GENGHIS KHAN réalisé par Henry Levin, disponible en DVD et Blu-ray le 2 juillet 2019 chez Rimini Editions
Acteurs : Omar Sharif, Stephen Boyd, James Mason, Eli Wallach, Françoise Dorléac, Telly Savalas, Robert Morley, Michael Hordern, Yvonne Mitchell, Woody Strode…
Scénario : Clarke Reynolds, Beverley Cross
Photographie : Geoffrey Unsworth
Musique : Dusan Radic
Durée : 2h05
Date de sortie initiale : 1965
LE FILM
Au XIII siècle en Mongolie, après l’exécution de son père par un chef de guerre rival, le jeune prince Temujin est réduit en esclavage. Il parvient à s’évader, bien décidé à se venger et à unir les tribus mongoles Sous le nom de Gengis Khan, il se lance dans la plus grande série de conquêtes de l’Histoire.
Genghis Khan, à ne pas confondre avec Dschinghis Khan, le groupe de musique pop allemand créé en 1979 pour participer au concours de l’Eurovision (Moskau Moskau…), est comme son titre l’indique une évocation cinématographique de la vie et des combats de Temujin, fondateur et premier empereur mongol sous le nom de Gengis Khan. Superproduction internationale produite par la Columbia, ce film d’aventures convoque un casting international mené par Omar Sharif qui sortait tout juste du tournage du Docteur Jivago de David Lean. Si les passionnés d’Histoire s’arracheront les cheveux quant aux libertés prises par les scénaristes, force est d’admettre que Genghis Khan demeure un très beau spectacle hollywoodien, rempli de couleurs, de costumes fabuleux, de décors grandioses et d’affrontements en tous genres.
Henry Levin (1909-1980) n’est pas un réalisateur qui a marqué l’histoire du cinéma, mais assurément l’esprit des spectateurs avec son chef d’oeuvre, Voyage au centre de la terre – Journey to the Center of the Earth (1959), sublime adaptation du roman éponyme de Jules Verne, avec James Mason et Arlene Dahl. Ancien dialoguiste de renom pour le compte de la Columbia, le studio l’embauche comme metteur en scène. Eclectique, passant du western au film noir ou aux récits d’aventures, Henry Levin démontrera son savoir-faire dans tous les genres. Il vient alors d’enchaîner trois comédies Un mari en laisse (1962) avec Sandra Dee, Come Fly with Me (1963) avec Karlheinz Böhm et Honeymoon Hotel (1964) avec Robert Goulet (sans sa moustache) quand on lui confie les rênes de cette co-production américano-anglo-germano-yougoslave intitulée Genghis Khan.
Intégralement tourné dans les décors naturels en Yougoslavie, ce long métrage manque peut-être aujourd’hui d’une griffe, d’une vision personnelle, d’une âme pour ainsi dire, mais Genghis Khan ne déçoit pas pour autant. Tout d’abord, le film d’Henry Levin vaut pour sa distribution exceptionnelle. Dans le rôle-titre, Omar Sharif – bien plus convaincant que John Wayne dans Le Conquérant (1956) de Dick Powell – éblouit par son charisme et parvient à instaurer une étonnante ambiguïté à son personnage au fil du récit. L’évolution de Temüjin à Genghis Khan est entre autres beaucoup plus complexe qu’elle n’en a l’air. A ses côtés, la délicieuse Françoise Dorléac fait ici l’une de ses dernières apparitions au cinéma, avant de disparaître tragiquement dans un accident de voiture en 1967. Elle avait seulement 25 ans. Une plus belles étoiles filantes de l’Histoire du cinéma. Citons également la participation des mythiques Telly Savalas et Eli Wallach, mais aussi celles plus « exotiques » des légendaires James Mason et Robert Morley, grimés (surtout le premier) et amusants (malgré-eux) dans le rôle de Kam Ling et de l’empereur de Chine. James Mason, yeux bridés et dents sorties campe un personnage que l’on croirait tout droit sorti d’une bande-dessinée, tandis que le second, qui arbore des costumes lumineux et une petite moustache à la Fu Manchu, peine à dissimuler son accent so british. Ces accoutrements ne les empêchent pas d’être excellents et donnent à Genghis Khan un côté décalé. L’adversaire du héros, Djamuga, est interprété par Stephen Boyd, Messala du Ben-Hur de William Wyler et Livius dans La Chute de l’empire romain d’Anthony Mann. Le dernier affrontement entre Genghis Khan et Djamuga les oppose dans un corps-à-corps bien mené, gentiment sanglant et brutal.
Henry Levin prend soin de capturer les sublimes paysages qui l’entourent, mais aussi le travail admirable réalisé par ses départements techniques. Ainsi, outre l’histoire menée de façon classique, le spectateur en prend plein les yeux du début à la fin, sans ennui, emporté par un souffle dramatique soutenu. La musique de Dusan Radic (Les Drakkars de Jack Cardiff) possède quelques accents morriconniens, mais le film est surtout sublimement photographié par l’un des plus grands chefs opérateurs de tous les temps, Geoffrey Unsworth (1914-1978), à qui l’ont doit les images inoubliables de 2001, l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick, Cabaret de Bob Fosse, Zardoz de John Boorman et Superman de Richard Donner. C’est d’ailleurs sa patte inoubliable que l’on reconnaît ici, bien plus que celle d’Henry Levin, et qui participe indéniablement à la réussite, ainsi qu’au charme rétro de ce Genghis Khan.
LE BLU-RAY
Genghis Khan n’était jamais sorti en DVD en France. Nous devons encore cette résurrection à Rimini. Le Blu-ray est disposé dans un boîtier de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. Très beau visuel qui fait la part belle à Omar Sharif prêt à en découdre sur son cheval, à Stephen Boyd et à Françoise Dorléac. Le menu principal est animé et musical.
Chose étonnante, nous ne trouvons que la bande-annonce originale comme supplément.
L’Image et le son
La copie restaurée du film d’Henry Levin est livrée dans un écrin Blu-ray au format 1080p. La photo signée par le grand chef opérateur Geoffrey Unsworth est ici respectée avec des couleurs très affirmées (teintes brunes, pourpres, oranges, rouges), une clarté plaisante et une patine appréciable. L’image a été savamment nettoyée, la copie est propre (quelques points blancs subsistent), l’ensemble stable (hormis les décrochages récurrents sur les fonds enchaînés), le cadre large ne manque pas de détails. Le piqué doux demeure agréable pour les mirettes, les contrastes sont élégants et les noirs fermes. Dans l’ensemble, ce Blu-ray est très beau.
Genghis Khan est disponible en version originale et française LPCM 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants (le cliquetis des chaînes !) et surtout une belle restitution de la musique, sans souffle. La piste française se focalise souvent sur les voix (parfois grinçantes) au détriment des ambiances environnantes, même si le doublage est particulièrement réussi. Les deux options acoustiques sont propres et dynamiques. Les sous-titres français ne sont pas imposés.