CALIFORNIE, TERRE PROMISE (California) réalisé par John Farrow, disponible en DVD et Blu-ray le 4 juin 2019 chez ESC Editions
Acteurs : Ray Milland, Barbara Stanwyck, Barry Fitzgerald, George Coulouris, Albert Dekker, Anthony Quinn, Frank Faylen, Gavin Muir, James Burke, Eduardo Ciannelli…
Scénario : Frank Butler, Theodore Strauss d’après une histoire originale de Boris Ingster
Photographie : Ray Rennahan
Musique : Victor Fleming
Durée : 1h38
Année de sortie : 1947
LE FILM
Après avoir déserté de l’armée et perdu toutes ses illusions, Jonathan Trumbo accepte d’escorter un convoi de migrants vers l’Ouest. Si l’arrivée parmi eux de Lily Bishop, une joueuse chassée de la ville où elle battait les cartes, crée des tensions, ce n’est rien en comparaison de l’effet de l’annonce de la découverte d’or en Californie. En quelques heures, la grande caravane se disloque littéralement, laissant derrière elle un Trumbo blessé. Remis sur pied, celui-ci retrouvera bientôt Lily Bishop, désormais propriétaire d’un saloon que convoite Coffin, un ex-marchand d’esclaves qui règne sans partage sur la ville…
Bien que méconnu en France, le réalisateur américain d’origine australienne John Farrow (1904-1963), né John Villiers Farrow, également scénariste, producteur et comédien, est l’auteur d’un des plus grands mélodrames issus des studios de la RKO, Quels seront les cinq ? – Five came back (1939), co-écrit par Dalton Trumbo. Le cinéaste signera lui-même un remake de son propre film en 1956, Les Echappés du néant – Back from Eternity, avec Robert Ryan, Anita Ekberg et Rod Steiger. Eclectique, érudit, John Farrow aura touché à tous les genres, du film policier au western, en passant par le film historique, les récits de guerre, le film d’aventure et le thriller. Californie, terre promise, titre français de California, est le premier western du cinéaste, sorti en 1947, après quelques films de guerre, dont La Sentinelle du Pacifique – Wake Island, l’un voire le premier film relatant la bataille de Pearl Harbor. Bénéficiant du Technicolor, John Farrow dirige un casting quatre étoiles avec Ray Milland et Barbara Stanwyck comme têtes d’affiche, ainsi qu’un acteur âgé d’une trentaine d’années, Anthony Quinn.
Californie, terre promise est un western on ne peut plus plaisant, qui ne révolutionne pas le genre certes, mais qui vaut le détour pour la confrontation des monstres hollywoodiens à qui l’univers du Far-West sied comme un gant de crin.
Alors oui, Californie, terre promise manque d’originalité. Toutefois, le film vaut quand même largement le déplacement pour son immense beauté plastique. Grand technicien réputé et expert des plans-séquences qu’il multipliait parfois à outrance et sans raison pour ses détracteurs, John Farrow dispose d’un solide budget pour peindre littéralement le grand Ouest à l’écran. Afin de créer les magnifiques couleurs de California, le réalisateur est aidé par l’immense talent du chef opérateur Ray Rennahan (1896-1980), l’un des directeurs de la photographie d’Autant en emporte le vent (1939), qui lui a valu un Oscar à partager avec ses confrères, récompense qu’il obtiendra à nouveau en 1942 pour Arènes sanglantes, cette fois encore en collaboration avec Ernest Palmer.
Californie, terre promise agit comme un voyage dans le temps, transportant les spectateurs au XIXe siècle, auprès des pionniers, où la folie de l’or s’empare de la population, tandis que d’autres quittent tout pour aller tenter leur chance à l’autre bout du pays. La Paramount délivre des moyens conséquents à John Farrow, et le résultat se voit à l’écran du début à la fin. Mais malgré le faste des décors, la beauté des costumes créés par la légendaire Edith Head, nous n’avons d’yeux que pour Barbara Stanwyck. A l’aube de ses 40 ans, la comédienne affiche déjà un C.V. à faire pâlir ses concurrentes. Frank Capra, William A. Wellman, William Dieterle, George Stevens, John Ford, Cecil B. DeMille, Howard Hawks, Julien Duvivier, Billy Wilder, Delmer Daves et bien d’autres l’ont déjà fait tourné. Dans Californie, terre promise, la mythique comédienne enflamme la pellicule et tient comme d’habitude la dragée haute à son partenaire, interprété par Ray Milland, qui a tout du cowboy buriné et macho.
Le film mixe une idylle contrariée, avec une intrigue politique, un soupçon de comédie musicale et une reconstitution historique. Si l’intrigue n’a rien de vraiment original et fait un peu fourre-tout, il en est tout autrement du traitement des personnages et les stars confirmées (ou pas) – mention spéciale également à George Coulouris dans le rôle du troublant Capitaine Pharoah Coffin – assurent et font le sel de ce grand spectacle de qualité, au charme rétro intact, souvent considéré comme étant le meilleur film de John Farrow.
LE BLU-RAY
Jusqu’ici inédit en France, Californie, terre promise fait son apparition dans nos bacs chez ESC Distribution sous sa bannière Movinside, en DVD et en Blu-ray, sous le titre California, terre promise. Très beau visuel. Le menu principal est animé et musical.
Noël Simsolo est de retour pour présenter le film de John Farrow (32’). Le réalisateur est d’ailleurs au centre de ce module, puisque l’historien du cinéma revient en long en large sur sa carrière, tout en invitant le spectateur cinéphile à redécouvrir ce metteur en scène sous-estimé. Ainsi, Noël Simsolo loue le grand talent de technicien de John Farrow, spécialiste des plans-séquences. Certaines scènes et le casting de Californie, terre promise sont passés au peigne fin.
Comme sur le Blu-ray de Geronimo, le peau-rouge, nous retrouvons également Iac, peintre en Art Western et romancier (8’). Comme il en a l’habitude, l’invité d’ESC Distribution propose une présentation complète et très intéressante sur la Californie, son histoire, ainsi que sur le sort réservé aux tribus indiennes.
L’Image et le son
La restauration est évidente. Hormis quelques points blancs ici et là, les autres poussières ont disparu, aucune griffure ne subsiste. Le cadre 1.33 (16/9) est superbe, la texture argentique préservée, les détails ne manquent pas. En revanche, les trois bandes chromatiques du Technicolor se retrouvent parfois décalées, ce qui occasionne de nombreux plans flous et des visages qui manquent singulièrement de netteté, souvent accompagnés d’un halo vert. Les contrastes sont à l’avenant.
Seule la version originale aux sous-titres français (non imposés) est disponible en LPCM 2.0. Si l’on fait fi d’un souffle sporadique et de sensibles craquements, alors cette piste instaure un confort acoustique convaincant, avec une belle restitution des dialogues.