BOSS LEVEL réalisé par Joe Carnahan, disponible en DVD et Blu-ray le 6 mars 2021 chez Metropolitan Films.
Acteurs : Mel Gibson, Annabelle Wallis, Naomi Watts, Frank Grillo, Michelle Yeoh, Ken Jeong, Will Sasso, Meadow Williams…
Scénario : Chris Borey, Eddie Borey & Joe Carnahan
Photographie : Juan Miguel Azpiroz
Musique : Clinton Shorter
Durée : 1h40
Date de sortie initiale : 2021
LE FILM
Piégé dans une boucle temporelle qui répète à l’infini sa mise à mort, l’ancien agent des forces spéciales Roy Pulver découvre des indices sur un projet gouvernemental secret qui pourrait dévoiler le mystère sa mort prématurée. Dans une course contre-la-montre, Pulver doit traquer le colonel Clive Ventor, le puissant chef du programme gouvernemental, tout en devançant des assassins habiles et impitoyables déterminés à le détourner de la vérité afin de sortir de la boucle, de sauver sa femme et de vivre à nouveau pour demain.
Mesdames et messieurs, Joe Carnahan est de retour aux affaires ! Sept ans après son dernier long-métrage, Stretch, le réalisateur de Narc (2002), de Mise à prix – Smokin’ Aces (2007), de L’Agence tous risques – The A-Team (2010) et du Territoire des loups – The Grey (2012) signe un comeback tonitruant au cinéma (ou presque) avec Boss Level. Tourné il y a trois ans, le film se verra malheureusement privé d’une sortie dans les salles et sortira finalement en DVD et Blu-ray chez Metropolitan en France, ainsi qu’en VOD sur la plateforme Hulu. Dommage, car Boss Level c’est comme qui dirait le film parfait pour se défouler, corps et âme, après cette putain d’année passée. Virtuose et immense hommage à Un jour sans fin – Groundhog Day (1993), pensé comme étant une version violente (mais pas que) du chef d’oeuvre d’Harold Ramis, le film de Joe Carnahan s’inspire aussi bien évidemment du monde du jeu vidéo, à tel point que l’on en vient même à se demander au départ s’il ne s’agit pas d’une plongée dans le quotidien d’un personnage condamné à être enfermé dans une partie qui se rejouerait en boucle. Le cinéaste met les bouchées doubles dès la première séquence. Boss Level, c’est 100 minutes d’action non-stop, de violence, de sang, d’humour, avec même quelques éclats de gore et de l’émotion qui s’incruste et prend place à mesure que le récit avance. Si le procédé n’est certes pas nouveau, puisque déjà repris dans les deux Happy Birthdead (2017-2019) de Christopher Landon, dans Source Code (2011) de Duncan Jones et dans Edge of Tomorrow (2014) de Doug Liman, Joe Carnahan, également scénariste aux côtés des frères Borey (Open Grave), s’en empare pour offrir un divertissement de très haute volée, ainsi que le premier rôle à Frank Grillo, qui du haut de ses 55 ans s’avère en très grande forme physique et démontre qu’il en a encore sacrément sous le capot. Puis n’oublions pas le badguy de l’histoire, interprété par un Mel Gibson au charisme foudroyant, ainsi que l’atout charme en la personne de la divine et talentueuse Naomi Watts. En un mot, immanquable.
Putain, ça fait du bien ! C’est ce qu’on se dit après avoir passé 1h40 le sourire aux lèvres, le corps revigoré, comme si l’on avait passé le film entier à faire du cardio, tout en expulsant les mauvaises vibrations, les bad (ou les fake) news, en oubliant les privations, la fermeture des salles de cinéma, des bars, des restaurants, des musées, de tout ce qui fait du bien à la vie. En attendant la résurrection qui tarde à venir dans nos contrées, découvrir Boss Level fait office de merveilleux punching-ball. C’est bien simple, il y a TOUT le meilleur du cinéma dans le dernier opus de Joe Carnahan, qui ces dernières années avait abandonné les manettes de Bad Boys for Life, réalisé par Adil El Arbi et Bilall Fallah, un projet de remake de The Raid de Gareth Evans et l’adaptation des jeux vidéo Uncharted. Finalement, le metteur en scène a su combiner tous ces sujets, ce qui a donné naissance à ce Boss Level, qui au-delà de son sujet, reste avant tout un pur objet de cinoche à la mise en scène démentielle et formidablement interprété. Car même si Frank Grillo n’est pas vraiment réputé pour la finesse de son jeu (euphémisme), l’acteur qui compte quand même à son palmarès des réalisateurs de renom comme Steven Spielberg (Minority Report), Martin Campbell (Hors de contrôle), Wes Craven (My soul to take), Stephen Frears (Lady Vegas : Les Mémoires d’une joueuse), Kathryn Bigelow (Zero Dark Thirty), sans compter ses apparitions dans le MCU dans la peau de Brock Rumlow / Crossbones (Captain America : Le Soldat de l’hiver, Captain America: Civil War, Avengers: Endgame), s’en tire vraiment bien dans Boss Level. S’il a aussi traîné sa voix cassée et son charisme bourru dans quelques séries B voire Z (Représaille de Brian A. Miller), il tient bel et bien le haut de l’affiche ici et apparaît quasiment dans toutes les scènes.
A l’instar d’un jeu vidéo, le personnage principal devra acquérir de nouvelles armes ou compétences, tout ceci au fil de ses expériences, de ses aventures, de sa maturité, pour « vivre » plus longtemps, aller plus loin, découvrir des éléments inédits aussi bien sur la cause de cette boucle qui le retient dans temps, que sur son amour pour son fils avec lequel il passera désormais plus de temps. Mais bien sûr, ce récit ne serait rien sans une menace qui pèse sur le monde, avec d’un côté l’apocalypse qui est plus ou moins annoncée, et un mégalomane barbu (non, ce n’est pas Dieu, quoique) interprété par le grand Mel Gibson, qui souhaiterait mettre la main sur l’invention révolutionnaire d’une scientifique, incarnée par Naomi Watts, qui pourrait l’aider à contrôler la planète.
Ce vétéran des forces spéciales devra revivre sans cesse la même journée, ceci afin de se rendre compte de ce qui fait la richesse de toute existence. Joe Carnahan fait donc évoluer son personnage, qui à force de persévérance, de souffrances, de doutes et d’abandons aussi, prendra confiance en lui pour affronter celles et ceux lancés à ses trousses (et des ennemis en tous genres il en a), pour passer les différents niveaux qui le séparent du fameux Boss ultime qui donne son titre au film. Mené à cent à l’heure, Boss level est peut-être ce qu’on a vu de plus enthousiasmant, de plus fendard, de plus percutant, de plus décomplexé, de plus cinématographique depuis un an. Et ceux qui diront « Et Tenet alors », je les affronte au katana – ou à l’épée chinoise, ceux qui ont vu le film comprendront – quand ils le souhaitent.
LE BLU-RAY
« Rendez-vous directement dans les bacs, ne passez pas la case Cinéma ». Boss Level peut heureusement compter sur le savoir-faire de Metropolitan d’ailleurs. Le film de Joe Carnahan arrive en DVD et Blu-ray. Le menu principal, légèrement animé et musical, reprend le visuel de la jaquette.
Par contre au niveau des suppléments c’est un peu la douche froide, puisque nous ne trouvons qu’un petit making of de 8 minutes. Entièrement promotionnels, les propos de l’équipe (les comédiens, le réalisateur) sont en réalité une succession de superlatifs et l’on y parle aussi d’Un jour sans fin d’Harold Ramis, grande inspiration de Boss Level. Joe Carnahan signale tout de même avoir ajouté de l’émotion au scénario des frères Borey, qui parait-il en avait besoin…
L’Image et le son
La promotion HD sied à merveille aux couleurs vives ou désaturées, toujours chatoyantes, tout comme celles plus grises, métalliques, bleues, parfois surexposées de la photo du grand chef opérateur Juan Miguel Azpiroz (Wheelman de Jeremy Rush, produit par Joe Carnahan et avec Frank Grillo) qui possède ici un réel éclat. Certes, les séquences tournées en extérieur profitent constamment de l’encodage AVC avec un relief constant, une profondeur de champ dingue (sublime cadre large), un piqué incisif et des détails très riches, mais les scènes en intérieur n’ont pour une fois rien à leur envier et s’avèrent tout autant définies. L’image reste immaculée et élégante, les contrastes denses, les textures des costumes demeurent flagrantes et palpables. On en prend plein les yeux ! Edition Blu-ray indispensable donc.
Sans surprise, dès l’apparition du logo Metropolitan, les fracassants et immersifs mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français exploitent les latérales dans leurs moindres recoins, et ce jusqu’à la fin du film. C’est peu dire que Boss Level met à mal toute installation acoustique digne de ce nom. La musique de Clinton Shorter (Jappeloup, 2 Guns, District 9) bénéficie d’une spatialisation percutante et systématique, les effets, explosions, déflagrations et ambiances annexes foisonnent sans jamais noyer les dialogues. N’oublions pas le caisson de basses qui ne tient pas en place sur le sol et fait vibrer les murs. Le chaos ! Top démo si vous désirez épater la galerie !