Test DVD / About Ray, réalisé par Gaby Dellal

ABOUT RAY (3 Generations) réalisé par Gaby Dellal, disponible en DVD le 22 mars 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Naomi Watts, Elle Fanning, Linda Emond, Susan Sarandon, Andrew Polk, Marcos A. Gonzalez, Tate Donovan

Scénario : Nikole Beckwith, Gaby Dellal

Photographie : David Johnson

Musique : West Dylan Thordson

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

Ray, jeune adolescente transgenre, souhaite devenir un homme. Accompagnée de sa mère et de sa grand-mère, elle va devoir faire accepter à sa famille cette transition pour enfin s’épanouir. C’est un chemin semé d’embûches pour cette famille dont le père n’a jamais été présent. Chacun tentera de s’opposer à la réalité, avant de finalement comprendre qu’il faudra se serrer les coudes pour passer ensemble cette épreuve.

Malgré ses comédiennes prestigieuses à l’affiche, About Ray – aka 3 Generations en version originale, n’a pas eu les honneurs d’une distribution dans les salles françaises et c’est bien dommage. En effet, ce drame doux-amer porté par Naomi Watts, Susan Sarandon, Elle Fanning et Linda Emond s’avère une œuvre très délicate. Après une première projection du film au Festival de Toronto en septembre 2015 qui s’était soldée par un accueil particulièrement mitigé, la sortie d’About Ray a été purement et simplement annulée aux Etats-Unis. La réalisatrice Gaby Dellal a ensuite décidé de remonter son film, d’augmenter légèrement sa durée, puis de changer l’intégralité de la musique.

La cinéaste britannique nous avait déjà enthousiasmés en 2005 avec Une belle journée, dans lequel le grand Peter Mullan s’entraînait pour traverser la Manche à la nage afin de combattre ses démons. About Ray est l’histoire de Ramona, alias Ray (Elle Fanning), adolescente spontanée, qui vit à New York avec sa mère célibataire Maggie (Naomi Watts), et sa grand-mère pleine d’entrain, Dolly (Susan Sarandon). Lorsque Ramona, qui sait, depuis sa prime jeunesse, qu’elle est née dans un corps qui ne lui convient pas, décide de devenir un garçon et de s’appeler Ray, cette famille liée doit apprendre à vivre avec ce changement profond. Dolly, qui est elle-même lesbienne, trouve difficile d’accepter qu’elle ait à présent un petit-fils et Maggie, en tant que mère, est contrainte de prendre de grandes décisions. Pour mettre en œuvre la transformation, elles doivent rechercher le père de Ray de manière à ce que celui-ci puisse donner son consentement légal au changement de sexe.

About Ray ne tombe jamais dans la gratuité ou le pathos, grâce à quelques touches d’humour et l’incroyable performance d’Elle Fanning. La jeune comédienne âgée de 20 ans à peine compte déjà près de 60 films à son actif. Découverte à l’âge de deux ans dans Sam je suis Sam de Jesse Nelson (2001), la sœur de Dakota Fanning est ensuite passée devant les caméras de Alejandro González Iñárritu, Tony Scott, David Fincher, Sofia Coppola, J.J. Abrams, Francis Ford Coppola, Cameron Crowe, Ben Affleck et évidemment celle de Nicolas Winding Refn pour The Neon Demon, qui bien que largement surestimé a contribué à renforcer son statut de jeune star. Dans About Ray, elle impressionne avec sa démarche, ses regards, ses postures, celle d’un jeune homme enfermé dans un corps qui ne lui appartient pas. Naomi Watts est comme d’habitude parfaite et campe une mère compréhensive, qui a élevé seule sa fille, prête à tout pour que son enfant soit heureux et qui accepte donc naturellement que sa fille Ramona devienne Ray. Susan Sarandon et Linda Emond (vue dans les séries The Good Wife et Gossip Girl) forment un couple de lesbiennes féministes et engagées qui tentent de prendre le train en marche en essayant de se faire à l’idée que Ramona est sur le point de changer de sexe pour pouvoir enfin vivre et s’épanouir, pour pouvoir être.

Drame inattendu, à la fois pudique et frontal prenant pour personnage principal un adolescent transgenre, About Ray ne laisse évidemment pas indifférent, même si certains spectateurs diront bien sûr que le personnage de la mère accepte « trop facilement » de laisser sa fille prendre cette décision irrévocable. Les quelques longueurs, la mise en scène fonctionnelle et les rebondissements à la limite du soap (Ray qui se retrouve avec deux pères possibles) n’empêchent pas d’être constamment ému voire bouleversé par ce personnage de Ramona/Ray magnifiquement incarné(e) par Elle Fanning, décidément en état de grâce et qui n’a pas fini de nous surprendre.

LE DVD

Le test du DVD d’About Ray, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel de la jaquette est élégant et attractif. Même chose pour le menu principal, animé et musical.

Les suppléments se résument à la bande-annonce du film.

L’Image et le son

Ce master offre des conditions de visionnage banales et sans esbroufe. La colorimétrie est plutôt bien agencée, mais la définition demeure passable, même sur les quelques plans rapprochés. La clarté est de mise, les contrastes corrects, cependant le piqué manque de précision et certaines séquences apparaissent plus ternes que d’autres et s’accompagnent de moirages ainsi que de saccades.

About Ray n’est pas un film à effets et les mixages français et anglais Dolby Digital 5.1 ne font pas d’esbroufe inutile. L’essentiel de l’action est canalisé sur les enceintes avant, même si chacune des séquences en extérieur s’accompagne inévitablement d’ambiances naturelles sur les latérales avec notamment la circulation dans les rues de New York. Il en est de même pour la musique systématiquement mise en valeur par l’ensemble des enceintes. Les voix demeurent solidement délivrées par la centrale, bien que la version française demeure moins ardente que son homologue. Les deux pistes Stéréo sauront contenter ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière.

Crédits images : © SND / Captures du DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Histoire de l’amour, réalisé par Radu Mihaileanu

L’HISTOIRE DE L’AMOUR (The History of Love) réalisé par Radu Mihaileanu, disponible en DVD et Blu-ray le 29 mars 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Gemma Arterton, Derek Jacobi, Sophie Nélisse, Elliott Gould, Torri Higginson, Alex Ozerov

Scénario : Radu Mihaileanu, Marcia Romano, d’après le livre de Nicole Krauss, « L’histoire de l’amour » (The History of Love) »

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Armand Amar

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Il était une fois un garçon, Léo, qui aimait une fille, Alma. Il lui a promis de la faire rire toute sa vie. La Guerre les a séparés – Alma a fui à New York – mais Léo a survécu à tout pour la retrouver et tenir sa promesse. De nos jours, à Brooklyn, vit une adolescente pleine de passion, d’imagination et de fougue, elle s’appelle aussi Alma. De l’autre côté du pont, à Chinatown, Léo, devenu un vieux monsieur espiègle et drôle, vit avec le souvenir de « la femme la plus aimée au monde », le grand amour de sa vie. Rien ne semble lier Léo à la jeune Alma. Et pourtant… De la Pologne des années 30 à Central Park aujourd’hui, un voyage à travers le temps et les continents unira leur destin.

Le cinéaste Radu Mihaileanu a toujours eu le goût du romanesque. Train de vie (1998), Va, vis et deviens (2005), Le Concert (2009) et La Source des femmes (2011) apparaissent comme des films-fleuves, denses, portés par des personnages exaltés et passionnés. L’Histoire de l’amour ne déroge pas à la règle.

Radu Mihaileanu adapte le roman The History of Love écrit en 2005 par Nicole Krauss. Dense et épique, L’Histoire de l’amour se concentre sur une poignée de personnages que le destin va entrecroiser au fil des époques, de la Pologne aux Etats-Unis en passant par le Chili, des années 1940 à 2006. On pense au cinéma de Claude Lelouch, le bon, pas celui qui se contente de réunir plusieurs dizaines d’acteurs français de renom pour livrer au final une pub pour les conventions obsèques. Radu Mihaileanu s’entoure d’un casting formidable. Si le film a été vendu sur Gemma Arterton, la divine comédienne apparaît finalement peu à l’écran, mais marque l’histoire de sa très belle présence et on comprend pourquoi elle devient la fameuse « femme la plus aimée du monde ». L’Histoire de l’amour se focalise surtout sur Leo âgé, interprété par Derek Jacobi, acteur shakespearien, vu au cinéma dans Gladiator et Le Discours d’un roi, mais aussi sur la jeune actrice prometteuse Sophie Nélisse, révélation de La Voleuse de livres de Brian Percival en 2013, qui incarne Alma, quinze ans, qui commence à être chamboulée par ses sentiments.

Choc des générations, mais l’amour demeure central et vital pour ces êtres réunis autour d’un livre mystérieux. Radu Mihaileanu parvient à conduire trois récits en parallèle, même si on pourra déplorer un certain manque de rythme. Toutefois, L’Histoire de l’amour reste très plaisant, chaleureux, animé par de beaux sentiments universels et joliment photographié par Laurent Dailland. Les personnages sont attachants malgré leurs contradictions et le film évite toute mièvrerie avec un humour bien dosé.

L’Histoire de l’amour est un film ample, lumineux, utopiste et romantique, qui fait du bien à l’âme, qui ne laissera peut-être pas un grand souvenir, mais qui n’en demeure pas moins recommandé pour passer un beau et bon moment de cinéma. D’accord, les violons, les cuivres et la clarinette d’Armand Amar en font parfois un peu trop, mais on ne va pas rechigner, car cette fresque émouvante, drôle et romantique est imprégnée chaque seconde de la sincérité et de la générosité de son metteur en scène.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de L’Histoire de l’amour, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur joint une dizaine de featurettes promotionnelles, d’une durée totale de 28 minutes. Vous n’apprendrez pas grand-chose ici, mais ces petits modules n’en demeurent pas moins sympathiques puisqu’ils donnent la parole à toute l’équipe et dévoilent l’envers du décor. On apprend ainsi que le tournage s’est déroulé à Montréal et non pas à New York, sauf pour les scènes dont les prises de vues ont été réalisées dans le quartier de Chinatown. Les acteurs et le réalisateur s’expriment sur les thèmes du film et sur les personnages, Radu Mihaileanu revient sur l’adaptation du roman de Nicole Krauss et présente les décors, tandis que nous assistons au maquillage que Gemma Arterton a dû subir pour la vieillir à l’écran, 5h30 filmées en timelapse.

Wild Side Video livre également 12 minutes de scènes coupées. Six séquences réussies mais qui n’apportent rien de plus et qui se focalisent essentiellement sur Alma incarnée par Sophie Nélisse.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Quelques petites pertes de la définition et un piqué manquant parfois de mordant sur les séquences sombres sont à déplorer. Néanmoins, ce master demeure fort plaisant et n’a de cesse de flatter les yeux avec une superbe restitution de la colorimétrie. Les contrastes sont denses, la gestion solide et les partis-pris esthétiques raffinés du talentueux et éclectique chef opérateur Laurent Dailland (La Cité de la peur, Place Vendôme, Welcome) trouvent en Blu-ray un magnifique écrin. Très beau cadre large.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent particulièrement sobres, mais instaurent un confort acoustique suffisant. En version originale, si les dialogues s’avèrent plus discrets, la centrale parvient à leur donner un relief en adéquation avec les sentiments des personnages. Evitez le doublage français. Dans les deux cas, la spatialisation musicale demeure évidente, les latérales soutiennent l’ensemble comme il se doit, les ambiances naturelles ne manquent pas, surtout en ce qui concerne la cacophonie new-yorkaise. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription pour aveugles et malvoyants. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © Wild Bunch Distribution / Laurent Guérin / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Homme qui défiait l’infini, réalisé par Matt Brown

L’HOMME QUI DÉFIAIT L’INFINI (The Man Who Knew Infinity) réalisé par Matt Brown, disponible en DVD et Blu-ray le 1er mars 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Jeremy Irons, Dev Patel, Malcolm Sinclair, Raghuvir Joshi, Dhritiman Chaterji, Stephen Fry, Toby Jones

Scénario : Matt Brown, d’après le livre de Robert Kanigel, « The Man Who Knew Infinity: A Life of the Genius Ramanujan »

Photographie : Larry Smith

Musique : Coby Brown

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

Modeste fonctionnaire de l’administration indienne, Srinivasa Ramanujan décide d’écrire à Godfrey.H Hardy, l’un des plus célèbres mathématiciens de l’époque. Ce dernier, étonné par le talent spectaculaire de S.Ramanujan, décide de le faire venir en Grande-Bretagne. Il débarque à Oxford et va devoir prouver aux plus grands mathématiciens de l’histoire, la véracité de ses recherches.

L’Homme qui défiait l’infiniThe Man Who Knew Infinity est un biopic consacré au mathématicien indien Srinivâsa Aiyangâr Râmânujan (1887-1920), inspiré de la biographie écrite par Robert Kanigel. Décidément, après Un homme d’exception sur John Forbes Nash Jr. (Mathématicien et prix Nobel d’économie), Imitation Game sur Alan Turing (pionnier de l’informatique), Une merveilleuse histoire du temps sur Stephen Hawking (physicien théoricien et cosmologiste) qui a valu l’oscar du meilleur acteur à Eddie Redmayne et Seul contre tous sur Bennet Omalu (neurologue), le cinéma hollywoodien aime bien ces destins hors du commun. S’il ne révolutionnera rien au genre usé du biopic, L’Homme qui défiait l’infini se suit avec plaisir grâce au jeu des comédiens. Le rôle-titre revenait de droit à l’excellent Dev Patel, révélation en 2008 de Slumdog Millionaire de Danny Boyle, vu depuis dans les deux Indian Palace, la série The Newroom et dernièrement dans le très remarqué Lion de Garth Davis. Agé seulement de 27 ans, le jeune comédien s’en tire à merveille et s’avère bouleversant. Il est également très bien entouré puisque le grand Jeremy Irons et les formidables Toby Jones et Stephen Fry lui donnent la réplique.

La mise en scène de Matt Brown, réalisateur de London Town, un autre biopic consacré à Joe Strummer, est délicate et élégante, jamais fonctionnelle. On sent le réalisateur passionné par son sujet et soucieux de livrer aux spectateurs un bel objet de cinéma, tout en évitant de laisser l’audience sur le bas-côté en raison d’un jargon et autres discussions qui pourraient être qualifiées facilement d’hermétiques pour celles et ceux qui ne comprennent rien aux mathématiques. Ce qui importe dans L’Homme qui défiait l’infini c’est avant tout la passion des personnages pour leur spécialité, mais aussi et surtout le parcours incroyable de cet homme autodidacte, né dans une famille de brahmanes pauvres et orthodoxes, qui a appris seul les mathématiques à l’âge de 16 ans. Le film de Matt Brown se focalise sur un moment central de la vie de Râmânujan, quand ce dernier est invité en 1913 par la prestigieuse université de Cambridge en Angleterre, pour y développer de nombreuses théories mathématiques sous l’égide de son professeur Godfrey Harold Hardy. Si ce dernier croit d’abord à une supercherie et même à un canular de la part de ses confrères, Hardy doit se rendre à l’évidence et accepter le génie de ce jeune homme qui parviendra à développer moult formules mathématiques et théorèmes, tout d’abord sans démonstration. Grâce à Hardy, Râmânujan parviendra à démontrer ces célèbres formules, qui se sont toutes (ou presque) révélées exactes.

Evidemment, Matt Brown est obligé de broder autour du personnage principal et montre Râmânujan en prise avec le racisme ambiant, les moqueries, les jalousies et les brimades, à l’aube de la Première Guerre mondiale. Ayant laissé sa jeune épouse dans son pays puis cumulant les problèmes de santé pendant les privations et en raison de son régime alimentaire spécifique, Râmânujan retourne finalement en Inde à la fin des années 1910 et meurt en 1920 à l’âge de 32 ans. Il laisse derrière lui de nombreux travaux révolutionnaires non démontrés, qui continuent d’être étudiés par les plus grands scientifiques et mathématiciens du monde.

L’Homme qui défiait l’infini est au final un très bon divertissement, souvent émouvant, toujours intéressant et attachant sur un des hommes les plus fascinants et pourtant l’un des plus méconnus du XXe siècle.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de L’Homme qui défiait l’infini, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la jolie musique du film.

L’éditeur livre le minimum syndical. Il faudra se contenter d’une rapide présentation du film par l’équipe du film (5’). Les comédiens, le réalisateur Matt Brown, le conseiller en mathématiques et producteur associé Ken Ono et les autres producteurs évoquent l’histoire et les personnages de L’Homme qui défiait l’infini, le tout entrecoupé d’extraits du film.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

M6 Vidéo frôle la perfection avec ce master HD de L’Homme qui défiait l’infini. Ce Blu-ray subjugue avec la restitution de la très belle photographie du chef opérateur Larry Smith (Bronson, Only God Forgives). Le piqué n’est jamais pris en défaut, les contrastes sont merveilleux, la profondeur de champ appréciable et la colorimétrie élégante. Le seul bémol provient de certaines séquences sombres et tamisées. La définition flanche quelque peu, les détails sont moins conséquents et la gestion des noirs est un poil plus déséquilibrée. Cela n’empêche pas que l’apport HD demeure probant et indispensable.

L’Homme qui défiait l’infini n’est pas vraiment le film avec lequel vous pourrez épater la galerie et faire une démonstration de gros son. Les versions française et anglaise sont certes proposées en DTS HD Master Audio 5.1, mais les latérales ne servent réellement qu’à instaurer quelques ambiances naturelles et à spatialiser la musique du compositeur Coby Brown. Le caisson de basses n’est pas oublié et s’avère même spectaculaire lors de la courte séquence de bombardements. Deux pistes Stéréo sont également disponibles.

Crédits images : © SND / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Vengeance, réalisé par Johnny Martin

VENGEANCE (Vengeance : A Love Story) réalisé par Johnny Martin, disponible en DVD et Blu-ray le 26 avril 2017 chez Marco Polo production

Acteurs : Nicolas Cage, Don Johnson, Deborah Kara Unger, Anna Hutchison, Emily Sandifer, Talitha Bateman

Scénario : John Mankiewicz, Scott Windhauser, d’après le roman de Joyce Carol Oates, Rape: A Love Story

Photographie : David Stragmeister

Musique : Frederik Wiedmann

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Un soir de fête nationale, après une soirée chez des amis, Teena et sa fille Bethie traversent le parc pour rentrer chez elles. Quatre hommes drogués les agressent, Bethie parvient à se cacher mais entend sa mère se faire agresser. Teena laissée pour morte, la fillette s’enfuit et croise l’inspecteur Dromoor et son coéquipier. Reconnus par Bethie, les agresseurs sont arrêtés puis jugés. Mais lors du procès, un avocat véreux, payé par la famille des malfrats, obtient leur libération en salissant la réputation de Teena. Pour Dromoor, justice n’est pas encore faite…

Lors de l’hommage qui lui était rendu au Festival du cinéma américain de Deauville en 2013, Nicolas Cage avait promis qu’on ne le reprendrait plus à jouer dans des films de seconde zone. Malheureusement, les grandes réussites de Joe et de Suspect n’étaient que la partie émergée de l’iceberg qui se profilait à l’horizon. Depuis ces deux excellents crus, le comédien qui tourne plus vite que son ombre a joué dans 18 films. Oui, c’est sans doute incroyable mais c’est vrai. Dans cette liste, nous sauverons La Sentinelle de Paul Schrader, même si le cinéaste l’a renié pour cause de différends avec le studio LionsGate, The Runner d’Austin Stark, Le Casse des frères Brewer, Dog Eat Dog également de Paul Schrader, Snowden d’Oliver Stone dans lequel le comédien fait une petite participation, USS Indianapolis de Mario Van Peebles. A l’heure où cet article est rédigé, Nicolas Cage a déjà tourné sept autres longs métrages dont cinq ne sont pas encore sortis. Autant dire que l’acteur n’a pas chômé, en raison de grands problèmes d’argent, de problèmes avec le fisc, d’un comptable véreux, d’un divorce difficile, anyway, Nicolas Cage est obligé de tourner et dans le lot, forcément, certains films s’avèrent particulièrement mauvais.

Nous ne reviendrons pas sur Tokarev et Le Chaos, qui marquent vraiment le fond du gouffre de la filmographie de Nicolas Cage, qui compte bientôt 100 films, mais malheureusement, l’oeuvre qui nous intéresse ici, Vengeance : A Love Story, rebaptisé Vengeance dans nos contrées pour sa sortie dans les bacs (sans passage par la case cinéma) est complètement anecdotique. Réalisé par un certain Johnny Martin, qui a oeuvré comme cascadeur sur plus de 160 films et en tant que responsable de la deuxième équipe (notamment sur Hell Driver, Tokarev et USS Indianapolis), Vengeance rappelle quelques films de la Cannon qui avait fait un pont d’or à Charles Bronson avec Un justicier dans la ville 2 (1982) avant les pires suites (mais merveilleux nanars) à venir. Vengeance est l’adaptation du roman de Joyce Carol Oates, Rape : A Love Story, publié en 2003 en France sous le titre Viol : une histoire d’amour.

Dans Vengeance, Nicolas Cage interprète un flic (bah voyons), veuf, fatigué, héros de sa petite bourgade, qui n’a plus que son boulot depuis que sa femme est morte. Vétéran de la Guerre du Golfe, ses exploits publiés dans les journaux sont affichés au comptoir du bar qu’il fréquente tous les soirs. Alors qu’il vient de perdre son coéquipier au cours d’une arrestation qui a mal tourné, ce flic prénommé John, rencontre Teena, une jeune femme avec qui le courant passe très bien. Mais quelque temps après, Teena est victime d’une agression par quatre mecs bourrés, qui la frappent et la violent devant les yeux de sa fille Bethie. Alors que Teena gît inconsciente, Bethie parvient à s’échapper et à prévenir la police. John arrive sur les lieux du drame. Teena s’en sort miraculeusement. De son côté, Bethie identifie les agresseurs qui sont rapidement arrêtés. Le procès démarre, les quatre désignés coupables sont défendus par un ténor du barreau, maître Jay Kirkpatrick (Don Johnson, la classe), visiblement ami du juge chargé de l’affaire. Tout est organisé pour que Teena n’obtienne pas de gain de cause. Excédé par cette parodie de justice, John décide de régler cette histoire à sa façon. Il va éliminer un par un les quatre responsables de l’agression de Teena et n’hésitera pas à violer la loi qu’il a toujours tenu à faire respecter.

Résumer ainsi Vengeance pourrait faire croire que le personnage de Nicolas Cage est omniprésent, ce qui n’est pas le cas. En réalité, le comédien fait comme qui dirait une participation et revient de manière sporadique après un début plutôt sympa et old-school. Après, l’histoire se focalise surtout sur les personnages de Teena et de sa fille Bethie, bien interprétées par Anna Hutchison (La Cabane dans les bois) et Talitha Bateman (La 5ème vague), sans oublier Deborah Kara Unger, défigurée par la chirurgie plastique, qui interprète le rôle de la mère de Teena, et qui paraît presque plus jeune que la comédienne qui joue sa fille. Nicolas Cage n’oublie de faire quelques apparitions, heureusement d’ailleurs, mais il faut vraiment attendre le dernier tiers pour le voir passer à l’action, prendre la pétoire pour jouer les justiciers, sans sourciller ni être décoiffé. Heureusement, Vengeance, écrit par John Mankiewicz, créateur de la série House of Cards, produit par Harold Becker (Mélodie pour un meurtre) n’est pas aussi mauvais que Tokarev, c’est juste que l’ensemble fait penser à un téléfilm de deuxième partie de soirée.

Nicolas Cage, longtemps pressenti pour réaliser également le film, traverse cette histoire en ayant l’air de penser au salaire qu’il touchera à la fin du tournage pour pouvoir payer ses dettes. Ce qui ne l’empêche pas de se montrer très bon dans deux ou trois scènes dramatiques, d’autant plus que son personnage s’exprime peu. Mais cela ne sauve malheureusement pas Vengeance de l’ennui.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Vengeance, disponible chez Marco Polo Production, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et muet. Le visuel de la jaquette se concentre sur Nicolas Cage et saura attirer l’oeil de ses admirateurs les plus fervents. Il y en a encore. Aucun supplément.

L’Image et le son

Ce DTV est proposé en HD dans un format 1080p. Si l’on est d’abord séduit par le rendu de la colorimétrie, force est de constater que la définition chancelle à plusieurs reprises, malgré une luminosité plaisante et un piqué somme toute mordant et acéré. Les détails sont agréables, le rendu des visages impressionne. C’est d’ailleurs là qu’on se rend compte à quel point Nicolas Cage paraît bouffi et l’image est parfois si précise que nous parvenons à distinguer les raccords capillaires du comédien. Le codec AVC tente de consolider certains plans caméra à l’épaule, surtout sur les séquences plus agitées, avec parfois un peu de difficulté. La profondeur de champ est souvent décevante, quelques sensibles fourmillements s’invitent à la partie, la gestion des contrastes étant au final aléatoire. Toutefois, certains plans sortent aisément du lot avec un relief et une texture indéniables.

Du côté acoustique, les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 créent un espace d’écoute suffisamment plaisant en faisant la part belle à la musique et à quelques effets latéraux. Des ambiances naturelles percent les enceintes arrière sans se forcer mais avec une efficacité chronique. Le doublage français est convaincant et que les fans soient rassurés, Dominique Collignon-Maurin prête sa voix cette fois encore à Nicolas Cage, tout comme Patrick Poivey qui double Don Johnson. Les sous-titres français sont imposés et le changement de langue impossible pendant le visionnage nécessite le recours au menu pop-up.

Crédits images : © Marco Polo Production / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Secret magnifique, réalisé par Douglas Sirk

LE SECRET MAGNIFIQUE (Magnificent Obsession) réalisé par Douglas Sirk, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 4 avril 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Jane Wyman, Rock Hudson, Barbara Rush, Agnes Moorehead, Otto Kruger, Gregg Palmer

Scénario : Robert Blees, Wells Root, Sarah Y. Mason, Victor Heerman, d’après le roman Lloyd C. Douglas « Une merveilleuse obsession – Magnificent Obsession »

Photographie : Russell Metty

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Un jeune milliardaire arrogant, Bob Merrick, est victime d’un accident de bateau. Une équipe de secouristes s’affaire à le sauver avec un équipement qui aurait pu éviter la mort à Wayne Philips, un grand chirurgien humaniste. Pétri de remords, Merrick va se rapprocher d’Helen, la veuve éplorée du médecin, dans une quête de rédemption et d’amour.

Avec Le Secret magnifiqueMagnificent Obsession, le cinéaste allemand d’origine danoise Douglas Sirk (1897-1987), de son vrai nom Hans Detlef Sierck, devient le maître incontesté du mélodrame hollywoodien en 1954. Alors qu’il possède déjà de nombreux succès derrière lui, en Allemagne avec les drames Les Piliers de la société et Paramatta, bagne de femmes, avant qu’il ne quitte le pays suite à la montée du nazisme, puis aux Etats-Unis avec le drame aux allures de film policier Tempête sur la colline, ainsi que les deux sublimes comédies No Room for the Groom et Qui donc a vu ma belle ? et le western Taza, fils de Cochise, Le Secret magnifique marque une étape primordiale dans la carrière du réalisateur.

En 1952, Douglas Sirk fait la rencontre du comédien Rock Hudson pour Qui donc a vu ma belle ?. Les deux hommes s’entendent à merveille, à tel point que leur collaboration s’étendra sur huit films tournés entre 1952 et 1958. Le Secret magnifique est déjà leur troisième œuvre en commun. Rock Hudson, starisé grâce à Sirk, donne la réplique à Jane Wyman, couple que Sirk réunira à nouveau dans Tout ce que le ciel permet sous la houlette du studio Universal. C’est dans Le Secret magnifique que se fait la chrysalide du style Sirk, épaulé par le directeur de la photographie Russell Metty et du compositeur Frank Skinner. Même s’il ne bénéficie pas encore de la grande liberté et des moyens dont il jouira après ce film jusqu’à la fin de sa carrière hollywoodienne, Douglas Sirk signe un chef d’oeuvre inoubliable, un mélodrame poignant, extraordinairement photographié en Technicolor.

Pourtant, à l’origine, Douglas Sirk n’était pas emballé à l’idée de réaliser le remake du film éponyme de 1935 mis en scène par John M. Stahl, même s’il n’avait pas vu le film original. Le cinéaste trouvait le roman de base (publié en 1929) de l’ancien pasteur protestant Lloyd C. Douglas trop mielleux. Il finit par accepter suite aux pressions (et par contrat) du studio Universal, mais ne peut pas revoir le scénario. Pour contrecarrer ce récit rocambolesque à souhait, il s’en remet aux couleurs de Russell Metty, qui créent une ambiance onirique et qui éloignent le film de tout réalisme. Rock Hudson fait des étincelles dans le rôle de Bob Merrick, riche playboy égocentrique, cynique, insensible, excentrique et indifférent à la nature humaine qui provoque le mal autour de lui sans s’en rendre compte. Croisant le chemin du peintre Edward Randolph (Otto Kruger), homme mystique et hors du commun qui va éveiller en lui l’envie de faire le bien, Bob Merrick va tenter d’expier ses erreurs passées au nom de l’amour, qu’il va découvrir en la personne d’une femme veuve et aveugle, dont il cause involontairement la mort de l’époux dans un accident. Vous suivez ? Il deviendra chirurgien et sauvera celle qu’il aime. A ses côtés, Jane Wyman, déjà bien installée à Hollywood, nommée quatre fois aux Oscars et lauréate de la précieuse statuette dorée en 1949 pour Johnny Belinda, bouleverse les spectateurs du début à la fin. L’alchimie entre les deux comédiens est évidente.

Malgré une histoire naïve, pour ne pas dire complètement improbable et surréaliste, l’audience demeure transportée par ce drame flamboyant et d’une infinie beauté, magistralement mis en scène et interprétée (n’oublions pas Barbara Rush et Agnes Moorehead) grâce à la magie de Douglas Sirk.

LE BLU-RAY

Le Secret magnifique est édité en combo par Elephant Films. Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un boîtier plastique. Le visuel de la jaquette est très élégant, tout comme le menu principal, fixe et musical. Ce titre rejoint la collection Douglas Sirk disponible chez Elephant, qui possède déjà dix titres à son actif.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une excellente présentation du Secret magnifique par Jean-Pierre Dionnet (13’). Producteur, scénariste, journaliste, éditeur de bande dessinée et animateur de télévision, notre interlocuteur, visiblement très inspiré et pour cause puisque Douglas Sirk est un de ses cinéastes favoris, replace ce long métrage dans la filmographie du réalisateur. Il en vient ensuite aux thèmes abordés dans Le Secret magnifique, en croisant habilement le fond avec la forme en indiquant que ce film est le catalyseur des mélodrames qui seront ensuite réalisés par Douglas Sirk. Le casting est évidemment passé au peigne fin, tout comme les fidèles collaborateurs du cinéaste, à savoir Frank Skinner à la musique et Russell Metty, directeur de la photographie.

Nous le disions précédemment, Douglas Sirk est un des réalisateurs fétiches de Jean-Pierre Dionnet. Ce dernier lui consacre un petit module de 9 minutes, dans lequel il parcourt rapidement les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches, les drames qui ont marqué sa vie, son regain de popularité dans les années 1970 grâce à la critique française et quelques réalisateurs (Fassbinder, Almodóvar) alors que le cinéaste, devenu aveugle, était à la retraite en Allemagne.

L’Image et le son

Quoi de mieux que de redécouvrir les films hollywoodiens de Douglas Sirk dans des copies entièrement remastérisées ? En effet, si le réalisateur apportait déjà un soin tout particulier aux couleurs et à la photographie de ses films, il va sans dire qu’aujourd’hui, grâce à cette splendide restauration dont bénéficie Le Secret magnifique, le film profite doublement de cette cure de jouvence. L’attention apportée à chaque détail de l’image est à couper le souffle. Le Technicolor offre une large palette de couleurs qui souligne la beauté des comédiens, des décors et des paysages (Sirk filme beaucoup en extérieur), d’un objet ou d’un vêtement porté par Rock Hudson ou Jane Wyman. La définition est irréprochable et la compression idéale. Naturellement, ce Blu-ray au format 1080p respecte le grain original, la copie est stable et quasi-immaculée, la photo légèrement diffuse de Russell Metty flatte les rétines et la clarté est indéniable. Certains effets de pompage découlent des partis pris et ne gênent évidemment en rien le visionnage.

L’éditeur met à disposition deux pistes sonores en mono 2.0. Si le doublage français d’époque est réussi, c’est au niveau de la musique et des ambiances de fond que ça coince. En effet le tout manque d’ampleur et de clarté au niveau de la composition de Frank Skinner et des effets annexes. Tout le mérite revient à la piste originale, dynamique et vivante tout du long, sans souffle, qui permet d’apprécier un excellent mixage des dialogues avec la musique, dès le générique d’ouverture.

Crédits images : © Universal Pictures / Elephant Films / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Baccalauréat, réalisé par Cristian Mungiu

BACCALAURÉAT (Bacalaureat) réalisé par Cristian Mungiu, disponible en DVD et Blu-ray le 12 avril 2017 chez Le Pacte

Acteurs : Adrian Titieni, Maria-Victoria Dragus, Rares Andrici, Lia Bugnar, Malina Manovici, Vlad Ivanov

Scénario : Cristian Mungiu

Photographie : Tudor Vladimir Panduru

Durée : 2h07

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Romeo, médecin dans une petite ville de Transylvanie, a tout mis en œuvre pour que sa fille, Eliza, soit acceptée dans une université anglaise. Il ne reste plus à la jeune fille, très bonne élève, qu’une formalité qui ne devrait pas poser de problème : obtenir son baccalauréat. Mais Eliza se fait agresser et le précieux sésame semble brutalement hors de portée. Avec lui, c’est toute la vie de Romeo qui est remise en question quand il oublie alors tous les principes qu’il a inculqués à sa fille, entre compromis et compromissions…

Pour Baccalauréat, son cinquième long métrage, le réalisateur Cristian Mungiu, révélé par 4 mois, 3 semaines, 2 jours qui lui a valu une Palme d’Or méritée en 2007, s’inspire une fois de plus de faits réels. A l’instar de son précédent film Au-delà des collines, le cinéaste souhaite à travers le drame réaliser une radiographie de la Roumanie d’aujourd’hui, toujours gangrenée par la corruption, qui tente encore de se remettre des années Ceauşescu.

Prenant comme partis pris de ne pas être catégorique dans ses jugements ni de tenter d’identifier les coupables, Cristian Mungiu livre une oeuvre tendue comme un « thriller social » et l’on pense tout du long au cinéma de Michael Haneke (notamment le fabuleux Caché), des frères Dardenne (coproducteurs du film d’ailleurs) et d’Asghar Fahradi. Comme ces derniers, Cristian Mungiu laisse au spectateur le choix de se faire sa propre opinion sur les agissements des personnages. Où est le bien ? Où est le mal ? Qui a raison ? Qui a tort ? Le réalisateur indique « Baccalauréat est une histoire sur les compromis et les principes, sur les décisions et les choix, sur l’individualisme et la solidarité mais aussi sur l’éducation, la famille et sur le vieillissement. C’est l’histoire d’un parent qui se demande ce qui est le mieux pour son enfant, si son enfant devrait être préparé à devenir un survivant dans le monde réel ou s’il devrait se battre pour être toujours honnête et changer le monde autant qu’il le peut ».

Romeo (Adrian Titieni, bouleversant), la cinquantaine, père aimant et responsable, est chirurgien. Son mariage est en crise et il fait chambre à part avec sa femme. Il a une jeune maîtresse. Mais sa seule obsession est de sauver sa fille Eliza (Maria-Victoria Dragus, vue dans Le Ruban blanc de Michael Haneke) de l’avenir peu reluisant qui s’offre à elle si elle devait faire sa vie en Roumanie. Si elle obtient une moyenne de 18 à son bac, elle pourra bénéficier d’une bourse qui lui permettra de quitter le pays pour aller étudier dans une université prestigieuse en Angleterre. Une affaire faite pour cette élève très douée. Mais la veille des examens, l’adolescente est agressée dans un chantier près de la fac. Blessée, choquée, démotivée, elle hésite alors à se présenter à la première épreuve le lendemain matin. Toutefois, Romeo est prêt à tout. Il se tourne alors vers un patient en attente d’une greffe de foie. Influent, ce dernier lui promet d’intervenir afin de corrompre le correcteur des copies. Baccalauréat repose sur une montée de tension palpable et progressive qui prend le spectateur – placé en tant que témoin – aux tripes pour ne plus le lâcher. Quelques secrets cachés éclatent au grand jour et fragilisent les relations au sein de la famille. Que faire ? Que dire ? Le ton monte, le personnage principal, Roméo, médecin réputé, dont Mungiu adopte le point de vue, se trouve constamment face à un dilemme, pris dans une spirale infernale d’entrée de jeu (une fenêtre brisée par une pierre lancée par un inconnu) et se retrouve à utiliser les armes dont il dispose pour enfreindre la loi, dans le seul but d’aider sa fille.

A travers ces conflits intérieurs, le réalisateur dresse un constat pessimiste de son pays et de la perte de confiance de ses habitants. Avec une mise en scène implacable en plans-séquences, une structure virtuose en engrenages, un scénario brillant et le jeu intense de ses merveilleux comédiens magistralement dirigés, Baccalauréat, tout comme les œuvres précédentes de Cristian Mungiu, implique le spectateur qui s’identifie immédiatement aux personnages féminins et masculins, adultes et ados, et c’est là toute la force de son cinéma. Une oeuvre captivante et saisissante sur l’amour et le libre-arbitre, justement récompensée par le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 2016.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Baccalauréat, disponible chez Le Pacte, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Après avoir (re)vu Baccalauréat, dirigez-vous immédiatement sur la section des suppléments qui propose un entretien fondamental entre Cristian Mungiu et Michel Ciment, directeur de la revue Positif (45’). Les deux hommes échangent en français sur la genèse du film, l’écriture du scénario (plusieurs faits divers reliés par un fil rouge), les personnages, les thèmes, les points de vue, la mise en scène, le rapport au spectateur, l’usage du son et l’absence de musique, le casting, les décors, le cadre. Tous ces sujets sont abordés longuement et de manière passionnante. Les cinéphiles amateurs de l’oeuvre de Cristian Mungiu ne devront pas manquer ce rendez-vous.

S’ensuivent deux scènes coupées (4’). La première se focalise sur Eliza qui demande à son petit ami Marius de la déposer au centre d’examens le lendemain matin. Ce dernier réagit en lui rappelant qu’elle serait amenée à quitter le pays, et donc lui aussi, si elle devait réussir son baccalauréat. Cela laisserait supposer que l’accusation de Romeo a l’égard de Marius est peut-être justifiée et que le jeune homme aurait peut-être préféré ne pas intervenir lors de l’agression en pensant que cela inciterait Eliza à rester en Roumanie. La deuxième scène montre Romeo et sa maîtresse Sonia le soir, ramenant le chien qu’ils ont percuté en voiture et qu’ils essayent de soigner. Le couple s’embrasse, mais un bruit suspect interrompt le baiser, comme si quelqu’un les observait.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080p. Baccalauréat bénéficie d’un superbe traitement de faveur avec ce master HD élégant. Les contrastes sont à l’avenant, la luminosité des scènes diurnes est éclatante, le piqué acéré y compris en intérieur, les noirs sont denses, le codec AVC solide. Evidemment, la propreté est de mise, les détails foisonnent aux quatre coins du cadre, et hormis quelques saccades notables sur divers mouvements de caméra, la colorimétrie demeure agréablement naturelle, précise et classe.

Baccalauréat est disponible en versions française et roumaine DTS-HD Master Audio 5.1. Il n’y a rien à redire du point de vue dynamique et de la vivacité des dialogues. Les deux mixages sont harmonieux, même si la version originale est évidemment largement conseillée et plus naturelle, respectent l’ambiance intimiste du film, se révèlent fluide et créent un confort acoustique plaisant. Quelques ambiances et effets se font bien entendre sur les latérales, mais l’ensemble demeure anecdotique, surtout que le film se trouve totalement dépourvu de musique. Les sous-titres français sont imposés sur la piste roumaine et le changement de langue est verrouillé à la volée. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Le Pacte / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Mademoiselle, réalisé par Park Chan-wook

MADEMOISELLE (Ah-ga-ssi) réalisé par Park Chan-wook, disponible en DVD et Blu-ray le 22 mars 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Kim Min-hee, Kim Tae-ri, Ha Jung-woo, Jo Jin-woong, Kim Hae-suk, Moon So-ri

Scénario : Park Chan-wook, Jeong Seo-kyeong d’après le roman Du bout des doigts (Fingersmith) de Sarah Waters

Photographie : Chung-hoon Chung

Musique : Jo Yeong-wook

Durée : 2h18

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Entre la Corée et le Japon des années 1930, durant la colonisation japonaise. L’histoire mêle les trajectoires d’une jeune femme fortunée vivant recluse dans un gigantesque manoir par un vieil oncle lubrique, et d’un escroc sadique surnommé le « Conte ». Très intéressé par l’argent de la nantie, ce dernier va faire appel à une fille pickpocket, qu’il placera comme servante chez la riche héritière.

Franchement, quand on voit qu’un film comme Mademoiselle est reparti bredouille du Festival de Cannes, ou presque si l’on excepte le Prix Vulcain de l’artiste technicien remis par la CST (Commission Supérieure Technique) à la décoratrice Ryu Seong-hies, on se demande comment un tel Festival puisse encore être crédible. L’insaisissable réalisateur sud-coréen Park Chan-wook, connu dans le monde entier depuis Old Boy (2003), puis metteur en scène acclamé pour Lady Vengeance (2005), Je suis un cyborg (2006), Thirst, ceci est mon sang (2009) et un passage par le cinéma américain avec son remarquable Stoker (2013), est de retour dans son pays avec Mademoiselle, splendide thriller psychologico-érotique. En 1930, alors que la Corée est occupée par les Japonais, une jeune femme prénommée Sookee (Kim Tae-Ri dans son premier rôle à l’écran) est engagée comme servante d’une riche nipponne, Hideko (Kim Min-Hee) vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique qui souhaite faire d’elle son esclave sexuel. Mais la petite bonne a un secret. Avec la complicité d’un escroc (Ha Jung-woo) se faisant passer pour un comte japonais, ils veulent mettre à exécution un plan diabolique.

Libre adaptation du roman Du bout des doigtsFingersmith de l’écrivaine britannique Sarah Waters, publié en 2002, Mademoiselle foudroie le spectateur par sa virtuosité et la densité de son récit. Immédiatement séduit par l’histoire de ces deux femmes situées au coeur du récit, Park Chan-wook s’approprie le roman original pour livrer un véritable drame teinté de thriller, mais aussi véritable histoire d’amour aux rebondissements multiples et surprenants jamais dénués d’humour noir et aux scènes érotiques troublantes. Si l’action du roman se déroulait à Londres dans les années 1860, le cinéaste la délocalise pour son film en Corée pendant la colonisation japonaise des années 1930. Dans cette Corée soumise et à l’aube d’une époque moderne, Park Chan-wook convie le spectateur à un ballet composé d’arnaques et de faux-semblants parasité par l’irruption inattendue des sentiments. Les décors d’une richesse époustouflante reflètent alors la théâtralité des traditions et des (faux) rapports entre les personnages, mais c’était sans compter sur les sentiments qui allaient animer et enflammer les personnages de Sookee et de Mademoiselle, qui entament alors une passion amoureuse et charnelle, tandis qu’un homme, qui a envoyé la première au service de la seconde dans l’espoir que Mademoiselle accepte de l’épouser, est loin de se douter de ce retournement de situation. Qui est manipulé ? Qui manipule ? Chacun à tour de rôle.

Avec sa mise en scène étourdissante, la beauté de ses comédiennes, le soin immense apporté aux décors et aux costumes, ses scènes érotiques sulfureuses et la conduite rigoureuse de son récit découpé en trois actes (pour trois points de vue), Mademoiselle s’avère un conte féministe entre ombres et lumières, parfois difficile pour les nerfs (la lente guillotine des doigts), lente, mais toujours remarquable, fascinant, populaire et hypnotique. Et quelle photographie ! Osons le dire, ce thriller sadique et romanesque où les personnages se perdent dans un palais des glaces, dont les draps de soie remplaceraient les miroirs, est le chef d’oeuvre de Park Chan-wook.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Mademoiselle, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Une édition Blu-ray limitée (non testée) contient un deuxième Blu-ray du film en version longue inédite (167′ – VOST, soit 23 minutes supplémentaires). La version du film chroniquée est donc celle du montage cinéma. Le menu principal est animé et musical, tandis que la jaquette du Blu-ray normal reprend le visuel de l’affiche française du film.

Concernant l’interactivité, c’est carrément du foutage de gueule. Si la jaquette indique un making of, la présentation du film au Festival de Cannes et une interview du réalisateur, nous déchantons rapidement puisque la durée du premier bonus est de 5 minutes, le second 1’30 et le dernier 1’40 ! Cela serait revenu à la même chose de ne rien proposer du tout ! Surtout que n’avons pas pu obtenir la version longue du film.

Ces featurettes n’apportent évidemment rien de conséquent. L’image est d’ailleurs affublée d’un bandeau noir sur lequel sont apposés les sous-titres français, probablement pour en dissimuler d’autres. On y voit rapidement le réalisateur à l’oeuvre avec ses comédiens, tandis que l’équipe s’exprime face à la caméra sur les conditions de tournage et l’histoire du film. Le photocall et la montée des marches de l’équipe à Cannes ne nous intéressent pas, pas plus que la minuscule interview du réalisateur dans le dernier « supplément ».

Cette section se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Pour la première fois de sa carrière, Park Chan-wook a tourné un de ses film en numérique, au moyen de la très convoitée caméra Arri Alexa XT Plus, afin de pouvoir utiliser un objectif anamorphique. On ne saurait faire mieux. Le cinéaste signe sa septième collaboration avec le chef opérateur Chung-hoon Chung. Les magnifiques partis pris esthétiques originaux sont magnifiquement rendus à travers ce Blu-ray d’une folle élégance et aux couleurs étincelantes. Le piqué est affûté, la profondeur de champ impressionnante, les contrastes fabuleusement riches, les détails abondent aux quatre coins du cadre large, tandis que le codec AVC consolide l’ensemble avec fermeté, y compris sur les très nombreuses scènes se déroulant dans la demeure ou en basse lumière. Apport HD indispensable et même primordial pour ce titre et même top démo pour ce Blu-ray (1080p).

Si elle s’avère aussi parfaite que la version originale, évitez bien évidemment de visionner Mademoiselle en français ! En coréen/japonais comme en français, l’environnement acoustique est tout aussi incroyable que la photographie. Les deux versions jouissent d’un écrin DTS-HD Master Audio 5.1 particulièrement enivrant, immersif et riche. La balance frontale rivalise d’effets et d’énergie avec les latérales, le caisson de basses intervient à bon escient, tandis que les dialogues demeurent toujours ardents sur la centrale. Toutes les séquences en extérieur s’accompagnent automatiquement d’ambiances naturelles. L’éditeur joint également deux pistes Stéréo plutôt fracassantes.

Crédits images : © The Jokers – SND / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Maman a tort, réalisé par Marc Fitoussi

MAMAN A TORT réalisé par Marc Fitoussi, disponible en DVD le 5 avril 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Jeanne Jestin, Emilie Dequenne, Camille Chamoux, Sabrina Ouazani, Nelly Antignac, Annie Grégorio, Grégoire Ludig, Jean-François Cayrey

Scénario : Marc Fitoussi

Photographie : Laurent Brunet

Musique : Pascal Mayer

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Anouk, 14 ans, a hâte d’effectuer son stage d’observation de troisième dans la compagnie d’assurances où travaille sa mère Cyrielle. Mais dès le premier jour, l’adolescente se voit confier le rangement d’un placard rempli de dossiers. Une tâche qu’elle trouve ingrate et sans aucun intérêt. Pire, au fil de cette semaine d’immersion, Anouk découvre brutalement un autre visage de sa mère, celle d’une femme froide et insensible à la détresse d’une jeune mère de famille endettée qui risque d’être expulsée du jour au lendemain. La jeune fille est alors confrontée au monde adulte de l’entreprise, avec ses petits arrangements et ses grandes lâchetés.

Maman a tort est déjà le cinquième long métrage de Marc Fitoussi après La Vie d’artiste, Copacabana, Pauline détective et La Ritournelle. Depuis dix ans, le réalisateur a su prouver la singularité et la sensibilité de son univers, en jouant souvent avec certains codes, à l’instar de Pauline détective qui mélangeait habilement la comédie policière avec des références au cinéma hollywoodien (Charade notamment), mais aussi les romans de la Bibliothèque rose ou verte à l’instar de Fantômette et du Club des cinq, et même les oeuvres d’Agatha Christie. Depuis La Vie d’artiste, Marc Fitoussi a toujours marqué ses films, pourtant souvent ancrés dans une réalité sociale, d’une douce folie. Ses œuvres possèdent également un décalage qui fait l’âme de son cinéma, toujours marquées par des dialogues subtils et d’une remarquable intelligence. Le dernier-né de Marc Fitoussi, Maman a tort, ne déroge pas à la règle et apparaît même comme un film-somme.

En haut de l’affiche la toujours parfaite et lumineuse Emilie Dequenne donne la réplique à la révélation du film, la jeune comédienne Jeanne Jestin, vue dans Le Passé d’Asghar Farhadi et La Vie domestique d’Isabelle Czajka. Cette dernière, à la fois solaire et grave, magnétique et promise à une belle carrière, porte littéralement le film sur ses épaules puisque le réalisateur adopte le point de vue de son personnage. Jeanne Jestin interprète Anouk. Ses parents sont divorcés. Elle voit son père de temps en temps (l’excellent Grégoire Ludig, très touchant). Alors qu’elle devait passer son stage de troisième dans la petite entreprise d’un ami de son père, le plan tombe à l’eau au dernier moment. Du coup, Anouk n’a d’autre recours que de réaliser cette semaine de stage dans la société d’assurance de sa mère Cyrielle Lequellec (Emilie Dequenne, dix ans après La Vie d’artiste). Remisée à des tâches subalternes par des employées indélicates et hypocrites (Nelly Antignac et Camille Chamoux, qui font penser aux terribles sœurs de Cendrillon) ou trop légères (Annie Grégorio, toujours géniale), elle ne tarde pas à s’ennuyer. Un jour, elle assiste à une plainte d’une assurée, Nadia Choukri (sublime Sabrina Ouazani), qui ne comprend pas pourquoi elle ne reçoit pas l’assurance-vie de son mari après son décès. Anouk constate que sa mère Cyrielle étudie le dossier de Nadia avec peu d’attention et de complaisance. Choquée par l’injustice faite à cette femme, elle va mener sa petite enquête pour essayer de lui venir en aide, car elle la sent menacée de se retrouver SDF avec ses deux enfants. Elle accède subrepticement au dossier et fait des découvertes sur les pratiques de la société d’assurance et de sa mère.

Récit initiatique, adieu à l’enfance et perte de l’innocence, Maman a tort montre la première plongée d’une adolescente dans le monde terrible et très violent des adultes et celui du travail avec ses règles établies. Malgré ses bureaux colorés et chaleureux (Marc Fitoussi a toujours apporté une grande importance aux couleurs), l’entreprise pourtant nommée Serenita est montrée comme un univers impitoyable, où ceux qui détiennent même une petite autorité n’hésitent pas à s’en prendre aux subalternes, puisque ceux-ci n’oseront pas répliquer. Anouk constate que même sa mère est victime de ce rapport de forces. Mais il n’y a pas que ça, puisqu’elle se rend compte également que sa mère n’est pas innocente et qu’elle est obligée de prendre des décisions importantes, même si cela doit détruire une ou plusieurs familles, pour pouvoir conserver son poste bien placé. Une situation inespérée pour Cyrielle, devenue cadre sans détenir de diplômes. Sans transition, Anouk se perd du jour au lendemain dans ces couloirs où les petites mesquineries sont quotidiennes, où les secrétaires se permettent de l’accuser d’avoir volé les chocolats du calendrier de l’Avent, sans avoir de preuves. Un « vol inqualifiable » puisque cela chamboule les quelques rituels qui « animent » la vie de bureau. Anouk observe (et quel regard ! ) et écoute. Son stage de troisième devient donc celui de la vie.

Marc Fitoussi filme l’entreprise et ses employés, comme des rats lâchés dans un labyrinthe étriqué, impression renforcée par l’usage du cadre 1.55 dans lequel les personnages semblent enfermés. Le personnage d’Emilie Dequenne est complexe, à la fois empathique mais aussi impitoyable et pathétique, la comédienne s’en acquittant encore une fois parfaitement. L’alchimie avec Jeanne Jestin est évidente et participe – entre autres – à la très grande réussite de Maman a tort, comédie-dramatique sociale élégante, bourrée de charme et très attachante, maline et dont le désenchantement progressif du personnage d’Anouk prend aux tripes jusqu’au générique de fin. On le savait déjà, probablement depuis son premier film, Marc Fitoussi est devenu l’un de nos plus précieux cinéastes.

LE DVD

Le test du DVD de Maman a tort, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la jolie musique du film. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film.

En 2005, Marc Fitoussi réalise L’Education anglaise, un documentaire de 52 minutes, présent sur le DVD, sur le séjour linguistique à Bristol de jeunes Français. « Un tournage que j’avais adoré et au cours duquel j’avais eu la chance de capter des choses qu’il me semblait difficile de restituer sous forme de fiction. » indique le cinéaste. Pour parfaire leur anglais, les adolescents âgés de 13 à 16 ans sont envoyés en Angleterre par leurs parents. Le programme concocté par l’organisme a été conçu selon une stratégie pédagogique imparable : logement en famille d’accueil, cours intensifs d’anglais, activités sportives et culturelles. Pourtant, les adolescents se révèlent assez peu sensibles à l’efficacité linguistique du séjour. Enfin affranchis de la tutelle parentale, ils se soucient surtout de nouer de nouvelles amitiés et de vivre pleinement une liberté tant désirée. Un film durant lequel Marc Fitoussi parvient à s’immiscer dans le quotidien de ces jeunes, venus des quatre coins de l’Europe, « obligés » de cohabiter durant un été, pour se perfectionner dans la langue de Shakespeare, mais pas seulement. Entre les discussions laborieuses avec les familles d’accueil et les cours obligatoires, les jeunes se rencontrent et se confrontent, s’attirent, flirtent pour certains. Les amours passagères, les amitiés qui dureront, ou inversement, sont capturées par la délicate caméra de Marc Fitoussi. Le documentaire se clôt sur la dernière fête organisée, le soir avant que les jeunes soient séparés.

La section des suppléments propose également 14 minutes de scènes coupées au montage, dont une fin alternative. Si rien n’est dit sur l’éviction de ces séquences, probablement pour une question de rythme, il serait dommage de passer à côté puisqu’elles s’avèrent très réussies.

L’Image et le son

Dommage de ne pas bénéficier de ce titre en Blu-ray. Néanmoins, l’éditeur soigne le transfert du film de Marc Fitoussi. Soutenu par une solide définition, le master est parfaitement propre. La copie est exemplaire et lumineuse tout du long, les couleurs excellemment gérées, avec une prédominance de teintes bleues, tout comme les contrastes très élégants.

Ne vous attendez pas à un déluge d’effets surround si votre choix s’est portée sur la Dolby Digital 5.1 qui se contente seulement de faire entendre de légères ambiances naturelles ou tout simplement d’offrir une spatialisation épisodique de la musique du film. Maman a tort ne se prêtant évidemment pas aux exubérances sonores, le principal de l’action se trouve canalisé sur les frontales où les dialogues ne manquent pas d’intelligibilité. N’hésitez pas à sélectionner la stéréo, ardente et dynamique, amplement suffisante avec un parfait confort acoustique. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © SND/ Captures du DVD :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Twin Peaks, l’intégrale de la série TV + Twin Peaks : Fire Walk With Me (David Lynch)

TWIN PEAKS, série créée par David Lynch et Mark Frost.

Saison 1 et Saison 2, réalisées par David Lynch, Duwayne Dunham, Tina Rathbourne, Tim Hunter, Lesli Linka Glatter, Caleb Deschanel, Mark Frost, Todd Holland, Graeme Clifford.

TWIN PEAKS – FIRE WALK WITH ME, réalisé par David Lynch

Coffret Intégrale Prestige Blu-ray disponible le 29 juillet 2014 chez Paramount Pictures

Acteurs de la série : Kyle MacLachlan, Sheryl Lee, Michael Ontkean, Richard Beymer, Lara Flynn Boyle, Sherilyn Fenn, Ray Wise, Grace Zabriskie, Mädchen Amick, Dana Ashbrook, Jack Nance, Everett McGill, James Marshall, Eric DaRe, Piper Laurie, Kimmy Robertson, Joan Chen, Frank Silva, Michael J. Anderson

Acteurs du film Twin Peaks – Fire Walk With Me : Sheryl Lee, Ray Wise, Harry Dean Stanton, Mädchen Amick, Kyle MacLachlan, David Bowie

Scénario de la série : Saison 1 : Mark Frost, David Lynch, Harley Peyton, Robert Engels. Saison 2 : David Lynch, Mark Frost, Harley Peyton, Robert Engels, Jerry Stahl, Barry Pullman, Scott Frost, Tricia Brock

Scénario du film Twin Peaks – Fire Walk With me : David Lynch, Robert Engels

Photographie de la série : Frank Byers, Ronald Víctor García

Photographie du film Twin Peaks – Fire Walk With Me : Ronald Víctor García

Musique : Angelo Badalementi

Durée totale du coffret : 27 heures

Année : 1990 / 1991 / 1992

TWIN PEAKS : LA SERIE TV

Dans la ville imaginaire de Twin Peaks, située dans le nord-ouest de l’État de Washington, le cadavre de Laura Palmer, une jolie lycéenne connue et aimée de tous, est retrouvé emballé dans un sac en plastique sur la berge d’une rivière. L’agent spécial du FBI Dale Cooper est désigné pour mener l’enquête. Il découvre alors que Laura Palmer n’était pas celle que l’on croyait et que de nombreux habitants de la ville ont quelque chose à cacher.

Honnêtement, est-il utile de présenter ou de critiquer une des séries les plus cultes de l’histoire de la télévision ? Kyle MacLachlan dans le rôle de l’Agent Dale Cooper, moitié mystique, moitié rationnel, croyant en l’analyse des rêves, moitié freudien, moitié holmesien donc, mais aussi Michael Ontkean (le shérif Harry S. Truman), Mädchen Amick (Shelly Johnson), Dana Ashbrook (Bobby Briggs), Richard Beymer (Benjamin Horne), Lara Flynn Boyle (Donna Hayward), Sherilyn Fenn (Audrey Horne), Warren Frost (Dr William Hayward), Peggy Lipton (Norma Jennings), Kimmy Robertson (Lucy Moran), Ray Wise (Leland Palmer), Joan Chen (Jocelyn « Josie » Packard), Piper Laurie (Catherine Packard Martell), Harry Goaz (Adjoint Andy Brennan), Michael Horse (Adjoint Tommy « Hawk » Hill), Sheryl Lee (Laura Palmer / Madeleine « Maddy » Ferguson), Michael J. Anderson (The Man from Another Place), Russ Tamblyn (Dr Lawrence Jacoby) et bien d’autres comédiens tous autant talentueux auront définitivement marqué la petite lucarne, nos esprits, nos vies.

A l’origine, David Lynch et le scénariste Mark Frost planchent sur l’adaptation d’un roman consacré à la mort mystérieuse de Marilyn Monroe, Goddess : The Secret Lives of Marilyn Monroe d’Anthony Summers. Le projet n’aboutit pas, mais les deux écrivains imaginent une petite bourgade paumée (et imaginaire) des Etats-Unis avec ses habitants, qui ont tous quelque chose à se reprocher, secoués par l’assassinat d’une jeune lycéenne bien sous tous rapports. Le plan de la ville est dressé, le profil psychologique de chaque personnage (au moins une trentaine) bien établi, l’image d’un corps enveloppé dans un sac en plastique échoué sur les bords d’un lac les obsède. Twin Peaks est née.

Welcome to Twin Peaks, population 51.201… bientôt 51.200.

La chaîne ABC, alors à la traîne, est emballée par le projet et décide de financer un épisode pilote pour la somme de 2 millions de dollars en laissant une entière liberté aux auteurs. Le casting une fois réuni et les repérages effectués, le tournage est lancé. Le succès est au rendez-vous. Une saison de 7 épisodes est ensuite commandée par ABC, puis une seconde de 22. Twin Peaks devient rapidement un vrai phénomène culturel, lance la carrière des comédiens, déclenche l’hystérie chez certains illuminés qui souhaitent savoir qui a tué Laura Palmer. Cette question reste une des plus connues de l’histoire de la télévision.

Cette série mythique, diffusée en France sur La Cinq dès avril 1991 sous le titre Mystères à Twin Peaks, puis 20 ans plus tard sur Arte, transcende le(s) genre(s) et abolit les règles du feuilleton traditionnel. Décalée avec son atmosphère de film-noir, hors-normes, hypnotique (la musique n’y est pas pour rien) et fantasmagorique, Twin Peaks demeure une expérience unique en son genre avec sa multitude de personnages insensés, ses intrigues entremêlées, son ambiance rétro, son parfum de perversité, ses références (Boulevard du Crépuscule, Sueurs froides), qui demandent l’attention assidue des spectateurs. Bourrée d’humour, mais également violente, sombre et macabre, bercée par la splendide composition d’Angelo Badalamenti, Twin Peaks n’a pas pris de rides puisqu’elle est inclassable, hors-du-temps, intouchable.

Beaucoup s’accordent à dire que la série a commencé à décliner dès la révélation de l’assassin de Laura Palmer (épisode 7 de la deuxième saison), d’autant plus que David Lynch, parti réaliser Sailor & Lula, avait commencé à délaisser quelque peu son bébé en le confiant à d’autres cinéastes, certes très inspirés, mais quelque peu décontenancés par une nouvelle intrigue moins passionnante. En dépit de son intérêt décroissant (ainsi que l’audience), voire frustrant, jusqu’au final tout bonnement ahurissant repris en main par David Lynch himself qui pour le coup nous a concocté un dernier épisode bourré de rebondissements comme lui seul en a le secret (et en espérant sans doute une saison 3), Twin Peaks nous apparaît toujours comme un véritable miracle, un diamant aux facettes multiples et infinies que le temps ne parvient pas à altérer.

Twin Peaks : Fire Walk With Me : le film :

La mort mystérieuse de Teresa Banks donne du fil à retordre aux agents spéciaux du FBI Dale Copper et Chester Desmond. Plus tard, dans la ville de Twin Peaks, la belle et populaire Laura Palmer sombre dans une spirale maléfique…

Un an après l’arrêt brutal de la série Twin Peaks à la fin de la seconde saison, David Lynch décide de revenir dans cette petite ville et plus précisément pour évoquer les sept derniers jours de Laura Palmer. Conscient que l’intérêt de la série résidait dans le mystère qui entourait la mort de cette jeune lycéenne, trop vite résolu en raison des pressions provenant des pontes de la chaîne ABC, le cinéaste revient à la sève même du mythe à travers une préquelle. Seulement là où David Lynch aurait pu se contenter de surfer sur ce qui a fait le succès de Twin Peaks, à savoir cet équilibre fragile mais magistral de violence, d’humour, de thriller, de grotesque et de mélodrame, Fire Walk With Me s’avère une totale relecture encore plus nihiliste, dépourvue du moindre second degré, sauvage et désespérée. Du coup, les fans qui attendaient un retour en grâce se sont retrouvés face à une oeuvre, que dis-je un chef-d’oeuvre, profondément tourmenté et ténébreux.

Film mal aimé à sortie, conspuée par celles et ceux qui vouaient un culte à la série originale, Twin Peaks : Fire Walk With Me est aujourd’hui enfin reconsidéré à sa juste valeur : il s’agit ni plus ni moins d’un des plus grands films de son auteur.

Lynch filme suffisamment de matériel – 280 kilomètres de pellicule sur 40 jours de tournage – pour un film d’une durée de près de quatre heures. Conscient que le rythme est différent sur le grand écran que sur la petite lucarne, il se voit contraint de couper 1h30 au montage, en particulier les séquences où apparaissaient les personnages tant aimés des spectateurs, Lucy, le Shérif Truman, l’adjoint Andy, Audrey, pour ne citer que ceux-là, tandis que Lara Flynn Boyle (Donna) est purement et simplement remplacée par une autre comédienne, Moira Kelly.

De ce fait, toutes les soupapes d’humour sont laissées de côté, Kyle MacLachlan ne fait qu’une brève apparition et les scènes qui avaient été au préalable écrites pour lui obligent David Lynch et son coscénariste Robert Engels à créer un nouveau personnage, interprété par Chris Isaak.

Lynch préfère au contraire resserrer son film comme un étranglement progressif… jusqu’au final d’une violence inouïe. Le réalisateur prend alors le risque inconsidéré de perdre son audience. Ce qui n’a pas manqué d’ailleurs. Celles et ceux qui ont su prendre le train en marche n’en reviennent toujours pas. Véritables montagnes russes émotionnelles, expérience sensorielle et cinématographique rare, à ne pas mettre devant tous les yeux certes, Twin Peaks : Fire Walk With Me est un film virtuose, qui n’a pas fini de livrer tous ses secrets. Un véritable objet de fascination.

LE COFFRET BLU-RAY

Il s’agit probablement d’un des plus beaux coffrets trouvables aujourd’hui sur le marché. Vraiment. Le visuel est magnifique et présente le célèbre portrait de Laura Palmer, « brisé », et laissant entrevoir le visage de la victime dans son sac en plastique. Le recto indique en bas à gauche la présence des fameuses pièces manquantes du dossier, en d’autres termes les séquences coupées au montage de Twin Peaks : Fire Walk With Me.

Il nous a fallu un petit moment pour trouver comment l’ouvrir… mais alors un véritable trésor s’offre à nous ! C’est tout d’abord la pancarte d’entrée de la ville qui nous accueille. Nous tournons ensuite chaque volet, non pas comme un livre, mais plutôt comme un calepin. Chaque page présente un visuel spécifique de la série (l’oiseau du générique, la chute d’eau, la station-service Big Ed, le pont ferroviaire, la tarte aux cerises, la salle rouge) ainsi que la liste des épisodes des saisons et leur répartition sur chaque galette bleue. La sérigraphie des Blu-ray est sobre, mais dans le ton du coffret, très élégante.

Chaque menu principal possède une thématique, à savoir les arbres, la tarte aux cerises, les lieux principaux de la ville, le café, les messages écrits, les cours d’eau, les donuts, les hiboux, la bague, la pièce rouge.

Tous les épisodes s’accompagnent de la mythique présentation de la femme à la bûche. Certains étant également proposés avec le résumé de l’épisode précédent qui était diffusé à la télévision. Chaque disque propose de visionner chaque épisode agrémenté de la présentation de la femme à la bûche, du résumé et dans certains cas d’un aperçu de l’épisode à venir. Les épisodes sont répartis ainsi : Blu-ray 1 (épisodes pilote,1,2), Blu-ray 2 (épisodes 3,4,5,6,7), Blu-ray 3 (épisodes 8,9,10), Blu-ray 4 (épisodes 11,12,13,14), Blu-ray 5 (épisodes 15,16,17,18), Blu-ray 6 (épisodes 19,20,21,22), Blu-ray 7 (épisodes 23,24,25,26), Blu-ray 8 (épisodes 27,28,29), Blu-ray 9 (Twin Peaks : Fire Walk With Me, les pièces manquantes), Blu-ray 10 (suppléments).

Blu-ray 1 :

En plus de l’épisode pilote traditionnel, cette galette contient la version internationale (ou dite européenne) alternative de l’épisode pilote (1h53). Lors de la réalisation de cet épisode, David Lynch doit honorer une clause de son contrat, à savoir proposer un montage comprenant une fin fermée, autrement dit qui résout le meurtre de Laura Palmer, afin de toucher le marché de la vidéo. Ce montage a été exploité en VHS dans nos contrées sous le titre Qui a tué Laura Palmer ?. Désavouée par le cinéaste, cette mouture d’une durée de 20 minutes supplémentaires, demeure une véritable curiosité, surtout qu’elle a permis à David Lynch de créer la célèbre Salle Rouge habitée par « The Man From Another Place » interprété par Michael J. Anderson. Point de doublage français pour cette version. Nous ne dévoilerons pas la teneur de cette « fausse » conclusion pour ceux qui ne l’auraient pas vu… il y en a oui… au fond de la classe…

Blu-ray 2 :

L’interactivité de ce deuxième Blu-ray se résume à une large galerie de photos issues de la première saison (et de son tournage avec des images du plateau, de David Lynch à l’oeuvre avec ses comédiens), mais aussi des « avant-goûts » de Twin Peaks (3’) qui se révèlent être quelques résumés des épisodes précédents – racontés par le personnage de Lucy – en vue de celui qui sera projeté le soir-même, ainsi que des clips promotionnels réalisés pour la télévision (3’), avec l’aide de quelques comédiens de la série qui prêtent leurs voix pour appâter les spectateurs pas encore conquis par la série.

Blu-ray 3 :

En guise de promo, l’éditeur joint quelques clips promotionnels (5’) réalisés à l’époque où la série commençait à connaître un grand succès. Ce montage propose pêle-mêle une publicité pour le tee-shirt Twin Peaks, un message pour les troupes parties combattre au Moyen-Orient, ou diverses prises alternatives (avec parfois le clap et la voix de David Lynch en arrière-fond qui demande le moteur) où Kyle MacLachlan et Michael Ontkean évoquent quelques paris sportifs en trinquant au café.

Une large galerie de photos issues de la deuxième saison (et de son tournage avec des images du plateau, de David Lynch avec ses acteurs) est également au programme.

Mais le must de cette troisième galette bleue reste le documentaire intitulé Une tranche de Lynch (2007, 56’). Confortablement installé à la table d’un diner où on vient de lui apporter une tarte aux cerises, le réalisateur est rejoint par les comédiens Kyle MacLachlan et la ravissante Mädchen Amick (Shelly dans la série), ainsi que John Wentworth, assistant de David Lynch sur Blue Velvet, enregistreur de sons, coordinateur de la post-production, producteur associé sur la série Twin Peaks. Devant une damn fine cup of coffee, tous les quatre se remémorent l’aventure de la série, sa genèse, tandis que les acteurs évoquent leur rencontre avec le cinéaste et la façon dont ils ont été casté. Tout y est rapidement abordé, notamment leurs impressions au moment du tournage de l’épisode pilote, le succès grandissant de la série, la collaboration avec le reste du casting et les autres réalisateurs au fil des deux saisons, et les anecdotes se succèdent à vitesse grand V pendant que David Lynch savoure sa clope et couvre d’éloges ses acteurs qu’il observe avec un sourire jusqu’aux oreilles.

Blu-ray 4 :

Pas grand-chose ici, mais ce n’est pas inintéressant.

Tout d’abord, les scènes coupées de la série (14’) feront le bonheur des fans puisque nous y voyons Cooper et Donna parler du pique-nique, Cooper qui découvre la beauté des paysages de Twin Peaks en compagnie de Truman, le discours du maire de Twin Peaks (qui vaut son pesant quant à la situation), Lucy qui parle des ratons laveurs, Bobby qui donne quelques leçons à Shelly, Lucy et Andy, l’oeil vagabond de Jerry, Lucy, Andy et les donuts… bref, tout ça monter en vrac et on adore.

Les prises coupées (2’) montrent les quelques ratages de Kyle MacLachlan et Michael Ontkean lors de la scène de la planque nocturne. La complicité des deux acteurs est évidente et l’ensemble demeure réjouissant.

Blu-ray 5 :

Une galette bien garnie !

Retour à Twin Peaks (2007, 20’) : ce module est dédié au mythe de la série qui se perpétue avec les années puisque nous y voyons de nombreux témoignages de fans de la première heure, qui consacrent pour ainsi dire leur vie à Twin Peaks (ça fout un peu les jetons quand même…) et qui n’hésitent pas à s’inscrire tous les ans au Festival Twin Peaks organisé depuis 1993 avec le concours de certains comédiens de la série. Des visites en bus sont effectuées sur les lieux de tournage. Le pèlerinage est donc très sérieux, les fans se recueillent devant la maison de Laura Palmer, des concours sont organisés (meilleur sosie, meilleur costume, le lancer de pierre tibétaine), des questionnaires sont installés, évidemment tout cela en rapport avec la série.

Un guide des extérieurs (8’) nous propose ensuite un comparatif des lieux de tournage à l’époque avec ce qu’ils sont devenus aujourd’hui.

17 parts de tarte… (10’) : En août 2000, à l’occasion du Festival Twin Peaks, une équipe de journalistes rencontre l’ancienne propriétaire du diner ayant servi de décor pour le Mar-T-Cafe. Elle livre ici ses souvenirs liés à sa rencontre avec David Lynch, les conditions de tournage… et la confection de véritables tartes aux cerises.

Interview de Mark Frost (15’) : En août 2001, le romancier américain, scénariste, cocréateur et producteur délégué de Twin Peaks est à son tour interviewé sur son travail avec David Lynch, la genèse de la série, les partis pris, le casting, la psychologie et l’évolution du personnage interprété par Kyle MacLachlan au fil des deux saisons et le montage de l’épisode pilote destiné au marché européen.

Michael J. Anderson aka The Man from Another Place, nous donne ensuite quelques petites leçons pour « parler » dans la Salle Rouge (4’).

A propos de David Lynch (21’) : un message avertit le spectateur qu’au-delà de la 19è minute, quelques révélations sont faites sur la mort de Laura Palmer, dont son assassin. Après avoir vu la série, n’hésitez pas à visionner ce documentaire constitué d’entretiens avec la plupart des comédiens et quelques réalisateurs de la série, qui une fois de plus reviennent sur le mythe de Twin Peaks et leur travail respectif avec David Lynch.

La Twin Peaks Hotline (23’) qui est ensuite disponible est un montage d’enregistrements téléphoniques successifs qui résumaient l’épisode précédent pour celles et ceux qui l’auraient raté. Une petite mise en scène (audio donc) est réalisée avec les voix des protagonistes, le tout mené par celle si reconnaissable de Kimmy Robertson aka la standardiste Lucy Moran.

Pour celles et ceux qui seraient plus intéressés par l’envers du décor, l’éditeur joint une galerie d’archives constituée de documents de tournage, des carnets de route et même des feuilles horaires. Anecdotique, mais sympathique. Une autre galerie d’images dévoile le tournage de la Salle Rouge, des cartes de collection Twin Peaks.

L’interactivité de ce cinquième Blu-ray se clôt sur les « autocollants » de Lucy (2’), qui se révèlent être les accroches audio diffusées juste avant la publicité pour inciter les spectateurs à ne pas bouger de leur canapé.

Blu-ray 6 :

Passons rapidement sur les clips promotionnels (46 secondes) diffusés à la télévision pour annoncer l’épisode du jour, pour aller directement sur Les cartes postales des acteurs (59’). A l’instar de certains documentaires déjà vus ailleurs dans cette section, la plupart des comédiens de la série (sauf Lara Flynn Boyle qui se cache et on comprend pourquoi) qui ne manquent pas d’anecdotes et de souvenirs liés (ou non, comme Sheryl Lee et Richard Beymer) au tournage de Twin Peaks.

Blu-ray 7 :

Si vous n’êtes pas rassasiés, attendez, c’est loin d’être terminé ! C’est reparti pour 42 minutes d’interviews des comédiens réalisées en 2006 ! Afin de laisser croire que nous avons affaire à quelques suppléments originaux, l’éditeur a réparti les propos des acteurs sous forme d’une grille interactive, à savoir les origines de Twin Peaks, la production, les répercussions. Mais ne soyons pas dupes, les entretiens ici n’apportent pas grand-chose de neuf par rapport à ce qui a pu être déjà entendu.

L’autre « interview de l’équipe » (2006, 23’) est un module qui donne la parole à Jennifer Lynch, fille de, créatrice du journal secret de Laura Palmer, ainsi qu’aux réalisateurs Todd Holland (épisodes 11 et 20), Caleb Deschanel (épisodes 15 et 19), Duwayne Dunham (épisodes 18 et 25), Stephen Gyllenhaal (épisode 27) et Tim Hunter (épisodes 16 et 28). Nos interlocuteurs s’attardent sur leur collaboration avec David Lynch, le succès de la série et les conditions de tournage. Un point de vue original et très intéressant.

Blu-ray 8 :

Cela commence doucement avec l’annonce spéciale par Lucy du dernier épisode de la saison 2 de Twin Peaks (51 secondes) diffusée pendant le générique de fin de l’avant-dernier épisode… pour ensuite déboucher sur Des secrets venus d’ailleurs : la création de Twin Peaks, un documentaire d’1h46 (2007) ! Après tout ce que nous avons déjà pu voir et entendre, cet excellent module propose un angle inédit sur le casting, la genèse et la création du pilote, les deux saisons, la musique de la série mythique (grand moment avec le compositeur Angelo Badalamenti sur la création du thème de Laura Palmer), le phénomène culturel. Non seulement nous voyons enfin quelques images inédites et photos de tournage avec notamment David Lynch à l’oeuvre avec ses comédiens, mais les producteurs, le monteur, le décorateur, les réalisateurs, les comédiens de la série – même le scénariste Mark Frost l’avoue – ne mâchent pas leurs mots sur la qualité qui s’est malheureusement effritée dès la révélation du meurtrier de Laura Palmer. « La saison 2 était nulle » dit d’ailleurs Kimmy Robertson, « ça partait dans tous les sens » disent les autres, « si c’était à refaire, je n’hésiterais pas » dit Mark Frost, qui a tout fait avec David Lynch pour reprendre le train en marche dans les derniers épisodes, au point de créer « trop » de rebondissements dans le dernier épisode, dans l’espoir d’une troisième saison. Chacun s’accorde à dire que l’intérêt de Twin Peaks résidait justement sur le mystère de la mort de Laura Palmer, qui n’aurait jamais dû être dévoilé. Si quelques redites demeurent évidentes, ne manquez pas ce rendez-vous !

Blu-ray 9 :

C’est ici que vous trouverez le plus grand trésor de ce coffret, le Saint Graal, à savoir les 91 minutes de scènes coupées et/ou rallongées de Twin Peaks : Fire Walk With Me, baptisées les « pièces manquantes ». En effet, pas moins de 33 séquences (en HD 1080p !) sont ici compilées pour le plus grand bonheur des aficionados qui demandaient à les découvrir depuis belle lurette, à grands coups de pétitions qui circulaient à travers le monde.

Nous ne les dévoilerons pas de peur de vous gâcher le plaisir, toujours est-il que ces scènes s’avèrent évidemment indispensables, qu’elles prolongent la première partie du film avec l’enquête sur la mort de Teresa Banks (plus de séquences avec Chris Isaak, Kiefer Sutherland et David Bowie donc), Cooper qui parle à Diane (la voit-on ? Là est la question à laquelle nous ne répondrons pas). Les célèbres personnages de la série qui n’apparaissaient pas dans le montage final – Jocelyn, Garland Briggs, Andy, Hawk, Big Ed Hurley, Lucy, Sheriff Harry S. Truman – à la grande déconvenue des fans purs et durs, sont enfin rétablis ici ! De quoi se délecter !

De plus, le quotidien de Laura et de sa famille est également approfondi, tout comme l’addiction à la drogue et la déchéance de la lycéenne. Enfin, Fire Walk With Me est sans doute le film le plus sombre, violent et nihiliste de David Lynch. C’est donc avec joie que l’on découvre toutes les séquences avec l’humour retrouvé de la série ! Sans oublier une fin alternative de la saison 2 en cadeau… Enjoy !

Avant de passer à l’ultime Blu-ray, visionnez également les quelques interviews de Robert Wise, Sheryl lee, Moira Kelly et Mädchen Amick (5’) enregistrées à l’occasion de la sortie au cinéma de Twin Peaks : Fire Walk With Me.

Blu-ray 10 :

La voilà la dernière galette ! Deux heures de suppléments divisés en plusieurs documentaires :

Entre deux mondes (38’) : Dans la continuité d’Une tranche de Lynch, David Lynch se retrouve à nouveau à la table d’un diner, l’air lugubre et pour cause… il se retrouve face à la famille Palmer, Leland, Sarah et Laura. L’image N&B et le léger vent notable dans le fond sont là pour instaurer une atmosphère très sombre puisque le réalisateur s’entretient avec cette étrange lignée en leur demandant ce qu’ils sont devenus…puis un quart d’heure après, la couleur apparaît et David Lynch se retrouve face à Ray Wyse, Grace Zabriskie et Sheryl Lee pour parler du bon vieux temps, de leur collaboration, de leurs meilleurs moments sur le tournage et sur l’accueil glacial de Twin Peaks : Fire Walk With Me à sa sortie.

Voyage à travers le temps : souvenirs des 7 derniers jours de Laura Palmer (30’) : C’est ici que vous en apprendrez le plus sur la genèse, la création, la réalisation, la réception de Twin Peaks : Fire Walk With Me. Les comédiens Kyle McLachlan, Sheryl Lee, Victor Rivers, Phoebe Augustine, Don Davis, Kimmy Robertson, Grace Zabriskie, Walter Olkewicz, Pamela Gidley, le premier assistant Deepak Nayar, le scénariste Robert Engels, le chef opérateur Ronald Víctor García ont tous répondu présent pour parler de ce cauchemar éveillé qui a décontenancé les spectateurs de la série originale en raison de la violence de l’histoire.

Réflexions sur le phénomène Twin Peaks (31’) : entre mai et août 2000, les comédiens de Twin Peaks : Fire Walk With Me – mais également Michel Chion en invité ! – sont invités à parler du film de David Lynch. C’est le bonus dispensable de cette édition. Complètement décousus, jamais intéressants, longs, ennuyeux, les propos que nous parvenons à glaner ici et là ne retiennent jamais l’attention. Vous pouvez aisément zapper.

Le petit bonus supplémentaire intitulé Atmosphère (13’) demeure original puisqu’il propose la compilation des images servant à illustrer chaque menu principal des Blu-ray de ce coffret, comme nous l’évoquons dans la rubrique Généralités.

Nous avons trouvé deux bonus cachés (7’ et 2’) sur ce dernier disque, mais nous n’allons pas vous mâcher tout le travail. A vous de les découvrir. Sachez seulement qu’ils ne sont pas sous-titrés en français.

L’interactivité se clôt sur trois bandes-annonces (américaine, internationale, Missing Pieces Teaser), une galerie de photos des coulisses du film, et le générique de ce magnifique coffret Blu-ray.

L’Image et le son

Twin Peaks – Saison 1 & 2 (5/5) :

L’attente a été récompensée ! En prévision de son 25e anniversaire, la série Twin Peaks s’offre à nous en Haute Définition dans une nouvelle et superbe copie entièrement restaurée, chaque épisode étant proposé dans son format 4/3 respecté. Cette version renforce les contrastes, la densité des noirs, la finesse la texture et le modelé de la photographie, avec un codec AVC qui consolide l’ensemble avec brio. L’image est stable, entièrement débarrassée de scories diverses et variées, les couleurs sont conformes au matériel original, tirant souvent sur le rouge-rosé, parfois chatoyantes, certains décors brillent de mille feux, les détails sont légion aux quatre coins du cadre. Les scènes en extérieur affichent une luminosité inédite, tout comme un relief inattendu, un piqué parfois pointu, un grain flatteur et des contrastes divins. Tous les défauts constatés sur l’édition DVD sortie chez TF1 Vidéo en 2007 ont été éradiqués, à l’instar de certains pompages, petites tâches, du bruit vidéo dans les arrière-plans (sur les scènes nocturnes notamment), ainsi que les instabilités de l’étalonnage. Revoir Twin Peaks dans ces conditions techniques est subjuguant. Même si la qualité peut varier d’un épisode à l’autre, nous n’hésitons pas à donner la note maximale à cette édition HD (1080p) car il serait vraiment difficile de faire mieux.

Twin Peaks : Fire Walk With Me (4,5/5) :

La préquelle de la série Twin Peaks est proposée dans une version restaurée 4K supervisée by mister Lynch himself. Ce qui se fait de mieux en matière de lifting quoi ! Le DVD de Twin Peaks : Fire Walk With Me sorti en 2004 chez MK2 proposait le chef-d’oeuvre de David Lynch dans un master 16/9 avec son format du film respecté 1.85. Pour son nouveau lifting et sa nouvelle sortie en Blu-ray (également sorti chez MK2 en 2010), Twin Peaks : Fire Walk With Me est de retour en Haute Définition dans un format 1080p, AVC. La définition n’est peut-être pas optimale, néanmoins, ne faisons pas la fine bouche, car la restauration est admirable. L’élévation HD offre à Twin Peaks : Fire Walk With Me une nouvelle cure de jouvence, le grain cinéma est restitué et les contrastes trouvent une nouvelle densité. L’encodage consolide l’ensemble, les noirs sont plutôt concis, le piqué renforcé, peut-être un peu moins dans les scènes en intérieur. La colorimétrie retrouve un éclat et une chaleur inédits, un équilibre indéniable, un étalonnage beaucoup plus conforme aux partis pris esthétiques originaux. Certains plans sont sensiblement plus altérés et la profondeur de champ parfois limitée.

Twin Peaks – Saison 1 & 2
Twin Peaks : Fire Walk With Me

Bien que seule la version originale bénéficie d’un remixage DTS-HD Master Audio 7.1 (!), contrairement à la piste française proposée en Mono (pour la série), le confort acoustique est total pour ces deux options ! Le premier mixage créé une spatialisation très impressionnante. Rien que le sublime générique donne des frissons. Les dialogues sont exsudés avec force, les effets et ambiances annexes sont riches, amples et variés (le vent dans les sycomores est un délice), respectueux, car ne cherchant jamais à jouer la « surenchère ». Nul besoin de monter le volume pour profiter pleinement de la bande-son mythique d’Angelo Badalamenti. Le caisson de basses intervient aux moments opportuns, sans en faire trop et les sous-titres français ne sont pas imposés. Que les puristes se rassurent, ils trouveront également la version originale dans sa version Stéréo, qui assure le confort phonique avec brio. Sur Twin Peaks, le doublage français emmené par les experts Patrick Poivey (Agent Dale Cooper) et Daniel Russo (Shérif Harry S. Truman) caresse notre fibre nostalgique, l’ensemble est propre, sans soucis majeur, suffisant.

Le mixage anglais 7.1 sur Fire Walk With Me propose des dialogues encore plus nets, le reste est du même acabit que pour la série. Seule différence, et non des moindres, en ce qui concerne la version française sur le film, l’option acoustique présentée est en Dolby Digital 5.1, une perte par rapport au DVD MK2 (DTS 5.1 !) et le Blu-ray MK2 (DTS-HD Master Audio 5.1). Elle reste acceptable, mais ne tient pas la comparaison avec la langue de Shakespeare.

Crédits images : © ABC © MK2 / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Tour de France, réalisé par Rachid Djaïdani

TOUR DE FRANCE réalisé par Rachid Djaïdani, disponible en DVD le 21 mars 2017 chez Studiocanal

Acteurs : Gérard Depardieu, Sadek, Louise Grinberg, Nicolas Marétheu, Mabô Kouyaté, Raounaki Chaudron

Scénario : Rachid Djaïdani

Photographie : Luc Pagès

Musique : Clément « Animalsons » Dumoulin

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Far’Hook est un jeune rappeur de 20 ans. Suite à un règlement de comptes, il est obligé de quitter Paris pour quelques temps. Son producteur, Bilal, lui propose alors de prendre sa place et d’accompagner son père Serge faire le tour des ports de France sur les traces du peintre Joseph Vernet. Malgré le choc des générations et des cultures, une amitié improbable va se nouer entre ce rappeur plein de promesses et ce maçon du Nord de la France au cours d’un périple qui les mènera à Marseille pour un concert final, celui de la réconciliation.

En 2012, le comédien et ancien boxeur Rachid Djaïdani sort son premier long métrage, Rengaine. Il lui aura fallu neuf ans pour peaufiner, tourner, monter et réussir à faire distribuer ce film d’une durée de 77 minutes piochées dans 200 heures de rushes. Réalisé sans argent, sans producteur ni scénario et autorisations, avec des potes, quand les conditions le permettaient, en laissant une grande place à l’improvisation, ce petit film mis en scène avec le coeur et des tripes avait su d’emblée imposer un style brut de décoffrage. Tour de France est le deuxième film de Rachid Djaïdani.

A l’instar de Rengaine, Tour de France contient de très belles choses. Une sensibilité à fleur de peau, une rage, une envie de frapper, une liberté totale de création et d’expression se dégagent de ce second long métrage qui se focalise sur la rencontre entre deux personnages que tout oppose. Far’Hook, un jeune rappeur qui tient à conserver son anonymat, se retrouve pris au piège de l’escalade de la violence. Après une altercation, il doit quitter la capitale afin de se protéger avant un grand concert qu’il doit donner à Marseille. Bilal, son producteur, lui trouve une planque temporaire. Ce même Bilal, qui a pris ses distances avec son père, Serge, demande alors à Far’Hook de lui rendre service : il s’agit de convoyer le retraité à travers les routes de France, sur les traces du peintre Joseph Vernet. Mais entre Far’Hook, jeune artiste arrogant, et Serge, retraité désabusé, misanthrope et limite raciste, le courant ne passe pas vraiment. Heureusement, la route est longue et ces deux générations vont alors vraiment faire connaissance.

Sélectionné dans la cadre de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2016, Tour de France bénéficie d’un budget plus important et de la présence du monstre Depardieu en tête d’affiche. Le comédien est absolument parfait en bonhomme bourru, veuf, en froid avec son fils récemment converti à l’Islam. Par un concours de circonstances, Serge, ancien maçon désormais à la retraite, accepte d’héberger un ami de son fils, Far’Hook. Tout d’abord réticent et malgré son racisme latent, il va se prendre d’amitié pour ce jeune de 20 ans dans lequel il reconnaît son fils et grâce auquel il va pouvoir admettre ses propres erreurs et lutter contre ses préjugés. De son côté, Far’Hook va à la rencontre de la France, lui qui n’a jamais quitté Paris. Tour de France est un petit film fait avec un coeur immense. On retrouve tout ce qui faisait la réussite de Rengaine tandis que le réalisateur prend plus soin de sa mise en scène et de sa direction d’acteurs. A ce titre, le rappeur Sadek s’avère touchant, souvent bluffant et fait preuve d’un réel talent de comédien avec son charisme brut qui s’impose sans mal face à l’imposante présence physique de Depardieu, qui de son côté n’hésite pas à entonner un rap sur La Marseillaise.

Tour de France est un road-movie élégant et chaleureux, spontané, jamais mièvre ou simpliste. Un beau moment.

LE DVD

Le DVD de Tour de France, disponible chez Studiocanal, repose dans un boîtier Amaray classique. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est quant à lui fixe et muet.

Du point de vue des suppléments ? C’est simple, il n’y en a pas ! Même pas la bande-annonce !

L’Image et le son

Tour de France ne bénéficie pas de sortie en Blu-ray. Toutefois, ce DVD s’en sort bien, même si les couleurs s’avèrent parfois ternes. Rachid Djaïdani use parfois des images tirées de téléphone portable et d’autres sources indéterminées, ce qui entraîne inévitablement des baisses de la définition. La stabilité est de mise, les détails appréciables sur les gros plans. Notons également divers moirages.

Soyons honnêtes, le mixage Dolby Digital 5.1 ne sert pour ainsi dire à rien et concentre l’acoustique sur les enceintes avant, au détriment des ambiances naturelles. Les dialogues sont clairs, posés, la balance frontale dynamique, les basses ayant quant à elles quelques opportunités pour faire parler d’elles. Toutefois, privilégiez la Stéréo, beaucoup plus adaptée, souvent percutante et qui instaure un excellent confort. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Mars Films / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr