Test DVD / Doomwatch, réalisé par Peter Sasdy

DOOMWATCH réalisé par Peter Sasdy, disponible en DVD le 9 mai 2017 chez Movinside

Acteurs : Ian Bannen, Judy Geeson, John Paul, Simon Oates, Jean Trend, Joby Blanshard, George Sanders

Scénario : Clive Exton d’après la série « Doomwatch »

Photographie : Kenneth Talbot

Musique : John Scott

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Doomwatch, un laboratoire scientifique anglais repère des anomalies biologiques sur la côte ouest du pays. le laboratoire décide alors d’envoyer Del Shaw sur l’île de Balfe, afin que celui-ci enquête. Le scientifique récolte des algues qu’il envoie à Doomwatch. Après les avoir analysées le laboratoire conclue qu’il s’agit d’une contamination chimique. Mais bientôt Del découvre le corps d’un enfant mort enterré dans la forêt.

D’origine hongroise, Peter Sasdy (né en 1935) est un des réalisateurs emblématiques de la célèbre Hammer Film Productions. On lui doit notamment Une messe pour Dracula (1970), Comtesse Dracula (1971), trois épisodes cultes de la série La Maison de tous les cauchemars (1980) et La Fille de Jack l’Eventreur (1971). Spécialisé dans le film d’horreur, il signe Doomwatch en 1972, qui s’inspire de la série télévisée éponyme de la BBC, 38 épisodes tournés entre 1970 et 1972. Dans cette adaptation cinématographique, trois des comédiens de la série font une apparition, John Paul, Simon Oates et Joby Blanshard. Les médecins interprétés par les deux premiers et la spécialiste en informatique incarnée par la troisième laissent la place à un acteur plus chevronné, l’écossais Ian Bannen, vu dans La colline des hommes perdus et The Offence de Sidney Lumet, Le Vol du Phénix et Trop tard pour les héros de Robert Aldrich. Doomwatch s’inscrit dans le genre science-fiction et d’horreur, mais « réaliste ».

Ian Bannen est le docteur Del Shaw est chargé par l’organisation Doomwatch d’analyser les effets d’une marée noire survenue un an auparavant sur la côte de la petite île de Balfe dans les Cornouailles. Alors qu’il commence ses relevés océanographes, il y découvre une population isolée et hostile, qui voit d’un mauvais œil l’arrivée de ce nouveau venu et semble dissimuler un secret. Étonné par leurs comportements, puis par une macabre révélation, Shaw commence à enquêter sur les autochtones, assisté par la jeune institutrice du village, Victoria Brown (Juddy Geeson). Il semble que les villageois soient frappés les uns après les autres d’une maladie mystérieuse, qui déforme leur apparence physique, tout en les rendant extrêmement agressifs. Shaw réalise que les déchets chimiques rejetés dans la mer par un laboratoire travaillant sur de dangereuses expériences, seraient à l’origine de cette étrange malédiction. Mais il se heurte à l’obstination de la population, qui refuse de quitter ses terres, et à l’hypocrisie du laboratoire en question.

Doomwatch démontre l’habileté du réalisateur à rendre inquiétant l’ordinaire, grâce à son sens du cadre et en créant une atmosphère trouble avec des décors en apparence banale. Peter Sasdy bénéficie du travail du chef opérateur Kenneth Talbot, un de ses fidèles collaborateurs, également connu pour avoir éclairé Charley-le-borgne et Solo pour une blonde. Le spectateur plonge dans le brouillard aux côtés du Dr Del Shaw, dans une enquête anxiogène durant laquelle les menaces se multiplient autour du personnage principal. Si Peter Sasdy repousse la révélation jusqu’au dernier acte, le suspense est maintenu, les protagonistes inquiétants et les rebondissements bien menés. Seul faux pas de ce scénario, rendre finalement peu inquiétant, pour ne pas dire inoffensif, le fait que l’armée déverse dans la mer des dizaines de fûts de produits chimiques, puisque les autres, ceux contenant les fameuses hormones de croissance sont les seuls responsables de la mutation de la faune et des habitants !

Doomwatch s’ouvre comme un film de la Hammer, le corps d’une petite fille est transporté dans les bois pour y être enterré en cachette, et se clôt comme une enquête d’Hercule Poirot, pour laquelle Agatha Christie aurait conviée Stephen King à sa table. Autant dire que cette petite série B britannique originale vaut bien d’être découverte en France où elle n’a jamais connu d’exploitation.

LE DVD

Le DVD de Doomwatch, disponible chez Movinside, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné. La jaquette est très élégante et attractive. Cette collection « Trésors du fantastique », est dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

Si vous êtes fidèles au rendez-vous, vous savez que chaque titre de cette collection est présenté par l’excellent Marc Toullec. C’est évidemment encore le cas pour Doomwatch (13’). Durant cette intervention dynamique et riche en anecdotes de production, Marc Toullec évoque la série originale, inédite en France et passe en revue le casting, les thèmes du film et le célèbre producteur Tony Tenser, jusqu’alors spécialisé dans le cinéma coquin, qui avait décidé d’ajouter une corde à son arc au milieu des années 1960 en finançant des films d’horreur à petit budget. Parmi ceux-ci, Repulsion réalisé par un certain Roman Polanski…

L’Image et le son

Nous ne sommes pas déçus ! C’est avec un plaisir immense que nous découvrons ce film de Peter Sasby dans de pareilles conditions ! D’emblée, la colorimétrie s’impose, le relief est très appréciable et le piqué est souvent tranchant. Le chef-opérateur Kenneth Talbot voit sa photo ouatée merveilleusement restituée et offre un lot de détails conséquents. Si la profondeur de champ n’est guère exploitée, certains gros plans étonnent par leur précision, la clarté est de mise, les contrastes probants, la copie stable, le grain bien géré et les noirs denses. N’oublions pas non plus la vertueuse restauration et la propreté de la copie, débarrassée de toutes les scories possibles et imaginables.

Comme Doomwatch n’a pas connu de sortie dans les salles françaises, le film est uniquement disponible en version originale aux sous-titres français non imposés. Le mixage anglais Dolby Digital 2.0 Mono instaure un confort acoustique total. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches, sans aucun souffle.

Crédits images : © Tigon British Film Productions. All Rights Reserved / Movinside / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Empereur du Nord, réalisé par Robert Aldrich

L’EMPEREUR DU NORD (Emperor of the North) réalisé par Robert Aldrich, disponible Combo Blu-ray + DVD le 7 juin 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Lee Marvin, Ernest Borgnine, Keith Carradine, Charles Tyner, Malcolm Atterbury, Simon Oakland

Scénario : Christopher Knopf

Photographie : Joseph F. Biroc

Musique : Frank De Vol

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Etats-Unis, années 30. La Grande Dépression plonge des millions d’Américains dans la misère. Des vagabonds arpentent le pays à la recherche d’un emploi ou d’une simple soupe. Certains tentent de voyager clandestinement à bord des trains de marchandises. Le plus convoité est celui de la ligne 19. Mais la splendide locomotive est gardée par Shack, une brute sanguinaire et sadique, qui n’hésite pas à s’attaquer sauvagement à tous les « trimardeurs » qui osent monter sur sa machine. Seul un vagabond légendaire, appelé « Numéro 1 », ose défier le chef de train. L’affrontement devient inévitable…

Quand il réalise L’Empereur du Nord en 1973, le cinéaste Robert Aldrich a déjà les 3/4 de sa carrière derrière lui. L’auteur de Bronco Apache, Vera Cruz, En quatrième vitesse, Le Grand couteau, Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?, Chut… chut, chère Charlotte, Les Douze Salopards, Plein la gueule et bien d’autres films qui sont autant de grands classiques et chefs d’oeuvre, s’empare d’un scénario de Christopher Knopf. Inspiré des aventures de Leon Ray Livingston, le film est aussi et surtout une libre adaptation de La Route : Les Vagabonds du rail de Jack London (1907), ouvrage dans lequel l’écrivain relatait son errance aux côtés de vagabonds qui « brûlaient le dur », en d’autres termes qui voyageaient comme passagers clandestins sur le toit des trains. Si L’Empereur du Nord ne possède pas – à tort – le même statut que ses autres films, Robert Aldrich y fait pourtant preuve d’une indéniable virtuosité, sa direction d’acteurs est toujours extraordinaire et ce qui a souvent frappé dans son cinéma, sa spontanéité, son énergie et son élégance, se retrouve dans ce film méconnu.

Ses deux têtes d’affiche, Lee Marvin et Ernest Borgnine, rivalisent de charisme et de talent, tout en prenant un malin et contagieux plaisir à jouer au chat et à la souris, jusqu’à l’affrontement brutal, par coups de marteau, de chaînes et de poutres interposés. Si le premier n’a qu’à se placer devant la caméra pour s’imposer immédiatement avec ses yeux de félins, sa voix caverneuse et son visage buriné, véritable étendard d’une communauté et symbole du défi à l’autorité, le second se taille part du lion dans le rôle du sadique Shack, qui n’hésite pas à assommer les vagabonds d’un coup de marteau, tout en jubilant de les voir se faire écraser sous les roues du train lancé à pleine vitesse. Leur affrontement durant deux heures font tout le sel de ce film, qui n’a connu aucun succès dans les salles, mais qui est ensuite devenu culte. C’est la quatrième fois que les deux comédiens sont réunis à l’écran après Un homme est passé de John Sturges (1955), Les Inconnus dans la ville de Richard Fleischer (1955) et bien sûr Les Douze Salopards de Robert Aldrich (1966).

Quasi-inclassable, résolument moderne, oscillant entre plusieurs genres, L’Empereur du Nord se démarque par un soin particulier à reconstituer l’Amérique du début des années 1930. Comme l’indique un panneau en introduction, durant le pic de la Grande Dépression, les vagabonds parcourent le territoire en train, désespérément en quête d’un travail. Rejetés par la société, ils deviennent une espèce à part. Des nomades qui méprisent la loi et imposent la leur. « L’Homme du rail » se consacre à leur extermination. Il se dresse entre eux et leur seul moyen de survivre, le train. Puis ouverture à l’iris, comme si Robert Aldrich débutait un conte. S’ensuit une chanson légère, racontant le lien entre l’homme et le train, quand le récit est soudain parasité par le personnage de Shack qui se débarrasse sauvagement d’un vagabond ayant pris le train en marche. Puis la musique guillerette de reprendre.

Aldrich n’aura de cesse de casser le rythme de son film, en alternant des séquences douces-amères au temps quasi-suspendu, des scènes de violences sèches ou tout simplement éthérées comme cette longue séquence plongée dans le brouillard. Les dialogues sont très soignés, les personnages animés par une violence primaire, la mise en scène enlevée, le rythme soutenu, l’humour noir efficace, les acteurs parfaits jusqu’aux seconds rôles – excellent Keith Carradine, qui souhaite devenir calife à la place du calife – aux gueules patibulaires. L’Empereur du Nord s’inscrit parmi les grandes réussites du mythique réalisateur et demeure un immense plaisir de cinéphile, spectaculaire, singulier, provocateur, magistralement mis en scène (le train devient un véritable personnage à part entière), mis en musique par Frank De Vol et interprété par des comédiens, des monstres sacrés d’une classe folle avec les paysages de l’Oregon comme toile de fond. Un pur spectacle à redécouvrir.

LE BLU-RAY

Le test a été réalisé sur un check-disc. Cette édition de L’Empereur du Nord se compose du Blu-ray et du DVD du film, ainsi que d’un livret exclusif de 86 pages, spécialement écrit par Doug Headline (co-fondateur de la revue Starfix), illustré de photos d’archives rares. Le menu principal est animé et musical.

Le seul supplément disponible dans la section Interactivité est un entretien avec le scénariste Christopher Knopf réalisé en 2015 (19’). Né en 1927, notre interlocuteur parle tout d’abord de ses débuts dans le milieu du cinéma et ses premiers scénarios adaptés, Le Voleur du Roi (1955) et surtout À des millions de kilomètres de la terre de Nathan Juran (1957), pour lequel il se souvient surtout du travail et de son amitié avec Ray Harryhausen. Pour la télévision, Christopher Knopf signe ensuite des épisodes pour les séries western The Restless Gun et Au nom de la loi sur laquelle il rencontre Steve McQueen. Le scénariste déclare avoir traversé les années 1960 pour le compte de la petite lucarne, jusqu’à ce que le réalisateur Robert Aldrich- après les désistements de Martin Ritt et de Sam Peckinpah – jette son dévolu sur son histoire de L’Empereur du Nord, inspirée par un des récits de Jack London sur la vie des hobos durant la Grande Dépression.

Dans un second temps, Christopher Knopf aborde la psychologie des personnages de L’Empereur du Nord, les recherches effectuées afin de coller au plus près de la réalité, le travail des comédiens et les différences entre son scénario original et celui finalement tourné par Robert Aldrich. Ce dernier explique Knopf, ne voulait pas de sa présence sur le plateau et lui a demandé de réécrire la fin. La conclusion prévoyait que Shack et A No. 1 tombent tous les deux du train, laissant finalement Cigaret seul à bord, terrifié, prenant ainsi la place tant convoitée de la légende. Sachant que Lee Marvin n’accepterait pas un tel épilogue, le cinéaste a donc demandé au scénariste de le changer. Enfin, Christopher Knopf revient sur l’échec du film, son préféré, malgré les bonnes critiques. Le scénariste se dit heureux que cette œuvre soit enfin reconnue et même devenue culte avec les années. N’oublions pas de mentionner les précieuses images de tournage qui viennent illustrer le documentaire. L’occasion de voir Ernest Borgnine et Lee Marvin en pleine répétition du combat final, sous l’oeil attentif de Robert Aldrich !

L’Image et le son

La qualité de ce nouveau master HD issu de la restauration 4K réalisée par la Fox au format 1.85 respecté est exceptionnelle et le film de Robert Aldrich renaît littéralement devant nos yeux. Les contrastes affichent d’emblée une densité inédite, la copie est d’une propreté immaculée, aucune scorie n’a survécu au lifting numérique, le piqué est fort impressionnant sur les gros plans (la sueur, la rosacée de Lee Marvin) et les détails abondent surtout sur les plans diurnes en extérieur qui sont à couper le souffle. Si l’on excepte deux ou trois plans flous sur la séquence où les personnages sont longtemps plongés dans un brouillard à couper au couteau, ces menus accrocs sont bien trop anecdotiques compte tenu de la clarté éblouissante, des noirs concis, du grain cinéma respecté, de la colorimétrie vive et du relief inattendu. Enfin, l’ensemble est consolidé par une compression AVC de haute tenue. Magnifique Blu-ray.

L’éditeur ne propose pas un remixage inutile, mais encode les pistes originale et française en DTS-HD Master Audio mono 2.0. Passons rapidement sur la version française au doublage old-school très réussi, qui se concentre essentiellement sur le report des voix parfois au détriment de certains effets annexes. Les dialogues sont d’ailleurs trop élevés sur certaines séquences, même à faible volume, mais l’écoute demeure propre et nette. Elle n’est pas en revanche aussi fluide et homogène que la version originale, même si le report des dialogues aurait pu être plus ardent. Dans les deux cas, aucun souffle n’est à déplorer, les séquences de train lancé à fond sur les rails sont merveilleusement restituées, dynamiques et vives, tout comme le score de Frank De Vol, collaborateur fidèle de Robert Aldrich, qui profite d’une excellente exploitation des frontales. Les sous-titres sont imposés sur la version originale.

Crédits images : ©-1973-Twentieth-Century-Fox-Film-Corporation.-Renewed-©-2001-Twentieth-Century-Fox-Film-Corporation.-Tous-droits-réservés / Wild Side Video / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Mes trésors, réalisé par Pascal Bourdiaux

MES TRÉSORS réalisé par Pascal Bourdiaux, disponible en DVD le 24 mai 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Jean Reno, Reem Kherici, Camille Chamoux, Bruno Sanches, Pascal Demolon, Jean Reynès, Natalia Verbeke, Alexis Michalik

Scénario : Juliette Sales, Fabien Suarez, Carole Giacobbi, Michèle Giacobbi

Photographie : Vincent Gallot

Musique : Sinclair

Durée : 1h27

LE FILM

Carole est une informaticienne introvertie qui vit encore chez sa mère.
Caroline est une pickpocket rebelle qui écume les grands hôtels de la côte d’Azur.
Les deux jeunes femmes ne se connaissent pas et n’ont rien en commun. Rien, sinon leur père, envolé avant leur naissance et qu’elles n’ont jamais vu.
Jusqu’au jour où… Patrick ressurgit !
Ce voleur international recherché par toutes les polices a frôlé la mort, et décide de rattraper le temps perdu en réunissant ses deux filles autour d’un but commun : le casse d’un Stradivarius à 15 millions d’euros…
Entre les bourdes, l’amateurisme et les chamailleries de ses deux filles, Patrick comprend vite que ce braquage ne va pas être une promenade de santé…

L’année 2017 n’a pas été simple pour le réalisateur Pascal Bourdiaux ! Deux échecs commerciaux et critiques très importants avec Mes trésors en janvier et Boule & Bill 2 en avril ! Avant de mettre en scène son premier long métrage en 2010, Le Mac, 1,5 millions d’entrées, Pascal Bourdiaux a d’abord fait ses classes sur la shortcom Un gars, une fille en réalisant près de 500 épisodes ! Il était aussi l’un des premiers à offrir à Kev Adams la tête d’affiche d’un film avec Fiston, dans lequel le jeune comédien donnait la réplique à Franck Dubosc. Porté par une critique positive et un bon bouche à oreille, près de deux millions de spectateurs avaient accueilli favorablement cette très bonne comédie. Pour Mes trésors, c’est une autre affaire.

S’il pouvait être judicieux d’associer les deux actrices au tempérament volcanique Reem Kherici (Fatal, Paris à tout prix) et Camille Chamoux (Les Gazelles, Maman a tort) avec le vieux briscard Jean Reno, on déchante rapidement. D’une part parce que ce dernier, qui n’a jamais brillé par son jeu d’acteur, apparaît ici comme dans le dernier Visiteurs, très fatigué, figé, pouvant à peine marcher et essoufflé à la moindre réplique, d’autre part en raison du manque d’alchimie entre les comédiennes. Si Reem Kharici s’avère plutôt bonne (on parle de sa performance hein, même s’il est indéniable que…), Camille Chamoux énerve à maintes reprises et en fait des tonnes dans le rôle de la nana coincée. Ne pouvant s’empêcher de grimacer, sa prestation a rapidement raison de notre patience. De plus, il faut bien l’avouer, le scénario un rien paresseux ne fait rien pour arranger les choses. Autant le dire, rien ne fonctionne dans cette comédie sur fond de casse voulue rocambolesque.

Le scénariste de Stars 80 (bah oui) tente d’insuffler un rythme nécessaire à ce genre de comédie, mais rien n’y fait. A part une introduction chic et sympathique qui faire penser à un Mission : Impossible franchouillard, dans laquelle Jean Reno usurpe l’identité d’un violoniste virtuose grâce à un masque caractéristique de la série américaine pour mieux lui dérober son précieux instrument, Mes trésors se met ensuite en mode pilotage automatique. Les scènes s’enchaînent à la va-comme-je-te-pousse, en cumulant les gags mous, les dialogues au rabais, l’action de pacotille et une mise en scène fonctionnelle sur un score pourtant inspiré de Sinclair. On pense alors au Ca$h d’Eric Besnard, sorti en 2008, dans lequel Jean Dujardin affrontait…Jean Reno. De là à croire que Pascal Bourdiaux ait voulu jouer sur une impression de déjà-vu…

Au milieu de tout ce marasme, Bruno Sanches (le comparse d’Alex Lutz dans Catherine et Liliane) et l’excellent Pascal Demolon parviennent à tirer leur épingle du jeu, le premier dans le rôle de l’amoureux timide, le second, toujours classe, dans celui de l’adversaire de Jean Reno, qui tombe sous le charme du personnage joué par Camille Chamoux. Certes, Mes trésors n’a aucune autre prétention que de divertir les spectateurs, mais le film est si poussif que rien ou presque ne fait rire. Et ce n’est pas de voir Jean Reno se trémousser sur Treasure de Bruno Mars qui arrange les choses.

LE DVD

Le DVD de Mes trésors, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé, sobre et musical. Pour cette sortie dans les bacs, le visuel a été repensé par rapport à l’affiche originale, en jouant notamment sur un côté OSS 117 qui n’a aucune raison d’être, et en y rajoutant Pascal Demolon et Bruno Sanches.

Suite à ses 140.000 spectateurs, l’éditeur a jugé bon de ne pas sortir Mes trésors en Blu-ray. Pour accompagner cette sortie en DVD, M6 Vidéo livre quelques entretiens croisés de Camille Chamoux, Reem Kharici et de Jean Reno (11’). En pleine promo, les trois comédiens expliquent ce qui les a séduit dans le scénario, le travail avec le réalisateur et la bonne ambiance sur le plateau.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le piqué est aléatoire et la gestion des contrastes parfois légère. Les quelques séquences sombres manquent de définition et les détails font cruellement défaut. Heureusement, ça se rattrape un peu sur les scènes diurnes au relief certain, à la luminosité plaisante. La colorimétrie est à l’avenant et le cadre large retrouve enfin une profondeur de champ inespérée. Notons néanmoins quelques légers fourmillements et des noirs inégaux.

Ne vous attendez pas à un déluge d’effets surround si votre choix s’est portée sur la Dolby Digital 5.1, mais la spatialisation est plus que convenable avec de belles ambiances naturelles et un environnement musical fort plaisant. Mes trésors ne se prêtant évidemment pas aux exubérances sonores, le principal de l’action se trouve canalisé sur les frontales où les dialogues ne manquent pas d’intelligibilité. De son côté, la stéréo s’avère ardente et dynamique. Un parfait confort acoustique. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

Crédits images : © Eric TRAVERS – Radar Films / SND / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Phantasm, réalisé par Don Coscarelli

PHANTASM réalisé par Don Coscarelli, disponible en DVD et combo DVD/Blu-ray le 6 juin 2017 chez ESC Editions & Sidonis Calysta

Acteurs : A. Michael Baldwin, Reggie Bannister, Angus Scrimm, Bill Thornbury, Kathy Lester, Terrie Kalbus, Kenneth V. Jones, Susan Harper, Lynn Eastman-Rossi

Scénario : Don Coscarelli

Photographie : Don Coscarelli

Musique : Fred Myrow, Malcolm Seagrave

Durée : 1h29

LE FILM

Le jeune Mike, treize ans, assiste en cachette à l’enterrement d’un ami. Après la cérémonie, il voit un colosse s’emparer du cercueil, qu’il soulève comme une plume. Le soir venu, Mike s’introduit dans le grand bâtiment au centre du cimetière et y découvre des activités déconcertantes. Il fait part de ses soupçons à son grand frère Jody, qui retourne avec lui au mausolée. Les deux frères acquièrent la conviction que des forces inconnues s’emparent des défunts dans un but innommable.

Phantasm est l’oeuvre de toute une vie, celle du scénariste et réalisateur américain Don Coscarelli. Né en 1954 à Tripoli, le cinéaste signe d’abord deux longs métrages en 1976, Jim the World’s Greatest, sur lequel il rencontre le comédien Angus Scrimm, puis Kenny & Company. Passionné par le cinéma d’horreur, Don Coscarelli se lance dans l’écriture d’un film de genre en s’isolant au milieu de nulle part, une situation qui lui permet de coucher ses peurs et ses névroses sur le papier. La suite appartient à la légende. Phantasm est un chef d’oeuvre du film fantastique et d’épouvante de la fin des années 1970, un succès qui engendrera quatre suites (1988, 1994, 1998, 2015), dont trois mises en scène par Don Coscarelli lui-même. S’il est également célèbre pour avoir réalisé Bubba Ho-tep en 2002 avec Bruce Campbell dans le rôle d’Elvis qui combat les momies, le cinéaste – qui compte aujourd’hui dix longs métrages à son actif – demeure avant tout le créateur de cette saga mythique.

Egalement producteur, monteur et directeur de la photographie, Don Coscarelli crée un monde foisonnant et virtuose, peuplé de nains dissimulés sous des capuches, un boogeyman gigantesque au teint blafard et à la force herculéenne, un monde parallèle au ciel embrasé, du sang jaune, des doigts coupés qui s’agitent seuls, des mouches géantes, une sphère métallique volante qui se plante dans la tête de la victime et qui la perce à l’aide d’un foret pour y pomper le cerveau. Tout cela pourrait facilement tomber dans l’absurde, mais Don Coscarelli embrasse son sujet avec autant de sérieux que d’humour et parvient à rendre son histoire réaliste et donc emphatique. Plusieurs choses viennent immédiatement en mémoire quand on évoque ce grand classique qu’est Phantasm, mais parmi ce kaléidoscope d’images inoubliables, c’est bel et bien la figure du Tall Man qui vient à l’esprit. Incarné par Lawrence Rory Guy, plus connu sous le nom d’Angus Scrimm (1926-2016), ce croquemitaine ou ce croque-mort plutôt, s’inscrit parmi les personnages les plus emblématiques et énigmatiques du genre aux côtés de Michael Myers, Freddy Krueger, Leatherface et Pinhead. Sa démarche, ses regards, son costume et sa voix (« Booooooy ? ») ont fait de lui une icône de l’épouvante.

Parallèlement à ce boogeyman, Phantasm s’avère un vrai film dramatique qui parle du deuil impossible d’un jeune adolescent pour ses parents et pour son frère aîné. Près de 40 ans après le film nous pouvons nous permettre de dévoiler que le film se révèle être une plongée dans l’imaginaire (quoique…) de Mike. A l’instar du merveilleux film de J.A. Bayona sorti début 2017, Quelques minutes après minuit, Phantasm s’attache à un jeune homme plongé malgré lui dans un monde cauchemardesque pour pouvoir, sans doute, affronter la réalité. Comme dans le Bayona dans lequel un jeune garçon avait recours malgré lui au pouvoir de l’imaginaire pour pouvoir admettre la mort prochaine de sa mère et à préparer son deuil, celui de Phantasm erre dans un cauchemar dans lequel il affronte un croquemitaine aux côtés de son frère aîné Mike. L’épilogue joue alors la carte de la frontière fragile entre le rêve et la réalité, quand les deux mondes rentrent en collision au point de se fondre l’un dans l’autre. La fin reste ouverte et de nombreuses questions en suspens. Si Don Coscarelli n’avait peut-être pas l’intention d’y répondre, du moins immédiatement puisque le second opus ne sera réalisé que dix ans après, on plonge à fond dans cet univers riche et singulier, unique, qui n’a de cesse de surprendre, animé par une passion contagieuse pour le genre, qui enchaîne les scènes anthologiques comme des perles sur un collier en se permettant même quelques soupapes d’humour noir, sans omettre l’émotion.

On ne peut s’empêcher de penser à certaines œuvres de Stephen King, à tel point que si Phantasm avait été une adaptation d’un livre de l’auteur de Carrie, le film se classerait parmi les meilleures transpositions d’une de ses œuvres au cinéma. En s’inscrivant pleinement dans le surréalisme et parfois le macabre diurne (ce qui est assez rare), Phantasm n’est pas sans rappeler Un chien andalou de Luis Buñuel, non seulement en raison de son atmosphère onirique, mais également par son montage de scènes étranges qui fait penser à un puzzle pour lequel chacune des pièces serait caractérisée par un mauvais rêve. Un jeu éclaté et pourtant conduit de main de maître du début à la fin, tandis que l’envoûtante musique de Fred Myrow et Malcolm Seagrave berce les spectateurs comme une comptine entêtante.

A sa sortie, Phantasm est un succès critique et commercial. Le film rapporte près de 12 millions de dollars au box-office nord-américain et attire plus de 500.000 spectateurs en France où il obtient également le prix spécial du jury au Festival international du film fantastique d’Avoriaz. Le budget de 300.000 dollars est donc largement rentabilisé. Toutefois, Don Coscarelli ne reviendra à Phantasm qu’en 1988, réalisant entre-temps un film d’heroic fantasy, Dar l’invincibleThe Beastmaster.

LE BLU-RAY

C’est un grand jour pour les cinéphiles ! ESC Editions et Sidonis Calysta s’associent pour nous offrir le tant attendu Phantasm en Haute-Définition ! Le film est disponible en DVD, mais aussi en combo Blu-ray/DVD (édition limitée), disposés dans un boîtier métal avec effet arrondi en 3D. Le menu principal est élégant, animé sur des images du film et son célèbre thème principal.

Le premier supplément disponible sur cette édition est une interview croisée (21’) de Guy Astic (Directeur des éditions Rouge Profond, corédacteur en chef de la revue de cinéma Simulacres, parue de novembre 1999 à mai 2003) et de Julien Maury (scénariste et réalisateur, A l’intérieur). Cette présentation souvent passionnante de Phantasm vaut essentiellement pour l’intervention de Guy Astic, qui convoque à la fois le fond et la forme du film de Don Coscarelli, tandis que Julien Maury, qui introduit et clôt ce module, partage surtout ses souvenirs liés à la découverte de ce grand classique quand il était adolescent. Guy Astic revient sur les débuts de Don Coscarelli, sur les partis pris, les intentions du réalisateur, sa façon d’aborder le fantastique, les thèmes (Astic rapproche également Phantasm de Quelques minutes après minuit de J.A. Bayona), la figure du Tall Man, les effets visuels, la séquence de la sphère métallique. Si les propos de Julien Maury s’avèrent donc plutôt anecdotiques bien que passionnés, ceux de Guy Astic méritent l’attention des cinéphiles et des passionnés du genre.

Le supplément suivant est un document d’archives, avec son image vidéo typique de l’époque. Invités sur le plateau d’une émission réalisée pour une chaîne de télévision en Floride, le réalisateur, scénariste, monteur et producteur Don Coscarelli et le comédien Angus Scrimm répondent aux questions de l’animateur George Capwell (28’). Alors que Phantasm vient tout juste de sortir dans les salles, les deux intervenants réalisent la promotion du film. Le réalisateur aborde la genèse du projet, les conditions de production et de tournage (Coscarelli a été obligé d’emprunter de l’argent à son père), son amour pour les films d’horreur, comment le film a ensuite été acheté, les origines du titre. De son côté, en mode Tall Man, Angus Scrimm raconte l’histoire à sa manière, ses débuts au théâtre et au cinéma, mais aussi comment il a créé son personnage grâce à son costume (plus large que sa morphologie), des chaussures compensées, le maquillage et sa voix.

Angus Scrimm est de retour dans le bonus suivant dans lequel le comédien intervient à la convention Fangoria en 1989, un an après la sortie de Phantasm 2 (10’). A la manière de Gollum qui discute avec Sméagol, Angus Scrimm laisse parfois le Tall Man prendre le dessus, quand il ne dialogue tout simplement pas avec lui-même, pour le plus grand plaisir des spectateurs hilares. Entre deux délires très réussis, Angus Scrimm s’exprime sur ce rôle, celui de sa vie et s’amuse du peu de dialogues qu’il possède dans les deux films. Par ailleurs, il reprend chaque réplique déclamée sur le ton de son personnage, cinq pour Phantasm et dix pour sa suite. Booooooooy ????!!!!

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale et une galerie de photos.

Dommage de ne pas retrouver les commentaires audio du réalisateur accompagné de ses acteurs d’un côté et des producteurs de l’autre, les scènes coupées et le module sur les effets spéciaux pourtant présents sur l’édition américaine. Mais ce serait faire la fine bouche, car notre édition est vraiment formidable.

Egalement au programme mais non reçu pour ce test, vous trouverez un livret de Marc Toullec intitulé « Au coeur du Phantasm », réalisé à l’occasion de cette édition.

L’Image et le son

ESC Editions / Sidonis Calysta nous livre la tant attendue nouvelle copie tirée d’un master restauré en 4K par Bad Robot, la société de production de J.J. Abrams. Alors, si les puristes risquent de tiquer devant le lissage parfois excessif du grain original, force est de constater que Phantasm renaît bel et bien de ses cendres ! Totalement invisible en France depuis une vingtaine d’années, le film de Don Coscarelli bénéficie enfin d’une édition digne de ce nom. La propreté du master est ébouriffante. Toutes les scories, poussières, griffures ont été purement et simplement éradiquées grâce au scalpel numérique. Ce Blu-ray au format 1080p (AVC) s’avère tout autant saisissant dans son rendu des scènes diurnes que pour les séquences sombres, l’image est souvent éclatante avec un piqué inédit, une profondeur de champ impressionnante et un relief des textures que nous n’attendions pas. Les couleurs retrouvent une deuxième jeunesse, à tel point que l’on pourrait même distinguer le maquillage outrancier du Tall Man. Hormis le manque de patine argentique sur certains plans qui pourrait parfois donner un côté artificiel à l’entreprise (même si on a déjà vu bien pire dans le genre), l’élévation HD pour Phantasm est indispensable et le lifting de premier ordre.

La version originale bénéficie d’un remixage DTS-HD Master Audio 5.1. Au premier abord on pouvait craindre le pire. Il n’en est rien, bien au contraire. Cette option acoustique séduisante permet à la composition enivrante de Fred Myrow et Malcolm Seagrave d’environner le spectateur pour mieux le plonger dans l’atmosphère du film. Les effets latéraux ajoutés ne tombent jamais dans la gratuité ni dans l’artificialité. De plus, les dialogues ne sont jamais noyés et demeurent solides, la balance frontale assurant de son côté le spectacle acoustique, riche et dynamique. Les fans de la version française devront se contenter d’une piste mono DTS-HD Master Audio. Cette version se révèle assez percutante et propre, mais certains dialogues s’avèrent sensiblement grinçants. Les sous-titres ne sont pas imposés sur la version originale. Aucun souffle constaté.

Crédits images : © ESC Editions / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Tropique du Cancer, réalisé par Edoardo Mulargia et Giampaolo Lomi

TROPIQUE DU CANCER (Al Tropico del Cancro) réalisé par Edoardo Mulargia et Giampaolo Lomi, disponible en combo DVD/Blu-ray le 1er avril 2017 chez Le Chat qui fume

Acteurs : Anthony Steffen, Anita Strindberg, Gabriele Tinti, Umberto Raho, Stelio Candelli, Gordon Felio, Kathryn Witt

Scénario : Anthony Steffen, Giampaolo Lomi, Edoardo Mulargia

Photographie : Marcello Masciocchi

Musique : Piero Umiliani

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Vivant depuis de nombreuses années à Port-au-Prince, le Docteur Williams traîne une réputation de fabricant de drogue. Sa dernière création est un puissant hallucinogène permettant de plonger dans un univers érotique ouvrant sur ses désirs les plus secrets. Peacock, énorme fortune de l’île, pédophile notoire, convoite la formule, tout comme un certain Murdock, fraîchement arrivé en ville. Après avoir caché son invention, Williams voit débarquer un vieil ami, Fred Wright et son épouse Grace. Commence alors une série de règlements de comptes de plus en plus violents, tandis que Grace, au son des tambours vaudous, découvre ses désirs enfouis.

Tropique du CancerAl Tropico del Cancro (1972), est un giallo à part. Alors que les films du genre se déroulent habituellement dans une ville (européenne), de nuit, éclairée froidement ou au contraire avec moult jeux de couleurs baroques, le film coréalisé – enfin c’est à voir, comme cela est expliqué dans les suppléments du Blu-ray – par Edoardo Mularcia (Creuse ta fosse, j’aurai ta peau, El Puro, la rançon est pour toi) et Giampaolo Lomi (assistant sur Les Négriers de Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi, déjà tourné à Haïti) se déroule sous la chaleur moite et le soleil éclatant d’Haïti. En plus de cette approche singulière et exotique, le giallo est lui-même parasité par un autre genre d’exploitation alors lancé depuis dix ans, le mondo. Ce qui caractérise le mondo est une approche semi-documentaire, proposant des images souvent très crues, destinées avant tout à choquer les spectateurs. Comme qui dirait l’ancêtre du found-footage, puisqu’il s’agit avant tout de renforcer l’immersion de l’audience. C’est donc à la lisière de ces deux genres qu’apparaît Tropique du Cancer.

Le Docteur Williams (Anthony Steffen aka Antonio De Teffè, également coscénariste) vit à Port-au-Prince depuis plusieurs années et semble se consacrer à son travail à l’hôpital. En réalité, Williams s’adonne à des recherches et même à la fabrication de substances illicites. Le scientifique solitaire et misanthrope a mis au point un puissant hallucinogène à haute teneur érotique, ayant pour conséquence de rendre réaliste les fantasmes de celui ou celle qui le respire. La découverte de Williams, aidé dans ses travaux par deux assistants, est parvenue jusqu’aux oreilles d’individus peu scrupuleux, qui souhaitent acquérir la formule par tous les moyens possibles. C’est alors que débarquent Fred (Gabriele Tinti, le « vrai » Don Cesar de La Folie des grandeurs) et son épouse Grace (Anita Strindberg), visiblement pour essayer de relancer leur couple en crise. Tandis que cette dernière tombe immédiatement sous le charme de l’île et de ses habitants, un en particulier, la visite de Fred, ancien ami de Williams, ne semble pas innocente. Pendant ce temps, les deux assistants du docteur se font assassiner. Se pourrait-il que le meurtrier soit le dénommé Peacock, un obèse pédophile qui a la mainmise sur l’île grâce à son argent ? Ou bien encore un certain Murdock, qui vient tout juste d’arriver dans la capitale accompagné d’un homme de main ? Malgré les tensions, Williams ne souhaite pas vendre son invention et l’a dissimulée. Mais les menaces se multiplient.

Tropique du Cancer est plus un film d’ambiances et d’atmosphère qu’un véritable thriller proprement dit, même si les meurtres réalisés par un tueur aux gants de cuir s’enchaînent – en caméra subjective bien entendu – et s’avèrent de plus en plus sauvages. En situant le récit à Port-au-Prince, dans un climat étouffant et anxiogène, les deux réalisateurs créent un malaise constant et inquiétant, d’autant plus qu’ils marquent le film de brisures documentaires, notamment quelques transes, rituels et pratiques vaudou organisés pour les moyens du tournage, mais bel et bien réels, non mis en scène, y compris le sacrifice d’un taureau dont on recueille le sang après égorgement, comme plus tard lors d’une visite d’abattoirs. Sous ce climat lourd et suffocant, nous suivons la course à un aphrodisiaque puissant et révolutionnaire. Là encore, c’est moins cet aspect « espionnage » – à la résolution très décevante il faut bien l’avouer – que le réveil du désir d’une femme qui s’avère le plus intéressant, d’autant plus quand celle-ci est interprétée par la sublime actrice suédoise Anita Strindberg !

Dès l’arrivée de Grace sur le sol de Port-au-Prince, la jeune femme remarque un des employés de l’hôtel où elle a posé ses valises. On sent Grace bouleversée par ce qui lui arrive et cet habitant, lui-même peu indifférent, semble réveiller chez elle quelques fantasmes sexuels jusqu’alors refoulés. Sentiments qui conduisent à la séquence la plus célèbre du film, quand Grace, sous le charme de l’aphrodisiaque distillé à son insu, plonge dans un rêve peuplé de jeunes éphèbes noirs, nus, qui tentent de l’agripper dans un couloir couleur rouge-sang, jusqu’à ce qu’elle tombe dans les bras de celui sur qui elle fantasme depuis son arrivée, le tout bercé par la superbe partition de Piero Umiliani. Magnifique scène graphique qui n’est évidemment pas sans rappeler l’ouverture du Venin de la peur de Lucio Fulci, également interprété par Anita Strindberg.

Film pluriel, à la croisée des genres, à la lisière du fantastique, Tropique du Cancer est finalement un film inclassable et sensuel, curieux, atypique et ambitieux, à la fois divertissant et réflexion sur la sexualité féminine. De grandes qualités qui font oublier les quelques facilités et l’aspect parfois décousu du scénario.

LE BLU-RAY

Le Chat qui fume a mis le turbo depuis la sortie en Blu-ray du Venin de la peur en octobre 2015 ! Après les sublimes éditions HD La Nuit des diables, Exorcisme tragique, La Soeur d’Ursula et Terreur sur la lagune, le félin sort les griffes à nouveau ! C’est au tour de Tropique du Cancer d’arriver dans l’escarcelle – ou la gamelle – du Chat noir. L’objet est magnifique.

Le combo Digipack à trois volets de ce nouveau titre « Exploitation italienne », renferme à la fois le DVD du film, celui alloué aux suppléments et le Blu-ray qui reprend le tout. Sur le verso des volets, nous trouvons trois affiches originales du film. L’ensemble se glisse dans un étui cartonné du plus bel effet, au visuel superbe et attractif. Cette édition limitée à 1000 exemplaires s’avère un véritable objet de collection. Le menu principal est animé et musical. Un service princier.

Comme d’habitude pour ses éditions HD, Le Chat qui fume a mis le paquet concernant les suppléments avec plus d’1h45 de bonus à se mettre sous la dent !

On commence par l’entretien avec le coréalisateur Giampaolo Lomi (32’). Né en 1930 et ne comptant que deux films à son actif en tant que metteur en scène, Tropique du Cancer en 1972 et I Baroni en 1975, Giampaolo Lomi explique que l’idée d’Al Tropico del Cancro vient de lui et de son désir de retravailler en Haïti, où il a vécu 1 an et demi et où il a surtout servi d’assistant-réalisateur sur Les Négriers de Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi. Dans un deuxième temps, Lomi insiste sur le fait qu’on lui ait imposé de réaliser Tropique du Cancer en binôme avec Edoardo Mulargia en raison de son manque d’expérience dans le domaine de la fiction. Mais l’argument est aussitôt démenti par l’intéressé qui indique que Mulargia, qui était chargé à la base de superviser le tournage, préférait aller à la plage en lui faisant confiance. Lomi s’accapare donc l’entière paternité du film, sur lequel il revient ensuite plus longuement, les conditions de tournage – en Arriflex 9mm – des scènes de vaudou, le travail avec les comédiens, Anthony Steffen qu’il qualifie de voleur de gros plans et qui s’est imposé pour écrire également le scénario, sans oublier Anita Strindberg, dont il se souvient surtout de la poitrine refaite qu’il a essayé de dissimuler à l’image. Après être revenu sur les personnages et la représentation de l’homme de couleur dans Tropique du Cancer, Lomi aborde un sujet épineux, ses rencontres avec le dictateur François Duvalier ou Papa Doc, qu’il considère comme l’un des chefs d’état les moins cruels « dans le genre » et tente de démontrer ce qu’il a fait pour Haïti, en permettant à la population d’avoir accès à la nourriture. Damn !

Tout ce qui est dit par Lomi est en quelque sorte démenti par le second réalisateur de Tropique du Cancer dans le supplément suivant. Contrairement au module précédent, le document présenté est composé d’entretiens audio avec Edoardo Mulargia (décédé en 2005), ainsi que des propos face caméra du journaliste Davide Pulci, du réalisateur Roger A. Fratter et des comédiens Robert Woods et Marc Fiorini (18’). Dans son interview à l’enregistrement grinçant, Edoardo Mulargia annonce de son côté être l’auteur du film en avançant que Giampaolo Lomi « s’est uniquement occupé de tourner quelques scènes secondaires, mais pas grand-chose […] il n’a pas grand-chose à y voir, même si le film est sorti sous nos deux noms ». Ce sur quoi les autres intervenants réagissent en allant dans ce sens, en expliquant que Lomi s’est probablement occupé de la partie « documentaire » du film, à savoir les scènes de vaudou, alors que Mulargia s’est chargé de tout le reste, autrement dit de la partie fictive et du travail avec les acteurs. Tropique du cancer est ensuite un peu abordé sur la forme et sur le fond, même si ce module s’égare ensuite sur le travail d’acteur de Anthony Steffen avec les interventions de deux comédiens qui lui ont donné la réplique. Dans la dernière partie de ce documentaire, l’intérêt se recentre sur la fin de carrière de Mulargia, placée sous le signe de films érotiques, ce que l’intéressé dément dans son entretien. Plus critique, Davide Pulci indique que Mulargia « était un réalisateur qui n’avait pas vraiment de style notable et ses films sans particularité artistique ou technique ».

C’est ensuite au tour du journaliste Francis Barbier du site DeVilDead.com de prendre la parole pour une analyse indispensable de Tropique du Cancer (27’). Comme il l’indique d’entrée de jeu, ce module contient des spoilers et n’est donc à visionner qu’après avoir vu le film. Outre son attachement pour la belle Anita Strindberg (« avec son corps qui capte le soleil… ») et sa pique sur « cette espèce de vieux con d’Eastwood » quand il aborde le thème du racisme, Francis Barbier croise habilement le fond et la forme du film qui nous intéresse en revenant sur son caractère singulier et transgenre, entre giallo et mondo, sans oublier une touche de blaxploitation. La scène d’hallucination est passée au crible, tout comme le travail des deux réalisateurs, le cadre, l’espace et l’homme de couleur dans le cinéma italien.

Dernier entretien de cette interactivité avec celui du scénariste Fathi Beddiar (25) qui nous présente ses trois gialli préférés. Visiblement peu habitué à l’exercice, l’intéressé s’embrouille quelque peu dans ses propos qui manquent de construction, même si l’ensemble est malgré tout sympathique et intéressant. L’auteur du très bon Colt 45, qu’il a néanmoins renié avec le réalisateur Fabrice Du Welz en raison d’une production catastrophique, essaye tout d’abord de donner sa propre définition du giallo, avant de livrer son top constitué de Gente di rispetto de Luigi Zampa (1975), Le Corps et le Fouet et 6 Femmes pour l’assassin de Mario Bava (1963 et 1964), ainsi que Les Frissons de l’angoisse de Dario Argento (1975). Si Fathi Beddiar s’égare quelque peu, au moins l’intéressé fait preuve de grandes connaissances du giallo (et du cinéma en général) et son intervention ne manque pas d’attraits.

Egalement au programme, à la fois sur le DVD consacré aux bonus et sur cette édition HD, nous trouvons Tropique du Cancer proposé en mode VHS, en version française et encodé en 1080i sur le Blu-ray. Outre la fibre nostalgique titillée, c’est aussi l’occasion de voir tout le travail effectué du point de vue de la restauration !

Cette section se clôt sur un lot de bandes-annonces de films, celle de Tropique du Cancer, mais aussi celles de films prochainement disponibles chez Le Chat qui fume dont La Longue nuit de l’exorcisme de Lucio Fulci !

Une des éditions indispensables et incontournables de ce premier semestre 2017 sur laquelle devraient se ruer tous les cinéphiles !

L’Image et le son

Une fois passé le générique grumeleux et marqué par quelques rayures verticales, la Haute-Définition prend son envol devant nos yeux sans cesse flattés. Le Blu-ray édité par Le Chat qui fume restitue habilement les volontés artistiques originales en conservant heureusement le précieux grain cinéma ainsi que les couleurs chaudes et clinquantes (voir les carrosseries rutilantes des voitures). Les contrastes sont léchés et le relief étonnamment palpable, tandis que le piqué demeure acéré. Ces partis pris entraînent certes une image parfois plus douce, une sensible perte de la définition sur les nombreux zooms, mais la compression AVC consolide l’ensemble avec brio, les détails sont légion sur le cadre large, les noirs denses et la copie éclatante. Quant à la restauration, elle est souvent sidérante.

Propre et dynamique, le mixage italien DTS HD Master Audio Mono 2.0 ne fait pas d’esbroufe et restitue parfaitement les dialogues, laissant une belle place à la musique de Piero Umiliani (Le Pigeon, A cheval sur le tigre). A titre de comparaison, elle demeure la plus dynamique et la plus riche du lot, à tel point que l’on parvient à entendre les maracas jouées par un musicien au fond de l’image. La version française DTS-HD Master Audio Mono 2.0, au doublage particulièrement raté (donc amusant), apparaît plus grinçante, même si comme son homologue, elle apparaît dépourvue de souffle parasite. Le changement de langue est verrouillée à la volée et les sous-titres français imposés sur la version originale.

Crédits images : © Le Chat qui fume / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Monster Cars, réalisé par Chris Wedge

MONSTER CARS (Monster Trucks) réalisé par Chris Wedge, disponible en DVD et Blu-ray le 2 mai 2017 chez Paramount Pictures

Acteurs : Lucas Till, Jane Levy, Thomas Lennon, Barry Pepper, Rob Lowe, Danny Glover, Amy Ryan, Holt McCallany

Scénario : Derek Connolly, d’après une histoire originale de Matthew Robinson, Jonathan Aibel, Glenn Berger

Photographie : Don Burgess

Musique : David Sardy

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Monster Cars nous embarque pour vivre l’incroyable aventure d’un garçon ordinaire, Tripp, se liant d’amitié avec un adorable monstre, Creech.
Pour échapper à la vie trop tranquille de sa ville natale, Tripp, un lycéen passionné de voiture, construit une « Monster Car », 4X4 surpuissant et surdimensionné, dans le but de partir un jour à l’aventure ! À la suite d’un accident près d’un site de forage pétrolier, il fait la rencontre de Creech, une créature souterraine étrange qui a un goût certain pour le pétrole et un talent pour la vitesse. Pour protéger Creech de l’entreprise de forage qui tente de dissimuler l’incident au grand public, Tripp cache le monstre sous le capot de sa Monster Car, la transformant ainsi en un bolide super-puissant ! Aidés par la jolie Meredith, Ils vivront une expérience inoubliable pour que Creech puisse retrouver sa famille et son habitat naturel.

C’est l’une des plus grandes catastrophes industrielles de ces dernières années. Monster Trucks aka Monster Cars dans nos contrées n’était même pas encore sorti dans les salles, que la Paramount annonçait déjà que le studio serait déficitaire de plus 115 millions de dollars ! Pour son premier film mis en scène en live action, le réalisateur Chris Wedge, Oscar du meilleur court-métrage d’animation en 1999 pour Bunny, puis responsable de l’horrible franchise L’Age de glace, n’a pas été gâté. Tourné en 2014, Monster Cars n’a eu de cesse de voir sa sortie initiale – alors prévue au mois d’août 2015 – reportée finalement jusqu’à Noël 2016, la Paramount ne sachant pas comment vendre ce projet qui lorgne sur les films familiaux des années 1980-90, alors que le studio espérait également vendre des millions de jouets et autres produits dérivés. Le budget estimé à plus de 120 millions de dollars a littéralement été englouti dans la titanesque postproduction. Pourtant, rien ne distingue ce film à effets spéciaux des autres, d’autant plus que Monster Cars s’avère un film bien sage, pour ne pas dire avare sur les scènes d’action et que ses monstres tout moches manquent singulièrement d’âme.

Nous n’arrivons pas à comprendre comment des millions de dollars ont pu être dépensés pour un film de cet acabit, visiblement sorti de l’imagination d’un gamin de quatre ans. Ceci est véridique. A l’instar de Robert Rodriguez et ses Aventures de Shark Boy et Lava Girl en 2005, il semblerait que le fils d’Adam Goodman, l’ancien boss de la Paramount Pictures, ait eu cette idée innocente de mettre des monstres à tentacules dans la carcasse d’une voiture, remplaçant ainsi le moteur. Les membres de la créature étant dotée de roulements à billes (!), la voiture, en l’occurrence un 4X4, bénéficie alors de la force du grand poulpe aux dents acérées pour être lancée à fond sur l’asphalte et sur les chemins les plus impraticables. « Et pourquoi pas lui faire franchir des murs papa ? » « Oh ouais, c’est une super idée ça fiston ! Aller hop, je suis le patron, je lance le film et j’engage quatre scénaristes (dont Derek Connolly, le responsable du calamiteux Kong: Skull Island) pour écrire ce qu’il faut d’histoire et la saga Transformers n’a qu’à bien se tenir ! Ah, mais c’est vrai que Transformers c’est moi aussi ! Pas grave, ça nous fera deux franchises lucratives ». C’est peu dire que l’engouement est vite retombé.

Si on a déjà vu bien pire dans le genre divertissement niais, Monster Cars ne s’adresse en réalité à personne. Les enfants peuvent s’amuser un temps devant cette bestiole pathétique, mais comme elle disparaît la plupart du temps sous la carrosserie, leur patience sera mise très vite à rude épreuve. Quant aux spectateurs plus âgés…S’il y a indéniablement un parfum rétro qui peut parfois titiller la fibre nostalgique, le récit demeure tellement poussif et sans enjeux, sans parler de l’interprétation tout en dents UltraBrite du jeune comédien Lucas Till (vu dans les affreux derniers X-Men et dans le rôle principal du reboot de la série MacGyver), sorte de version live du prince Très Très Charmant de Shrek 2, ou d’une jeune pousse d’endive avec des cheveux devant les yeux, que cela irrite d’entrée de jeu. Sa partenaire Jane Levy, déjà appréciée dans Evil Dead (version 2013) et Don’t Breathe : La Maison des ténèbres, réalisés par Fede Alvarez, illumine un petit peu ce film extrêmement paresseux. Amy Ryan, Danny Glover, Barry Pepper et Rob Lowe viennent payer leurs impôts en espérant peut-être intégrer une prochaine saga lucrative.

Il n’y a aucun potentiel dans Monster Cars, film qui se mord la queue, ou le tentacule plutôt, dont le message écolo extrêmement maladroit, pour ne pas dire irresponsable, s’est retourné contre le film qui utilise des monstres, des animaux donc, pour pouvoir faire fonctionner des 4X4. Moteur faussement hybride donc puisque le monstre en question raffole du pétrole qu’il engloutit avec gourmandise, afin de se donner plus de force pour propulser l’énorme véhicule – ici sublimé, autre paradoxe – à tout berzingue. C’était une fausse bonne idée. Cela peut arriver. Sauf qu’il s’agit d’une centaine de millions de dollars ici. Monster Cars reste et restera un film malade, étrange, singulier, ennuyeux, qui se voit comme une curiosité ou à titre d’expérience.

LE BLU-RAY

Monster Cars déboule en Blu-ray chez Paramount Pictures. Le menu principal est fixe et musical. La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend l’un des visuels français. Une petite plaquette comprenant des autocollants est également insérée dans le boîtier. Conservez-les ! Ça peut devenir collector ! Pourquoi riez-vous ?

Afin de lui donner une seconde chance, la Paramount Pictures accompagne Monster Cars de suppléments sympathiques, environ 45 minutes au total.

Les trois premiers modules (Qui conduit les Monster Trucks ? – 7’, Le Monstre dans le 4X4 – 5’, Création du Monster Truck – 6’30) convient les comédiens, le réalisateur, les responsables des effets visuels, les animateurs, le scénariste et les producteurs pour promouvoir le film avec une bonne humeur innocente, sans penser à la galère monstre (c’est le cas de le dire) dans laquelle allait être précipité le film. Si rien n’est dit quant à la genèse du projet, on s’amusera de l’intervention de Danny Glover (« Ça va être palpitant ! »), les yeux éteints, qui semble crier intérieurement « Je suis une célébrité, sortez-moi de là ! ». Seuls les plus jeunes comédiens semblent y croire à fond, tandis que l’on nous présente l’histoire, les cascades et la création des images de synthèse. Des images du tournage et du plateau illustrent cet ensemble.

S’ensuit un journal de la production (10’) composé d’une dizaine de featurettes d’une minute. Celles-ci reprennent de nombreuses images issues des suppléments précédents avec les mêmes intervenants. Mais comme cela va très vite, ça peut passer.

En plus d’un bêtisier amusant (5’), l’éditeur joint enfin quelques scènes coupées (9’), qui prolongent essentiellement les cours de soutien en biologie de Meredith à Tripp (avec quelques sous-entendus à caractère sexuel, ce qui expliquerait l’éviction de cette séquence) et les diverses poursuites avec une mention spéciale pour le changement de roue réalisé à fond la caisse.

L’Image et le son

Si vous en avez la possibilité, découvrez Monster Cars en Haute définition. Les effets numériques sont magnifiquement incrustés dans les véritables paysages, le piqué est ciselé (surtout sur les scènes diurnes), les couleurs impressionnantes. Seules quelques séquences plus agitées apparaissent parfois moins nettes et occasionnent quelques pertes de la définition. Il n’empêche que les contrastes sont léchés, les noirs denses et la profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures, notamment des carrosseries des engins, est subjuguant. Une nouvelle réussite technique pour Paramount Pictures.

Le mixage français Dolby Digital 5.1 laisse pantois par sa pauvreté acoustique. Aucune dynamique, soutien classique des latérales, basses légères. Elle n’arrive évidemment pas à la cheville de l’explosive piste anglaise Dolby Atmos – ou Dolby TrueHD 7.1 pour les non équipés – avec ses dialogues remarquablement placés sur la centrale, les frontales saisissantes, les effets et ambiances riches et explosives (surtout lors de la poursuite finale), les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson, mis à rude épreuve, qui n’en finit pas de marteler les séquences les plus mouvementées ou même quand les véhiculent ne font que rouler tranquillement. Un grand spectacle acoustique.

Crédits images : © Paramount Pictures. All Rights Reserved. / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / A Monster Calls – Quelques minutes après minuit, réalisé par J.A. Bayona

QUELQUES MINUTES APRÈS MINUIT (A Monster Calls) réalisé par J.A. Bayona, disponible en DVD et Blu-ray le 9 mai 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Lewis MacDougall, Sigourney Weaver, Felicity Jones, Toby Kebbell, Ben Moor, James Melville

Scénario : Patrick Ness, d’après son roman « Quelques minutes après minuit » (A Monster Calls)

Photographie : Oscar Faura

Musique : Fernando Velázquez

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité…

Juan Antonio García Bayona est un génie et le mot n’est pas galvaudé. Ces dix dernières années, moult réalisateurs ont été qualifiés de « nouveau Spielberg », notamment Jeff Nichols, mais s’il y a bien un cinéaste, qui allie à la fois le coeur, l’âme et la virtuosité comme l’auteur d’E.T. l’extra-terrestre, c’est bel et bien le cinéaste et scénariste espagnol né en 1975 à Barcelone. Lauréat du Goya du meilleur nouveau réalisateur en 2008 pour son premier film, le chef d’oeuvre L’OrphelinatL’Orfanato, J.A. Bayona a ensuite confirmé avec son second long métrage The Impossible, pour lequel il bénéficiait des stars Naomi Watts et Ewan McGregor comme têtes d’affiche. Avec A Monster Calls – Quelques minutes après minuit, le réalisateur clôt une trilogie sur le rapport mère-fils avec des personnages pris dans une situation anxiogène et sur lesquels plane l’ombre de la mort.

Conor, 13 ans, souffre beaucoup de voir sa mère affaiblie par le cancer. Alors que celle-ci vient de commencer un nouveau traitement, l’adolescent redoute la nuit et ses cauchemars. Harcelé à l’école, délaissé par un père absent et habitant aux Etats-Unis, il subit également l’autorité de sa grand-mère. A minuit sept, un monstre, qui a l’apparence d’un if gigantesque, vient le voir. Grâce au monstre, Conor gagne en maturité, apprend le courage, à dépasser son chagrin et à affronter la cruelle vérité. A l’origine, A Monster Calls – Quelques minutes après minuit est un roman inachevé de l’auteure britannique Siobhan Dowd, décédée des suites d’un cancer en 2007. L’écrivain anglo-américain Patrick Ness, spécialisé dans la littérature pour enfants, s’est vu proposer de reprendre cette histoire. C’est d’ailleurs ce dernier qui adapte le récit pour le cinéma. Porté par un casting exceptionnel, de Sigourney Weaver (la classe absolue) en passant par Felicity Jones (sublime), Toby Kebbell, Liam Neeson, qui prête non seulement sa voix au monstre, mais également sa prestation physique grâce à la motion-capture, sans oublier la performance de la grande révélation du film, le jeune Lewis MacDougall, vu dans Pan de Joe Wright dans lequel il interprétait le personnage de Nibs, le troisième film de J.A. Bayona subjugue par sa beauté plastique et foudroie par son ouragan d’émotions.

Comment rester de marbre devant cette histoire universelle magnifiquement interprétée, réalisée, écrite, photographiée et narrée ? Le deuil est personnel, unique, propre à chaque individu. De quelle façon aborder ce sujet à travers les yeux d’un enfant qui n’est pas encore entré dans le monde adulte ? Grâce à la force et au pouvoir de l’imagination, du conte, de l’animation, du dessin, de la création. A Monster Calls – Quelques minutes après minuit use du fantastique pour faire avancer Conor lancé malgré lui dans son premier parcours initiatique. Refusant de voir la vérité en face, il préfère convoquer indirectement un monstre-arbre grâce à la pointe de son fusain. Débarquant un soir de la colline voisine sur laquelle il surplombe le cimetière d’une petite ville, cet if géant entreprend de lui raconter trois contes (superbe animation) afin de l’aider à affronter la réalité, la vérité, sa propre vérité : accepter de laisser partir sa mère, tout en disant adieu au monde innocent de l’enfance.

Avec ce drame intimiste sur la transmission, J.A. Bayona touche au sublime. Pudique et extrêmement délicat, complexe et psychologique, passionnant, envoûtant et déchirant, A Monster Calls – Quelques minutes après minuit fait oublier la semi-déception du Bon Gros Géant de Steven Spielberg en 2016 avec lequel il partage beaucoup d’éléments – décidément les deux metteurs en scène sont liés – et s’inscrit directement parmi les plus grandes réussites de ces quinze dernières années. Le final, bouleversant, vous fera pleurer toutes les larmes de votre corps et s’inscrira définitivement dans vos mémoires. Reste à espérer que le talent de J.A. Bayona ne soit pas trop parasité par Hollywood, puisque le cinéaste espagnol prépare actuellement Jurassic World 2 !

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Quelques minutes après minuit, disponible chez Metropolitan Vidéo et rebaptisé A Monster Calls – Quelques minutes après minuit pour sa sortie dans les bacs, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobrement animé et musical.

La section des suppléments s’ouvre sur un formidable commentaire audio du réalisateur J.A. Bayona, disponible en espagnol sous-titré en français. Pendant près de deux heures, le cinéaste aborde à la fois le fond et la forme de son œuvre, sans aucun temps mort. Malin, J.A. Bayona donne de nombreuses indications pour aider les spectateurs à mieux comprendre son film, tout en dissimulant quelques éléments afin de laisser leur imagination faire le reste. Le casting, le livre original et son adaptation par Patrick Ness lui-même, la mise en scène, les thèmes, les partis pris, le travail de Liam Neeson en motion-capture, les effets visuels, l’animation, la psychologie des personnages, la photo, la musique, tout y est posément analysé. Un commentaire indispensable.

Dommage que l’éditeur n’ait pas sous-titré le commentaire du scénariste et écrivain Patrick Ness ! Réservé uniquement aux plus anglophiles.

S’ensuivent diverses séquences coupées (6’), très réussies, mais qui s’avèrent sans doute redondantes ou inutiles au récit. C’est le cas de la scène de Connor et de son père qui partent de la fête foraine sous un ciel gris, ou bien celle de la grand-mère encore sous le choc après avoir découvert sa maison saccagée par Connor, et qui ne lui adresse plus la parole en l’emmenant à l’école. La plus belle scène laissée sur le banc de montage demeure celle de Connor avec sa mère, qui préparent le petit-déjeuner, avant que celle-ci lui indique sa grand-mère viendra habiter chez eux quelques jours.

L’éditeur joint également un making of traditionnel – en fait plusieurs featurettes mises bout à bout – composé de nombreuses images du tournage et d’interviews de toute l’équipe (20’). Nous en avions déjà appris beaucoup en écoutant le commentaire audio de J.A. Bayona et ce documentaire met ces propos en images.

Dans l’atelier des effets spéciaux et de la capture de mouvements, les animatroniques et les maquettes sont dévoilés, tandis que les comédiens, le scénariste, les producteurs et le cinéaste présentent le film et ses enjeux.

Avant de terminer par des liens internet et un lot de bandes-annonces, n’oubliez pas de visionner le module intitulé Le Dessous des contes (8’), un remarquable montage qui dissèque les différentes phases de l’animation créée par les studios GlassWorks, afin d’illustrer les contes narrés à Conor par le Monstre.

L’Image et le son

Tourné grâce aux caméras numériques Arri Alexa XT, A Monster Calls – Quelques minutes après minuit doit se voir ou se revoir en Haute définition. Les effets numériques sont ahurissants de beauté, le piqué est affûté comme la lame d’un scalpel, les couleurs impressionnantes, les contrastes léchés, les noirs denses et la profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, de jour comme de nuit, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures est subjuguant. Le nec plus ultra pour apprécier toute la richesse de la photographie du chef opérateur surdoué Oscar Faura, à qui l’on doit les images des précédents films de J.A. Bayona. Quant aux séquences réalisées en animation, elles sont tout simplement stupéfiantes et élèvent cette édition HD au rang de disque de démonstration. Nous l’avons déjà dit, mais nous le répétons, Métropolitan Vidéo demeure sur la première marche des éditeurs français.

Les versions française et anglaise sont proposées en DTS-HD Master Audio 5.1. Dans les deux cas, les dialogues y sont remarquablement exsudés par la centrale (la voix de Liam Neeson en particulier), les frontales sont saisissantes, les effets et ambiances riches (les grincements et craquements des branches de l’arbre), les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses qui se mêle habilement à l’ensemble, notamment quand le géant se déplace. Un grand spectacle acoustique !

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Rocco, réalisé par Thierry Demaizière et Alban Teurlai

ROCCO réalisé par Thierry Demaizière et Alban Teurlai, disponible en combo DVD-Blu-ray le 4 avril 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Rocco Siffredi, Rozsa Tano, Gabriele Galetta, Kelly Stafford, Mark Spiegler, Abella Danger, John Stagliano

Photographie : Alban Teurlai

Musique : Pierre Aviat

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

En trente ans de carrière, Rocco Siffredi reste la plus grand star masculine du cinéma pornographique. Ses amis disent qu’il a deux vies, celle de père de famille et celle de propriétaire d’un titre, d’un mythe. Lui-même dit avoir payé le prix fort dans sa vie personnelle. A 50 ans, il décide de mettre un terme à sa carrière avec un dernier long métrage. Alors que le film se prépare, le hardeur dévoile les raisons qui l’ont poussé à arrêter, les difficultés de sa vie de famille et le rôle ambigu que la nymphomanie a joué dans sa vie…

Né le 4 mai 1964 dans les Abruzzes, Rocco Tano alias Rocco Siffredi, pseudo venant du personnage incarné par Alain Delon dans Borsalino, est l’homme de tous les records dans le domaine de la pornographie. Depuis ses débuts en 1986, on lui prête plus de 5000 partenaires à l’écran et plus de 1500 films. Quant à la taille de, vous savez, cela oscille entre 23 à 25 cm, probablement en raison de la météo, et cela a largement contribué à sa réputation. Réalisateur, producteur et surtout acteur de films pornographiques, Rocco Siffredi est devenu une marque de fabrique. Spécialisé dans le style gonzo, qui inclut des scènes violentes avec gifles et même crachats à la tête de celle qui passe entre ses griffes, Rocco Siffredi est à la pornographie ce que Mike Tyson est à la boxe : une légende vivante. Sa mère aurait voulu qu’il soit curé, il est devenu acteur porno avec sa bénédiction, consacrant sa vie à un seul dieu : le Désir. En trente ans de métier, Rocco Siffredi aura visité tous les fantasmes de l’âme humaine et se sera prêté à toutes les transgressions. Hardeur au destin exceptionnel, Rocco plonge dans les abîmes de son addiction au sexe et affronte ses démons dans ce documentaire en forme d’introspection. Le moment est aussi venu, pour le monstre sacré du sexe, de raccrocher les gants. Pour tourner la dernière scène de sa carrière, Rocco a choisi ce documentaire. Une galerie de personnages – famille, amis, partenaires et professionnels du porno – l’accompagne jusqu’à cette sortie de scène spectaculaire. Des repas de famille à Budapest aux tournages de films pornographiques à Los Angeles, des ruelles italiennes d’Ortona aux villas américaines de la Porn Valley, le film déroule l’histoire d’une vie hantée par le désir et révèle en filigrane les coulisses du X, derrière le scandale et l’apparente obscénité. À l’heure où la pornographie sort de la clandestinité, envahit le cinéma traditionnel, la mode et l’art contemporain, c’est un univers à part entière, filmé au plus près, qui se dévoile à travers le parcours de Rocco Siffredi.

Après avoir tourné Relève : histoire d’une création, un documentaire sur le danseur et chorégraphe Benjamin Millepied, les réalisateurs Thierry Demaizière et Alban Teurlai se voient proposer un film sur la pornographie américaine. D’abord perplexes, les deux collaborateurs acceptent et prennent comme partis pris de se focaliser sur Rocco Siffredi et de suivre l’acteur porno pendant deux ans, avec son accord, dans sa vie privée, auprès de son épouse et de ses deux fils, mais également sur le plateau avec ses partenaires, sans oublier les moments où Siffredi se retrouve seul, face à lui-même. Si on l’a souvent vu à poil, c’est bien la première qu’il se met à nu. De son propre aveu, l’acteur traversait la pire période de sa vie, ce qui se reflète sur son visage émacié, usé, vieilli. C’est de là que proviennent la grande surprise et l’intérêt de ce documentaire. Il n’y a rien d’excitant dans Rocco, mais ce portrait dressé (nous parlons bien du portrait) ne brosse pas l’acteur dans le sens du poil et le montre dans ses contradictions. Fier de ce qu’il est devenu, confortablement installé en Hongrie, Rocco Siffredi est aussi un homme devenu esclave du monstre qu’il a créé (« ma sexualité est mon démon »), un super hardeur, un mâle alpha dominateur, un produit demandé aux quatre coins du monde, un phénomène de foire, un trépied que les jeunes actrices, fascinées par sa taille (1m85) et sa taille en centimètres, désirent monter pour l’inscrire sur leur C.V.

Parallèlement, on suit également son cousin Gabriele, qui a fait sa carrière, pour ne pas dire sa vie sur le vit de Rocco Siffredi en tant que caméraman et réalisateur. Parfaitement conscient de cette dépendance (« Qu’aurait été notre vie, si son sexe ne s’était pas dressé ? »), Gabriele se montre jaloux quand il « disparaît » derrière l’objectif pour filmer les ébats. Ce personnage quasi-tragique et pathétique interpelle, surtout lorsqu’il souhaiterait donner une touche un peu plus artistique à sa mise en scène, mais qui doit chaque fois revoir ses ambitions puisque Rocco lui indique que le porno implique d’aller directement à l’essentiel sans effusions techniques. Une vraie commedia dell’arte. En plus de ce double intérêt, Rocco donne la parole aux femmes. Celle qui partage la vie de Rocco, mais aussi toutes ses partenaires. On voit un Rocco attentionné, qui prend le temps de les connaître un peu mieux avant de passer à l’acte, leur demandant ce qu’elles aiment dans le sexe, jusqu’où elles peuvent aller et jusqu’où lui puisse se permettre d’aller avec elles. Rocco n’est pas moins un film sur l’industrie contemporaine de la pornographie que sur un acteur qui a dédié toute sa vie à son « art », au point de devenir prisonnier de son personnage. Mais le doute l’habite.

Au-delà du documentaire, Rocco peut se voir comme un vrai drame intimiste sur un homme d’une extrême complexité, touchant (avec les fantômes omniprésents de son frère et de sa mère décédés), parfois sombre et torturé, partagé entre le désir d’arrêter sa carrière quand il se rend compte que ses partenaires ont souvent l’âge de ses deux fils, mais frustré, malheureux et souffrant véritablement quand il admet que la pornographie fait partie de lui et qu’il ne pourra pas s’en passer. Très bien réalisé et photographié, sans plan « choc » et ni scènes de pénétration, pouvant parfois rendre mal à l’aise, loin des clichés et des idées reçues, c’est donc à la fois plusieurs portraits qui s’entrecroisent autour du thème du sexe dans ce documentaire. Celui de Rocco Siffredi donc, qui se livre corps et âme devant la caméra et qui se prépare à tourner sa dernière scène, de son cousin Gabriele et de toutes ces femmes, qui s’expriment librement sur leurs désirs et leur sexualité, notamment l’alter ego féminin de Rocco, Kelly Stafford, qui considère sa condition de star du porno comme un acte féministe.

Thierry Demaizière et Alban Teurlai se focalisent sur les mains, les visages usés, les crampes, les muscles, les ecchymoses, les corps avant et après « la bataille », tandis que les acteurs se remercient en se serrant la main, avant d’aller sous la douche. Des gladiateurs et lutteuses qui s’affrontent dans une guerre charnelle et de liquide séminal, mais dont la descente d’orgasme renvoie souvent à leur propre solitude. Rocco, captivant et fascinant documentaire existentiel ? Assurément.

LE DVD

Le test du DVD de Rocco, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Si vous avez aimé le documentaire, alors n’hésitez pas à prolonger le programme avec les interviews proposées en bonus. Pendant une vingtaine de minutes, Rocco Siffredi s’exprime (en français) sur la genèse du projet, sur l’évolution du milieu pornographique, sur sa rencontre avec Thierry Demaizière et Alban Teurlai et ce qui l’a poussé à se dévoiler devant leur caméra. L’acteur évoque également ses dernières années en tant qu’acteur porno, sa dépression (« ils m’ont filmé au pire moment de ma vie »), sa dépendance au sexe et avoue avoir été très mal à l’aise en découvrant le film pour la première fois. Il clôt cette excellente interview en parlant de la sexualité des jeunes d’aujourd’hui et de son lien avec l’accès à la pornographie via internet.

C’est ensuite au tour de Thierry Demaizière et d’Alban Teurlai (12’) de s’exprimer sur la mise en route du projet (à l’origine une commande pour un documentaire sur la pornographie américaine) et leur rencontre avec Rocco Siffredi. Leurs propos prolongent leur travail, notamment quand les réalisateurs parlent de la personnalité complexe de leur protagoniste, « un personnage dense et intense », « Non pas le roi du porno confortablement installé sur son trône, mais un être tragique, sombre et tourmenté ». Les partis pris (« ni juger ni encenser le personnage »), leur collaboration avec Rocco Siffredi, mais aussi les femmes présentes dans le documentaire, sans oublier l’approche visuelle et sonore, Thierry Demaizière et d’Alban Teurlai mentionnent tous ces sujets passionnants en déclarant également que le film plaît – contre toute attente – plus aux femmes qu’aux hommes.

L’Image et le son

Tourné en numérique, Rocco bénéficie d’une très belle édition SD, qui rend justice aux images souvent stylisées des deux documentaristes et de leur chef opérateur Alban Teurlai, restituées avec une précision d’orfèvre. Le cadre est superbe, la colorimétrie élégante, entre couleur et N&B et le relief omniprésent. L’encodage consolide l’ensemble avec fermeté, le piqué est merveilleusement acéré, les noirs compacts et les contrastes denses.

La piste multilangue (osons le mot ici) 5.1 sous-titrée en français demeure au point mort pendant près de deux heures et il faut attendre l’accompagnement musical pour que les enceintes arrière se réveillent sensiblement. Les séquences demeurent essentiellement axées sur les frontales, les latérales se contentant d’un écho très lointain. Pour cause de tournage brut, l’enregistrement sonore varie selon les conditions des prises de vues et de la distance des documentaristes avec leur(s) sujet(s) filmé(s). Pour une meilleure homogénéité, la stéréo se révèle parfaite, percutante à souhait, cette piste donne finalement plus de corps à l’ensemble.

Crédits images : © Emmanuel Guionet / Mars Films / TF1 Vidéo / Captures du DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Neruda, réalisé par Pablo Larraín

NERUDA réalisé par Pablo Larraín, disponible en DVD et Blu-ray le 31 mai 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Luis Gnecco, Gael García Bernal, Mercedes Morán, Diego Muñoz, Pablo Derqui, Jaime Vadell

Scénario : Guillermo Calderón

Photographie : Sergio Armstrong

Musique : Federico Jusid

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

1948, la Guerre Froide s’est propagée jusqu’au Chili. Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda critique ouvertement le gouvernement. Le président Videla demande alors sa destitution et confie au redoutable inspecteur Óscar Peluchonneau le soin de procéder à l’arrestation du poète. Neruda et son épouse, la peintre Delia del Carril, échouent à quitter le pays et sont alors dans l’obligation de se cacher. Il joue avec l’inspecteur, laisse volontairement des indices pour rendre cette traque encore plus dangereuse et plus intime. Dans ce jeu du chat et de la souris, Neruda voit l’occasion de se réinventer et de devenir à la fois un symbole pour la liberté et une légende littéraire.

Sélectionné pour représenter le Chili dans la course à l’Oscar du Meilleur film étranger en 2017, Neruda confirme le talent et la singularité de son réalisateur Pablo Larraín. Le metteur en scène de Tony Manero (2008), Santiago 73, post mortem (2010), No (2012) et El Club (2015) se penche cette fois sur la figure de Ricardo Eliécer Neftalí Reyes Basoalto, poète, écrivain, diplomate, homme politique et penseur chilien plus connu sous son nom de plume Pablo Neruda (1904-1973), Prix Nobel de littérature en 1971. Toutefois, le cinéaste ne signe pas un biopic, mais ce qu’on pourrait appeler un « anti-biopic », une évocation par la fiction d’un épisode de la vie de Neruda. Un acte « cinématographique » par excellence puisqu’il s’agit de la fuite du poète, durant laquelle son poème emblématique et épique de 15 000 vers, Canto General, verra le jour.

Présenté au 69e Festival de Cannes à la Quinzaine des Réalisateurs, Neruda n’a pas la prétention de brosser le portrait « réaliste » de l’écrivain puisque selon le réalisateur le défi serait impossible à relever en raison de la démesure du personnage. Le scénario de Guillermo Calderón (Violeta) est sans cesse inventif et s’inspire de la véritable histoire, mais parvient à s’inscrire dans le film de genre, notamment le film d’espionnage. Si Neruda s’avère le personnage principal, parfois montré sous son aspect calculateur, égocentrique et bon vivant, sans oublier ses escapades dans les bordels, celui qui retient également l’attention est celui campé par un excellent Gael García Bernal. Cinq ans après No, le comédien retrouve Pablo Larraín pour un de ses meilleurs rôles, celui d’Óscar Peluchonneau, le policier lancé aux trousses de Neruda. A l’instar d’un récit à la Spike Jonze mâtiné de Paolo Sorrentino, Pablo Larraín fait prendre conscience à Peluchonneau, qu’il n’est certes qu’un personnage secondaire dans l’histoire, mais qu’il a enfin l’occasion de briller dans cette traque, que Neruda n’hésite pas à mettre en scène afin de la rendre «sauvage», pour passer peut-être au premier plan. Peluchonneau devient un personnage tout droit tiré d’un film noir américain avec ses costumes tirés à quatre épingles, filmé à contre-jour, sa voix-off omniprésente et son appartement rempli d’affiches de cinéma.

De son côté, Neruda, brillamment campé par Luis Gnecco, s’amuse presque de cette situation en laissant même quelques indices derrière lui pour l’inspecteur Peluchonneau, en l’occurrence quelques romans policiers – dont Neruda était réellement friand – sur lesquels il laisse une petite dédicace. Si Peluchonneau peut enfin briller, il ne demeure pas dupe sur le fait que Neruda tire lui-même les ficelles pour ainsi nourrir sa propre légende. Et si le film n’était en réalité qu’une pure invention et raconté par Neruda lui-même ?

Le contexte politique et social est bel et bien présent, mais Pablo Larraín fait preuve d’ironie et d’humour noir pour narrer cette partie importante de la vie de Neruda. Ludique et inventif, le film est également un superbe objet cinématographique. Le décalage se fait à travers la sublime et sophistiquée photographie rosée du chef opérateur Sergio Armstrong, collaborateur fidèle de Pablo Larraín, qui magnifie les nombreux décors naturels. Neruda est également un road movie, avec des personnages insaisissables, en mouvement, perdus sur des pistes sans cesse brouillées, conscients de leur propre figure romanesque. Par ailleurs, les séquences tournées en voiture ou à moto sur fond de transparences visibles, renvoient à cette idée de fiction, Pablo Larraín appuyant le côté artificiel de son faux biopic inspiré de faits réels.

Oeuvre follement ambitieuse, Neruda subjugue du début à la fin. Le fond incroyablement intelligent, riche, vertigineux et abyssal et la forme virtuose d’une beauté à couper le souffle, font de ce film un vrai chaînon manquant entre le cinéma et la poésie. Neruda est inclassable et un incontournable de l’année 2017 au cinéma.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Neruda, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Passons rapidement sur les six premiers segments qui s’avèrent en réalité six mini-featurettes d’une minute en moyenne. Ces petits documents donnent rapidement la parole au scénariste, au réalisateur, aux producteurs, aux comédiens, qui présentent les personnages et l’histoire du film. Quelques images de tournage glanées ici et là sont essentiellement reprises du making of.

Le making of susmentionné (38’) compile donc tous les éléments précédents, mais en version longue et donc le supplément s’avère beaucoup plus intéressant, notamment les propos du réalisateur Pablo Larraín. Nous retrouvons les mêmes intervenants que dans les premiers bonus. De nouvelles images de tournage viennent illustrer ces propos souvent passionnants sur les intentions du réalisateur (un voyage à travers l’illusion), les partis-pris esthétiques (des vieux objectifs placés sur des caméras HD), la représentation de Neruda à l’écran, la reconstitution des années 1940, les aléas suite aux intempéries (fortes chutes de neige et pluie abondante), sans oublier un petit tour du côté des costumes et des véhicules.

Avant de conclure sur la bande-annonce en version française et les credits du disque, Wild Side livre également un entretien avec Alain Sicard, professeur émérite de littérature hispano-américaine à l’université de Poitiers (31’). Ce dernier raconte sa rencontre avec Pablo Neruda en 1965 (il se souvient être allé voir Goldfinger au cinéma avec lui et sa femme), qui allait devenir son ami, mais avec lequel il n’a jamais parlé de son œuvre ni même de littérature. Avant le mythe, Alain Sicard dresse avant tout le portrait de l’homme, tout en parlant de ses engagements politiques. Puis notre interlocuteur en vient au film qui nous intéresse et n’hésite pas à se montrer critique envers certains partis pris, tout en reprochant à Pablo Larraín de ne pas être empathique envers son personnage et de trop verser dans le grotesque. Alain Sicard défend plus la représentation faite par Michael Radford dans son film Le FacteurIl Postino (1994), dans lequel Philippe Noiret interprétait le poète aux côtés de Massimo Troisi.

L’Image et le son

Wild Side prend soin du film de Pablo Larraín et livre un master HD irréprochable au transfert immaculé. Respectueux des volontés artistiques originales, la copie se révèle un petit bijou technique alliant des teintes rosées et froides, le tout soutenu par un encodage AVC de haute volée. Le piqué, tout comme les contrastes, sont tranchants, les arrière-plans sont magnifiquement détaillés, la colorimétrie est joliment laquée, le relief omniprésent et les détails foisonnants sur le cadre large. Un service après-vente remarquable.

Neruda n’est pas vraiment le film avec lequel vous pourrez épater la galerie et faire une démonstration de gros son. Les versions française et espagnole sont certes proposées en DTS HD Master Audio 5.1, mais les latérales ne servent réellement qu’à instaurer quelques ambiances naturelles et à spatialiser la musique du compositeur Federico Jusid. Le changement de langue est verrouillé à la volée et les sous-titres français imposés sur la version originale.

Crédits images : © Wild Bunch / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Cerveau d’acier, réalisé par Joseph Sargent

LE CERVEAU D’ACIER (Colossus : The Forbin Project) réalisé par Joseph Sargent, disponible en DVD et Blu-ray le 9 mai 2017 chez Movinside

Acteurs : Eric Braeden, Susan Clark, Gordon Pinsent, William Schallert, Leonid Rostoff, Georg Stanford Brown, Willard Sage

Scénario : James Bridges d’après le roman de D.F. Jones

Photographie : Gene Polito

Musique : Michel Colombier

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Scientifique de renom, Charles A. Forbin met au point un super-ordinateur baptisé Colossus, chargé de contrôler l’arsenal nucléaire des États-Unis ainsi que celui de ses alliés, afin d’éviter toute erreur humaine. Alimenté par son propre réacteur nucléaire et installé au coeur d’une montagne, Colossus, une fois activé, détecte un autre super-ordinateur. On apprend bientôt qu’il s’agit de l’homologue soviétique de Colossus, baptisé Guardian. C’est là que les ennuis commencent…

Attention, chef d’oeuvre ! Méconnu, pourtant sublime et précurseur, Le Cerveau d’acierColossus : The Forbin Project s’apparente au chaînon manquant entre Point Limite de Sidney Lumet (1965) et 2001 : L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick (1968), rien de moins ! Ce film de science-fiction apocalyptique est réalisé par Joseph Sargent, de son vrai nom Giuseppe Danielle Sorgente (1925-2014), cinéaste éclectique à qui l’on doit L’Espion au chapeau vert (1966), deux épisodes en version longue mis bout à bout de la série Des agents très spéciaux, Les Pirates du métro (1974) ou bien encore l’inénarrable Dents de la mer 4 : La Revanche (1987). Le Cerveau d’acier est assurément son plus grand film et n’en finit pas d’impressionner par sa virtuosité, sa sécheresse de ton, son cadre, son intelligence et son interprétation, sans oublier la discrète et pourtant subtile composition de Michel Colombier.

Le docteur Charles Forbin a mis au point un super ordinateur qui va prendre en charge la gestion des défenses militaires américaines. Mais, seulement quelques minutes après sa mise en service dans des conditions réelles, la machine envoie un énigmatique message : «Il y a un autre système !». On apprend que Colossus fait allusion à un projet soviétique similaire : un superordinateur baptisé « Guardian » contrôlant l’armement nucléaire soviétique. Les deux ordinateurs demandent à être relié l’un à l’autre afin de pouvoir communiquer. Une connexion est établie et les ordinateurs commencent à échanger des messages utilisant un langage mathématique simple, chaque camp supervisant les communications à l’aide de moniteurs. Le contenu des messages finit par devenir de plus en plus complexe, jusqu’à présenter des principes mathématiques jusque là inconnus. Les deux ordinateurs finissent par adopter un langage binaire impossible à interpréter par les scientifiques. Alarmés, les chefs d’État américain et soviétique décident d’un commun accord d’interrompre la connexion. Colossus et Guardian exigent que la connexion soit rétablie, sinon « des mesures seront prises ». Leur demande étant ignorée, Colossus et Guardian décident l’un comme l’autre de lancer un missile nucléaire. Les deux pays rétablissent la connexion et Colossus intercepte à temps le missile soviétique. Toutefois, la connexion a été rétablie trop tard côté soviétique : le missile américain anéantit un complexe pétrolifère et une ville voisine. Impuissants, les scientifiques et responsables des deux camps assistent à un échange d’informations effréné entre les deux superordinateurs, lesquels annoncent ensuite avoir fusionné en une seule et unique entité infiniment plus performante, ayant choisi le nom de Colossus.

Sorti en 1970, Le Cerveau d’acier est adapté du roman de Dennis Feltham Jones écrit et publié en 1966. Film d’anticipation, Colossus : The Forbin Project se penche sur le sujet de l’intelligence artificielle si celle-ci devait échapper à l’homme qui l’a conçue. En prenant conscience de lui-même, l’ordinateur décide d’agir pour le bien de l’humanité, en ne tenant plus compte des avis de celui qui l’a créé, parfois en détruisant des milliers de vies pour en sauver des millions. Le Cerveau d’acier fait froid dans le dos avec ses décors grandioses et son caractère pessimiste.

Aujourd’hui mondialement connu pour sa participation aux Feux de l’amour depuis 1980, Victor Newman, Eric Braeden pardon, a certes peu tourné pour le cinéma, mais ses films demeurent marquants. Outre le Titanic de James Cameron, le comédien apparaît également dans Les 100 fusils de Tom Gries, Les Évadés de la planète des singes de Don Taylor, le sympathique La Coccinelle à Monte-Carlo de Vincent McEveety, ou bien encore L’Ambulance de Larry Cohen. Il est parfait et élégant dans Le Cerveau d’acier. Son charisme renvoie parfois à l’idée que l’on pouvait se faire d’un James Bond à la fin des années 1960. Ses confrontations (formidables et percutants dialogues) avec Colossus sont tendues du début à la fin, au départ protocolaires, puis de plus en plus intrigantes à mesure que l’ordinateur développe une personnalité, jusqu’à la fin quand Colossus ordonne d’installer des caméras (ses yeux) partout, y compris au sein même de l’habitat de Forbin. L’épilogue reste particulièrement sombre et désespéré, tandis que les merveilleux décors subjuguent dès la première séquence, celle où le spectateur fait connaissance avec Colossus et son complexe. Bien que froid en apparence, on s’attache également très vite au Dr Charles A. Forbin, ce concepteur d’un projet gouvernemental secret, très vite dépassé par les événements et qui doit se rendre à l’évidence : il a bel et bien créé un monstre qui lui a échappé, qui prend conscience de lui-même et qui s’est proclamé maître du monde. L’ordinateur est désormais prêt à tous les sacrifices, afin d’abolir la guerre et éradiquer la famine, la maladie et la surpopulation.

Cette relecture glaçante du mythe de Prométhée se nourrit des peurs engendrées par la Guerre Froide et la possibilité d’une Troisième Guerre mondiale et n’a souvent rien à envier aux grands films susmentionnés. D’autant plus que le film a sûrement inspiré James Cameron pour le Skynet de Terminator. Il est donc temps de réhabiliter ce Colossus : The Forbin Project, qui n’a absolument pas vieilli, à part peut-être dans les décors bien sûr, mais dont le sujet ambitieux et maîtrisé n’a jamais autant incité à la réflexion.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Cerveau d’acier, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique classe de couleur noire. L’élégante jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de SF, et des autres, puisqu’elle reprend l’un des visuels originaux. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

A l’instar des autres titres de cette merveilleuse collection, Le Cerveau d’acier, cette édition HD ne contient qu’un seul supplément, une présentation du film par le journaliste Marc Toullec (13’). L’ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies ne manque pas d’inspiration et d’arguments pour défendre ce bijou qu’il situe dans son contexte. Toullec évoque le sujet, le roman original de Dennis Feltham Jones, les similitudes avec les deux premiers Terminator de James Cameron, tout en donnant quelques indications sur les carrières du réalisateur Joseph Sargent, du scénariste James Bridges et des comédiens, en se focalisant bien sûr sur Eric Braeden. Le tout accompagné d’anecdotes sur la production du film et les tentatives avortées d’un remake envisagé par Ron Howard avec Will Smith dans le rôle principal.

L’Image et le son

Grâce à un codec AVC de haute tenue, le Blu-ray du Cerveau d’acier proposé au format 1080p, permet aux spectateurs de redécouvrir totalement les incroyables décors du film. Si l’on excepte quelques séquences plus douces que d’autres ou au grain plus appuyé nous nous trouvons devant une image qui ne cesse de flatter les rétines. Issue d’une restauration solide, cette copie HD, d’une stabilité à toutes épreuves, est absolument indispensable et superbe. La propreté est indéniable, les couleurs retrouvent une vraie vivacité, le piqué est joliment acéré et les détails sont probants sur le cadre large. Le découpage est net et sans bavure, l’ensemble est homogène et d’une indéniable élégance, comme les contrastes. Revoir Le Cerveau d’acier, oeuvre rare et malheureusement souvent oubliée, dans ces conditions était pour ainsi dire inespéré.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage Dolby Digital 2.0 Mono. Pas de HD ici donc. Cependant, le confort acoustique est malgré tout assuré dans les deux cas. L’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis, même si l’ensemble manque de vivacité sur la piste française. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © Movinside / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr