Test Blu-ray / Knox, réalisé par Michael Keaton

KNOX (Knox Goes Away) réalisé par Michael Keaton, disponible en DVD & Blu-ray le 15 novembre 2024 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Michael Keaton, James Marsden, Al Pacino, Ray McKinnon, Paul Perri, Joanna Kulig, Edwin Garcia, Nicole Reddinger…

Scénario : Gregory Poirier

Photographie : Marshall Adams

Musique : Alex Heffes

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

John Knox, un tueur à gages, apprend qu’il est atteint d’une forme de démence à évolution rapide. Il jure de passer ses derniers jours à tenter de se racheter en sauvant la vie de son fils.

On oublie sans doute trop souvent à quel point Michael Keaton est un merveilleux comédien. Pourtant, quand on y pense, moult images viennent en tête, celles de Beetlejuice, Batman, Batman : Le Défi, My Life, Une journée de fous, Le Journal, Mes doubles, ma femme et moi, L’Enjeu, Hors d’atteinte…Si les années 2000 ont été plutôt discrètes, l’acteur fera un comeback fracassant avec Birdman d’Alejandro González Iñárritu, après lequel Michael Keaton reviendra en haut de l’affiche avec les magnifiques Spotlight de Tom McCarthy et Le FondateurThe Founder de John Lee Hancock. Après avoir repris les frusques de Batman et de Bettlejuice, celui-ci décide de revenir devant et derrière la caméra quinze ans après son premier coup d’essai Killing GentlemanThe Merry Gentleman, remplaçant au pied levé le scénariste Ron Lazzeretti qui devait également s’occuper de la mise en scène. Autrement dit, KnoxKnox Goes Away est comme qui dirait le vrai premier projet personnel de Michael Keaton comme réalisateur. Sur un scénario en béton de Gregory Poirier, auteur jusqu’ici cantonné dans des projets passables, obscurs ou improbables (Le Roi lion 2 : L’Honneur de la tribu, Benjamin Gates et le Livre des secretsNational Treasure : Book of Secrets, Kung Fu Nanny avec Jackie Chan), Michael Keaton rend un très bel hommage au film noir américain, à la fois stylisé et divertissant, film d’auteur et à la fois populaire, tout en signant l’une des plus belles prestations de toute sa carrière. Désormais âgé de 73 ans, son charisme hors-norme fait des merveilles dans Knox, son visage à la Clint Eastwood ou à la Ed Harris fascine du début à la fin. À la fois thriller old-school (mais pas vintage, et encore moins kitsch) et drame psychologique, Knox est ni plus ni moins l’un des meilleurs films de 2024. Un véritable coup de coeur.

John Knox est un tueur à gages expérimenté travaillant pour le compte d’un certain Jericho. Cependant, il voit ses capacités peu à peu diminuer. Il passe alors des examens médicaux. Le docteur lui diagnostique une forme de démence à évolution rapide : la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Le docteur Burns le prévient qu’il ne lui reste que quelques semaines et lui conseille de se rapprocher de sa famille. John a désormais de plus en plus de mal à exercer son « travail » : lors d’un contrat, dans la confusion, il tue par erreur son partenaire, Thomas Muncie, et laisse de nombreux cadavres derrière lui. Il décide alors de décrocher et d’utiliser ses derniers jours pour tenter de se racheter notamment auprès de son fils, Miles, qu’il n’a pas vu depuis des années. Contre toute attente, ce dernier se présente à sa porte, blessé et les vêtements plein de sang. Miles demande alors de l’aide à son père et lui avoue qu’il a tué un homme, Andrew Palmer. Ce dernier a mis enceinte la jeune fille adolescente de Miles, Kaylee. Alors que sa santé et son esprit se détériorent rapidement, Knox fait notamment appel à un vieil ami, Xavier Crane, qui le conseille soigneusement sur tous les aspects de ce qui doit être spécifiquement fait. Il compte également sur l’aide d’Annie, une prostituée qu’il voit tous les jeudis depuis quatre ans. Les forces de police, menées par la très déterminée Emily Ikari, enquêtent par ailleurs sur les deux affaires et font le lien entre la tuerie et l’homme tué par Miles.

Nous sommes donc en plein polar et Knox se déguste comme un pulp aux pages élimées, mais dont on ne pourrait pas décrocher. Michael Keaton est non seulement sublime dans Knox, mais il livre en même temps un très bel objet de cinéma avec la photographie non pas quasi-N&B, mais noire anthracite, imputable au travail de Marshall Adams, réputé pour son travail sur la série Better Call Saul, comme si les partis pris reflétaient la mémoire du personnage qui s’effaçait progressivement, pour le laisser à jamais dans l’irréversible néant. Le rythme est lent, mais très maîtrisé, on ne s’ennuie pas une seconde devant Knox, qui suit à la fois le personnage principal, dont la santé décline au fil des semaines, l’enquête policière dirigée par Emily Ikari (Suzy Nakamura, géniale, vue dans une quantité impressionnante de séries) et le lieutenant Rale (l’imposant John Hoogenakker, vu dans la série Jack Ryan), le fils de Knox (James Marsden, dont on ne dira jamais à quel point ce comédien est précieux), sans oublier l’employeur de Knox (Al Pacino, ressuscité), qui bouleversé par la situation de son poulain, l’aidera dans sa dernière « mission ».

Michael Keaton ne tire pas la couverture et laisse ses partenaires briller à l’écran, à l’instar de la polonaise Joanna Kulig (La Femme du Vème, Elles, Ida, Cold War, Kompromat), à l’aise dans le cinéma américain, pour lequel elle venait aussi de tourner dans She Came to Me de Rebecca Miller, aux côtés d’Anne Hathaway, Peter Dinklage et Marsia Tomei. Knox convoque une galerie de personnages au visage fermé, résigné, à qui la vie n’a vraisemblablement pas fait de cadeaux et continue d’ailleurs de s’acharner sur eux. Ceux-ci ont néanmoins continué à avancer, à se battre malgré tout et l’heure du bilan est arrivé pour une poignée d’entre eux, à commencer par les Knox, père et fils, qui se sont peu vus ces vingt dernières années et que le destin, le crime plutôt, va étrangement réunir, comme s’ils se voyaient offrir une dernière chance. Les scènes opposant Michael Keaton et James Mardsen sont bouleversantes et assurément les plus belles de Knox.

Il y a du Elmore Leonard, du Richard Stark, du David Goodis, du James Cain dans Knox, aussi imprégné par le film noir américain des années 1940-50, dont l’âme se fait se ressentir à travers la composition d’Alex Heffes (22.11.63, Jeux de pouvoir). On se laisse emporter par Knox et son dernier coup de génie, dont on ne sait rien et dont les éléments s’imbriquent au fur et à mesure, jusqu’à la révélation finale, alors que la raison du personnage s’envole définitivement, d’où le titre original Knox Goes Away. Une vraie pépite noire, une grande histoire de rédemption.

LE BLU-RAY

Après un détour par Amazon Prime, Knox est d’ores et déjà annoncé en DVD et Blu-ray chez Metropolitan Film & Video le 15 novembre 2024. Visuel sobre, par ailleurs repris pour le menu, légèrement animé et musical.

Les amateurs de suppléments devront se contenter d’un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Le master HD dépasse toutes les attentes et restitue merveilleusement les partis-pris esthétiques stylisés du chef opérateur Marshall Adams. Le piqué demeure constamment vif et acéré, y compris sur les nombreuses scènes nocturnes ou tamisées. La colorimétrie se révèle joliment glacée, les contrastes sont d’une rare densité, la compression est solide comme un roc et la définition subjugue à chaque plan. Un rendu optimal avec une solide gestion des noirs.

Si la piste française DTS-HD Master Audio 5.1 se révèle plus rentre-dedans que son homologue anglaise, les deux versions font quasiment match nul en ce qui concerne la délivrance des ambiances sur les enceintes latérales, la restitution des dialogues et la balance frontale dynamique. La spatialisation reste solide tout du long. Sans surprise, la version originale l’emporte de peu sur l’homogénéité et la fluidité acoustique.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Lionsgate / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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