BEIGNETS DE TOMATES VERTES (Fried Green Tomatoes) réalisé par Jon Avnet, disponible en DVD et Blu-ray le 11 avril 2017 chez Movinside
Acteurs : Kathy Bates, Mary Stuart Masterson, Mary-Louise Parker, Jessica Tandy, Cicely Tyson, Chris O’Donnell, Grace Zabriskie…
Scénario : Fannie Flagg, Carol Sobieski d’après le roman « Beignets de tomates vertes » (Fried Green Tomatoes at the Whistle Stop Cafe) de Fannie Flagg
Photographie : Geoffrey Simpson
Musique : Thomas Newman
Durée : 2h10
Date de sortie initiale : 1991
LE FILM
De nos jours, en Alabama, Evelyn Couch, femme au foyer, mène une existence monotone jusqu’à ce qu’elle rencontre Ninny Threadgood, une vieille dame extraordinaire, qui va lui redonner goût à la vie. Celle-ci lui raconte sa jeunesse, 60 ans plus tôt, à Whistle Stop, petite bourgade du sud des Etats-Unis. L’histoire que raconte Ninny est celle de l’amitié entre deux femmes : Idgie, forte tête, véritable garçon manqué, et Ruth, douce et remarquable cuisinière. Mariée à Franck Bennett, un homme violent, Ruth finit par appeler Idgie au secours, et s’enfuit avec elle. Les deux femmes décident d’ouvrir un restaurant. Mais Bennett n’a pas dit son dernier mot…
C’est un tout petit film, tourné pour 11 millions de dollars et sorti aux Etats-Unis en janvier 1992 dans une combinaison restreinte de 5 écrans. Puis le bouche-à-oreille a fait le reste. En quatre semaines, Beignets de tomates vertes ou Fried Green Tomatoes est passé à 673 écrans, avant d’être finalement proposé dans 1331 salles. La France a dû attendre la fin septembre 1992 pour découvrir le film de Jon Avnet, alors qu’il franchissait la barre des 80 millions de dollars de recette sur le sol de l’Oncle Sam. A peine 400.000 français viendront découvrir Beignets de tomates vertes à sa sortie, mais cette chronique douce-amère est ensuite rapidement devenue culte auprès de nombreux spectateurs. Plus de 25 ans après, Fried Green Tomatoes a conservé toute son aura et n’a de cesse de faire de nouveaux adeptes.
Adapté du roman Fried Green Tomatoes at the Whistle Stop Cafe de Fannie Flag, Beignets de tomates vertes revient de loin et son adaptation a donné quelques sueurs froides au cinéaste, bien qu’il n’ait jamais pensé à abandonner ce projet qui lui tenait particulièrement à coeur, d’autant plus qu’il avait lui-même acquis les droits cinématographiques. Pour son premier long métrage, Jon Avnet s’entoure d’un casting féminin exceptionnel. Le quatuor composé de Kathy Bates (Misery) et Jessica Tandy (Miss Daisy et son chauffeur) d’un côté – toutes les deux venaient de remporter l’Oscar de la meilleure actrice – pour la partie contemporaine, et celui constitué de Mary-Louise Parker (Coups de feu sur Broadway) et Mary Stuart Masterson (Benny and Joon) pour la partie du récit se déroulant dans les années 1930, subjugue du début à la fin. « Le Secret est dans la sauce », titre québécois du film, se focalise tout d’abord sur Evelyn (Kathy Bates). Tandis qu’elle visite une tante dans sa maison de retraite, cette femme âgée d’une cinquantaine d’années fait la connaissance de Ninny (Jessica Tandy), une vieille dame encore très vive et avec qui le courant passe immédiatement. Celle-ci lui raconte sa jeunesse à Whistle Stop, une localité où, dans les années 1930, elle était amie avec Ruth (Mary-Louise Parker) et Idgie (Mary Stuart Masterson), deux jeunes femmes aux tempéraments diamétralement opposés. Opposés, mais pas moins promptes à tenir ensemble le Whistle Stop Café, un établissement qui fait du beignet de tomate verte sa grande spécialité.
Histoire(s) d’émancipation(s), Beignets de tomates vertes est un doux récit où l’écho du passé se répercute sur le présent, mais aussi et surtout une véritable histoire d’amour entre deux jeunes femmes, qui ne se dit pas dans l’Amérique des années 1930 et qui ne se vit réellement que sous la forme d’une extraordinaire et bouleversante amitié. Phénomène de librairie dès sa publication en 1987, le second livre de Fannie Flag était d’abord resté 36 semaines sur la liste des best-sellers établie par le New York Times. Sa transposition marque les débuts prometteurs de Jon Avnet, même si le réalisateur n’a jamais su ou pu confirmer par la suite en se vautrant même dans la fange hollywoodienne avec les navets Red Corner (1997), 88 minutes (2007) et La Loi et l’ordre (2008) qui marquait pourtant les retrouvailles de Robert de Niro et Al Pacino devant la caméra. Ce premier long métrage restera sans nul doute l’oeuvre de sa vie. Sa mise en scène délicate associée à un rythme lent et maîtrisé, invite les spectateurs dans des décors à la Steinbeck, à entrer dans l’intimité des souvenirs de ces femmes, Idgie, éprise de liberté et d’indépendance à l’époque de la grande dépression, Ruth, qui se libère aux côtés d’Idgie, Ninny, pétulante octogénaire et Evelyn, ménagère résignée, puis rebelle à sa condition et qui renaît grâce à Ninny.
Beignets de tomates vertes est une œuvre en état de grâce, à l’instar d’Idgie plongeant sa main dans un essaim d’abeilles afin d’en récolter le miel pour l’offrir à Ruth (scène réalisée sans doublure par Mary Stuart Masterson), ou bien encore cette promenade sur le lac avant le drame. Un film qui n’a rien perdu de son aura et de son authenticité, devant lequel on se sent bien, au chaud, rassurés, apaisés, également bercés par la musique envoûtante de Thomas Newman. Inoubliable.
LE BLU-RAY
Le superbe digibook de Beignets de tomates vertes édité par Movinside dans la collection Les Films de ma vie, renferme le Blu-ray du film. Le petit livret de 32 pages richement illustré délivre quelques notes de production signées Marc Toullec. Le menu principal de cette édition est animé et musical.
Aucun supplément vidéo.
L’Image et le son
Pour cette nouvelle édition HD de Beignets de tomates vertes, Movinside semble avoir repris le master sorti chez feu Filmedia en 2013. En dépit de légères imperfections, ce Blu-ray au format 1080p (AVC) respecte le grain original, se révèle propre et éclatant sur les scènes diurnes (les plus acérées) et les détails sont appréciables sur le cadre. La palette colorimétrique retrouve une nouvelle jeunesse (en dépit de visages un peu rosés), le relief est palpable, mais le piqué n’est pas aussi ciselé qu’espéré. En dehors de plusieurs instabilités de la définition, de couleurs sensiblement délavées (mais nettement plus convaincantes après le générique) et de légers fourmillements sur les séquences en basse lumière, les contrastes sont à l’avenant et la clarté appréciable confirment que nous sommes devant une belle édition HD, surtout pour un film tourné il y a déjà 25 ans.
La piste anglaise DTS-HD Master Audio 5.1 spatialise la superbe partition de Thomas Newman du début à la fin et use à bon escient des basses. Des ambiances latérales ont été « rajoutées » pour s’aligner sur les standards actuels, sans que cela donne un aspect artificiel. Des effets naturels percent sur la scène arrière sur les très nombreuses séquences en extérieur, à l’instar des scènes d’orage, des abeilles et de l’accident de train. Si le volume des dialogues aurait mérité d’être revu à la hausse, cette option acoustique s’avère de très bonne qualité. Movinside livre également une piste française en 2.0, évidemment plus plate, mais de fort bonne facture également et au doublage de qualité.
Crédits images : © Movinside / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr