THE RYAN INITIATIVE (Jack Ryan: Shadow Recruit) réalisé par Kenneth Branagh, disponible en édition 4K Ultra HD + Blu-ray le 5 décembre 2018 chez Paramount Pictures
Acteurs : Chris Pine, Keira Knightley, Kevin Costner, Kenneth Branagh, Lenn Kudrjawizki, Alec Utgoff, Gemma Chan…
Scénario : Adam Cozad, David Koepp d’après les personnages de Tom Clancy
Photographie : Haris Zambarloukos
Musique : Patrick Doyle
Durée : 1h45
Date de sortie initiale : 2014
LE FILM
Ancien Marine, Jack Ryan est un brillant analyste financier. Thomas Harper le recrute au sein de la CIA pour enquêter sur une organisation financière terroriste.
Cachant la nature de cette première mission à sa fiancée, Jack Ryan part à Moscou pour rencontrer l’homme d’affaires qu’il soupçonne d’être à la tête du complot.
Sur place, trahi et livré à lui-même, Ryan réalise qu’il ne peut plus faire confiance à personne. Pas même à ses proches.
Voilà plus de dix ans que Jack Ryan n’avait pas eu les honneurs du grand écran. En dépit de son bon accueil critique et de son succès commercial indéniable en 2002, La Somme de toutes les peurs – The Sum of all fears de Phil Alden Robinson n’a pas donné suite et Ben Affleck n’a jamais remis le costume de Jack Ryan. Détentrice des droits des romans de Tom Clancy, la Paramount décide de remettre l’agent de la CIA sur le devant de la scène à travers un reboot de la franchise inaugurée en 1990 par John McTiernan avec A la poursuite d’Octobre Rouge et Alec Baldwin dans le rôle de l’analyste, qui a ensuite connu ses lettres de noblesse à travers Jeux de guerre (1992) et Danger immédiat (1994) de Philip Noyce, avec Harrison Ford dans le rôle de Jack Ryan. Pour interpréter le nouveau Jack Ryan au cinéma, le studio aura misé sur l’excellent Chris Pine, impeccable dans la peau du héros malgré-lui et qui apporte au personnage une grande sensibilité. Mis en scène par Kenneth Branagh, qui s’octroie également le rôle du méchant russe, The Ryan Initiative, titre « français » de Jack Ryan : Shadow Recruit, est un petit film d’espionnage très sympa, certes anecdotique, mais bien troussé et aux personnages attachants.
Jack Ryan est donc rajeuni à l’occasion de ce reboot. Dans cette optique, le prologue montre rapidement le personnage encore étudiant en économie à Londres, apprenant en direct avec ses camarades l’effondrement des tours du World Trade Center suite aux attentats revendiqués par Oussama ben Laden. Suite à cet événement, Jack Ryan laisse tomber ses études et s’engage chez les Marines. Il est envoyé en Afghanistan, où il est victime d’une attaque en hélicoptère. Rescapé in extremis après avoir sauvé ses deux compagnons, Jack Ryan, très gravement blessé est ensuite hospitalisé et subit des mois de rééducation. Il rencontre l’infirmière Cathy, dont le charme ne le laisse pas insensible, ainsi qu’un certain William Harper, qui lui propose de devenir un agent de la CIA sous couverture. Le jeune homme accepte. Dix ans plus tard, Jack Ryan travaille à New York dans le milieu boursier. En réalité, il est chargé de traquer les sources de financement du terrorisme. Lors d’un contrôle « de routine », il découvre un complot russe, mené par l’industriel Viktor Cherevin, dont le but est de détruire l’économie américaine en profitant d’une attaque terroriste d’envergure. Contre toute attente, il est lui-même chargé de se rendre à Moscou, afin d’y rencontrer personnellement Cherevin. Installé derrière son écran depuis des années, Jack Ryan est dépêché sur le terrain pour la première fois de sa vie. Il doit également trouver un alibi pour convaincre sa compagne Cathy, qui ignore sa double-vie, de son départ en « voyage d’affaires ».
Suite au triomphe de Thor en 2011, Kenneth Branagh a démontré qu’il pouvait délaisser Shakespeare – même si certains pourraient voir une dimension propre au poète chez le super-héros, écrivain et dramaturge britannique – et tenir un budget conséquent à Hollywood. Il s’acquitte fort honorablement de ce reboot consacré aux aventures de Jack Ryan. Son film n’a pas pour vocation de rivaliser avec James Bond, Jason Bourne et encore moins Ethan Hunt, mais mine de rien son personnage est beaucoup plus humain et attachant. Le metteur en scène d’Henry V (1989), Peter’s Friends (1992), Beaucoup de bruit pour rien (1993), Frankenstein (1994), Hamlet (1996), a l’air de s’amuser avec les moyens mis à sa disposition, ici un budget de 60 millions de dollars.
The Ryan Initiative n’est pas la transposition d’un roman de Tom Clancy, mais en reprend uniquement le personnage principal et ce qui l’entoure, afin de le replacer dans un contexte plus contemporain. On doit essentiellement le scénario à l’excellent David Koepp (Jurassic Park, L’Impasse) qui a su réinterpréter la psychologie de Jack Ryan pour la remettre au goût du jour. The Ryan Initiative se suit sans aucun déplaisir. Le rythme est enlevé, les rebondissements nombreux, la musique de Patrick Doyle est très bonne et Chris Pine est à son affaire. Si l’on pourra déplorer les éternelles grimaces de Keira Knightley, le couple fonctionne très bien, tout comme l’alchimie entre l’acteur principal et le grand Kevin Costner, toujours la classe, qui avait décliné le rôle de Jack Ryan pour A la poursuite d’Octobre Rouge pour se consacrer à Danse avec les loups. Quant à Kenneth Branagh, il campe un badguy à l’accent russe amusant, tout en étant capable de faire perdre tous ses moyens à son adversaire d’un simple regard.
Dommage que le montage très cut dénature les quelques séquences agitées comme l’affrontement dans la chambre d’hôtel ou lors du final. Mais peu importe, car le divertissement est assuré du début à la fin. A sa sortie, The Ryan Initiative ne rentabilise pas son budget sur le sol américain avec seulement 50 millions de dollars de recette. L’exploitation à l’étranger rattrape le coup et le film parvient finalement à engranger 135 millions de dollars au final. Cela semblait peu pour la Paramount puisqu’une suite qui avait été envisagée dans l’espoir d’une nouvelle franchise, ne verra finalement pas le jour. Il faudra attendre quatre ans pour que Jack Ryan fasse son retour, mais à la télévision, sous les traits de John Krasinski, dont la saison 2 est attendue cette année.
LE 4K UHD
Quatre ans après son arrivée dans les bacs en DVD et Blu-ray, The Ryan Initiative débarque dans les bacs en 4K UHD, forcément toujours chez Paramount Pictures. Cette nouvelle édition se compose de deux disques, le 4K d’un côté et le Blu-ray traditionnel de l’autre. Pour ce test, seule l’édition UHD a été envoyée par l’éditeur, galette sur laquelle nous ne trouvons que le commentaire audio. Les scènes coupées & versions longues commentées et toutes les featurettes promotionnelles se trouvent sur l’autre disque. Le menu principal est fixe sur l’excellent thème principal de Patrick Doyle.
The Ryan Initiative est un très bon divertissement. Si vous avez pensé la même chose du film, alors prolongez ce petit plaisir en écoutant le commentaire audio de Kenneth Branagh, accompagné du producteur Lorenzo di Bonaventura. Ce dernier, grand manitou de la franchise Transformers et du diptyque G.I. Joe, est visiblement fier du résultat et complice avec le réalisateur. Les deux hommes instaurent un vrai dialogue autour de Jack Ryan et de son univers. Kenneth Branagh évoque ses intentions et partis pris, mais aussi le travail des comédiens, les lieux de tournage (Londres et sa périphérie en guise de Russie), la rigueur du scénario et bien d’autres éléments qui font de ce commentaire un excellent moment, à la fois divertissant et informatif.
L’Image et le son
The Ryan Initative est un des films les plus récents du catalogue Paramount. Pas étonnant que son apparition en 4K UHD surpasse en tout point le Blu-ray édité en 2014. Ce qui éblouit ici ce sont les couleurs avec de splendides couchers de soleil, le reflet des parois vitrées, la profondeur de champ (superbe cadre large), jusqu’au regard scintillant de Chris Pine et les points noirs sur le nez de Keira Knightley. Tourné « à l’ancienne » en 35mm, le grain argentique est présent, fin, très élégant. Les contrastes affichent une solidité jamais démentie, la luminosité des scènes diurnes, notamment la partie new-yorkaise, est assez dingue, tout comme les plans dans les montagnes d’Afghanistan ou les quelques vues d’ensemble sur Londres et Moscou. Les détails foisonnent, la texture des vêtements se fait palpable, le piqué est aiguisé comme la lame d’un scalpel.
Doit-on parler de la piste française Dolby Digital 5.1 ? Qui plus est sur une galette 4K UHD ? Non, certainement pas, d’autant plus quand on trouve en face d’elle une version originale DTS-HD Master Audio 7.1 ! Alors, aux oubliettes la langue de Molière avec son mixage obsolète et place au grand spectacle acoustique ! Et de ce point de vue nous sommes gâtés avec quelques séquences agitées, comme la poursuite dans les rues de Moscou, ou bien la scène finale à New-York. Les dialogues sont imposants, les latérales créent une spatialisation digne de nom, les basses sont percutantes (l’explosion en Afghanistan) et les latérales rivalisent d’effets.
Crédits images : © Paramount Pictures France / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr