Test Blu-ray / Bronco Apache, réalisé par Robert Aldrich

BRONCO APACHE (Apache) réalisé par Robert Aldrich, disponible en combo Blu-ray/DVD le 8 mars 2018 chez Sidonis Calysta

Acteurs :  Burt Lancaster, Jean Peters, John McIntire, Charles Bronson, John Dehner, Paul Guilfoyle, Walter Sande, Ian MacDonald…

Scénario :  James R. Webb d’après le roman “Bronco Apache” de Paul Wellman

Photographie : Ernest Laszlo

Musique : David Raksin

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Avril 1866, les Apaches déposent les armes face aux colonisateurs blancs.  Leur chef Geronimo se rend. Seul l’un d’entre eux, Massaï, refuse cette reddition. Capturé comme ses semblables, il s’échappe du train qui le conduit vers les réserves de Floride. Un grand voyage l’attend pour retrouver sa terre et Nalinle, enceinte de lui. En chemin, il fait escale à St Louis où il découvre le mode de vie des colons et rencontre Dawson, un Cherokee chez qui il trouve refuge dans une réserve de l’Oklahoma…

Bronco Apache est le troisième long métrage de l’immense Robert Aldrich (1918-1983), son premier western ainsi que sa première collaboration avec Burt Lancaster, également producteur. C’est par ailleurs le comédien lui-même qui a choisi le réalisateur, après avoir remarqué l’efficacité de son second film, Alerte à Singapour en 1953. Si l’on compare Bronco Apache avec les films et chefs d’oeuvre du maître qui viendront plus tard, on est ici loin de la virtuosité qui apparaîtra déjà par petites touches dans Vera Cruz, mis en scène la même année. En revanche, la solide direction d’acteurs de Robert Aldrich est ici indéniable. Il fallait au moins cela pour rendre crédible la transformation de Burt Lancaster en Indien aux yeux bleus étincelants. Sa première apparition fait peur puisque l’acteur est recouvert de plusieurs couches de fond de teint et d’une perruque mal ajustée. Mais finalement, on oublie rapidement ce manque de goût grâce au jeu solide du comédien, en très grande forme, bondissant, courant dans tous les sens, brutal, déterminé, qui n’en fait jamais trop en adoptant une posture et une démarche différentes. On finit par croire à son personnage et à s’attacher à sa quête. Bronco Apache n’est sans doute pas l’un des grands films de Robert Aldrich, mais n’en demeure pas moins sympathique, surtout que le film adopte le point de vue et la cause des Indiens.

Le jour de la reddition de Geronimo (Monte Blue), Massai (Burt Lancaster), un jeune guerrier, refuse d’abandonner le combat contre l’armée américaine. Vite arrêté, il est conduit en train vers la réserve de Floride où seront gardés Geronimo et ses guerriers apaches. Mais Massai s’enfuit et se retrouve dans une grande ville de Blancs, St Louis. Il décide de regagner sa terre natale. Chemin faisant, il rencontre Dawson (Morris Ankrum), un Indien Cherokee « civilisé », qui vit en paix avec les blancs, grâce à son savoir-faire de la culture du maïs, dont il donne quelques graines à Massaï. De retour chez lui au Nouveau-Mexique, Massai va voir Nalinle (Jean Peters), la femme qu’il aime. Mais Santos (Paul Guilfoyle), le père de celle-ci, dénonce Massai. Il est arrêté par le scout Al Sieber (John McIntire) et l’Apache renégat Hondo (Charles Buchinsky, pas encore Charles Bronson), à qui Santos a promis sa fille. Massai n’a pas dit son dernier mot. Se considérant comme le seul Apache au monde, il décide de mener son dernier combat contre les militaires qui le poursuivent, lui et sa femme, alors enceinte.

C’est donc sur Bronco Apache qu’allait naître l’association Aldrich-Lancaster, puisque les deux hommes referont équipe sur Vera Cruz (1954), Fureur Apache (1972) et L’Ultimatum des trois mercenaires (1977). L’intrigue de Bronco Apache n’est pas des plus passionnantes, mais ce n’est pas là le plus important du film. Ce qui compte dans Bronco Apache c’est sa spontanéité, son énergie et ses deux têtes d’affiche, Burt Lancaster et la ravissante Jean Peters (Capitaine de Castille, La Flibustière des Antilles, Viva Zapata !). Si le premier parvient donc à faire oublier le maquillage outrancier dont il est affublé, la seconde (également recouverte de cirage) n’est pas ménagée par son partenaire. Au-delà de sa performance physique car sans cesse malmenée, traînée par terre, ligotée, obligée de laper l’eau d’une rivière comme un animal, la comédienne, conserve son charme et c’est de son personnage que Massaï, souvent montré au bord de la folie, apprendra à tourner la page et à accepter son destin.

Le scénario de James R. Webb, futur auteur de Trapèze de Carol Reed, Les Grands espaces de William Wyler et Les Cheyennes de John Ford, est étonnamment épuré et le résultat à l’écran du même acabit. Son western pro-Indien est fort en symboles forts, comme le spectre de la déportation qui plane lors de la déportation des Indiens, obligés de monter dans un train qui les emmènera loin de leurs terres, ou bien encore dans cette quasi-relecture d’Adam et Eve, unis dans un paradis de sécheresse, de rochers et de poussière.

Sans doute moins marquant que La Flèche brisée de Delmer Daves et La Porte du diable d’Anthony Mann, tous deux sortis en 1950, Bronco Apache participe néanmoins à la démythification de la conquête de l’Ouest. En dépit d’une fin plus ou moins positive imposée par la United Artists, Bronco Apache, fuite en avant tragique et à l’issue inéluctable, ne manque pas d’attraits et d’intérêt.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Bronco Apache, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Cette édition contient le DVD et le Blu-ray.

La section des suppléments s’ouvre sur un documentaire intitulé Burt Lancaster, un doux parfum de succès (50’). Ce module produit à la chaîne comme tant d’autres, n’a pas vraiment d’intérêt, si ce n’est compiler des extraits et des bandes-annonces des films les plus célèbres (et d’autres moins) du comédien. Quelques images d’archives et photos rares viennent illustrer les propos (doublés en français) des intervenants comme le biographe Gary Fishgall, les réalisateurs Sydney Pollack et Ted Post, la comédienne Terry Moore, le producteur James Hill et l’acteur Peter Riegert, qui reviennent sur l’enfance, les débuts et la carrière de la star. Franchement, ne perdez pas votre temps, vous n’apprendrez rien ici ou presque, surtout que la musique sirupeuse en fond a très vite raison de notre patience.

Bertrand Tavernier (26’) et Patrick Brion (13’) ont également répondu à l’appel de l’éditeur, afin de présenter Bronco Apache, avec le style qui leur est propre. Tout d’abord, le premier déclare avoir vu le film à sa sortie et se souvient du choc qui l’a immédiatement sensibilisé au cinéma de Robert Aldrich. Puis, Bertrand Tavernier en vient très vite au caractère pro-Indien de Bronco Apache, en fustigeant les critiques sur le choix de Burt Lancaster pour interpréter un Apache à l’écran. Le fond et la forme se croisent ensuite habilement, et l’on sent le réalisateur vraiment heureux de parler de ce film qu’il affectionne beaucoup. Le scénariste, le reste du casting et la fin imposée par la United Artists (que Tavernier apprécie quand même) sont également abordés.

De son côté, Patrick Brion peine à trouver des arguments inédits pour parler du film qui nous intéresse. Dommage que l’éditeur ne fasse pas se concerter ces historiens du cinéma en amont, cela éviterait des interventions redondantes. Néanmoins, cette présentation reste agréable à écouter.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Un carton en introduction indique que le master présenté ici a été restauré à partir du seul élément HD disponible aujourd’hui…recadré au format 1.77 au lieu du cadre 1.33 original ! Le Blu-ray est au format 1080i. L’image bénéficie d’une restauration indéniable (des raccords de montage et des poussières subsistent quand même), mais qui paraît avoir déjà quelques heures de vol. Soyons honnêtes, le résultat peine à convaincre quant à l’élévation en Haute définition. Les couleurs sont fanées, le générique d’ouverture semble le plus mal loti avec des fourmillements. Le codec AVC a souvent du mal à consolider certaines scènes sombres, la gestion du grain demeure aléatoire et le piqué n’est guère concluant. La compression n’est pas irréprochable et nous notons de capricieux manques de définition adoucissant les détails et les textures sur les plans rapprochés. Signalons que cette édition HD de Bronco Apache est une exclusivité mondiale.

L’éditeur ne propose pas un remixage inutile, mais encode la version originale en DTS-HD Master Audio mono 2.0. Passons rapidement sur la version française (également en DTH-HD MA) au doublage old-school très réussi, mais au rendu métallique des voix, qui restent bien trop étriquées, chuintantes et manquant d’ardeur. Elle n’est donc pas aussi fluide et homogène que la version originale. Dans les deux cas, aucun souffle n’est à déplorer, mais au jeu des comparaisons, la VO l’emporte aisément sur les séquences d’action, dynamiques et vives, tout comme le score de David Raksin qui profite d’une excellente exploitation des frontales. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale. Autre problème, la scène d’exposition possède un double sous-titrage, rendant la lecture difficile.

Crédits images : © Columbia / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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