Test Blu-ray / Divines, réalisé par Houda Benyamina

DIVINES réalisé par Houda Benyamina, disponible en DVD et Blu-ray le 3 janvier 2017 chez Diaphana

Acteurs : Oulaya Amamra, Kevin Mischel, Jisca Kalvanda, Farid Larbi, Déborah Lukumuena, Yasin Houicha

Scénario : Houda Benyamina, Romain Compingt, Malik Rumeau

Photographie : Julien Poupard

Musique : Demusmaker

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Dans un ghetto où se côtoient trafics et religion, Dounia a soif de pouvoir et de réussite. Soutenue par Maimouna, sa meilleure amie, elle décide de suivre les traces de Rebecca, une dealeuse respectée. Sa rencontre avec Djigui, un jeune danseur troublant de sensualité, va bouleverser son quotidien.

C’est le choc du Festival de Cannes 2016. Le petit film que personne n’attendait et qui pourtant a créé un raz-de-marée auprès de la critique, quasi-unanime et des spectateurs. Récompensé par la Caméra d’or, trophée destiné à un premier film, Divine est le premier long métrage de la réalisatrice Houda Benyamina. L’action se déroule en banlieue parisienne. La jeune Dounia suit des cours pour devenir hôtesse d’accueil, mais envoie balader sa prof après l’avoir humilié devant toute sa classe. Elle ne rêve que de liberté, de respect et de pouvoir, que seul l’argent pourrait lui offrir. Aux côtés de sa meilleure amie Maimouna, elle souhaite proposer ses services auprès de Rebecca, la dealeuse charismatique du quartier, que ceux de son âge envient, Dounia la première. Son rêve de partir du camp de roms où elle vit avec sa mère semble à portée de main. Elle rencontre alors Djigui, le vigile du supermarché qu’elle aime charrier, jusqu’à ce qu’elle apprenne que ce beau jeune homme, rêve lui aussi de s’en sortir en devenant danseur professionnel.

A l’origine de Divines, il y a les émeutes qui ont agité la banlieue parisienne en 2005. La réalisatrice explique « Mon besoin de créer vient toujours d’un sentiment d’injustice. J’ai raisonné mes proches, mais j’avais moi aussi envie de sortir et de tout défoncer. Je me suis ensuite demandé pourquoi cette colère n’avait pas abouti à une véritable révolte ». Femme engagée, « mais pas révoltée », Houda Benyamina signe un premier film choc, qui ne peut laisser indifférent. Divines, dont le titre était à l’origine Bâtarde, est littéralement porté par le tempérament volcanique de la cinéaste, mais également par le naturel confondant des comédiens, Oulaya Amamra, la propre sœur de la réalisatrice, qui incarne Dounia, Déborah Lukumuena (Maimouna), Jisca Kalvanda (Rebecca) et Kevin Mischel (Djigui).

Si Divines n’échappe pas à certains défauts souvent liés à un premier long métrage, à savoir un trop-plein d’idées pas forcément toutes exploitées, quelques égarements, un désir d’en mettre plein la vue à travers une démonstration technique qui prend le pas sur l’émotion, une hystérie peu contrôlée (bien que contagieuse), Divines est un film extrêmement généreux, qui ne s’adresse pas une communauté, mais qui a le désir de toucher tous les spectateurs de tout âge, voulu avant tout comme une histoire d’amour et d’amitié, thèmes universels par excellence. Ici, ce sont quatre destins qui s’imbriquent, qui se confrontent, qui se repoussent, qui s’attirent sans cesse.

Divines est également un roman d’apprentissage, une éducation sentimentale, mais aussi un thriller, même si le film manque de conviction durant cette partie où Dounia tente de piéger un mec plein aux as, afin de lui voler son argent pour le compte de Rebecca. Ce qui n’empêche pas Divines d’être parfois violent, de mettre mal à l’aise, de bousculer (la fin tragique n’est pas sans évoquer celle du Parrain III), tout en faisant réfléchir et en divertissant les spectateurs. En ce sens, Houda Benyamina se rapproche du cinéma d’Abdellatif Kechiche, pas une mince référence. Une première œuvre riche, libre, souvent puissante, sombre, non dénuée d’humour et qui reste en tête bien après la fin de la projection. Une belle réussite, qui s’avère au final bien plus réussi que Bande de filles de Céline Sciamma auquel on pense forcément vu le sujet, le contexte et les personnages principaux.

Réalisé avec un budget de 2 millions d’euros, Divines, d’ores et déjà nommé sept fois à la prochaine cérémonie des César, a attiré plus de 300.000 spectateurs dans les salles.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Divines, disponible chez Diaphana, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est élégant, animé et musical.

La section des suppléments propose tout d’abord quatre entretiens. Dans chaque interview nous retrouvons la réalisatrice Houda Benyamina. Elle est ainsi accompagnée de son coscénariste Romain Compingt (11’), puis de la scripte Julie Darfeuil (11’), de ses deux monteurs (8’) et enfin de son superviseur musical et compositeur (10’). Chaque aspect technique du film est posément abordé, mais également la genèse du film, l’écriture et l’évolution du scénario, la création des personnages, le travail avec les comédiens, les thèmes abordés, la recherche de la structure du film, le rythme, les décors. Un commentaire audio n’aurait pas été de trop tant l’équipe s’avère prolixe et surtout passionnante à écouter.

S’ensuivent quatre petites scènes coupées (7’), vraiment pas mal du tout, même si rien n’indique la raison de leur éviction au montage final. On y voit Dounia s’exercer à la boxe, Dounia qui imite une chanteuse de gospel, Dounia et Djigui déambuler dans le magasin avec des cagoules Aristochats, et une scène plus longue des deux personnages partagés entre la danse et le combat qui mène finalement au premier baiser.

Un tout petit making of (7’), compile des images du tournage avec la réalisatrice à l’oeuvre avec ses comédiens, quelques propos de l’équipe, puis la présentation de Divines au Festival de Cannes.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et les credits.

L’Image et le son

Diaphana livre une édition HD de Divines de très grande classe et même irréprochable. Full HD (1080p), cette édition restitue les superbes couleurs de la photo signée Julien Poupard (Voie rapide, Party girl, Les Ogres) qui fait la part belle aux teintes chatoyantes, parfois ambrées, le piqué est acéré, les détails abondants sur le cadre large et les contrastes tranchants. La luminosité des scènes diurnes flatte constamment la rétine, le relief est omniprésent.

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 est immédiatement immersif et permet au spectateur de plonger dans le monde de Divines avec une musique percutante sur les enceintes latérales. Les voix sont d’une précision sans failles sur la centrale, la balance frontale est constamment soutenue, la composition spatialisée de bout en bout. La piste Stéréo devrait satisfaire ceux qui ne seraient pas équipés sur les enceintes arrière.

L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Diaphana / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Voir du pays, réalisé par Delphine Coulin et Muriel Coulin

VOIR DU PAYS réalisé par Delphine et Muriel Coulin, disponible en DVD le 10 janvier 2017 chez Diaphana

Acteurs : Soko, Ariane Labed, Ginger Romàn, Karim Leklou, Andreas Konstantinou, Makis Papadimitriouw…

Scénario : Delphine Coulin, Muriel Coulin d’après le roman de Delphine Coulin

Photographie : Jean-Louis Vialard

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Deux jeunes militaires, Aurore et Marine, reviennent d’Afghanistan. Avec leur section, elles vont passer trois jours à Chypre, dans un hôtel cinq étoiles, au milieu des touristes en vacances, pour ce que l’armée appelle un sas de décompression, où on va les aider à « oublier la guerre ». Mais on ne se libère pas de la violence si facilement…

Depuis 17 filles, prix Michel-d’Ornano au Festival de Deauville en 2011, on attendait le retour de Delphine et Muriel Coulin derrière la caméra. Leur deuxième long métrage, Voir du pays est adapté du propre roman de Delphine Coulin et narre le retour d’Afghanistan de deux jeunes militaires françaises, interprétées par Soko et Ariane Labed. Mais avant d’être « relâchées », elles doivent comme leurs camarades passer dans un « sas de décompression », autrement dit un programme supposé leur apprendre à se détendre avant de retourner à la vie civile, si toutefois le retour à la vie normal s’avère possible.

Depuis 2008, les soldats français revenant du front sont ainsi accueillis dans un hôtel cinq étoiles à Chypre. Dans un cadre de carte postale, ces soldats sont soumis à des entretiens avec des psychologues, des cours d’aquagym, de relaxation, des sorties en bateau, mais aussi des tests et thérapies de groupes durant lesquels ils arborent des lunettes projetant en trois dimensions une reconstitution d’événements survenus qui ont pu les traumatiser. Pendant leur confession, un scientifique reconstitue en direct certains assauts dont ils ont les témoins, les acteurs et même les victimes au cours de ces six derniers mois. Si le terrain change du tout au tout, les soldats, programmés, demeurent sur le qui-vive et les réflexes conditionnés ne peuvent s’éteindre en un claquement de doigt. Chaque personnage porte en lui un trauma et apprend à vivre avec. Soko (A l’origine, Augustine, La Danseuse) et Ariane Labed (Une place sur la terre, Fidelio, l’odyssée d’Alice, The Lobster) sont remarquables et campent deux jeunes femmes venant de Lorient, deux amies, Marine et Aurore, entre 25 et 30 ans, qui doivent s’imposer face à leurs camarades de sexe masculin, constamment moquées et souvent menacées. En filigrane, le film interroge sur les raisons qui poussent une femme à partir à la guerre, mais aussi pourquoi est-ce toujours étrange et singulier de voir des jeunes femmes s’engager pour affronter un monde violent habituellement « réservé » aux hommes.

Si la dernière partie s’avère plus classique, Voir du pays vaut non seulement pour l’originalité de son sujet, pas ou peu abordé au cinéma, mais aussi et surtout pour la puissance du jeu de ses deux comédiennes principales, vibrantes et magnétiques, très investies (elles ont d’ailleurs suivi un entraînement militaire avec une coach qui a participé aux vrais sas avant de quitter l’armée), définitivement lancées. Voir du pays, titre ironique sur la promesse de dépaysement faite aux soldats qui souhaiteraient s’engager et qui finalement restent la plupart du temps confinés une fois arrivés sur le terrain, est une œuvre difficile, mais frontale, juste, sèche, documentée et surtout passionnante avec ce décor luminescent qui contraste avec la noirceur des témoignages des soldats. Projeté au Festival de Cannes 2016 dans la sélection Un certain regard, Voir du pays obtient le prix du meilleur scénario.

LE DVD

Le test du DVD de Voir du pays, disponible chez Diaphana, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur une des séquences du film.

Les suppléments sont malheureusement un peu limités. Les essais des comédiens (8’), Sylvain Loreau, tout d’abord seul puis rejoint ensuite par Karim Leklou et Alexis Manenti demeurent facultatifs.

En revanche, les séquences laissées sur le banc de montage (8’), au nombre de trois, sont un peu plus intéressantes, d’autant plus qu’elles sont introduites par un carton indiquant la raison de leur éviction. La première prolonge la fin en montrant les soldats accueillis par leur famille à l’aéroport. Les réalisatrices ont finalement préféré rester dans cet objectif du sas, en préservant la vie privée de leurs deux personnages. S’ensuivent quelques images d’un groupe de soldats en plein entrainement, parmi lesquels Soko. La troisième montre une scène de « détente » où toute la section se retrouve à chanter Gaby oh Gaby d’Alain Bashung lors d’un karaoké organisé par l’hôtel.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Comme d’habitude, Diaphana soigne le service après-vente. Si Voir du pays ne bénéficie pas d’une édition Haute-Définition, l’image du DVD est pour ainsi dire quasi-exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce. Le reste du temps, la clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les nombreux gros plans détaillés et la colorimétrie marquée par les décors naturels ocres et le bleu pastel du ciel reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques de la photo signée Jean-Louis Vialard, chef opérateur talentueux ayant officié chez Apichatpong Weerasethakul (Tropical Malady), Christophe Honoré (Dans Paris) et sur le premier film des soeurs Coulin.

Les pistes habituelles stéréo et DD 5.1 offrent un large confort suffisant pour un film de cet acabit. Le deuxième mixage est à privilégier en raison d’une spatialisation très convaincante et une délivrance des dialogues dynamique. Les ambiances naturelles ne sont pas oubliées tout comme le beau soutien des basses qui interviennent aux moments opportuns comme lors de la scène en boîte de nuit. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription pour aveugles et malvoyants.

Crédits images : © Jérôme Prébois – Archipel 35 / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr