INSÉPARABLES réalisé par Varante Soudjian, disponible en DVD et Blu-ray le 10 janvier 2020 chez M6 Vidéo
Acteurs : Ahmed Sylla, Alban Ivanov, Judith El Zein, Ornella Fleury, Christian Bujeau, Amir El Kacem, Jean-Philippe Ricci, Pierre-Marie Mosconi…
Scénario : Varante Soudjian, Thomas Pone
Photographie : Morgan S. Dalibert
Musique : Maxime Desprez, Michael Tordjman
Durée : 1h37
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Mika, un petit escroc, a fait un rapide tour en prison, où il a fait la connaissance de « Poutine », un détenu cinglé et imprévisible. Sitôt sa peine purgée, il décide de repartir à zéro et de refaire sa vie. Alors qu’il s’apprête à épouser la fille d’un riche homme d’affaires, son passé le rattrape : Poutine débarque sans prévenir ! Mika va vite réaliser qu’on ne se débarrasse pas aisément d’un tel boulet…
La recette est connue. Francis Veber en est comme qui dirait le chimiste. Celle apparue dans les années 1970 avec L’Emmerdeur (1973) réalisé par Edouard Molinaro. Un duo mal assorti, obligé de faire équipe ou de se supporter durant un laps de temps précis. Un buddy movie comme dans la sainte trinité composée de La Chèvre (1981), Les Compères (1983) et Les Fugitifs (1986). Inséparables se rapproche plus du bancal et exténuant Boulet (2002) d’Alain Berberian et Frédéric Forestier, mais en beaucoup drôle, en plus attachant, en mieux écrit, bref c’est une jolie réussite et une comédie qui ne se moque pas des spectateurs, qui lui ont d’ailleurs réservé un très bon accueil. Le bouche-à-oreille a fait son effet et aura permis au film de dépasser la barre convoitée du million d’entrées.
Belle année pour le réalisateur Varante Soudjian, né en Jordanie en 1978, puisque ses deux premiers longs métrages seront sortis en 2019 à six mois d’écart. Porté par une critique enthousiaste, Walter, le premier film du metteur en scène, aura attiré près de 400.000 spectateurs. Autour d’Issaka Sawadogo, tête d’affiche et rôle-titre de Walter, il y avait aussi Alban Ivanov, Judith El Zein et David Salles, trio que l’on retrouve également dans le second film de Varante Soudjian, Inséparables. S’il reprend des ingrédients moult fois utilisés dans le genre, le réalisateur s’en empare adroitement et livre une comédie vraiment fort plaisante, colorée, pleine de rythme, aux dialogues tordants et soignés, dans laquelle le duo Alban Ivanov / Ahmed Sylla fonctionne à plein régime. Comme quasiment tous les films dans lesquels il apparaît, le premier crève l’écran avec sa nature débordante, explosive et accède enfin au premier rôle. Après ses prestations très remarquées dans Patients (2017) de Grand Corps Malade et Mehdi Idir, Le Sens de la fête (2017) d’Eric Toledano et Olivier Nakache et Le Grand bain (2018) de Gilles Lellouche, l’humoriste prouve une bonne fois pour toutes qu’il peut aisément prétendre à d’autres rôles principaux, comiques, mais également dramatiques, tant il fait preuve d’une très large palette d’émotions dans Inséparables. Pour son personnage de « Poutine », grâce auquel il exploite ses origines russes, Alban Ivanov lui apporte une touche enfantine troublante, innocente, tout en étant capable de sortir de ses gonds, au point de frapper celui qui s’exprimerait mal, de plonger dans un étang pour aller engueuler les canards, ou bien de sortir une arme russe de sa besace et de dégoupiller une grenade pour régler un léger contentieux.
Face à Alban Ivanov, un autre humoriste, Ahmed Sylla, révélé dans l’émission On n’demande qu’à en rire de Laurent Ruquier au début des années 2010. Inséparables est son second succès au cinéma après celui de L’Ascension (2017) de Ludovic Bernard (Mission pays Basque), qui lui aussi avait attiré plus d’un million de spectateurs à sa sortie. Sobre et élégant, drôle sans jamais trop en faire, excellemment dirigé, animé par une folle énergie contagieuse, Ahmed Sylla est aussi génial que son partenaire. Pas étonnant que les deux comédiens fassent des étincelles du début à la fin, sans pour autant tirer la couverture à leurs partenaires, la sexy Judith El Zein (Le Prénom, Supercondriaque, Papa ou maman), la jolie Ornella Fleury, le flippant – et tordant – David Salles (Case départ, La Folle histoire de Max et Léon) et Christian Bujeau, le légendaire Jean-Pierre des Visiteurs.
Inséparables est aussi réussi sur le plan technique. Outre une mise en scène inspirée et agitée, le film a vraiment de la gueule avec une belle photographie de Morgan S. Dalibert, chef opérateur qui a fait ses classes sur la série Hero Corp. Beaucoup de très bons points cumulés qui ont donc largement et justement contribué à la très bonne réputation du film, qui a purement et simplement écrasé la concurrence des autres longs métrages sortis le même jour, y compris Fête de famille de Cédric Kahn et Andy avec Vincent Elbaz. Et c’est amplement mérité.
LE BLU-RAY
Walter avait précédemment été édité en DVD chez M6 Vidéo. Plus gros succès oblige, Inséparables dispose d’une édition en DVD et également en Haute-Définition. Le menu principal est animé et musical.
Point de making of à l’horizon. Dommage. En revanche, les scènes coupées (5’30) sont pas mal du tout, notamment la confrontation de Mika avec son futur beau-père, ce dernier, peu dupe, voyant bien que le jeune homme lui cache quelque chose.
L’interactivité se clôt sur un bêtisier forcément contagieux (4’). On remarquera le titre de tournage, « Trop de gens qui t’aiment ».
L’Image et le son
Après son beau succès dans les salles françaises, Inséparables est pris en main par M6 vidéo pour sa sortie dans les bacs. Nous sommes devant un très beau master HD. La définition est optimale, la luminosité affirmée, ainsi que le relief, la gestion des contrastes et le piqué sans cesse affûté. L’apport HD est constant et renforce la colorimétrie, l’encodage AVC consolide l’ensemble, les détails fourmillent sur le cadre large, et toutes les séquences de jour tournées en extérieur sont magnifiques de précision.
La piste DTS-HD Master Audio 5.1 offre une belle spatialisation ponctuelle de la bande-son, caisson de basses compris. Outre la spatialisation musicale, certaines ambiances naturelles parviennent à percer sur les quelques séquences en extérieur mais finalement, l’ensemble demeure axé sur les frontales, dynamiques et fluides, tandis que la centrale exsude les dialogues avec efficacité. L’éditeur joint également une piste Stéréo de fort bon acabit, sans oublier les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.