Test Blu-ray / Scorpio, réalisé par Michael Winner

SCORPIO réalisé par Michael Winner, disponible en DVD et Blu-ray le 21 août 2018 chez ESC Editions

Acteurs : Burt Lancaster, Alain Delon, Paul Scofield, John Colicos, Gayle Hunnicutt, J.D. Cannon, Joanne Linville, James Sikking…

Scénario : David W. Rintels, Gerald Wilson

Photographie : Robert Paynter

Musique : Jerry Fielding

Durée : 1h55

Année de sortie : 1973

LE FILM

Cross, un agent confirmé de la CIA, a autrefois pris sous son aile Laurier, une nouvelle recrue, et lui a tout appris au sujet de l’espionnage. Aujourd’hui coéquipiers, le vétéran ressent que ses supérieurs se montrent distants à son égard et il ne se trompe pas. En effet, ils ont chargé son ancien élève de l’éliminer ! Cross s’enfuit alors à Vienne pour retrouver un ami travaillant pour les services secrets soviétiques…

Installé aux Etats-Unis depuis le début des années 1970 après le succès des Collines de la terreurChato’s land, le cinéaste britannique Michael Winner (1935-2013) vient de connaître son premier triomphe à Hollywood avec L’Homme de la loiLawman avec Burt Lancaster. Il a alors le vent en poupe et enchaîne avec Le CorrupteurThe Nightcomers (1971) avec Marlon Brando, puis surtout Le FlingueurThe Mechanic (1972) et Le Cercle noirThe Stone killer (1973) qui installent le mythe Charles Bronson. Juste avant l’explosion d’Un justicier dans la ville, Michael Winner collabore à nouveau avec Burt Lancaster pour Scorpio, thriller d’espionnage dans lequel la star retrouve son partenaire du Guépard, Alain Delon, dix ans après l’adaptation de Giuseppe Tomasi di Lampedusa par Luchino Visconti. Scorpio est l’antithèse des épisodes de James Bond qui fleurissaient alors depuis 1962. Michael Winner refuse l’action spectaculaire au profit d’une étude psychologique de ses personnages, prisonniers malgré-eux de la conjoncture politique internationale et du changement du fonctionnement de leur institution. S’il n’est pas aussi connu que ses autres films, Michael Winner signe pourtant une de ses œuvres les plus riches et complexes.

Gerald Cross est un ancien agent expérimenté de la CIA, ayant tué durant sa carrière d’espion, qui a pris sous sa coupe le jeune Jean Laurier surnommé Scorpio, afin de le former et éventuellement le remplacer. Cross enseigne à son poulain à se protéger autant de ceux qui l’emploient que de ses adversaires. La CIA, en la personne de McLeod, soupçonne Cross de trahison, comme agent-double, au profit de l’Union Soviétique. L’occasion de se servir de Laurier, accusé de trafic de stupéfiant par un montage, permet de suivre la trace de Cross parti en Europe à la recherche de son épouse Sarah. Laurier, ambitieux, qui aimerait justement être enrôlé à la CIA, accepte de trahir son ex-mentor. Cependant, en agent expérimenté, Cross réussit à déjouer les multiples pièges tendus par Laurier et son équipe, et parvient à se réfugier à Vienne. Il découvre alors que sa femme a été assassinée.

Ça ne rigole pas dans Scorpio ! Beaucoup plus proche des romans (et de leurs transpositions au cinéma) des œuvres de John le Carré que de celles de Ian Fleming, le film de Michael Winner ne craint pas de développer ses personnages là où les spectateurs attendaient peut-être des scènes d’action et des règlements de comptes. Ce qui attire évidemment en premier lieu dans Scorpio, c’est la confrontation, mais aussi le passage de témoin entre les deux têtes d’affiche. La complicité des deux personnages (et des acteurs) est évidente dans la première partie, celle où Cross, vieux briscard sur le point de mettre un terme à ses activités, enseigne tout ce qu’il sait à son jeune protégé Laurier, alias Scorpio, sobriquet qui lui vient de sa capacité à se mouvoir très vite et à se sortir des mauvaises situations. Tout irait pour le mieux pour ces deux hommes qui ont un profond respect l’un envers l’autre, jusqu’à ce que cet organisme indépendant et tentaculaire, pour ne pas dire criminel et même mafieux qu’est la CIA les dresse au rang d’adversaires.

Parallèlement, ce sont deux écoles de cinéma, deux générations qui s’affrontent à l’écran. Agé de 60 ans au moment du tournage, Burt Lancaster démontre qu’il en a encore sérieusement sous le capot et qu’il n’est pas prêt à se laisser bouffer par le jeune loup Delon. Ce dernier, ami de Burt Lancaster dans la vie, est de son côté prêt à tout pour s’élever au rang de son aîné et apporte avec lui son bagage « melvillien ». Impossible de ne pas penser au Samouraï quand le comédien apparaît avec son imperméable, les mains dans les poches. C’est ce rapport quasi-méta qui s’installe dans Scorpio et ce qui en fait sa qualité principale.

Certains spectateurs pourront trouver le temps long, car le film est assez bavard quand il détaille les méthodes des bureaucrates et des technocrates, ainsi que leur stratégie à adopter pour mettre la main sur Cross, mais Michael Winner, en pleine possession de ses moyens, parvient à maintenir un rythme, certes languissant, mais en maintenant l’intérêt. Un jeu du chat (les félins sont d’ailleurs bien présents) et de la souris s’instaure entre Paris, Washington DC et Vienne où plane l’ombre du Troisième homme de Carol Reed, avec comme point d’orgue une phénoménale course-poursuite entre les deux personnages principaux, dans le décor du chantier du métro viennois en construction. Une longue scène d’action menée à cent à l’heure sur la sublime composition de Jerry Fielding, où les comédiens effectuent leurs impressionnantes cascades sans être doublés.

Profondément pessimiste, Scorpio est un film d’espionnage ambigu et crépusculaire, qui mérite d’être sérieusement reconsidéré.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Scorpio, disponible chez ESC Editions, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Le premier module disponible dans la section des suppléments, est une brillante analyse de Scorpio par Olivier Père (23’). Le journaliste, critique de cinéma, directeur général d’Arte France cinéma et directeur cinéma à Arte France replace tout d’abord le film qui nous intéresse dans l’oeuvre de Michael Winner, ainsi que le parcours de ce dernier, ses succès, notamment sa collaboration avec Charles Bronson. Puis, Olivier Père revient de manière plus approfondie sur les thèmes de Scorpio, ses personnages, leurs liens, tout en évoquant le contexte historique du film, les Etats-Unis plongés en pleine paranoïa après l’assassinat de JFK et l’Affaire du Watergate. Olivier Père défend le cinéma de Michael Winner, dresse quelques parallèles entre Scorpio et Le Flingueur, sans oublier de parler des partis pris du metteur en scène.

Le second bonus donne la parole à Jean-Claude Messiaen (20’). Critique et réalisateur, ce dernier raconte qu’il était attaché de presse au début des années 1970 pour le compte des Artistes Associés. De ce fait, il avait réussi à se faire engager sur le tournage du film de Michael Winner, encore intitulé à l’époque «Danger Field », pour suivre le réalisateur à Paris, avec lequel il entretenait jusqu’à présent qu’une correspondance écrite. Jean-Claude Messiaen évoque surtout la méthode du cinéaste, sa rencontre avec Burt Lancaster, ainsi que les thèmes de Scorpio qu’il résume par « la fin des idéologies ».

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

En France, le film de Michael Winner n’était disponible qu’en DVD chez MGM dans une version non restaurée. C’est donc avec un très grand plaisir que nous redécouvrons Scorpio en Haute-Définition grâce aux bons soins d’ESC Editions. Malgré un grain aléatoire, heureusement conservé ceci dit, les scènes diurnes et nocturnes sont logées à la même enseigne et formidablement rendues avec ce master nettoyé de presque toutes défectuosités. Mis à part un générique vacillant et très grumeleux, les contrastes du chef opérateur Robert Paynter (Superman II, Série noire pour une nuit blanche), retrouvent une nouvelle densité. Les nombreux points forts de cette édition demeurent la beauté des gros plans (voir les yeux bleus des deux comédiens principaux), la propreté du master (hormis quelques points blancs), les couleurs souvent ravivées et le relief des scènes en extérieur jour avec des détails plus flagrants. Quelques fléchissements de la définition, mais rien de rédhibitoire. Enfin, le film est proposé dans son format d’origine 1.85.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 1.0 sont propres, efficaces et distillent parfaitement la musique de Jerry Fielding. La piste anglaise ne manque pas d’ardeur et s’avère la plus équilibrée du lot. Au jeu des différences, la version française apparaît plus sourde. Aucun souffle constaté sur les deux pistes.

Crédits images : © MGM / Les Artistes Associés / ESC Editions / ESC Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Vendetta, réalisé par Gregory Ratoff

VENDETTA (The Corsican Brothers) réalisé par Gregory Ratoff, disponible en combo Blu-ray+DVD le 21 août 2018 chez Rimini Editions

Acteurs : Douglas Fairbanks Jr., Ruth Warrick, Akim Tamiroff, J. Carrol Naish, H.B. Warner, John Emery…

Scénario : George Bruce, Howard Estabrook d’après le roman Les Frères corses d’Alexandre Dumas

Photographie : Harry Stradling Sr.

Musique : Dimitri Tiomkin

Durée : 1h51

Année de sortie : 1941

LE FILM

Au XIXè siècle, en Corse. Alors que sa femme est sur le point d’accoucher, le comte Franchi est assassiné par le baron Colonna, qui fait exécuter toute sa famille et détruire son château. Seuls survivants : les bébés siamois qui viennent de naître, et qui sont aussitôt séparés par un chirurgien hors pair, ami du comte. L’un d’eux, Mario, est envoyé à Paris pour être élevé par une riche famille. Le second, Lucien, reste en Corse et devient un bandit. Les années passent, les deux frères grandissent en ignorant l’existence l’un de l’autre.

Réalisé en 1941, VendettaThe Corsican Brothers est l’adaptation du roman Les Frères corses d’Alexandre Dumas publié en 1844. Suite au succès de L’Homme au masque de fer (1939) de James Whale et du Fils de Monte-Cristo (1940) de Rowland V. Lee, le producteur Edward Small a de la suite dans les idées et jette à nouveau son dévolu sur l’un des écrits d’Alexandre Dumas père. Alors qu’il refusait jusqu’alors les films de cape et d’épée afin de ne pas être comparé à son illustre père, Douglas Fairbanks Jr. (1909-2000) accepte le rôle principal de Vendetta, ou plutôt le double-rôle principal puisque le comédien vu dans La Patrouille de l’aube d’Howard Hawks et Le Petit César de Mervyn LeRoy incarne à l’écran deux frères jumeaux. Le film conserve un charme fou, désuet certes, mais où la magie opère grâce à l’interprétation endiablée d’un Douglas Fairbanks Jr. bourré de charisme, bondissant et magnifique dans les scènes de duel. Escrimeur émérite, l’acteur fait autant preuve de dextérité et de talent en maniant le sabre qu’en donnant une personnalité spécifique à chacun de ses personnages.

S’il demeure assez méconnu dans nos contrées, ce court roman d’Alexandre Dumas père est pourtant très prisé dans les pays anglo-saxons. Décliné au théâtre, il reste également le premier livre de l’écrivain transposé au cinéma dès 1898 et compte à ce jour près d’une quinzaine d’adaptations. Tout Dumas y est. Le scénariste George Bruce parvient à restituer les rebondissements, les enjeux et l’atmosphère du roman original, tout en respectant cette ambiance quasi-fantastique et surnaturelle qu’affectionnait particulièrement Dumas. Vendetta est d’ailleurs un film étonnant, puisqu’il demeure l’un des premiers à montrer des frères siamois à l’écran. En effet, à leur naissance les frères Franchi naissent liés par l’abdomen. Leur père décide de tenter une opération destinée à les séparer. C’est un succès. Seulement les frères restent connectés « par l’âme » et quand l’un est blessé ou ressent une vive émotion, l’autre la ressent de son côté. Séparés et élevés en ignorant l’existence de l’autre suite à l’assassinat de leur père, Lucien et Mario grandissent différemment. Le premier en devenant un bandit en Corse, le second en menant une vie de mondain à Paris. Mais ce lien télépathique unique est encore là, chacun ayant des visions de l’autre. Jusqu’au jour où le destin les réunit enfin et où ils décident de venger la mort de leur père.

Douglas Fairbanks Jr. est fabuleux dans ce double-rôle, qui a depuis inspiré moult films du genre, y compris Double Impact (1991) de Sheldon Lettich avec Jean-Claude Van Damme et Double Dragon (1992) de Tsui Hark et Ringo Lam avec Jackie Chan ! Dédoublé grâce aux effets spéciaux – comme Robert Donat en 1935 dans le succulent Fantôme à vendre de René Clair – plutôt dingues pour l’époque et qui sont encore aujourd’hui très réussis, Douglas Fairbanks Jr. crève l’écran en aventurier romantique et sensible, mais aussi fougueux et déterminé. Vendetta sera son baroud d’honneur avant de partir à la guerre. Il ne reviendra au cinéma qu’en 1947 avec Sinbad le marin de Richard Wallace. Les séquences d’affrontements s’enchaînent sur un rythme trépident, la mise en scène de Gregory Ratoff est sans cesse inventive, à l’instar du duel final et de la poursuite à cheval. Le spectacle est encore garanti !

LE BLU-RAY

Un peu plus d’un an après son édition en DVD, Vendetta est de retour chez Rimini Editions en Blu-ray avec des suppléments inédits. Ce combo Blu-ray+DVD est disponible dans un boîtier Amaray classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné. La jaquette est estampillée Collection Alexandre Dumas. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

Le premier bonus de cette édition (17’30) croise les interventions d’Odile Bordaz (docteur en Histoire de l’art), Christophe Champclaux (historien du cinéma) et Michel Olivier (maître d’armes). L’historien du cinéma se taille la part du lion en replaçant Vendetta dans la filmographie de Douglas Fairbanks Jr., tout en revenant longuement sur le roman d’Alexandre Dumas, ses thèmes et ses diverses déclinaisons au théâtre et au cinéma. La participation de Michel Olivier est un peu plus anecdotique. Odile Bordaz aborde de son côté la part fantastique de quelques œuvres de l’écrivain. Si les propos sont souvent pertinents, le montage laisse à désirer.

Le second module (6’) donne à nouveau la parole à Michel Olivier. Dans son costume d’époque, le maître d’armes présente Les Lames sur Seine, association d’Escrime Artistique et de Spectacle de Neuilly-sur-Seine, agréée Jeunesses et Sports, également une école de formation et un Centre de création de spectacles d’Escrime Artistique. L’Escrime Artistique fait revivre la pratique de l’escrime à travers toutes les époques, de l’Antiquité au début du XXème siècle, en passant par le Grand Siècle et le Siècle des Lumières. L’occasion de découvrir quelques extraits de représentations au Château de Breteuil.

L’interactivité se clôt sur une présentation des quatre visuels des éditions de la collection Alexandre Dumas disponible chez Rimini.

L’Image et le son

Il serait difficile de faire mieux. Ce nouveau master Haute-Définition (1.33) permet de découvrir ou de revoir Vendetta dans de formidables conditions techniques. La propreté est éloquente, les contrastes maîtrisés, le N&B élégant et lumineux, le piqué impressionnant et le relief indéniable. Le grain est certes parfois trop lissé, les plans où apparaissent deux Douglas Fairbanks Jr. sont sensiblement plus altérés et les fondus enchaînés entraînent divers décrochages, mais le confort de visionnage est appréciable. Une restauration et un lifting de premier ordre pour le film de Gregory Ratoff.

Privilégiez évidemment la version originale, restaurée, fluide, sans souffle et dynamique. En revanche, la piste française (absente de l’ancienne édition DVD) grésille et les dialogues sont souvent couverts.

Crédits images : © Impex Films / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Game Night, réalisé par Jonathan Goldstein & John Francis Daley

GAME NIGHT réalisé par Jonathan Goldstein & John Francis Daley, disponible en DVD et Blu-ray le 22 août 2018 chez Warner Bros.

Acteurs : Jason Bateman, Rachel McAdams, Kyle Chandler, Sharon Horgan, Billy Magnussen, Lamorne Morris, Kylie Bunbury, Jesse Plemons, Michael C. Hall…

Scénario : Mark Perez

Photographie : Barry Peterson

Musique : Cliff Martinez

Durée : 1h40

Année de sortie : 2018

LE FILM

Pour pimenter leur vie de couple, Max et Annie animent un jeu une nuit par semaine. Cette fois ils comptent sur Brooks, le frère charismatique de Max, pour organiser une super soirée à thème autour du polar, avec vrais faux malfrats et agents fédéraux ! Brooks a même prévu de se faire enlever… sauf qu’il reste introuvable. En tentant de résoudre l’énigme, nos joueurs invétérés commencent à comprendre qu’ils se sont peut-être trompés sur toute la ligne. De fausse piste en rebondissement, ils n’ont plus aucun point de repère et ne savent plus s’il s’agit encore d’un jeu… ou pas. Cette nuit risque bien d’être la plus délirante – et la plus dangereuse – de toute leur carrière de joueurs…

Cela fait plus de trente ans que Jason Bateman (né en 1969) traverse le cinéma américain, en se spécialisant notamment dans la comédie. En tant que second rôle (Allumeuses !, Starsky et Hutch, Dodegball ! Même pas mal !, La Rupture, Hancock) ou au premier plan (Une famille très moderne, Comment tuer son boss ?, Echange standard, Arnaque à la carte), l’acteur a toujours su s’imposer. Son nom reste toutefois méconnu dans nos contrées, même si son visage illuminé par ses petits yeux ronds marque souvent les spectateurs. Pour Game Night, il retrouve les scénaristes de Comment tuer son boss ? (John Francis Daley) et Comment tuer son boss ? 2 (Jonathan Goldstein), déjà passés à la mise en scène en 2015 avec Vive les vacances. Game Night est une comédie savoureuse menée à cent à l’heure, interprétée par des acteurs survoltés menés par Jason Bateman donc, mais aussi par la sublime Rachel McAdams, qui se renvoient la réplique désopilante durant 1h40. Non seulement Game Night est l’un des films les plus drôles de l’année 2018 (la scène du chien tâché de sang est même hilarante), mais il est également excellemment mis en scène (la course à l’oeuf de Fabergé tournée en – faux – plan-séquence !) et se permet même de flirter avec le thriller et le polar, en convoquant notamment le désormais classique de David Fincher, The Game. Excellent jusqu’au générique de fin, également un grand morceau de bravoure.

Des amis se réunissent régulièrement chez Max et Annie pour jouer à des jeux de société. Leur voisin tente avec insistance de se faire inviter. Un jour, Max reçoit la visite de son frère Brooks qui a financièrement réussi dans la vie. Brooks les invite à une soirée de jeux qu’ils n’oublieront pas. Arrivés sur les lieux, ils apprennent que le gagnant de la soirée sera l’heureux propriétaire d’une voiture sport des années 1960. Quelques instants plus tard, un agent du FBI entre dans la maison, leur explique que des kidnappeurs sévissent dans le quartier et qu’ils n’ont que quelques heures pour libérer une personne grâce aux indices se trouvant dans un dossier qu’il leur remet. Deux hommes masqués font irruption dans la maison et enlèvent Brooks devant les yeux des invités qui observent la situation avec insouciance, croyant qu’il s’agit d’une mise en scène. Les kidnappeurs et le frère partis, les trois couples commencent à rechercher des indices.

Quel pied ! Non seulement Game Night est une comédie très bien écrite, mais la réalisation est aussi très inventive, les metteurs en scène transformant la ville d’Atlanta et sa banlieue résidentielle en véritable plateau de jeu de société. Les quiproquos s’enchaînent sur un rythme trépidant, la photo du chef opérateur Barry Peterson (21 Jump Street, Agents presque secrets) est très élégante et les acteurs y vont à fond. Si le couple principal est aussi génial que beau à regarder (forever Rachel…), Kyle Chandler s’éclate dans un rôle à contre-emploi, mais c’est surtout Jesse Plemons qui tire son épingle du jeu et vole toutes les scènes à chaque apparition dans la peau du voisin étrange de Max et Annie. Constamment vêtu de son uniforme de la police, son petit chien dans les bras et avec son faux air de Matt Damon, Jesse Plemons, vu dernièrement dans Pentagon Papers de Steven Spielberg et The Master de Paul Thomas Anderson, crève l’écran et campe l’un des personnages les plus marquants de l’année 2018 au cinéma.

Ce véritable jeu de pistes, gros succès aux Etats-Unis, mais relativement passé inaperçu en France, mérite une seconde chance chez nous, mais on parie que ce film burlesque, à l’humour noir revigorant et absurde parviendra à se faire une petite renommée.

LE BLU-RAY

Game Night tente une nouvelle percée en France avec sa sortie en DVD et Blu-ray chez Warner Bros. L’édition HD repose dans un boîtier écolo (moins de plastique donc) et la jaquette reprend le visuel de l’affiche français d’exploitation. Le menu principal est fixe et musical.

Edition minimaliste pour Game Night. C’est dommage. Il faudra se contenter d’un pseudo making-of (4’) composé d’images de tournage et d’interviews de l’équipe. On aurait aimé en savoir plus sur la création du plan-séquence de la course à l’oeuf !

L’interactivité se clôt sur un bêtisier (7’).

L’Image et le son

L’éditeur livre un Blu-ray parfait avec son lot de détails confondants sur le cadre large 2.40. La colorimétrie est sublime, la profondeur de champ est éloquente, les blancs brillants et les gros plans, tout comme les superbes panoramas sur Atlanta, bénéficient d’un piqué pointu au relief impressionnant. Les très nombreuses séquences nocturnes sont sublimes, fluides, avec de belles ambiances tamisées, des noirs denses et une restitution des textures appliquées. C’est ce qu’on appelle un transfert élégant.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 anglais, aussi percutant dans les scènes de poursuites que dans les échanges traditionnels. Les séquences sur le tarmac ou durant la course à l’oeuf peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales. Les effets annexes sont très présents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. En revanche, la piste française, proposée dans un pauvre Dolby Digital 5.1, parvient à s’en sortir, même s’il n’y a pas de comparaison possible avec la version originale.

Crédits images : ©  2018 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. AND RATPAC-DUNE ENTERTAINMENT LLC / Hopper Stone / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Escobar, réalisé par Fernando León de Aranoa

ESCOBAR (Loving Pablo) réalisé par Fernando León de Aranoa, disponible en DVD et Blu-ray le 22 août 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs : Javier Bardem, Penélope Cruz, Peter Sarsgaard, Julieth Restrepo, Óscar Jaenada, Santiago Soto, Quique Mendosa, Ariel Sierra…

Scénario : Fernando León de Aranoa d’après une histoire originale et le livre de Virginia Vallejo, « Pablo, je t’aime, Escobar, je te hais » (« Amando a Pablo, odiando a Escobar »)

Photographie : Alex Catalán

Musique : Federico Jusid

Durée : 2h03

Année de sortie : 2017

LE FILM

Impitoyable et cruel chef du cartel de Medellin, Pablo Escobar est le criminel le plus riche de l’histoire avec une fortune de plus de 30 milliards de dollars. « L’empereur de la cocaïne » met la Colombie à feu à sang dans les années 80 en introduisant un niveau de violence sans précédent dans le commerce de la drogue. Fascinée par son charisme et son pouvoir, la très célèbre journaliste Virginia Vallejo, va s’apercevoir qu’on ne s’approche pas de l’homme le plus dangereux du monde impunément…

Décidément, le célèbre trafiquant colombien de cocaïne Pablo Escobar (1949-1993) n’a de cesse d’inspirer le cinéma et la télévision. Après Cliff Curtis dans Blow de Ted Demme (2001), Benicio del Toro dans Paradise Lost d’Andrea Di Stefano (2014), sans oublier Wagner Moura dans la série Narcos, c’est au tour de Javier Bardem d’interpréter le baron de la drogue des années 1980 dans Escobar, un rôle qu’il convoitait depuis près de vingt ans et qui pour ainsi dire lui revenait de droit. Rien de bien nouveau dans ce biopic qui se contente d’aligner les poncifs et moments attendus répertoriés sur la fiche Wikipédia du roi de la blanche, qui fait le plus souvent penser à un remake de Mesrine de Jean-François Richet passé à la sauce Tarantinesque, si cela veut dire quelque chose. Certes, Javier Bardem s’en sort très bien dans ce rôle pour lequel il s’investit à fond, avec grosse bedaine et tout, mais le film pâtit de l’interprétation outrancière de Penélope Cruz, que nous n’avions pas vue aussi mauvaise depuis très longtemps. C’est d’ailleurs la sixième fois que le couple Bardem-Cruz se donne la réplique au cinéma.

Pour se démarquer de toutes les productions tournant autour du narcotrafiquant colombien, le scénariste et réalisateur espagnol Fernando León de Aranoa a choisi de centrer son film sur la liaison amoureuse entre Pablo Escobar et la journaliste-présentatrice Virginia Vallejo, dont le livre autobiographique Loving Pablo, Hating Escobar a d’ailleurs servi de base au récit. Il n’y a rien à redire sur la reconstitution, sur les décors, sur la technique assez impressionnante et la mise en scène, comme lors de cette séquence de l’atterrissage d’un avion sur une autoroute. Le gros problème, c’est qu’on a l’impression d’avoir déjà vu ça des centaines de fois au cinéma et que rien ne distingue Escobar d’autres films sur le sujet des cartels, en attendant que Sylvester Stallone vienne faire un peu de ménage là-dedans avec son très attendu Rambo V.

Escobar s’apparente à une succession de vignettes bien chiadées sur la forme, mais qui ennuient et lassent sur le fond. Javier Bardem (également producteur) donne de sa personne avec ses yeux camés, son bide proéminent, sa moustache mal taillée et son accent à couper au couteau. Mais il semble être le seul à croire à l’entreprise. Ses partenaires ont du mal à exister à ses côtés, y compris sa propre épouse Penélope Cruz. La comédienne, coiffée comme Bernadette Chirac et maquillée comme une voiture volée n’apporte aucune crédibilité à son personnage, aussi pénible qu’inintéressant. L’utilisation de l’anglais pose également un gros problème, l’actrice ayant toujours eu du mal dans cette langue. Alors forcément, interpréter une colombienne et jouer dans la langue de Shakespeare (comme le reste du casting, seules les insultes restent en espagnol) avec l’accent du pays, le défi était de taille, surtout que sa voix est aussi omniprésente qu’une piste audiodescription, puisqu’elle assure la narration – on pourrait même dire qu’elle paraphrase l’action – durant plus de deux heures. Finalement, peu importe ce qui peut lui arriver car Javier Bardem, bluffant, s’étale tellement à l’écran, au sens propre comme au figuré, qu’il ne reste que très peu de place pour ceux qui l’entourent. A part peut-être Peter Sarsgaard, dans un rôle pourtant très limité.

De son côté, le réalisateur suit son cahier des charges, à savoir : a) montrer Escobar pénétrer le marché américain de la drogue b) suivre le cartel de Medellín s’étendre aux Etats-Unis où il fournit 80 % de la cocaïne c) ne pas oublier d’évoquer l’élection d’Escobar comme suppléant à la Chambre des représentants de Colombie pour le Parti libéral d) mettre en scène les assassinats des membres des réseaux et cartels concurrents, sans oublier les juges, politiciens et officiers de police qui mettraient le nez (poudré) dans ses affaires. Parallèlement, Escobar ne cesse de s’enrichir, de perdre pied à mesure qu’il s’en envoie dans le pif, se retrouve entre sa femme et mère de ses enfants et sa maîtresse (Virginia Vallejo donc) pour finalement devoir composer avec le monstre qu’il a lui-même créé.

Escobar n’est pas un film déplaisant ni inintéressant, loin de là, c’est juste que rien ne le distingue des autres films de genre, y compris dans les séquences d’exécution pourtant très violentes. Pas étonnant que ce thriller soit passé complètement inaperçu lors de son rapide passage dans les salles.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Escobar, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Trois interviews sont proposées dans la section des suppléments. Penélope Cruz (9’), Javier Bardem (15’) et Peter Sarsgaard (6’) reviennent sur les intentions et la direction d’acteurs de Fernando León de Aranoa, le point de vue adopté pour raconter l’histoire, les personnages, leur préparation, le tournage en Colombie et les partis pris. Javier Bardem se taille la part du lion et aborde point par point la façon dont il s’est approprié la figure d’Escobar. Il est de loin le plus passionnant du trio. De son côté, Penélope Cruz a visiblement du mal à défendre ce film dans un anglais souvent hésitant. Ses mains s’agitent beaucoup trop et ses arguments manquent de consistance. Enfin, Peter Sarsgaard passe beaucoup de temps à dire tout le bien qu’il pense de ses partenaires.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Ce master HD (1080p, AVC) d’Escobar ne déçoit pas et se révèle même superbe. Le piqué et le relief sont acérés tout du long et permet d’apprécier les visages des comédiens (ainsi que leurs prothèses), la clarté est de mise, le cadre large offre un lot confondant de détails y compris sur les scènes sombres et la belle photographie marquée par des teintes alliant le chaud et le froid est habilement restituée. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses. Les meilleures conditions techniques sont réunies et la définition est exemplaire.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et « spanglish », autant dans les scènes d’affrontements secs que dans les séquences plus calmes. Quelques séquences sortent de lot, à l’instar de l’atterrissage de l’avion sur l’autoroute, comme celles des exécutions et de l’assaut dans la jungle. Les mixages imposent une balance impressionnante des frontales comme des latérales, des effets annexes très présents et dynamiques, des voix solidement exsudées par la centrale. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. L’éditeur joint également deux pistes Stéréo.

Crédits images : © SND / M6 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Drone, réalisé par Jason Bourque

DRONE réalisé par Jason Bourque, disponible en DVD et Blu-ray le 22 août 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs : Sean Bean, Patrick Sabongui, Mary McCormack, Maxwell Haynes, Joel David Moore, Viv Leacock, Sharon Taylor, Bradley Stryker…

Scénario : Paul A. Birkett, Jason Bourque d’après une histoire originale de Ian Birkett, Roger Patterson, Paul A. Birkett

Photographie : Graham Talbot, Nelson Talbot

Musique : Michael Neilson

Durée : 1h27

Année de sortie : 2017

LE FILM

Neil est un pilote de drone chevronné qui réalise des missions secrètes pour la CIA tout en menant une vie de famille discrète dans une banlieue sans histoire. Jusqu’à ce qu’une fuite sur un site web de dénonciation fasse de lui la cible d’un homme d’affaires pakistanais énigmatique convaincu qu’il est responsable de la mort de sa femme et de son enfant. Cette traque de tous les instants va l’exposer à une menace mortelle et mener à une confrontation pleine de suspense.

Au fait, il devient quoi Sean Bean depuis Game of Thrones ? Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’acteur n’a pas chômé dans les années 2010. Celui qui est mort près d’une trentaine de fois à l’écran a récemment incarné Zeus (rien que ça) dans les deux épisodes de la franchise Percy Jackson, le père de Blanche-Neige dans le film de Tarsem Singh, fait un petit tour chez les sœurs Wachowski (Jupiter : Le Destin de l’univers) et Ridley Scott (Seul sur Mars), tourné deux saisons de la série The Frankenstein Chronicles. Etonnamment, on le retrouve à bord d’une minuscule production canadienne, Drone, réalisée et coécrite par un certain Jason Bourque (et non pas Bourne), auteur d’une multitude de téléfilms catastrophes (ou catastrophiques c’est selon), aux titres explicites comme Asteroid impact, Tornades de pierres, Le jugement dernier, Termination Point, La dernière tempête et ainsi de suite. Autant dire que si Sean Bean a accepté d’apparaître dans Drone, c’est uniquement pour payer un arriéré d’impôts.

Si le comédien espérait que le film reste réservé au Canada, c’est raté. Comme Drone lui-même d’ailleurs. L’affiche annonce un film d’action ou de guerre. Il n’en est rien. A part deux explosions qui explique le contexte, Drone est en réalité un drame psychologique sur le deuil et la culpabilité, teinté de home-invasion. Et encore, toutes proportions gardées. Sean Bean interprète un pilote de drone de haut niveau, Neil Wistin, qui partage sa vie entre ses contrats classés secret défense par la CIA et sa vie de famille compliquée en raison de son fils distant Shane. Neil vient de perdre son père et cette perte renferme encore plus Shane, qui était très proche de son grand-père. Ellen, la femme de Neil, lassé de ce mari taciturne, entame une liaison avec un autre homme. Jusqu’au jour où des informations confidentielles sont dévoilées au grand jour sur internet. Certaines d’entre elles sont interceptées par un homme, Imir Shaw, qui prend pour cible Neil, convaincu que celui-ci est l’auteur de l’explosion ayant abattu son épouse et sa fille au Pakistan un an auparavant. Alors que Shaw cherche à se venger, Wistin est confronté aux conséquences fatales de son métier.

Pas grand-chose à défendre de ce thriller canadien qui se contente de faire du surplace après une exposition pourtant intéressante et plutôt impressionnante. Cinq minutes après, le film adopte alors un rythme de croisière très lent, qui sera conservé jusqu’à la fin. Aucun rebondissement à l’horizon, Drone essaye d’instaurer une tension qui va crescendo, mais la technique d’ensemble est tellement pauvre avec sa mise en scène fonctionnelle, ses décors aseptisés et sa médiocre direction d’acteurs que l’on se désintéresse rapidement de ce qui peut bien se dérouler à l’écran. Si Sean Bean assure tant bien que mal, c’est surtout sur sa mauvaise teinture qui attire le regard, et le comédien se fait finalement voler la vedette par Patrick Sabongui. L’acteur québécois vu dans la série Flash et certains blockbusters hollywoodiens comme le Godzilla de Gareth Edwards, Warcraft: Le commencement de Duncan Jones, et prochainement à l’affiche de The Predator de Shane Black, compose un personnage intéressant et finalement plus attachant que les membres de cette famille dysfonctionnelle. Le film vaut essentiellement pour lui. Car le reste du temps, on rit involontairement devant le jeu souvent outrancier du jeune Maxwell Haynes, très peu convaincant et qui en fait des tonnes, tout comme la pauvre Mary McCormack (À la Maison-Blanche, US Marshals : Protection de témoins) qui doit faire avec son rôle réduit à celui de la femme infidèle.

On peut excuser le fait de s’être fait blouser par la jaquette qui vendait un film d’action, mais on peut difficilement être magnanime avec ce mauvais drame standard, très bavard, pauvrement mis en scène et mollement interprété.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Drone, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, animé et musical. Nous l’avons dit précédemment, mais contrairement à ce que l’on pourrait croire en voyant la jaquette explosive (« La riposte a commencé… »), le film de Jason Bourque n’est en aucun cas un film d’action ou de guerre.

A la bande-annonce en version française, l’éditeur joint deux scènes coupées (3’) non sous-titrées ! Ces deux séquences n’ont absolument aucun intérêt, notamment la seconde qui montre tout simplement Sean bean boire un verre d’eau…

L’Image et le son

Nous ne savons pas s’il s’agit uniquement de notre exemplaire, mais le Blu-ray que nous avons reçu est parasité par quelques pixels gênants, des traits verts verticaux, qui s’incrustent et qui restent très longtemps en bas à droite de l’écran. Si l’on fait abstraction de ce défaut de compression, qui encore une fois est peut-être notable que sur notre disque, alors ce master HD de Drone est on ne peut plus correct. Les séquences au Pakistan sont très colorées avec un ciel bleu orangé que ne renierait pas Michael Bay, sans oublier une impressionnante profondeur de champ. Les scènes américaines sont volontairement froides, voire glaciales comme l’intérieur de la maison des Wistin. Le piqué est bien ciselé, les détails éloquents (voir les cheveux étranges de Sean Bean), les contrastes corrects et la clarté abondante.

Drone n’est pas vraiment le film avec lequel vous pourrez épater la galerie et faire une démonstration de gros son. Les versions française et anglaise sont certes proposées en DTS HD Master Audio 5.1, mais les latérales ne servent réellement qu’à instaurer quelques ambiances naturelles et à spatialiser la musique. Le caisson de basses n’est pas oublié sur les quelques explosions. Notons toutefois que les dialogues manquent cruellement de coffre sur la centrale en français comme en anglais. Deux pistes Dolby Digital 5.1 sont également disponibles.

Crédits images : © Concorde Home Entertainment / M6 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Malédiction Winchester, réalisé par Michael Spierig et Peter Spierig

LA MALÉDICTION WINCHESTER (Winchester : The House that Ghosts Built) réalisé par Michael & Peter Spierig, disponible en DVD et Blu-ray le 3 juillet 2018 chez TF1 Studio

Acteurs : Helen Mirren, Jason Clarke, Sarah Snook, Eamon Farren, Angus Sampson, Tyler Coppin, Laura Brent, Finn Scicluna-O’Prey…

Scénario : Tom Vaughan, Michael Spierig, Peter Spierig

Photographie : Ben Nott

Musique : Peter Spierig

Durée : 1h40

Année de sortie : 2018

LE FILM

Proche de San Francisco se situe la maison la plus hantée au monde : construite par Sarah Winchester, riche héritière de l’entreprise d’armes Winchester, elle est en perpétuelle construction et contient des centaines de pièces. Sarah y construit une prison, un asile pour les centaines d’esprits vengeurs tués par ses armes, et le plus terrifiant d’entre eux veut en découdre avec sa famille…

Les frères jumeaux Spierig (nés en 1976), Michael et Peter, n’ont décidément pas de chance. Chef d’oeuvre absolu, leur troisième long métrage Prédestination (2014) n’a connu qu’une exploitation en DVD et Blu-ray en France. Laissons le temps faire son œuvre pour que ce film incroyable trouve enfin son public et soit considéré à sa juste valeur. Après avoir repris en main la franchise Saw avec le dernier opus en date Jigsaw, retour à la case e-cinema et DTV pour leur nouveau bébé, La Malédiction WinchesterWinchester : The House that Ghosts Built. Cette fois encore, dommage de ne découvrir ce film autrement qu’au cinéma où il aurait dû avoir sa place, surtout lorsque l’on regarde la qualité des trois quarts des productions de genre qui squattent continuellement les écrans.

La Malédiction Winchester est un excellent film fantastique inspiré de la vie de Sarah Winchester, épouse et veuve de William Wirt Winchester, fils d’Oliver Fischer Winchester, ingénieur et inventeur des fusils qui portent son nom, devenus le symbole de la Conquête de l’Ouest. A la mort de son époux et de leur fille, Sarah Winchester hérite de ses biens et de 50 % des parts de la Winchester Repeating Arms Company. Tombée dans une profonde dépression, convaincue que des esprits allaient la tuer, Sarah Winchester utilise sa fortune pour poursuivre de manière ininterrompue, 24 heures sur 24, la construction de son immense demeure pendant 38 ans. Depuis sa mort, la très étendue Mystérieuse Maison Winchester est devenue un monument historique national et une attraction touristique, connue pour ses nombreux escaliers et couloirs ne menant nulle part, ainsi que ses 160 pièces, 40 chambres, 17 cheminées, placards sans fond. Les frères Spierig et leur coscénariste Tom Vaughan partent de ce postulat pour imaginer une histoire de maison hantée, en jouant sur l’extraordinaire et hallucinante architecture de la bâtisse située en Californie à San José. Un merveilleux terrain de jeu idéalement exploité par les cinéastes, qui prouvent une fois de plus leur talent pour instaurer un climat angoissant, tout en livrant un objet plastiquement très recherché.

Le film démarre par le sempiternel panneau « Inspiré de faits réels » et repose en effet sur le sort qui semblait s’acharner sur Sarah et sa famille, mais aussi sur cette maison étrange bâtie dans le but d’enfermer tous les esprits des personnes tuées par la carabine qui a fait la fortune des Winchester. Les travaux continueront de jour comme de nuit, selon les plans établis par Sarah, retirée dans son salon privé, comme si certaines apparitions la guidaient pour établir les futures extensions. Ce qui frappe d’emblée dans La Malédiction Winchester, c’est la beauté de la photographie de Ben Nott, chef opérateur et fidèle collaborateur des frères Spierig qui happe les spectateurs. A cela s’ajoutent les incroyables décors et dédales dans lesquels on se perd volontiers et mis en valeur par les réalisateurs australiens qui instaurent une ambiance réaliste à leur récit, sans avoir recours gratuitement aux jump-scares.

La malédiction Winchester n’est pas un film d’horreur, mais un drame et thriller fantastique qui comporte un message intelligent sur l’usage abusif des armes aux Etats-Unis, ainsi que sur leurs répercussions. Ou comment user du folklore pour en tirer une histoire divertissante et excellemment interprétée par Helen Mirren, parfaite Sarah Winchester, Jason Clarke, vecteur du public pour le faire entrer dans ce labyrinthe hanté, sans oublier Sarah Snook, révélation de Prédestination. Tous ces talents sont réunis pour un divertissement de haute qualité, parfaitement mis en scène (malgré un budget très limité de 3,5 millions de dollars), flatteur pour les mirettes et qui réserve son lot d’émotions fortes, tout en interrogeant sur le sang versé par les armes à feu. Une très grande réussite.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de La Malédiction Winchester, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est très légèrement animé et musical.

Cette édition s’accompagne d’un seul supplément, un making of (22’) classique, mais assez complet, revenant sur tous les aspects du tournage. La véritable histoire de Sarah Winchester est évidemment au centre de ce documentaire. Tous les comédiens, les réalisateurs, les producteurs, les responsables des départements costumes, décors (très impressionnants) et maquillages, interviennent à tour de rôle, tandis que des images du plateau viennent illustrer l’ensemble.

L’Image et le son

TF1 Studio soigne son master HD. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, y compris sur les très nombreuses séquences sombres, avec une image sans cesse affûtée. Le piqué est acéré, les gros plans riches, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les volontés artistiques du chef opérateur Ben Nott. Ce Blu-ray offre d’excellentes conditions pour revoir le film des frères Spierig et profiter de la superbe photographie. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable.

Les deux versions DTS-HD Master Audio 5.1 font quasiment match nul en ce qui concerne la délivrance des ambiances sur les enceintes latérales, la restitution des dialogues et la balance frontale. Le spectateur est littéralement plongé dans ce quasi- huis clos, la spatialisation reste solide tout du long et le caisson de basses est utilisé à bon escient comme lors du tremblement de terre. Sans surprise, la version originale l’emporte de peu sur l’homogénéité et la fluidité acoustique, tandis que la piste française a tendance à mettre les voix un peu trop en avant. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Splendid Film / Vértice Cine / TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Amoureux de ma femme, réalisé par Daniel Auteuil

AMOUREUX DE MA FEMME réalisé par Daniel Auteuil, disponible en DVD et Blu-ray le 29 août 2018 chez France Télévisions Distribution

Acteurs : Daniel Auteuil, Gérard Depardieu, Sandrine Kiberlain, Adriana Ugarte John Sehil…

Scénario : Florian Zeller d’après sa pièce « L’envers du décor »

Photographie : Jean-François Robin

Musique : Thomas Dutronc

Durée : 1h26

Année de sortie : 2018

LE FILM

Daniel est très amoureux de sa femme, mais il a beaucoup d’imagination et un meilleur ami parfois encombrant. Lorsque celui-ci insiste pour un dîner « entre couples » afin de lui présenter sa toute nouvelle, et très belle, amie, Daniel se retrouve coincé entre son épouse qui le connaît par coeur et des rêves qui le surprennent lui-même.

Alors que l’on pouvait espérer le troisième et dernier volet de sa trilogie marseillaise, César, qui ne verra vraisemblablement jamais le jour en raison des échecs commerciaux de Marius et Fanny, sortis simultanément en 2013, Daniel Auteuil revient à la mise en scène par la petite porte avec Amoureux de ma femme. Il délaisse la Canebière et l’accent chantant pour un appartement parisien de petits bourgeois et se révèle beaucoup moins à l’aise dans cet univers. Plus classique sur la forme, Amoureux de ma femme déçoit par sa simplicité et son manque d’envergure, surtout de la part d’un de nos plus grands comédiens. Un marivaudage de plus…

Daniel (Daniel Auteuil), éditeur parisien rencontre par hasard Patrick (Gérard Depardieu), un ami de longue date qu’il ne côtoie plus depuis la séparation de ce dernier avec son ex-femme, meilleure amie d’Isabelle (Sandrine Kiberlain), l’épouse de Daniel. Désormais en couple avec Emma (Adriana Ugarte), jeune actrice espagnole, Patrick souhaiterait la présenter à ses amis qui organisent donc un dîner chez eux. Mais au fur et à mesure de la soirée et de plus en plus sous le charme de la belle espagnole, Daniel va s’imaginer tous les scénarios possibles pour vivre sa romance avec Emma…

A presque 70 ans, Daniel Auteuil n’a plus rien à prouver. Du moins en tant qu’acteur. Car malgré tout l’immense respect que l’on peut avoir – et à juste titre – pour son immense carrière, c’est autre chose concernant son travail derrière la caméra. Si ses « pagnolades » La Fille du puisatier (2011) et MariusFanny (2013) étaient sympathiques, leur modestie décevait quelque peu. C’est encore le cas pour Amoureux de ma femme, d’autant plus que Daniel Auteuil se retrouve prisonnier de son dispositif, puisque son film est l’adaptation de la pièce de Florian Zeller, L’Envers du décor, que le comédien avait déjà joué et d’ailleurs mis en scène en 2016 aux côtés de Valérie Bonneton, François-Eric Gendron et Pauline Lefèvre. Dans ce quatrième long métrage en tant que réalisateur, Daniel Auteuil enferme ses quatre personnages dans un bel appartement de la capitale. On pense alors au Dîner de cons ou au Prénom, mais Daniel Auteuil aère l’action en montrant l’imagination à l’oeuvre de son personnage.

Amoureux de ma femme est donc une projection des fantasmes d’un homme, marié de longue date, qui s’éprend de la compagne d’un de ses plus vieux amis et qui se prend à rêver de l’existence qu’il mènerait aux côtés de cette jeune femme répondant au doux prénom d’Emma. Cette dernière possède les traits de la sublime Adriana Ugarte, révélation ibérique du non moins merveilleux Julieta (2016) de Pedro Almodóvar, dans son premier rôle en français. Son charme, son sourire dévastateur et son érotisme enflamment le film. Pour lui donner la réplique, Daniel Auteuil a fait appel à son pote Gégé, Gérard Depardieu, qui a vraiment très peu de choses à défendre, mais qui le fait très bien. Ce dernier met son immense talent au service de son ami, rien de plus, mais c’est déjà beaucoup de la part d’un tel monstre. Du moment qu’on lui donne de quoi boire et manger à l’écran, il lui en faut peu à notre Gégé. Celle qui tire agréablement son épingle du jeu est Sandrine Kiberlain. Dans le rôle finalement « ingrat » de la femme trompée, mentalement (et plus…), la comédienne démontre une fois de plus son tempérament et son énergie qui font d’elle une de nos meilleures actrices de comédie, genre qu’elle a pourtant peu abordé jusqu’à maintenant.

La réalisation est fonctionnelle et se contente de champs-contrechamps, en misant principalement sur le rythme des répliques, sur les moments d’égarements de Daniel et sur l’imbrication du réel et du fantasme en jouant sur la temporalité de l’action. Ce vaudeville tourne rapidement en rond et l’écriture, assez pauvre, ne parvient jamais vraiment à intéresser ni à rendre les personnages attachants. De l’aveu-même de Daniel Auteuil, Amoureux de ma femme n’est rien de plus qu’une fantaisie rappelant qu’il est important de profiter de la vie et de continuer à rêver. Une louable intention, mais cela n’empêche pas le film d’être sacrément décevant et surtout impersonnel de la part d’un si grand artiste, même si l’ensemble reste léger et divertissant.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Amoureux de ma femme, disponible chez France Télévisions Distribution, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément sur cette édition.

L’Image et le son

Amoureux de ma femme a été tourné en numérique. De ce fait, le Blu-ray (1080p) est le support tout indiqué pour revoir le film, d’autant plus que le transfert est impeccable et bénéficie d’un superbe et élégant rendu des couleurs. Avec l’aide de son fidèle chef opérateur Jean-François Robin (Le Bossu, IP5: L’île aux pachydermes), le réalisateur fait la part belle aux teintes bigarrées de l’appartement, où se déroule l’essentiel de l’action. Le relief des séquences extérieures est évident, tout comme sur les scènes en intérieur aux détails acérés. La définition demeure solide tout du long, les contrastes sont tranchants. L’encodage AVC consolide l’ensemble.

Une piste DTS-HD Master Audio 5.1 au programme ! Bien qu’elle soit essentiellement musicale, la spatialisation instaure un réel confort acoustique. Par ailleurs, les quelques effets glanés ici et là sur les enceintes arrière permettent de plonger le spectateur dans une atmosphère probante. Sans surprise, le caisson de basses n’intervient pas dans cette histoire. Les voix demeurent solidement plantées sur la centrale, la balance frontale étant quant à elle riche et savamment équilibrée. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription pour les spectateurs aveugles et malvoyants.

Crédits images : © Christine Tamalet / France Télévisions Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Retour du héros, réalisé par Laurent Tirard

LE RETOUR DU HÉROS réalisé par Laurent Tirard, disponible en DVD et Blu-ray le 19 juin 2018 chez Studiocanal

Acteurs : Jean Dujardin, Mélanie Laurent, Noémie Merlant, Féodor Atkine, Evelyne Buyle, Christian Bujeau, Fabienne Galula, Laurent Bateau…

Scénario : Laurent Tirard; Grégoire Vigneron

Photographie : Guillaume Schiffman

Musique : Mathieu Lamboley

Durée : 1h30

Année de sortie : 2018

LE FILM

1809 en France.Le capitaine Neuville, grand séducteur, vient demander sa main à la jeune Pauline, sous le regard méfiant d’Elisabeth, la soeur de cette dernière. Mais Neuville est appelé au front et Pauline reste sans nouvelles. Alors qu’elle dépérit peu à peu, Elisabeth prend la plume et commence une correspondance avec Pauline, sous le nom de Neuville, faisant de lui un véritable héros de guerre.Mais le capitaine finit par réapparaître, au grand dam de la jeune femme…

Avant même la sortie du conceptuel (et peu réussi il faut bien le dire) Un homme à la hauteur, Jean Dujardin et Laurent Tirard avaient déjà décidé de remettre le couvert. Enchantés par leur expérience commune, l’acteur et le réalisateur jettent alors sur leur dévolu sur une nouvelle comédie, mais en costumes cette fois. Jean Dujardin a très souvent été comparé à son modèle Jean-Paul Belmondo. C’est encore une fois inévitable dans Le Retour du héros, qui lorgne sur Les Mariés de l’an II de Jean-Paul Rappeneau et sur L’Incorrigible de Philippe de Broca. Moustache brillante, l’oeil riant, le comédien revient en très grande forme et se délecte dans ce rôle (écrit pour lui) qui lui permet de laisser libre cours à sa fantaisie. On peut d’ailleurs dire la même chose pour Laurent Tirard qui après s’être égaré quelque peu avec Astérix et Obélix : Au service de sa Majesté (2012), Les Vacances du petit Nicolas (2014) et Un homme à la hauteur (2016), retrouve l’inspiration et la verve qui faisaient les très grandes réussites de ses deux premiers longs métrages Mensonges et trahisons et plus si affinités… (2004) et Molière (2007). Le Retour du héros est d’ailleurs très proche de ce dernier et prouve que le cinéaste est très à l’aise dans le genre en maniant l’humour et l’élégance quasi-anglo-saxons, tout en l’inscrivant dans un genre pourtant bien français, en évitant heureusement l’aspect franchouillard et vaudeville désuet. Preuve de la réussite de son dernier film, même Mélanie Laurent apparaît à l’aise, crédible, charismatique et drôle. C’est dire si le pari est réussi.

En 1809, pendant la période du Premier Empire. Le capitaine Charles-Grégoire Neuville, fringant hussard, demande la main de Pauline Beaugrand, une jeune fille de bonne famille habitant un château dans une petite ville de Bourgogne, et reçoit un accord enthousiaste des parents. Mais alors que tout le monde se réjouit, il reçoit soudain l’ordre de partir immédiatement au combat, l’offensive contre les Autrichiens a commencé. Sur le point de partir, il promet à Pauline de lui écrire une lettre tous les jours. Mais le séducteur se révèle bien oublieux. Des jours, des semaines, des mois durant, Pauline ne reçoit rien. Elle finit par en dépérir. Sa sœur Elisabeth, angoissée à son sujet, et seule de la famille à se méfier du capitaine, décide de prendre les choses en main. Elle écrit à Pauline une fausse lettre en se faisant passer pour Neuville. Cette lettre, très romantique, comble de joie Pauline et les parents. Pauline répond immédiatement à Neuville une nouvelle lettre, à laquelle Elisabeth se retrouve obligée de répondre à son tour. Une véritable correspondance est entamée. Cette correspondance a le plus grand succès auprès de Pauline, des parents, et même du château et de toute la ville. Elisabeth a une imagination débordante et un don pour l’écriture, et elle bâtit une véritable aventure épistolaire pleine de rebondissements. Mais la jeune femme commence à sentir qu’elle en fait trop. Elle décide de tout arrêter, et de faire mourir le héros. « Neuville » annonce sa mort certaine et envoie ses derniers vœux à Pauline, de la façon la plus héroïque et romantique qui soit. Pauline, éplorée, se résout à épouser un autre homme de sa connaissance, Nicolas. Le temps passe. Trois ans après ce dénouement, un événement bouleverse tout. Alors qu’Elisabeth est en ville, elle voit arriver le coche, et quelle n’est pas sa surprise de voir en sortir le capitaine Neuville, devenu un vagabond.

Sans égaler évidemment les plus grands modèles du genre, Le Retour du héros retrouve ce souffle propre aux films populaires français des années 1960 et 1970. La mise en scène de Laurent Tirard est très réussie, les décors superbes, le rythme enlevé et les acteurs semblent véritablement s’amuser à se donner la réplique, drôle, piquante et pleine d’esprit. Le Retour du héros est donc également celui du metteur en scène et de son comédien principal, que nous n’avions pas vu aussi à la fête depuis le second épisode d’OSS 117, c’était alors il y a près de dix ans. Fringant, dynamique, explosif, la maturité lui donnant plus d’épaisseur et de charme, Jean Dujardin trouve incontestablement ici l’un de ses meilleurs rôles à travers ce personnage lâche, fourbe, séducteur et sans scrupules. C’est également le cas pour sa partenaire Mélanie Laurent. Là où l’actrice faisait souvent rire malgré-elle dans le registre dramatique en en faisant toujours des caisses, elle se révèle être particulièrement à l’aise dans le registre de la comédie, comme elle l’était dans Dikkenek de Olivier Van Hoofstadt (2006) avant qu’elle ne reçoive le César du meilleur espoir pour Je vais bien, ne t’en fais pas de Philippe Lioret (2006).

Le couple vedette, d’ailleurs très bien accompagné de Noémie Merlant (révélation de Le Ciel attendra de Marie-Castille Mention-Schaar) fonctionne parfaitement et les voir se débattre comme chien et chat, même si l’on devine très vite quels sentiments se cachent derrière ces affrontements, fait entre autres la grande réussite du Retour du héros.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Retour du héros, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est lumineux, animé et musical.

Le premier module est un making of (13’). Le réalisateur et les comédiens abordent la genèse et les intentions du Retour du héros, à savoir le désir de renouer avec cette grande tradition du film français à costumes et la comédie d’aventures. De nombreuses images de tournage viennent illustrer tous ces propos souvent très intéressants et qui ne tombent pas trop dans l’autosatisfaction ou les compliments dithyrambiques.

Nous passons ensuite à un documentaire centré sur l’enregistrement de la musique du film (21’). Le compositeur Mathieu Lamboley, la mezzo-soprano Catherine Trottman et divers collaborateurs reviennent sur chaque étape de la création du thème principal du Retour du héros, sur leurs intentions, ainsi que sur leur association avec Laurent Tirard. Des images de diverses sessions d’enregistrement sont également disponibles.

L’interactivité se clôt sur un lot de scènes coupées (11’), plus ou moins réussies et retirées du montage pour des raisons de rythme ou en raison de leur redondance. Laurent Tirard commente également ces séquences et l’on regrette qu’il ne l’ait pas fait pour le film.

L’Image et le son

Studiocanal livre un master HD absolument parfait. Toutes les scènes se déroulant en extérieur impressionnent par leur rendu saisissant. Le piqué reste tranchant comme la lame d’un scalpel, les détails abondent sur le cadre large, la profondeur de champ est omniprésente, les contrastes sont denses et la colorimétrie chatoyante. L’encodage AVC consolide l’ensemble, la luminosité ravit constamment les yeux. Un très bel écrin pour l’élégante photo du prolifique chef opérateur Guillaume Schiffman.

Le spectacle est également assuré du point de vue acoustique grâce à un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 qui exploite toutes les enceintes dans leurs moindres recoins. La balance frontale est saisissante, les effets nets et précis, les dialogues savamment délivrés sur le point central et les ambiances latérales constantes participent à l’immersion totale du spectateur. La musique bénéficie d’un traitement de faveur sans pour autant dénaturer l’intelligibilité des voix des comédiens. N’oublions pas le caisson de basses qui tire habilement son épingle du jeu à de multiples reprises, surtout durant l’assaut final. L’éditeur joint également une piste audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Christophe Brachet – JD Prod – Les Films sur Mesure Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Baïonnette au canon, réalisé par Samuel Fuller

BAÏONNETTE AU CANON (Fixes Bayonets!) réalisé par Samuel Fuller, disponible en DVD et Blu-ray le 17 juillet 2018 chez Rimini Editions

Acteurs : Richard Basehart, Gene Evans, Michael O’Shea, Richard Hylton, Craig Hill, Skip Homeier, Paul Burke, George Conrad…

Scénario : Samuel Fuller d’après le roman de John Brophy

Photographie : Lucien Ballard

Musique : Roy Webb

Durée : 1h32

Année de sortie : 1951

LE FILM

Hiver 1950. Les troupes américaines engagées dans la guerre de Corée battent en retraite. Afin de cacher ce repli à l’ennemi, une escouade d’une quarantaine d’hommes va devoir se battre dans ce qui ressemble à une mission suicide.

Samuel Michael Fuller (1912-1997) n’a que 12 ans quand il commence à travailler pour le New York Journal, devenant copy boy autrement dit garçon à tout faire. Il devient ensuite reporter criminel pour le Sun de San Diego et parcourt les Etats-Unis. Suite à la Grande Dépression, il perd son emploi et se met à écrire des récits de fiction, des petits romans, des nouvelles, tout en étant employé comme nègre pour d’autres écrivains. Il commence à être publié sous pseudonyme dans les années 1930. Son style est alors remarqué par les studios et Samuel Fuller se fait engager comme scénariste à Hollywood, avant d’être appelé dans la Première division d’infanterie américaine au cours de la Seconde Guerre mondiale, où il devient soldat et reporter de guerre. Il est témoin des débarquements en Afrique du Nord, en Normandie et en Sicile, tourne également un documentaire sur la libération du camp de Falkeneau et rentre enfin au pays.

Samuel Fuller apprend que les droits de son premier roman The Dark Page ont été achetés par Howard Hawks et Charles Feldman et qu’il est lui-même engagé pour en écrire l’adaptation pour le cinéma. Le projet n’aboutira qu’en 1952 avec la sortie de L’Inexorable enquêteScandal Sheet, réalisé par Phil Karlson. Mais avant cela, Samuel Fuller reprend son métier de scénariste, même si ses travaux ne parviennent pas à trouver preneur. Commençant à perdre espoir, il est alors approché pour mettre en scène un western qu’il a écrit, J’ai tué Jesse JamesI Shot Jesse James (1949). Le film passe relativement inaperçu, mais Samuel Fuller enchaîne tout de même l’année suivante avec Le Baron de l’ArizonaThe Baron of Arizona. Cette fois encore la reconnaissance n’est pas au rendez-vous. Pour cela, il lui faudra attendre la sortie de son troisième film, J’ai vécu l’enfer de CoréeThe Steel Helmet (1951), premier long métrage traitant de ce conflit (durant les événements) et ouvertement des camps d’internement pour les Nippo-Américains durant la Seconde Guerre mondiale. Ce grand succès critique et commercial qui remporte 20 fois sa mise initiale, fait engager Samuel Fuller à la 20th Century Fox. Désormais coproducteur de ses films en partenariat avec Darryl F. Zanuck, le cinéaste souhaite revenir à nouveau sur le thème de son film précédent. Ce sera Baïonnette au canonFixed Bayonets !. Le style de Samuel Fuller y explose littéralement.

Sur le front coréen, fin 1950. Les troupes américaines sont en partie contraintes de se retirer sous la pression des forces communistes. Le général Allen doit battre en retraite avec 15.000 hommes. Pour que Chinois et Nord-Coréens ne sachent rien de ce repli stratégique qu’ils pourraient mettre à profit pour attaquer en force, une compagnie de quarante-huit hommes, commandée par le lieutenant Gibbs, est désignée pour tenir le front et donner à l’adversaire l’impression que toute la division est encore là. Ces hommes doivent tenir bon face à l’ennemi et dans le froid. Cette arrière-garde prend position dans les escarpements enneigés qui dominent la route où peuvent s’engouffrer les chars ennemis. Des postes avancés sont camouflés dans la neige, les accès soigneusement minés et le gros de la petite troupe trouve un abri dans une caverne creusée dans le roc. Et la vie s’organise, dans le froid et l’humidité. Le feu adverse n’est pas le seul danger : il faut veiller à ne pas laisser ses pieds geler, déjouer les incursions nocturnes de soldats ennemis, connaître à fond l’emplacement de chaque mine.

Samuel Fuller connaît la guerre. Mais il connaît surtout les soldats et les hommes, leurs doutes, leurs espoirs, leurs liens, leur courage. Si Baïonnette au canon se solde par un échec au box-office, le film est une véritable bombe et n’a rien perdu de son impact presque 70 ans après sa sortie. Oeuvre méconnue et dissimulée derrière des classiques et autres films mondialement célèbres, Baïonnette au canon est à redécouvrir, autant pour son audace et sa virtuosité, que pour son propos aussi implacable qu’humaniste et foncièrement antimilitariste. Ce joyau tourné dans un N&B sec signé Lucien Ballard (Laura d’Otto Preminger, L’Ultime Razzia de Stanley Kubrick) et au format plein cadre s’avère un véritable huis clos en plein air, puisque l’action est essentiellement centrée dans un cadre spécifique (une colline) et délimité, les hommes et adversaires étant seulement séparés par un champ de mines. Samuel Fuller nous fait entrer directement dans l’action avec l’explosion d’un véhicule américain dès la première séquence. S’ensuit la présentation et la situation des personnages principaux, le contexte militaire et politique, puis le but de la mission-suicide. Le réalisateur prend ensuite le temps de se focaliser sur chacun des visages des militaires constituant la troupe.

Quasiment filmés comme une seule entité (d’ailleurs même les voix-off semblent s’entendre et se répondre) où les acteurs semblent interchangeables, les soldats (dont l’un est interprété par un certain James Dean) sont montrés sous tous les angles, dans leurs peurs et dans leurs actes de bravoure, dans leur affection commune et dans l’entraide. La question du grade est également au centre du récit, certains rêvant d’en avoir un en plus par rapport à leurs camarades, d’autres au contraire ayant la crainte du commandement et donc d’être responsables de la vie et de la mort de leurs subalternes. Samuel Fuller enchaîne les scènes intimistes, comme celles tournées dans la grotte où les hommes essayent de se réchauffer, avec comme point d’orgue la séquence des pieds gelés. Les fusillades et explosions sont brutales, mais rapides et sèches. Leur impact n’en est que plus fort. A cela s’ajoute la célèbre scène du sauvetage d’un gradé, en fâcheuse posture derrière le champ de mines. Une tension à son paroxysme où le temps semble figé, où seule la respiration de celui qui vient au secours de l’homme au danger, ainsi que les grincements de ses chaussures dans la neige se font entendre. Une séquence extraordinaire durant laquelle le spectateur retient son souffle.

Baïonnette au canon joue avec la question du temps en l’étirant dans certaines scènes pour intensifier la tension, tout en rappelant que la mission de cette arrière-garde est en réalité une course contre la montre afin que le plus gros des troupes puisse déguerpir. Les décors artificiels ne gênent en rien et rajoutent même au côté théâtre de la mort, impression renforcée par les unités de lieu, de temps et d’action. Enfin, le film étonne par ses incroyables partis pris. La mise en scène est souvent dingue avec des plans-séquences d’une fluidité remarquable, des mouvements de caméra et de grue très modernes et rares pour l’époque. Cela inscrit définitivement Baïonnette au canon dans les très grandes réussites de son auteur.

LE BLU-RAY

Baïonnette au canon était jusqu’alors disponible en DVD chez Sidonis Calysta depuis 2012. Pour son arrivée en HD dans les bacs, le film de Samuel Fuller change de camp et arrive chez Rimini Editions. Jaquette soignée, glissée dans un boîtier élégant de couleur noire, lui-même disposé dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical.

Le seul supplément disponible sur cette édition est passionnant. L’éditeur est allé à la rencontre de Frank Lafond, auteur du livre Samuel Fuller, jusqu’à l’épuisement (Rouge Profond), qui croise à la fois le fond et la forme de Baïonnette au canon (37’). Les débuts au cinéma du cinéaste sont abordés et le film replacé évidemment dans son contexte et mis en parallèle avec J’ai vécu l’enfer de Corée. Les conditions de tournage (avec anecdotes à l’appui), les thèmes, le casting, l’insolite direction d’acteurs et les intentions de Samuel Fuller, les décors et la sortie du film sont longuement abordés.

L’Image et le son

On pourra sans doute trouver le grain original bien trop atténué, mais ce master HD de Baïonnette au canon ne manque pas d’attraits. La copie restaurée (4K) est lumineuse, très propre, le N&B clair et bien contrasté. L’ensemble est stable et le cadre 1.37 est détaillé avec notamment des gros plans sur les acteurs plutôt impressionnants. Si quelques plans ayant visiblement donné du fil à retordre à l’équipe de la restauration sortent du lot avec une chute brutale de la définition, ce lifting reste de très bonne qualité.

Seule la version originale, remastérisée, est disponible sur ce titre. Le confort acoustique est assuré, propre, sans souffle, malgré quelques effets d’écho sur les dialogues. Les explosions et déflagrations sont percutantes. Les sous-titres français ne sont pas imposés, mais la police est un peu trop large à notre goût.

Crédits images : ©  Twentieh Century Fox Home Entretainment LLC All Rights Reserved / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Taxi 5, réalisé par Franck Gastambide

TAXI 5 réalisé par Franck Gastambide, disponible en DVD et Blu-ray le 13 août 2018 chez EuropaCorp

Acteurs : Franck Gastambide, Malik Bentalha, Bernard Farcy, Salvatore Esposito, Edouard Montoute, Sabrina Ouazani, Anouar Toubali, Ramzy Bedia, Soprano, Sissi Duparc, Monsieur Poulpe, Sand Van Roy, Edouard Montoute…

Scénario : Franck Gastambide, Stéphane Kazandjian, Luc Besson

Photographie : Vincent Richard

Musique : Kore

Durée : 1h42

Année de sortie : 2018

LE FILM

Sylvain Marot, super flic parisien et pilote d’exception, est muté contre son gré à la police Municipale de Marseille. L’ex-commissaire Gibert, devenu maire de la ville et au plus bas dans les sondages, va alors lui confier la mission de stopper le redoutable « Gang des Italiens », qui écume des bijouteries à l’aide de puissantes Ferrari. Mais pour y parvenir, Marot n’aura pas d’autre choix que de collaborer avec le petit-neveu du célèbre Daniel, Eddy Maklouf, le pire chauffeur VTC de Marseille, mais le seul à pouvoir récupérer le légendaire TAXI blanc.

Avant l’opus réalisé par Franck Gastambide, la franchise Taxi c’est tout d’abord quatre films réalisés de 1998 à 2007, 28 millions d’entrées cumulées seulement sur le territoire français dont 10 millions rien que pour le second volet. C’est aussi suite à ce triomphe commercial que Luc Besson, scénariste et producteur a pété une durite et commencé à envahir le monde avec ses affreux Taken, Transporteur, Banlieue 13 et consorts, comme si cela lui avait apporté une légitimité, le droit de répandre ses séries Z mises en scène par des tâcherons épileptiques dans le seul but d’engranger des millions de dollars. Taxi et Taxi 2 restent des films touchants pour leur naïveté, leur simplicité, leur efficacité et leur modestie.

Alors que Titanic écrase royalement la concurrence depuis janvier et que le retour de Jacquouille la Fripouille déçoit malgré ses 8 millions d’entrées, voilà que débarque dans les salles françaises en avril 1998 une Peugeot 406 blanche affublée d’un lumineux Taxi. La voiture tunée créée par Luc Besson roulant à plus de 200 kilomètres à l’heure en plein centre de Marseille, emportera plus de 6,5 millions de voyageurs sur le siège arrière. Basé sur un scénario malin, Taxi apparaît comme une bouffée de fraîcheur dans la comédie hexagonale. Le casting, en partie constitué d’inconnus du grand public, emporte facilement l’adhésion, le duo Frédéric Diefenthal/Samy Nacéri est joliment complémentaire, Marion Cotillard est révélée, Bernard Farcy, dans le rôle du Commissaire Gérard Gibert devient le chouchou du public et de ce qui sera l’une des sagas les plus fructueuses du cinéma français. Les séquences d’action et de cascades automobiles sont très bien menées, le rythme est vif, la musique du groupe marseillais IAM fait taper du pied, le montage est serré, l’humour bon enfant et le tout s’apparente à de la bande-dessinée filmée.

Taxi est devenu un classique, un bon cru dont on ne se lasse pas. Le second se permet même d’être meilleur. Réalisés durant la période « faste » du Luc Besson scénariste, Taxi 3 (un navet sans nom) et Taxi 4 (un sacré nanar) s’avèrent de grandes catastrophes industrielles. Plus rien ne fonctionne. Les scènes d’action, poursuites et cascades disparaissent au profit d’un humour immature, d’un non-jeu effroyable et d’une mise en scène digne d’un téléfilm. Il aura donc fallu attendre (ou pas) plus de dix ans pour que le taxi blanc réapparaisse à l’écran. Non pas sous la forme d’un reboot (quoique), mais pensé dans la continuité, avec un nouveau duo, tout en reprenant quelques personnages de la saga, avec bien entendu celui du Commissaire Gibert, devenu ici maire de Marseille qui chante du Jul. Après les grands succès des Kaïra (film français le plus rentable en 2012) et de Pattaya (2 millions d’entrées), Franck Gastambide a le vent le poupe. Désireux de reprendre la saga Taxi avec son complice Malik Bantalha, l’acteur-scénariste-réalisateur parvient à convaincre Luc Besson, de relancer la Peugeot dans les rues de Marseille. Et ça fonctionne !

Taxi 5, c’est un peu comme si Police Academy contaminait la saga originale avec du caca et du vomi, des nains et des obèses, bref comme si Franck Gastambide avait dit à Luc Besson « Passe moi ton jouet, c’est pas comme ça qui faut faire ! ». Taxi 5 est un très bon divertissement qui convoque la clique du réalisateur, dont Ramzy Bédia et Sabrina Ouazani. N’y allons pas par quatre chemins, Taxi 5 est le meilleur épisode, car bien que Luc Besson soit mentionné au scénario, on ne retrouve que l’univers de Gastambide de la première à la dernière séquence. Alors, peu importe et sans doute tant mieux, si l’on ne retrouve ni Samy Naceri, Frédéric Diefenthal, même si leurs personnages Daniel et Emilien sont évoqués à travers un flashback récapitulatif narrant leurs exploits passés à bord du véhicule. Taxi 5 apporte un vrai vent de fraîcheur (certains parleront de flatulences et ils n’ont peut-être pas tort), les acteurs s’amusent, les dialogues sont tordants, la mise en scène est bien emballée. Certes, on se fout de l’histoire, ici prétexte pour présenter de nouveaux personnages et des méchants de pacotille (ici Salvatore Esposito de la série Gomorra), tout en mettant en valeur Bernard Farcy, qui se délecte de chacune ses répliques et qui une fois de plus se permet de voler la vedette à tous ses partenaires.

Alors bien sûr avec ses quelques scènes potaches-trash-scato, Taxi 5 ne plaira pas à tout le monde, surtout aux fans (il y en a) des opus 3 et 4, mais le spectacle est largement assuré et ce cinquième épisode s’amuse autant à jouer avec les codes des deux premiers qu’à les dépoussiérer en s’inscrivant dans la continuité des Kaïra et de Pattaya. Mission accomplie pour Frank Gastambide, même si le film aura moins brillé que prévu au cinéma avec « seulement » 3,7 millions d’entrées, ce qui le place en dernière position dans la franchise, avec pourtant un plus grand budget. Un sixième volet serait néanmoins en chantier et prévu pour 2020…nous verrons bien et si cela se fait, nous le verrons surtout avec plaisir.

LE BLU-RAY

Taxi 5 arrive bien sûr dans l’escarcelle d’EuropaCorp en DVD et Blu-ray. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche d’exploitation, tandis que le menu principal est animé sur le Pump It de The Black Eyed Peas.

Etrangement, les suppléments sont très réduits par rapport aux éditions des quatre premiers volets.

Dans le premier bonus, Franck Gastambide et Malik Bentalha reviennent sur la genèse de Taxi 5, le tournage à Marseille, les personnages, leurs intentions et ce que la saga représente pour eux (14’). Franck Gastambide évoque le premier film auquel il parvenait à s’identifier (surtout grâce à la B.O en fait), tandis que son partenaire se souvient avoir perçu Samy Naceri comme « le premier super-héros arabe » du cinéma. Les deux comédiens parlent ensuite de Luc Besson comme d’un Dieu qu’ils sont venus voir sur le tournage de Valérian et la Cité des mille planètes, afin d’essayer de le convaincre de relancer la franchise Taxi. Quelques images de tournage viennent illustrer cette interview.

Place ensuite à David Julienne, responsable des cascades sur Taxi 5 (6’30). Petit-fils du mythique Rémy Julienne et fils de Michel Julienne, celui qui a commencé sa carrière comme « simple » cascadeur sur Taxi en 1998, aborde tout le travail réalisé avec son équipe pour ce cinquième épisode. Complice de Luc Besson sur Yamakasi – Les samouraïs des temps modernes, Le Baiser mortel du dragon, Taxi 4, Taken, Le Transporteur 3, Banlieue 13: Ultimatum et 3 Days to Kill, David Julienne analyse certaines séquences d’action du film et donne quelques informations sur leurs préparations à travers des aperçus du tournage.

Le dernier module donne rapidement la parole au comédien italien Salvatore Esposito (2’) qui dit être très heureux de représenter son pays dans cette franchise qu’il affectionne tout particulièrement. Rien de plus.

L’Image et le son

Pour le master HD de Taxi 5, EuropaCorp livre un petit bijou technique flattant constamment la rétine. Pour son Taxi, Franck Gastambide a fait appel au chef opérateur Vincent Richard, actuellement en train de photographier (et de commettre) l’adaptation cinématographique de Nicky Larson. La colorimétrie est vive et étincelante, le transfert est solide comme un roc, les détails sont légion aux quatre coins du cadre large. N’oublions pas le piqué tranchant comme une lame de rasoir, la concision des contrastes et la clarté souvent blafarde des scènes en extérieur.

Dès l’apparition du logo EuropaCorp, les pistes DTS-HD Master Audio 7.1 et Dolby Atmos, instaurent d’excellentes conditions acoustiques et font surtout la part belle à la musique, très présente pendant 1h45. Les basses ont souvent l’occasion de briller, les ambiances naturelles sont bien présentes, les effets sont toujours saisissants (les quelques fusillades et poursuites) et le rendu des voix est sans failles. De quoi bien décrasser les frontales et les latérales. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © John Waxxx © 2018 – T5 PRODUCTION – ARP – TF1 FILMS PRODUCTION – EUROPACORP – Tous droits réservés Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr