Test DVD / Le Prophète, réalisé par Dino Risi

LE PROPHÈTE (Il Profeta) réalisé par Dino Risi, disponible en DVD et Blu-ray le 28 mars 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Vittorio Gassman, Ann-Margret, Liana Orfei, Enzo Robutti, Dino Curcio, Oreste Lionello

Scénario : Ruggero Maccari, Dino Risi, Ettore Scola

Photographie : Alessandro D’Eva

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

Pietro Breccia est un homme qui a décidé depuis longtemps d’abandonner la civilisation en devenant ermite en laissant derrière lui l’usure de la vie moderne, le consumérisme immodéré et toutes les futilités de la civilisation de consommation elle-même. Depuis des années, il vit dans la solitude sur le mont Soratte, à 40 km au nord de Rome. Un jour, il est débusqué par une équipe de télévision qui, flairant le scoop, décide de faire un documentaire sur le curieux ermitage de cet homme. À partir de ce moment, Breccia en a fini avec sa tranquillité. Malgré lui, il se retrouve étouffé par la société en raison de sa notoriété soudaine et du fait qu’il a dévoilé son identité passée…

C’est un des films les plus méconnus de l’immense et prolifique réalisateur Dino Risi (1916-2008), le maître incontesté de la comédie italienne. Tour à tour médecin, psychiatre, journaliste, puis devenu metteur en scène presque par hasard, le mythique cinéaste du Fanfaron, Parfum de femme et Il Vedovo signe avec Le ProphèteIl Profeta (1968) sa neuvième collaboration (sur dix-sept) avec son acteur fétiche Vittorio Gassman. Après L’Homme à la Ferrari (1967), une comédie à la mécanique aussi bien huilée que la voiture du titre, les producteurs souhaitent réunir le même couple star, Vittorio Gassman et Ann-Margret (actrice, danseuse et chanteuse suédoise), dans une nouvelle comédie pour surfer sur le précédent succès. Le trio remet donc le couvert un an après. Le Prophète n’est pas la suite de L’Homme à la Ferrari, bien que divers éléments rappellent ce dernier, notamment le personnage interprété par la star italienne qui tombe évidemment sous le charme d’une femme plus jeune que lui, tandis que Dino Risi évoque entre autres la libération des mœurs de la communauté hippie.

Sur un scénario coécrit avec Ruggero Maccari et Ettore Scola et avec son sens unique et acéré de la satire, le cinéaste, qui habituellement s’amuse à égratigner ses concitoyens, l’homme lâche, corrompu, menteur, égoïste, malhonnête, cruel, abominable, l’être humain dans toute sa splendeur, pauvre et riche, avec un humour noir, dresse un constat amer et un portrait au vitriol de la société de consommation. La fable est souvent grinçante, relevée, percutante, chacun en prend pour son grade, y compris Pietro, le personnage principal qui va très vite se voir rattraper par ce qu’il croyait avoir définitivement oublié après avoir abandonné sa femme, son emploi, sa voiture, la ville. Mais le destin mettra une jeune hippie (divine et sexy Ann-Margret) sur son chemin. Abstinent depuis cinq ans, notre prophète que tout le monde s’arrache depuis la diffusion d’un reportage à la télévision, va avoir du mal à résister aux mini-jupes affriolantes de la demoiselle libre et exubérante. Arrive alors un individu louche et sans scrupules qui cherche à exploiter l’étrange histoire de cet homme pour en tirer profit.

Si elle n’est pas aussi célèbre que les autres comédies du tandem Risi-Gassman, Le Prophète est une comédie dynamique, qui va à cent à l’heure, formidablement interprétée par un Gassman toujours au top de sa forme, même si le comédien reniera le film en déclarant qu’il s’agit probablement de son pire long métrage tourné avec le réalisateur. Se défendant de faire du cinéma militant, le réalisateur transalpin n’épargne personne. Cinéaste humaniste mais profondément ironique, considéré comme le plus pessimiste des réalisateurs italiens – « tout est grave mais rien n’est sérieux » disait-ilet qui se sert de la puissance du cinéma populaire pour lancer des débats après la projection, Dino Risi, doctorant en psychologie psychologique donne à réfléchir sur les relations humaines, la place de l’homme dans la société contemporaine, moderne, après le boom économique.

Tout le monde souhaite posséder la plus grosse voiture, ou du moins celle dont le moteur fait le plus de bruit afin d’être remarqué, pour aller se reposer sur une plage bondée, avant de rentrer et de se retrouver coincé dans un embouteillage monstre en respirant le bon air pollué qui plane sur Rome, avant de manger devant la télé. Ces sujets n’ont jamais été autant d’actualité. Même si elle a connu un immense succès en Italie à sa sortie, Le Prophète reste une comédie mineure de Dino Risi, ce qui ne l’empêche pas d’être un grand moment de cinéma porté par un acteur exceptionnel.

LE DVD

Le DVD du Prophète est disponible chez ESC Editions, dans une nouvelle collection intitulée Edizione Maestro, consacrée aux grands maîtres du cinéma italien, dont certains films inédits seront même proposés en Haute-Définition ! Une grande initiative que nous accueillons à bras ouverts ! La jaquette est très attractive et le verso montre tous les titres bientôt disponibles dans cette superbe collection ! Le menu principal est fixe et muet et le boîtier glisser dans un surétui cartonné.

Pour information, cette collection sortira dans les bacs en trois vagues. La première, celle que nous commençons à chroniquer, est sortie le 28 mars 2017 : Le Prophète de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Brancaleone s’en va-t-aux Croisades de Mario Monicelli (Blu-ray et DVD), Moi, moi, moi… et les autres d’Alessandro Blasetti (DVD) et Bluff – Histoire d’escroqueries et d’impostures de Sergio Corbucci (DVD). Au mois de juin, l’éditeur prévoit : Les nuits facétieuses d’Armando Crispino et Luciano Lucignani (Blu-ray et DVD), Canard à l’orange de Luciano Salce (Blu-ray et DVD), Les russes ne boiront pas de Coca Cola de Luigi Comencini (DVD) et Histoire d’aimer de Marcello Fondato (DVD). Il faudra attendre le mois de septembre pour compléter sa collection avec Il Gaucho de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Belfagor le magnifique d’Ettore Scola (DVD), Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? de Maurizio Liverani (DVD) et Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir d’Alberto Sordi (DVD). Vous avez l’eau à la bouche ? Nous aussi !

En plus d’une succession de bandes-annonces des douze films que comptera la collection Edizione Maestro, ESC Editions propose une présentation du Prophète par Stéphane Roux, historien du cinéma (9’). Notre interlocuteur replace le film qui nous intéresse dans l’immense carrière de Dino Risi. Stéphane Roux indique que ce film de commande a quasiment été renié par Dino Risi, Vittorio Gassman et par Ettore Scola, qui trouvaient que le film avait été écrit et réalisé à la va-vite afin de surfer sur le triomphe de L’Homme à la Ferrari. Les conditions de production, les thèmes, le casting, l’accueil partagé de la critique, l’énorme succès dans les salles en Italie, encore plus que Les Monstres et autant que Le Fanfaron, tout est abordé avec une passion contagieuse.

L’Image et le son

Egalement disponible en Blu-ray, Le Prophète nous est arrivé dans son édition DVD. Découvrir Le Prophète était inespéré. Le film de Dino Risi renaît donc de ses cendres chez ESC Editions dans une copie – présentée dans son format respecté – d’une propreté souvent hallucinante. Point d’artefacts de la compression à signaler, aucun fourmillement, les couleurs se tiennent, sont ravivées, le master est propre, immaculé, stable, les noirs concis et les contrastes homogènes. Le cadre fourmille souvent de détails, le piqué est joliment acéré, le relief et la profondeur de champ flattent les rétines, les partis pris du célèbre directeur de la photographie Alessandro D’Eva sont divinement bien restitués. Certains plans rapprochés tirent agréablement leur épingle du jeu avec une qualité technique quasi-irréprochable. Une véritable redécouverte, merci ESC Editions !

Comme pour l’image, le son a également un dépoussiérage de premier ordre. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur ce mixage italien Stéréo 2.0 aux sous-titres français imposés, pas même un souffle parasite. Le confort phonique de cette piste unique est total, les dialogues sont clairs et nets, même si les voix des comédiens, enregistrées en postsynchronisation, peuvent parfois saturer ou apparaître en léger décalage avec le mouvement des lèvres.

Crédits images : © RTI S.P.A. / ESC Conseils / Captures du DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Histoire de l’amour, réalisé par Radu Mihaileanu

L’HISTOIRE DE L’AMOUR (The History of Love) réalisé par Radu Mihaileanu, disponible en DVD et Blu-ray le 29 mars 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Gemma Arterton, Derek Jacobi, Sophie Nélisse, Elliott Gould, Torri Higginson, Alex Ozerov

Scénario : Radu Mihaileanu, Marcia Romano, d’après le livre de Nicole Krauss, « L’histoire de l’amour » (The History of Love) »

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Armand Amar

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Il était une fois un garçon, Léo, qui aimait une fille, Alma. Il lui a promis de la faire rire toute sa vie. La Guerre les a séparés – Alma a fui à New York – mais Léo a survécu à tout pour la retrouver et tenir sa promesse. De nos jours, à Brooklyn, vit une adolescente pleine de passion, d’imagination et de fougue, elle s’appelle aussi Alma. De l’autre côté du pont, à Chinatown, Léo, devenu un vieux monsieur espiègle et drôle, vit avec le souvenir de « la femme la plus aimée au monde », le grand amour de sa vie. Rien ne semble lier Léo à la jeune Alma. Et pourtant… De la Pologne des années 30 à Central Park aujourd’hui, un voyage à travers le temps et les continents unira leur destin.

Le cinéaste Radu Mihaileanu a toujours eu le goût du romanesque. Train de vie (1998), Va, vis et deviens (2005), Le Concert (2009) et La Source des femmes (2011) apparaissent comme des films-fleuves, denses, portés par des personnages exaltés et passionnés. L’Histoire de l’amour ne déroge pas à la règle.

Radu Mihaileanu adapte le roman The History of Love écrit en 2005 par Nicole Krauss. Dense et épique, L’Histoire de l’amour se concentre sur une poignée de personnages que le destin va entrecroiser au fil des époques, de la Pologne aux Etats-Unis en passant par le Chili, des années 1940 à 2006. On pense au cinéma de Claude Lelouch, le bon, pas celui qui se contente de réunir plusieurs dizaines d’acteurs français de renom pour livrer au final une pub pour les conventions obsèques. Radu Mihaileanu s’entoure d’un casting formidable. Si le film a été vendu sur Gemma Arterton, la divine comédienne apparaît finalement peu à l’écran, mais marque l’histoire de sa très belle présence et on comprend pourquoi elle devient la fameuse « femme la plus aimée du monde ». L’Histoire de l’amour se focalise surtout sur Leo âgé, interprété par Derek Jacobi, acteur shakespearien, vu au cinéma dans Gladiator et Le Discours d’un roi, mais aussi sur la jeune actrice prometteuse Sophie Nélisse, révélation de La Voleuse de livres de Brian Percival en 2013, qui incarne Alma, quinze ans, qui commence à être chamboulée par ses sentiments.

Choc des générations, mais l’amour demeure central et vital pour ces êtres réunis autour d’un livre mystérieux. Radu Mihaileanu parvient à conduire trois récits en parallèle, même si on pourra déplorer un certain manque de rythme. Toutefois, L’Histoire de l’amour reste très plaisant, chaleureux, animé par de beaux sentiments universels et joliment photographié par Laurent Dailland. Les personnages sont attachants malgré leurs contradictions et le film évite toute mièvrerie avec un humour bien dosé.

L’Histoire de l’amour est un film ample, lumineux, utopiste et romantique, qui fait du bien à l’âme, qui ne laissera peut-être pas un grand souvenir, mais qui n’en demeure pas moins recommandé pour passer un beau et bon moment de cinéma. D’accord, les violons, les cuivres et la clarinette d’Armand Amar en font parfois un peu trop, mais on ne va pas rechigner, car cette fresque émouvante, drôle et romantique est imprégnée chaque seconde de la sincérité et de la générosité de son metteur en scène.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de L’Histoire de l’amour, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur joint une dizaine de featurettes promotionnelles, d’une durée totale de 28 minutes. Vous n’apprendrez pas grand-chose ici, mais ces petits modules n’en demeurent pas moins sympathiques puisqu’ils donnent la parole à toute l’équipe et dévoilent l’envers du décor. On apprend ainsi que le tournage s’est déroulé à Montréal et non pas à New York, sauf pour les scènes dont les prises de vues ont été réalisées dans le quartier de Chinatown. Les acteurs et le réalisateur s’expriment sur les thèmes du film et sur les personnages, Radu Mihaileanu revient sur l’adaptation du roman de Nicole Krauss et présente les décors, tandis que nous assistons au maquillage que Gemma Arterton a dû subir pour la vieillir à l’écran, 5h30 filmées en timelapse.

Wild Side Video livre également 12 minutes de scènes coupées. Six séquences réussies mais qui n’apportent rien de plus et qui se focalisent essentiellement sur Alma incarnée par Sophie Nélisse.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Quelques petites pertes de la définition et un piqué manquant parfois de mordant sur les séquences sombres sont à déplorer. Néanmoins, ce master demeure fort plaisant et n’a de cesse de flatter les yeux avec une superbe restitution de la colorimétrie. Les contrastes sont denses, la gestion solide et les partis-pris esthétiques raffinés du talentueux et éclectique chef opérateur Laurent Dailland (La Cité de la peur, Place Vendôme, Welcome) trouvent en Blu-ray un magnifique écrin. Très beau cadre large.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent particulièrement sobres, mais instaurent un confort acoustique suffisant. En version originale, si les dialogues s’avèrent plus discrets, la centrale parvient à leur donner un relief en adéquation avec les sentiments des personnages. Evitez le doublage français. Dans les deux cas, la spatialisation musicale demeure évidente, les latérales soutiennent l’ensemble comme il se doit, les ambiances naturelles ne manquent pas, surtout en ce qui concerne la cacophonie new-yorkaise. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription pour aveugles et malvoyants. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © Wild Bunch Distribution / Laurent Guérin / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Homme qui défiait l’infini, réalisé par Matt Brown

L’HOMME QUI DÉFIAIT L’INFINI (The Man Who Knew Infinity) réalisé par Matt Brown, disponible en DVD et Blu-ray le 1er mars 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Jeremy Irons, Dev Patel, Malcolm Sinclair, Raghuvir Joshi, Dhritiman Chaterji, Stephen Fry, Toby Jones

Scénario : Matt Brown, d’après le livre de Robert Kanigel, « The Man Who Knew Infinity: A Life of the Genius Ramanujan »

Photographie : Larry Smith

Musique : Coby Brown

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

Modeste fonctionnaire de l’administration indienne, Srinivasa Ramanujan décide d’écrire à Godfrey.H Hardy, l’un des plus célèbres mathématiciens de l’époque. Ce dernier, étonné par le talent spectaculaire de S.Ramanujan, décide de le faire venir en Grande-Bretagne. Il débarque à Oxford et va devoir prouver aux plus grands mathématiciens de l’histoire, la véracité de ses recherches.

L’Homme qui défiait l’infiniThe Man Who Knew Infinity est un biopic consacré au mathématicien indien Srinivâsa Aiyangâr Râmânujan (1887-1920), inspiré de la biographie écrite par Robert Kanigel. Décidément, après Un homme d’exception sur John Forbes Nash Jr. (Mathématicien et prix Nobel d’économie), Imitation Game sur Alan Turing (pionnier de l’informatique), Une merveilleuse histoire du temps sur Stephen Hawking (physicien théoricien et cosmologiste) qui a valu l’oscar du meilleur acteur à Eddie Redmayne et Seul contre tous sur Bennet Omalu (neurologue), le cinéma hollywoodien aime bien ces destins hors du commun. S’il ne révolutionnera rien au genre usé du biopic, L’Homme qui défiait l’infini se suit avec plaisir grâce au jeu des comédiens. Le rôle-titre revenait de droit à l’excellent Dev Patel, révélation en 2008 de Slumdog Millionaire de Danny Boyle, vu depuis dans les deux Indian Palace, la série The Newroom et dernièrement dans le très remarqué Lion de Garth Davis. Agé seulement de 27 ans, le jeune comédien s’en tire à merveille et s’avère bouleversant. Il est également très bien entouré puisque le grand Jeremy Irons et les formidables Toby Jones et Stephen Fry lui donnent la réplique.

La mise en scène de Matt Brown, réalisateur de London Town, un autre biopic consacré à Joe Strummer, est délicate et élégante, jamais fonctionnelle. On sent le réalisateur passionné par son sujet et soucieux de livrer aux spectateurs un bel objet de cinéma, tout en évitant de laisser l’audience sur le bas-côté en raison d’un jargon et autres discussions qui pourraient être qualifiées facilement d’hermétiques pour celles et ceux qui ne comprennent rien aux mathématiques. Ce qui importe dans L’Homme qui défiait l’infini c’est avant tout la passion des personnages pour leur spécialité, mais aussi et surtout le parcours incroyable de cet homme autodidacte, né dans une famille de brahmanes pauvres et orthodoxes, qui a appris seul les mathématiques à l’âge de 16 ans. Le film de Matt Brown se focalise sur un moment central de la vie de Râmânujan, quand ce dernier est invité en 1913 par la prestigieuse université de Cambridge en Angleterre, pour y développer de nombreuses théories mathématiques sous l’égide de son professeur Godfrey Harold Hardy. Si ce dernier croit d’abord à une supercherie et même à un canular de la part de ses confrères, Hardy doit se rendre à l’évidence et accepter le génie de ce jeune homme qui parviendra à développer moult formules mathématiques et théorèmes, tout d’abord sans démonstration. Grâce à Hardy, Râmânujan parviendra à démontrer ces célèbres formules, qui se sont toutes (ou presque) révélées exactes.

Evidemment, Matt Brown est obligé de broder autour du personnage principal et montre Râmânujan en prise avec le racisme ambiant, les moqueries, les jalousies et les brimades, à l’aube de la Première Guerre mondiale. Ayant laissé sa jeune épouse dans son pays puis cumulant les problèmes de santé pendant les privations et en raison de son régime alimentaire spécifique, Râmânujan retourne finalement en Inde à la fin des années 1910 et meurt en 1920 à l’âge de 32 ans. Il laisse derrière lui de nombreux travaux révolutionnaires non démontrés, qui continuent d’être étudiés par les plus grands scientifiques et mathématiciens du monde.

L’Homme qui défiait l’infini est au final un très bon divertissement, souvent émouvant, toujours intéressant et attachant sur un des hommes les plus fascinants et pourtant l’un des plus méconnus du XXe siècle.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de L’Homme qui défiait l’infini, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la jolie musique du film.

L’éditeur livre le minimum syndical. Il faudra se contenter d’une rapide présentation du film par l’équipe du film (5’). Les comédiens, le réalisateur Matt Brown, le conseiller en mathématiques et producteur associé Ken Ono et les autres producteurs évoquent l’histoire et les personnages de L’Homme qui défiait l’infini, le tout entrecoupé d’extraits du film.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

M6 Vidéo frôle la perfection avec ce master HD de L’Homme qui défiait l’infini. Ce Blu-ray subjugue avec la restitution de la très belle photographie du chef opérateur Larry Smith (Bronson, Only God Forgives). Le piqué n’est jamais pris en défaut, les contrastes sont merveilleux, la profondeur de champ appréciable et la colorimétrie élégante. Le seul bémol provient de certaines séquences sombres et tamisées. La définition flanche quelque peu, les détails sont moins conséquents et la gestion des noirs est un poil plus déséquilibrée. Cela n’empêche pas que l’apport HD demeure probant et indispensable.

L’Homme qui défiait l’infini n’est pas vraiment le film avec lequel vous pourrez épater la galerie et faire une démonstration de gros son. Les versions française et anglaise sont certes proposées en DTS HD Master Audio 5.1, mais les latérales ne servent réellement qu’à instaurer quelques ambiances naturelles et à spatialiser la musique du compositeur Coby Brown. Le caisson de basses n’est pas oublié et s’avère même spectaculaire lors de la courte séquence de bombardements. Deux pistes Stéréo sont également disponibles.

Crédits images : © SND / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Vengeance, réalisé par Johnny Martin

VENGEANCE (Vengeance : A Love Story) réalisé par Johnny Martin, disponible en DVD et Blu-ray le 26 avril 2017 chez Marco Polo production

Acteurs : Nicolas Cage, Don Johnson, Deborah Kara Unger, Anna Hutchison, Emily Sandifer, Talitha Bateman

Scénario : John Mankiewicz, Scott Windhauser, d’après le roman de Joyce Carol Oates, Rape: A Love Story

Photographie : David Stragmeister

Musique : Frederik Wiedmann

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Un soir de fête nationale, après une soirée chez des amis, Teena et sa fille Bethie traversent le parc pour rentrer chez elles. Quatre hommes drogués les agressent, Bethie parvient à se cacher mais entend sa mère se faire agresser. Teena laissée pour morte, la fillette s’enfuit et croise l’inspecteur Dromoor et son coéquipier. Reconnus par Bethie, les agresseurs sont arrêtés puis jugés. Mais lors du procès, un avocat véreux, payé par la famille des malfrats, obtient leur libération en salissant la réputation de Teena. Pour Dromoor, justice n’est pas encore faite…

Lors de l’hommage qui lui était rendu au Festival du cinéma américain de Deauville en 2013, Nicolas Cage avait promis qu’on ne le reprendrait plus à jouer dans des films de seconde zone. Malheureusement, les grandes réussites de Joe et de Suspect n’étaient que la partie émergée de l’iceberg qui se profilait à l’horizon. Depuis ces deux excellents crus, le comédien qui tourne plus vite que son ombre a joué dans 18 films. Oui, c’est sans doute incroyable mais c’est vrai. Dans cette liste, nous sauverons La Sentinelle de Paul Schrader, même si le cinéaste l’a renié pour cause de différends avec le studio LionsGate, The Runner d’Austin Stark, Le Casse des frères Brewer, Dog Eat Dog également de Paul Schrader, Snowden d’Oliver Stone dans lequel le comédien fait une petite participation, USS Indianapolis de Mario Van Peebles. A l’heure où cet article est rédigé, Nicolas Cage a déjà tourné sept autres longs métrages dont cinq ne sont pas encore sortis. Autant dire que l’acteur n’a pas chômé, en raison de grands problèmes d’argent, de problèmes avec le fisc, d’un comptable véreux, d’un divorce difficile, anyway, Nicolas Cage est obligé de tourner et dans le lot, forcément, certains films s’avèrent particulièrement mauvais.

Nous ne reviendrons pas sur Tokarev et Le Chaos, qui marquent vraiment le fond du gouffre de la filmographie de Nicolas Cage, qui compte bientôt 100 films, mais malheureusement, l’oeuvre qui nous intéresse ici, Vengeance : A Love Story, rebaptisé Vengeance dans nos contrées pour sa sortie dans les bacs (sans passage par la case cinéma) est complètement anecdotique. Réalisé par un certain Johnny Martin, qui a oeuvré comme cascadeur sur plus de 160 films et en tant que responsable de la deuxième équipe (notamment sur Hell Driver, Tokarev et USS Indianapolis), Vengeance rappelle quelques films de la Cannon qui avait fait un pont d’or à Charles Bronson avec Un justicier dans la ville 2 (1982) avant les pires suites (mais merveilleux nanars) à venir. Vengeance est l’adaptation du roman de Joyce Carol Oates, Rape : A Love Story, publié en 2003 en France sous le titre Viol : une histoire d’amour.

Dans Vengeance, Nicolas Cage interprète un flic (bah voyons), veuf, fatigué, héros de sa petite bourgade, qui n’a plus que son boulot depuis que sa femme est morte. Vétéran de la Guerre du Golfe, ses exploits publiés dans les journaux sont affichés au comptoir du bar qu’il fréquente tous les soirs. Alors qu’il vient de perdre son coéquipier au cours d’une arrestation qui a mal tourné, ce flic prénommé John, rencontre Teena, une jeune femme avec qui le courant passe très bien. Mais quelque temps après, Teena est victime d’une agression par quatre mecs bourrés, qui la frappent et la violent devant les yeux de sa fille Bethie. Alors que Teena gît inconsciente, Bethie parvient à s’échapper et à prévenir la police. John arrive sur les lieux du drame. Teena s’en sort miraculeusement. De son côté, Bethie identifie les agresseurs qui sont rapidement arrêtés. Le procès démarre, les quatre désignés coupables sont défendus par un ténor du barreau, maître Jay Kirkpatrick (Don Johnson, la classe), visiblement ami du juge chargé de l’affaire. Tout est organisé pour que Teena n’obtienne pas de gain de cause. Excédé par cette parodie de justice, John décide de régler cette histoire à sa façon. Il va éliminer un par un les quatre responsables de l’agression de Teena et n’hésitera pas à violer la loi qu’il a toujours tenu à faire respecter.

Résumer ainsi Vengeance pourrait faire croire que le personnage de Nicolas Cage est omniprésent, ce qui n’est pas le cas. En réalité, le comédien fait comme qui dirait une participation et revient de manière sporadique après un début plutôt sympa et old-school. Après, l’histoire se focalise surtout sur les personnages de Teena et de sa fille Bethie, bien interprétées par Anna Hutchison (La Cabane dans les bois) et Talitha Bateman (La 5ème vague), sans oublier Deborah Kara Unger, défigurée par la chirurgie plastique, qui interprète le rôle de la mère de Teena, et qui paraît presque plus jeune que la comédienne qui joue sa fille. Nicolas Cage n’oublie de faire quelques apparitions, heureusement d’ailleurs, mais il faut vraiment attendre le dernier tiers pour le voir passer à l’action, prendre la pétoire pour jouer les justiciers, sans sourciller ni être décoiffé. Heureusement, Vengeance, écrit par John Mankiewicz, créateur de la série House of Cards, produit par Harold Becker (Mélodie pour un meurtre) n’est pas aussi mauvais que Tokarev, c’est juste que l’ensemble fait penser à un téléfilm de deuxième partie de soirée.

Nicolas Cage, longtemps pressenti pour réaliser également le film, traverse cette histoire en ayant l’air de penser au salaire qu’il touchera à la fin du tournage pour pouvoir payer ses dettes. Ce qui ne l’empêche pas de se montrer très bon dans deux ou trois scènes dramatiques, d’autant plus que son personnage s’exprime peu. Mais cela ne sauve malheureusement pas Vengeance de l’ennui.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Vengeance, disponible chez Marco Polo Production, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et muet. Le visuel de la jaquette se concentre sur Nicolas Cage et saura attirer l’oeil de ses admirateurs les plus fervents. Il y en a encore. Aucun supplément.

L’Image et le son

Ce DTV est proposé en HD dans un format 1080p. Si l’on est d’abord séduit par le rendu de la colorimétrie, force est de constater que la définition chancelle à plusieurs reprises, malgré une luminosité plaisante et un piqué somme toute mordant et acéré. Les détails sont agréables, le rendu des visages impressionne. C’est d’ailleurs là qu’on se rend compte à quel point Nicolas Cage paraît bouffi et l’image est parfois si précise que nous parvenons à distinguer les raccords capillaires du comédien. Le codec AVC tente de consolider certains plans caméra à l’épaule, surtout sur les séquences plus agitées, avec parfois un peu de difficulté. La profondeur de champ est souvent décevante, quelques sensibles fourmillements s’invitent à la partie, la gestion des contrastes étant au final aléatoire. Toutefois, certains plans sortent aisément du lot avec un relief et une texture indéniables.

Du côté acoustique, les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 créent un espace d’écoute suffisamment plaisant en faisant la part belle à la musique et à quelques effets latéraux. Des ambiances naturelles percent les enceintes arrière sans se forcer mais avec une efficacité chronique. Le doublage français est convaincant et que les fans soient rassurés, Dominique Collignon-Maurin prête sa voix cette fois encore à Nicolas Cage, tout comme Patrick Poivey qui double Don Johnson. Les sous-titres français sont imposés et le changement de langue impossible pendant le visionnage nécessite le recours au menu pop-up.

Crédits images : © Marco Polo Production / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Dog Eat Dog, réalisé par Paul Schrader

DOG EAT DOG réalisé par Paul Schrader, disponible en DVD et Blu-ray le 21 avril 2017 chez Métropolitan Vidéo

Acteurs : Nicolas Cage, Willem Dafoe, Christopher Matthew Cook, Omar J. Dorsey, Louisa Krause, Melissa Bolona, Reynaldo Gallegos

Scénario : Matthew Wilder, d’après le roman d’ Edward Bunker Les Hommes de proie (Dog Eat Dog)

Photographie : Alexander Dynan

Musique : Deantoni Parks

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Lorsque trois ex-détenus désespérés se voient offrir un boulot par un chef de la mafia mexicaine, ils savent qu’ils feraient mieux de refuser, mais l’appât du gain les empêche de tourner les talons.
Tout ce qu’ils ont à faire est de kidnapper l’enfant d’un homme qui cherche à mettre le chef de la mafia sur la touche. Le rapt tourne mal lorsque les ravisseurs sont forcés de tuer un intrus inattendu et aussi dangereux mort que vif.
Désormais indésirables dans le milieu, les trois ex-détenus deviennent les fugitifs les plus recherchés.
Chacun d’eux s’est juré de ne jamais retourner en prison et pour ça ils sont prêts à tout.

Même si le film était réussi et que le montage que nous avions découvert en 2015 ne nous paraissait pas « charcuté », La Sentinelle, réalisé par Paul Schrader, avec Nicolas Cage et Anton Yelchin avait été renié par le cinéaste. En octobre 2014, quelques semaines avant la sortie du film, Paul Schrader, ses deux comédiens principaux ainsi que le producteur Nicolas Winding Refn appelaient tout simplement au boycott de La Sentinelle. Pour quel motif ? Le Studio Lionsgate a purement et simplement retiré le film des mains du réalisateur, le montage original a été dénaturé du début à la fin, mis en musique et mixé sans demander l’avis de Paul Schrader. Depuis cette mésaventure, ce dernier cherchait une nouvelle histoire afin de retravailler avec Nicolas Cage, tout en bénéficiant cette foisci du final cut.

Voulant renouer avec le thriller, Paul Schrader a jeté son dévolu sur un roman du célèbre écrivain Edward Bunker, ancien taulard et plus jeune détenu de la prison de Saint Quentin aux Etats-Unis, qui s’est spécialisé dans les romans policiers. Ses oeuvres Aucune bête aussi féroce et La Bête contre les murs ont été adaptées au cinéma, le premier en 1978 par Ulu Grosbard, avec Dustin Hoffman et Theresa Russell, le second en 2000 par Steve Buscemi, avec Willem Dafoe, Edward Furlong et Danny Trejo. Dog Eat Dog est la transposition du roman éponyme, publié en France en 2000 sous le titre Les Hommes de proie. Le récit se concentre sur trois ex-détenus fauchés, Troy (Nicolas Cage), Mad Dog (Willem Dafoe) et Diesel (Christopher Matthew Cook) qui viennent de sortir de prison et qui se voient offrir un job par un chef mafieux mexicain, El Greco (Paul Schrader lui-même). Bien qu’ils sachent qu’ils devraient mieux décliner la proposition, ils cèdent à l’appât du gain. Ils doivent kidnapper l’enfant de l’homme voulant arrêter le chef de la mafia sur la touche. Mais cela tourne mal lorsqu’ils tuent quelqu’un. Ils deviennent alors les fugitifs les plus recherchés. Ils sont par ailleurs déterminés à ne jamais retourner en prison.

Nous sommes en pleine série B de luxe. Dog Eat Dog a été tourné dans le but d’oublier la mauvaise expérience de La Sentinelle et on sent Paul Schrader heureux de pouvoir faire enfin ce dont il a envie. Il faut dire qu’il est épaulé par trois acteurs en très grande forme, qui prennent visiblement beaucoup de plaisir à se donner la réplique, en particulier Willem Dafoe et Nicolas Cage, tous les deux géniaux, le premier incarnant un tueur psychopathe à la recherche d’affection, le second qui s’imagine être Bogart dans un film noir des années 1940. Le troisième larron est sans doute moins bon, mais impose sans mal son gabarit. Dog Eat Dog est l’histoire classique d’anciens criminels qui ont passé quelques années en prison, mais qui replongent immédiatement qu’ils ont mis le nez dehors. Sur cette trame usée, Paul Schrader, l’auteur de Yakuza, Taxi Driver, Obsession, American Gigolo, Raging Bull, Affliction et A tombeau ouvert, s’en sort en vieux briscard du cinéma grâce à un savoir-faire indéniable derrière la caméra et la superbe photographie du chef opérateur Alexander Dynan.

Dog Eat Dog s’ouvre sur une scène très violente qui a fait grincer des dents lors de la présentation du film au Festival de Cannes en 2016, en clôture de la Quinzaine des Réalisateurs. Après cette exposition sanglante, le film adopte un rythme de croisière ponctué de longs tunnels de dialogues à la Tarantino qui peinent à éveiller l’intérêt, de scènes agitées particulièrement jouissives jusqu’à un final onirique durant lequel Nicolas Cage adopte même le phrasé spécifique de Bogey. Nous ne vous dévoilerons évidemment pas la teneur de cet épilogue, mais cette dernière séquence vaut largement le déplacement. L’intrigue part un peu dans tous les sens et s’avère prétexte à un dernier baroud d’honneur pour nos trois tragiques Pieds Nickelés.

L’essentiel du film repose sur la véritable alchimie des comédiens, tous survoltés et prenant un pied contagieux à se balancer des vannes, notamment celle qui n’a pas laissé Cannes de marbre : Nicolas Cage : « Where’s the thing you put in the baby’s mouth? What’s it called? » Willem Dafoe « A dick ? ». Malgré cet humour noir, l’émotion et même une certaine mélancolie se dégagent également de ce thriller étrange, sombre et nocturne, qui fonctionne bien et qui mérite amplement d’être découvert.

LE BLU-RAY

A l’instar de La Sentinelle et Le Casse, Dog Eat Dog est un autre DTV avec Nicolas Cage qui arrive dans l’escarcelle de Métropolitan Vidéo. Le test de l’édition HD a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

Réalisés à l’occasion de la présentation de Dog Eat Dog au Festival de Cannes en 2016, ces entretiens avec d’un côté Paul Schrader et de l’autre Nicolas Cage et Willem Dafoe s’avèrent très plaisants. Le réalisateur s’exprime sur son envie de retravailler avec Nicolas Cage, sur le roman d’Edward Bunker, sur les thèmes et références de son film. Même chose pour les deux comédiens, qui reviennent sur les personnages jusqu’à ce que le journaliste Nicolas Rioult leur donne son point de vue. Grand moment de flottement où les acteurs écoutent patiemment, Willem Dafoe avec un grand sourire sincère, Nicolas Cage qui a l’air de se demander ce qui se passe (l’éditeur a d’ailleurs placé une petite musique amusante en fond à ce moment-là). Ces interviews donnent quelques indications très intéressantes sur les conditions de tournage et les partis pris.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et les credits.

L’Image et le son

Comme pour ses sorties traditionnelles, Metropolitan soigne autant le transfert de ce Direct-to-Video qu’un blockbuster. Ce master HD de Dog Eat Dog ne déçoit pas. Le piqué et le relief sont acérés tout du long et permet d’apprécier la tronche taillée à la serpe de Willem Dafoe, la clarté est de mise, le cadre large offre un lot confondant de détails y compris sur les scènes sombres et la colorimétrie marquée par des teintes ambrées est habilement restituée, tout comme les séquences tournées en N&B. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses. Les meilleures conditions techniques sont réunies et la définition est exemplaire.

Vous pouvez compter sur les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français pour vous plonger délicatement mais sûrement dans l’ambiance du film, bien que l’action demeure souvent réduite. La bande originale est la mieux lotie. Toutes les enceintes sont exploitées, les voix sont très imposantes sur la centrale et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent quelques effets naturels. Le caisson de basses se mêle également à la partie lors de la séquence de poursuite ou lors de l’affrontement final. Notons que la version originale l’emporte sur la piste française, se révèle plus naturelle et homogène, y compris du point de vue de la spatialisation musicale. Que les amateurs de VF soient rassurés, Nicolas Cage est bien doublé par l’excellent Dominique Collignon-Maurin.

Crédits images : © LionsGate / Metropolitan / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Secret magnifique, réalisé par Douglas Sirk

LE SECRET MAGNIFIQUE (Magnificent Obsession) réalisé par Douglas Sirk, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 4 avril 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Jane Wyman, Rock Hudson, Barbara Rush, Agnes Moorehead, Otto Kruger, Gregg Palmer

Scénario : Robert Blees, Wells Root, Sarah Y. Mason, Victor Heerman, d’après le roman Lloyd C. Douglas « Une merveilleuse obsession – Magnificent Obsession »

Photographie : Russell Metty

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Un jeune milliardaire arrogant, Bob Merrick, est victime d’un accident de bateau. Une équipe de secouristes s’affaire à le sauver avec un équipement qui aurait pu éviter la mort à Wayne Philips, un grand chirurgien humaniste. Pétri de remords, Merrick va se rapprocher d’Helen, la veuve éplorée du médecin, dans une quête de rédemption et d’amour.

Avec Le Secret magnifiqueMagnificent Obsession, le cinéaste allemand d’origine danoise Douglas Sirk (1897-1987), de son vrai nom Hans Detlef Sierck, devient le maître incontesté du mélodrame hollywoodien en 1954. Alors qu’il possède déjà de nombreux succès derrière lui, en Allemagne avec les drames Les Piliers de la société et Paramatta, bagne de femmes, avant qu’il ne quitte le pays suite à la montée du nazisme, puis aux Etats-Unis avec le drame aux allures de film policier Tempête sur la colline, ainsi que les deux sublimes comédies No Room for the Groom et Qui donc a vu ma belle ? et le western Taza, fils de Cochise, Le Secret magnifique marque une étape primordiale dans la carrière du réalisateur.

En 1952, Douglas Sirk fait la rencontre du comédien Rock Hudson pour Qui donc a vu ma belle ?. Les deux hommes s’entendent à merveille, à tel point que leur collaboration s’étendra sur huit films tournés entre 1952 et 1958. Le Secret magnifique est déjà leur troisième œuvre en commun. Rock Hudson, starisé grâce à Sirk, donne la réplique à Jane Wyman, couple que Sirk réunira à nouveau dans Tout ce que le ciel permet sous la houlette du studio Universal. C’est dans Le Secret magnifique que se fait la chrysalide du style Sirk, épaulé par le directeur de la photographie Russell Metty et du compositeur Frank Skinner. Même s’il ne bénéficie pas encore de la grande liberté et des moyens dont il jouira après ce film jusqu’à la fin de sa carrière hollywoodienne, Douglas Sirk signe un chef d’oeuvre inoubliable, un mélodrame poignant, extraordinairement photographié en Technicolor.

Pourtant, à l’origine, Douglas Sirk n’était pas emballé à l’idée de réaliser le remake du film éponyme de 1935 mis en scène par John M. Stahl, même s’il n’avait pas vu le film original. Le cinéaste trouvait le roman de base (publié en 1929) de l’ancien pasteur protestant Lloyd C. Douglas trop mielleux. Il finit par accepter suite aux pressions (et par contrat) du studio Universal, mais ne peut pas revoir le scénario. Pour contrecarrer ce récit rocambolesque à souhait, il s’en remet aux couleurs de Russell Metty, qui créent une ambiance onirique et qui éloignent le film de tout réalisme. Rock Hudson fait des étincelles dans le rôle de Bob Merrick, riche playboy égocentrique, cynique, insensible, excentrique et indifférent à la nature humaine qui provoque le mal autour de lui sans s’en rendre compte. Croisant le chemin du peintre Edward Randolph (Otto Kruger), homme mystique et hors du commun qui va éveiller en lui l’envie de faire le bien, Bob Merrick va tenter d’expier ses erreurs passées au nom de l’amour, qu’il va découvrir en la personne d’une femme veuve et aveugle, dont il cause involontairement la mort de l’époux dans un accident. Vous suivez ? Il deviendra chirurgien et sauvera celle qu’il aime. A ses côtés, Jane Wyman, déjà bien installée à Hollywood, nommée quatre fois aux Oscars et lauréate de la précieuse statuette dorée en 1949 pour Johnny Belinda, bouleverse les spectateurs du début à la fin. L’alchimie entre les deux comédiens est évidente.

Malgré une histoire naïve, pour ne pas dire complètement improbable et surréaliste, l’audience demeure transportée par ce drame flamboyant et d’une infinie beauté, magistralement mis en scène et interprétée (n’oublions pas Barbara Rush et Agnes Moorehead) grâce à la magie de Douglas Sirk.

LE BLU-RAY

Le Secret magnifique est édité en combo par Elephant Films. Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un boîtier plastique. Le visuel de la jaquette est très élégant, tout comme le menu principal, fixe et musical. Ce titre rejoint la collection Douglas Sirk disponible chez Elephant, qui possède déjà dix titres à son actif.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une excellente présentation du Secret magnifique par Jean-Pierre Dionnet (13’). Producteur, scénariste, journaliste, éditeur de bande dessinée et animateur de télévision, notre interlocuteur, visiblement très inspiré et pour cause puisque Douglas Sirk est un de ses cinéastes favoris, replace ce long métrage dans la filmographie du réalisateur. Il en vient ensuite aux thèmes abordés dans Le Secret magnifique, en croisant habilement le fond avec la forme en indiquant que ce film est le catalyseur des mélodrames qui seront ensuite réalisés par Douglas Sirk. Le casting est évidemment passé au peigne fin, tout comme les fidèles collaborateurs du cinéaste, à savoir Frank Skinner à la musique et Russell Metty, directeur de la photographie.

Nous le disions précédemment, Douglas Sirk est un des réalisateurs fétiches de Jean-Pierre Dionnet. Ce dernier lui consacre un petit module de 9 minutes, dans lequel il parcourt rapidement les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches, les drames qui ont marqué sa vie, son regain de popularité dans les années 1970 grâce à la critique française et quelques réalisateurs (Fassbinder, Almodóvar) alors que le cinéaste, devenu aveugle, était à la retraite en Allemagne.

L’Image et le son

Quoi de mieux que de redécouvrir les films hollywoodiens de Douglas Sirk dans des copies entièrement remastérisées ? En effet, si le réalisateur apportait déjà un soin tout particulier aux couleurs et à la photographie de ses films, il va sans dire qu’aujourd’hui, grâce à cette splendide restauration dont bénéficie Le Secret magnifique, le film profite doublement de cette cure de jouvence. L’attention apportée à chaque détail de l’image est à couper le souffle. Le Technicolor offre une large palette de couleurs qui souligne la beauté des comédiens, des décors et des paysages (Sirk filme beaucoup en extérieur), d’un objet ou d’un vêtement porté par Rock Hudson ou Jane Wyman. La définition est irréprochable et la compression idéale. Naturellement, ce Blu-ray au format 1080p respecte le grain original, la copie est stable et quasi-immaculée, la photo légèrement diffuse de Russell Metty flatte les rétines et la clarté est indéniable. Certains effets de pompage découlent des partis pris et ne gênent évidemment en rien le visionnage.

L’éditeur met à disposition deux pistes sonores en mono 2.0. Si le doublage français d’époque est réussi, c’est au niveau de la musique et des ambiances de fond que ça coince. En effet le tout manque d’ampleur et de clarté au niveau de la composition de Frank Skinner et des effets annexes. Tout le mérite revient à la piste originale, dynamique et vivante tout du long, sans souffle, qui permet d’apprécier un excellent mixage des dialogues avec la musique, dès le générique d’ouverture.

Crédits images : © Universal Pictures / Elephant Films / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Baccalauréat, réalisé par Cristian Mungiu

BACCALAURÉAT (Bacalaureat) réalisé par Cristian Mungiu, disponible en DVD et Blu-ray le 12 avril 2017 chez Le Pacte

Acteurs : Adrian Titieni, Maria-Victoria Dragus, Rares Andrici, Lia Bugnar, Malina Manovici, Vlad Ivanov

Scénario : Cristian Mungiu

Photographie : Tudor Vladimir Panduru

Durée : 2h07

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Romeo, médecin dans une petite ville de Transylvanie, a tout mis en œuvre pour que sa fille, Eliza, soit acceptée dans une université anglaise. Il ne reste plus à la jeune fille, très bonne élève, qu’une formalité qui ne devrait pas poser de problème : obtenir son baccalauréat. Mais Eliza se fait agresser et le précieux sésame semble brutalement hors de portée. Avec lui, c’est toute la vie de Romeo qui est remise en question quand il oublie alors tous les principes qu’il a inculqués à sa fille, entre compromis et compromissions…

Pour Baccalauréat, son cinquième long métrage, le réalisateur Cristian Mungiu, révélé par 4 mois, 3 semaines, 2 jours qui lui a valu une Palme d’Or méritée en 2007, s’inspire une fois de plus de faits réels. A l’instar de son précédent film Au-delà des collines, le cinéaste souhaite à travers le drame réaliser une radiographie de la Roumanie d’aujourd’hui, toujours gangrenée par la corruption, qui tente encore de se remettre des années Ceauşescu.

Prenant comme partis pris de ne pas être catégorique dans ses jugements ni de tenter d’identifier les coupables, Cristian Mungiu livre une oeuvre tendue comme un « thriller social » et l’on pense tout du long au cinéma de Michael Haneke (notamment le fabuleux Caché), des frères Dardenne (coproducteurs du film d’ailleurs) et d’Asghar Fahradi. Comme ces derniers, Cristian Mungiu laisse au spectateur le choix de se faire sa propre opinion sur les agissements des personnages. Où est le bien ? Où est le mal ? Qui a raison ? Qui a tort ? Le réalisateur indique « Baccalauréat est une histoire sur les compromis et les principes, sur les décisions et les choix, sur l’individualisme et la solidarité mais aussi sur l’éducation, la famille et sur le vieillissement. C’est l’histoire d’un parent qui se demande ce qui est le mieux pour son enfant, si son enfant devrait être préparé à devenir un survivant dans le monde réel ou s’il devrait se battre pour être toujours honnête et changer le monde autant qu’il le peut ».

Romeo (Adrian Titieni, bouleversant), la cinquantaine, père aimant et responsable, est chirurgien. Son mariage est en crise et il fait chambre à part avec sa femme. Il a une jeune maîtresse. Mais sa seule obsession est de sauver sa fille Eliza (Maria-Victoria Dragus, vue dans Le Ruban blanc de Michael Haneke) de l’avenir peu reluisant qui s’offre à elle si elle devait faire sa vie en Roumanie. Si elle obtient une moyenne de 18 à son bac, elle pourra bénéficier d’une bourse qui lui permettra de quitter le pays pour aller étudier dans une université prestigieuse en Angleterre. Une affaire faite pour cette élève très douée. Mais la veille des examens, l’adolescente est agressée dans un chantier près de la fac. Blessée, choquée, démotivée, elle hésite alors à se présenter à la première épreuve le lendemain matin. Toutefois, Romeo est prêt à tout. Il se tourne alors vers un patient en attente d’une greffe de foie. Influent, ce dernier lui promet d’intervenir afin de corrompre le correcteur des copies. Baccalauréat repose sur une montée de tension palpable et progressive qui prend le spectateur – placé en tant que témoin – aux tripes pour ne plus le lâcher. Quelques secrets cachés éclatent au grand jour et fragilisent les relations au sein de la famille. Que faire ? Que dire ? Le ton monte, le personnage principal, Roméo, médecin réputé, dont Mungiu adopte le point de vue, se trouve constamment face à un dilemme, pris dans une spirale infernale d’entrée de jeu (une fenêtre brisée par une pierre lancée par un inconnu) et se retrouve à utiliser les armes dont il dispose pour enfreindre la loi, dans le seul but d’aider sa fille.

A travers ces conflits intérieurs, le réalisateur dresse un constat pessimiste de son pays et de la perte de confiance de ses habitants. Avec une mise en scène implacable en plans-séquences, une structure virtuose en engrenages, un scénario brillant et le jeu intense de ses merveilleux comédiens magistralement dirigés, Baccalauréat, tout comme les œuvres précédentes de Cristian Mungiu, implique le spectateur qui s’identifie immédiatement aux personnages féminins et masculins, adultes et ados, et c’est là toute la force de son cinéma. Une oeuvre captivante et saisissante sur l’amour et le libre-arbitre, justement récompensée par le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 2016.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Baccalauréat, disponible chez Le Pacte, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Après avoir (re)vu Baccalauréat, dirigez-vous immédiatement sur la section des suppléments qui propose un entretien fondamental entre Cristian Mungiu et Michel Ciment, directeur de la revue Positif (45’). Les deux hommes échangent en français sur la genèse du film, l’écriture du scénario (plusieurs faits divers reliés par un fil rouge), les personnages, les thèmes, les points de vue, la mise en scène, le rapport au spectateur, l’usage du son et l’absence de musique, le casting, les décors, le cadre. Tous ces sujets sont abordés longuement et de manière passionnante. Les cinéphiles amateurs de l’oeuvre de Cristian Mungiu ne devront pas manquer ce rendez-vous.

S’ensuivent deux scènes coupées (4’). La première se focalise sur Eliza qui demande à son petit ami Marius de la déposer au centre d’examens le lendemain matin. Ce dernier réagit en lui rappelant qu’elle serait amenée à quitter le pays, et donc lui aussi, si elle devait réussir son baccalauréat. Cela laisserait supposer que l’accusation de Romeo a l’égard de Marius est peut-être justifiée et que le jeune homme aurait peut-être préféré ne pas intervenir lors de l’agression en pensant que cela inciterait Eliza à rester en Roumanie. La deuxième scène montre Romeo et sa maîtresse Sonia le soir, ramenant le chien qu’ils ont percuté en voiture et qu’ils essayent de soigner. Le couple s’embrasse, mais un bruit suspect interrompt le baiser, comme si quelqu’un les observait.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080p. Baccalauréat bénéficie d’un superbe traitement de faveur avec ce master HD élégant. Les contrastes sont à l’avenant, la luminosité des scènes diurnes est éclatante, le piqué acéré y compris en intérieur, les noirs sont denses, le codec AVC solide. Evidemment, la propreté est de mise, les détails foisonnent aux quatre coins du cadre, et hormis quelques saccades notables sur divers mouvements de caméra, la colorimétrie demeure agréablement naturelle, précise et classe.

Baccalauréat est disponible en versions française et roumaine DTS-HD Master Audio 5.1. Il n’y a rien à redire du point de vue dynamique et de la vivacité des dialogues. Les deux mixages sont harmonieux, même si la version originale est évidemment largement conseillée et plus naturelle, respectent l’ambiance intimiste du film, se révèlent fluide et créent un confort acoustique plaisant. Quelques ambiances et effets se font bien entendre sur les latérales, mais l’ensemble demeure anecdotique, surtout que le film se trouve totalement dépourvu de musique. Les sous-titres français sont imposés sur la piste roumaine et le changement de langue est verrouillé à la volée. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Le Pacte / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Le Sous-marin de l’apocalypse, réalisé par Irwin Allen

LE SOUS-MARIN DE L’APOCALYPSE (Voyage to the bottom of the sea) réalisé par Irwin Allen, disponible en DVD et Blu-ray le 4 avril 2017 chez Rimini Editions

Acteurs : Walter Pidgeon, Robert Sterling, Joan Fontaine, Peter Lorre, Barbara Eden, Frankie Avalon

Scénario : Irwin Allen, Charles Bennett

Photographie : Winton C. Hoch

Musique : Paul Sawtell, Bert Shefter

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Commandé par l’Amiral Nelson, le Sea View est un sous-marin nucléaire révolutionnaire. En plongée dans l’océan Arctique, le bâtiment est victime d’un éboulement de glace. Le retour à la surface offre un spectacle terrifiant. Victime d’un réchauffement soudain, la Terre sera bientôt impropre à toute forme de vie. Dans leur course pour sauver la planète, l’amiral et son équipage vont devoir affronter mille dangers, entre monstres marins et sous-marins ennemis.

Beaucoup de téléspectateurs connaissent la série TV Voyage au fond des mers, créée et produite par Irwin Allen (1916-1991), soit 110 épisodes réalisés de 1964 à 1968 et diffusés sur la chaine américaine ABC. Mais l’audience n’est peut-être pas au courant que cette série découle du long métrage Le Sous-marin de l’apocalypseVoyage to the bottom of the sea, réalisé par le même Irwin Allen en 1961. Grand producteur spécialisé dans les films fantastiques et d’aventures, on lui doit notamment Cette mer qui nous entoure (1952, Oscar du meilleur documentaire), Le Monde perdu (1960), Cinq semaines en ballon (1962), La Cité sous la mer (1969), qu’il a lui-même réalisé, sans oublier la série Perdus dans l’espace (1965), ainsi que les chefs d’oeuvre L’Aventure du Poséidon de Ronald Neame (1972) et La Tour infernale de John Guillermin (1974). Ce qui revient souvent dans cette filmographie c’est la fascination d’Allen pour la mer et ses secrets, ainsi que les grands spectacles directement hérités des récits de Jules Verne.

Le Sous-marin de l’apocalypse ne fait pas exception à la règle et s’avère une savoureuse relecture de Vingt mille lieues sous les mers coécrite par Irwin Allen et Charles Bennett (Les 39 marches, L’Homme qui en savait trop). Le personnage de Walter Pidgeon, génial inventeur du sous-marin, mais que ses subordonnés suspectent de tomber progressivement dans la folie, n’est pas sans rappeler celui du Capitaine Nemo. La fin du monde semble approcher à grands pas. En effet, une ceinture radioactive incandescente cerne la Terre, la menaçant d’une destruction totale et définitive. Alors que son bâtiment croise dans les eaux de l’océan Arctique, l’amiral Nelson, le commandant d’un sous-marin atomique chargé de procéder à des essais nucléaires sous les glaces du pôle Nord, apprend la terrible nouvelle. Pour lui, il n’existe qu’une seule solution : briser le cercle infernal de la ceinture de Van Allen au moyen d’un missile tiré depuis le pôle magnétique. Il fait part de son idée aux autorités de son pays, mais celles-ci tergiversent. Las d’attendre le feu vert de ses supérieurs, Nelson décide de passer à l’action. Imaginez Walter Pidgeon, Joan Fontaine et Peter Lorre en uniforme bien repassé, dos droit et regard plissé, les derniers espoirs de l’humanité sur le point d’être anéantie par un phénomène météorologique ! Tout ce beau monde, y compris Barbara Eden, Robert Sterling, Michael Ansara et même Frankie Avalon qui pousse également la chansonnette du générique d’ouverture, sont réunis dans leur sous-marin dernier cri avec sa forme de cigare argenté et ses huit hublots moulés dans son nez de verre.

Le Sous-marin de l’apocalypse est un savoureux film de science-fiction vintage, très bien fait, avec des effets spéciaux rétro qui tiennent encore bien la route (la pieuvre et le poulpe géants, les modèles réduits), tout comme l’interprétation haut de gamme et la belle photo de Winton C. Hoch, fidèle collaborateur de John Ford. Considéré comme un film catastrophe avant l’heure, Voyage to the bottom of the sea reste un formidable film d’aventure bien rythmé, aux nombreuses péripéties, doublé d’un message écolo sur le réchauffement climatique (même si la planète est finalement sauvée grâce au nucléaire) qui interpelle probablement beaucoup plus les spectateurs d’aujourd’hui que ceux de l’époque, ce qui ajoute une plus-value à ce long métrage devenu culte avec les années et qui demeure très prisé des cinéphiles.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Sous-marin de l’apocalypse, disponible chez Rimini Editions, repose dans boîtier classique de couleur bleue. Le visuel de la jaquette est très élégant, entre le rouge du ciel enflammé et le bleu limpide des profondeurs des océans. Le menu principal est animé sur des images du film et la chanson de Frankie Avalon « Voyage to the bottom of the sea » qui ouvre le film.

L’éditeur joint un excellent module rétrospectif sur le film, écrit et réalisé par le journaliste Alexandre Jousse (18’) et produit par l’équipe de Rimini Editions. Dans les coursives du Seaview revient habilement sur tous les aspects du Sous-marin de l’apocalypse, à travers un montage soigné et une réalisation dynamique. Les propos sont clairs et précis, parfois accompagnés d’animations 3D pour expliquer comment les prises de vues ont été effectuées avec les modèles réduits ou sous l’eau. Alexandre Jousse explore la genèse du film d’Irwin Allen, le casting, l’élaboration des décors, les effets spéciaux, aborde la carrière du cinéaste-producteur, passe en revue les références à Jules Verne et à l’actualité de l’époque, sans oublier l’accueil triomphal du film à sa sortie. Il n’oublie pas de parler de la série Voyage au fond des mers tirée du film trois ans après sa sortie, tout comme le merchandising qui a accompagné ce succès. Quelques storyboards, dessins préparatoires viennent même illustrer cette excellente présentation à ne pas manquer.

L’Image et le son

Grâce à un codec AVC de haute tenue, le Blu-ray du Sous-marin de l’apocalypse proposé au format 1080p, permet aux spectateurs de redécouvrir totalement les incroyables décors du film. Si l’on excepte quelques séquences plus douces que d’autres ou au grain plus appuyé (sur les plans de plongée sous-marine ou les projections) nous nous trouvons devant une image qui ne cesse de flatter les rétines. Issue d’une restauration solide, cette copie HD est d’une stabilité à toutes épreuves. La propreté est indéniable, les couleurs retrouvent une vraie vivacité (rouges éclatants dès le générique), le piqué est joliment acéré et les détails sont probants sur le cadre large. Certes les effets spéciaux optiques ont pris un petit coup de vieux, mais le découpage est net et sans bavure, l’ensemble est homogène et d’une indéniable élégance. Si les contrastes auraient pu être légèrement revus, revoir Le Sous-marin de l’apocalypse dans ces conditions a de quoi ravir les cinéphiles.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage LPCM 2.0. Le confort acoustique est largement assuré dans les deux cas. L’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis, même si l’ensemble manque plus de vivacité sur la piste française. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue se fait grâce au menu pop-up.

Crédits images : © Twentieth Century Fox / Rimini Editions / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Cigarettes et chocolat chaud, réalisé par Sophie Reine

CIGARETTES ET CHOCOLAT CHAUD réalisé par Sophie Reine, disponible en DVD et Blu-ray le 18 avril 2017 chez Diaphana

Acteurs : Gustave Kervern, Camille Cottin, Héloïse Dugas, Fanie Zanini, Thomas Guy, Franck Gastambide

Scénario : Sophie Reine, Gladys Marciano

Photographie : Renaud Chassaing

Musique : Sébastien Souchois

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Denis Patar est un père aimant mais débordé qui se débat seul avec l’éducation de ses filles, Janine, 13 ans et Mercredi, 9 ans, deux boulots et une bonne dose de système D. Un soir, Denis oublie, une fois de trop, Mercredi à la sortie de l’école. Une enquêtrice sociale passe alors le quotidien de la famille Patar à la loupe et oblige Denis à « un stage de parentalité ». Désormais, les Patar vont devoir rentrer dans le rang…

On dirait que le Festival de Sundance fait des émules dans nos contrées ! Cigarettes et chocolat chaud est le premier long métrage de Sophie Reine, monteuse de profession, ayant oeuvré sur les très réussis Ma vie en l’air, Le Temps des porte-plumes, J’ai toujours rêvé d’être un gangster, Foxfire, confessions d’un gang de filles, My Sweet Pepper Land et récompensée par un César pour Le Premier jour du reste de ta vie. Une carrière riche et éclectique qui l’a conduite vers la mise en scène. Son premier court-métrage Jeanine ou mes parents n’ont rien d’exceptionnel (2010) démontre déjà un univers constitué de collages, d’animations, de couleurs sur fond de crise familiale. Sophie Reine attendra six années avant de passer au long-métrage avec Cigarettes et chocolat chaud, prolongement et approfondissement de son précédent travail cinématographique.

Extrêmement foutraque, mais très attentionné, Denis Patar est un paternel épatant, mais débordé qui se débat pour élever et éduquer ses deux fillettes Mercredi et Janine, depuis la mort de son épouse. Compressé par plusieurs boulots alimentaires, ce veuf rate, une fois de trop, la sortie d’école de sa fille Mercredi (c’est son prénom) de 9 ans, interprétée par la jeune Fanie Zanini, confondante de naturel, qui se retrouve au commissariat. Cette garde d’enfant à vue va entraîner l’entrée en scène d’une enquêtrice sociale. S’il veut conserver la garde de ses enfants, Denis va devoir suivre un stage de responsabilisation parentale. Comme très souvent pour une première oeuvre, Cigarettes et chocolat chaud foisonne d’idées – certaines inspirées par la propre enfance de la réalisatrice, passée dans un appartement parisien où le bordel était roi – et Sophie Reine s’avère très généreuse envers les spectateurs, quitte à créer un trop-plein.

La photo éclatante et colorée du chef opérateur Renaud Chassaing, les costumes et les décors plongent l’audience dans un monde singulier, celui de la famille Patar, qui a su rester optimiste et liée malgré le drame qui l’a touchée. Ce film très attachant part un peu dans tous les sens, mais cela traduit en même temps la façon de vivre des Patar. A mi-chemin, l’histoire se focalise sur la fille aînée atteinte du Syndrome Gilles de la Tourette, qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Mais cette fois encore, cela reflète le fait que le père (génial Gustave Kervern) est tellement désorganisé dans sa façon de vivre et de s’occuper de ses deux enfants, qu’il ne s’est même pas rendu compte des nombreux tics qui agitent sa fille Janine (Héloïse Dugas, jolie révélation). Il faudra un électrochoc, l’arrivée d’une enquêtrice (l’excellente Camille Cottin), pour que Denis fasse le tri dans sa vie, parvienne à faire son deuil, pour mieux s’occuper de ses enfants et penser à lui.

Cigarettes et chocolat chaud s’inscrit dans ce genre de comédies américaines et anglaises du style Little Miss Sunshine et Captain Fantastic, une sensibilité Sundance comme nous le disions en début de critique, un film qui fait du bien, qui fait chaud au coeur, avec des personnages bourrés de charme menés par un Gustave Kervern nounours en diable. A la fin, il n’est pas interdit de fredonner Cigarettes and chocolate milk de Rufus Wainwright, chanson qui a inspiré le titre du film (et qui le clôt), qui devient comme qui dirait l’hymne entêtant et caractéristique de la famille Patar et de cette chronique irrésistible, fantaisiste, tendre et poétique.

LE DVD

Le DVD de Cigarettes et chocolat chaud, disponible chez Diaphana, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film et la jaquette reprend le visuel de l’affiche du film.

Malgré le petit score du film dans les salles, Diaphana prend soin du service après-vente de Cigarettes et chocolat chaud, en livrant tout d’abord un making of (31’) très sympathique, composé de nombreuses images de tournage et de propos de l’équipe. On y voit Sophie Reine à l’oeuvre avec ses comédiens, tandis que ces derniers reviennent sur l’histoire et les personnages. Quelques images montrent les bouts d’essai des acteurs, ainsi que la préparation des décors et des costumes.

S’ensuit la court-métrage Jeanine ou mes parents n’ont rien d’exceptionnel, réalisé par Sophie Reine en 2010, avec Denis Ménochet et Léa Drucker. Jeanine, 10 ans, n’en peut plus de ses parents, anciens hippies, qui ne pensent qu’à s’amuser. Afin d’accéder à la vie « carrée et organisée » à laquelle elle rêve elle s’inscrit en cachette à un concours de gymnastique. Comme nous l’indiquons dans notre critique de Cigarettes et chocolat chaud, les thèmes et les bases formelles du long métrage de Sophie Reine sont déjà posés dans cet excellent Jeanine ou mes parents n’ont rien d’exceptionnel.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce du film, une autre alternative, ainsi qu’un petit questionnaire auquel se sont pliés les quatre comédiens principaux.

L’Image et le son

Seule l’édition DVD a pu être testée. Evidemment, le piqué n’est pas aussi pointu qu’en Blu-ray et la colorimétrie peut avoir tendance à baver quelque peu, mais cette édition SD s’en tire avec les honneurs. Les contrastes sont corrects, les détails plaisants et l’encodage suffisamment solide pour pouvoir faire profiter de la photographie de Renaud Chassaing (Pattaya, Présumé coupable). La clarté est appréciable, les teintes chaleureuses et solaires. Notons toutefois quelques baisses de la définition.

Outre une piste Audiodescription et des sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant, la version Dolby Digital 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets, la musique et les ambiances. Quelques séquences auraient peut-être mérité d’être un peu plus dynamiques ou les dialogues parfois quelque peu relevés quand la partition s’envole. Le caisson de basses s’invite également à la partie, notamment lors de la fête finale. La piste Stéréo est de fort bon acabit et contentera largement ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière.

Crédits images : © Mandarin Cinema / Alexis COTTIN / Diaphana / Captures du DVD :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / La Levée des tomahawks, réalisé par Spencer Gordon Bennet

LA LEVÉE DES TOMAHAWKS (Brave Warrior) réalisé par Spencer Gordon Bennet, disponible en DVD le 23 mars 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Jon Hall, Christine Larsen, Jay Silverheels, Michael Ansara, Harry Cording, James Seay

Scénario : Robert E. Kent

Photographie : William V. Skall

Musique : Mischa Bakaleinikoff

Durée : 1h09

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

1812 dans l’Indiana. Un nouveau conflit menace de naître entre les Etats Unis et L’Angleterre. Un radeau américain destiné à ravitailler les tribus Shawnee en sel est attaqué par les Anglais, ceux-ci en massacrent les occupants et coulent la cargaison. Cet acte est commandité par Shayne Mac Grégor, riche commerçant en fourrures à Vincennes. Au camp Shawnnee, las des promesses non tenues la révolte gronde, la division éclate entre le chef Tecumseh et son frère surnommé « Le Prophète ». Ce dernier veut déterrer la hache de guerre contre les Américains. Le gouverneur de l’état William Henry Harrison, afin d’éviter une nouvelle guerre, engage Steve Rudell ami d’enfance de Tecumseh. Steve propose alors à Tecumseh de bâtir une ville nouvelle :  » Tippecanoe  » avec une école pour les enfants, ce qui permettra de rapprocher les contacts pacifiques entre blancs et indiens.
De son côté, Mac Grégor prépare avec l’aide du prophète et des Anglais, une embuscade destinée à anéantir les troupes américaines venues pour établir leur quartier général dans la ville de Vincennes.

Spencer Gordon Bennet (1983-1987) demeure un des plus grands spécialistes de la série B du cinéma américain. Prolifique et éclectique, on lui attribue plus de 120 films tournés entre 1921 et 1966. Habitué des serials, ce réalisateur était capable de livrer une demi-douzaine de films par an dans les années 1920 jusqu’à l’entrée des Etats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Dans sa filmographie, tous les genres y sont passés, en particulier les westerns, les films d’aventures et de science-fiction. Zorro, le vengeur masqué (1944), Superman (1948), Batman & Robin (1949), Le Sous-marin atomique (1959), restent ses œuvres les plus marquantes. Sur sa tombe, les studios lui ont rendu un dernier hommage en y faisant graver « King of Serial Directors, his final chapter ». La Levée des tomahawksBrave Warrior est un de ses cinq films tournés et sortis en 1952.

Ce petit western mis en scène avec peu de moyens, montre le savoir-faire du cinéaste pour emballer une aventure qui prend de très grandes libertés avec l’Histoire, afin de proposer aux spectateurs un récit aux personnages attachants, des archétypes où les gentils le sont vraiment, tout comme leurs adversaires que rien ne peut racheter, afin de ne pas compliquer les choses, pour aller à l’essentiel en à peine 70 minutes. Le lieu (la ville de Vincennes, Indiana), et le conflit en cours (les Anglais qui menacent les Américains, les Indiens Shawnees qui se retrouvent au milieu) sont exposés au moyen d’une carte dès le prologue. Spencer Gordon Bennet et son scénariste Robert E. Kent n’ont aucun scrupule pour remanier l’Histoire à leur guise et montrer de vrais héros américains, en paix avec les Indiens – ils leur fournissent même le sel nécessaire à la conservation de leur nourriture, afin de les remercier de leur avoir cédé leurs terres situées le long de la rivière Tippecanoe – jusqu’à ce que ces maudits Anglais essayent de contrecarrer leur expansion. Les Indiens Shawnees eux-mêmes vont se retrouver face à un dilemme puisque le guerrier surnommé « Le Prophète » (Michael Ansara) décide de se rebeller contre les Américains, tandis que son frère, le pacifiste Tecumseh (Jay Silverheels), qui admire la civilisation des Blancs et amoureux d’une Américaine, Laura (Christine Larsen), tente de ramener la paix dans la région. Mais les Anglais sont fourbes et vont user de stratagèmes, ainsi que de l’aide d’Américains qui ont rallié leur cause (dont le père de Laura), pour déclencher une guerre sur le sol de l’Oncle Sam, afin de mieux en récolter les fruits.

Comme il en a toujours eu l’habitude, Spencer Gordon Bennet soigne sa mise en scène, du moins autant que son budget restreint lui permettait de le faire, et se concentre avant tout sur les personnages et un beau Technicolor. De ce fait, les anachronismes, les décors carton-pâte, les costumes médiocres (les Indiens semblent affublés d’un pyjama) passent « mieux » à l’écran. Production modeste, La Levée des tomahawks repose sur un casting solide avec notamment Jon Hall, découvert dans quelques séries B d’aventures aux titres explicites Pago-Pago, île enchantée, Aloma, princesse des îles ou bien encore The Tuttles of Tahiti, avant de devenir une star avec les formidables La Vengeance de l’Homme Invisible et L’Agent invisible contre la gestapo.

La Levée des tomahawks se regarde comme on lit un roman d’aventures vintage à la couverture excitante, dont le contenu n’est sans doute pas à la hauteur des espérances, mais qui n’en demeure pas moins bourré de charme et extrêmement divertissant.

LE DVD

Le DVD de La Levée des tomahawks, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Point de Bertrand Tavernier à l’horizon, mais François Guérif a répondu présent à l’appel afin de présenter le film de Spencer Gordon Bennet. Pendant cinq petites minutes, le critique de cinéma, éditeur et directeur de la collection Rivages/Noir, rappelle qui est le réalisateur, avant d’évoquer tous les anachronismes et les grandes libertés (euphémisme) prises avec la véritable histoire et les personnages réels. S’il dit que La Levée des tomahawks demeure une curiosité, François Guérif insiste bien sur le fait que tous les événements évoqués dans le film sont faux.

De son côté, Parick Brion est plus magnanime avec le film (7’). On apprend que La Levée des tomahawks est un film inédit dans les salles françaises, mais qu’il a bénéficié d’une sortie en Belgique en double-programme. Après avoir rappelé quelques grands titres du western sortis en 1952, l’historien du cinéma parle du réalisateur Spencer Gordon Bennet, du casting du film et indique que La Levée des tomahawks est rare et s’estime très heureux de pouvoir le présenter aux spectateurs grâce à cette édition DVD.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos.

L’Image et le son

Le catalogue de Sidonis s’enrichit ainsi avec l’édition de La Levée des tomahawks, jusqu’alors inédit en France et se revêt d’un beau master (1.33, 16/9) restauré. La photo et les partis pris esthétiques originaux sont très bien conservés, les contrastes certes un peu légers et les couleurs parfois pastelles, mais le générique affiche d’emblée une stabilité bienvenue. La définition ne déçoit jamais, les poussières n’ont pas survécu au lifting numérique, hormis quelques points et tâches. Les scènes sombres et nocturnes sont logées à la même enseigne que les séquences diurnes, la profondeur de champ est appréciable, le grain cinéma est conservé même si certaines scènes apparaissent étrangement lisses et le piqué demeure vraiment agréable.

Que votre choix se porte sur la version originale (avec sous-titres français imposés) ou la version française, la restauration est également fort satisfaisante. Aucun souffle constaté sur les deux pistes, l’écoute est claire, frontale et riche, dynamique et vive. Les effets annexes sont plus conséquents sur la version originale que sur la piste française, moins précise, mais le confort acoustique est assuré sur les deux options. Le changement de langue est verrouillé à la volée.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Columbia Pictures / Captures du DVD :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr