40 FUSILS MANQUENT À L’APPEL (40 Guns to Apache Pass) réalisé par William Witney, disponible en DVD le 18 juillet 2017 chez Sidonis Calysta
Acteurs : Audie Murphy, Michael Burns, Kenneth Tobey, Laraine Stephens, Robert Brubaker, Michael Blodgett, Michael Keep…
Scénario : Willard W. Willingham, Mary Willingham
Photographie : Jacques R. Marquette
Musique : Richard LaSalle
Durée : 1h35
Date de sortie initiale : 1966
LE FILM
1868. Cochise et ses guerriers apaches sont sur le sentier de la guerre, décidés à éliminer les Blancs. L’armée doit défendre les colons mais le capitaine Coburn doit récupérer une cargaison de fusils – quarante – volés par des soldats déserteurs. Ceux-ci, dirigés par le caporal Bodine veulent les vendre aux Apaches…
Avant d’être acteur, Audie Leon Murphy (1925-1971) fut l’un des soldats américains les plus décorés de la Seconde Guerre mondiale. Bardé de toutes les médailles militaires internationales existantes, il est notamment connu pour avoir stoppé et bloqué seul pendant une heure l’assaut d’une troupe allemande en janvier 1945 dans la poche de Colmar. Ayant participé aux campagnes d’Italie et de France, sa maîtrise des armes est remarquée par quelques producteurs qui souhaitent alors surfer sur sa notoriété. Il entame alors une carrière à la télévision et au cinéma et joua dans une quarantaine de longs métrages, y compris dans l’adaptation cinématographique de son autobiographie L’Enfer des hommes – To Hell and Back, réalisé par Jesse Hibbs en 1955, dans lequel il interprète son propre rôle. Audie Murphy reste surtout connu par les amateurs de westerns, genre dans lequel il s’est ensuite principalement illustré. Citons quelques titres : La Parole est au Colt (1966), Représailles en Arizona (1965), La Fureur des Apaches (1964), La Patrouille de la violence (1964), Les Cavaliers de l’enfer (1961), Le Diable dans la peau (1960), Le Fort de la dernière chance (1957).
A l’époque de 40 fusils manquent à l’appel, 40 Guns to Apache Pass, réalisé par William Witney en 1966, le western américain est en fin de vie, John Ford et Raoul Walsh viennent d’ailleurs de signer leur dernier film du genre deux ans auparavant, alors qu’en Europe, le genre bat son plein avec Sergio Leone qui met une touche finale à sa trilogie du Dollars avec Le Bon, La Brute et le Truand. Rétrospectivement, 40 fusils manquent à l’appel apparaît comme un dernier baroud d’honneur pour Audie Murphy, qui tourne alors la même année El Texican de Lesley Selander. C’est son adieu au western, avant de faire une dernière apparition dans Qui tire le premier ? de Budd Boetticher, dans lequel il interprète Jesse James. Audie Murphy sera victime d’un accident d’avion en 1971, il allait avoir 46 ans.
40 fusils manquent à l’appel est un western qui se déroule en 1868, peu après la fin de la guerre de Sécession sur le territoire de l’Arizona , le chef apache Cochise et sa bande de guerriers menacent d’entrer en guerre. Le capitaine Bruce Coburn est envoyé avec un détachement dans la région afin de faire le tour des fermes isolées et de ramener les colons et leurs familles au fort avant qu’ils ne soient massacrés par les apaches. Mais certaines fermes sont très éloignées et la route est longue pour en revenir, d’autant que certains colons n’acceptent pas facilement de tout abandonner aux mains des indiens. Afin de faire face à leurs ennemis, les soldats attendent une cargaison de fusils. Mais la livraison tourne mal. Coburn demande à être accompagné de dix volontaires pour aller récupérer les 40 carabines à répétition sur le territoire des Apaches. Mais les plans du capitaine sont contrecarrés par un de ses hommes, le caporal Bodine, qui entraîne plusieurs soldats dans son sillage afin de marchander avec les indiens. Foncièrement patriotique (le drapeau flotte bien au vent) et donnant aux indiens le mauvais rôle en faisant d’eux des guerriers sanguinaires qui souhaitent empêcher l’oncle Sam de s’étendre sur leur territoire, 40 fusils manquent à l’appel n’est sûrement pas un western inoubliable qui s’attache à la vérité historique, mais qui arrange les faits à sa sauce avec les grands héros américains d’un côté et les très méchants indiens de l’autre. Néanmoins, cela ne l’empêche pas d’être bien divertissant et agréable, grâce au jeu solide d’Audie Murphy, charismatique et attachant, tenant le film sur ses épaules bardées de galons.
Vétéran du serial qui avait déjà dirigé Audie Murphy dans La Fureur des Apaches (1964) et Représailles en Arizona (1965), le réalisateur William Witney (1915-2002) fait le boulot et même si son histoire n’a rien à envier à celles que l’on imaginait enfant quand on jouait aux Playmobiles, son film est de bonne tenue, les acteurs sont bons, les décors naturels plaisants et les scènes d’action réussies. En revanche, le film est étrangement parasité par la voix-off inutile d’un narrateur qui ouvre l’histoire comme un conte, à travers l’ouverture d’un livre, et revient de façon chronique, tout au long de ces 90 minutes, sans raison, en paraphrasant le récit comme une piste Audiodescription. Les scénaristes ont-ils pensé que leur histoire était si alambiquée – ce qui n’est évidemment pas le cas – que chaque action méritait d’être expliquée aux spectateurs ? Il semblerait plutôt que cette voix-off ait été utilisée afin de donner un cachet « film sérieux » à une œuvre finalement banale, désuète et sans véritable surprise.
Toujours est-il que 40 fusils manquent à l’appel remplit son contrat et se voit aujourd’hui comme une série B curieuse doublée du chant du cygne d’un genre et de celui d’un comédien qui a su s’inscrire dans la légende.
LE DVD
Le DVD de 40 fusils manquent à l’appel, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.
Pas de Bertrand Tavernier à l’horizon pour ce petit western, même si Patrick Brion (7’) et François Guérif (8’) ont répondu à l’appel de leur côté. Les deux intervenants reviennent chacun à leur manière sur la carrière d’Audie Murphy, sur les très grandes libertés – euphémisme – prises avec la véritable histoire, notamment en ce qui concerne Cochise. François Guérif se penche un peu plus sur la dernière apparition en vedette du comédien dans le genre qui a fait de lui une star internationale, tandis que Patrick Brion nous donne une petite leçon sur l’histoire de la Winchester 73. Les qualités comme les défauts (la voix-off idiote et inutile) sont pointés par ces deux experts en la matière.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie de photos constituée d’affiches internationales.
L’Image et le son
Chez Sidonis, même les plus petits westerns sont souvent aussi bien logés que les grands classiques et chefs-d’oeuvre incontestés ! Entièrement restauré en Haute-Définition, le master de 40 fusils manquent à l’appel s’avère lumineux, stable (hormis le générique d’ouverture), d’une propreté jamais démentie et franchement plaisant pour les mirettes. Le cadre 1.33 open matte étonne par son lot de détails, le piqué est pointu, les contrastes sont fermes et les fondus enchaînés n’entraînent pas trop de décrochages. Seule la colorimétrie est parfois un peu délavée sur certaines séquences, mais le fait est que la copie demeure de haute tenue, surtout que le grain original est respecté et très bien géré.
Seule la version originale aux sous-titres français imposés est disponible sur cette édition. La restauration est également fort satisfaisante, aucun souffle à déplorer, l’écoute est frontale, riche, dynamique et vive. Les effets annexes sont conséquents et le confort acoustique assuré.
Crédits images : © Columbia Pictures / Sidonis Calysta / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr