BEETLEJUICE réalisé par Tim Burton, disponible en Édition Collector – 4K Ultra HD + Blu-ray + Goodies le 16 septembre 2020 chez Warner Bros. Entertainment France.
Acteurs : Michael Keaton, Alec Baldwin, Geena Davis, Winona Ryder, Catherine O’Hara, Jeffrey Jones, Glenn Shadix, Annie McEnroe…
Scénario : Michael McDowell, Warren Skaaren, Tim Burton
Photographie : Thomas E. Ackerman
Musique : Danny Elfman
Durée : 1h32
Année de sortie : 1988
LE FILM
Pour avoir voulu sauver un chien, Adam et Barbara Maitland passent tout de go dans l’autre monde. Peu après, occupants invisibles de leur antique demeure ils la voient envahie par une riche et bruyante famille new-yorkaise. Rien à redire jusqu’au jour où cette honorable famille entreprend de donner un cachet plus urbain à la vieille demeure. Adam et Barbara, scandalisés, décident de déloger les intrus. Mais leurs classiques fantômes et autres sortilèges ne font aucun effet. C’est alors qu’ils font appel à un « bio-exorciste » freelance connu sous le sobriquet de Beetlejuice.
Pee-Wee Big Adventure ayant été un grand succès critique et commercial en 1985, la carrière cinématographique de Tim Burton est lancée. Toutefois, le réalisateur ne trouve pas de scénario qui lui donnerait envie de retourner derrière la caméra. De toute façon, il est occupé à travailler sur le scénario de Batman, même si Warner tarde à lancer cette grande entreprise. Il tombe alors sur le scénario de Beetlejuice écrit par Michael McDowell, déjà l’auteur de The Jar, segment de l’émission Alfred Hitchcock présente, déjà mis en scène par Tim Burton. Ce dernier se reconnaît totalement dans l’humour noir et y voit l’occasion de se lâcher totalement à travers ce conte macabre, qui aurait été d’abord refusé par Wes Craven. Son second long métrage est lancé, même si le réalisateur reprendra l’histoire qu’il trouve cependant trop horrifique et même sanglante. Michael McDowell et le coscénariste Larry Wilson se retirent du projet pour divergences artistiques. Warren Skaaren et Tim Burton reprennent définitivement le récit dans lequel ils injectent l’humour burlesque qui manquait. Le cinéaste se voit confier un budget confortable de 15 millions de dollars, dont un est dévolu uniquement aux effets spéciaux. Pour le rôle-titre, Michael Keaton, vu au cinéma dans Les Croque-morts en folie (1982) de Ron Howard et Johnny le dangereux (1984) d’Amy Heckerling, est choisi. Avec Beetlejuice, le comédien explosera aux yeux du monde entier. C’est le coup de maître de Tim Burton, doublé d’un triomphe au box-office (il remporte cinq fois sa mise rien que sur le sol américain) et d’une récompense aux Oscars en recevant la statuette dédiée aux maquillages. Immense comédie fantastique, Beetlejuice est un des premiers grands piliers de la filmographie de Tim Burton, un chef d’oeuvre absolu, culte, poétique, hilarant, effrayant, coloré, funèbre, fourmillant d’idées visuelles et dramatiques, compilant les séquences anthologiques comme des perles sur un collier. On continue ?
Un couple de jeunes mariés heureux, Adam et Barbara Maitland, vivent dans une superbe villa dans le Connecticut. Alors qu’ils sont en voiture, Barbara sort de la route en voulant éviter un chien et le véhicule plonge dans une rivière. Adam et Barbara rentrent chez eux mais s’aperçoivent vite qu’ils sont morts dans l’accident. Devenus des fantômes, ils ne peuvent quitter leur maison car ils se retrouvent dans une dimension effrayante peuplée de gigantesques vers de sables. Mais leur maison est vendue peu après à un couple de riches snobs new-yorkais, Charles et Delia Deetz, qui emménagent avec Lydia, une adolescente gothique fille de Charles et de sa première épouse. Les Deetz et leur décorateur Otho commencent à aménager la maison dans un style art moderne qui horrifie les Maitland. Juno, leur conseillère dans l’après-vie, les informe qu’ils doivent hanter leur maison pendant 125 ans et se débrouiller par eux-mêmes pour chasser ses occupants. Les Maitland essaient donc d’effrayer les Deetz mais leurs tentatives sont infructueuses car ils sont invisibles pour les vivants. Seule Lydia peut les voir et elle se lie d’amitié avec eux. Les Maitland décident, malgré les mises en garde de Juno, d’invoquer Beetlejuice, un « bio-exorciste » excentrique et peu digne de confiance, pour qu’il fasse fuir les Deetz. Le comportement pervers et grossier de Beetlejuice agace vite les Maitland, qui décident de le renvoyer.
Entre le phénoménal thème principal de Danny Elfman, la sublime photographie de Thomas E. Ackerman et ses couleurs bariolées, les incroyables décors qui s’apparentent à des maquettes grandeur nature, ses maquillages sensationnels (du personnage principal lui-même à la « faune » dans l’après-vie), Beetlejuice est et demeure un modèle du genre. Avec son humour parfois survolté, Beetlejuice peut s’adresser aussi aux jeunes spectateurs (pas trop quand même), qui pourront être emportés par cette énergie folle qui parcourt le film du début à la fin, mais aussi par ses teintes bigarrées qui font de chaque plan un tableau. La représentation de l’après-vie sous la forme d’une bureaucratie complexe est un des plus grands moments du film, qui regorge de détails aux quatre coins du cadre. Beetlejuice c’est aussi ce numéro musical inopiné, qui survient lors du dîner organisé par les nouveaux habitants qui ont racheté la maison d’Adam et de Barbara. Ces derniers, pensant leur faire peur, les envoûtent et les fait chanter et même danser sur la désormais mythique chanson d’Harry Belafonte, Banana Boat Song (Day O). Toutefois, cela n’aura pas l’effet escompté, puisque les « vivants » trouveront ces phénomènes follement amusant et désireront « rencontrer » le couple décédé qui rôle dans les couloirs. Ce qui entraînera un exorcisme particulièrement brillant, et qui pour le coup pourra impressionner les plus jeunes avec sa musique ténébreuse (et splendide), ainsi que par la décomposition avancée d’Adam et surtout de Barbara.
Outre Michael Keaton, explosif dans le rôle de ce bio-exorciste, pervers, semeur de troubles et obsédé sexuel, Geena Davis, qui sortait de La Mouche de David Cronenberg, Alec Baldwin et Winona Ryder, dans leur quasi-première apparition au cinéma, sans oublier Jeffrey Jones (Edward Rooney dans La Folle journée de Ferris Bueller de John Hughes), Catherine O’Hara (plus connue pour avoir été la mère de Macauley Culkin dans les deux Maman, j’ai raté l’avion !) complètent ce merveilleux casting. Si les effets visuels ont forcément pris un petit coup de vieux, l’animation image par image (ou stop-motion) conserve un charme dingue, à l’instar des multiples apparitions du serpent de sable ou dans le dernier acte avec le mobilier qui s’anime sous l’impulsion de Beetlejuice.
Warner Bros. étant ravie des recettes rencontrées par ce film, peut enfin mettre en route son adaptation live de Batman, qui sortira l’année suivante et deviendra le plus grand succès de l’année aux Etats-Unis. En attendant, et si l’on dansait sur Jump in the Line (Shake, Señora), maintenant que vous l’avez dans la tête ?
L’Édition Collector – 4K Ultra HD + Blu-ray + Goodies
Il est évident que Warner Bros. n’a jamais su vendre Beetlejuice ou le mettre en valeur dans les bacs, surtout en ce qui concerne les suppléments, d’une vacuité à faire peur. Voilà que débarque cette Édition Collector – 4K Ultra HD + Blu-ray + Goodies. Cet objet (solide) prend la forme du célèbre « Manuel des personnes récemment décédées » que consultent Adam et Barbara dans le film. Un trompe-l’oeil très réussi et élégant. En l’ouvrant, nous trouvons évidemment le combo Blu-ray + 4K Ultra-HD. Les deux disques reposent dans un boîtier classique de couleur noire, la jaquette arborant un nouveau visuel centré uniquement sur Michael Keaton, Alec Baldwin et Geena Davis ayant cette fois complètement disparu. En ce qui concerne les goodies, vous trouverez un patch thermocollant phosphorescent « Here Lies Beetlejuice » à imprimer sur vos vêtements, une affiche à l’aspect déchiré qui fait la promotion pour les bons soins de « Betelgeuse », ainsi que…trois craies qui vous permettront de dessiner une porte de secours vers l’Au-delà, sur laquelle vous devrez ensuite frapper trois fois.
En ce qui concerne les bonus, présents sur le Blu-ray (le même dispo depuis 2008 et encodé en VC-1), aucune surprise. Nous retrouvons malheureusement les trois pauvres épisodes issus de la série télévisée d’animation Beetlejuice (qui en comptera 109) réalisés entre 1989 et 1991. Trois épisodes de 12 minutes, uniquement disponibles en version originale sous-titrée.
Voilà ! Ah oui, la piste musique de Danny Elfman est aussi isolée et la bande-annonce originale est au programme. Mais C’EST TOUT ! Nous ne comprendrons jamais comme un tel monument s’est toujours retrouvé dépourvu du moindre making of, d’une interview ou même d’un commentaire (même non sous-titré hein).
L’Image et le son
Soyons honnêtes, seuls les collectionneurs de goodies nawak voudront acquérir ce coffret, car ce qui importe évidemment le plus ici, c’est bel et bien la présence de l’édition 4K UHD de Beetlejuice, par ailleurs et heureusement disponible à l’unité en parallèle de cette sortie. Comme nous l’indiquions plus haut, le Blu-ray du combo est le même que celui édité par Warner Bros. depuis plus de dix, vous vous rappelez, celui estampillé « 20è anniversaire » et qui ne contenait rien d’autre comme suppléments que ce que nous détaillons dans la section Interactivité. Ceci étant dit, nous ne saurons que trop vous conseiller de vous ruer sur cette sublimissime restauration 4K. Beetlejuice retrouve enfin ses couleurs d’origine, un grain fin et raffiné. Un lifting de premier ordre qui devrait convaincre les plus sceptiques quant à la technologie HDR10 et la compression HEVC sur les films moins « contemporains ». Le chef d’oeuvre de Tim Burton est présenté cette fois au format 1.85, un cadre sensiblement différent par rapport aux précédentes éditions HD proposées en 1.78. Toujours est-il que cette édition UHD surpasse en tout point et rend même caduque le Blu-ray jusqu’ici disponible. La définition est exemplaire et permet d’admirer enfin chaque détail des décors foisonnants et des maquillages, en particulier la tronche de Beetlejuice avec son teint blanc et ses moisissures verdâtres. Le piqué est fin, la précision de tous les instants, et s’il y a quelques fourmillements c’est uniquement sur l’animation image par image de divers éléments, comme le serpent de sable, ainsi que le détourage des comédiens lors de ces séquences. Ce superbe master 4K éclate aux yeux des spectateurs dès le générique avec une profondeur de champ inédite et un rendu des matières palpable. Enfin, le monde de l’Après-vie offre un véritable festival de couleurs baroques qui n’ont jamais autant ravi les pupilles des spectateurs, et pour cause puisque Tim Burton a voulu revoir l’étalonnage de son film, en proposant des noirs plus concis (sans être bouchés) et des teintes visiblement plus froides.
Doit-on parler de la piste française Dolby Digital 2.0 ? Qui plus est sur une galette 4K UHD ? Non, certainement pas, d’autant plus quand on trouve en face d’elle une version originale Dolby Atmos compatible Dolby TrueHD 7.1 ! Alors, aux oubliettes la langue de Molière (faites attention, une version québécoise est aussi au menu) avec son mixage obsolète et son doublage pourtant extraordinaire (Mario Santini, Daniel Lafourcade, Kelvine Dumour, Martine Reigner, Patrick Ppréjean, Richard Darbois, Pierre Hatet) et place au grand spectacle acoustique ! Et de ce point de vue nous sommes gâtés avec quelques séquences bien agitées, comme les diverses apparitions de Beetlejuice, ou bien la scène finale du mariage durant laquelle les effets s’animent. Les dialogues sont imposants, les latérales créent une spatialisation digne de nom (« Daaaaay O ! »), les basses sont percutantes et les latérales rivalisent d’ambiances. Et vous vous repasserez en boucle l’ouverture de Danny Elfman !
Une réflexion sur « Test 4K UHD / Beetlejuice, réalisé par Tim Burton »