DIDIER réalisé par Alain Chabat, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 2 novembre 2022 chez Pathé.
Acteurs : Alain Chabat, Jean-Pierre Bacri, Isabelle Gélinas, Caroline Cellier, Lionel Abelanski, Chantal Lauby, Zinedine Soualem, Josiane Balasko, Dominique Farrugia, Lionel Abelanski…
Scénario : Alain Chabat
Photographie : Laurent Dailland
Musique : Philippe Chany
Durée : 1h45
Date de sortie initiale : 1997
LE FILM
Lorsqu’un homme hérite d’un chien, et que ce chien adopte l’homme, l’homme devient un peu moins chien, et le chien un peu plus homme… Ce n’est pas du tout le jour pour Jean-Pierre, agent de sportifs, empêtré dans ses problèmes – de garder Didier le labrador d’une amie pendant une semaine. Le lendemain, une découverte extraordinaire va l’entraîner dans la plus hallucinante des aventures, où son pire cauchemar risque d’être la chance de sa vie.
« Non, mais… C’est très important, ça. On ne sent pas le cul des gens comme ça ! On ne sent pas le cul. »
C’est ce qu’on appelle un vrai film culte, expression souvent galvaudée et facilement utilisée à mauvais escient. Didier est le premier long-métrage écrit et réalisé par Alain Chabat, sorti trois ans après le succès de La Cité de la peur d’Alain Berbérian, qui avait réuni plus de deux millions de spectateurs. L’humoriste et comédien prend son envol avec ce coup d’essai et coup de maître, qui a frôlé la barre des trois millions d’entrées à sa sortie en janvier 1997, damant ainsi le pion à Fantômes contre fantômes – The Frighteners de Peter Jackson et se classant enfin d’année à la onzième place au box-office, entre Bean et Alien, la résurrection. 25 ans plus tard, un quart de siècle (dit comme ça c’est un peu flippant), Didier n’a rien perdu de sa fraîcheur et demeure indéniablement l’une des plus grandes comédies des années 1990, toutes nationalités confondues. Enchaînement ininterrompu de répliques hilarantes, certaines étant passées dans le langage courant, merveilleusement interprété par des acteurs au sommet de leur forme, rythmé (pas un seul temps mort) et porté par la partition du talentueux Philippe Chany (« Oh Let me be your dog… »), Didier reste un des films français les plus originaux, qui déplie son postulat de départ fantastique de façon continue, en prenant le soin de développer tous les personnages et sans jamais omettre l’émotion. Indémodable, porté par une critique élogieuse, Didier s’est vu récompenser par le César de la meilleure première œuvre en 1998.
Jean-Pierre, agent de football, a accepté de garder Didier, le chien d’Annabelle, une amie journaliste. Au cours de la nuit, le labrador prend une apparence humaine, mais reste psychologiquement toujours un chien. Aux prises avec Richard, le patron du club de football pour lequel il est agent, Jean-Pierre n’avait pas besoin d’un problème supplémentaire, en plus de ses soucis avec ses joueurs vedettes, d’abord Baco, puis Fabrice blessé juste une semaine avant un match très important contre le PSG. Didier va révéler certaines dispositions footballistiques et l’aider à remplacer les joueurs blessés.
La maestria de Didier est telle que l’intérêt est maintenu durant les scènes de football, même si, comme l’auteur de ces mots, vous êtes foncièrement allergique à ce sport, auquel Alain Chabat lui-même ne comprenait rien. Mais bien sûr le récit ne repose pas sur ce sujet, mais bel et bien sur la relation entre le labrador devenu homme et Jean-Pierre, agent sportif qui se voit confier la garde du chien en question, alors qu’il est empêtré dans quelques affaires difficiles. Cette corvée va l’entraîner dans la plus hallucinante des aventures, où son pire cauchemar risque bien d’être la chance de sa vie. Alain Chabat, qui s’était déjà pris pour un chien au cours de différents sketches des Nuls (ou « de Les Nuls », c’est selon), se fond littéralement dans la peau de son personnage et livre une prestation (nommée pour le César du meilleur acteur) qui aurait pu tomber dans le ridicule. Mais son « regard canin » fonctionne à plein régime, on croit à cette transformation insolite (l’inverse est plus fréquent au cinéma, comme dans Quelle vie de chien ! – The Shaggy Dog, production Disney de 1959), dont nous n’aurons pas l’éclaircissement, qui comme le dit Jean-Pierre dans une des scènes les plus célèbres « Je sais pas, j’comprends pas… Comment tu veux expliquer ça. Un jour t’es un chien, le lendemain t’es un homme. Je crois même pas ce que je viens de dire… La seule explication, c’est comme les trucs bouddhistes, c’est une réincarnation mais en super-accéléré ou, ou les univers parallèles, non, j’en sais rien et puis tu sais, on sait pas tout hein, les hommes ils savent pas tout, on sait des trucs mais on sait pas tout ».
Ce dernier, c’est bien sûr Jean-Pierre Bacri, qui avait joué le « Projectionniste n°3 » dans La Cité de la peur, sortait du triomphe d’Un air de famille de Cédric Klapisch, qu’il avait coécrit avec Agnès Jaoui et cherchait une comédie dans laquelle il pouvait laisser libre cours à sa fantaisie. Il se délecte chaque instant de ses dialogues taillés sur mesure (« Ouais, les mecs non plus. Putain, je t’ai dit personne, ne sois pas de mauvaise foi. On ne sent le cul de personne ! Voilà, ni les mecs, ni les nanas, ni les chiens, personne ! ») et l’alchimie avec son partenaire participe à la réussite de Didier. La lumineuse et trop rare Isabelle Gélinas, atout charme du film, Lionel Abelanski, Michel Bompoil, Jean-Marie Frin, Zinedine Soualem, Caroline Cellier, Josiane Balasko, Dieudonné, Dimitri Radochevitch, sans oublier les apparitions des complices Chantal Lauby et Dominique Farrugia complètement remarquablement la distribution, Alain Chabat leur offrant leur petit moment pour briller, comme les solos indispensables d’une partition parfaite et virtuose, que l’on a plaisir à revoir à satiété.
LE COMBO BLU-RAY + DVD
25 ans, ça se fête ! Quasiment vingt ans (plus précisément en novembre 2004) après l’édition d’un premier DVD, Didier bénéficie d’une sortie royale, toujours chez Pathé, en Combo Blu-ray + DVD, édition limitée. Le menu principal de l’édition HD est animé sur la séquence « Je sais pas, j’comprends pas… ».
Si l’image a bénéficié d’un nettoyage conséquent, aucune surprise au niveau de l’interactivité, partiellement reprise de l’ancien DVD.
On commence par le commentaire audio d’Alain Chabat (venu avec le fameux coin-coin du film) accompagné de Jean-Pierre Bacri. N’hésitez surtout pas à écouter les deux compères, qui n’avaient pas revu Didier depuis plusieurs années, partager leurs souvenirs liés au tournage. Forcément très complices, ils se renvoient constamment la balle et ce dès l’apparition du logo Pathé. Jean-Pierre Bacri rigole chaque fois qu’il voit passer une jolie demoiselle intelligemment placée dans le fond du cadre dans une des rues de Montpellier, ville choisie par Alain Chabat pour rendre hommage à l’un de ses films préférés, L’Homme qui aimait les femmes de François Truffaut. Tandis qu’Alain Chabat se remémore la présentation de sa « bite » à l’équipe pour sa première apparition dans le film, Jean-Pierre Bacri s’exprime sur les quelques improvisations conservées au montage final. D’autres anecdotes sont évidemment dispensées au fil de ce commentaire enjoué, qui ne manque pas de sel, surtout quand les deux parlent de Dieudonné « quand il était encore…de son vivant ». A noter qu’un décalage entre le son et l’image se fait après la première heure…
Nous retrouvons aussi le « making-woof » (37’30), composé d’images de tournages brutes, sans aucun commentaire, présentées avec un son direct donc, une vraie plongée sur le plateau en compagnie d’Alain Chabat, des acteurs et des techniciens en mai et juillet 1996. L’occasion de (re)voir les répétitions, le boulot avec l’équipe des effets spéciaux (dont Pitof) au Parc des Princes, avec l’utilisation des filets et des fonds verts, nécessaires pour faire de Didier un prodige du football.
Dernier supplément à avoir été récupéré, il s’agit de l’entretien avec Patrick Pittavino (4’), dresseur de son métier, qui s’est occupé des chiens apparaissant dans Didier.
N’ont donc pas été repris les retrouvailles (et l’interview…) entre Alain Chabat et le labrador Elliot huit ans après le tournage, les quatre storyboards, la galerie de photos, la bande-annonce, sans oublier l’introduction de la VHS de 1997, durant laquelle le réalisateur apparaissait pour nettoyer l’écran de votre téléviseur…de l’intérieur.
L’Image et le son
Pour son quart de siècle, et en espérant qu’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre connaisse prochainement le même sort, Didier a subi un lifting de premier ordre, une restauration 4K réalisée en 2022 par Hiventy à partir du négatif original. Pour sa sortie en Blu-ray, Pathé a visiblement passé l’image au contrôle technique. Le résultat est impeccable, la copie affiche une nouvelle clarté, des couleurs vives et estivales. Le piqué est inédit, la texture argentique heureusement préservée, la propreté irréprochable et les contrastes s’avèrent plaisants. Le cadre fourmille de nouveaux détails et la définition ravit souvent les mirettes.
La piste DTS-HD Master Audio 5.1 spatialise l’excellente partition de Philippe Chany du début à la fin et use à bon escient des basses. Des ambiances latérales sont présentes, sans que cela donne un aspect artificiel, des effets naturels percent sur la scène arrière sur les très nombreuses séquences en extérieur, avec un beau boucan pour la dernière partie au Parc des Princes. Pathé n’oublie pas de fournir la piste Stéréo, de fort bon acabit avec des voix percutantes et des frontales remarquables. Les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants sont également disponibles.