COP SECRET (Leynilögga) réalisé par Hannes Þór Halldórsson, disponible en Blu-ray le 10 mai 2023 chez Extralucid Films.
Acteurs : Auðunn Blöndal, Egill Einarsson, Sverrir Þór Sverrisson, Steinunn Ólína Þorsteinsdóttir, Björn Hlynur Haraldsson, Vivian Ólafsdóttir, Rúrik Gíslason, Steinþór Hróar Steinþórsson…
Scénario : Nína Petersen, Hannes Þór Halldórsson & Sverrir Þór Sverrisson, d’après une histoire originale d’Auðunn Blöndal, Egill Einarsson & Hannes Þór Halldórsson
Photographie : Elli Cassata
Musique : Kristján Sturla Bjarnason
Durée : 1h35
Année de sortie : 2021
LE FILM
Pour élucider une curieuse série de braquages où rien n’est dérobé, un « super flic » de Reykjavik, téméraire mais en pleine remise en question, se retrouve à devoir faire équipe avec un nouveau partenaire, un mec stylé, aisé et particulièrement libéré.
Le nom de Hannes Þór Halldórsson pourrait éventuellement dire quelque chose à certains d’entre vous, du moins aux passionnés de football. En effet, le réalisateur de Cop Secret n’est autre que l’ancien gardien de l’équipe nationale d’Islande, sélectionné près de 80 fois et qui a participé à l’Euro 2016, ainsi qu’à la Coupe du Monde de 2018 durant laquelle il avait arrêté un penalty de Lionel Messi. Avant de devenir sportif professionnel, Hannes Þór Halldórsson, passionné par le cinéma, se prédestinait à devenir cinéaste. Son rêve devient enfin réalité, puisqu’en 2021 il met en scène son premier long-métrage Leynilögga, que l’on peut traduire par « Flic Infiltré », que la distribution internationale aura finalement rebaptisé Cop Secret. Un buddy movie qui rend hommage au genre des années 1980-90, le tout largement influencé par le Hot Fuzz d’Edgar Wright et Bad Boys de Michael Bay. On imagine que le budget n’était pas énorme (apparemment, cela équivaudrait à 0,03 % de la production de Fast & Furious 9), surtout vu la qualité des effets spéciaux avec ses explosions et le sang confectionnés en mauvaises images numériques, mais il se dégage une vraie énergie contagieuse de ce Cop Secret, qui s’amuse à prendre tous les clichés attendus, à les triturer, au point de faire de son tandem de flics burnés, deux mecs qui tombent amoureux l’un de l’autre dans le feu de l’action. C’est barré, pas franchement original, mais l’ensemble est prometteur et les acteurs assurent le spectacle du début à la fin.
À Reykjavik, une série d’étranges cambriolages, audacieux mais où rien n’est volé, déroute fortement les forces de l’ordre. Bussi, le policier le plus coriace de la ville, qui outrepasse souvent les règles pour arrêter les malfrats, est chargé d’arrêter au plus vite les braqueurs. Cependant, cette fois-ci, il est contraint par ses supérieurs de faire équipe avec l’arrogant Hördur Bess, le meilleur policier de Gardabaer. Alors qu’ils traquent le psychopathe Rikki Ferrari, le chef des braqueurs, les deux hommes développent bientôt une attirance mutuelle.
Tout y est. Les poursuites en bagnole, les gunfights (visiblement, Hannes Þór Halldórsson aime John Woo et plus particulièrement Volte/Face), les alertes à la bombe, les braquages, les méchants menés par un type mégalo, psychopathe et brutal qui balance des punchlines sans s’arrêter…Nous sommes en terrain conquis, la recette est connue, les ingrédients usés (pour ne pas dire périmés), mais Cop Secret est tellement animé par une envie de cinéma et de divertir la galerie, qu’il en devient vite attachant. Du moins après une longue exposition très bavarde et au montage trop cut pour que l’on puisse apprécier pleinement la poursuite qui ouvre le film dans la périphérie de Reykjavik. Après cette installation disons-le laborieuse, on se prend au jeu dès que le duo Bussi (Auðunn Blöndal) et Hördur Bess (Egill Einarsson) est réuni. La complicité des comédiens est évidente et participe bien sûr à la réussite de Cop Secret, surtout quand Bussi, paumé dans sa vie sexuelle, se rend compte qu’il en pince pour son partenaire, ouvertement pansexuel (« C’est l’âme qui est sexy »), bâti comme un Dieu, richissime (en gros il travaille comme flic par passion du métier), ancien mannequin, HPI et parlant 15 langues.
Au fil de l’enquête, un peu tarabiscotée et qui se passe, chose « étonnante » autour d’un match de football féminin décisif pour la Coupe du Monde où l’Islande affronte l’Angleterre, on se prend d’affection pour ces personnages que tout sépare (à part les méthodes expéditives dans l’exercice de leurs fonctions), mais qui vont évidemment se rapprocher, beaucoup plus qu’on le pensait. Ou plus profondément, c’est selon. Si les deux acteurs principaux sont aussi excellents que charismatiques, nous retiendrons aussi Björn Hlynur Haraldsson (vu dernièrement dans Grand Marin de Dinara Drukarova et dans Lamb de Valdimar Jóhannsson, aux côtés de Noomi Rapace), qui incarne le grand salaud frappadingue. Celui-ci en fait des caisses, prend systématiquement la pétoire pour buter celui ou celle qui se trouve en face de lui, au risque de décimer son équipe avant même le démarrage du coup. Jubilatoire.
Comédie généreuse en scènes mouvementées, Cop Secret, à la base issue d’une fausse bande-annonce réalisée dans une émission à sketches et qui avait créé un buzz foudroyant en Islande il y a une dizaine d’années, est une fantaisie dépaysante, rapide (le film a d’ailleurs été tourné en trois semaines), drôle, parfois même émouvante. Le contrat est rempli, on passe un bon moment.
LE COMBO BLU-RAY + DVD
Extralucid Films continue d’explorer le cinéma du monde entier et nous a dégoté cette fois un film islandais, Cop Secret, qui intègre donc la collection Extramonde et se voit estampillé du numéro 13 de cette anthologie. La jaquette au visuel explosif, est glissée dans un boîtier Amaray classique de couleur noire, lui-même disposé dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical. A la vente ici sur le site de l’éditeur !
La galette est bien remplie. On démarre avec une présentation du film par Robert Hospyan (18’). L’acteur, auteur, réalisateur, scénariste et auteur (Michael Bay : la fin de l’innocence, Aardvark éditions, 2022) revient sur tous les aspects de Cop Secret, en parlant du triomphe rencontré en Islande par le premier long-métrage réalisé par Hannes Þór Halldórsson, arrivé en seconde position au box-office annuel, derrière Mourir peut attendre. Ce dernier a pour particularité d’avoir été footballeur international, un ancien joueur de l’équipe nationale d’Islande, sélectionné près de 80 fois et qui a participé à l’Euro 2016, ainsi qu’à la Coupe du Monde de 2018. Cop Secret a pu aller au-delà des frontières islandaises, au point d’atterrir en compétition au Festival de Locarno en 2021. La genèse de Cop Secret (issu d’une fausse bande-annonce mise en scène il y a une dizaine d’années pour une émission humoristique), les références et les influences (le cinéma d’Edgar Wright et de Michael Bay), le casting, la psychologie des personnages, la nature progressiste du film (« une note de fond derrière le divertissement ») sont aussi explorés.
On retrouve plus ou moins les mêmes arguments dans l’interview, faite en visioconférence, de Hannes Þór Halldórsson (19’). Le réalisateur évoque son parcours atypique, une vie partagée entre son désir de devenir cinéaste et sa carrière sportive professionnelle, le football ayant toujours fait partie de sa vie, tout comme son amour pour la caméra. Les références (les films d’action des années 1990, Piège de cristal, Hot Fuzz), les thèmes de son premier long-métrage, les personnages, le financement de Cop Secret, le casting (essentiellement composé d’humoristes très connus en Islande), les conditions de tournage (Hannes Þór Halldórsson devait tourner le matin, puis se rendre à fond la caisse à l’entraînement), la sélection au Festival de Locarno, ainsi que ses futurs projets cinématographiques (dont l’un parlerait d’un braquage dans le milieu du football), le nouveau cinéaste dévoile tout.
Nous trouvons ensuite un entretien croisé avec les deux têtes d’affiche, Auðunn Blöndal et Egill Einarsson (13’30). L’occasion pour les comédiens de se dévoiler un peu plus pour l’édition française de Cop Secret, le premier étant animateur de télévision et de radio, le second étant acteur, mais officiant aussi et avant tout dans un club de gym, où il est notamment spécialisé dans la remise en forme. Egill Einarsson est aussi l’auteur de best-sellers, dont l’un a été adapté en série. Tous les deux s’expriment sur la genèse de Cop Secret, la psychologie des personnages, les conditions de tournage et leurs projets professionnels.
Sélectionnez ensuite les modules Snapshats du tournage (4’, bonus non sous-titré) et Prévisualisations de la séquence d’ouverture (2’40), pour y découvrir l’envers du décor, avec surtout un gros plan sur le tournage des scènes d’action.
Un module intitulé Gloves, camera…action ! (1’20) donne la parole à Hannes Þór Halldórsson, qui parle de son statut original de footballeur / cinéaste, étant le seul à avoir réalisé un long-métrage en plein milieu d’une saison de football en évolution constante. Des images le montrent à la fois sur le terrain de foot et sur celui de son premier film comme réalisateur. Son meilleur coup comme gardien ? Avoir stoppé le penalty lors de la Coupe du monde 2018, ce qui a fait de lui un héros dans son pays.
L’interactivité se clôt sur la fausse bande-annonce à l’origine de Cop Secret (4’), un message des acteurs destinés aux spectateurs français (1’30) et deux trailers originaux.
L’Image et le son
Cette édition Blu-ray s’avère très soignée. Les contrastes affichent une densité rarement démentie, le piqué est ciselé et les détails s’avèrent très plaisants sur le cadre large. La profondeur de champ demeure fort appréciable et la colorimétrie froide est très bien rendue. La mise en scène brute entraîne quelques pertes de la définition mais l’ensemble demeure probant la plupart du temps avec de superbes noirs.
Un beau ramdam ! Dès la première séquence, les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio Stéréo (on regrette très sincèrement la 5.1) se défoulent. Les ambiances fusent, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’ambiance de la course-poursuite. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés, tandis que les effets balaient tout sur leur passage dans toutes les scènes agitées.
Crédits images : © Extralucid Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr