BEETHOVEN réalisé par Brian Levant, disponible en Blu-ray et combo Blu-ray + DVD le 2 février 2022 chez Elephant Films.
Acteurs : Charles Grodin, Bonnie Hunt, Dean Jones, Oliver Platt, Stanley Tucci, Nicholle Tom, Christopher Castile, Sarah Rose Karr, David Duchovny…
Scénario : John Hughes & Amy Holden Jones
Photographie : Victor J. Kemper
Musique : Randy Edelman
Durée : 1h25
Date de sortie initiale: 1992
LE FILM
La famille Newton a tout pour être heureuse … Pourtant, elle sent qu’il lui manque quelque chose. Ce manque va être comblé par un chiot, tout juste échappé des griffes de ravisseurs de chiens. Les Newton baptisent le chiot Beethoven et celui-ci grossit, grossit … au point d’atteindre 85 kilos ! Pendant ce temps, le docteur Varnick, un terrible vétérinaire, met au point en secret des produits qui nécessitent des expériences sur les chiens. Et l’adorable Saint Bernard figure sur la liste du vétérinaire …
Bien loin de Cujo (1983) de Lewis Teague, adapté du roman éponyme de Stephen King, et encore plus loin (dans le temps) de Barry (1949) de Richard Pottier, avec Pierre Fresnay et Simone Valère, voici Beethoven, gros carton inattendu de l’année 1992, produit pour 19 millions de dollars et qui allait en engranger près de 150 millions à travers le monde. Trente ans après sa sortie, Beethoven demeure un très grand spectacle familial, qui repose autant sur le « charisme » de son énorme toutou affectueux, maladroit, courageux et cinglé, que sur l’immense talent du regretté Charles Grodin, de la douce Bonnie Hunt et de leurs trois rejetons. Réalisé par Brian Levant, futur metteur en scène de La Famille Pierrafeu – The Flintstone (1994) version live et de La Course au jouet – Jingle All the Way (1996) avec Arnold Schwarzenegger, qui venait de signer Junior le terrible 2 – Problem Child 2 (ça y est, vous avez la scène du vomi à la fête foraine dans la tête), Beethoven est on peut le dire un classique de la comédie américaine des années 1990, dont le succès allait engendrer pas moins de sept suites (dont six sorties directement en vidéo, avec un autre casting) jusqu’en 2014, mais aussi une série animée de 26 épisodes en 1994. Intemporel, Beethoven, créé par John Hughes (au scénario) et Ivan Reitman (à la production), n’a eu de cesse de faire de nouveaux adeptes auprès des générations suivantes et reste pour les autres ce qu’on appelle un « film-doudou ».
George Newton est catégorique. Il ne cédera pas aux suppliques de ses trois enfants, Ryce, Ted et Emily, et jamais ne les autorisera à adopter un chien, quelle que soit sa race. Mais voilà qu’un ravissant petit saint-bernard sans feu ni lieu vient pleurer à la porte du domicile familial. George commence par faire montre de la même inflexibilité puis, subjugué par les caresses de ses enfants et de sa femme, Alice, il finit par offrir un accueil provisoire au canidé. Il se met en quête du maître de l’animal et découvre un sinistre vétérinaire, spécialisé dans les expériences sur les gros animaux. Le chien, baptisé Beethoven, fait tout ce qu’il peut pour se rendre utile. George, cependant, continue de le détester violemment…
Quand il pense à Beethoven, le spectateur imagine immédiatement le Saint-Bernard recouvert de boue, étalé sur le lit des Newton, avant d’être surpris et de s’ébrouer face à George, alors inondé (au ralenti) de flotte sale et de bave. Il pense aussi à cette petite famille bien sympathique, les Newton, Ryce la sœur aînée (Nicholle Tom, que l’on reverra dans la série Une nounou d’enfer), Emily la benjamine (Sarah Rose Karr, inoubliable dans Un flic à la maternelle d’Ivan Reitman), leur frère Ted (Christopher Castile, la série Notre belle famille, devenu professeur de sciences politiques), la maman patiente et attentionnée Alice (l’excellente Bonnie Hunt, Jumanji, Jerry Maguire, La Ligne verte, Treize à la douzaine) et George, le papa colérique, explosif et bougon (Charles Grodin, King Kong de John Guillermin, Midnight Run de Martin Brest, Président d’un jour d’Ivan Reitman). Beethoven est un vrai film culte, un divertissement pour toute la famille, sans vulgarité, remplie de bons sentiments, mais jamais gnangnan, très efficacement mis en scène, interprété par des comédiens en pleine forme, joliment photographié par Victor J. Kemper (Husbands de John Cassavetes, Un après-midi de chien de Sidney Lumet, Magic de Richard Attenborough), qui enchaîne les gags et les rebondissements du début à la fin.
Mention spéciale au vétérinaire Herman Varnick, le salopard du film, incarné par le légendaire Dean Dones, dont le nom restera à jamais lié aux studios Disney, pour lesquels il aura tenu l’affiche de L’Espion aux pattes de velours – That Darn Cat! (1965), Le Fantôme de Barbe-Noire – Blackbeard’s Ghost (1968) et Un amour de Coccinelle – The Love Bug (1968) de Robert Stevenson, Quatre bassets pour un danois – The Ugly Dachshund (1966) de Norman Tokar, La Cane aux œufs d’or – The Million Dollar Duck (1971) de Vincent McEveety et bien d’autres. Dissimulé derrière ses verres en cul de bouteille, il est aussi méconnaissable que génial, ayant l’air de s’éclater dans un rôle loin des gentils naïfs qu’il aura campés par le passé. Ce toubib flippant peut d’ailleurs compter sur l’aide de ses deux sbires, tout aussi timbrés que lui, Harvey et Vernon, joués respectivement par Oliver Platt, vu précédemment dans Working Girl de Mike Nichols et L’Expérience interdite – Flatliners de Joel Schumacher, et Stanley Tucci, découvert dans Incidents de parcours – Monkey Shines de George A.Romero.
Voilà déjà trois décennies que Beethoven accompagne les enfants et remplit de nostalgie leurs parents (effet immédiat dès que retentit le thème principal de Randy Edelman) qui avaient grandi avec ce Saint-Bernard de 80 kilos. A sa sortie en France, près de 2,5 millions de spectateurs viendront rire aux exploits de la famille Newton et de leur chien, ce qui place le film à la douzième place du box-office cette année-là, derrière Sister Act et devant Maman, j’ai encore raté l’avion. Une suite est tout de suite mise en route et sortira pile-poil pour les fêtes de Noël 1993, avec toujours le même succès.
Pour Valérie Drezet.
LE BLU-RAY
Beethoven a connu sa première édition en DVD chez Universal Pictures en août 2000, puis n’a eu de cesse d’être réédité jusqu’en 2016. Novembre 2021, Elephant Films présente un coffret réunissant les quatre premiers films de la franchise, en DVD et en Blu-ray. Le premier opus est cette fois prévu à l’unité, en DVD et Blu-ray restaurés, le 2 février 2022. L’éditeur reprend le célèbre visuel original du film de Brian Levant, qui illustre d’ailleurs aussi le menu principal fixe et musical du disque.
Nous retrouvons Gilles Gressard, que nous avions déjà croisé dans les bonus des Griffes de la peur, qui a cette fois la charge de deux bonus. Le premier, très court (40 secondes) est une introduction anecdotique (et réservée aux tous petits, mais pourquoi pas) au film de Brian Levant, proposée en avant-programme.
Le second supplément, plus conséquent (18’30) est une présentation très sympathique de Beethoven, à travers laquelle l’écrivain et historien du cinéma revient sur les chiens les plus célèbres de l’histoire du cinéma et de la télévision. Beaucoup d’informations sont données au cours de ce module, y compris sur les conditions de tournage du film qui nous intéresse, sur le casting, sur les suites de Beethoven, sur le dressage des chiens (notamment celui de Chris, qui tient le rôle-titre), etc.
L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
S’il n’est pas dénué de légers défauts, force est de constater que nous n’avions jamais vu Beethoven dans une telle copie, bien loin de la VHS qui n’a eu de cesse de tourner dans le magnétoscope de votre serviteur durant sa pré-adolescence. Alors certes, on pourra souvent tiquer devant le lissage excessif de certaines séquences, cela est souvent le cas sur les anciens masters HD Universal comme il semble que ça soit le cas ici, mais ce Blu-ray au format 1080p possède d’autres qualités. Si les détails pâtissent parfois de l’usage flagrant du DNR, les séquences diurnes n’ont jamais été aussi belles et lumineuses, en dépit du teint sensiblement cireux des comédiens. C’est propre, clair et ce sont surtout les couleurs qui retrouvent une pêche qu’on ne soupçonnait pas, les teintes vertes notamment. Ce n’est pas le transfert du siècle, mais le fan de base sera heureux de posséder Beethoven dans ces conditions.
Les pistes DTS-HD Master Audio 2.0 anglaise et française sont du même acabit, même si au jeu des différences, la première surpasse sans doute la seconde du point de vue homogénéité d’ensemble. Les deux pistes bénéficient d’une fluidité rarement prise en défaut, les dialogues demeurent solides, les ambiances précises et la musique est très habilement restituée. Le doublage français est très réussi (un festival Michel Papineschi et Céline Montsarrat, voix françaises habituelles de Robin Williams et de Julia Roberts), dynamique et les scènes d’action sont aussi bien loties qu’en anglais, à l’instar de l’assaut final. Les sous-titres français ne sont pas imposés.