SHAKESPEARE IN LOVE réalisé par John Madden, disponible en DVD, Blu-ray et Édition Collector Blu-ray + DVD depuis le 20 avril 2022 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Joseph Fiennes, Gwyneth Paltrow, Judi Dench, Geoffrey Rush, Ben Affleck, Mark Williams, Rupert Everett, Colin Firth, Tom Wilkinson, Simon Callow…
Scénario : Alain Riou & Jean-Claude Sussfeld
Photographie : François Catonné
Musique : Claude Bolling
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 1984
LE FILM
En l’été 1593, le jeune poète et dramaturge au talent prometteur William Shakespeare, criblé de dette et harcelé par son commanditaire Henslowe, promet de lui livrer bientôt une nouvelle pièce, « Romeo et Ethel, la fille du pirate », dont il ne possède en fait que le titre. Lady Viola, qui vénère les sonnets de Shakespeare, rêve de devenir actrice, ce qui est rigoureusement interdit aux femmes. Qu’a cela ne tienne, elle se déguise en garçon et décroche le rôle de Roméo. William découvre vite l’identité de son jeune premier et en tombe follement amoureux.
7 Oscars. Autant que L’Arnaque de George Roy Hill, que Danse avec les loups, que Lawrence d’Arabie, que La Liste de Schindler, sans oublier Out of Africa, Patton, Les Plus belles années de notre vie, Le Pont de la rivière Kwaï, La Route semée d’étoiles…En 1999, Shakespeare in Love rafle en effet l’Oscar du meilleur film, celui de la meilleure actrice, celui du meilleur second rôle féminin, du meilleur scénario original, de la meilleure direction artistique, de la meilleure musique de film et des meilleurs costumes…en face du film de John Madden ? Rien de moins que La Ligne rouge – The Thin Red Line de Terrence Malick, The Truman Show de Peter Weir et Il faut sauver le soldat Ryan – Saving Private Ryan de Steven Spielberg…arrêtons de nous faire du mal. Succès démesuré avec cent millions de dollars de recette sur le sol américain, le double dans le reste du monde et 1,7 millions de spectateurs en France, Shakespeare in Love, produit pour 25 millions, a été le film « à la mode », celui qu’il fallait voir pour ne pas paraître largué au cours d’une discussion entre amis, le sujet allant vraisemblablement venir entre une poignée de cacahuètes et les Apéricubes. Mais aujourd’hui, qu’en reste-t-il ? Une bluette insignifiante, lénifiante, laide et neurasthénique, portée par deux acteurs qui rivalisent d’absence de charisme, tandis que leurs partenaires de renom cachetonnent et leur volent même la vedette, sans mal ceci dit, se rendant sans doute compte de la pantalonnade dans laquelle ils se sont fourrés. Si John Madden a su prouver qu’il en avait quand même sous le capot avec Capitaine Corelli, Killshot (excellente adaptation d’un roman d’Elmore Leonard), ainsi que son doublé avec Jessica Chastain, L’Affaire Rachel Singer – The Debt et Miss Sloane, nous ne comprendrons jamais l’engouement, la réception et les récompenses qui ont accompagné la sortie de Shakespeare in Love au cinéma. Enfin si, la raison s’appelle Harvey Weinstein, producteur de la « bête », qui se sera transformé en rouleau compresseur pour écraser la concurrence et obtenir les faveurs des membres bien placés des diverses académies de cinéma, pour obtenir gain de cause. Découvrir Shakespeare in Love en 2022 (c’est le cas pour l’auteur de ces mots) permet « d’apprécier » ce film pour ce qu’il est, un beau et bon gros navet.
TULIP FEVER réalisé par Justin Chadwick,disponible en DVD et Blu-ray le 4 septembre 2018 chez TF1 Studio
Acteurs : Alicia Vikander, Dane DeHaan, Christoph Waltz, Judi Dench, Holliday Grainger, Zach Galifianakis, Cara Delevingne, Jack O’Connell…
Scénario : Deborah Moggach, Tom Stoppard d’après le roman « Le Peintre des vanités » – « Tulip Fever » de Deborah Moggachd
Photographie : Eigil Bryld
Musique : Danny Elfman
Durée : 1h41
Date de sortie initiale: 2017
LE FILM
Amsterdam – 1636. La ville est plongée dans une fièvre spéculative autour du commerce de la tulipe. Un riche marchand décide d’engager un célèbre portraitiste pour immortaliser la beauté de sa jeune femme. Au premier coup de pinceau, une passion dévorante débute entre la jeune Sophia et le séduisant peintre. Alors qu’une liaison torride et fougueuse s’installe, les jeunes amants cherchent à se débarrasser du mari envahissant et à s’enfuir. Une soif de liberté qui aura un prix, aussi précieux que celui d’une tulipe..
Tulip Fever est un film qui revient de loin. Il aura fallu près de dix ans pour que cette adaptation du roman Le Peintre des vanités – Tulip Fever de Deborah Moggach (1999) puisse voir le jour dans les salles ou en e-cinéma. A l’origine prévue avec Jude Law et Keira Knightley sous la direction de John Madden (Shakespeare in love, Miss Sloane), cette romance historico-dramatique aura connu moult déboires et notamment des changements de règles fiscales dans la production de film au Royaume-Uni. Résultat, cette histoire est restée dans les tiroirs jusqu’au jour où le réalisateur Justin Chadwick (Deux sœurs pour un roi, Mandela : Un long chemin vers la liberté) mette la main dessus et parvienne à réunir les fonds nécessaires. Tous deux oscarisés, la sylphide Alicia Vikander (pour Danish Girl) et Christoph Waltz (pour Inglourious Basterds et Django Unchainded) héritent des deux rôles principaux, tandis que Dane Dehaan interprète le jeune peintre qui va troubler l’existence de Sophia. Le film est tourné en 2014, mais restera bloqué jusqu’en 2017.
Metteur en scène du mal aimé et pourtant très réussi Deux sœurs pour un roi, qui réunissait Scarlett Johansson et Natalie Portman, Justin Chadwick prouve une fois de plus que la reconstitution historique lui sied à ravir avec une direction artistique solide, des décors et des costumes soignés, ainsi qu’une photo rappelant certaines œuvres de Rembrandt et de Vermeer. Tulip Fever peut paraître académique, mais on croit et l’on plonge volontiers dans cette ville d’Amsterdam du XVIIe siècle, marquée par la folie du commerce des tulipes, qui se revend à prix d’or, surtout lorsque l’une d’entre elles est marquée par une anomalie chromatique, comme la tant convoitée tulipe marbrée. Tel un bulbe en pleine éclosion, Sophia, délicatement incarnée par la sublime Alicia Vikander donc, va commencer à s’épanouir quand elle rencontre un artiste venu lui tirer le portrait avec son époux (Christoph Waltz), fortuné, d’âge mûr, veuf. Sans enfant, décédé lors de l’accouchement de son épouse, qui n’a également pas survécu, Cornelis Sandvoort « achète » Sophia, orpheline, pour qu’elle lui donne un héritier. Mais les mois passent et la jeune femme ne tombe pas enceinte. C’est alors que le film prend une tournure digne d’un boulevard avec la servante des Sandvoort (Holliday Grainger), enceinte des œuvres du poissonnier, qui par peur d’être renvoyée va finalement accepter la proposition de Sophia.
Cette dernière ayant une liaison avec l’artiste Jan Van Loos, s’est fait remarquée par la servante Maria. En échange de son silence, Sophia décide de faire semblant d’être enceinte, tandis que Maria devra dissimuler sa grossesse. A la naissance du bébé, Sophia adoptera l’enfant et Maria, dont le fiancé demeure mystérieusement introuvable, conservera son travail. Justin Chadwick joue avec les genres, avec les tons et l’empathie des spectateurs pour les personnages. Si Cornelis Sandvoort est d’abord présenté comme un négociant en épices riche et froid, l’homme se révélera attentionné, amoureux de sa femme, voulant à tout prix être père. Christoph Waltz domine la distribution du début à la fin. Alicia Vikander, tour à tour ingénue et stratège, crève l’écran une fois de plus par sa beauté diaphane, sa fragilité et sa sensualité. Seule ombre au tableau, Dane DeHaan reste bien fade face à ses partenaires, semblant constamment avoir été tiré du lit juste avant de tourner. Mais bon, nous n’aurions rien gagné au change puisque le monolithique Matthias Schoenaerts avait un temps été envisagé.
Finalement, l’aspect romantique l’emporte moins que la psychologie du personnage formidablement interprété par Christoph Waltz, de loin son meilleur rôle depuis longtemps. Alors certes, Tulip Fever part un peu dans tous les sens, ne sait pas quelle position adoptée et a souvent du mal à trouver une identité propre, mais ses petites imperfections (multiplication des rebondissements, fin expédiée) sont attachantes et les comédiens formidables (dont Zack Galifianakis et Dame Judi Dench) emportent facilement l’adhésion.
LE DVD
Après un détour par la case e-cinéma, Tulip Fever est arrivé dans les bacs en DVD et Blu-ray. Le test de l’édition SD dispinible chez TF1 Studio a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.
L’éditeur accompagne le film de Justin Chadwick d’un making of (15’). De facture classique, ce documentaire se compose d’images de tournage, mais surtout des propos des comédiens et du réalisateur. Les intervenants ne font jamais mention de très longue gestation du film (dix ans en raison de problèmes financiers) et font surtout l’éloge de toute l’équipe, tout en parlant des personnages et du contexte social à Amsterdam au XVIIe siècle.
L’Image et le son
L’éditeur ne nous a pas fourni l’édition HD et c’est bien dommage. Nous aurions bien voulu découvrir les partis pris du directeur de la photographie danois Eigil Bryld (Bons baisers de Bruges) dans les meilleures conditions possibles. Il faudra se contenter d’un DVD très moyen, à la compression souvent hasardeuse et aux couleurs fanées. La définition est parfois médiocre, les contrastes limités, les flous occasionnels et le visage des comédiens paraît trop cireux pour être honnête.
Bien qu’elle soit essentiellement musicale, la spatialisation instaure un réel confort acoustique. Par ailleurs, les quelques effets glanés ici et là sur les enceintes arrière permettent de plonger le spectateur dans l’atmosphère du film comme sur les canaux bondés de marchands ou lors des transactions enflammées. Les voix sont solidement plantées sur la centrale en anglais comme en français avec un net avantage pour la première piste. L’éditeur joint également deux pistes Stéréo, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.