Test Blu-ray / Le Fils de Jean, réalisé par Philippe Lioret

LE FILS DE JEAN réalisé par Philippe Lioret, disponible en DVD et Blu-ray le 4 janvier 2017 chez Le Pacte

Acteurs : Pierre Deladonchamps, Gabriel Arcand, Catherine de Léan, Marie-Thérèse Fortin, Pierre-Yves Cardinal, Patrick Hivon

Scénario : Philippe Lioret, Nathalie Carter, d’après le roman « Si ce livre pouvait me rapprocher de toi » de Jean-Paul Dubois

Musique : Flemming Nordkrog

Photographie : Philippe Guilbert

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

À trente-trois ans, Mathieu ne sait pas qui est son père. Un matin, un appel téléphonique lui apprend que celui-ci était canadien et qu’il vient de mourir. Découvrant aussi qu’il a deux frères, Mathieu décide d’aller à l’enterrement pour les rencontrer. Mais, à Montréal, personne n’a connaissance de son existence ni ne semble vouloir la connaître…

Suite à l’échec commercial de Toutes nos envies, Philippe Lioret aura mis cinq ans pour revenir derrière la caméra avec Le Fils de Jean, son huitième long métrage. Adaptée du roman Si ce livre pouvait me rapprocher de toi de Jean-Paul Dubois, cette histoire est la plus personnelle écrite par le réalisateur, qui cherchait depuis très longtemps à évoquer le sujet de la filiation, même si la figure du père traverse l’essentiel de sa filmographie à l’instar de Je vais bien, ne t’en fais pas. La découverte du roman lui a donné les fondations et le point de départ nécessaires pour parler de ces sujets qui lui tiennent visiblement à coeur, mais qu’il n’avait eu de cesse de reporter.

Moins « écrit » que ses précédents scénarios, Le Fils de Jean repose avant tout sur les non-dits, les silences, les regards, les gestes esquissés, contrairement à Toutes nos envies qui manquait de spontanéité et dont les dialogues étaient souvent trop explicites. Pour incarner Mathieu, Philippe Lioret a jeté son dévolu sur Pierre Deladonchamps, révélation de L’Inconnu du lac d’Alain Guiraudie et César du meilleur espoir masculin en 2014. Le comédien s’avère sublime dans ce rôle auquel il apporte une immense délicatesse. Le Fils de Jean est une œuvre extrêmement sensible, tendre et pudique. On sent le réalisateur plus libre que d’habitude, notamment quand la caméra s’attarde sur le regard de Mathieu et dont on devine le cheminement de la pensée. Comme le film est essentiellement tourné au Québec, Philippe Lioret a su entourer Pierre Deladonchamps de merveilleux comédiens du cru, notamment Gabriel Arcand, vu dernièrement dans Le Démantèlement de Sébastien Pilote, Marie-Thérèse Fortin (à fleur de peau) et la sublime Catherine de Léan, véritable révélation du film.

Si l’on devine rapidement où le réalisateur souhaite en venir, Le Fils de Jean interpelle par l’excellence de l’interprétation et ces émotions qui affleurent en permanence. Le personnage de Mathieu, jeune commercial, père d’un petit garçon, divorcé est très attachant et l’audience le suit dans sa quête d’identité dans un pays qu’il ne connaît pas, entouré de personnes inconnues. C’est le cas de Pierre (Gabriel Arcand), ami et ancien collègue du père « biologique » de Mathieu, homme bourru et froid qui a appelé le jeune parisien pour l’informer de la mort de Jean. Mais il y a aussi les deux fils de ce dernier, et donc les demi-frères de Mathieu, qu’il souhaite rencontrer, même si Pierre lui conseille vivement de ne rien dévoiler sur leur lien. A cela s’ajoute le fait que le corps de Jean, décédé pendant une partie de pêche et tombé dans le lac, n’a pas été retrouvé. Mathieu propose alors son aide.

Avec Le Fils de Jean, porté par des comédiens exceptionnels et tourné dans de magnifiques décors naturels, Philippe Lioret signe un de ses films les plus attachants et élégants.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Fils de Jean, disponible chez Le Pacte, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissée dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical.

En guise de bonus, l’éditeur propose un entretien avec Philippe Lioret (16’). Calme, posé, le réalisateur revient sur la genèse – « Les origines de ce film sont les plus diffuses et les plus lointaines » – et le casting du Fils de Jean. La longue gestation du sujet, la découverte du roman Si ce livre pouvait me rapprocher de toi de Jean-Paul Dubois, les repérages au Québec sont abordés avec une grande sensibilité.

L’Image et le son

Le Fils de Jean débarque en Blu-ray chez Le Pacte, dans un transfert très élégant. Cependant, si les contrastes affichent une densité impressionnante, le piqué n’est pas aussi ciselé sur les scènes sombres et certaines séquences apparaissent un peu douces. En dehors de cela, la profondeur de champ demeure fort appréciable avec de superbes scènes au bord du lac, les détails se renforcent et abondent en extérieur jour, le cadre large est idéalement exploité et la colorimétrie est très bien rendue. La définition est quasi-optimale et restitue avec élégance les partis pris de la photographie signée Philippe Guilbert, chef opérateur de J’enrage de son absence et Les Convoyeurs attendent.

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 est immédiatement immersif. Les voix sont d’une précision sans failles sur la centrale, tout comme les silences, la balance frontale est constamment soutenue, la douce composition spatialisée de bout en bout. Même chose pour la piste Stéréo, dynamique et riche. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Sebastien Raymond / Fin Aout Productions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Victoria, réalisé par Justine Triet

VICTORIA réalisé par Justine Triet, disponible en DVD et Blu-ray le 18 janvier 2017 chez Le Pacte

Acteurs : Virginie Efira, Vincent Lacoste, Melvil Poupaud, Laurent Poitrenaux, Laure Calamy, Alice Daquet, Sophie Fillières

Scénario : Justine Triet, Thomas Lévy-Lasne

Photographie : Simon Beaufils

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Victoria Spick, avocate pénaliste en plein néant sentimental, débarque à un mariage où elle y retrouve son ami Vincent et Sam, un ex-dealer qu’elle a sorti d’affaire. Le lendemain, Vincent est accusé de tentative de meurtre par sa compagne. Seul témoin de la scène, le chien de la victime.
Victoria accepte à contrecœur de défendre Vincent tandis qu’elle embauche Sam comme jeune homme au pair. Le début d’une série de cataclysmes pour Victoria.

Diplômée de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts, la jeune réalisatrice et scénariste Justine Triet (née en 1978) signe en 2013 son premier long métrage avec La Bataille de Solférino, aboutissement et synthèse de ses courts et moyens métrages, Sur place (2006), Des ombres dans la maison (2009) et Vilaine fille mauvais garçon (2012). Son univers ? Basculer fréquemment d’un ton à l’autre au coeur de chaque scène, d’une situation familière à un événement collectif, tout en s’interrogeant sur la place de l’individu au sein d’un groupe. Etrange symbiose de comédie, de drame et de film à suspense, La Bataille de Solférino s’avérait beaucoup plus réussi dans son dispositif – une fiction plongée dans la véritable foule réunie devant le siège du Parti Socialiste au moment de l’annonce de la victoire de François Hollande le 6 mai 2012 – que dans son histoire centrée sur des personnages dont on ne parvenait pas vraiment à s’attacher, malgré d’excellents comédiens. Trois ans après, la réalisatrice transforme ce coup d’essai avec Victoria, une succulente comédie et offre son plus beau rôle à la délicieuse Virginie Efira.

L’actrice belge interprète Victoria, une jeune avocate en pleine tourmente. Alors qu’elle assiste à un mariage, une jeune femme est blessée d’un coup de couteau et c’est l’un de ses amis (le compagnon de la femme) qui est accusé. Bien que gênée à l’idée de défendre l’une de ses connaissances, elle accepte finalement l’affaire. Dans le même temps, débordée par la gestion de son quotidien, elle embauche Sam, un ancien dealer qu’elle a défendu, comme « homme au pair » pour garder ses deux petites filles. Elle découvre par ailleurs que son ex, qui ambitionne d’être écrivain, a publié sur internet un récit inspiré de leur histoire en l’accablant de tous les maux. Malgré son dynamisme, Victoria est au bord de la crise, tant professionnellement que sentimentalement.

Justine Triet dresse un formidable portrait de femme moderne en télescopant à la fois la vie intime et la vie professionnelle de son héroïne. Un nouveau rôle en or pour Virginie Efira après le récent Caprice d’Emmanuel Mouret qu’elle illuminait à chaque apparition. En inscrivant son histoire dans le registre de la comédie burlesque aux dialogues raffinés, Justine Triet se penche sur les problèmes sentimentaux et sexuels d’une pré-quadra d’aujourd’hui, prise malgré elle dans un quotidien tourbillonnant avec la préparation du procès durant lequel elle doit défendre son ami Vincent (Melvil Poupaud), ou bien encore le harcèlement de son ex David, qui s’inspire des affaires personnelles de Victoria pour nourrir ses histoires publiées sur un blog à succès, sans oublier Samuel (Vincent Lacoste), qui l’encourage à vivre sa vie de femme. Aux côtés de tout ce beau monde, sans oublier l’indispensable Laure Calamy, Virginie Efira crève l’écran dans la peau de cette femme complexe, au bout du rouleau, mais maman célibataire dévouée, qui se retrouve à un carrefour de sa vie. Ou quand la vie professionnelle fait imploser la vie personnelle.

Malgré toutes ces catastrophes qui lui tombent dessus en même temps, Victoria ne s’avoue pas vaincu et va enfin pouvoir renaître. De l’aveu même de Justine Triet, ses références vont de Billy Wilder à Howard Hawks, en passant par Blake Edwards, James L. Brooks et Woody Allen. La réalisatrice a bien digéré ces illustres modèles pour les transposer en comédie française, décalée, sophistiquée, sociale et très attachante, tout en marquant le film de petites touches surréalistes, à l’instar de la scène du procès en présence d’animaux, notamment un dalmatien appelé à la barre, que Victoria semble bien décider à démontrer que son témoignage ne tient pas debout. Ou couché c’est selon.

Radieuse, sexy, naturelle, émouvante et évidemment très drôle, Virginie Efira, en état de grâce, ne fait qu’une avec Victoria, un rôle qui va définitivement marquer sa carrière et pour lequel elle devrait logiquement être nommée aux César de la meilleure actrice en 2017.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Victoria, disponible chez Le Pacte, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissée dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical.

L’interactivité démarre tout d’abord par le making of (21’) composé évidemment d’images du tournage et d’interviews de la réalisatrice et des comédiens. Justine Triet revient sur la genèse de Victoria, les thèmes qu’elle a voulu explorer, tandis que les acteurs abordent la psychologie des personnages. Ce segment se clôt sur des images de la présentation de Victoria à l’UGC Ciné Cité les Halles.

En plus de la bande-annonce, l’éditeur joint également quelques scènes coupées, certaines visiblement improvisées où Virginie Efira a du mal à se retenir de rire face à Vincent Lacoste. D’autres petites scènes montrent Victoria jouer du piano et chanter quelques airs mélancoliques (14’).

L’Image et le son

Si le rendu n’est pas optimal en raison d’une définition moins ciselée sur les scènes en intérieur, le master HD au format 1080p de Victoria ne manque pas d’attraits… La clarté est bienvenue, la colorimétrie chatoyante, et le piqué affûté sur toutes les séquences en extérieur. Remarqué ces dernières années pour ses superbes photographies de Fidelio, l’odyssée d’Alice de Lucie Borleteau et Les Opportunistes de Paolo Virzì, le chef opérateur Simon beaufils voit ses partis pris esthétiques savamment respectés. Le cadre large fourmille de détails, les contrastes affichent une constante solidité et l’encodage AVC emballe l’ensemble avec brio.

Nous trouvons ici une piste française DTS-HD Master Audio 5.1. Disons le d’emblée, le soutien des latérales est anecdotique pour un film de cet acabit. Les enceintes arrière servent essentiellement à spatialiser la musique du film et quelques ambiances naturelles. Les dialogues et la balance frontale jouissent d’une large ouverture, et parviennent à instaurer un confort acoustique suffisant. La Stéréo est également très bonne et contentera largement ceux qui ne seraient équipés uniquement que sur la scène avant. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Ecce Films – Audoin Desforges / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr