Test Blu-ray / Brisby et le Secret de NIMH, réalisé par Don Bluth

BRISBY ET LE SECRET DE NIMH (The Secret of NIMH) réalisé par Don Bluth, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 24 juillet 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jane Val, Jean Martinelli, Catherine Lafond, Marc François, Micheline Dax, Jacques Balutin, Georges Atlas, Jean Violette, Elizabeth Hartman, Derek Jacobi, Dom DeLuise, John Carradine, Shannen Doherty, Arthur Malet, Wil Wheaton, Peter Strauss…

Scénario : Don Bluth, Will Finn, Gary Goldman & John Pomeroy, d’après le roman de Robert C. O’Brien

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

L’histoire de Madame Brisby, une gentille maman souris qui décide de remuer ciel et terre pour sauver sa famille de la charrue du fermier Fitzgibbon. En chemin, elle reçoit l’aide d’un corbeau en mal d’amour, d’une souris voisine et d’un grand hibou peureux. Malheureusement, Mme Brisby aurait besoin d’un miracle mécanique pour déplacer sa maison. Pour cela, elle doit affronter un mystérieux rat, se débarrasser d’un chat féroce et récupérer une amulette magique…

Brisby et le Secret de NIMH. Mais qu’est-ce que NIMH ? Il s’agit de l’acronyme National Institute of Mental Health, qui n’est autre qu’une authentique institution gouvernementale américaine pour la santé. C’est donc aussi le titre et le sujet du premier long-métrage réalisé par Don Bluth (né en 1937), ancien animateur des studios Disney (ses débuts remontent à La Belle au bois dormant en 1959), qui voyant que la maison Mickey refusait ce projet en raison de son caractère sombre, décide de prendre son indépendance et de fonder son propre studio. Alors que Rox et Rouky est en pleine préparation (et que Disney allait connaître une sale période avec des résultats mitigés au box-office), Don Bluth souhaite retrouver l’âme, l’essence, la poésie et le coeur des films d’animation qui l’ont fait rêver quand il était gamin (Blanche-Neige et les 7 nains sera le catalyseur de sa vocation). Certains confrères lui emboîtent le pas et se lancent dans l’aventure de Brisby et le Secret de NIMH, inspiré par le roman de Robert C. O’Brien, Madame Brisby et le Secret de NIMHMrs. Frisby and the Rats of NIMH, premier volume de la trilogie dite des Rats de NIMH, paru en 1971. La magie opère encore quarante ans après, même si, comme bien souvent chez Don Bluth, à quelques exceptions près (Fievel et le Nouveau Monde, produit par Steven Spielberg), la forme l’emporte sur le fond. En effet, si le dessin subjugue du début à la fin, le récit patine à mi-parcours, avant d’être relancé à fond les ballons dans un dernier acte rempli d’action, de rebondissements et d’émotions. Du point de vue « plastique » (pour ne pas dire celluloïds), il s’agit peut-être du plus beau film de son auteur et surpasse de loin les productions Disney des années 1980. Produit pour 7 millions de dollars, Brisby le Secret de NIMH empoche le double rien que sur le sol américain et attire plus d’1,2 million de spectateurs dans les salles françaises. Un pari réussi pour Don Bluth et son équipe et qui connaîtra une suite tardive (en 1998), La Légende de BrisbyThe Secret of NIMH 2: Timmy to the Rescue, exploitée uniquement en vidéo et à laquelle Don Bluth n’a pas contribué.

Madame Brisby est une souris des champs, veuve de Jonathan Brisby, et mère de quatre souriceaux : Teresa, Martin, Cynthia et Timothée. Elle habite dans un parpaing, au bord du champ des fermiers Fitzgibbons. Inquiète pour la santé de son fils Timothée, elle va voir M. Ages, une souris tout comme elle, afin de prendre conseil. Monsieur Ages présente ses condoléances à Mme Brisby et étant assez savant diagnostique une pneumonie interdisant de faire sortir Timothée par le froid actuel. Celle-ci acquiesce et part en emportant le médicament. En chemin, elle rencontre Jeremy, un corbeau. Ils sympathisent, mais sont interrompus par Dragon, le chat de la ferme, qui cherche à tuer tout ce qui se trouve sur son passage. Ils échappent à son attaque et rentrent se mettre à l’abri dans leurs habitations respectives. De retour chez elle, Mme Brisby y retrouve Tatie Musaraigne, une amie de la famille. Celle-ci est venue prévenir les Brisby que le grand déménagement est proche. En effet, à chaque moisson, tous les animaux vivant dans le champ doivent fuir la charrue du tracteur, qui retourne la terre, ainsi que les maisons et terriers des animaux. Persuadée que le froid tuera son fils, Mme Brisby, aidée par Tatie Musaraigne, parvient à arrêter le tracteur en coupant un tuyau d’alimentation, juste avant que le tracteur ne rase la maison familiale. Ne sachant pas à qui se confier, Mme Brisby se résout à demander l’aide du grand hibou, un oiseau gigantesque vivant dans une lointaine forêt. Jeremy l’y amène la nuit même, mais la laisse seule entrer dans l’antre du hibou. Celui-ci, effrayant, écoute néanmoins la requête de la malheureuse souris. Son seul conseil, pourtant, est le même que celui de Tatie Musaraigne : il lui faut déménager, au risque de voir son fils mourir. Mais au moment où il s’apprête à prendre congé, il apprend le nom de Mme Brisby. À la grande surprise de cette dernière, il connaît feu son mari, et lui dit alors qu’il y a peut-être une autre solution : il faut qu’elle aille voir les rats vivant dans le rosier sauvage situé dans le jardin des Fitzgibbons et qu’elle parle à leur chef Nicodemus. Celui-ci doit faire transporter leur maison « dans l’angle mort de la pierre ».

Il y a toujours eu chez Don Bluth un désir de s’adresser à son jeune public comme à des adultes. Pas étonnant que ses films comportent des thèmes comme la maladie (et même la mort), l’extermination, l’entraide entre les races, tandis que le sang, habituellement oublié ou détourné (sous une autre couleur que le rouge), apparaît lors d’un affrontement par exemple, comme c’est le cas dans Brisby et le Secret de NIMH. Sous l’humour, évidemment présent comme il se doit dans une production avant tout familiale, se ressent souvent chez le réalisateur un spleen, une mélancolie, comme si Don Bluth ne voulait rien dissimuler à ses spectateurs, surtout aux enfants donc, que rien ne sera jamais facile dans la vie, mais qu’on y arrive malgré tout, grâce à son entourage, en s’accrochant, en se donnant les moyens de surmonter les obstacles qui se dressent sur son chemin. Brisby et le Secret de NIMH, c’est aussi la fraternité (Ségolène, si tu nous lis…), l’amitié entre deux animaux par exemple, qui n’auraient même pas dû se rencontrer, qui vont unir leurs forces et oublier leurs différences dans un but commun, ou par altruisme.

Outre son histoire qui prend pour personnage principal original une souris de sexe féminin, qui a perdu son compagnon et qui doit s’occuper seule de ses enfants, Brisby et le Secret de NIMH bénéficie d’un casting vocal en or, en version originale (la regrettée Elizabeth Hartman, vue dans Les Proies de Don Siegel et Justice sauvage de Phil Karlson, Dom DeLuise, acteur fétiche de Mel Brooks, le shakespearien Derek Jacobi, Shannen Doherty, John Carradine) comme en version française (Jane Val, Micheline Dax, Jean Martinelli, Jacques Balutin, Marc François, Joël Martineau, que des cadors en la matière). S’il n’est pas un chef d’oeuvre (à part peut-être la partition signée du maître Jerry Goldsmith), Brisby et le Secret de NIMH demeure un inévitable classique du cinéma d’animation, que l’on redécouvre à tout âge et dans lequel on redécouvre sans cesse de nouveaux éléments, sans doute en raison de son vécu et de ses expériences.

LE COMBO BLU-RAY + DVD

Brisby et le Secret de NIMH a connu plusieurs vies en DVD et Blu-ray. La première édition en DVD remonte à 2000 chez MGM/United Artists, avant d’être remis en avant sept ans plus tard. C’est alors que surgit un premier Blu-ray en 2011 chez le même éditeur. Après…plus rien…jusqu’à l’arrivée du film de Don Bluth dans l’escarcelle de Rimini Éditions ! Le grand manitou Jean-Pierre Vasseur peut être fier de présenter désormais au public Brisby le Secret de NIMH, Rock-O-Rico, Charlie mon héros et Fievel et le Nouveau Monde dans de superbes moutures DVD+Blu-ray à l’unité (et en quantité limitée). À noter que les quatre titres seront réunis dans un coffret HD le 4 décembre 2024. En ce qui concerne Brisby et le Secret de NIMH, les deux disques reposent dans un Digipack à trois volets, glissé dans un fourreau cartonné du plus bel effet. Notons que les collectionneurs y trouveront également un lot de cinq cartes postales tirées du film. Le menu principal est animé et musical.

Les passionnés du travail de Don Bluth seront heureux de retrouver une formidable et complète présentation du film par Xavier Kawa-Topor (33’), spécialiste du cinéma d’animation, auteur de l’ouvrage Le Cinéma d’animation en 100 films (Éditions Capricci). Il remet Brisby et le Secret de NIMH dans son contexte, dans la carrière de Don Bluth, au moment où celui-ci venait de quitter les studios Disney avec quelques-uns de ses confrères, pour fonder son propre studio. Vous en saurez plus sur la vocation de Don Bluth (née après avoir découvert Blanche-Neige et les sept nains quand il était enfant), son parcours, son souhait d’émancipation (né du désir de retrouver l’essence et l’âme des premières productions Disney), l’adaptation du roman de Robert C. O’Brien (on apprend que le nom original Frisby fut modifié en Brisby afin d’éviter des problèmes avec la compagnie Wham-O, propriétaire de la marque de disques volants Frisbee), les conditions de production et de création, la musique de Jerry Goldsmith, les intentions et les partis-pris du réalisateur, la photographie, la sortie du film (difficile, face à un certain E.T.), son succès d’estime et sur sa pérennité.

La pièce de résistance est un fabuleux making of d’époque, inédit, passionnant, complet, qui revient sur TOUTES les étapes de création de Brisby et le Secret de NIMH (50’). C’est en compagnie de Don Bluth lui-même et de ses collaborateurs que nous assistons au travail des artistes qui ont su donner vie à la vision du réalisateur. Les animateurs sont à l’oeuvre, prennent la pose devant un miroir pour ensuite retranscrire leurs expressions aux personnages dont ils ont la charge, avant que d’autres génies prennent le relais pour créer les couleurs et les décors. Les storyboards sont présentés, le look des personnages développé, les comédiens sont dévoilés en pleine séance de doublage (avec un Dom DeLuise survolté face à une débutante du nom de Shannen Doherty), les moyens techniques alors à la pointe de la modernité apparaissent aujourd’hui bien désuets, ce qui renforce encore plus l’aspect nostalgique ressenti devant la beauté de Brisby et le Secret de NIMH, longtemps avant l’émergence des images de synthèse.

En revanche, si vous possédez l’ancienne édition HD MGM, vous ne retrouverez pas le making of rétrospectif de quinze minutes, ni le commentaire audio de Don Bluth et Gary Goldman, suppléments qui de toute façon n’étaient pas sous-titrés en français.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale (VOSTF).

L’Image et le son

Exit le Blu-ray MGM de 2011, qui rappelons-le ne rendait pas du tout justice à la sublime photographie du film et proposait une copie poussiéreuse, instable et rayée de fond de catalogue. Rimini Éditions rectifie le tir, quand bien même le master présenté ici sent quelque peu le rafistolage et paraît provenir de la même source, heureusement améliorée. Les couleurs retrouvent enfin leur éclat original, les clairs-obscurs chers à Don Bluth sont divinement rendus, les primaires sont lumineuses, les noirs denses, les contrastes léchés. Divers points blancs demeurent et l’on pourra tiquer devant le lissage étonnant de la texture argentique, ainsi que devant l’apparition de plans flous. Néanmoins, Rimini trouve un bon équilibre entre le respect de la « matière » organique et le lifting contemporain qui s’imposait, surtout quand on avait encore en tête l’affligeante présentation HD du début des années 2010.

Que vous ayez opté pour la version française – pour vous reposer en laissant la marmaille devant la télé – ou la version originale – pour punir les gosses en leur apprenant l’anglais – le confort acoustique est assuré par les deux pistes DTS-HD Master Audio 2.0. Peu importe l’absence des enceintes latérales (même si beaucoup espéraient un remixage en 5.1), les mixages assurent largement le spectacle acoustique. Les dialogues ne manquent pas de peps (même si la VO l’emporte sur la VF, aux voix trop mises en avant et qui prennent le pas sur l’ensemble), les ambiances musicales sont surprenantes.

Crédits images : © MGM / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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