Test DVD / L’Homme à l’affût, réalisé par Edward Dmytryk

L’HOMME À L’AFFÛT (The Sniper) réalisé par Edward Dmytryk, disponible en DVD chez Sidonis Calysta  le 6 mars 2018

Avec :  Arthur Franz, Adolphe Menjou, Gerald Mohr, Marie Windsor, Frank Faylen, Richard Kiley, Mabel Paige, Marlo Dwyer…

Scénario : Harry Brown

Photographie : Burnett Guffey

Musique : George Antheil

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Depuis toujours, Eddie Miller, chauffeur-livreur à San Francisco, est rejeté par les femmes qu’il rencontre. Solitaire, en proie à de violentes pulsions qu’il a du mal à réprimer, il tue des femmes au hasard avec un fusil à lunette. La police n’arrive pas à comprendre la manière de procéder ni les mobiles du tueur. C’est un psychologue qui va les aider et leur faire comprendre que leur proie est un homme malade.

Edward Dmytryk (1908-1999), sympathisant de la gauche politique américaine, adhérant au parti communiste américain, figure parmi les célèbres Dix d’Hollywood. Convoqué par la Commission des Activités Anti-Américaines, il est condamné à six mois de prison, 500 dollars d’amende, puis s’exile en Grande-Bretagne à la fin des années 1940. Il revient peu de temps après aux USA et à l’instar d’Elia Kazan dénonce finalement certains acteurs, réalisateurs et scénaristes afin de s’affranchir des soupçons qui pèsent sur lui. C’est un scandale, sa carrière ne s’en remettra jamais totalement. Néanmoins, le cinéaste n’aura jamais arrêté de tourner jusqu’à la fin des années 1970. Pour la plupart des cinéphiles et de la critique, L’Homme à l’affûtThe Sniper, réalisé en 1952, est le chef d’oeuvre du cinéaste. Film précurseur, drame psychologique et thriller, L’Homme à l’affût est également l’un des premiers longs métrages centré sur les méfaits d’un serial killer.

Chauffeur dans une entreprise de teinturerie de San Francisco, Eddie Miller lutte quotidiennement contre les violentes pulsions qui le torturent. Il est hanté par une haine des femmes, avec lesquelles il est incapable d’avoir de relations, et jalouse tous les couples qu’il croise. Lorsque ses pulsions se font trop fortes, il s’arme d’un fusil à lunette et tue des femmes au hasard. Conscient de la gravité de son état, il a tenté de prévenir des médecins, mais ceux-ci étaient trop occupés pour lui prêter attention. Il se décide à écrire des lettres anonymes à la police. L’inspecteur Kafka mène l’enquête, aidé par un psychologue qui cherche à convaincre les autorités que Miller a surtout besoin d’aide.

Véritable film noir, L’Homme à l’affût marque le retour d’Edward Dmytryk à Hollywood après son incarcération. L’ironie du sort fait que le réalisateur dirige le comédien Adolphe Menjou, alors connu pour être l’un des artistes les plus anti-communistes, par ailleurs membre de la Motion Picture Alliance for the Preservation of American Ideals. Tout un programme. Le film s’ouvre sur le carton suivant « A propos du film que vous allez voir : les crimes sexuels sont parmi les grands problèmes de la police. 31175 femmes en ont été victimes rien que l’an dernier. Il n’existe aucune loi satisfaisante. Les forces de l’ordre sont démunies. Voici l’histoire d’un homme pour qui les femmes sont des ennemies ». Sur un scénario d’Harry Brown (Une place au soleil, Iwo Jima, L’Orchidée blanche), Edward Dmytryk livre le portrait d’un homme solitaire, sexuellement frustré, qui s’en prend aux femmes épanouies, libres et heureuses.

Le récit n’élude pas la violence sèche, notamment les impacts de balles sur les victimes. Toutefois, le personnage n’est pas montré comme un monstre terrifiant, mais comme un homme perturbé, psychologiquement instable et luttant contre ses propres démons. On le voit ainsi mettre volontairement sa main sur une plaque électrique pour se mutiler, puis avertir le médecin qui le prend en charge qu’il souhaiterait être hospitalisé. Par petites touches, Edward Dmytryk indique qu’Edward Miller, impeccablement interprété par Arthur Franz, a vraisemblablement grandi dans un environnement violent. Quand il voit une mère gifler sa petite fille, Miller se touche immédiatement la joue, comme si cet événement le renvoyait à un douloureux passé. Dépassé par ses pulsions, cet homme de tous les jours devient un assassin et use de son fusil à lunette pour se débarrasser de celles qui ont croisé sa route ou qui ont pu le blesser sans le vouloir.

Magnifiquement photographiée par l’immense chef opérateur Burnett Guffey (Tant qu’il y aura des hommes, Bonnie & Clyde, Plus dure sera la chute), The Sniper est une œuvre concise et resserrée (1h24 montre en main), directe, frontale, complexe, qui certes ne cherche pas l’empathie du spectateur avec le personnage principal, mais qui s’intéresse à ce qui a pu conduire un individu à franchir le point de non-retour. Au détour d’un dialogue qui n’est pas sans évoquer l’épilogue de Psychose d’Alfred Hitchcock, qui sera réalisé deux ans plus tard, un expert en psychiatrie évoque la maladie mentale dont souffre le tueur en série et sur la nécessité de prendre en charge médicalement ce genre d’individu, plutôt que de les emprisonner pour ensuite les relâcher, en attendant qu’ils récidivent à leur sortie. Un sujet épineux, un discours furieusement contemporain.

6 ans avant La Ronde du crimeThe Lineup et 18 ans avant L’Inspecteur Harry, deux chefs d’oeuvre signés Don Siegel, L’Homme à l’affût, produit par Stanley Kramer, prend comme cadre les rues de San Francisco, terrain de jeu en montées ou en pentes brutales, qui reflètent les méandres d’un esprit malade, qui appelle à l’aide, qui tente de se réfréner, mais qui ne peut que céder face à la tentation. The Sniper est un très grand film et sans aucun doute le chef d’oeuvre d’Edward Dmytryk.

LE DVD

Le test du DVD de L’Homme à l’affût, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Pas une, pas deux, pas trois, mais QUATRE présentations de L’Homme à l’affût sont ici disponibles. Tour à tour, Bertrand Tavernier (25’), Olivier Père (30’30), Patrick Brion (9’) et François Guérif (8’30) se penchent sur le film d’Edward Dmytryk, qu’ils considèrent tous comme étant son chef d’oeuvre. Bien évidemment, les présentations étant enregistrées individuellement, certains arguments et d’autres analyses n’évitent pas la redite. Néanmoins, les propos tenus se complètent bien, d’autant plus que chacun possède un style qui lui est propre. Fidèles à Sidonis Calysta, Bertrand Tavernier (grand admirateur du film), Patrick Brion et François Guérif assurent comme à leur habitude, mais l’éditeur laisse plus de place à Olivier Père, nouveau venu qu’on espère revoir sur d’autres titres de la collection. D’un côté comme de l’autre, on y évoque l’histoire des Dix d’Hollywood, la carrière d’Edward Dmytryk, le scénario, le casting, les partis pris. Le fond et la forme se croisent habilement.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

La restauration du film est indéniable, toutes les scories, tâches, poussières et rayures verticales ont été purement et simplement éradiquées. Si le piqué manque parfois de mordant, la gestion du grain original demeure solide et bien gérée. Le N&B est de très belle tenue avec des noirs suffisamment denses, des blancs lumineux et des contrastes solides. Mention spéciale à certains gros plans, nets et précis, bien détaillés. La copie 1.33 (16/9 compatible 4/3) affiche une remarquable stabilité.

Seule la version originale aux sous-titres français imposés est disponible sur cette édition. La restauration est également fort satisfaisante, aucun souffle à déplorer, l’écoute est frontale, riche, dynamique et vive. Les effets annexes sont conséquents et le confort acoustique assuré. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © Columbia Pictures / Sidonis Calysta / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

 

 

Test DVD / Un beau soleil intérieur, réalisé par Claire Denis

UN BEAU SOLEIL INTÉRIEUR réalisé par Claire Denis, disponible en DVD chez Ad Vitam le 6 février 2018

Avec :  Juliette Binoche, Xavier Beauvois, Philippe Katerine, Josiane Balasko, Sandrine Dumas, Nicolas Duvauchelle…

Scénario : Christine Angot, Claire Denis

Photographie : Agnès Godard

Musique : Stuart A. Staples

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Le résumé d’Un beau soleil intérieur est simple, direct. Présenté en Ouverture de la Quinzaine des Réalisateurs en 2017, le douzième long métrage de Claire Denis, le treizième si l’on tient compte du téléfilm US Go Home (1994), est sans aucun doute le film le plus attachant et le plus chaleureux de la réalisatrice. Après Les Salauds, une œuvre particulièrement éprouvante et sombre, Claire Denis collabore avec la romancière Christine Angot et s’inspirent de Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes pour dresser le portrait d’une femme de 50 ans, séparée et mère d’une petite fille, qui recherche désespérément l’amour. Parisienne belle et sexy, artiste-peintre, Isabelle (Juliette Binoche) entretient une relation avec Vincent (Xavier Beauvois), un banquier marié, mais leur liaison demeure essentiellement physique. Isabelle peut compter sur la franchise de son amie Maxime (Josiane Balasko), écoute la philosophie quotidienne de Mathieu (Philippe Katerine) devant la poissonnerie, une connaissance de son quartier. Certains prétendants gravitent autour d’elle, notamment un jeune comédien (Nicolas Duvauchelle), qui a l’air encore plus paumé qu’elle.

Dans Un beau soleil intérieur, alors que les non-dits et les silences remplissent souvent l’espace chez Claire Denis, les mots sont au contraire très abondants. Cependant, les échanges entre les personnages reflètent leur propre enfermement, comme si les hommes et femmes étaient plongés dans leur propre monde, en désirant pourtant la même chose, aimer et être en retour. S’ils essayent de communiquer, le dialogue peine à s’instaurer. Alors que les protagonistes expriment leurs propres maux, ils ne se rendent pas compte que la personne en face ressent la même chose. Claire Denis évoque ainsi la solitude dans les grandes villes (comme dans Vendredi soir), non pas la peur de l’autre, mais celle d’être déçu et d’aller droit dans le mur. Ou comment penser à la déception avant même de vivre ce qu’il y a à vivre.

Le titre provient de la scène finale, quand Isabelle décide d’aller consulter un voyant, incarné par le monstre Gérard Depardieu. De sa voix sublime, tout en délicatesse, ce radiesthésiste tente de rassurer Isabelle en lui indiquant de vivre à fond ce qui s’offre à elle, sans penser au lendemain, afin de trouver une paix intérieure. Cette longue scène d’un quart d’heure est un cadeau supplémentaire, la cerise sur le gâteau, d’autant plus que le générique défile en même temps et se clôt à la dernière réplique, au dernier regard. Un beau soleil intérieur est un film extrêmement généreux, sensible, mais également une ode à sa comédienne principale. De tous les plans, de toutes les scènes, Juliette Binoche resplendit et enflamme l’écran. Sa peau diaphane, ses yeux caressés de pattes d’oie, ses courbes voluptueuses et sexy, Claire Denis la filme sous tous les angles, subjuguée comme nous pouvons l’être à chaque instant. Certes, si elle est excellemment épaulée par ses camarades, dont le complice Alex Descas, Bruno Podalydès et une apparition de Valeria Bruni-Tedeschi, nous n’avons d’yeux que pour Juliette Binoche, que la caméra caresse, frôle, comme si elle voulait rassurer son personnage capable de passer du rire aux larmes en un claquement de doigts.

Un beau soleil intérieur est une comédie mélancolique (superbes dialogues), un portrait de femme d’aujourd’hui, fragile comme du cristal, mais lumineuse et forte, qui n’a pas perdu l’espoir et l’envie de rêver malgré l’adversité et ses déboires amoureux successifs. La grande Juliette Binoche donne tout à Isabelle, son immense sensibilité, son rire, sa nature, son âge et ses tripes. Nommée aux César de la meilleure actrice en 2018, elle peut largement prétendre à la compression.

LE DVD

Le DVD d’Un beau soleil intérieur, disponible chez Ad Vitam, est logé dans un boîtier classique de couleur blanche, glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est élégant, animé et musical.

En plus de la bande-annonce, un seul supplément est disponible sur cette édition. Mais alors quel plaisir de découvrir l’intégralité de la masterclass de Claire Denis (1h16), enregistrée à la Cinémathèque française le 27 septembre 2017, jour de la sortie d’Un beau soleil intérieur et qui marquait aussi le premier jour des prises de vue de High Life, film de science-fiction avec Robert Pattinson et Juliette Binoche. Alors qu’une rétrospective de ses films était présentée, la réalisatrice répond aux questions de Frédéric Bonnaud et revient sur ses premiers souvenirs de cinéma, son amour pour le septième art, ses premiers chocs sur le grand écran (Soudain l’été dernier), ses années comme assistante auprès de Wim Wenders et Jim Jarmusch. De nombreux souvenirs s’enchaînent, souvent liés aux acteurs et aux conditions de tournage. Un beau voyage cinématographique en compagnie de l’une de nos cinéastes les plus passionnantes.

L’Image et le son

La belle photographie de la grande Agnès Godard qui allie à la fois les couleurs chatoyantes capturées et les gammes froides aurait mérité un bien meilleur traitement. En effet, les détails manquent à l’appel, certes la clarté est de mise mais le piqué manque de mordant, les scènes sombres sont les plus mal loties et certains visages demeurent blafards. Les plans très rapprochés ne sont pas aussi bien définis que nous l’espérions et les noirs manquent parfois de concision. Ajoutez à cela quelques légers artefacts de la compression et des baisses de la définition, ainsi qu’une gestion parfois aléatoire des contrastes. Dommage de ne pas disposer d’édition HD.

C’est un peu mieux, même si le mixage Dolby Digital 5.1 parvient tout juste à créer une immersion acoustique probante. Les ambiances naturelles viennent souvent à manquer sur les séquences en extérieur et l’ensemble se révèle souvent timide. Le report des voix est solide, la balance frontale fait gentiment son boulot, mais beaucoup de scènes reposent essentiellement sur les enceintes avant. A titre de comparaison, la version Stéréo finit par l’emporter sur la 5.1 du point de vue fluidité et homogénéité des voix avec les effets et la musique. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription pour aveugles et malvoyants.

Crédits images : © Ad Vitam / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Money, réalisé par Géla Babluani

MONEY réalisé par Géla Babluani, disponible en DVD chez M6 Vidéo le 7 février 2018

Avec :  Vincent Rottiers, George Babluani, Louis-Do de Lencquesaing, Benoît Magimel, Charlotte Van Bervesselès, Anouk Grinberg, Olivier Rabourdin, Arben Bajraktaraj, Jean-Michel Correia, Féodor Atkine…

Scénario : Géla Babluani

Photographie : Tariel Meliava

Musique : Jean-Michel Bernard

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Les temps sont durs pour Danis et Eric, deux amis d’enfance qui peinent à boucler leurs fins de mois en travaillant sur les docks du Havre. Un après-midi, Alex, la sœur d’Eric, assiste inopinément à la remise d’une valise remplie de billets et décide de suivre l’homme ayant récupéré le pactole. Alex convainc Eric et Danis que cette valise d’argent pourrait changer leurs vies. Les trois amis décident d’aller cambrioler la maison. En arrivant, ils découvrent un homme sur le point de se pendre, Mercier, dont ils ne connaissent ni l’identité, ni l’importance. Un jeu du chat et de la souris au scénario implacable va alors se refermer sur eux et transformer leur nuit en enfer.

En 2005, une petite bombe explose dans le cinéma français. Si le film est plutôt passé inaperçu, ceux qui ont vu 13 Tzameti au cinéma ne l’ont jamais oublié. A la barre de ce thriller tourné en N&B, le cinéaste franco-géorgien Géla Babluani, né en 1979. En 2006, il coréalise L’Héritage avec son père Temur Babluani, puis signe quatre ans plus tard le remake de 13 Tzameti (intitulé 13) avec un casting de choc, Sam Riley, Jason Statham, Ray Winstone, Alexander Skarsgård, Ben Gazzara, Michael Shannon, Emmanuelle Chriqui, 50 Cent et Mickey Rourke ! Depuis, nous étions sans nouvelle de Géla Babluani. Autant dire que nous attendions son retour avec impatience. Il aura fallu attendre sept ans pour que le cinéaste revienne derrière la caméra, avec un nouveau thriller, un polar tendu, un film noir, Money. Et cette fois encore la réussite est au rendez-vous.

Fatigués de leurs fins de mois difficiles, trois jeunes Havrais sans avenir, vivant dans un quartier ouvrier voient l’opportunité de gagner beaucoup d’argent en volant une mallette à un notable du Havre. Sans le savoir, ils viennent de braquer un secrétaire d’État corrompu et de voler l’argent d’une entreprise criminelle.

Le quatrième long-métrage de Géla Babluani dépasse toutes les espérances. Véritable film de genre, Money ne prétend pas révolutionner les codes du polar, mais joue au contraire avec les anciennes règles, dans une intrigue pourtant contemporaine où trois jeunes trentenaires décident d’enfreindre la loi pour survivre. Drame social sans concession, Money propose une véritable décharge d’adrénaline pendant 90 minutes. Certes, le budget est limité, le montage est parfois approximatif, mais l’histoire est vraiment prenante du début à la fin et le suspense maintenu.

Money impose une fois de plus Vincent Rottiers, le plus grand comédien de sa génération. Son regard bleu intense et furieux montre le feu qui anime le personnage, lancé malgré-lui dans une spirale qui les dépasse complètement lui et ses complices. Pour Géla Babluani « Money est une histoire humaine qui ne triche pas, sous aucun prétexte. C’est une histoire où le sens de la morale se trouve justement dans les actes immoraux commis par les protagonistes. La famille, l’honneur, l’amitié, la trahison et une valise d’argent dont tout le monde a besoin, au cours d’une nuit qui vire au cauchemar ». La tension et l’angoisse sont rythmées par l’enchaînement des événements imprévisibles et les retournements de situations qui ne laissent les personnages que devant des choix radicaux. L’énergie ne faiblit jamais puisque le réalisateur colle à celle qui anime les personnages, tandis que le cadre – très soigné – est d’emblée resserré sur eux. La caméra est sans cesse en mouvement, créant ainsi un sentiment d’urgence. Les protagonistes (tous cupides), comme les spectateurs sont alors étourdis et leurs repères se brouillent. Le trio explose, dépassé par la situation. Chacun suit alors sa trajectoire pour sauver sa propre peau et celle des deux autres.

Egalement au casting, George Babluani (frère du cinéaste), un Louis-Do de Lencquesaing suintant, soutenu par l’excellent Olivier Rabourdin, sans oublier les solides participations de Féodor Atkine et Anouk Grinberg, ainsi que la révélation Charlotte Van Bervesseles. Mais celui qui se taille la part du lion est sans conteste Benoît Magimel. Méconnaissable, bedaine apparente, costume froissé trop grand, l’air boudeur, les grosses lunettes aux verres fumés sur le nez, le comédien vole toutes les scènes dans lesquelles apparaît son personnage de tueur implacable. Sa prestation est aussi dingue qu’inattendue.

Si le film a été rapidement retiré de l’affiche, Money, âpre, violent, non dénué d’humour noir, loin du style boursouflé et de l’idéologie douteuse d’un Olivier Marchal, est assurément l’un des polars de 2017. Nous lui souhaitons de trouver une seconde vie grâce à sa sortie en DVD et ses futures diffusions à la télévision.

LE DVD

Le DVD de Money, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, animé et musical. Pas d’édition HD pour ce titre.

Aucun supplément sur cette édition.

L’Image et le son

Malgré le très mauvais score de Money au box-office (un peu plus de 25.000 entrées), Géla Babluani peut compter sur M6 Vidéo pour le service après-vente. En effet, l’éditeur livre un beau master, aux contrastes solides et au piqué agréable. Les ambiances nocturnes sont souvent élégantes, la colorimétrie bien restituée, et le relief probant aux quatre coins du cadre large. Seuls quelques petits fourmillements sur les arrière-plans viennent ternir un peu le visionnage, mais rien de bien méchant.

Le mixage Dolby Digital 5.1 instaure un excellent confort acoustique en mettant la musique en avant, tout en délivrant les dialogues avec ardeur, sans jamais oublier les effets et ambiances annexes. Quelques basses soulignent également quelques séquences. La piste Dolby Digital 2.0 se révèle dynamique et même percutante dans son genre. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © M6 Vidéo / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr


Test DVD / Mary, réalisé par Marc Webb

MARY (Gifted) réalisé par Marc Webb, disponible en DVD et Blu-ray chez 20th Century Fox le 17 janvier 2018

Avec :  Chris Evans, Mckenna Grace, Lindsay Duncan, Octavia Spencer, Jenny Slate, Michael Kendall Kaplan, John M. Jackson, Glenn Plummer, John Finn…

Scénario : Tom Flynn

Photographie : Stuart Dryburgh

Musique : Rob Simonsen

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Un homme se bat pour obtenir la garde de sa nièce, qui témoigne d’un don hors du commun pour les mathématiques.

Révélé en 2009 par le désormais culte (500) jours ensemble, avec Joseph Gordon-Levitt et Zooey Deschanel, le réalisateur Marc Webb, venu du clip-vidéo, a immédiatement été convoité par les studios hollywoodiens. Pour son second long métrage, il fait son entrée par la très grande porte en se voyant confier un budget de 230 millions de dollars pour rebooter la franchise Spider-Man. The Amazing Spider-Man sort sur les écrans en 2012 et engrange plus de 750 millions de dollars de recette. La suite est évidemment lancée, mais le résultat sera beaucoup plus mitigé artistiquement parlant. Si le tiroir-caisse est rempli une fois de plus, le succès est moindre, la critique désastreuse et le bouche-à-oreille très négatif. Osons le dire, The Amazing Spider-Man 2 est l’un des pires films de super-héros et s’apparente le plus souvent à jeu vidéo destiné aux enfants et aux adolescents. Bye bye Marc Webb qui finalement ne pourra pas réaliser de trilogie consacrée à l’Homme-Araignée, d’autant plus que les pourparlers étaient déjà en cours entre Sony et Marvel pour rapatrier le héros à la maison mère. Après un détour par la série télévisée (Limitless, Crazy Ex-Girlfriend), Marc Webb signe son retour au cinéma avec deux très beaux films à petit budget, deux réussites. Le premier, Liaisons à New YorkThe Only Living Boy in New York est arrivé en France directement dans les bacs. Le second, Mary (Gifted), a quant à lui bénéficier d’une sortie dans les salles. Ce superbe petit film offre à Chris Evans l’occasion de montrer qu’il n’est pas que Captain America et redonne entièrement confiance en Marc Webb.

Mary Adler, âgée de sept ans, témoigne d’un don hors du commun pour les mathématiques. Son oncle Frank craint que Mary n’ait pas la chance d’avoir une enfance normale : Diane, la mère de Mary, était une prometteuse mathématicienne, et a dédié une partie de sa vie au problème de Navier-Stokes. Elle s’est suicidée alors que sa fille n’avait que 6 mois. Frank décide d’inscrire Mary dans une école classique. Dès son 1er jour, sa maîtresse, Bonnie Stevenson, découvre que Mary est capable de résoudre des problèmes de mathématique très complexes et bien trop avancés pour une enfant de 7 ans. Commence alors une bataille juridique pour la garde de l’enfant, menée par sa grand-mère maternelle. Frank, opposé à l’idée que sa nièce soit envoyée dans une école pour génies, décide de se battre pour en conserver la garde.

Comme le drame intimiste indépendant sied bien à Marc Webb ! Quel plaisir de le retrouver aux commandes d’une véritable histoire et de beaux personnages ! D’emblée, Mary présente des personnages chaleureux et très attachants, que l’on va suivre avec plaisir durant 95 minutes. Charismatiques, les comédiens crèvent l’écran, en premier lieu la petite Mckenna Grace, bout de chou apparu dans Independence Day : Resurgence, d’un naturel confondant et qui rappelle Morgana Davies dans L’Arbre de Julie Bertuccelli. Une actrice à suivre. Mary, c’est aussi une « récréation » pour Chris Evans entre deux Marvel. Certes, son interprétation de Captain America est l’un des gros points forts du Marvel Cinematic Universe, mais il est parfois bon de rappeler que l’acteur né en 1981 avait également joué chez Danny Boyle (Sunshine), David Ayer (Au bout de la nuit) et Edgar Wright (Scott Pilgrim) et qu’il s’est toujours montré talentueux. Même chose ici où Chris Evans est souvent bouleversant dans Mary. L’alchimie avec sa jeune partenaire est totale et l’on croit à fond à cette histoire d’amour entre un oncle prêt à tout pour conserver la garde de sa nièce surdouée et lui offrir une vie où elle ne sera pas exploitée et montrée comme une bête de foire. Les excellentes Jenny Slate (Parks and recreations), Octavia Spencer (La Couleur des sentiments, Les Figures de l’ombre) et Lindsay Duncan (Alice au pays des merveilles de Tim Burton) complètent ce merveilleux casting, sans oublier Fred, le chat roux borgne que l’on adopterait immédiatement.

Joliment mis en scène et photographié, Mary est une fable sincère, tendre, pudique, délicate et en apparence simple qui aborde un sujet épineux, celui des enfants précoces et leur éducation. Marc Webb tape dans le mille puisque l’émotion est au rendez-vous du début à la fin. Mary a très justement remporté le Prix du public au Festival du cinéma américain de Deauville en 2017.

LE DVD

Le DVD de Mary, disponible chez 20th Century Fox, repose dans un boîtier Amaray classique transparent. Le menu principal est fixe et musical.

L’interactivité démarre par une poignée de scènes coupées (8’). Les meilleures séquences se révèlent être celles de Mary avec sa psy et cette dernière qui rend son verdict au tribunal sur ce qui serait préférable pour l’avenir de sa jeune patiente. Une autre scène, redondante mais très réussie, oppose Chris Evans et Lindsay Duncan.

En dehors d’une galerie de photos et de la bande-annonce, l’éditeur joint six featurettes promotionnelles. Si le making HBO First Look (13’) contient son lot d’interviews de l’équipe et des images de tournage, les autres modules (de 2 minutes en moyenne chacun) sur le scénario, le casting, l’authenticité des équations mathématiques montrées dans le film, la mise en scène de Marc Webb et le tournage à Savannah ne font qu’en reprendre des extraits et l’intérêt est donc limité.

L’Image et le son

Les couleurs sont douces et la photo signée Stuart Dryburgh (La Leçon de piano, Portrait de femme, Liaisons à New York) possède ici un réel éclat. En extérieur comme en intérieur, l’image reste immaculée et élégante, les contrastes sont corrects, les textures des costumes demeurent flagrantes et palpables.

Les versions originale et française sont proposées en Dolby Digital 5.1. Au jeu des comparaisons, la piste anglaise l’emporte. Cela est d’autant plus frappant sur la spatialisation de la belle composition de Rob Simonsen. Malgré tout, l’action demeure essentiellement canalisée sur les frontales et les voix des comédiens, tandis que les ambiances naturelles et les effets annexes manquent à l’appel. Pas d’esbroufe inutile, le film ne s’y prête pas, mais le confort acoustique est assuré.

Crédits images : © Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Les Sorcières du bord du lac, réalisé par Tonino Cervi

LES SORCIÈRES DU BORD DU LAC (Le Regine) réalisé par Tonino Cervi, disponible en DVD aux Editions Montparnasse le 3 janvier 2018

Avec :  Silvia Monti, Ray Lovelock, Ida Galli, Haydée Politoff, Gianni Santuccio, Guido Alberti…

Scénario : Tonino Cervi, Benedetto Benedetti

Photographie : Sergio D’Offizi

Musique : Angelo Francesco Lavagnino

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Les Sorcières du bord du lac, également connu sous le titre Les Sorcières, ou bien encore Adorables et atroces créatures, Queens of Evil pour son titre international et Le Regine et/ou Il Delitto del Diavolo en version originale, est un pur film d’exploitation transalpin, une série B réalisée par Antonio Cervi aka Tonino Cervi. Né en 1929 et mort en 2002, fils de l’acteur Gino Cervi (Peppone dans la saga don Camillo) et père de la sublime Valentina Cervi (Portrait de femme, Rien sur Robert), le cinéaste et scénariste reste peu connu en France, mais Les Sorcières du bord du lac (1970), mis en scène deux ans après son premier coup d’essai Cinq gâchettes d’or (coécrit par Dario Argento), demeure son film le plus célèbre. Considéré comme la version « adulte » du conte Hansel et Gretel, ce petit film surfe alors sur le succès du cinéma de genre qui remplit les salles et le tiroir-caisse des producteurs. Une vraie curiosité.

David (Ray Lovelock) est un hippie se réclamant libre et indépendant dans une société mercantile qui ne respecte plus ses propres valeurs. Afin de ne pas s’enraciner, il a pris pour habitude de voyager sans véritable but, sur sa moto, à travers tout le pays. Une nuit, il s’arrête afin de porter secours à ce qui s’avère être un riche homme d’affaires (Gianni Santuccio). Ce dernier, même s’il accepte son aide, lui fait la morale à propos de convictions dénuées de propositions et d’alternatives sociétales, qu’il juge somme toute immatures. Après que sa roue ait été changée, l’homme repart. A ce moment-là, David s’aperçoit que son pneu a été crevé. Son sang ne fait qu’un tour, il répare sa bécane pour rattraper l’homme. Arrivé à sa hauteur, l’homme, dans un moment d’inattention, s’écrase contre un arbre et meurt sous les yeux de David. Ce dernier prend peur et s’enfuit immédiatement. Plus loin, un barrage de police l’oblige à prendre un chemin à travers les bois. Il arrive devant une étrange cahute et se réfugie dans une grange. Le lendemain, il se réveille et rencontre les propriétaires de cette habitation. Trois sœurs, Bibiana (Ida Galli), Liv (Haydée Politoff) et Samantha (Silvia Monti) l’accueillent chaleureusement. David se retrouve petit à petit hypnotisé par ces trois séduisantes jeunes femmes, pour lesquelles il éprouve une attirance physique. Voulant néanmoins retrouver la route et sa liberté, David va avoir de plus en plus de mal à se détacher de ses trois hôtesses. Un soir, le riche propriétaire d’un château caché au fond des bois, organise une fête.

Les Sorcières du bord du lac joue sur l’attente et parvient à créer un étrange suspense. Si le titre dévoile immédiatement le pot aux roses, il faudra attendre la dernière bobine pour que les trois sœurs passent à l’action et dévoilent réellement leur véritable nature. Tonino Cervi est malin et économise ses cartouches en instaurant une ambiance étrange et éthérée, en privilégiant les séquences oniriques. Le metteur en scène joue sur l’étrangeté et le décalage des décors comme cette cabane banale en extérieur, qui renferme en réalité un intérieur ultra-moderne et cosy. Comme David, le spectateur tombe également sous le charme des trois hôtesses interprétées par Silvia Monti (Le Cerveau, Journée noire pour un bélier), Ida Galli (Le Guépard, Le Jardin des délices, Le Corps et le Fouet) et la française Haydee Politoff (La Collectionneuse, L’Amour l’après-midi). Les trois comédiennes s’amusent à jouer les nymphes fatales.

Malgré des baisses de rythme, Les Sorcières du bord du lac possède encore un charme fou, ne manque pas d’originalité (tout comme de petites séquences érotiques soft), laisse passer son message (rejet des vieilles mœurs, touche de féminisme) et a tout pour plaire aux amateurs de cinéma Bis.

LE DVD

Le DVD des Sorcières du bord du lac, disponible aux Editions Montparnasse, repose dans un superbe slim Digipack au visuel très attractif. Le menu principal est animé et musical.

Une galerie de photos (de tournage et d’exploitation) est disponible en guise de supplément.

L’Image et le son

C’est une surprise, Les Sorcières du bord du lac débarque dans les bacs en France sous l’égide des Editions Montparnasse. Le master proposé est élégant et très bien restauré. La propreté est indéniable, tout comme la stabilité. Le grain original ainsi que le format respecté 1.85 (16/9) créent un confort de visionnage évident, les couleurs ne manquent pas de classe, la gestion des contrastes est solide. La copie trouve un équilibre jamais pris en défaut et la clarté est de mise sur les séquences en extérieur. Si l’on excepte les visages un peu rosés des comédiens, les partis pris esthétiques de la photographie légèrement ouatée du chef opérateur Sergio D’Offizi (Cannibal Holocaust, La Longue nuit de l’exorcisme) sont savamment conservés et trouvent ici un très joli écrin.

Les Editions Montparnasse présente Les Sorcières du bord du lac en version originale aux sous-titres français imposés et placés trop haut sur l’image, ainsi qu’en version française. Pour les deux pistes, le confort acoustique est suffisant et propre. Cependant, la version originale l’emporte du point de vue délivrance des dialogues, effets annexes et surtout sur la restitution de la musique d’Angelo Francesco Lavagnino. Le doublage français s’accompagne d’un souffle chronique.

Crédits images : © Editions Montparnasse / DFL.DVD /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Liaisons à New York, réalisé par Marc Webb

LIAISONS À NEW YORK (The Only Living Boy in New York) réalisé par Marc Webb, disponible en DVD chez Metropolitan Vidéo le 21 février 2018

Avec :  Callum Turner, Kate Beckinsale, Jeff Bridges, Pierce Brosnan, Cynthia Nixon, Kiersey Clemons, Debi Mazar, Tate Donovan, Wallace Shawn…

Scénario : Allan Loeb

Photographie : Stuart Dryburgh

Musique : Rob Simonsen

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Thomas Webb, vient de décrocher son diplôme universitaire et tente désormais de trouver sa place dans le monde. Le jeune homme se lie d’amitié avec son voisin, un écrivain excentrique, qui devient pour lui une sorte de mentor. Thomas fait un jour la connaissance de la maîtresse de son père, très vite une relation charnelle s’installe entre eux, bouleversant sa vie et ses convictions.

Révélé en 2009 par le désormais culte (500) jours ensemble, avec Joseph Gordon-Levitt et Zooey Deschanel, le réalisateur Marc Webb, venu du clip-vidéo, a immédiatement été convoité par les studios hollywoodiens. Pour son second long métrage, il fait son entrée par la très grande porte en se voyant confier un budget de 230 millions de dollars pour rebooter la franchise Spider-Man. The Amazing Spider-Man sort sur les écrans en 2012 et engrange plus de 750 millions de dollars de recette. La suite est évidemment lancée, mais le résultat sera beaucoup plus mitigé artistiquement parlant. Si le tiroir-caisse est rempli une fois de plus, le succès est moindre, la critique désastreuse et le bouche-à-oreille très négatif. Osons le dire, The Amazing Spider-Man 2 est l’un des pires films de super-héros et s’apparente le plus souvent à jeu vidéo destiné aux enfants et aux adolescents. Bye bye Marc Webb qui finalement ne pourra pas réaliser de trilogie consacrée à l’Homme-Araignée, d’autant plus que les pourparlers étaient déjà en cours entre Sony et Marvel pour rapatrier le héros à la maison mère. Après un détour par la série télévisée (Limitless, Crazy Ex-Girlfriend), Marc Webb signe son retour au cinéma avec deux très beaux films à petit budget, deux réussites. Le premier, Mary (Gifted), bénéficie d’une sortie dans les salles françaises et offre à Chris Evans l’occasion de montrer qu’il n’est pas que Captain America. Mais celui qui nous intéresse ici est plus confidentiel et débarque directement dans les bacs en France. Il s’agit de Liaisons à New YorkThe Only Living Boy in New York.

Thomas Webb, un étudiant fraichement diplômé issu d’une riche famille d’éditeurs New Yorkais, rêve en secret de devenir écrivain. Velléitaires et souvent maladroit avec les filles, c’est encore un adolescent dans sa tête… jusqu’au jour où il surprend son père en plein rendez-vous romantique avec une très belle femme. Voulant protéger sa mère de nature fragile, il décide de ne rien lui dire. Obsédée par cette vision, il décide de découvrir l’identité de cette liaison extra-conjugale et parvient très vite à faire la connaissance de Johanna. Contre toute attente, elle décide de faire de Thomas son autre amant. Tiraillé entre morale et passion, Thomas va vivre de façon tumultueuse son entrée dans l’âge adulte.

Le titre renvoie à la chanson éponyme des mythiques Simon & Garfunkel. Rien d’étonnant puisque le scénariste éclectique Allan Loeb (Las Vegas 21, Wall Street: l’argent ne dort jamais, Beauté cachée) n’a jamais caché son admiration pour le cinéma de Mike Nichols, en particulier pour Le Lauréat, dont Liaisons à New York est comme qui dirait une relecture. Le spectre du Graduate plane donc sur ce récit initiatique où l’on suit le parcours de Thomas Webb, interprété par le sympathique Callum Turner (Assassin’s Creed), qui rappelle furieusement Richard Gere dans ses jeunes années. Partagé entre son amour pour la jeune et jolie Mimi (Kiersey Clemons) et sa découverte de la sexualité avec la maîtresse de son père, incarnée par la divine Kate Beckinsale, Thomas se retrouve au premier carrefour de sa vie puisqu’il doit également choisir sa profession. Rêvant de devenir écrivain, mais refroidi par les propos de son père éditeur (Pierce Brosnan), Thomas ne peut même pas compter sur sa mère (Cynthia Nixon), femme dépressive. Alors quand Thomas surprend son paternel avec une autre femme, ses piliers déjà fragiles s’écroulent véritablement. Le seul soutien qu’il trouve est en la personne de son nouveau voisin (Jeff Bridges), qui va très vite devenir son confident et tenter de lui montrer qu’il peut et doit être le seul à décider de sa propre vie. Pour cela, il doit tout d’abord apprendre, comprendre et savoir ce qu’il souhaite réellement faire de sa propre existence, plutôt que de se préoccuper de celles et de ceux qui l’entourent.

Comme pour (500) jours ensemble et Mary, Liaisons à New York témoigne de l’immense sensibilité de Marc Webb, qui livre une comédie dramatique finement écrite, intimiste, délicate, très bien réalisée et interprétée. Malgré un twist qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe, il serait dommage de passer à côté de cette histoire très attachante.

LE DVD

Le test du DVD de Liaisons à New -York, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical. Jaquette élégante.

Peu de choses à se mettre sous la dent dans la section des bonus. Trois featurettes promotionnelles (11’ au total), donnent brièvement la parole au scénariste, au réalisateur, au chef-opérateur, aux producteurs et aux comédiens. Chacun revient sur le dilemme des personnages et le tournage à New York. On apprend que le scénario avait été écrit en 2004, que Le Lauréat est évidemment une source d’inspiration pour Allan Loeb et que la production a imposé un tournage écolo-responsable.

L’Image et le son

Pas d’édition HD pour Liaisons à New York. Ce master offre des conditions de visionnage banales et sans esbroufe. La colorimétrie est plutôt bien agencée, mais la définition demeure passable, même sur les quelques plans rapprochés. La clarté est de mise, les contrastes corrects, cependant le piqué manque de précision et certaines séquences apparaissent plus ternes que d’autres. Néanmoins, ce DTV chez un autre éditeur n’aurait pas connu le même traitement technique ou même une sortie dans les bacs.

Liaisons à New York n’est pas à proprement parler d’un film à effets, mais les pistes anglaise et française Dolby Digital 5.1 parviennent à distiller ici et là quelques ambiances. La plupart des séquences reposent sur les dialogues et les mixages se concentrent souvent sur les enceintes avant. Il ne faut pas vous attendre à des effets explosifs, la spatialisation est essentiellement musicale, les effets latéraux sont rares (à part la cacophonie new-yorkaise) et le caisson de basses reste au point mort. Les voix des comédiens sont ardentes en version originale, tout comme en français, même si cette piste les met un peu trop à l’avant. Le confort acoustique est assuré tout du long.

Crédits images : © AMAZON CONTENT SERVICES LLC. / Metropolitan Filmexport /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test DVD / Mon garçon, réalisé par Christian Carion

MON GARÇON réalisé par Christian Carion, disponible en DVD et Blu-ray chez Diaphana le 23 janvier 2018

Avec :  Guillaume Canet, Mélanie Laurent, Olivier de Benoist, Antoine Hamel, Mohamed Brikat, Lino Papa…

Scénario : Christian Carion, Laure Irrmann

Photographie : Eric Dumont

Musique : Laurent Perez Del Mar

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Passionné par son métier, Julien voyage énormément à l’étranger. Ce manque de présence fait exploser son couple quelques années auparavant. Lors d’une escale en France, il découvre sur son répondeur un message de son ex-femme en larmes : leur petit garçon de sept ans a disparu lors d’un bivouac en montagne avec sa classe. Julien se précipite à sa recherche et rien ne pourra l’arrêter.

Etrange film que Mon garçon, réalisé par Christian Carion, découvert en 2001 avec Une hirondelle a fait le printemps, grand succès avec Michel Serrault et Mathilde Seigner, suivi de Joyeux Noël (2005), fresque historique sur fond de Première Guerre mondiale qui réunissait un casting franco-allemand composé notamment de Diane Kruger, Daniel Brühl et de Guillaume Canet. Ce triomphe dans les salles avait permis à ce dernier et au cinéaste de se retrouver pour un thriller d’espionnage inspiré de faits réels, L’Affaire Farewell, dans lequel le comédien donnait la réplique à Emir Kusturica. Cette fois, le public n’avait pas suivi, pas plus pour le film suivant de Christian Carion, En mai, fais ce qu’il te plaît, échec commercial grave. Une fois n’est pas coutume, le réalisateur se lance alors dans une production au budget modeste, avec des prises de vues prévues sur une seule semaine, un thriller pour lequel l’acteur principal, Guillaume Canet une fois de plus, ne serait pas mis au courant du scénario, mais de quelques bribes de l’histoire juste au moment de tourner. Mais l’improvisation et le sentiment d’urgence peuvent-elles réellement créer une vérité à l’écran ? Rien n’est moins sûr et c’est ce qui fait la grande faiblesse de Mon garçon.

Comme dans un nouveau volet de l’émission Rendez-vous en terre inconnue, le cinéaste est venu un matin chez Guillaume Canet afin de lui dire quels vêtements emporter pour le tournage. Quand dans la première scène le personnage principal débarque Gare de Lyon avec sa valise, il s’agit réellement du comédien avec son propre bagage, prêt à embarquer pour rejoindre une équipe réduite dans le Vercors, sans réellement connaître l’histoire qu’il s’apprêtait à tourner. Il en sera de même durant six jours, avec un tournage réalisé quasiment en temps réel et dans l’ordre chronologique de l’intrigue. En amont, ses partenaires, Mélanie Laurent, Olivier de Benoist et les seconds rôles s’étaient préparés pendant deux semaines avec Christian Carion grâce à un acteur doublure représentant Guillaume Canet. Le but était d’anticiper les réactions et de conduire ce dernier à se mettre réellement dans la peau d’un père de famille dont le petit garçon avait été enlevé en haute montagne et qui d’indice en indice parvient à retrouver la piste des ravisseurs, en agissant seul. Guillaume Canet n’avait donc pas de dialogues, ne savait pas où se diriger et devait se laisser guider par la mise en scène, en arpentant chaque recoin du décor et en découvrant le récit à travers les répliques et le jeu de ses partenaires. Chaque scène ayant été tournée en une prise, afin de préserver l’authenticité.

En toute honnêteté, ces partis pris sont bien plus intéressants que le résultat final qui fait penser au surestimé Prisoners de Denis Villeneuve, car il faut bien admettre que Mon garçon est un mauvais film qui pâtit justement des intentions du réalisateur. Guillaume Canet fait partie de ces acteurs qui partent facilement en roue libre quand ils ne sont pas ou mal dirigés. C’est le cas ici. S’il n’est pas l’acteur le plus fin de sa génération, Canet a déjà su se montrer très convaincant chez André Téchiné, Jacques Maillot, Nicolas Saada et Cédric Kahn. Dans Mon garçon, il se montre bien peu inspiré en ayant recours à ses tics récurrents, trogne renfrognée, moue boudeuse, hyperventilation, tandis que ses répliques – improvisées donc – témoignent d’un évident manque d’imagination. C’est notamment le cas lors d’une séquence de torture, vulgaire et gratuite, où son personnage utilise un chalumeau pour faire parler un des sbires qui ont enlevé son rejeton. Ses « Tu vas parler putain de ta race ! » à répétition, font malheureusement plus rire que triturer les tripes et les situations ne vont guère en s’arrangeant. Du coup, l’acteur paraît gêné, tout comme Mélanie Laurent, toujours aussi mauvaise, et Olivier de Benoist, dans une apparition ridicule et grotesque.

Platement filmé, Mon garçon aurait pu aboutir à un thriller tendu, organique et réaliste, mais le résultat est diamétralement opposé puisque ni l’équipe technique ni les comédiens ne semblent guère en mesure de transcender leur dispositif et de maîtriser l’art de l’improvisation.

LE DVD

Le test du DVD de Mon garçon, disponible chez Diaphana, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Cette édition contient un making of (46’) bien plus intéressant que le film. Quelques semaines après sa sortie sur les écrans, Christian Carion revient sur les lieux du tournage de Mon garçon et explique comment les prises de vues se sont déroulées sur six journées. Quelques images de tournage dévoilent l’envers du décor avec un Guillaume Canet évidemment paumé, qui tente de créer son personnage avec les indices donnés par le réalisateur et ses partenaires. Ces derniers, ainsi que le producteur Christophe Rossignon et le chef opérateur Eric Dumont, apparaissent également au cours de ce documentaire, pour parler des répétitions destinées à leur donner des clés pour guider Guillaume Canet là où le cinéaste voulait l’emmener. Christian Carion développe donc longuement et posément ses intentions et partis pris, à savoir plonger son comédien principal dans l’inconnu le plus total, sans scénario, afin de voir si les réactions de Guillaume Canet allaient correspondre à celles du personnage principal. Tout cela pour que l’acteur ne mente pas, ne compose pas, ne triche pas face à la caméra.

L’Image et le son

Cette édition DVD est plutôt soignée et claire. La propreté de la copie est assurée, les couleurs désaturées et glaciales sont superbes et bien restituées. Le piqué est aléatoire, mais s’en tire honorablement, surtout que les partis pris esthétiques auraient pu avoir du mal à passer le cap du petit écran. La gestion des contrastes est solide, même si nous pouvions attendre plus de détails. Heureusement, l’encodage consolide l’ensemble avec brio et toutes les séquences tournées en extérieur sont très belles.

Le mixage Dolby Digital 5.1 impose une spatialisation qui happe le spectateur dans un flot d’ambiances naturelles qui ne se calment que durant les scènes en intérieur, axées sur les dialogues. Le cinéaste fait la part belle aux éléments environnants et la scène arrière ne manque pas l’occasion de briller. L’éditeur joint également une piste Stéréo de fort bon acabit, sans oublier les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Nord-Ouest Films  / Diaphana Distribution /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Une vie violente, réalisé par Thierry de Peretti

UNE VIE VIOLENTE réalisé par Thierry de Peretti, disponible en DVD chez Pyramide Vidéo le 2 janvier 2018

Avec :  Jean Michelangeli, Henry-Noël Tabary, Cédric Appietto, Marie-Pierre Nouveau, Délia Sepulcre-Nativi…

Scénario : Thierry de Peretti, Guillaume Bréaud

Photographie : Claire Mathon

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Malgré la menace de mort qui pèse sur sa tête, Stéphane, étudiant en sciences politiques, décide de retourner en Corse pour assister à l’enterrement de son ami d’enfance, assassiné la veille. C’est l’occasion pour lui de se rappeler les évènements qui l’ont vu passer, petit bourgeois cultivé de Bastia, de la délinquance au radicalisme politique et à la clandestinité…

En 2013, Les Apaches sort sur les écrans. Une bombe, un coup d’essai et véritable coup de maître ! Egalement acteur – on l’a vu dans Ceux qui m’aiment prendront le train et De la guerre – et metteur en scène de théâtre, Thierry de Peretti a d’abord fait ses classes derrière la caméra avec un court-métrage impressionnant, Le Jour de ma mort (2006), et un moyen-métrage intitulé Sleepwalkers (2011). Les Apaches, son premier long métrage, s’inspirait d’un fait divers sanglant qui avait secoué la Corse. Trois jeunes sans histoire avaient tué un autre de sang-froid, par peur qu’il les dénonce aux autorités, après avoir dérobé des fusils dans une villa de Porto Vecchio. Ils s’étaient ensuite débarrassés du corps en l’enterrant dans le maquis. « Peu de films racontent la Corse d’aujourd’hui. Je voulais écrire des petites choses sur ce que les gens vivent, je trouvais que cette île avait échappé au cinéma. La Corse est un endroit compliqué, meurtri, offensé, où le tourisme de masse a généré envie et frustration », déclarait le cinéaste à la sortie des Apaches. Pour Une vie violente, son deuxième film, Thierry de Peretti se penche une fois de plus sur le rapport à la violence, la question du meurtre, de l’héritage, du désir de posséder, sur les raisons qui conduisent au nationalisme et parfois à commettre l’irréparable sous un soleil de plomb (ou dans des ruelles très sombres), non loin des plages bondées de touristes friqués.

Depuis qu’elle a été vendue par la République de Gênes à la France en 1768, la Corse a été traversée par des vagues de contestations nationalistes. Elles atteignent leur apogée avec le passage à la lutte armée en 1976. Le nationalisme parcourt et divise la société corse. Une partie de la jeunesse s’y projette. Dans les années 1990, le FLNC (Front de libération nationale corse) éclate en deux branches. C’est le début de la guerre fratricide qui plonge la Corse dans un climat de confusion politique et de violence. La grande criminalité prospère. Des mouvements dissidents apparaissent. Ces forces entraînent avec elles une nouvelle génération de jeunes Corses.

Mené par un casting de jeunes comédiens non professionnels mais excellemment dirigés, Une vie violente fait preuve une nouvelle fois de la maturité indiscutable de son auteur, avec une violence rentrée, sèche et brutale, une abondance de dialogues coups de poing qui ne cessent d’impressionner. A ce titre, c’est le personnage de Stéphane, interprété par Jean Michelangeli, inspiré par le jeune militant nationaliste Nicolas Montigny, assassiné à Bastia en 2001, qui est fascinant. Le réalisateur ne recherche pas d’empathie et le lien avec le spectateur peut se faire difficilement, d’autant plus que le récit paraît souvent hermétique. Néanmoins, la hargne qui contraste avec le désir d’apaisement, imprègne le film du début à la fin et c’est ce qui rend le film passionnant.

Ayant grandi à Porto Vecchio, Thierry de Peretti parvient à saisir la réalité de la Corse. Ce portrait choquant, âpre, sans fards d’une jeunesse prise en étau entre un archaïsme ancestral ancré dans la terre de l’Ile de Beauté et une société en pleine mutation, prend souvent à la gorge et présente le verso de l’habituelle Corse « carte postale ». Si les enjeux politiques et narratifs diffèrent par rapport au premier film et que le récit puise également sa source dans des événements réels comme l’indiquent plusieurs cartons en introduction, Une vie violente est une œuvre plus étendue, géographiquement parlant, de Paris à la Corse, mais également du point de vue cinématographique puisque le réalisateur donne plus d’ampleur à son histoire. On pense alors à certaines fresques, notamment Nos meilleures années de Marco Tullio Giordana où les histoires personnelles se retrouvent imbriquées dans la grande Histoire, où le passé contamine et hante le présent. Gomorra de Matteo Garrone (2008) n’est pas loin non plus en ce qui concerne la forme.

Drame social, thriller politique, engagé, western moderne très immersif et réaliste qui convoque même parfois la tragédie antique, Une vie violente est une des œuvres les plus percutantes et saisissantes de 2017.

LE DVD

Le test du DVD d’Une vie violente, disponible chez Pyramide Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition comporte deux disques. Le menu principal est animé et musical sur le premier DVD, fixe et muet sur le second.

Sur la première galette, l’éditeur propose tout d’abord sept scènes coupées (16’). Probablement coupées au montage pour des raisons de rythme, ces scènes prolongent quelques discussions et débats, montrent un « dîner des chefs », Stéphane à Aix-en-Provence dans sa chambre d’étudiant, Gérard en prison, ou bien encore Stéphane qui se fait recadrer lors de son voyage en ferry.

Nous trouvons ensuite un making of conséquent de 50 minutes, constitué d’images volées sur le plateau, où le réalisateur Thierry de Peretti travaille et répète avec ses comédiens non-professionnels durant quelques ateliers qu’il a mis en place quelques mois avant le tournage. L’occasion de voir le metteur en scène aller étape par étape avec ses acteurs, parfois avec difficulté, mais sans jamais perdre patience, vers ce qu’il souhaite leur faire exprimer face à la caméra. Parfois, les images sont filmées de loin, ou carrément dans la pénombre avec un son inaudible, ce qui n’empêche pas d’apprécier ce documentaire intimiste, d’autant plus que Thierry de Peretti intervient plusieurs fois sur la genèse, les thèmes d’Une vie violente et ses intentions. Ce module se clôt sur la présentation du film aux spectateurs corses.

Le deuxième DVD comprend le documentaire intitulé Lutte jeunesse (55’). Il s’agit en réalité des essais réalisés afin de trouver le jeune comédien non-professionnel pour incarner le personnage principal d’Une vie violente. Suite à la publication d’une petite annonce qui indiquait que la production cherchait un jeune homme entre 25 et 30 ans pour un film, avec ou sans expérience, le réalisateur a dû faire son choix entre plusieurs candidats qui lui ont envoyé chacun une petite vidéo de deux minutes, dans laquelle ils indiquaient leurs motivations. Lutte jeunesse compile certaines interventions et rencontres plus longues avec Thierry de Peretti et sa directrice de casting Julie Allione. A travers ces témoignages sur leur enfance et adolescence, le portrait d’une génération se dessine. Certains vivent encore avec des images qui les ont traumatisés ou marqués, d’autres essayent de reprendre leur vie en main, d’autres encore se souviennent d’un ami ou d’un membre de leur famille qui a été assassiné. Ils donnent également leur avis sur le nationalisme, parlent de la violence, de leur attachement à la Corse, de l’importance de la langue. Un véritable prolongement à Une vie violente que nous vous conseillons fortement.

L’Image et le son

Pyramide Vidéo livre un joli master d’Une vie violente, restituant habilement la photographie élégante du film signée Claire Mathon. La chef opératrice de Rester vertical et de Mon roi privilégie les teintes chaudes et naturelles, la clarté reste de mise, le relief est agréable et les détails précis. Les contrastes sont légers, les séquences sombres sont aussi fluides et définies que les scènes diurnes, le piqué est suffisamment vif, les noirs denses et l’encodage demeure solide jusqu’à la fin malgré quelques séquences plus ternes.

Le mixage original Dolby Digital 5.1 est plutôt immersif et permet au spectateur de plonger dans le maquis. Les voix sont d’une précision sans failles sur la centrale, la balance frontale est constamment soutenue. La piste Stéréo devrait satisfaire ceux qui ne seraient pas équipés sur les enceintes arrière. Notons que l’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Pyramide Distribution /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test DVD / Le Prix du succès, réalisé par Teddy Lussi-Modeste

LE PRIX DU SUCCÈS réalisé par Teddy Lussi-Modeste, disponible en DVD chez Ad Vitam le 9 janvier 2018

Avec :  Tahar Rahim, Roschdy Zem, Maïwenn, Grégoire Colin, Sultan, Ali Marhyar…

Scénario : Teddy Lussi-Modeste, Rebecca Zlotowski

Photographie : Julien Poupard

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Brahim est un humoriste en pleine ascension. Sa réussite, il la doit à lui-même et à l’amour qu’il porte à Linda. Bon fils, il soutient les siens depuis toujours. Mais pour durer, Brahim doit sacrifier son grand frère, manager incontrôlable. Si l’échec peut coûter cher, Brahim va payer un tribut encore plus lourd au succès.

Issu de la communauté des Gens du Voyage, Teddy Lussi-Modeste, né en 1978, intègre la FEMIS et se fait déjà remarquer en 2004 avec son court-métrage Embrasser les tigres. Avec son premier long-métrage Jimmy Rivière (2011), coécrit avec la réalisatrice de Belle épine Rebecca Zlotowski, Teddy Lussi-Modeste filme à nouveau sa communauté et s’interroge sur la question de l’appartenance au groupe et la manière dont on peut s’en affranchir. Après ce vrai coup de maître, on attendait des nouvelles du réalisateur. Ce dernier revient en très grande forme avec Le Prix du succès, également coécrit avec Rebecca Zlotowski. Avec honnêteté, sincérité et réalisme, tout en empruntant parfois la voie du romanesque, Teddy Lussi-Modeste démontre avec son nouveau film qu’il est devenu un cinéaste important et passionnant.

Le Prix du succès s’inspire du propre vécu de son auteur et plus particulièrement de ses proches et amis qui croyaient que le réalisateur allait devenir riche en intégrant le monde du cinéma. Teddy Lussi-Modeste se focalise ici sur un jeune artiste de stand-up, Brahim, interprété par Tahar Rahim, qui fête ses dix ans de succès sur scène et qui souhaite évoluer dans son métier. Seulement voilà, Brahim travaille également avec son frère aîné Mourad, génialement incarné par Roschdy Zem, son manager, qui lui sert également de chauffeur et de garde du corps. Homme sanguin, impulsif, Mourad ne se rend pas compte qu’il étouffe Brahim jusqu’à ce que ce dernier, amoureux de Linda (Maïwenn), désire s’émanciper, prendre un agent (Grégoire Colin) et voler de ses propres ailes. Mourad prend alors la mouche et entre dans une spirale de violence, tandis que Brahim, vit de plus en plus mal la situation en voyant son équilibre familial s’écrouler.

De l’aveu même de Teddy Lussi-Modeste, Le Prix du succès aurait pu tout aussi bien se dérouler dans le domaine du sport ou du cinéma. Le stand-up n’est donc pas le sujet du film. Ce qui intéresse avant tout le cinéaste, c’est observer comment la cellule familiale, ici maghrébine, peut éclater en raison de la réussite professionnelle et la notoriété d’un de ses membres et comment ce succès peut engendrer jalousies et convoitises. Ici, Mourad est réellement convaincu d’avoir contribué au succès et à l’aisance financière de son frère et attend donc quelque chose en retour, comme s’il avait une dette envers lui. Alors quand il apprend que Brahim a de nouveaux projets, mais qu’il n’en fait pas partie, Mourad voit rouge et essaye même de retourner leur famille contre lui ou de s’en prendre violemment à la compagne de son frère.

Un sujet fort et original que Teddy Lussi-Modeste prend à bras le corps et met en scène avec efficacité et parfois même une tension digne d’un véritable thriller, surtout dans son dernier acte qui fait souvent mal à l’estomac. A ce titre, Roschdy Zem, remarquable, compose le plus beau personnage du film, capable d’un amour incommensurable pour son frère, mais aussi d’une violence sèche et brutale, aussi bien physique que verbale, envers lui. A l’heure où les nominations aux César ne sont pas encore tombées pour la cérémonie qui se tiendra début mars 2018, espérons que l’académie saura reconnaître le talent et la réussite du second long métrage de Teddy Lussi-Modeste, ainsi que l’excellence de ses interprètes !

LE DVD

Le DVD du Prix du succès, disponible chez Ad Vitam, est logé dans un boîtier classique de couleur blanche. Le menu principal est élégant, animé et musical.

La section des bonus propose tout d’abord une interview du réalisateur Teddy Lussi-Modeste (9’). Ce dernier aborde la genèse du Prix du succès, inspiré par quelques situations qu’il a lui-même connues, l’écriture du scénario avec Rebecca Zlotowski, ainsi que les thèmes abordés. Il insiste également sur le fait que le stand-up n’est pas ici le sujet principal du film, mais sert plutôt de « décor » comme aurait pu l’être également le théâtre ou le sport. Néanmoins, cela n’a pas empêché le cinéaste de faire quelques recherches sur ces performances, en s’inspirant de la vie de Jamel Debouzze. Teddy Lussi-Modeste se souvient également de sa rencontre avec les comédiens.

On retrouve d’ailleurs Tahar Rahim et Roshdy Zem dans un entretien court, mais souvent passionnant (8’). Les deux acteurs, visiblement complices, parlent de la notoriété et de ses travers, sur ce que la célébrité implique et ce qu’elle provoque chez certaines personnes. Tahar Rahim s’exprime également sur sa préparation pour les scènes de stand-up.

L’interactivité se clôt sur deux scènes coupées (4’30) et la bande-annonce.

L’Image et le son

Pas d’édition HD pour Le Prix du succès. Néanmoins, le film de Teddy Lussi-Modeste bénéficie d’un beau traitement de faveur en DVD. Les contrastes sont à l’avenant, la luminosité des scènes diurnes est éclatante, le piqué acéré y compris en intérieur, les noirs sont denses. Evidemment, la propreté est de mise, les détails foisonnent aux quatre coins du cadre, et hormis quelques saccades notables sur divers mouvements de caméra, la colorimétrie demeure agréablement naturelle, précise et classe.

L’éditeur joint une piste Dolby Digital 5.1 qui instaure une spatialisation musicale indéniable. Les ambiances naturelles et les effets annexes sont plutôt rares et la scène acoustique reste essentiellement frontale. De ce point de vue il n’y a rien à redire, les enceintes avant assurent tout du long, les dialogues étant quant à eux exsudés avec force par la centrale. La Stéréo n’a souvent rien à envier à la DD 5.1. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également de la partie, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Ad Vitam /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / 7 jours pas plus, réalisé par Héctor Cabello Reyes

7 JOURS PAS PLUS réalisé par Héctor Cabello Reyes, disponible en DVD chez M6 Vidéo le 3 janvier 2018

Avec :  Benoît Poelvoorde, Pitobash, Alexandra Lamy, Anne Girouard, Jean-Philippe Lejeune, Sébastien Waroquier, Renaud Rutten…

Scénario : Héctor Cabello Reyes d’après le scénario original de Sebastián Borensztein

Photographie : Frédéric Noirhomme

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Quel est le point commun entre une vache qui tombe du ciel, un quincaillier célibataire et maniaque, un jeune Indien perdu, et une jolie normande qui aime les quincailliers maniaques ? Une simple question : tout ce qui nous arrive relève-t-il vraiment du hasard ?

Si l’histoire de 7 jours pas plus vous dit quelque chose, du moins pour les plus cinéphiles d’entre vous, c’est normal puisque le film du chilien Héctor Cabello Reyes est en réalité le remake d’El Chino, formidable film argentin réalisé en 2011 par Sebastian Borensztein, avec le génial Ricardo Darin dans le rôle principal. Prix Goya du meilleur film étranger en langue espagnole en 2012, Prix Sud du meilleur film argentin en 2011 et Meilleur film et prix du public au Festival international du film de Rome, El Chino avait séduit la critique du monde entier et visiblement d’autres cinéastes. Pour son premier long métrage en tant que metteur en scène, Héctor Cabello Reyes, scénariste des films d’Eric Lavaine (Poltergay, Ingognito, Retour chez ma mère), s’est certes grandement inspiré du film de son confrère, au point de reprendre le même postulat de départ, mais parvient à s’emparer de l’histoire originale pour l’adapter à sa propre sensibilité. De plus, il offre à Benoît Poelvoorde l’occasion de composer un personnage bougon, mais au grand coeur, à mi-chemin entre celui qu’il campait dans Les Emotifs anonymes (2010) et Une famille à louer (2015) de Jean-Pierre Améris.

Dans El Chino, un Argentin et un Chinois étaient réunis grâce (ou à cause) d’une vache tombée du ciel. Ici, un français (ou un belge, difficile de savoir) se retrouve flanqué d’un indien pour les mêmes raisons. Héctor Cabello Reyes a voulu incorporer plus d’émotion et de profondeur au récit original, tout en préservant les éléments comiques. Mais force est d’admettre que 7 jours pas plus demeure très proche d’El Chino. Comme dans ce film, Pierre, le personnage principal est un vieux garçon quincailler, bourru et grincheux. Il passe ses journées à compter ses vis cruciformes pour savoir si la quantité correspond à ce qui est indiqué sur la boite. Le soir il découpe des articles de faits divers dans les journaux pour les coller dans un album. Il se couche et éteint sa lampe de chevet à 23h. Un jour, alors qu’il se promène sur le port, il tombe sur Ajit (l’acteur Pitobash, étonnant), un immigré indien qui vient de débarquer et qui a perdu l’adresse de l’oncle qu’il devait retrouver. Comme Ajit n’a nulle part où aller, Pierre l’accueille chez lui, à une condition : qu’il ne reste pas plus de sept jours. Ajit va devenir le grain de sable dans la vie très réglée de Pierre, mais va peu à peu le conduire, de situations absurdes en drôles de coïncidences, à changer imperceptiblement. Pendant ce temps, Jeanne, femme pleine de vie et souriante, tombe amoureuse de Pierre, persuadée que derrière ce mauvais caractère se cache une immense sensibilité.

Incroyable, mais vrai, El Chino s’inspirait au départ d’une histoire vraie. Au Japon, des vaches avaient été volées dans un champ et placées à l’arrière d’un petit avion russe. Elles sont ensuite tombées par la porte ouverte en plein vol. L’une d’entre elles avait fini sa chute en venant s’écraser sur un bateau. Avec son humour burlesque, sa tendresse et son air renfrogné, Benoît Poelvoorde, impérial, créé un personnage très attachant que l’on suit volontiers à travers cette aventure rocambolesque. Mention spéciale également à Alexandra Lamy qui n’a jamais été aussi convaincante dans le registre dramatique et qui émeut à plus d’un titre.

Ne manquant pas d’imagination (à deux reprises le film a même recours à l’animation), cette comédie poétique, pleine de charme, à la fois feel-good et buddy movie où la barrière des langues n’empêche pas l’amitié, séduit à plus d’un titre et il serait vraiment dommage de s’en priver.

LE DVD

Le test du DVD de 7 jours pas plus, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Exit le visuel de l’affiche du film, pourtant sympathique, au profit d’une jaquette plus classique et peu représentative du long métrage, qui met en avant Alexandra Lamy (qui n’apparaissait pas sur l’affiche), Benoît Poelvoorde et Pitobash.

Seule la bande-annonce est proposée comme bonus.

L’Image et le son

Le transfert est correct et passe-partout. Les couleurs sont jolies, chaudes, sans en mettre plein les yeux, le piqué est aléatoire, nettement plus vigoureux sur les scènes diurnes en extérieur. Les ambiances tamisées sont nettes et reposantes, les contrastes bien gérés. Cependant, les gros plans ne sont pas aussi ciselés que nous pouvions l’espérer, les visages sont un peu blafards. Malgré des petits défauts constatés et baisses de la définition, le master de 7 jours pas plus instaure un confort de visionnage largement suffisant pour voir ou revoir cette belle petite fable.

7 jours pas plus est disponible en Dolby Digital 5.1 et Stéréo. En dehors d’une légère spatialisation musicale et d’une introduction impressionnante avec le vol plané de la vache, l’ensemble du mixage se focalise sur les enceintes avant avec une nette restitution des dialogues sur la centrale et des effets discrets. Malgré quelques résonances sur certains échanges, aucun accroc n’est à signaler. La piste Stéréo est largement suffisante pour un film de cet acabit et conviendra aisément à ceux qui ne seraient pas équipés sur les latérales. Le caisson de basses reste assoupi tout du long. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Océan Films /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr