Test Blu-ray / Le Baron Rouge, réalisé par Roger Corman

LE BARON ROUGE (Von Richthofen and Brown) réalisé par Roger Corman, disponible en DVD et Blu-ray le 23 mai 2017 chez Movinside

Acteurs : John Phillip Law, Don Stroud, Barry Primus, Corin Redgrave, Karen Ericson, Hurd Hatfield, Stephen McHattie

Scénario : John William Corrington, Joyce Hooper Corrington

Photographie : Michael Reed

Musique : Hugo Friedhofer

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

En 1916, dans la France occupée, une forte rivalité oppose d’un côté le baron von Richthofen, surnommé le « Baron Rouge », qui est à la tête de l’escadrille allemande et de l’autre l’as canadien Roy Brown.

Découvreur de talents (Martin Scorsese, Francis Ford Coppola, Joe Dante, Ron Howard, Jonathan Demme, Jack Nicholson, Monte Hellman, Curtis Hanson), Pape de la série B, le prolifique Roger Corman (né en 1926), aujourd’hui producteur de plus de 400 films, a réalisé près d’une cinquantaine de longs métrages de 1955 à 1990. Mis en scène en 1971, Le Baron RougeVon Richthofen & Brown est rétrospectivement un de ses derniers films en tant que réalisateur. Quand il entreprend ce drame de guerre, Roger Corman a déjà 45 films derrière-lui – tournés en 15 ans donc, un record – et se trouve dans un état de fatigue extrême. Le cinéaste avoue d’ailleurs avoir souffert pendant les prises de vues du Baron Rouge, surtout en raison des pressions de la United Artists qui ne lui laisse pas entièrement carte blanche. A l’issue du tournage, suite à cette expérience, Roger Corman crée sa propre société de production et de distribution, New World Pictures, décide d’arrêter la mise en scène et prend même une année sabbatique. Il y reviendra toutefois en 1978 avec Les Gladiateurs de l’an 2000 puis en 1980 avec Les Mercenaires de l’espace, bien qu’il ne soit pas crédité, avant un dernier baroud d’honneur à la caméra en 1990 avec La Résurrection de Frankenstein. Le film qui nous intéresse, Le Baron Rouge, est un formidable opus et typique de l’école Corman.

Le cinéaste fait fi d’un budget somme doute modeste (sa spécialité), moins d’un million de dollars, pour livrer un film de guerre généreux en scènes d’affrontements, qui sont restés célèbres pour ses très nombreuses séquences de combats aériens. En embarquant réellement ses comédiens (et ses caméras) dans les avions d’époque, sans utiliser de transparences qui auraient ruiné l’ensemble, Roger Corman obtient un réalisme inattendu. Une bonne moitié du film se déroule dans les airs où les prestations demeurent particulièrement bluffantes, authentiques et impressionnantes.

1916. Le baron Manfred von Richthofen rejoint le major Oswald Boelcke et son escadrille en France occupée. Cet homme, à la volonté farouche de gagner la guerre et âgé de 23 seulement, appartient pourtant à la vieille école : il se montre chevaleresque et aristocrate dans sa façon de mener le combat. Son attitude est plutôt mal ressentie par plusieurs de ses compagnons, dont Hermann Goering. Dès son arrivée, von Richthofen fait repeindre l’escadrille en couleurs vives, ce qui lui vaut le surnom de «Baron Rouge». Bientôt, la rivalité entre le pilote canadien Roy Brown et le baron se transforme en véritable massacre. Les deux hommes iront jusqu’au bout et n’hésiteront pas à se battre par armées interposées.

L’acteur américain John Phillip Law (Barbarella) campe un Baron Manfred von Richthofen froid voire glacial, mais parvient à rendre son personnage humain, sans pour autant le rendre attachant. Véritable machine de guerre, qui agit pour son pays et qui prend soin des hommes de son escadrille, il imprime la pellicule de ses traits figés et de son regard perçant. Son adversaire, le canadien Roy Brown est interprété par l’Hawaïen Don Stroud, grand habitué des séries B, vu dernièrement dans Django Unchained de Quentin Tarantino et le chef d’oeuvre de la saga James Bond, Permis de tuer. Evidemment plus « détendu » que son homologue allemand, Roy Brown n’en demeure pas moins aussi dangereux une fois installé aux commandes de son avion. Ce qui fait la particularité du Baron Rouge, c’est que Roger Corman n’appuie pas le côté « méchant » des allemands ou au contraire le côté « héroïque » des Alliés, comme certains de ses confrères. Les deux camps sont montrés à égalité. Patriotes, engagés dans cette guerre qu’ils espèrent gagner, les allemands et les anglais subissent autant de pertes et prennent conscience que la mort peut frapper à n’importe quel moment.

Roger Corman soigne sa mise en scène, enchaîne les rebondissements, les scènes de fusillades et d’explosions avec une redoutable efficacité, sans aucun temps mort, même si le film prend beaucoup de libertés avec la véritable histoire, en privilégiant l’action. Alors embarquez sans hésiter dans ce duel sans merci entre deux pilotes légendaires, car Le Baron Rouge reste un formidable spectacle !

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Baron Rouge, disponible chez Movinside, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, animé sur une séquence du film. L’éditeur inaugure ici une nouvelle collection consacrée aux films de guerre.

Aucun supplément sur cette édition. Néanmoins, signalons que Le Baron Rouge est le premier Blu-ray d’un film réalisé par Roger Corman édité en France !

L’Image et le son

Movinside présente Le Baron Rouge en Blu-ray au format 1080p et dans son cadre respecté 1.85. Le générique aérien est marqué par un grain très prononcé, quelques instabilités et une colorimétrie terne. Dès la fin des credits, la copie retrouve une nouvelle fraîcheur. La propreté est de mise, toutes les poussières ont disparu, ainsi que les dépôts résiduels et autres scories. La stabilité est indéniable et les teintes s’avèrent plus naturelles du début à la fin. Mention spéciale au ballet des avions fraîchement repeints, dont le zinc rouge du Baron, particulièrement éclatant. Les divers plans flous sont d’origine et la gestion des contrastes renforcée par la Haute-Définition.

La bande-son semble avoir été restaurée. Les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts sur les pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Certains échanges sont peut-être plus étouffés que d’autres, sauf sur la version française où les voix sont trop mises en avant, un très léger souffle est parfois audible, mais le confort acoustique est appréciable. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © United Artists / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Arsenal, réalisé par Steven C. Miller

ARSENAL réalisé par Steven C. Miller, disponible en DVD et Blu-ray le 14 juin 2017 chez Marco Polo Production

Acteurs : Nicolas Cage, John Cusack, Adrian Grenier, Johnathon Schaech, Lydia Hull, Heather Johansen

Scénario : Jason Mosberg

Photographie : Brandon Cox

Musique : Ryan Franks, Scott Nickoley

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Quand Mikey, toujours fourré dans les mauvais plans, disparaît et qu’une grosse rançon est demandée, tout le monde pense qu’il a lui-même monté le coup pour récupérer l’argent… surtout qu’il a déjà travaillé dans le passé pour le mafieux Eddie King. Seul JP, son frère, reste persuadé qu’il est réellement en danger et abandonne alors tous ses principes pour tenter de le sauver.

Depuis les grandes réussites de Joe et de Suspect, Nicolas Cage a encore plus accéléré la cadence déjà folle de ses tournages. Depuis ces deux excellents crus, le comédien qui tourne plus vite que son ombre a joué dans 18 films. Dans cette liste, nous sauverons La Sentinelle de Paul Schrader, même si le cinéaste l’a renié pour cause de différends avec le studio LionsGate, The Runner d’Austin Stark, Le Casse des frères Brewer, Dog Eat Dog également de Paul Schrader, Snowden d’Oliver Stone dans lequel le comédien fait une petite participation, USS Indianapolis de Mario Van Peebles. A l’heure où cet article est rédigé, Nicolas Cage a déjà emballé quatre autres longs métrages actuellement en post-production, dont le très attendu Mom and Dad de Brian Taylor. Autant dire que l’acteur n’a pas chômé, en raison de grands problèmes d’argent, de problèmes avec le fisc, d’un comptable véreux, d’un divorce difficile, anyway, Nicolas Cage est obligé de tourner et dans le lot, forcément, certains films s’avèrent particulièrement mauvais. Toutefois, Arsenal parvient à échapper à cette catégorie, même si le film est avant tout une série B.

Dans Arsenal, il n’y joue qu’un rôle secondaire, mais alors quel personnage ! Prothèse nasale, lunette de soleil, peau grêlée, moustache épaisse, moumoute improbable, il y est absolument remarquable et disons-le, on ne voit que lui. Arsenal est un petit thriller bien emballé par Steven C. Miller, réalisateur né en 1981, devenu un spécialiste des films d’action à petit budget. On lui doit un The Aggression Scale avec Ray Wise, Silent Night – sorti en France sous le titre Bloody Christmas – avec Malcolm McDowell et Jaime King, Extraction, First Kill et Marauders avec Bruce Willis. Il vient tout juste de terminer la suite d’Evasion, intitulée Escape Plan 2 : Hades, avec Sylvester Stallone, Dave Bautista, Jaime King et 50 Cent. Autant dire que le metteur en scène ne fait pas dans la dentelle, mais que son efficacité a été remarquée. C’est le cas pour Arsenal.

Sur une trame archi-rabattue, Steven C. Miller soigne sa photographie et sa mise en scène avec des couleurs cramées inspirées des films de Michael Bay et des ralentis stylisés parfois proches du bullet-time. On ne s’ennuie pas devant Arsenal, grâce à ses acteurs, en particulier Nicolas Cage comme nous le disions précédemment dans le rôle d’Eddie King. Survolté, enflammé, le comédien joue ici un immonde salopard cocaïné et psychotique. Extrêmement violent – le film a d’ailleurs été interdit aux moins de 17 ans aux Etats-Unis – son personnage de boss de la pègre nous est présenté en train de passer à tabac une pauvre victime à coups de batte de baseball, en lui fracassant les dents, devant les yeux d’un gamin. Bien que peu présent à l’écran durant la première heure, Nicolas Cage porte le troisième acte de manière percutante, notamment lors d’une baston sanglante avec son frère, interprété par un certain Christopher Coppola…le propre frangin de l’acteur ! A voir pour le croire et surtout pour se rendre compte encore une fois à quel point Nicolas Cage est toujours immense. D’ailleurs, Arsenal apparaît comme une suite non officielle de Deadfall, réalisé par Christopher Coppola en 1993, dans lequel Nicolas Cage arborait déjà le même look et interprétait le personnage d’Eddie !

Au générique, John Cusack, également spécialiste des DTV entre deux belles performances au cinéma (Love & Mercy, Maps to the Stars), qui est ici plus discret et moins présent à l’écran. Contrairement à l’excellent Suspect, il ne donne pas la réplique à Nicolas Cage ici et se contente de jouer le flic de service en apportant son nom porteur au projet. Arsenal est surtout porté par Adrian Grenier, connu pour avoir joué le boyfriend d’Anne Hathway dans Le Diable s’habille en Prada et surtout Vince dans la série Entourage, ainsi que par Johnathon Schaech, le Jonah Hex de la série DC : Legends of Tomorrow. Tout ce beau petit monde cohabite, fait le job, conscient de ne pas participer au film du siècle, mais au service d’un réalisateur qui fait du bon boulot en s’inspirant parfois de l’univers du roman graphique et qui possède donc un atout majeur avec la présence d’un Nicolas Cage inspiré et explosif dans le rôle du badguy. Sa prestation, qui rappelle à quel point le bougre est sublime dans les rôles de pourris, vaut bien qu’on accorde 1h35 à Arsenal !

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Arsenal, disponible chez Marco Polo Production, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et muet. Le visuel de la jaquette fait la part belle aux deux têtes d’affiche les plus célèbres, entourant ici Adrian Grenier. Dommage que l’éditeur n’ait pas repris l’affiche originale. Aucun supplément, ni de chapitrage d’ailleurs.

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080p – AVC. L’éditeur prend soin du thriller de Steven C. Miller et livre un master HD très convaincant et au transfert soigné. Respectueux des volontés artistiques originales, la copie se révèle solide, probablement une des plus belles éditions HD de Marco Polo Production, alliant des teintes chaudes, ambrées et dorées (des filtres jaunes-orangés pour résumer) avec les bleus électriques du ciel. Le piqué est parfois doux en raison des partis pris esthétiques, les blancs sont cramés, les arrière-plans manquent de profondeur, mais ces légers bémols n’entravent en rien les conditions de visionnage. Les contrastes sont tranchants, la colorimétrie joliment laquée, le relief omniprésent et les visages, en particulier la trogne de Nicolas Cage avec son faux nez, sont détaillés à souhait.

Du côté acoustique, les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 créent un espace d’écoute suffisamment plaisant en faisant la part belle à la musique et à quelques effets latéraux. Des ambiances naturelles percent les enceintes arrière sans se forcer mais avec une efficacité chronique. Sans grande surprise, la version originale se révèle plus naturelle et riche que la piste française. C’est assez rare pour qu’on le signale, Nicolas Cage n’est pas doublé en français par l’excellent Dominique Collignon-Maurin. Autant vous dire que la surprise est de taille… mauvaise même. A éviter donc. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale, et le changement impossible à la volée.

Crédits images : © Marco Polo Production / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Nemesis, réalisé par Albert Pyun

NEMESIS réalisé par Albert Pyun, disponible en DVD et Blu-ray le 21 avril 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Olivier Gruner, Tim Thomerson, Cary-Hiroyuki Tagawa, Merle Kennedy, Yuji Okumoto, Marjorie Monaghan, Nicholas Guest, Vincent Klyn, Thom Mathews

Scénario : Rebecca Charles

Photographie : George Mooradian

Musique : Michel Rubini

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

Los Angeles, 2026. Les USA et le Japon ne font plus qu’un. Une technologie avancée en cybernétique a développé la possibilité de remplacer n’importe quel morceau de corps. Alex Rain est un flic cyborg qui traque des terroristes. A moitié détruit et rafistolé après une attaque, il s’enferme dans sa solitude et quitte la police. Mais son supérieur Farnsworth le retrouve et le force à accepter une ultime mission dangereuse. En lui plaçant une bombe à retardement au coeur de son système.

Pour beaucoup d’amateurs de cinéma Bis, Albert Pyun (né en 1954), est le réalisateur de Cyborg (1989) avec Jean-Claude Van Damme. Depuis son premier long métrage, le film d’heroic-fantasy L’Epée sauvage (1982), le metteur en scène américain né à Hawaii est devenu un spécialiste du cinéma d’action tourné avec des moyens souvent dérisoires, mais une imagination débordante. On compte aujourd’hui à son palmarès plus de 50 séries B d’action et de science-fiction, parmi lesquelles Nemesis (1992) et ses suites, Kickboxeur 2 : Le Successeur (1991), un Captain America (1990) considéré comme un des pires films de tous les temps (merci la Cannon), Explosion imminente (2001) avec Steven Seagal, Tom Sizemore et Dennis Hopper ou bien encore Adrénaline (1996) et Mean Guns (1997) avec Christophe(r) Lambert.

Nemesis est assurément l’un des sommets de la carrière d’Albert Pyun. Un succès qui a engendré trois suites : Nemesis 2 : Nebula (1995), Nemesis 3 : Time Lapse (1996) et Nemesis 4 : Death Angel (1996), réalisés par Albert Pyun lui-même. Dans ce film fantastique (le genre hein), le réalisateur ne se gêne pas pour piller Terminator 2 : Le Jugement dernier de James Cameron – jusqu’à la réplique I’ll be back et même les bruitages de l’exosquelette – avec une pincée de RoboCop de Paul Verhoeven et de Blade Runner de Ridley Scott. Evidemment avec un budget largement moins conséquent, la virtuosité en moins, une gratuité effarante, mais avec une intarissable générosité afin d’offrir aux spectateurs le meilleur divertissement possible, Albert Pyun réussit son pari, à savoir livrer un spectacle bourrin et hautement réjouissant.

Drôle, souvent involontairement c’est vrai, Nemesis enchaîne les fusillades bien grasses, mais jubilatoires, les punchlines provenant d’une cour de maternelle (« T’es qu’un salopard de flic ! » « Et toi une salope de terroriste ! »), avec quelques nanas topless (sculpturale Deborah Shelton, vue dans Body Double), des courses-poursuites à la pelle, des effets spéciaux (animation en stop-motion) et des maquillages qui fleurent bon le système D, la peinture à l’eau et le plastique fondu. A tout cela s’ajoute le charisme improbable du comédien français Olivier Gruner (peu aidé par la coupe mulet dans une scène mémorable), qui pour citer Peur sur la ville joue un personnage « Rien dans la tête, tout dans les muscles ». Tout en abdos et dépourvu d’expressions faciales, l’ancien militaire avait le parfait profil pour jouer un organisme cybernétique recouvert de peau humaine qui a donc le corps d’un chippendale et la tête d’un Guerrier du Bronx. Heureusement, il est aidé par des comédiens plus solides comme Cary-Hiroyuki Tagawa (le Shang Tsung de Mortal Kombat) et Tim Thomerson (Trancers).

« En 2026 après Jésus-Christ », Cité des Anges. Le Japon et les USA ont fusionné politiquement et économiquement. Alex (Olivier Grunner donc) est un policier assassin mi-homme mi-machine, dont les membres totalement carbonisés (ça doit faire mal) ont été remplacés par des organes robotisés. Il agit pour le compte d’une version futuriste du LAPD pour exécuter plusieurs résistants dont une meneuse, Rosaria. Il tente de quitter le LAPD et devient un délinquant sans envergure effectuant des petits boulots pour la pègre. Le robot a le blues. Cependant, ses responsables refusent de le laisser libre et, dès lors qu’ils ont besoin de lui, vont le traquer. Alex est sommé d’exécuter une dernière mission consistant en l’assassinat des chefs de la résistance. Il découvre alors que les résistants ne se battent pas contre le contrôle du gouvernement sur la vie de la population, mais pour l’avenir de l’humanité. C’est beau, c’est con, mais qu’est-ce que c’est bon !

Les amateurs de science-fiction et de films à androïdes ne devront pas bouder Nemesis s’ils ne l’ont jamais vu, car Albert Pyun a beau bénéficier d’un budget très limité, le metteur en scène ne recule devant rien pour amuser son audience, quitte à tout faire péter au détriment de la sécurité de ses comédiens environnés de produits toxiques. L’histoire tourne rapidement en rond, mais nous ne sommes pas là pour ça. Avec sa photographie rouge orangée, Albert Pyun installe une atmosphère « futuriste » en allant tourner dans un terrain vague et une usine abandonnée, en plaçant des explosifs partout et en envoyant ses acteurs courir, y compris des nanas en minijupe, talons hauts et grosse pétoire à la main, où bon leur semble et tant pis s’ils se font brûler en passant le long des décors en feu, cela rajoute un réalisme bienvenu.

Nemesis, c’est entre la série B et la série Z, une série BZ décomplexée cyberpunk qui explose du début à la fin, qui bouge dans tous les sens, qui ose des choses sur le plan technique y compris des plans-séquences, qui se sert sur les succès du moment, qui digère ses références et qui les restitue dégoulinant de suc gastrique. C’est acide, pas très bon pour la santé, comme un McDo, mais on l’avale quand même, ça fait du bien sur le moment et on en demande pas plus.

LE BLU-RAY

Nemesis est enfin disponible chez Metropolitan Vidéo. L’éditeur n’a pas fait les choses à moitié pour les amateurs du cinéma d’Albert Pyun – il y en a et c’est tant mieux – puisque Nemesis est accompagné de Mean Guns pour une séance double-programme ! A la manière de ses récentes sorties consacrées à Jean-Claude Van Damme avec les Blu-ray qui réunissaient Black EagleL’Arme absolue + Full Contact d’un côté et The Order + Le Grand tournoi de l’autre, deux films d’Albert Pyun se trouvent donc réunis sur la même galette. Le test de Mean Guns est d’ores et déjà disponible sur notre site. Une fois le disque inséré, un menu animé et musical nous propose de sélectionner directement le film, la langue et le supplément désiré.

Pour cette sortie de Nemesis en Blu-ray, l’éditeur joint un petit making of d’époque (7’), constitué de nombreuses images de tournage, du plateau, de la préparation des cascades et des explosions, mais aussi d’interviews de l’équipe (sauf Albert Pyun). Promotionnel mais rigolo, ce documentaire renvoie à l’époque avant l’avènement des images de synthèse et montre tout le travail des artisans et animateurs.

L’Image et le son

Qui dit Metropolitan dit qualité au rendez-vous. L’éditeur soigne le master HD (1080p) de Nemesis, qui était jusqu’alors inédit en DVD en France. Un lifting numérique a été effectué, avec un résultat probant. L’encodage AVC est de haute tenue et la promotion HD indéniable. Les détails sont appréciables sur le cadre large, le piqué et la clarté sont aléatoires mais plus nets sur les séquences diurnes, la colorimétrie spécifique du chef opérateur George Mooradian, fidèle collaborateur du réalisateur, retrouve une nouvelle jeunesse et les contrastes affichent une petite densité inattendue. L’ensemble est propre, stable en dehors du générique aux inévitables fourmillements, les quelques rares scories aperçues demeurent subliminales, et le grain est respecté.

Deux versions au programme en ce qui concerne l’acoustique, deux pistes DTS HD Master Audio 2.0. Au jeu des comparaisons, la version française est beaucoup moins dynamique que son homologue, tant au niveau des dialogues que des fusillades. Privilégiez évidemment la version originale, même si les dialogues français valent leur pesant dans les punchlines. La piste anglaise est donc beaucoup plus dynamique et restitue mieux le fracas des affrontements. Notons qu’en version française, une voix féminine assure la narration en parlant d’Alex à la troisième personne, alors que ce dernier est bien le narrateur en anglais.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Mean Guns, réalisé par Albert Pyun

MEAN GUNS réalisé par Albert Pyun, disponible en DVD et Blu-ray le 21 avril 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Christophe Lambert, Ice-T, Michael Halsey, Deborah Van Valkenburgh, Tina Cote, Yuji Okumoto, Thom Mathews, Kimberly Warren…

Scénario : Andrew Witham

Photographie : George Mooradian

Musique : Anthony Riparetti

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Dans une prison haute technologie, le chef d’une entreprise mafieuse, le Syndicat, réunit une centaine de tueurs dans le but… de s’entretuer ! Les trois survivants pourront se partager un magot.

Pour beaucoup d’amateurs de cinéma Bis, Albert Pyun (né en 1954), est le réalisateur de Cyborg (1989) avec Jean-Claude Van Damme. Depuis son premier long métrage, le film d’heroic-fantasy L’Epée sauvage (1982), le metteur en scène américain né à Hawaii est devenu un spécialiste du cinéma d’action tourné avec des moyens souvent dérisoires, mais une imagination débordante. On compte aujourd’hui à son palmarès plus de 50 séries B d’action et de science-fiction, parmi lesquelles Nemesis (1992) et ses suites, Kickboxeur 2 : Le Successeur (1991), un Captain America (1990) considéré comme un des pires films de tous les temps (merci la Cannon), Explosion imminente (2001) avec Steven Seagal, Tom Sizemore et Dennis Hopper ou bien encore Adrénaline (1996) avec Christophe(r) Lambert. Ce dernier n’a pas encore entrepris son grand chelem BeowulfFortress 2Vercingétorix, la légende du druide roi quand il retrouve Albert Puyn un an après leur précédente collaboration pour Mean Guns.

Le concept du film est très simple. Dans une prison sur le point d’être inaugurée, Vincent Moon, un parrain affublé de dents en titane (Ice-T) invite cent sbires venus des quatre coins du pays. Parmi eux, il y a Lou (Christopher Lambert) et Marcus (Michael Halsey), qui semblent avoir un contentieux à régler, Cam (Deborah Van Valkenburgh) une comptable, forcée à participer à cet étrange meeting et bien d’autres. Moon leur apprend alors qu’ils ont tous été invités afin de participer à un jeu de massacre. Ils doivent tous s’entretuer. Enfin presque tous, puisque seulement les trois derniers « participants » seront épargnés et pourront ainsi se partager la coquette somme de 10 millions de dollars. Le problème, c’est que 10 millions ne se divisent pas par trois et il se pourrait bien que tout ceci ait été organisé par vengeance. Voilà Mean Guns, pure série B tournée pour trois fois rien et en un temps record de cinq jours !

Si la plupart des spectateurs n’y verront qu’une série Z, les amateurs de Bis sauront se régaler devant ce tour de force de 110 minutes très bien rythmées, principalement constituées de gunfights généreux et décalés sur fond de musique mambo, de bastons à la batte de baseball, de dialogues rigolos et décomplexés, de tronches cadrées à la Sergio Leone, sans oublier la plastique de la sublime Tina Cote dans le rôle de Barbie, du burlesque avec le tandem Hoss et Crow (Yuji Okumoto et Thom Mathews), une touche de fantastique avec l’étrange apparition d’une petite fille. A l’instar d’un Robert Rodriguez époque El MariachiDesperado, Albert Pyun s’en tire bien derrière sa caméra agitée et livre quelques affrontements très bande dessinée, en aucun cas réalistes et donc à voir au 36e degré, à la manière du sous-estimé Shoot’Em Up de Michael Davis sorti dix ans plus tard.

Christophe Lambert s’éclate dans ce rôle de pourri et lance des punchlines toutes les trente secondes à ses partenaires, tous bien conscients de participer à un film-attraction qui n’a aucune autre prétention que de divertir. Tina Cote se la joue Nikita, vêtue en robe moulante sexy avec ses bas bien visibles et décolleté généreux. Si elle ravit évidemment les yeux et les sens, l’actrice vue (ou aperçue) dans Nemesis 2, Blast et Omega Doom du même réalisateur ou dans le mythique (pour certains) Barb Wire de David Hogan, est excellente dans le rôle de Barbie, catapultée dans ce jeu mortel sans l’avoir voulu et qui va user de ses charmes pour rester en vie. Même chose pour la comédienne Kimberly Warren dans le rôle de D, bad-ass et moulée dans un pantalon de cuir, qui annonce les personnages à la Milla Jovovich dans la franchise Resident Evil. Il y a d’ailleurs dans Mean Guns, un univers qui lorgne sur celui des jeux vidéos. Avancer, tuer, rester en vie pour aller jusqu’à « la fin du stage », devant les yeux d’un Ice-T qui en fait des tonnes (pléonasme), tandis que Christophe Lambert (qui a déjà fait sa couleur pour Beowulf) nous gratifie de quelques savoureux hin-hin-hin.

Au final, Mean Guns a beau fêter ses vingt ans, le film d’action d’Albert Pyun a vraiment bien vieilli et demeure une savoureuse démonstration de l’entertainment sans prise de tête, sans forcément de budget, mais avec des idées (y compris dans la photo métallique et le cadre large avec des objectifs anamorphiques), une volonté de bien faire avec ce qu’on a, grâce à un montage nerveux, mais compréhensible, et surtout avec des acteurs qui jouent le jeu et dont l’amusement s’avère contagieux.

LE BLU-RAY

Mean Guns est enfin disponible chez Metropolitan Vidéo. L’éditeur n’a pas fait les choses à moitié pour les amateurs du cinéma d’Albert Pyun – il y en a et c’est tant mieux – puisque Mean Guns est accompagné de Nemesis pour une séance double-programme ! A la manière de ses récentes sorties consacrées à Jean-Claude Van Damme avec les Blu-ray qui réunissaient Black Eagle – L’Arme absolue + Full Contact d’un côté et The Order + Le Grand tournoi de l’autre, deux films d’Albert Pyun se trouvent donc réunis sur la même galette. Le test de Nemesis suivra très prochainement. En attendant, une fois le disque inséré, un menu animé et musical nous propose de sélectionner directement le film, la langue et le supplément désiré.

Pour Mean Guns, nous avons l’heureuse surprise de trouver un entretien avec Christophe Lambert (13’) donné spécialement pour cette sortie en Haute-Définition. Comme toujours très disponible, le comédien a l’air ravi de partager ses souvenirs liés au tournage de Mean Guns et même d’Adrénaline sorti l’année d’avant. Christophe Lambert dit avoir toujours été fasciné par le réalisateur Albert Pyun, capable de tourner un film de 90 minutes en 4 jours (Mean Guns a été tourné en 5 jours). « L’acteur qui coupe des têtes » (dixit le Palmashow) ne tarit pas d’éloges sur Pyun, un « grand metteur en scène » dont il loue le « talent phénoménal » et avec lequel il est « très fier d’avoir tourné ». Christophe Lambert évoque ensuite la méthode Pyun, le scénario « formidable » de Mean Guns, le fait qu’il n’ait jamais tourné une scène avec Ice-T, les décors, la photo expérimentale de George Mooradian, les références au cinéma de John Woo, lui-même très inspiré de Sergio Leone. Le comédien clôt cet entretien en déclarant que le réalisateur Albert Pyun mérite vraiment d’être reconnu et se dit prêt à foncer s’il devait le rappeler pour jouer dans un de ses films.

L’Image et le son

Le master HD de Mean Guns est au format 1080p. Présenté dans son cadre large 2.35 original, le film d’Albert Pyun est disponible dans une copie très bien restaurée et même flatteuse. Les fans du film seront ravis de revoir Mean Guns dans ces conditions avec les partis pris expérimentaux du chef opérateur George Mooradian, fidèle collaborateur du réalisateur, avec ses couleurs froides et bleues métalliques pour les scènes se déroulant à l’intérieur de la prison, des teintes plus chaudes et même saumonées pour les extérieurs (avec un piqué plus doux), sans oublier son image anamorphosée avec des bords de cadre sensiblement mais volontairement déformés. Le grain est heureusement respecté, relativement bien géré, peut-être plus prononcé sur certaines séquences (celle de la cuisine à la 52e minute), les noirs sont denses, le master est stable, propre, même si quelques points et tâches ont échappé au scalpel numérique. Dans l’ensemble, l’image HD de Mean Guns participe vraiment à la redécouverte de cette excellente série B d’action.

Deux versions au programme en ce qui concerne l’acoustique, deux pistes DTS HD Master Audio 2.0. Au jeu des comparaisons, la version française (Christophe Lambert ne se double pas lui-même malheureusement, ce qui est frustrant sur les rires) est beaucoup moins dynamique que son homologue, tant au niveau des dialogues que des fusillades. Privilégiez évidemment la version originale, même si les dialogues français valent leur pesant dans les punchlines, qui prennent d’ailleurs quelques libertés de traduction. La piste anglaise est donc beaucoup plus dynamique et restitue mieux le fracas des affrontements.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Jack Reacher : Never Go Back, réalisé par Edward Zwick

JACK REACHER : NEVER GO BACK réalisé par Edward Zwick, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez Paramount Pictures

Acteurs : Tom Cruise, Cobie Smulders, Robert Knepper, Aldis Hodge, Danika Yarosh, Holt McCallany

Scénario : Richard Wenk, Edward Zwick, Marshall Herskovitz d’après le roman Jack Reacher : Never go back (Retour interdit) de Lee Child

Photographie : Oliver Wood

Musique : Henry Jackman

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Quatre ans après avoir déjoué les plans criminels d’un gang, l’ancien policier militaire Jack Reacher se rend au siège de son ancienne unité militaire en Virginie pour y rencontrer son contact au sein de l’armée, le major Susan Turner. Mais il apprend très vite que celle-ci vient d’être arrêtée pour espionnage. Accusé lui-même d’avoir commis un homicide, Reacher se retrouve bientôt confronté à une sombre affaire de conspiration gouvernementale. Devenu un fugitif aux yeux de l’armée, de la police et du FBI, il décide de tout risquer pour secourir Turner et découvre un secret sur son propre passé…

Sorti en 2012, Jack Reacher réalisé par Christopher McQuarrie demeure l’un des meilleurs films avec Tom Cruise sorti depuis 15 ans. Tourné pour un budget de 60 millions de dollars, le film en rapporte 80 sur le sol américain et près de 140 millions dans le reste du monde. Envisagé comme le premier opus d’une nouvelle franchise, la Paramount reste cependant indécise quant au feu vert à donner pour un second volet, compte tenu des recettes US jugées décevantes. Il a fallu que la star elle-même fasse le forcing pour que Jack Reacher – Never Go Back soit enfin mis en chantier. Si Christopher McQuarrie, alors à la tête du cinquième et formidable épisode de Mission Impossible, n’a pas rempilé derrière la caméra, il reste cependant coproducteur. Pour le remplacer, Tom Cruise, également producteur, engage le cinéaste Edward Zwick, avec lequel il avait déjà tourné Le Dernier Samouraï en 2003.

Dans cette suite au budget confortable de 96 millions de dollars, Jack Reacher est prêt à tout pour obtenir justice. Susan Turner, qui dirige son ancienne unité, est arrêtée pour trahison : Jack Reacher ne reculera devant rien pour prouver l’innocence de la jeune femme. Ensemble, ils sont décidés à faire éclater la vérité sur ce complot d’État. Autant dire les choses d’emblée, tout ce qui faisait le charme et la grande réussite de Jack Reacher premier du nom a ici totalement disparu et Jack Reacher – Never Go Back s’avère un des pires films portés par la star Tom Cruise. Agé de 54 ans, le comédien qui parvient à se maintenir au box-office grâce à la franchise Mission Impossible, ne se ménage pourtant pas dans ce film d’action brutal et souhaite prouver qu’il en a encore sous le capot. Le problème de Jack Reacher – Never Go Back c’est avant tout son réalisateur. Edward Zwick n’a jamais brillé par sa délicatesse et sa mise en scène à la truelle a toujours fait de lui un honnête « maker » plutôt qu’un « filmmaker » . Légendes d’automne, Couvre-feu, Blood Diamond sont certes efficaces, mais manquent singulièrement de rigueur, d’âme et de finesse. Si Jack Reacher possédait un ton vintage, avec notamment une exceptionnelle course-poursuite qui faisait pensait à celle de Bullitt, Jack Reacher – Never Go Back, adaptation du 18e roman des aventures du héros créé par Lee Child, s’apparente plutôt à un ersatz de Taken, mettant en scène une star quinquagénaire bad-ass plongée dans un thriller tout ce qu’il y a de plus basique.

Tom Cruise est donc de retour dans la peau du célèbre ancien major de la police militaire de l’armée des États-Unis. Les présentations ayant été faites dans le premier film, cette fois l’histoire se focalise sur les scènes d’action, tandis que le héros doit protéger une ado, sa fille présumée (insupportable Danika Yarosh) et surtout une femme major, interprétée par la divine Cobie Smulders. Jack Reacher – Never Go Back se regarde en mode automatique. Les scènes s’enchaînent à la va-comme-je-te-pousse après un bon prologue. Tom Cruise et Cobie Smulders passent tout le film à courir, poursuivis par un drone qui fait office de caméra. Le récit s’embourbe dans un trafic d’armes jamais intéressant, tandis que Tom Cruise distribue les coups de poing et les coups de pied jusqu’au final particulièrement grotesque et déjà-vu (dans Spectre notamment) sur les toits de la Nouvelle-Orléans où la star affronte Patrick Heusinger, acteur vu dans la série Gossip Girl.

Ce n’est pas que le film soit déplaisant en tant que « divertissement », c’est juste qu’il manque de classe et d’intérêt pour se démarquer du tout-venant. Si Cobie Smulders est impeccable et si Tom Cruise fait évidemment le boulot en accentuant le côté misanthrope, expéditif, froid et taciturne de son personnage, le film déçoit évidemment par son intrigue passe-partout et sa mise en scène fonctionnelle, surtout après les bases du western urbain et âpre posées précédemment par Christopher McQuarrie avec une virtuosité rétro et sophistiquée. Une honnête série B, sans plus, mécanique, longue, aussi médiocre que le dernier lifting de la star.

A sa sortie Jack Reacher – Never Go Back a remporté 160 millions de dollars. Des recettes qui ne sauraient satisfaire la Paramount. Le retour de Reacher dans un épisode 3 semble cette fois bel et bien compromis. Peu importe, car si nous accueillons à bras ouverts le prochain Mission Impossible avec Christopher McQuarrie à nouveau aux manettes, il serait temps que Tom Cruise délaisse quelque peu le cinéma d’action pour revenir à de véritables prestations.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Jack Reacher – Never Go Back, disponible chez Paramount Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. La jaquette reprend le visuel de l’affiche française du film. Le menu principal est quant à lui fixe et musical.

Les allergiques à Tom Cruise risquent de grincer des dents une fois de plus, puisque dans chacun des suppléments présents sur cette édition, le comédien s’adresse face caméra sur ce qui l’a poussé à vouloir mettre en chantier cette suite au film de Christopher McQuarrie. Tom Cruise est partout, Tom Cruise est Dieu, ce que ses collaborateurs ne manquent pas de rappeler.

Paramount livre six modules consacrés au tournage de Jack Reacher – Never Go Back. Le Retour de Jack Reacher (12’), Une famille inattendue (15’), Sans répit : sur le tournage en Louisiane (26’), Accomplis ta vengeance : combat à mort (13’), Pas de pitié : combat sur le toit (8’) et Reacher dans l’objectif : avec Tom Cruise et David James (9’). Soit plus d’1h20 de suppléments à se mettre sous la dent. Les producteurs, comédiens, scénaristes, l’auteur Lee Child, le réalisateur et bien d’autres reviennent sur chaque aspect de cette superproduction. Le personnage de Jack Reacher, sa psychologie, comment Tom Cruise a voulu le faire évoluer, mais aussi l’adaptation du roman, la mise en place des scènes d’action, le casting, les répétitions, les prises de vues en Louisiane, les décors, le tout largement illustré par des images du tournage avec Tom Cruise exécutant lui-même les cascades en voiture, tout y est montré, abordé, souligné avec efficacité.

Le dernier supplément est plus posé et donne la parole au photographe de plateau David James, fidèle complice de Tom Cruise, qui accompagne la star sur tous ses films pour capturer des instantanés de tournage. On lui doit également le cliché ahurissant de Tom Cruise, confortablement assis (pieds nus et sans aucune sécurité) à la pointe du Burj Khalifa de Dubaï (829 m de haut) pour la promotion de Mission Impossible : Ghost Protocol. Tom Cruise n’est pas humain, donc ça va.

L’Image et le son

Comme d’habitude, l’éditeur Paramount Pictures soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité jamais démentie. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques, des décors aux costumes. Ce Blu-ray offre de formidables conditions pour profiter de la belle patine de la photographie 35mm signée Oliver Wood, chef-opérateur talentueux de Volte/face, U-571 et les trois premiers Jason Bourne. Un apport HD évidemment indispensable, on en prend plein les yeux, y compris sur les scènes nocturnes qui composent les 3/4 du film !

La version française doit se contenter d’une piste Dolby Digital 5.1 et c’est bien dommage car l’environnement acoustique est tout aussi soigné que la photographie. Heureusement, la version originale jouit d’un écrin Dolby Atmos 7.1 (compatible 7.1 Dolby TrueHD) particulièrement enivrant, immersif et riche. La balance frontale rivalise d’effets et d’énergie avec les latérales, le caisson de basses intervient souvent et à bon escient, tandis que les dialogues demeurent toujours ardents sur la centrale. La précision est de mise tout du long. Toutes les séquences en extérieur s’accompagnent automatiquement d’ambiances naturelles. La bande-son, constamment spatialisée, est superbe.

Crédits images : © Paramount Pictures / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Ninja III, réalisé par Sam Firstenberg

NINJA III (Ninja III : The Domination) réalisé par Sam Firstenberg, disponible en coffret DVD et coffret Blu-ray le 28 mars 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Shô Kosugi, Lucinda Dickey, Jordan Bennett, David Chung, Dale Ishimoto, James Hong, Bob Craig, Pamela Ness, Roy Padilla

Scénario : James R. Silke

Photographie : Hanania Baer

Musique : Udi Harpaz, Misha Segal

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Une femme, employée des télécommunications de Phoenix et passionnée d’aérobic, vient en aide à un assassin ninja plutôt efficace. Malheureusement il meurt devant ses yeux en lui léguant son katana. Cette dernière arme se révèle possédée par un esprit séculaire conférant des pouvoirs d’assassins ninjas.

Nous avions laissé Shô Kosugi en haut d’un building de Salt Lake City à la fin d’Ultime Violence – Ninja II. Après avoir eu le temps d’emballer une petite série intitulée L’Homme au katana, le comédien est rappelé par les cousins Golan et Globus pour Ninja III – The Domination, troisième volet de la saga initiée en 1981 avec L’Implacable Ninja. Les yeux toujours plus gros que le ventre, les allumés de la Cannon sont bien décidés à surfer sur cette déferlante de ninjas dans le cinéma américain. Le réalisateur Sam Firstenberg est également de retour derrière la caméra, mais le scénariste James R. Silke souhaite emmener la franchise vers quelque chose de nouveau. C’est peu dire que l’histoire concoctée pour ce troisième opus part dans tous les sens, mais ce qui interpelle et inquiète surtout les producteurs, c’est que le rôle principal de Ninja III est confié à une jeune actrice, Lucinda Dickey, tête d’affiche d’une autre production de la Cannon, un film musical, Break Street 84.

Emballés par la performance physique de la comédienne, Golan et Globus l’engagent, mais restent perplexes quant au « réalisme » de montrer une jeune femme ninja. Comme si les histoires plausibles les avaient jusqu’alors dérangé…Il n’empêche que Lucinda Dickey, que l’on verra juste après dans le cultissime Breakin’ 2: Electric Boogaloo, y va à fond dans les scènes d’action et s’avère beaucoup plus convaincante quand elle donne des coups de tatane que dans les scènes dramatiques.

Ninja III est un sommet du nanar. La première séquence, au cours de laquelle un ninja s’en prend à quelques gardes du corps pour visiblement atteindre un homme d’affaires durant sa partie de golf est immense dans le genre. S’ensuit une course-poursuite entre le ninja et des flics, le ninja trouvant refuge sur une de leurs bagnoles avant de s’accrocher à un hélicoptère, puis de terminer à la flotte et de se faire flinguer par toute la horde de policiers lancés à ses trousses. Une exécution aussi efficace que celle de Murphy au début de RoboCop, sauf que malgré les bastos envoyées, le corps du ninja reste propre (évitons la censure que diable ! ), avant de disparaître à l’insu des tireurs. Quelques minutes plus tard, nous découvrons que le ninja, toujours pas mort malgré les dizaines de balles reçues en pleine poire, s’était en fait enterré en quelques secondes afin de tromper ses ennemis. Les flics se barrent. C’est alors que nous découvrons Christie, tranquillement en train de bosser sur un poteau téléphonique. En haut de son perchoir, elle aperçoit un individu en mauvais point. Elle descend et s’approche de lui pour lui venir en aide. Le ninja lui saute dessus, Christie parvient à se tirer d’affaire, puis revient vers son agresseur qui finalement ne semble pas si méchant que ça. Grâce à son katana magique, le ninja survit à sa propre mort en se réincarnant dans le corps de Christie, qui devient alors dotée, sans le savoir, de capacités surhumaines, faisant d’elle une tueuse invulnérable qui possède le pouvoir, la puissance et la maîtrise des arts martiaux des ninjas. Objet d’une vengeance absolue, Christie remplit la mission que lui assigne le diabolique guerrier, jonchant son parcours de cadavres, en suivant les « ordres » de l’esprit du défunt enfermé dans le katana. Désormais, seul un autre ninja pourrait la délivrer du démon qui la hante. Heureusement, Christie sera aidée par un flic gominé, en marcel et aux épaules velues, qui en pince pour elle et qu’il ne laissera pas filer, quitte à participer à un de ses cours d’aérobic en short fluo moulant.

Et encore ce n’est qu’un début ! Résumer Ninja III est aussi poilant que le flic improbable interprété par Jordan Bennett. Tous les genres y passent, même une séquence d’exorcisme durant laquelle Christie, possédée par l’âme du ninja, tournoie sur elle-même. Et Shô Kosugi dans tout ça ? Bah il apparaît de temps en temps, affublé d’un bandeau sur un œil – coucou Quentin Tarantino – et qui se prépare pour le combat final contre un mannequin en mousse. Le pire, c’est que Ninja III est pensé comme un film sérieux. Heureusement pour nous, car le film vieillit très bien comme ça. Cette fois, le film pioche dans les films d’horreur, fantastiques et d’arts martiaux, à la va comme je te pousse. Incroyable, mais vrai, Ninja III est bien foutu. Les scènes s’enchaînent sur un rythme soutenu, les scènes d’action sont certes risibles, mais généreuses et on se marre du début à la fin. Les décors et les costumes très ancrés dans leur époque raviront les amateurs du genre, comme de voir également une arcade de jeu vidéo dans l’appartement de l’héroïne, fringuée comme si elle débarquait de Flashdance. Ninja III reste un divertissement de haute volée, dont on ressort euphorique.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Ninja III, disponible chez ESC Conseils dans le coffret Trilogie Ninja avec également L’Implacable Ninja et Ultime Violence – Ninja 2, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

L’indéboulonnable Nico Prat, journaliste chez RockyRama, présent sur les trois titres du coffret Ninja de la Cannon, se lâche durant la présentation de Ninja III (7’). « Le film de trop, un film boursouflé, ridicule, rempli de mauvaises idées, qui mélange beaucoup trop de genres et d’éléments de l’époque », voilà comment Nico Prat introduit le film de Sam Firstenberg, mais avec le sourire bien entendu. Le journaliste se penche sur la production de Ninja III, évoque le casting, l’échec à sa sortie, puis aborde l’héritage du film de ninjas au cinéma en parlant bien évidemment de Godfrey Ho, spécialiste du cinéma 2 en 1, avant que le genre meurt de sa belle mort à cause de l’arrivée de JCVD et de son Bloodsport – Tous les coups sont permis, qui ouvrait la voie à un nouveau style de films de bastons.

Vous avez aimé les deux fausses bandes-annonces de Ninja Eliminator présentes sur les deux titres précédents ? Alors vous serez ravis d’apprendre que l’éditeur en présente ici deux pour le prix d’une ! Ninja Eliminator III : Le Gardien du médaillon (4’) et Ninja Eliminator IV : The French Connection (8’). La même bande d’allumés est de retour pour notre plus grand plaisir. C’est encore complètement dingue et porté par un véritable amour du nanar.

L’Image et le son

Au jeu des comparaisons, l’image de Ninja III est la plus belle de la trilogie disponible en Blu-ray. Comme L’Implacable Ninja et Ultime Violence – Ninja II, ESC soigne son master HD (1080p). Un lifting numérique a été effectué, avec un résultat plus que probant et flatteur pour les mirettes. Si le générique s’accompagne de fourmillements et d’un grain parfois hasardeux, cela s’arrange immédiatement après. L’encodage AVC est de haute tenue et la promotion HD indéniable. Les détails sont appréciables, le piqué et la clarté sont aléatoires mais plus nets sur les séquences diurnes, la colorimétrie retrouve une nouvelle jeunesse et les contrastes affichent une petite densité inattendue. Les quelques rares scories aperçues demeurent subliminales.

Les versions française et originale sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, dépourvues du moindre souffle. Les deux versions s’avèrent propres, naturelle pour la piste anglaise, dynamique et évidemment plus artificielle pour l’amusant doublage français. Les sous-titres français ne sont pas imposés, contrairement au changement de langue verrouillé à la volée.

Crédits images : © ESC Conseils / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Ultime Violence – Ninja 2, réalisé par Sam Firstenberg

ULTIME VIOLENCE – NINJA II (Revenge of the Ninja) réalisé par Sam Firstenberg, disponible en coffret DVD et coffret Blu-ray le 28 mars 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Shô Kosugi, Keith Vitali, Virgil Frye, Arthur Roberts, Mario Gallo, Ashley Ferrare, Grave Oshita, Kane Kosugi

Scénario : James R. Silke

Photographie : David Gurfinkel

Musique : W. Michael Lewis, Laurin Rinder, Robert J. Walsh

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Après que leur famille ait été tuée au Japon par des Ninjas, Cho et son fils Kane, décident de partir aux Etats-Unis pour recommencer une nouvelle vie. Alors qu’il a ouvert une boutique de figurines, il découvre qu’il importe à son insu de l’héroïne, dissimulée à l’intérieur. Après avoir découvert la trahison de l’ami qui l’a impliqué malgré lui, il va devoir se préparer pour l’ultime bataille qui en découle…

Suite à l’immense succès de L’Implacable Ninja – qui a dit « L’Improbable » ? – avec Franco Nero aussi rassuré au nunchaku que Barracuda quand il prend l’avion, les joyeux lurons Menahem Golan et Yoram Globus n’allaient pas en rester là ! Conscients que les spectateurs semblent apprécier les histoires de ninja passées à la sauce américaine, les deux pontes de la Cannon font à nouveau appel à Shô Kosugi pour lui offrir cette fois le premier rôle d’Ultime Violence – Ninja 2, ainsi que la supervision des chorégraphies. Si Menahem Golan est lui-même débarqué de la mise en scène, Sam Firstenberg, qui venait de réaliser One more chance, un drame avec la jeune Kirstie Alley, se voit confier les rênes de ce second opus. Un budget plus confortable, si cela veut néanmoins dire quelque chose à la Cannon, plus de combats, plus de sang, plus de nawak, mais aussi plus de cadres et de contre-plongées réussis, Ultime Violence – Ninja 2 est une excellente suite, qui se permet même d’être supérieure au volet précédent.

Shô Kosugi est Osaki. Sa famille massacrée par les tueurs d’un clan ninja (première scène ahurissante de violence où hommes, femmes et enfants passent à la moulinette, ou plutôt au shuriken), il fuit le Japon, accompagné de son jeune fils. Installé aux États-Unis, il croit pouvoir démarrer une nouvelle vie. Rapidement, Osaki se rend à l’évidence qu’il est manipulé, utilisé à son insu dans un vaste trafic de drogue, dont on se fout d’ailleurs royalement (et les acteurs aussi visiblement) puisque l’essentiel est ailleurs. Trahi, menacé des pires représailles par un parrain sans scrupules et ses sbires (véritable concours de tronches invraisemblables), il ressort d’une cache secrète l’équipement complet du ninja qu’il a été et qu’il n’a jamais cessé d’être, prêt à se battre contre ses anciens frères d’armes. La vengeance du Ninja, sera terrible(ment drôle). Et c’est parti pour 1h30 de combats bruités à la bouche durant lesquels Shô Kosugi, charisme éteint mais content d’être là, affronte des mafieux sans foi ni loi menés par un petit bonhomme rigolo, tandis qu’il se voit draguer par une blonde chaude comme la b(r)aise qui passe tout le film à moitié nue.

Au début du film et comme bien souvent chez la Cannon, tout est fait pour faire croire aux spectateurs qu’ils sont face un film d’action solide et burné. Sam Firstenberg met le paquet dans le prologue sanglant et met en place l’histoire rapidement pour emmener son personnage principal le plus vite possible aux Etats-Unis où l’audience pourra ainsi mieux d’identifier. Mais à mesure que le métrage avance, Ultime Violence – Ninja 2 ne peut plus cacher les limites d’un scénario lambda et du manque évident de moyens. Le film se nanardise pour notre plus grand plaisir.

Shô Kosugi se retrouve face à des caïds de bacs à sable, escalade un mur en mousse, lance ses jouets en aluminium, puis saute par-dessus un mur en faisant des pirouettes, s’accroche à l’arrière d’un van lancé sur la route et s’égratigne les genoux tout en faisant brûler son pantalon. Ajoutez à cela un petit bonhomme qui se bastonne avec quelques gamins qui voulaient lui piquer son goûter, une grand-mère bad-ass à qui l’on crêpe le chignon, une scène de torture dans un jacuzzi, avant d’admirer (ou de subir c’est selon) l’affrontement final de dix minutes dans des décors d’une pauvreté jubilatoire : un terrain de tennis et le toit d’un building dans la ville sèche de Salt Lake City.

90 minutes vraiment géniales et drôles, durant lesquelles on ne s’ennuie pas. Le film sera une fois de plus un succès commercial pour Golan/Globus. Par la suite, Sam Firstenberg récidivera dans le genre baston puisqu’il signera Ninja III (bientôt sur Homepopcorn.fr), American Warrior I et sa suite, Le Ninja blanc, La Loi du Samouraï et d’autres films que les amateurs de nanars connaissent comme Cyborg Cop I et sa suite. Dans ce cas, le mot « séquelle » est bien approprié.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’ Ultime Violence – Ninja 2, disponible chez ESC Conseils dans le coffret Trilogie Ninja avec également L’Implacable Ninja et Ninja III, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

A l’instar des deux autres titres présents dans ce coffret, nous retrouvons Nico Prat, journaliste chez RockyRama, qui nous propose un portrait du réalisateur Sam Firstenberg croisé avec la présentation du film qui nous intéresse (9’). Vous en saurez assez pour briller lors d’un dîner, où les convives seront estomaqués de vos connaissances en ninjitsu et accessoirement en nanars.

S’ensuit un court-métrage parodique intitulé Ninja Eliminator II : La Quête du cristal magique (6’), en réalité une fausse bande-annonce jubilatoire concoctée par des fans du genre, dont nous avions déjà apprécié l’imagination sur le premier disque du coffret.

L’Image et le son

Le master HD d’Ultime violence – Ninja 2 s’en tire encore mieux que celui de L’Implacable Ninja ! Malgré un léger manque de concision sur certains plans, la copie dépasse toutes les espérances. Les contrastes sont denses et même assez beaux, les couleurs retrouvent une vraie vivacité, sans oublier les lumineuses séquences en extérieur. La propreté est évidente, les détails étonnamment précis, tandis que le grain demeure heureusement conservé. Un petit relief se fait même ressentir !

Sachant que les spectateurs français ont avant tout découvert ce film dans la langue de Molière, ESC livre un mixage français propre et respectueux de l’écoute originale avec bien sûr le doublage d’époque. Au jeu des comparaisons, la version originale s’en sort mieux avec des effets plus naturels et une dynamique plus marquée. Les deux pistes sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, qui ne peuvent évidemment pas rivaliser avec les standards actuels, mais l’éditeur permet de revoir ce « classique » dans de bonnes conditions techniques, mention spéciale aux bruitages lors des bastons. Le changement de langue est verrouillé à la volée, mais étrangement les sous-titres ne sont pas imposés.

Crédits images : © ESC Conseils / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / L’Implacable Ninja, réalisé par Menahem Golan

L’IMPLACABLE NINJA (Enter the Ninja) réalisé par Menahem Golan, disponible en coffret DVD et coffret Blu-ray le 28 mars 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Franco Nero, Susan George, Shô Kosugi, Christopher George, Alex Courtney, Will Hare, Zachi Noy, Constantine Gregory

Scénario : Dick Desmond, d’après une idée de Mike Stone

Photographie : David Gurfinkel

Musique : W. Michael Lewis, Laurin Rinder

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Après avoir terminé sa formation de ninja au Japon, Cole, un soldat vétéran de l’Angola rend visite à son ancien frère d’armes Frank Landers et fait connaissance avec l’épouse de celui-ci, Mary Ann Landers. Les Landers possèdent une ferme aux Philippines, et sont fréquemment harcelés par un homme d’affaires du nom de Charles Venarius, qui souhaite acquérir leur propriété. À leur insu, les terres des Landers cachent d’importantes nappes de pétrole. Cole, grâce à ses talents de ninja, n’a guère de difficulté à repousser les attaques répétées des sbires de Venarius. Mais ce dernier finit par faire appel à Hasegawa, un autre ninja, rival de Cole.

Vous l’aurez deviné, il s’agit bien sûr du résumé de L’Implacable Ninja aka Enter the Ninja en version originale, titre qui surfe allègrement sur Enter The Dragon, plus connu dans nos contrées sous le titre d’Opération Dragon. Suite au triomphe international de ce film, sorti après la mort prématurée de Bruce Lee, certains producteurs espèrent surfer sur le nouvel engouement des spectateurs pour les films d’arts martiaux. Et quoi de plus exotique que le ninjutsu ? Il n’en fallait pas plus pour les immenses (oui) producteurs et réalisateurs de la Cannon, les israéliens Menahem Golan (1929-2014) et son cousin Yoram Globus (né en 1941), les « George Foreman et les Mohamed Ali du cinéma indépendant », qui ont voulu prendre d’assaut le cinéma américain et rivaliser avec les plus gros studios installés depuis des décennies. La Cannon c’est cette véritable machine de guerre du cinéma, mythique firme spécialisée dans la production et la distribution de films à petit et moyen budget (avec de la castagne, des ninjas américains, des nanas topless, des effets spéciaux minables), soit 120 films (involontairement drôles la plupart du temps) en dix ans, de 1979 à 1989.

Réalisé en 1980 par Mehanem Golan lui-même (on lui doit aussi Delta Force et Over the top – Le Bras de fer), L’Implacable Ninja est un des titres phares de cette entreprise unique menée par deux mégalomanes, égocentriques et visionnaires, ayant changé à jamais l’histoire du cinéma bis, mais qui ont aussi produit John Cassavetes, Jean-Luc Godard, Franco Zeffirelli, Andreï Kontchalovski et Barbet Schroeder ! Franco Nero, oui le cultissime Django, est ici un vétéran des Forces Spéciales de l’armée américaine, qui pendant ses vacances a décidé de devenir un ninja, même s’il est visible que le comédien est incapable de lever le pied plus haut que le sol, qu’il arbore une belle moustache et qu’il manie le nunchaku au ralenti pour ne pas entortiller l’arme dans les poils du torse. Après le sublime prologue filmé dans un jardin peu entretenu, durant lequel Franco Nero (en blanc), ou sa doublure plutôt, met à terre une armée de ninjas (rouges et noirs), il devient lui-même « espion japonais ». L’Implacable Ninja devient ensuite un film de bastons très marrant, durant lequel Franco Nero, qui ne se force pas à cacher qu’il ne croit pas du tout à ce qu’il fait et à ce qui se déroule autour de lui, continue son chemin en initiant un geste en gros plan, immédiatement suivi d’un plan large – qu’importe le raccord – où son personnage (incarné par Mike Stone sur ces scènes) lève le pied au-dessus de la tête en maniant le katana comme un expert. Puis gros plan sur Franco Nero qui range l’arme en prenant l’air essoufflé.

L’Implacable Ninja est un sommet de nawak, un cocktail de parodie involontaire de films d’arts martiaux et de bagarres du style Terence Hill-Bud Spencer. Le rythme est soutenu, Franco Nero a juste à marcher pour emporter l’adhésion, même si on ne croit pas du tout à son personnage. C’est d’ailleurs ce qui fait la grande réussite du film, avec la participation de Susan George (Les Chiens de paille, Larry le dingue, Mary la garce, Venin), qui cette fois encore n’a pas coûté cher en soutien-gorge. Ajoutez à cela une musique au synthé bien kitsch, des combats où les coups de pieds assomment l’adversaire à trente centimètres de la cible, des méchants de pacotille (dont un petit gars affublé d’un crochet de portemanteau en guise de main), des décors pauvres, des dialogues tordants (immense version française), des costumes ridicules (des pyjamas quoi) et vous obtenez une référence du nanar qui reste un formidable divertissement jusqu’au combat final entre Nero – Stone face à Shô Kosugi. Rapidement devenu un film culte, un deuxième volet est rapidement mis en chantier, Ultime Violence – Ninja 2, avec cette fois-ci Shô Kosugi dans le rôle principal. Nous vous en parlons très bientôt.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de L’Implacable Ninja, disponible chez ESC Conseils dans le coffret Trilogie Ninja avec également Ultime Violence – Ninja 2 et Ninja III, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

L’éditeur ne vient pas les mains vides, et propose tout d’abord la présentation rapide de la trilogie Ninja de la Cannon, par Nico Prat, journaliste chez RockyRama. Un amuse-gueule d’une minute.

La vraie présentation de L’Implacable Ninja est ensuite disponible (10’). Le même journaliste est de retour et revient sur la genèse de ce film culte en évoquant bien évidemment ce qui a conduit la Cannon a mettre ce projet en route au début des années 1980. Le casting, les conditions de tournage, les armes utilisées, les bruitages, tout y est abordé avec un second degré bien senti.

S’ensuit un court-métrage parodique intitulé Ninja Eliminator (4’), en réalité une fausse bande-annonce jubilatoire concoctée par des fans du genre. 

L’Image et le son

L’éditeur soigne le master HD (1080p) de L’Implacable Ninja. Un lifting numérique a visiblement été effectué, avec un résultat probant, même si des points et des tâches restent constatables, surtout durant la première bobine et le générique. L’encodage AVC est de haute tenue et la promotion HD non négligeable. Les détails sont appréciables, le piqué et la clarté sont aléatoires mais plus nets sur les séquences diurnes, la colorimétrie retrouve une nouvelle jeunesse et les contrastes affichent une petite densité inattendue. L’ensemble est propre, stable en dehors de très légers fourmillements, le reste des scories demeure subliminale, et le grain est respecté.

Sachant que les spectateurs français ont avant tout découvert ce film dans la langue de Molière, ESC livre un mixage français propre et respectueux de l’écoute originale avec bien sûr le doublage d’époque et les immenses voix de Benoît Allemane, Béatrice Delfe, Jean Topart et Francis Lax. Au jeu des comparaisons, la version originale s’en sort mieux avec des effets plus naturels et une dynamique plus marquée. Les deux pistes sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0, qui ne peuvent évidemment pas rivaliser avec les standards actuels, mais l’éditeur permet de revoir ce « classique » dans de bonnes conditions techniques, mention spéciale aux bruitages lors des bastons. Le changement de langue est verrouillé à la volée, mais étrangement les sous-titres ne sont pas imposés.

Crédits images : © ESC Conseils / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Insaisissables 2, réalisé par Jon M. Chu

INSAISISSABLES 2 (Now You See Me 2) réalisé par John M. Chu, disponible en DVD et Blu-ray le 30 novembre 2016 chez M6 Vidéo

Acteurs : Jesse Eisenberg, Mark Ruffalo, Woody Harrelson, Daniel Radcliffe, Dave Franco, Morgan Freeman, Michael Caine, Lizzy Caplan, Jay Chou

Scénario : Ed Solomon, Pete Chiarelli

Photographie : Peter Deming

Musique : Brian Tyler

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Un an après avoir surpassé le FBI et acquis l’admiration du grand public grâce à leurs tours de magie exceptionnels, les 4 cavaliers reviennent. Pour leur retour sur le devant de la scène, ils vont dénoncer les méthodes peu orthodoxes d’un magnat de la technologie à la tête d’une vaste organisation criminelle. Ils ignorent que cet homme d’affaires, Walter Marbry, a une longueur d’avance sur eux, et les conduit dans un piège : il veut que les magiciens braquent l’un des systèmes informatiques les plus sécurisés du monde. Pour sortir de ce chantage et déjouer les plans de ce syndicat du crime, ils vont devoir élaborer le braquage le plus spectaculaire jamais conçu.

Réalisé par Louis Leterrier, Insaisissables avait créé la surprise en 2013 en devenant le plus grand, le plus fun et ludique des divertissements de l’été , qui s’est d’ailleurs soldé par un succès fracassant dans nos salles avec plus de 3 millions de spectateurs et en empochant plus de 350 millions de dollars au box-office mondial. Porté par un casting de choc avec Jesse Eisenberg, Woody Harrelson, Mark Ruffalo, Isla Fisher, Mélanie Laurent, Dave Franco, Michael Caine, Morgan Freeman et une petite apparition amusante de José Garcia, Insaisissables reposait sur un scénario malin, rempli de rebondissements en tous genres, aussi constants qu’inattendus. Ce qui faisait également la force du film, c’était également la mise en scène de Louis Leterrier qui emballait élégamment son attraction en 35 mm (très belle photographie) tant sur les scènes d’action que sur les grandes illusions, usant le plus possible de véritables trucages et tours de magie sur scène. Sa caméra virevoltait sans faire mal à la tête, le montage restait alerte sans pour autant rendre incompréhensible ce qui se déroulait à l’écran. L’alchimie entre les comédiens demeurait l’un des principaux attraits de ce divertissement qui se doublait d’une originale et entière réflexion sur le cinéma et la notion du divertissement.

Film d’action, de casse, comédie, d’aventures – l’histoire se déroulait entre Las Vegas, La Nouvelle-Orléans, New York et Paris – le tout teinté de fantastique, Insaisissables était, n’ayons pas peur des mots, un vrai joyau réalisé par un mec qui aime le cinoche pour ce qu’il est avant tout, pour les spectateurs désireux de passer un super moment de détente.

Les producteurs auraient dû savoir qu’il ne faut jamais demander à un magicien de refaire deux fois le même tour sous peine de découvrir le truc. Peu importe, car alléchés par l’odeur de l’argent, la suite d’Insaisissables a rapidement été mise en chantier. Si Louis Leterrier a poliment refusé la mise en scène pour aller filmer l’excellent Grimsby – Agent trop spécial, les studios LionsGate ont fait appel au dénommé John M. Chu, auteur (ou responsable c’est selon) de Sexy Dance 2, Sexy Dance 3D, Justin Bieber : Never Say Never (oui bon…) et le plaisir (même pas coupable) G.I. Joe : Conspiration qui avait rapporté près de 400 millions de dollars à la Paramount. Avant d’aller filmer les nouveaux tours de magie de notre bande, le réalisateur a réussi à mettre en boite une adaptation live de Jem et les Hologrammes, énorme four. Ce qui nous intéresse c’est donc le comeback des magiciens d’Insaisissables, qui ont tous répondu à l’appel, ou presque. Exit Mélanie Laurent (qui n’a pas été rappelée pour le coup) et Isla Fisher, alors en congé maternité, bienvenue à la délicieuse Lizzy Caplan, vue dans Cloverfield de Matt Reeves et surtout la série Masters of Sex, qui interprète le nouveau personnage de Lula, magicienne spécialisée dans le gore. Les autres reprennent leurs rôles respectifs, auxquels se joint Daniel Radcliffe, qui incarne ici le grand méchant (d’1m65) – Harry Potter passé du côté obscur – qui s’en prend aux Horsemen, avec une délectation plutôt contagieuse.

Insaisissables 2 est typique de la suite mise en route uniquement pour surfer sur le triomphe du premier film et de l’attachement des spectateurs pour les héros. Si on les retrouve effectivement avec plaisir, tout comme les ingrédients qui ont fait la réussite de la recette originale, cette séquelle n’a absolument plus rien à dire et tout est fait ici pour faire vendre du popcorn. John M. Chu fait de son mieux pour insuffler un rythme trépident à cette entreprise, mais le gros problème d’Insaisissables 2 c’est que la magie n’opère plus. Là où le premier privilégiait les illusions « réalistes, crédibles et authentiques » le second a trop souvent recours aux images de synthèse (l’arrêt de la pluie, sérieusement ?), ce qui rompt complètement le charme original. Le ton est ici un peu plus sombre, le film se déroule d’ailleurs quasiment entièrement de nuit, mais les rebondissements ne fonctionnent pas. Pourquoi ? L’audience s’est déjà faite entourloupée. Alors quand les Horsemen sont montrés en fâcheuse posture, les spectateurs savent d’emblée qu’ils ont plus d’un tour dans leur sac et/ou que tout avait déjà été prévu grâce à un « plan qui se déroule sans accroc ».

Malgré une baguette magique agitée dans tous les sens, peu de scènes marquantes viennent relever l’attention – à part celle du casse, bien qu’interminable – et ce n’est pas le dernier acte, complètement raté car sans cesse prévisible, qui sauvera l’entreprise. Les acteurs font le boulot sans y croire vraiment cette fois, à part Woody Harrelson qui s’amuse (et nous aussi) dans un double-rôle de frères jumeaux qui se détestent cordialement. A cette occasion, le comédien porte postiche, fausses dents et bronzage artificiel, et fait furieusement penser à son pote Matthew McConaughey ! Vous y penserez la prochaine fois. Lizzy Caplan s’agite un peu trop, Jesse Eisenberg semble se demander ce qu’il fait là, Dave Franco sourit, Mark Ruffalo garde la tête penchée en mode en Grumpy Cat, Morgan Freeman et Michael Caine gardent les mains dans les poches en attendant que ça se passe en se promenant entre Macao et Londres. Bon, aller, on va dire qu’on a déjà vu bien pire, mais après la grande réussite du premier opus, la déception est immense.

Si le film a connu un échec commercial aux Etats-Unis en récoltant un peu plus de 60 millions de dollars, soit deux fois moins que le premier, Insaisissables 2 a bien fonctionné dans le reste du monde avec notamment 2 millions d’entrées chez nous. Avant même la sortie du second, un troisième volet était déjà annoncé. Mais devant les chiffres décevant au box-office US, sa mise en route reste suspendue.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Insaisissables 2, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé, musical et ponctué par quelques scènes du film en version française.

Le premier supplément, Un casting de choix (21’) revient sur la mise en chantier de ce second volet, marqué par le retour des comédiens au grand complet, ou presque, avec la présentation des nouveaux personnages. Les comédiens s’expriment sur les conditions de tournage, le producteur se frotte les mains, le scénariste présente les enjeux de cette suite et le réalisateur et les consultants en magie parlent du travail avec les acteurs. En grande partie, nous assistons à un concours de louanges avec les superlatifs attendus, le tout saupoudré des coulisses du tournage et notamment de la création du double-rôle campé par Woody Harrelson.

Le segment suivant, Ne les quittez pas des yeux (17’), accueille les mêmes participants, qui se focalisent cette fois sur les lieux de tournage, en particulier Macao et Londres. Le directeur de la photo, la chef déco et les créateurs des effets spéciaux se mêlent à la partie et analysent quelques séquences clés du film.

Enfin, le module Donner vie à la magie (16’) donne la parole aux magiciens qui ont officié comme consultants sur Insaisissables 2, y compris David Copperfield, également co-producteur. Des images montrent la préparation et l’entraînement des comédiens à la manipulation puisque le producteur désirait garder au maximum l’authenticité du premier volet en laissant faire aux acteurs le maximum de tours de magie en live.

Si vous désirez en savoir un peu plus sur Insaisissables 2, pourquoi pas revoir le film en compagnie du réalisateur John M. Chu, qui commente son film (en vostf) avec beaucoup d’entrain et suffisamment d’anecdotes pour qu’on ne s’ennuie pas une seconde. S’il brasse un peu tout ce qui est abordé au fil des suppléments en vidéo, ce commentaire s’avère distrayant, rythmé et intéressant. En revanche, bien qu’il indique avoir beaucoup laissé de scènes sur le banc de montage, nous aurions aimé les trouver dans les bonus ! Nous apprenons également que Louis Leterrier a donné un coup de main à la mise en scène, en particulier pour la séquence où la bande s’évade à moto.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Un très bel objet que ce master HD d’Insaisissables 2. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, renforçant les contrastes léchés, ainsi que les détails aux quatre coins du cadre. Certains plans nocturnes sont magnifiques et tirent entièrement parti de cette élévation en Haute Définition. Les gros plans peuvent être analysés sans problème puisque la caméra numérique (Arri Alexa XT Plus, Red Epic Dragon) de John M. Chu colle parfois au plus près des personnages, les ombres et les lumières s’accordent parfaitement avec des scènes ambrées en extérieur et plus froids dans les extérieurs, notamment à Macao avec les buildings éclairés aux néons. En dépit de quelques légers fléchissements, ce Blu-ray est évidemment une franche réussite technique et restitue les partis pris esthétiques du talentueux chef opérateur Peter Deming (Evil Dead 2, Mulholland Drive, La Cabane dans les bois) avec parfois un très beau grain.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre pas moins de quatre mixages, deux français et deux anglais DTS-HD Master Audio 5.1 et 7.1 ! Ces options s’avèrent particulièrement bluffantes, surtout dans les scènes de représentations, mais également dans les séquences plus calmes. Les quelques pics d’action peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec des effets en tous genres qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont présents et dynamiques. Seuls les dialogues auraient mérité d’être un peu plus relevés sur la centrale, comme bien souvent chez l’éditeur. De son côté, le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun, notamment durant le dernier acte se déroulant à Londres. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. L’éditeur joint également une piste française en Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © SND / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Larry le dingue, Mary la garce, réalisé par John Hough

LARRY LE DINGUE, MARY LA GARCE (Dirty Mary, Crazy Larry) réalisé par John Hough, disponible en DVD et Blu-ray le 7 septembre 2016 chez Esc Conseils

Acteurs : Peter Fonda, Susan George, Adam Roarke, Vic Morrow, Kenneth Tobey, Eugene Daniels, Lynn Borden

Scénario : Leigh Chapman, Antonio Santean d’après le roman de Richard Unekis

Photographie : Michael D. Margulies

Musique : Jimmie Haskell

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Larry, pilote de course féru de vitesse, Deke le mécanicien et Mary, l’amante de Larry sont tous les trois pourchassés par la police. Plus tôt, ils ont dévalisé les caisses d’un supermarché et se sont enfuis à bord d’un bolide qui fonce droit sur la route sans se soucier des dangers et des barrages placés par les forces de l’ordre. Parviendront-ils à quitter l’État et à participer au circuit international de course automobile ?

A l’instar de Point limite zéro Vanishing Point de Richard C. Sarafian (1971), Macadam à deux voiesTwo-Lane Blacktop de Monte Hellman (1971) et Electra Glide in Blue de James William Guercio (1973), Larry le dingue, Mary la garce Dirty Mary, Crazy Larry de John Hough (1974) demeure un symbole de la contre-culture américaine. A la fin des années 60, aux Etats-Unis, le road-movie prend son envol avec la sortie du film de Dennis Hopper, Easy Rider. C’est l’époque des grands chamboulements, la guerre du Vietnam a traumatisé l’Amérique, la révolution sexuelle bat son plein, les mœurs et les actes changent et se libèrent. Il y a eu Woodstock en 69 et l’affaire Charles Manson. Les films mentionnés se situent à une époque charnière de l’histoire de l’Amérique faite de bouleversements et de changements profonds. Le cinéma aussi se renouvelle avec la naissance du Nouvel Hollywood et l’émergence de jeunes réalisateurs : Coppola, Scorsese, Lucas, Spielberg. D’autres font figure d’outsiders et s’engouffrent dans la brèche du road-movie, parfois mystique et mélancolique. Si Easy Rider était un film sex, drug and rock n’roll, Macadam à deux voies se distinguait par son absence totale de violence, de sexe et de substances illicites.

Le pilote de course Larry et son mécanicien Deke réussissent de manière astucieuse à voler la recette d’un supermarché. Obligés d’emmener Mary Coombs, une rencontre d’un soir de Larry qui a été témoin du vol, ils parviennent à passer à travers tous les barrages que les policiers mettent sur leur route, grâce à leur bolide trafiqué, une Dodge Charger 1969 modèle sport. Le capitaine Franklin, qui dirige l’opération, commence à en faire une affaire personnelle et tente de les arrêter par tous les moyens possibles. Larry le dingue, Mary la garceDirty Mary, Crazy Larry marque la fin d’une époque, mais ne se résume pas à une des plus hallucinantes courses-poursuites de l’histoire du cinéma.

Durant 1h33, on ne saura quasiment rien des personnages, de leur vie et du but de ce voyage, à part celui de prendre la fuite avec le butin d’un casse, mis en scène de manière plutôt cool, afin de pouvoir concourir à une course sur un circuit professionnel. Ils se situent pleinement dans la contre-culture des années 70 avec un caractère bien trempé (Mary est d’ailleurs la plus explosive du trio), contestataire et provocateur. Larry le pilote (Peter Fonda, qui fait le lien avec Easy Rider), Deke son mécanicien (Adam Roarke) qui prend autant soin de la bagnole que de Larry quand il s’égare, et Mary (Susan George) la copine d’un soir de Larry qui s’est incrustée dans leur cavale, refusent d’obtempérer avec les autorités, qu’ils écoutent en étant branchés sur leurs ondes. D’où cette fuite éperdue où tous les coups sont permis, où Larry, lancé à fond sur le bitume, défie toutes les règles en tentant d’échapper à tous les flics – qui s’en donnent également à coeur joie sur la route – de la région, dont un en particulier, Everett Franklin (Vic Morrow, génial) qui les poursuit dans un hélicoptère, dans un affrontement encore très impressionnant aujourd’hui.

Larry et ses deux comparses, sont les derniers héros de l’Amérique, libres face aux forces répressives. Larry le dingue, Mary la garce est devenu pour de nombreux cinéphiles un vrai film de chevet et le mythe autour de ce film s’est construit avec le temps, certaines répliques vachardes étant même entrées dans le langage courant chez certains cinéphiles US. Grand fan de Larry le dingue, Mary la garce, Quentin Tarantino s’en est grandement inspiré (comme d’habitude) pour Boulevard de la mort. Pourtant ce n’est pas tant l’histoire qui nous captive mais les engueulades du couple principal, la splendeur des paysages américains, son rythme trépident, les routes longilignes à n’en plus finir, là où le réalisateur britannique John Hough (Les Sévices de Dracula, La Montagne ensorcelée, Les Yeux de la forêt), prend plaisir à nous égarer à fond la caisse, dans un nuage de poussière, pour son premier film américain. Approche palpable du chaos, dénouement brutal, désenchanté et étourdissant, film enragé, indispensable !

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Larry le dingue, Mary la garce, disponible chez ESC Conseils, repose dans un boîtier classique de couleur rouge. La jaquette aux couleurs flashy saura attirer l’oeil des cinéphiles. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur joint une présentation du film par Olivier Père (20’), intitulée En route vers la contre-culture. Le directeur du cinéma d’Arte France se penche tout d’abord sur la carrière du cinéaste John Hough. Il évoque ses films de genre et fantastiques, puis en vient ensuite au film qui nous intéresse en analysant à la fois le fond et la forme. Olivier Père considère Larry le dingue, Mary la garce comme un des films les plus intéressants du réalisateur, analyse les personnages, le dénouement et le casting.

L’Image et le son

Jusqu’alors inédit dans nos contrées en DVD et Blu-ray, Larry le dingue, Mary la garce nous arrive en Haute-Définition grâce aux bons soins d’ESC Conseils. Cette édition Blu-ray au format 1080p (AVC) nous propose des couleurs étincelantes, un piqué vif, des contrastes très élégants et une remarquable stabilité. L’élévation HD n’est pas négligeable pour un titre comme celui-là, loin de là. Saluons avant tout l’impeccable étalonnage qui rend justice aux tonalités originelles du film. L’image retrouve son caractère fluide et naturel, notamment au niveau des splendides décors, paysages et longues routes de l’Amérique profonde, mais également au niveau des visages. Le cadre est riche en détails. Chaque plan ou sujet d’arrière-plan est d’une qualité et d’une profondeur séduisantes. Aucune tâche ou défaut n’est constatable, si ce n’est quelques troubles et sensibles pertes de la définition sur les scènes sombres. Que les puristes soient rassurés, le superbe grain de la photo est savamment restitué. Larry le dingue, Mary la garce retrouve un éclat fantastique et la restauration demeure impressionnante.

Rien à redire à propos des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio Mono, amplement suffisantes et accompagnant élégamment le film de John Hough. Aucun souffle constaté sur les deux pistes et les dialogues restent très clairs tout du long. La musique tient également une place prépondérante et aucun accroc ne vient perturber sa restitution. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue ne peut se faire à la volée.

Crédits images : © ESC Conseils/ Captures Blu-ray : Franck Brissard