Marküs Forderer (Independence Day: Resurgence), l’hypnotique partition de Lorenz Dangel (De l’autre côté du mur de Christian Schwochow), sans oublier sa solide direction d’acteurs. Parmi ceux-ci, outre Nora Arnezeder, quasiment de toutes les scènes, se distinguent la danoise Sarah-Sofie Boussnina (révélation du très beau The Bird Catcher de Ross Clarke), l’écossais Iain Glen (Jorah Mormont de la série Games of Thrones) et l’inquiétant Joel Basman, dont le regard cinglé marque les esprits encore après le film.
Entre Waterworld (1995) de Kevin Reynolds et Les Fils de l’homme – Children of Men (2008) d’Alfonso Cuarón, mâtiné d’une touche de La Servante écarlate – The Handmaid’s Tale, La Colonie – Tides s’avère un thriller dystopique élégamment monté, au rythme languissant mais soutenu, dont l’ambiance anxiogène serre la gorge du spectateur dès la première séquence, pour ne la lâcher que cent minutes plus tard. S’il n’a été que peu diffusé pour le moment, le film a d’ores et déjà reçu de nombreux prix en Allemagne et en Suisse, et connu une projection acclamée au Festival de Berlin. Assurément l’une des découvertes de 2021.
LE BLU-RAY
Homepopcorn.fr prend un petit peu d’avance, puisque La Colonie – Tides n’est pas prévu à la vente en France avant le 20 septembre 2021, en DVD et en Blu-ray chez Metropolitan Video. Visuel intrigant, menu principal animé et musical.
S’il n’y a rien à redire sur l’immense qualité du master HD (voir ci-dessous), cette édition demeure désespérément vide de suppléments sur le film…il faudra juste se contenter d’un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
Blu-ray au format 1080p. L’éditeur prend soin de ce titre qui sort directement dans les bacs chez nous. Le master HD est on ne peut plus bichonné et le transfert solide comme un roc. Respectueuse des volontés artistiques originales, la copie de Tides se révèle propre et tire agréablement partie de la HD avec des teintes froides, glacées, grisâtres, une palette chromatique spécifique, le tout soutenu par un solide encodage. Le piqué, tout comme les contrastes, sont souvent tranchants, les arrière-plans sont détaillés, le relief plaisant, les noirs denses et les détails foisonnants aux quatre coins du cadre large. Hormis quelques légers fléchissements de la définition sur les scènes sombres, cette édition Blu-ray permet de découvrir La Colonie dans les meilleures conditions techniques. Dernier conseil, visionnez le film dans une pièce très sombre, afin de profiter au mieux de cette expérience cinématographique.
En anglais comme en français, les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 assurent le spectacle acoustique avec un fracas assez jouissif durant les scènes agitées. La version française jouit d’un dynamique report des voix et même si elle s’avère moins riche que la version originale, elle n’en demeure pas moins immersive. Dans les deux cas, la balance frontale en met plein les oreilles lors des séquences d’affrontements de la dernière partie. Quelques scènes sortent du lot avec un usage probant des ambiances latérales et du caisson de basses, à l’instar de l’entrée dans l’atmosphère d’Ulysse II. La musique profite également d’une belle délivrance, mettant toutes les enceintes à contribution, même à volume peu élevé.