Test DVD / Nocturama, réalisé par Bertrand Bonello

NOCTURAMA réalisé par Bertrand Bonello, disponible en DVD le 22 février 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Finnegan Oldfield, Vincent Rottiers, Hamza Meziani, Manal Issa, Martin Guyot, Jamil McCraven, Rabah Naït Oufella, Laure Valentinelli, Ilias Le Doré, Robin Goldbronn, Luis Rego, Hermine Karagheuz

Scénario : Bertrand Bonello

Photographie : Léo Hinstin

Musique : Bertrand Bonello

Durée : 2h10

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Paris, un matin. Une poignée de jeunes, de milieux différents.  Chacun de leur côté, ils entament un ballet étrange dans les dédales du métro et les rues de la capitale. Ils semblent suivre un plan. Leurs gestes sont précis, presque dangereux. Ils convergent vers un même point, un Grand Magasin, au moment où il ferme ses portes. La nuit commence. 

Bertrand Bonello, réalisateur du splendide L’Apollonide (Souvenirs de la maison close) et du viscontien Saint Laurent revient avec un film coup de poing, pensé comme « un ressenti du monde dans lequel nous vivons ». Après son adaptation libre, décalée et sans concession de la vie du célèbre couturier, Bonello privilégie l’aspect visuel et sensoriel et à ce titre Nocturama, son septième long métrage, s’avère une fois de plus une véritable expérience cinématographique.

A Paris, de nos jours, sept jeunes gens déambulent dans le métro et dans les rues de la capitale. Chacun d’entre eux accomplit des tâches aussi précises que mystérieuses, répondant à des messages cryptiques reçus sur les téléphones portables en leur possession. Soudain, plusieurs bombes explosent dans Paris. Les jeunes gens, parmi lesquels David, Yacine, Sabrina, Mika, Sarah et Omar, se retrouvent à la nuit tombée dans un grand magasin. Avec la complicité d’un vigile, ils entrent dans le bâtiment fermé au public. Pendant ce temps, la panique a envahi la ville et les politiques se perdent en conjectures. A part les excellents Vincent Rottiers et Finnegan Oldfield (Geronimo, Les Cowboys, Réparer les vivants), sans compter une très courte apparition d’Adèle Haenel, Bertrand Bonello a privilégié un casting composé de comédiens amateurs qui s’avèrent tous réellement bluffants pour leur première apparition au cinéma. Ce sont surtout les visages que l’on retient de Nocturama, ceux de ces jeunes hommes et femmes, dont le cinéaste parvient à restituer les contradictions, la passion, le mal-être, la solitude, la dépendance et la fragilité, ce qui a pu les conduire à commettre l’irréparable.

A l’instar de sa version d’YSL, Bonello ne signe pas un film sur des « personnes en train de créer », mais sur des individus qui tentent de vivre après être devenus des monstres. C’est ici que Nocturama se rapproche finalement du précédent film du cinéaste puisque si les attentats sont montrés dans la première partie du film après une longue et sensationnelle exposition dans le métro et dans les rues de Paris, Bonello montre ensuite l’attente, le spleen, l’ennui, la dissolution d’un « esprit créatif » une fois que toute la bande ait trouvé refuge dans un grand magasin (le tournage a eu lieu dans les locaux désaffectés de la Samaritaine) à la nuit tombée. Ou comment se réunir dans l’antre de ce qu’ils dénoncent ou pensaient dénoncer, Bonello filmant alors son groupe comme des candidats de Loft Story sous l’oeil des caméras de surveillance, filmant du vide dans le vide.

Ce qui a pu décontenancer une partie des spectateurs et d’une certaine partie de la critique, c’est de voir l’absence d’une réelle revendication de la part de cette jeunesse rebelle, nihiliste et anticapitaliste, issus de milieux sociaux différents, mais visiblement tous portés et réunis pour une même cause. Sans faire partie d’un groupe religieux ou même politique en particulier. Ensuite, Bertrand Bonello bouleverse la temporalité, sa narration, pour finir par faire des allers-retours lors du raid final du GIGN, symbolisé par le thème principal de la série Amicalement Vôtre composé par John Barry. Bonello croise les destins pour mieux se focaliser sur chacun des personnages, en faisant perdre ses repères aux spectateurs.

Suprêmement élégant, Nocturama est un film qui emporte l’adhésion ou qui entraîne un rejet total. Adhésion si le spectateur accepte ces partis pris et un rythme languissant, rejet si le spectateur espérait une analyse explicite sur ce qui a pu pousser ces jeunes à faire exploser simultanément plusieurs sites symboliques de la capitale : une banque, le ministère de l’Intérieur, plusieurs voitures devant la Bourse, la statue de Jeanne d’Arc située place des Pyramides. Nocturama est un film politique dans le geste et l’action, pas dans le discours. Bonello ne fait pas dans la psychologie, mais dans la sensation et l’abstraction. Si le parallèle avec les événements qui ont fait saigner Paris en 2015 est évident, Bertrand Bonello portait ce projet, intitulé alors Paris est une fête, depuis 2011. A la suite des attentats du 13 novembre 2015, le réalisateur a ensuite changé le titre de son film – le roman d’Hemingway étant devenu un symbole – et opté pour Nocturama, emprunté à celui d’un album de Nick Cave, avec l’autorisation de ce dernier. S’il pensait le mettre en scène après L’Apollonide : Souvenirs de la maison close, Saint Laurent aura remis à plus tard ce projet, finalement rattrapé par l’actualité.

Soutenu par une B.O. hypnotique signée Bertrand Bonello lui-même, Nocturama est un merveilleux et fulgurant objet de cinéma, un film – d’action contemporain selon le réalisateur – souvent fascinant, esthétique, fulgurant et onirique qui n’a pas fini d’envoûter les cinéphiles qui se laisseront volontiers porter.

LE DVD

Le test du DVD de Nocturama, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Aucune sortie en Blu-ray prévue pour ce titre, ce qui est absolument scandaleux surtout lorsque l’on voit des titres de fond de catalogue qui bénéficient d’un traitement HD de la part de l’éditeur ! Le menu principal est animé sur l’envoûtante musique de Bertrand Bonello. Le visuel reprend quant à lui celui de l’affiche du film.

Sans surprise, peu de bonus à l’horizon, si ce n’est une excellente et passionnante interview de Bertrand Bonello (20’) réalisée par Jean-François Rauger. Le réalisateur évoque la genèse du projet de Nocturama, qui s’intitulait encore Paris est une fête, ses intentions (revenir à un sujet plus contemporain), la structure du film, les thèmes, les personnages, le décor du grand magasin, les symboles, la mise en scène, la photographie, la musique, le casting, le montage, l’actualité qui a fini par rattraper l’histoire du film, la difficile et froide réception. Bertrand Bonello s’explique longuement, posément sur son dernier film. A ne pas manquer.

L’Image et le son

Pas de Blu-ray pour Nocturama donc et c’est bien dommage. Le DVD n’est pas parfait avec par exemple un gros fourmillement sur le plan aérien d’ouverture qui fait peur avec ses moirages, ses couleurs ternes et son manque de définition. Cela s’améliore un peu après heureusement. Nocturama est le premier film tourné en numérique de Bertrand Bonello, ce qui nous fait d’autant plus regretter l’absence d’édition HD. La première partie diurne est claire, la colorimétrie trouve un équilibre convenable, le relief des textures est palpable, les contrastes riches et le piqué acceptable. La seconde, durant laquelle les protagonistes sont retranchés dans le grand magasin, est évidemment moins précise avec une profondeur de champ limitée, un rendu des visages moins pointu, mais heureusement les noirs sont denses. La copie SD est donc d’honnête facture, mais la magnifique photo de Léo Hinstin (Taj Mahal, Aux yeux de tous) méritait bien meilleur traitement.

En dehors de la première partie composée d’extérieurs, Nocturama est essentiellement un huis clos qui réside essentiellement sur les dialogues. Le mixage DTS 5.1 distille quelques ambiances bienvenues et joliment rendues. Une nappe synthétique et des sons cristallins s’instaurent délicatement sur les latérales bien qu’elles distillent cette atmosphère avec une rare parcimonie. Les dialogues demeurent clairs et précis sur l’enceinte centrale, la balance frontale est intimiste, mais le tout s’anime sur la chanson My Way, l’excellente partition signée Bonello lui-même et le thème d’Amicalement Vôtre qui illustre le dernier acte et le générique de fin. Une piste stéréo est également au programme et se révèle limpide, riche et saisissante. L’éditeur joint également les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

Crédits images : © Wild Bunch Distribution / Captures du DVD :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Radin !, réalisé par Fred Cavayé

RADIN ! réalisé par Fred Cavayé, disponible en DVD et Blu-ray le 31 janvier 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Dany Boon, Laurence Arné, Noémie Schmidt, Patrick Ridremont, Christophe Favre, Karina Marimon

Scénario : Fred Cavayé, Laurent Turner, Nicolas Cuche

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Klaus Badelt

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

François Gautier est radin ! Economiser le met en joie, payer lui provoque des suées. Sa vie est réglée dans l’unique but de ne jamais rien dépenser. Une vie qui va basculer en une seule journée : il tombe amoureux et découvre qu’il a une fille dont il ignorait l’existence. Obligé de mentir afin de cacher son terrible défaut, ce sera pour François le début des problèmes. Car mentir peut parfois coûter cher. Très cher…

Pour elle (2008) et A bout portant (2010) s’imposent parmi les plus grandes réussites du polar populaire français de ces dix dernières années. Le réalisateur Fred Cavayé a su d’emblée imposer une marque de fabrique, proposer aux spectateurs un thriller allant à fond la caisse pendant 1h30, sans lui laisser de temps mort du début à la fin, comme une véritable course contre-la-montre, en prenant modèle sur les films de genre américains. Son troisième long métrage Mea Culpa, qui réunissait les têtes d’affiches de ses précédents films, Vincent Lindon et Gilles Lellouche, a été une immense déception, tant critique que commerciale et s’est soldée par un échec retentissant. Fred Cavayé avait donc besoin de se refaire et a donc accepté Radin !, une œuvre de commande.

Engager Fred Cavayé pour une comédie, sa première en l’occurrence, est peut-être étonnant mais sûrement pas une mauvaise idée car le cinéaste y démontre une nouvelle fois son savoir-faire technique, notamment un sens du rythme servi par un excellent montage. Cavayé s’en sort donc beaucoup mieux, sans aucune commune mesure d’ailleurs, que ses confrères estampillés « réalisateurs de thrillers » comme Florent Siri avec son pathétique Pension complète et Jean-François Richet avec Un moment d’égarement. Radin ! s’avère une comédie inspirée par le genre transalpin des années 1950-60, dans laquelle le rôle principal aurait pu être interprété par Alberto Sordi ou Vittorio Gassman. Nous ne faisons pas là une comparaison entre Dany Boon, roi du box-office dans nos contrées et ses confrères italiens, mais le personnage « hénaurme » qu’il interprète lorgne sur le côté satirique qu’affectionnait tout particulièrement la comédie italienne.

Ceci dit, Dany Boon ne démérite pas dans Radin !. Il signe par ailleurs une de ses meilleures compositions, un hargneux pète-sec qui dissimule en fait un mal-être et une douloureuse solitude. Le comédien s’en donne à coeur joie et parvient même à émouvoir en laissant petit à petit transparaître la sensibilité, la tendresse et même la gravité de son personnage au premier abord antipathique. Si l’intrigue autour de la fille, interprétée par Noémie Schmidt, révélée dans L’Étudiante et Monsieur Henri d’Ivan Calbérac, manque d’intérêt et s’avère trop appuyée, les dialogues sont amusants, les quiproquos s’enchaînent sans aucun temps mort et Dany Boon ne tire jamais la couverture à ses partenaires, notamment à l’excellente Laurence Arné, que l’on a toujours plaisir à retrouver. Elle est ici très délicate et touchante dans le rôle de Valérie, violoncelliste hyper sensible, peu adaptée au monde moderne, qui tombe amoureuse de François. Le duo fonctionne très bien à l’écran et certaines séquences comme celle du restaurant de fruits de mer ou du concert accéléré où François interprète l’intégralité des Quatre Saisons en dix minutes sont vraiment tordantes.

Il en est de même pour le quotidien dépeint du personnage de François, de son enfance à la quarantaine, qui renvoie parfois au monde de la bande dessinée, effet accentué par la mise en scène dynamique de Fred Cavayé. Si l’histoire part un peu dans tous les sens et malgré une fin quelque peu décevante car mélo et trop attendue, Radin ! s’avère une des meilleures comédies avec Dany Boon, décidément toujours meilleur dans un film qu’il ne dirige pas. Radin ! est un très bon divertissement, qui a attiré 3 millions de spectateurs au cinéma en 2016.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Radin !, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film.

Le making of (18’) joint à cette édition est classique, mais remplit parfaitement son contrat à travers des propos précis du réalisateur Fred Cavayé et de ses comédiens, le tout illustré par de nombreuses images du plateau. On y découvre la préparation des acteurs, notamment celle de Dany Boon, coaché au violon par Sarah Nemtanu, premier violon de l’Orchestre National de France. Les répétitions et les scènes ratées sont également de la partie.

Trois petites séquences coupées (6’) sont ensuite proposées. Très réussies on y voit entre autres François (Dany Boon) donner quelques conseils avisés à une vieille dame faisant ses courses, pour mieux choisir son paquet de biscottes.

L’Image et le son

Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes nocturnes sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est vive et chatoyante, ambrée, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), le relief est indéniable et la photo élégante du chef opérateur Laurent Dailland (L’hermine, Le Concert, Welcome) trouve en Blu-ray un écrin idéal.

Outre une piste Audiodescription et des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, la version DTS-HD Master Audio 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets, la musique de Klaus Badelt et les ambiances. Quelques séquences auraient peut-être mérité d’être un peu plus dynamiques ou les dialogues parfois quelque peu relevés quand la partition s’envole.

Crédits images : © Mars Films / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

 

Test Blu-ray / La Fille inconnue, réalisé par Jean-Pierre et Luc Dardenne

LA FILLE INCONNUE réalisé par Jean-Pierre et Luc Dardenne, disponible en DVD et Blu-ray le 21 février 2017 chez Diaphana

Acteurs : Adèle Haenel, Olivier Bonnaud, Jérémie Renier, Louka Minnella, Christelle Cornil, Nadège Ouedraogo, Olivier Gourmet

Scénario : Jean-Pierre Dardenne, Luc Dardenne

Photographie : Alain Marcoen

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Un soir, alors qu’elle travaille avec son assistant, Jenny Davin, médecin généraliste, n’ouvre pas la porte de son cabinet à une jeune femme. Cette dernière est retrouvée morte quelques heures plus tard. Jenny l’apprend au cours de l’enquête et découvre en même temps que la victime ne peut pas être identifiée. Jenny comprend également que cette affaire n’est pas vraiment une priorité pour la police. Rongée par la culpabilité et contre l’avis des forces de l’ordre, elle décide de mener sa propre enquête. Mais Jenny est vite confrontée à l’agressivité de témoins récalcitrants…

Un miracle se produit à chaque film des frères Dardenne. Le spectateur au fait de leur cinéma, un tant soit peu vaniteux, peut déclarer s’attendre à retrouver la même recette habituelle des réalisateurs et que ce nouveau film risque d’être du réchauffé. Seulement voilà, les cinéastes parviennent toujours à nous cueillir et leur dernier opus, leur dixième long métrage, La Fille inconnue ne fait pas exception à la règle et s’avère même un de leurs plus grands films.

Le personnage du médecin trottait dans la tête des frères Dardenne depuis de nombreuses années, pensant déjà l’intégrer dans l’intrigue du Gamin au vélo. Enfants, Jean-Pierre et Luc Dardenne ont longtemps observé leur oncle médecin, une profession qui les a toujours fasciné. Après avoir rencontré la formidable Adèle Haenel, ils décident de lui écrire ce rôle sur mesure, celui de Jenny, une jeune femme médecin généraliste se sentant coupable et responsable de la mort d’une jeune fille immigrée sans identité, à qui elle a refusé d’ouvrir la porte de son cabinet après une longue journée et parce que l’heure d’ouverture était largement dépassée. Elle se met ensuite à la recherche de son nom une fois que la police lui ait annoncé la mauvaise nouvelle. A travers son quotidien fait de visites à domicile ou à son cabinet, Jenny commence une véritable enquête obsédante en recoupant les témoignages de quelques patients.

Après avoir offert à Marion Cotillard un de ses plus grands rôles dans Deux jours, une nuit, les Dardenne récidivent avec Adèle Haenel, qui n’a de cesse d’éblouir après les grandes réussites de L’Apollonide : Souvenirs de la maison close, Suzanne (César de la meilleure actrice dans un second rôle), Les Combattants (César de la meilleure actrice) et Les Ogres. De tous les plans, du début à la fin, la comédienne illumine La Fille inconnue par son charisme, son immense talent, sa sensibilité à fleur de peau. Filmé comme un véritable polar, ce drame réaliste, social et anxiogène prend aux tripes grâce à la virtuosité discrète de la mise en scène qui s’attache à ce personnage alors au début de sa vie professionnelle, dont la moue boudeuse reflète encore l’innocence et même la naïveté de son jeune âge. A l’instar de leurs autres longs métrages, les frères Dardenne se focalisent sur un personnage dont on ignore le passé et la vie privée, pour ainsi mettre en relief les choix cruciaux que Jenny doit faire au moment présent, qui risquent d’avoir une incidence sur le reste de sa vie. Ainsi, Jenny décide d’exercer sa profession dans un cabinet de la ville de Seraing, dans la Province de Liège, située le long d’une voie rapide où la circulation se fait entendre de jour comme de nuit, plutôt que d’accepter une place convoitée dans une clinique privée confortable aux patients aisés. Ce choix découle tout simplement de sa décision d’en savoir plus sur cette jeune fille assassinée, dont elle se sent en partie responsable de la mort.

Avec un réalisme quasi-documentaire, les frères Dardenne suivent donc Jenny pas à pas dans son quotidien. C’est l’écoute au stéthoscope du coeur d’un patient âgé, la peau massée, les regards, les gestes techniques, la parole qui se libère liée au lien unique entre un médecin et son patient, une proximité parfois inattendue qui se crée et qui agit alors comme un confessionnal. Ou comment soulager sa conscience, les mots guérissant les maux. Jenny avance à tâtons, parfois sans le vouloir ou après avoir voulu jeter l’éponge suite à quelques menaces qui planent au-dessus de sa tête, au fil de rencontres singulières (dont celles avec les fidèles Jérémie Renier, Fabrizio Rongione, Olivier Gourmet et même le gamin au vélo Thomas Doret), bonnes ou mauvaises, qui vont l’aider à aller vers l’acceptation pour mieux renaître.

Après avoir été accueilli froidement au Festival de Cannes, où ils ont pourtant leurs habitudes, les Dardenne ont décidé de remonter leur film en coupant notamment sept minutes. Aujourd’hui, La Fille inconnue apparaît comme étant l’un des chefs d’oeuvres de l’année 2016.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de La Fille inconnue, disponible chez Diaphana, repose dans un boîtier classique de couleur blanche. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est animé sur une séquence clé du film.

Réalisée par N.T. Binh à Paris en octobre 2016, l’interview de Jean-Pierre et Luc Dardenne (26’) est posée, passionnante, dense et en apprend beaucoup sur le processus créatif des deux frères cinéastes. Ils reviennent sur le personnage de médecin dont ils voulaient parler depuis longtemps, l’usage des silences, le choix des décors, la précision du cadre, le travail avec Adèle Haenel, la manière pour happer le spectateur, la longue phase du montage, l’importance du son, bref tout est abordé avec précision et surtout une passion contagieuse pour le cinéma.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et les credits.

L’Image et le son

L’éditeur prend soin de La Fille inconnue et livre un service après-vente tout ce qu’il y a de plus solide. Les partis pris esthétiques du chef opérateur Alain Marcoen, fidèle collaborateur des frères Dardenne sont respectés et la colorimétrie habilement restituée. La clarté est de mise, tout comme des contrastes fermes et des noirs denses, un joli piqué et des détails appréciables sur l’ensemble des séquences en extérieur et du cadre en général, y compris sur les gros plans des comédiens. Notons de sensibles pertes de la définition et des plans un peu flous, imputables aux partis pris qui privilégient souvent la caméra portée, qui n’altèrent cependant en rien le visionnage. Un master HD élégant, propre et clair.

La piste DTS-HD Master Audio 5.1 fait ce qu’elle peut pour créer un semblant de spatialisation avec de légères ambiances naturelles (la circulation près du cabinet médical notamment), mais n’hésitez pas à sélectionner directement la Stéréo qui étonnamment l’emporte sans conteste du point de vue restitution des dialogues, prépondérant dans un film de cet acabit. L’éditeur joint également une piste Audiodescription pour les spectateurs aveugles et malvoyants, ainsi que les sous-titres français pour sourds et malentendants.

Crédits images : © Christine Plenus / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Brice 3, réalisé par James Huth

BRICE 3 réalisé par James Huth, disponible en DVD et Blu-ray le 21 février 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Jean Dujardin, Clovis Cornillac, Bruno Salomone, Alban Lenoir, Noëlle Perna, Louis-Do de Lencquesaing

Scénario : Jean Dujardin, James Huth, Christophe Duthuron, Laurent Baffie

Photographie : Stéphane Le Parc

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Brice est de retour. Le monde a changé, mais pas lui. Quand son meilleur ami, Marius, l’appelle à l’aide, il part dans une grande aventure à l’autre bout du monde… Les voyages forment la « jaunesse » mais restera-t-il le roi de la casse ?

Après 4,5 millions de spectateurs et plus de onze ans après la sortie du premier volet, Brice (de Nice) est de retour. A l’exception des Petits mouchoirs, film choral, Brice de Nice demeure à ce jour le plus grand succès de Jean Dujardin au cinéma en France. Depuis, la carrière du comédien s’est envolée: Prix d’interprétation masculine à Cannes en 2011 et l’Oscar du meilleur acteur pour The Artist en 2012. Lui qui a toujours déclaré n’avoir jamais eu de plan de carrière, s’est retrouvé là où il n’aurait même pas pu l’imaginer. Cumulant près de 50 millions d’entrées en une trentaine de films, Jean Dujardin, un peu dépassé par les événements (euphémisme), a souhaité revenir à son personnage fétiche pour lâcher du lest. Ce qui donne Brice 3 avec son sous-titre « Parce-que le 2 je l’ai cassé ! ». James Huth est de retour derrière la caméra, ainsi que Clovis Cornillac dans le rôle de Marius de Fréjus, Bruno Salomone dans celui d’Igor d’Hossegor, ici supplanté par un nouveau venu, Gregor d’Hossegor, interprété par Alban Lenoir. Le budget a été multiplié par trois et le tournage s’est installé en Thaïlande pour les scènes supposées se dérouler à Hawaï.

Brice, le surfeur niçois excellant dans l’art de brocarder les autres, vit désormais seul dans une paillote sur la plage. Si le monde n’est assurément plus le même, lui n’a pas changé et semble se satisfaire de son quotidien routinier dans l’attente d’une immense vague pour surfer. Un jour, il découvre une bouteille à la mer avec un message de Marius. Son ami lui demande de prendre le premier avion pour lui venir en aide. Chassé de sa cabane par les autorités locales, Brice se hâte de partir à l’autre bout du monde à la recherche de son meilleur copain. Mais lors de leurs retrouvailles, le surfeur apprend qu’il est lui aussi en danger. Soyons honnêtes, tout est ici prétexte à un déferlement de blagues décérébrées, potaches et assumées, volontairement loufoque et bas de plafond, qui feraient un malheur dans les bacs à sable, mais tout est mené avec un tel entrain, une telle énergie et l’envie de foutre le bordel que cela devient très vite contagieux. Seulement voilà, il y a deux films dans Brice 3.

La première partie, celle où l’on retrouve le personnage, son quotidien et le début de son voyage est vraiment drôle, réussie, jubilatoire et le plaisir de suivre Brice à nouveau dans ses aventures n’est franchement pas déplaisant. Seulement voilà, pile-poil à la moitié du film, tout part en sucette dès que le surfeur arrive sur l’île où il retrouve son pote Marius, mais aussi un usurpateur. Ce double maléfique, également interprété par Jean Dujardin, s’est non seulement approprié son identité, mais règne également sur ses sujets dans un environnement forcément « yellow » placé sous le signe de la fête à la David Guetta et des battle de casses. Brice 3 devient alors exténuant. L’hystérie cartoonesque échappe alors au réalisateur et à son interprète principal et devient une arme de destruction neurologique qui fait pleurer des larmes de sang. Alors que quelques apartés montrent un Brice âgé de 115 ans (maquillage bluffant de Dujardin) qui raconte – à sa sauce – l’histoire à des enfants peu dupes de ses mensonges, on comprend ce qui a poussé Jean Dujardin à retrouver son alter ego qu’il interprétait déjà dans les cabarets. L’acteur a voulu profiter de ce film pour s’auto-psychanalyser en se retrouvant face à une version de lui-même qui aurait pété un câble. Histoire de remettre les pieds sur terre avec beaucoup d’autodérision, Jean Dujardin s’est donc tourné à nouveau vers ce personnage avec lequel tout a commencé, histoire de pouvoir déconner à fond.

Brice n’a donc pas changé et s’avère même plus touchant que dans le premier volet puisque l’enfant demeure dans le corps d’un homme âgé maintenant de plus de 40 ans. Les dialogues vachards et la connerie innocente de Brice fonctionnent à plein régime, du moins dans la première partie. Si Jean Dujardin avait envie d’incarner un Brice âgé de 50 ans, espérons qu’il ait appris de ces maladresses et de ce trop-plein exténuant (Brice se transforme même en personnage de manga à la Dragon Ball Z !) qui ont rebuté une bonne partie des spectateurs, puisque Brice 3 n’a même pas fait la moitié des entrées du premier opus.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Brice 3, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition comprend également le DVD de Brice 2, dont nous vous parlons plus bas. Le menu principal, animé et musical, est forcément dans le ton du personnage de Brice, comme si le surfeur niçois l’avait customisé à sa sauce.

Brice apparaît dès les bandes-annonces en avant-programme. Entre deux trailers, Brice s’adresse au spectateur « Pourquoi tu passes pas l’annonce ? Ah tu préfères me regarder moi ! Moi aussi j’aime bien m’regarder ! »…Même chose pour le panneau d’avertissement détourné par Brice.

Puis vous arrivez enfin au menu principal « Brisland » où toutes les options sont dissimulées sous divers noms :

« Montage du film sur moi » : Démarre le film

« Gage Stripteasage – mets-toi tout nu pour voir le film » : Nous trouvons sous cet onglet un premier module intitulé « Avant que le film sur moi il sorte » (2’), qui compile des images de l’avant-première de Brice 3 au Grand Rex pour une projo des deux films en présence de toute l’équipe. L’occasion pour Jean Dujardin et James Huth de « casser » Brice 2 une bonne fois pour toutes devant des centaines de spectateurs gonflés à bloc.

Dans la même section les « scènes Kassées » (7’) s’avèrent évidemment les séquences coupées. On y voit Brice faire sa lessive le soir dans la mer où il lave ses t-shirts jaunes roulés en boule, puis Brice commenter une personne en train de recycler ses bouteilles en verre (cassées, pas cassées…). Une autre montre Brice raconter une histoire à toute une horde de jeunes femmes suspendues à ses lèvres, tandis que la dernière scène propose une version longue de l’arrivée du faux Brice sur son éléphant et de la fiesta qui s’ensuit.

Enfin, nous trouvons également le making of (36’). Intéressant, bien réalisé, dynamique, ce documentaire donne la parole à toute l’équipe où chacun revient essentiellement sur les raisons de cette suite tardive, les conditions de tournage (le décor qui s’est écroulé en Thaïlande en raison des fortes intempéries), sans oublier les très nombreuses images de plateau (délirantes), les nouveaux personnages, le maquillage pour transformer Jean Dujardin en Brice de 115 ans. Un excellent supplément.

Le reste sur ce disque n’est que du remplissage :

« Jouage » : un extrait du film

« Kassage de film » : Chapitrage du film, présenté dans une version « cassée », en d’autres termes, désordonnée.

« Bronzage » : Réplique du film

« Nightclubbage » : accès aux pistes sonores du film

« Humiliage » : scène du filmo

Ne soyez pas étonnés de trouver une galette Brice 2. En octobre 2016, soit quelques jours avant la sortie nationale du film, une vidéo présentée comme étant « Brice 3, le film complet » apparaît sur You Tube. Il s’agit en réalité d’un canular de l’équipe du film qui présente Brice 3 comme s’il s’agissait d’une version piratée. Au bout de trois minutes, la vidéo est parasitée par Jean Dujardin alias Brice lui-même, qui se moque du spectateur en lui disant « Oh non ! T’as cru que t’allais voir tout le film ! ». Mais la vidéo présente en réalité un plan fixe chez Brice, durant laquelle, soit pendant 1h20, on voit le surfeur regarder la télévision, dormir, faire une « slow casse » (qui dure à peu près 20 minutes), se moquer de James Huth installé sur un sofa, casser les bibelots, passer le balai. Pour remercier le spectateur de « rester », Brice offre quelques images tirées « de son film sur lui » et clôt cette vidéo tout naturellement par le véritable générique de fin du long-métrage. Cette vidéo approche aujourd’hui les 5,5 millions de vues. On ne saurait mieux faire en matière de promotion !

L’Image et le son

Ce transfert HD (1080p, AVC) est superbe. L’univers cartoon de James Huth est bien retranscrit avec une prédominance de couleurs chaudes, vives et pétillantes (les teintes bleue et jaune foisonnent), les contrastes sont au beau fixe, la profondeur de champ abyssale et le piqué agréable. Ce master s’avère un bel objet, le relief est omniprésent, les détails foisonnants, les séquences de plage sont magnifiques et étincelantes.

Dès la première séquence, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 sollicite l’ensemble des enceintes et offre une spatialisation constante et soignée. Ce mixage fait la part belle à la musique, (trop) présente pendant tout le film, soulignant presque systématiquement chaque gag ou chaque haussement de sourcil destiné à faire rire. Comme pour le premier film, les cris se détachent sans mal sur la centrale, le caisson de basses délivre quelques effets frappants (la fiesta sur l’île, la descente à ski, le rêve sur l’aile de l’avion) tandis que les ambiances naturelles demeurent constantes. Un spectacle acoustique souvent étourdissant. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

Crédits images : © Christine Tamalet / 2016 Mandarin Production – JD Prod / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / L’Economie du couple, réalisé par Joachim Lafosse

L’ECONOMIE DU COUPLE réalisé par Joachim Lafosse, disponible en DVD le 14 décembre 2016 chez Le Pacte

Acteurs : Bérénice Bejo, Cédric Kahn, Marthe Keller, Jade Soentjens, Margaux Soentjens, Philippe Jeusette

Scénario : Joachim Lafosse, Fanny Burdino, Mazarine Pingeot, Thomas Van Zuylen

Photographie : Jean-François Hensgens

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Après 15 ans de vie commune, Marie et Boris se séparent. Or, c’est elle qui a acheté la maison dans laquelle ils vivent avec leurs deux enfants, mais c’est lui qui l’a entièrement rénovée. A présent, ils sont obligés d’y cohabiter, Boris n’ayant pas les moyens de se reloger. A l’heure des comptes, aucun des deux ne veut lâcher sur ce qu’il juge avoir apporté.

Joachim Lafosse (A perdre la raison, Les Chevaliers blancs) est un réalisateur précieux et son dernier film L’Economie du couple est une nouvelle et grande réussite à inscrire à son palmarès. Sur un scénario coécrit avec Fanny Burdino, Mazarine Pingeot et Thomas van Zuylen, Joachim Lafosse explore des thèmes devenus récurrents au fil de sa filmographie, tels que l’amour et ses conséquences, la dette, le lien pervers, les dysfonctionnements familiaux, à travers l’histoire douloureuse d’un couple prêt (ou presque) à se séparer. Cet homme et cette femme sont merveilleusement interprétés par Bérénice Bejo, décidément étonnante depuis Le Passé d’Asghar Farhadi et Cédric Kahn, cinéaste devenu comédien un peu par hasard, qui devient ici un immense acteur à la présence impressionnante.

A l’instar de Mike Nichols pour Qui a peur de Virginia Woolf ?, référence avouée de Lafosse, le cinéaste happe le spectateur de la première à la dernière image au moyen de subtils plans-séquences, le prend à la gorge et resserre son étreinte au fur et à mesure, tout en le poussant à réfléchir et à accepter l’imminente rupture d’un homme et d’une femme, parents de deux petites jumelles. L’Economie du couple cherche à faire partager aux spectateurs la vie de personnage simples dans une situation complexe, ni jugés ni déresponsabilisés, dans un lieu quasi-unique, la maison, « personnage » à part entière, ancienne incarnation du rêve et du bonheur, devenue source et raison d’affrontements. Avec sa mise en scène au cordeau, sobre mais toujours juste et maîtrisée, qui évite le théâtre filmé, ses personnages filmés à hauteur d’homme sans fioritures, Joachim Lafosse suscite l’émotion et la réflexion sur la réalité économique sur laquelle repose un couple.

On en ressort épuisés et bouleversés, y compris quand la famille se trouve réunit quasiment pour la dernière fois autour d’une danse sur la chanson Bella de Maitre Gims. Qui aurait pu penser qu’une scène tournant autour d’un tube aussi gras que celui-là deviendrait une des séquences les plus émouvantes de l’année 2016 ? Entre conflits et accalmies, avec tension et délicatesse, nous observons un couple à vif, Marie et Boris, sur le champ-de-bataille, avec l’argent et les différences sociales en guise de munitions durant cette cohabitation forcée le temps qu’il retrouve un logement – elle est de bonne famille, lui d’un milieu ouvrier et n’a pas les moyens de se reloger – avant la concrétisation de la rupture et de l’éclatement de la cellule familiale.

A fleur de peau, intense, magistral, L’Economie du couple démontre une fois de plus quel grand cinéaste est devenu Joachim Lafosse.

LE DVD

Le DVD de L’Economie du couple, disponible chez Le Pacte, repose dans un boîtier classique, glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical.

Seul supplément de cette édition, un entretien avec Joachim Lafosse (17’). A l’origine, le réalisateur souhaitait adapter Bon petit soldat de Mazarine Pingeot, mais les droits avaient déjà été achetés. Après une tentative de transposer Britannicus de Racine, Joachim Lafosse et Mazarine Pingeot se sont finalement lancés dans l’écriture d’un film sur la fin d’un couple. Le metteur en scène évoque ensuite l’évolution du scénario, ses intentions, le casting, la préparation des comédiens. Les propos sont spontanés, toujours enrichissants et passionnants.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le Pacte prend soin du film de Joachim Lafosse et livre un service après-vente tout ce qu’il y a de plus solide. Les partis-pris esthétiques du chef opérateur Jean-François Hensgens (Tête de turc, Les Chevaliers blancs, A perdre la raison) sont respectés et la colorimétrie claire (avec de nombreuses touches de bleu) habilement restituée. La clarté est de mise, tout comme des contrastes fermes, un joli piqué et des détails appréciables, y compris sur les très présents gros plans des comédiens. Notons de sensibles pertes de la définition et des plans un peu flous, qui n’altèrent cependant en rien le visionnage. Un master SD élégant.

L’éditeur joint une piste Dolby Digital 5.1 qui instaure une spatialisation délicate, mais anecdotique. Les ambiances naturelles et les effets annexes sont plutôt rares et la scène acoustique reste essentiellement frontale, sauf sur la séquence de danse sur la chanson Bella de Maitre Gims. De ce point de vue il n’y a rien à redire, les enceintes avant assurent tout du long, les dialogues étant quant à eux exsudés avec force par la centrale. La Stéréo n’a souvent rien à envier à la DD 5.1. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également de la partie, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

Crédits images : © Fabrizio Maltese / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Don’t breathe – La Maison des ténèbres, réalisé par Fede Alvarez

DON’T BREATHE – LA MAISON DES TENEBRES (Don’t Breathe) réalisé par Fede Alvarez, disponible en DVD et Blu-ray le 15 février 2017 chez Sony Pictures

Acteurs : Stephen Lang, Jane Levy, Dylan Minnette, Daniel Zovatto, Emma Bercovici, Franciska Töröcsik

Scénario : Fede Alvarez, Rodo Sayagues

Photographie : Mark Patten

Musique : Pedro Luque

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Pour échapper à la violence de sa mère et sauver sa jeune sœur d’une existence sans avenir, Rocky est prête à tout. Avec ses amis Alex et Money, elle a déjà commis quelques cambriolages, mais rien qui leur rapporte assez pour enfin quitter Détroit. Lorsque le trio entend parler d’un aveugle qui vit en solitaire et garde chez lui une petite fortune, ils préparent ce qu’ils pensent être leur ultime coup. Mais leur victime va se révéler bien plus effrayante, et surtout bien plus dangereuse que ce à quoi ils s’attendaient…

Encouragés par le succès du remake d’Evil Dead en 2013, le réalisateur uruguayen Fede Alvarez, le scénariste Rodolfo Sayagues, les producteurs Sam Raimi et Rob Tapert, le compositeur Roque Baños et la comédienne Jane Levy sont à nouveau réunis pour un film de genre, La Maison des ténèbres – Don’t Breathe. Pure série B, tout est réuni ici pour faire de ce petit thriller d’épouvante un futur classique du genre avec son intrigue resserrée et prétexte à donner les frissons aux spectateurs pendant 85 minutes non-stop, son boogeyman impitoyable, ici un homme d’âge mûr, ancien soldat revenu aveugle de la guerre en Irak, qui vit seul cltré chez lui, dans un quartier déserté de la ville de Detroit laissée à l’abandon. Après l’accident qui a coûté la vie à sa fille, renversée par une voiture conduite par une jeune femme de bonne famille, que la justice a déclarée non-coupable, cet homme atteint de cécité s’est vu offrir une somme importante de la part de la famille de la partie adverse. Trois jeunes, Rocky, Alex et Money, spécialisés dans les petits casses, décident de passer aux choses sérieuses en rentrant par effraction, désireux de mettre la main sur le magot pour pouvoir se barrer au plus vite de cette ville fantôme. Mais c’était sans compter sur les redoutables réflexes de leur adversaire.

Don’t Breathe s’avère un habile tour de force, immersif et intense. Rien n’est réaliste, le réalisateur n’a d’ailleurs pas cette prétention, mais tout est fait pour offrir aux spectateurs un savoureux tour de rollercoaster, génialement mis en scène et très bien photographié avec des partis pris stylisés et élégants. Fede Alvarez joue avec les codes du genre ainsi que la géographie de la maison. Une fois entrés dans l’antre de l’homme aveugle, les trois jeunes deviennent de vrais rats lâchés et affolés dans un labyrinthe et deviennent eux-mêmes la proie de celui qu’ils comptaient dépouillés, sans oublier le rottweiler furieux de celui-ci, prêt à leur sauter à la gorge. Cet homme inquiétant et troublant est interprété par l’excellent Stephen Lang (Avatar, Public Enemies), grand habitué des seconds rôles du cinéma américain, qui a peu à faire pour s’imposer et surtout pour rendre son personnage charismatique, inquiétant et ambigu. Fede Alvarez s’amuse à renverser l’empathie de son audience envers les personnages, en inversant les rôles, les jeunes passant du statut de criminels à celui de victimes. Et ça fonctionne, très bien même, à condition de laisser son raisonnement logique pour mieux se laisser embarquer dans ce jeu de cache-cache mortel qui dissimule en plus un secret dans son sous-sol.

Par ailleurs, en parlant de sous-sol, les habitués du genre penseront au Sous-sol de la peur de Wes Craven, visible source d’inspiration du home-invasion ingénieux et généreux de Fede Alvarez. Tourné à Detroit (pour les extérieurs), ce qui fait parfois penser au sublime It Follows, mais aussi et surtout à Budapest pour un budget dérisoire d’à peine 10 millions de dollars, Don’t Breathe a cumulé près de 90 millions de dollars de recette sur le sol américain et plus de 60 millions dans le reste du monde. Un triomphe commercial qui impose définitivement Fede Alvarez dans le cercle des nouveaux réalisateurs prometteurs.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de La Maison des ténèbres – Don’t Breathe, disponible chez Sony Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.

Ne manquez pas le commentaire audio (vostf) du réalisateur Fede Alvarez, du scénariste Rodolfo Sayagues et du comédien Stephen Lang. Posément, les trois collaborateurs dissèquent le film, avant sa sortie au cinéma comme nous l’apprenons en cours de route, avec complicité et visiblement heureux du travail fini. Le metteur en scène donne sa vision du thriller et de la peur au cinéma, le rapport des spectateurs avec ce genre de film, tandis que le scénariste revient sur l’évolution de l’histoire et Stephen Lang sur son approche du personnage. Les conditions de tournage entre Budapest et Detroit sont passées au peigne fin, les anecdotes s’enchaînent sur un rythme soutenu (Alvarez rêvait de réaliser ce film en N&B), pour un commentaire au final divertissant et toujours intéressant.

S’ensuivent cinq modules de courte durée, consacrées à l’esthétique du film, aux personnages, au décor principal et à la musique. Ces suppléments d’environ 3 minutes chacun, compilent rapidement les images de tournage et les interviews de l’équipe.

L’éditeur joint également un petit quart d’heure de scènes coupées, également disponibles avec les commentaires audio de Fede Alvarez. Ces séquences valent le détour, notamment une confrontation d’Alex avec son père, durant laquelle on apprend que l’adolescent souhaiterait faire du droit pour devenir avocat, ambition tuée dans l’oeuf par son père, agent de sécurité, qui lui conseille de s’engager dans la police puisqu’il n’a pas les moyens de lui financer ses études. C’est pourquoi Alex accepte finalement le casse chez l’homme aveugle. Une scène de baiser entre Rocky et Alex est également disponible.

L’Image et le son

Don’t Breathe est un film sombre et la Haute définition restitue habilement la photo du chef opérateur Pedro Luque. Les volontés artistiques sont donc respectées, sans aucune perte du piqué et des détails dans les scènes les moins éclairées. Ce master HD demeure impressionnant de beauté, le cadre est sublime, les contrastes affichent une densité remarquable (du vrai goudron en ce qui concerne les noirs) et la colorimétrie froide est optimale. Bien que tourné en numérique avec la caméra Arri Alexa Plus, un léger et très beau grain donne une patine élégante à l’image du début à la fin. Un vrai régal pour les yeux.

Les deux versions DTS-HD Master Audio 5.1 font quasiment match nul en ce qui concerne la délivrance des ambiances sur les enceintes latérales, la restitution des dialogues et la balance frontale. Le spectateur est littéralement plongé dans ce huis clos, la spatialisation reste solide tout du long et le caisson de basses est utilisé à bon escient. Sans surprise, la version originale l’emporte de peu sur l’homogénéité et la fluidité acoustique, ainsi que sur le report des voix.

Crédits images : © Sony Pictures / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Morgane, réalisé par Luke Scott

MORGANE (Morgan) réalisé par Luke Scott, disponible en DVD et Blu-ray le 1er février 2017 chez 20th Century Fox

Acteurs : Kate Mara, Anya Taylor-Joy, Rose Leslie, Toby Jones, Boyd Holbrook, Michelle Yeoh, Jennifer Jason Leigh, Brian Cox, Paul Giamatti

Scénario : Jean Scott Rogers

Photographie : Mark Patten

Musique : Max Richter

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Consultante en gestion du risque, Lee est envoyée dans un lieu isolé et tenu secret pour enquêter sur un événement terrifiant qui s’y est déroulé. On lui présente alors Morgane, à l’origine de l’accident, une jeune fille apparemment innocente qui porte en elle la promesse du progrès scientifique. À moins qu’elle ne se révèle être au contraire une menace incontrôlable…

Morgane (ou Morgan en version originale) est le premier long métrage réalisé par Luke Scott. Scott comme Ridley et Tony. D’ailleurs Luke Scott est le fils du premier. Né en 1968, il commence sa carrière comme figurant dans Les Duellistes, puis intègre le département artistique sur 1492 : Christophe Colomb. Après ? On ne sait pas ce que Luke Scott a fait jusqu’à 2014, année où il devient réalisateur de la seconde équipe sur Exodus : Gods and Kings, encore une fois mis en scène par son père, rôle qu’il reprendra sur Seul sur Mars en 2015. Merci papa donc. Concernant la réalisation, Luke Scott s’est fait la main sur un épisode de la série Les Prédateurs (1999), avant de signer un premier court-métrage, Loom (2012), avant de passer à son premier long métrage donc, Morgane, qui découle directement de son précédent film puisque Loom mettait en scène un homme (Giovanni Ribisi) qui cachait un être artificiel au sein d’un laboratoire de génétique. Un sujet qui a toujours passionné Luke Scott.

Produit et supervisé par Ridley Scott lui-même (tant qu’à faire), Morgane s’avère un thriller de SF, malheureusement banal, et qui arrive bien trop tard. En réalité, il y a trois films déjà sortis dans Morgane, Splice de Vincenzo Natali (2009), Hanna de Joe Wright (2011) et Ex Machina d’Alex Garland (2015). Aucune surprise donc mais un gros casting composé de Kate Mara (vue dans Seul sur Mars, comme par hasard), Anya Taylor-Joy (révélation de The Witch et impressionnante dans Split de M. Night Shyamalan), sans oublier les excellents Toby Jones, Rose Leslie (la sauvageonne Ygritte de Game of Thrones), Michelle Yeoh, Jennifer Jason Leigh, Brian Cox, Paul Giamatti…excusez du peu ! Morgane vaut donc pour son casting, même si Kate Mara, loin d’être l’actrice la plus charismatique et la plus convaincante, peine à convaincre et livre toutes les clés sur son personnage dès sa première apparition. Luke Scott rate son premier film par trop de facilités. Son histoire manque singulièrement d’intérêt, son film de rythme et de rebondissements. Comme s’il avait le fondement entre deux chaises, il instaure une atmosphère étrange et langoureuse dans une première partie, avant de préférer tout faire péter dans la seconde avec bastons style Jason Bourne et meurtres de sang-froid, sans doute par manque de confiance ou tout simplement conscient que le spectateur a pu s’endormir.

Certes Luke Scott flirte avec le mythe de Frankenstein, mais il ne parvient jamais à donner la moindre empathie pour ses personnages et surtout pas envers Lee (Kate Mara) et Morgane (Anya Taylor-Joy). On a constamment l’impression de visiter une exposition-vidéo, de beaux décors aseptisés, les scènes s’enchaînent de manière poussive, tandis que le spectateur, surtout l’habitué du genre, aura toujours un temps d’avance sur les supposées surprises. Est-ce cela que l’on appelle finalement « film d’anticipation » ? Tout ce qui concerne la manipulation génétique, les expériences sur le corps humain, l’homme qui se prend pour Dieu, est abordé sans intelligence et avec paresse. Finalement, le film devient un spot publicitaire pour l’Irlande du Nord, où le film a été tourné, et l’esprit se met à divaguer sur de potentielles vacances au milieu de ces forêts plutôt que de rester concentré sur une intrigue qui part rapidement à vau-l’eau et qui oublie une chose primordiale, l’émotion.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Morgane, disponible chez Fox, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est mollement animé et bruité (à la bouche, non on rigole).

Le réalisateur Luke Scott a l’air lui-même gêné de commenter son film (en version originale avec sous-titres français) et n’a pas grand-chose à dire sur Morgane. Le réalisateur s’extasie surtout sur le jeu des comédiens, en se demandant constamment il a pu bénéficier d’un tel casting, tout en louant le travail de son décorateur, de son compositeur et d’autres artistes en « teur ». Le commentaire est très lent, rarement ponctué de remarques pertinentes et intéressantes, qui auraient pu redonner un petit peu d’intérêt au film. Malheureusement il n’en est rien.

En guise de « making of », l’éditeur livre un documentaire intitulé Organisme modifié, l’apport de la science au film (20’). Composé essentiellement d’interventions de scientifiques, de chercheurs, de professeurs en biochimie et biologie, de docteurs en philosophie, mais aussi et également de rares propos du réalisateur Luke Scott et de son daddy producteur Ridley, ce module présente toutes les avancées en matière de génétique et génomique. Comment ces recherches vont-elles améliorer la vie des êtres humains ? On parle d’accroissement de l’espérance de vie, de défense immunitaire, d’évolution, avec le plus grand sérieux. De rapides images dévoilent l’envers du décor du film.

Cinq scènes inédites (6’) sont ensuite disponibles, avec le commentaire audio (vostf) du réalisateur en option qui indique la raison de leur éviction. Comme il l’indiquait dans son commentaire sur le film, Luke Scott a préféré couper la scène (ici disponible) qui dévoilait le corps nu androgyne de Morgane car ce plan le mettait mal à l’aise. La dernière scène est en réalité la version longue de l’affrontement entre Morgane et Lee.

Comme nous l’indiquons dans la critique du film, Morgane découle en réalité du court-métrage Loom réalisé par Luke Scott en 2012. Dans un laboratoire futuriste, un scientifique (Giovanni Ribisi) crée de la viande pour nourrir la population terrestre. Mais, quand vient le soir et qu’il rentre chez lui, ses recherches prennent une tournure beaucoup plus contestable. En vingt minutes, Luke Scott parvient à plus nous émouvoir que sur les 95 minutes de de Morgane. De plus, ce court-métrage très réussi s’avère très soigné sur la forme et mérite qu’on s’y attarde. La preuve, même Luke Scott a plus de choses à dire sur ce court-métrage (via les commentaires aussi encore une fois disponibles) que sur l’entièreté de Morgane.

L’interactivité se clôt sur deux bandes-annonces et une galerie de photos en Haute-Définition.


L’Image et le son

Morgane est un film sombre et la Haute définition restitue habilement la photo du chef opérateur Mark Patten. Les volontés artistiques sont donc respectées mais entraînent quelques légers fléchissements de la définition dans les scènes les moins éclairées. Néanmoins, cela reste anecdotique, car ce master HD demeure impressionnant de beauté, tant au niveau des détails que du piqué. Le cadre large n’est pas avare en détails, les contrastes affichent une densité remarquable (du vrai goudron en ce qui concerne les noirs) et la colorimétrie froide est optimale.

Si la piste française n’est pas déshonorante et remplit parfaitement son office, le mixage DTS 5.1 ne peut rivaliser avec la piste anglaise DTS HD Master Audio 7.1. Cette dernière laisse pantois par son immersion, son soutien intelligent des latérales, ses basses percutantes sur les séquences d’action. La version originale s’impose sans mal avec des dialogues remarquablement exsudés par la centrale, des frontales saisissantes, des effets et ambiances riches, les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical. Un excellent spectacle phonique.

Crédits images : © Twentieth Century Fox /  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test DVD / Corridors of Blood, réalisé par Robert Day

Corridors of Blood réalisé par Robert Day, disponible en DVD le 28 février 2017 chez Movinside

Acteurs : Boris Karloff, Christopher Lee, Betta St. John, Finlay Currie, Adrienne Corri, Francis De Wolff

Scénario : Jean Scott Rogers

Photographie : Geoffrey Faithfull

Musique : Buxton Orr

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Londres, 1840, avant la découverte de l’anesthésie. Horrifié par les souffrances que ses confrères et lui infligent à leurs patients, le chirurgien Thomas Bolton multiplie les tentatives de mise au point d’un anesthésiant. En dépit des échecs, il s’acharne, s’exposant à la fois aux moqueries et à une dépendance de plus en plus marquée aux drogues qu’il teste. Victime d’un chantage, Bolton signe les certificats de décès que lui présentent Black Ben et Résurrection Joe, des criminels qui fournissent des cadavres frais aux hôpitaux.

Malgré son casting composé des mythiques Boris Karloff et Christopher Lee, Corridors of Blood, réalisé en 1958, n’est pas un film d’horreur ou fantastique, Il s’agit avant tout d’un drame et faux biopic sur l’inventeur de l’anesthésie générale dans le monde médical. Depuis l’amphithéâtre des cours d’anatomie jusqu’au laboratoire du héros en passant par une taverne mal famée, peuplée de mendiants, d’estropiés, de prostituées, le réalisateur Robert Day (Le Pionnier de l’espace), distille une envoûtante atmosphère gothique, à mi-chemin des romans de Charles Dickens et des productions de la Hammer Films. Déjà fort de la présence de Boris Karloff et Christopher Lee, qui ont certes très peu de scène ensemble, il dirige également d’autres acteurs habitués du genre tels qu’Adrienne Corri (Sherlock Holmes contre Jack l’Eventreur), Francis Matthews (La Revanche de Frankenstein) et Nigel Green (Le Masque de la Mort Rouge).

Pas de film d’épouvante donc, mais que les cinéphiles soient rassurés puisqu’il s’agit avant tout d’un drame très réussi, qui flirte avec le genre et notamment avec l’ombre du Docteur Jekyll et son antagoniste Mr Hyde, mais qui demeure réaliste, sans effusion de sang. Corridors of Blood se rapproche plutôt de la sublime série de Steven Soderbergh, The Knick, qui narre les débuts de la médecine moderne au début du XXe siècle. Ici, l’action se déroule à Londres. Robert Day (né en 1922) met l’accent sur l’architecture singulière avec des toits penchés, des auberges glauques, qui contrastent avec l’aspect guindé et protocolaire du monde de la médecine. Les étudiants et médecins se regroupent dans une salle d’étude où l’on pratique des opérations, tout en utilisant les patients comme cobayes. Selon les médecins présents, la douleur et le scalpel vont de pair, et la seule façon de moins faire souffrir le patient est d’opérer le plus rapidement possible. Mais les cris des patients poussent Thomas Bolton (Boris Karloff) à entreprendre des recherches. Persuadé qu’un patient endormi ne ressentira pas la douleur, Bolton commence à mettre au point un gaz susceptible d’anesthésier ses patients. Seulement au fil des essais, Bolton devient dépendant des drogues qu’il s’administre et son premier essai devant témoin s’est soldé par un échec cuisant doublé des brimades des jeunes médecins qui l’entouraient. Devenant à moitié fou à mesure qu’il respire ces gaz, Bolton continue néanmoins de croire en son projet, quitte à voir le monde médical se liguer contre lui et l’empêcher de continuer ses expériences.

Corridors of Blood déroule ainsi son récit avec efficacité, une mise en scène vivante composée de nombreux travellings particulièrement soignés et élégants. De plus, Boris Karloff signe une remarquable performance et prouve qu’il n’avait pas besoin d’être grimé pour s’imposer. Christopher Lee fait plutôt une apparition amicale et s’impose sans difficulté, en arborant une cicatrice sur la joue et un haut-de-forme de croquemort qui renforcent son inquiétante présence. Corridors of Blood est un petit film passionnant, qui à l’instar du Pionnier de l’espace du même réalisateur, contient une part « documentaire » dans sa première partie, avant de glisser vers une atmosphère fantastique, en restant donc réaliste comme nous l’avons indiqué. Suite à un changement de direction au sein de la MGM, le film mettra quatre ans pour être enfin exploité au cinéma en 1962, mais en double-programme avec un film d’un tout autre genre Werewolf in a Girls’ Dormitory. Une agréable surprise, qui n’a absolument rien perdu de son charme et reste un formidable divertissement.

LE DVD

Le DVD de Corridors of Blood, disponible chez Movinside, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné. La jaquette est très élégante et attractive. Cette collection « Trésors du fantastique », est dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

Comme sur les autres titres de la collection déjà chroniqués (Soudain…les monstres !, Nuits de cauchemar), Corridors of Blood, uniquement disponible en DVD, contient un seul supplément, une présentation du film par le journaliste Marc Toullec (12’). L’ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies montre le caractère spécial du film, qui n’est pas un film d’horreur, mais un drame hybride qui lorgne sur le cinéma de genre. Le casting est évidemment passé au peigne fin avec de nombreuses informations liées à la production de Corridors of Blood.

L’Image et le son

Aïe…le film est présenté au format 1.33, uniquement 4/3. Demeurent quelques scories, fils en bord de cadre, tâches et points qui émaillent l’écran, surtout dans la première partie. Si la copie s’avère stable, l’image a subi un dégrainage total, donnant au master un aspect artificiel, parasité de flous et de moirages. Ce lissage excessif déçoit et ne va pas plaire aux puristes, même si Corridors of Blood est avant tout une véritable et précieuse curiosité.

Seule la version originale est disponible pour ce film. Les sous-titres français sont visiblement incrustés sur l’image et donc inamovibles. Comme pour l’image, le mixage sonne faux car dénué de bruits, de craquements, de souffle et les effets sonores semblent avoir été réalisés récemment. Les voix paraissent flotter sur les images et manquent cruellement de naturel. Notons également quelques résonances.

Crédits images : © Movinside – MGM / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Mal de pierres, réalisé par Nicole Garcia

MAL DE PIERRES réalisé par Nicole Garcia, disponible en DVD et Blu-ray le 21 février 2017 chez Studiocanal

Acteurs : Marion Cotillard, Louis Garrel, Àlex Brendemühl, Brigitte Roüan, Victoire Du Bois, Aloïse Sauvage

Scénario : Jacques Fieschi, Nicole Garcia d’après le roman de Milena Agus

Photographie : Christophe Beaucarne

Musique : Daniel Pemberton

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Gabrielle a grandi dans la petite bourgeoisie agricole où son rêve d’une passion absolue fait scandale. A une époque où l’on destine d’abord les femmes au mariage, elle dérange, on la croit folle. Ses parents la donnent à José, un ouvrier saisonnier, chargé de faire d’elle une femme respectable. Gabrielle dit ne pas l’aimer, se voit enterrée vivante.
Lorsqu’on l’envoie en cure thermale pour soigner ses calculs rénaux, son mal de pierres, un lieutenant blessé dans la guerre d’Indochine, André Sauvage, fait renaître en elle cette urgence d’aimer. Ils fuiront ensemble, elle se le jure, et il semble répondre à son désir. Cette fois on ne lui prendra pas ce qu’elle nomme « la chose principale ». Gabrielle veut aller au bout de son rêve.

C’est l’une des grandes incompréhensions de l’année 2016 au cinéma. Pourquoi Mal de pierres a-t-il intégré la compétition officielle au Festival de Cannes ? Pourquoi huit nominations aux César 2017 ? On se le demande tant le film paraît poussiéreux, académique, long, soporifique, en un mot raté. Actrice formidable passée à la mise en scène en 1986 avec son court-métrage 15 août puis en 1990 pour son premier long avec Un week-end sur deux, Nicole Garcia a ensuite signé deux films devenus des classiques des années 1990, Le Fils préféré (1994) et Place Vendôme (1998). Son meilleur film L’Adversaire (2002), offrait à Daniel Auteuil un de ses derniers grands rôles à ce jour, tandis que Selon Charlie (2006) décevait à la fois la critique et les spectateurs. Il faudra attendre 2010 avec le superbe Un balcon sur la mer pour réconcilier tout le monde. En 2014, Un beau dimanche était sympathique et porté par le beau couple Pierre Rochefort (le fils de la réalisatrice) et Louise Bourgoin. C’est peu dire que Mal de pierres déçoit et apparaît même frustrant quand on connaît le talent de la cinéaste.

Adapté du roman italien Mal di pietre de Milena Agus publié en 2006, Mal de pierres, coécrit par Nicole Garcia et son fidèle collaborateur Jacques Fieschi raconte l’histoire de Gabrielle, jeune femme étouffant sous les carcans de la petite bourgeoisie de province des années 1950. Gabrielle se consume du désir de connaître une vraie passion et de vivre un grand amour. Exaltée, elle passe pour une folle. A défaut de la faire interner, on la marie à José, un ouvrier saisonnier espagnol qu’elle jure de ne jamais aimer. Envoyée en cure thermale pour soigner des calculs rénaux appelés « mal de pierres », elle tombe amoureuse d’André, un ténébreux lieutenant blessé à la guerre d’Indochine. Le récit classique se déroule avec une rare paresse, tandis que la caméra colle au plus près de Marion Cotillard, au regard triste et habité, charismatique, mais dont on ne parvient pas à s’intéresser. Le personnage demeure froid, distant, agaçant.

Tourné dans des décors naturels, en Savoie, autour d’Aix-les-Bains et dans les Alpes de Haute-Provence, Mal de pierres respecte un cahier des charges et ne s’en éloigne jamais, d’où le constant manque de surprises, l’ennui qui pointe dès le premier acte, jamais sauvé par la suite et surtout pas par une dernière partie abracadabrante qui peut faire penser à une parodie d’un film de M. Night Shyamalan. Aux côtés de Marion Cotillard, les comédiens Alex Brendemühl et Louis Garrel jouent leur partition en déclamant leurs dialogues comme s’ils n’y croyaient pas, même si le premier s’en sort mieux grâce à une présence plus affirmée. L’acteur français, le regard fatigué à la Droopy et la voix monocorde n’insuffle que l’ennui. Reste donc Marion Cotillard, parfois vibrante, charnelle, sensuelle, ambiguë, fragile. Elle est la seule raison d’être et la seule motivation qui nous pousse finalement à visionner jusqu’au bout ce mélo sentimental et psychologique, au final ronflant et sirupeux, dont il ne reste rien ou pas grand-chose après coup, essentiellement les mauvais points.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Mal de pierres, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical et le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film.

Grosse déconvenue de cette édition, nous ne trouvons aucun supplément, même pas la bande-annonce !

L’Image et le son

Quelques petites pertes de la définition et un piqué manquant parfois de mordant nous empêchent d’attribuer la note maximale à cette édition HD. Néanmoins, ce master demeure fort plaisant et n’a de cesse de flatter les yeux avec une superbe restitution de la colorimétrie et des aplats, devant lesquels ressortent sans mal les comédiens. Les contrastes sont denses, la gestion solide, et les partis pris esthétiques raffinés du chef opérateur Christophe Beaucarne (La Chambre bleue, Perfect Mothers, Coco avant Chanel) trouvent en Blu-ray un magnifique écrin avec un cadre large riche en détails.

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 offre un bon confort acoustique en mettant à l’avant la musique de Daniel Pemberton (Cartel, Steve Jobs). De ce point de vue-là, il n’y a rien à redire sur la spatialisation. Les ambiances naturelles sont en revanche un peu plus discrètes et finalement, l’ensemble de l’action se retrouve canalisé sur les enceintes frontales. Néanmoins, les dialogues sont solidement plantés sur la centrale. La piste DTS-HD Master Audio 2.0 contentera largement ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière. Une piste Audiodescription ainsi que les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © StudioCanal / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Rusty James, réalisé par Francis Ford Coppola

RUSTY JAMES (Rumble Fish) réalisé par Francis Ford Coppola, disponible édition collector Blu-ray+DVD+livre & Blu-ray simple le 8 février 2017 chez Wild Side Vidéo

Acteurs : Matt Dillon, Mickey Rourke, Diane Lane, Dennis Hopper, Diana Scarwid, Vincent Spano, Nicolas Cage, Chris Penn, Laurence Fishburne

Scénario : S.E. Hinton, Francis Ford Coppola d’après le roman Rumble Fish de S.E. Hinton,

Photographie : Stephen H. Burum

Musique : Stewart Copeland

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Adolescent bagarreur mais rêveur, Rusty James a pour idole son grand frère, Motorcycle Boy. Celui-ci, un ancien chef de bande, a décroché et vit aujourd’hui dans une autre ville. Rusty James voudrait bien être capable de le remplacer mais il est loin de posséder son charisme. Un soir, ses amis et lui affrontent une bande rivale au cours d’une violente bagarre. Alors que personne ne l’attendait, Motorcycle Boy surgit soudain sur son engin. Surpris, Rusty James est blessé par un membre de la bande rivale. Une fois le combat achevé, le motard tente de convaincre son frère cadet de quitter ses fréquentations qui ne lui apporteront aucun avenir. Mais Rusty s’entête…

Trois ans après Apocalypse Now, Francis Ford Coppola connaît le plus grand revers de sa carrière avec Coup de coeur. Considéré à l’époque comme le plus grand budget alloué à une production cinématographique, Coup de coeur, entièrement financé par American Zoetrope, la société du réalisateur, est un désastre commercial. Au bord de la faillite, obligé de se refaire, Coppola enchaîne néanmoins avec Outsiders, d’après le roman de de S. E. Hinton. Soucieux de subsister dans l’industrie hollywoodienne, le cinéaste n’a pas encore terminé la mise en scène d’Outsiders qu’il démarre celle d’un autre film, avec quasiment la même équipe technique et en engageant une partie des comédiens. Egalement adapté d’un livre pour jeunes adultes de S. E. Hinton, Rusty James ou Rumble Fish en version originale, deviendra non seulement le film le plus personnel de Francis Ford Coppola, mais également son préféré.

En dépit du succès honnête d’Outsiders, Rusty James laisse perplexes les spectateurs et ne parvient pas à remettre American Zoetrope sur les rails. Cotton Club entraînera définitivement Zoetrope vers la banqueroute. Il faudra attendre de longues années pour que Rusty James soit enfin considéré à sa juste valeur. Ce film maudit de Francis Ford Coppola se déroule à Tulsa, Oklahoma. Petite frappe locale, Rusty James (Matt Dillon) rêve d’égaler les exploits de son grand frère, le Motorcycle Boy (Mickey Rourke), légendaire chef de bande qui a choisi de s’éclipser, en partant seul vers l’Ouest. En son absence, pour être à la hauteur de sa réputation et se tailler la part du lion, Rusty, délaissé par un père alcoolique (Dennis Hopper), se frotte aux gangs rivaux. Un soir, une rixe tourne mal. Le voyou est gravement blessé et ne doit son salut qu’à l’intervention inattendue de son aîné. Mystérieux et charismatique, le Motorcycle Boy est de retour chez lui. A 21 ans, il n’est plus que l’ombre de lui-même, à moitié sourd et daltonien.

A travers ce film pensé comme un « film d’art et essai pour adolescents », Francis Ford Coppola aborde la relation entre deux frères, ainsi que le temps qui passe. Nostalgique, mélancolique, marqué par une fureur de vivre qui dissimule la peur de grandir et un complexe d’infériorité, Rusty James est un chef d’oeuvre abstrait qui met en relief le manque de repères d’une génération désabusée, qui se créer ses propres modèles et légendes, avant de se rendre à l’évidence devant le mirage de ces références qu’ils ont adulé avec ce besoin immense de croire en quelqu’un ou en quelque chose. Avec cette histoire, double inversé d’Outsiders, Francis Ford Coppola souhaite rendre hommage à son frère aîné August, à qui le film est dédié, père du comédien Nicolas Kim Coppola, plus connu sous le nom de Nicolas Cage.

Expérimental, inclassable, Rusty James apparaît aux spectateurs dans un N&B incandescent, aux ombres portées signées Stephen H. Burum, futur chef opérateur de Body Double, Les Incorruptibles, L’Impasse et bien d’autres films Brian de Palma. Quelques touches de couleurs émaillent cette photographie expressionniste, notamment les poissons, les « Rumble Fish », poissons combattants venus du Siam qui ont la particularité d’être suicidaires et de vouloir combattre leur propre reflet, devant lesquels le personnage de Mickey Rourke, daltonien, demeure en extase. A cela s’ajoute la composition tout aussi particulière de Stewart Copeland, batteur du groupe The Police, qui renforce le côté course contre la montre et la tension qui semble peser sur les personnages, avec le tic-tac qui reflète le temps qui s’écoule et qui finit par rattreper les jeunes.

Emmené par un Matt Dillon à la fois survolté et romantique, proche du James Dean de La Fureur de vivre et du Marlon Brando de L’Equipée sauvage, le casting de haut vol subjugue à l’instar de Mickey Rourke, formidable et magnétique en grand frère revenu de tout, la magnifique Diane Lane, Nicolas Cage qui crève déjà l’écran et le budget coiffure, Dennis Hopper en père porté sur la bibine (et qui semble planer à mille lieues), sans oublier Vincent Spanno et Chris Penn en complices de Rusty James, Laurence Fishburne et Tom Waits en personnages satellites renforçant l’impression parfois surréaliste de l’intrigue, ainsi que Sofia Coppola aka Domino au générique, en petite sœur de Diane Lane éprise de Rusty James.

Tourné avec un budget de 10 millions de dollars, Rusty James est froidement accueilli, sauf en France où il attire plus d’un million de spectateurs. Les mêmes motifs, sur le fond comme sur la forme, seront repris à nouveau par Francis Ford Coppola lui-même dans son magnifique Tetro.

LE BLU-RAY

Jusqu’alors disponible en DVD chez Universal, Rusty James fait désormais peau neuve chez Wild Side Vidéo. Le film de Francis Ford Coppola est disponible en édition collector Blu-ray+DVD+livre & Blu-ray simple. Si votre choix s’est porté sur la première édition, vous vous régalerez avec le livre exclusif et passionnant de 200 pages sur le film et sa genèse, spécialement écrit pour cette édition par Adrienne Boutang, maître de conférences, cinéma et littérature anglophone, magnifiquement illustré de photos d’archives rares. Une édition à la hauteur de ce film onirique. Le menu principal du Blu-ray est animé et musical.

Dans un premier temps, il est impératif de vous diriger sur le commentaire audio de Francis Ford Coppola, disponible en version originale sous-titrée en français. S’il date d’il y a plus de dix ans, à l’époque où Marie-Antoinette de sa fille Sofia allait être tourné et quand il se demandait encore s’il allait revenir derrière la caméra (il n’avait alors rien réalisé depuis L’Idéaliste en 1997), l’immense cinéaste livre un fabuleux commentaire rempli d’anecdotes, de souvenirs, d’informations, sans un seul temps mort. D’emblée, Coppola avoue que Rusty James est probablement le film pour lequel il a la plus grande affection parce que le plus personnel. Le réalisateur parle de la dimension autobiographique de son film en parallèle de l’adaptation du livre de Susan Eloise Hinton, ainsi que la collaboration avec cette dernière. Le casting est passé au peigne fin, tout comme les conditions de tournage, la musique, le montage, les partis pris esthétiques, ses intentions, les thèmes, l’échec du film à sa sortie. Une véritable, précieuse et immanquable leçon de cinéma !

Nous trouvons ensuite environ 20 minutes de scènes coupées, qui se focalisent notamment sur la relation entre Rusty James et son ami Steve (Vincent Spanno). Présentées dans une qualité vidéo fort médiocre, ces séquences valent néanmoins le coup d’oeil, surtout celle où Rusty James et Steve se font courser après qu’ils aient tenté de voler un enjoliveur de voiture.

S’ensuit le making of rétrospectif, trop court certes (12’), mais qui est finalement largement complété par le livre disponible dans l’édition collector. On y croise pêle-mêle le chef opérateur Stephen H. Burum, le producteur Doug Claybourne, la romancière S.E. Hinton, le réalisateur Francis Ford Coppola, les comédiens Diane Lane, Matt Dillon, Nicolas Cage, Mickey Rourke et Laurence Fishburne. Quelques images de tournage dévoilent l’envers du décor et montrent le cinéaste à l’oeuvre. Un focus est réalisé sur la nouvelle technologie utilisée par Coppola sur le plateau, à savoir la prévisualisation. Avec ses collaborateurs artistiques, le réalisateur dessinait chaque scène sur un tableau noir électronique, pour préparer ses prises de vue. Les comédiens étaient alors filmés sur fond bleu, derrière lesquels étaient ensuite incrustées des images filmées dans les rues de Tulsa, pour ainsi préparer le véritable tournage. Le tournage des cascades et de la scène de lévitation est aussi analysé. Dennis Hopper fait également une apparition remarquée sur le plateau, probablement sous substance, quand il interpelle Francis Ford Coppola, réfugié derrière son combo dans sa caravane personnelle. Ce qui avait le don d’irriter Dennis Hopper, qui lui faisait bien comprendre.

Le dernier module, réalisé en 2005 comme le précédent, donne non seulement la parole à Francis Ford Coppola, mais également au compositeur Stewart Copeland, batteur du groupe The Police, accompagné de l’ingénieur du son Richard Beggs. Ces derniers reviennent sur les intentions de Francis Ford Coppola, le travail quotidien avec le cinéaste, ses exigences et la création de la bande-originale.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et les credits

L’Image et le son

Rusty James refait surface sous la houlette de Wild Side Vidéo dans un nouveau master HD (au format 1080p) restauré 4K. Oubliez l’ancienne édition DVD Universal et dirigez-vous immédiatement sur le Blu-ray du film maudit de Francis Ford Coppola. Si l’on demeure sceptique sur le lissage parfois excessif du grain, la propreté de la copie emporte l’adhésion, tout comme le rendu des fabuleux contrastes de la magnifique photo N&B de Stephen H. Burum. Ces partis pris esthétiques singuliers trouvent ici un nouvel écrin, la stabilité est de mise, le piqué agréable, les noirs denses, la profondeur de champ omniprésente et la clarté éblouissante à de nombreuses reprises. Le niveau de détails est tel que nous pouvons apercevoir les deux câbles qui soulèvent Matt Dillon durant la scène de la transe. Hormis donc une gestion aléatoire du grain original, qui fait les frais de cette restauration, revoir Rusty James dans ces conditions techniques ravira les nombreux fans du film.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Dans les deux cas, l’espace phonique se révèle probant et dynamique, le confort est indéniable, et les dialogues sont clairs, nets, précis. Sans surprise, au jeu des comparaisons, la piste anglaise s’avère plus naturelle et harmonieuse, surtout au niveau de la musique de Stewart Copeland. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre.Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © Universal – Wild Bunch / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr