Test Blu-ray / Arrow – Saison 5

ARROW– SAISON 5, disponible en DVD et Blu-ray  le 22 novembre 2017 chez Warner Bros.

Acteurs : Stephen Amell, Katie Cassidy, David Ramsey, Willa Holland, Paul Blackthorne, Emily Bett Rickards, John Barrowman, Colton Haynes, Manu Bennett, Caity Lotz, Susanna Thompson, Echo Kellum…

Musique : Blake Neely

Durée : 23 épisodes de 42 minutes

Date de sortie initiale : 2016-2017

LA SÉRIE

Après la mort de Laurel et le départ de Diggle et Thea de l’équipe, Oliver reste seul pour protéger les rues de Star City. Avec Felicity le guidant depuis le bunker, il est forcé de gérer une ville submergée à la fois de criminels et d’une bande de nouveaux et inexpérimentés justiciers. Mais il doit également concilier son statut de défenseur avec son nouveau poste de maire de la ville. Sa partenaire lui suggère de former une nouvelle équipe malgré son refus. Cependant, quand un nouveau criminel, Tobias Church, fait son apparition dans la métropole, Oliver réalise que Felicity avait raison et que la meilleure solution pour protéger les citoyens serait de créer une nouvelle équipe de super héros. Un peu plus tard vient s’ajouter un autre adversaire, Prometheus, un archer aussi doué qu’Oliver, qui semble le connaître et souhaite le discréditer aux yeux de la ville…

Arrow revient de loin ! Si la série avait su prendre son envol avec trois bonnes saisons, la quatrième avait décontenancé les téléspectateurs et la critique à cause d’une mise en scène affreuse, des histoires jamais intéressantes, l’histoire d’amour Olicity jugée trop niaise et surtout un badguy ridicule qui inspirait plus la pitié que la peur. C’est dire si la chute a été brutale. Voyant que l’audience s’était écroulée, la production et les showrunners ont su prendre en compte tous ces mauvais retours et surtout apprendre de leurs erreurs. Renouvelée pour une cinquième saison, Arrow renaît littéralement pour notre plus grand plaisir. Plus brutale, plus sombre, plus psychologique, cette cinquième saison atomise la précédente, à tel point qu’on en vient même à regretter que la série ne s’arrête finalement pas là, tant la boucle ainsi bouclée aurait été une parfaite conclusion.

Dans cette cinquième saison, les 23 épisodes s’avèrent brillants, passionnants, très bien réalisés, pleins de rebondissements, de combats chorégraphiés, de cascades et d’émotions jusqu’à un final épique où réapparaît Deathstroke. Stephen Amell n’a jamais été aussi bon dans le rôle (et pourtant ce n’était pas gagné), la divine Emily Bett Rickards est toujours géniale, mais c’est surtout le « méchant » interprété par Josh Segarra, qui fait oublier le pathétique et improbable Neal McDonough aka Damien Darhk de la saison 4, qui tire ici son épingle du jeu. Suintant, charismatique, cruel et en même temps finalement empathique, c’est une sacrée révélation. La team Arrow s’est parfaitement renouvelée avec de nouveaux personnages qui s’intègrent bien à l’univers et qui apportent un vrai vent de fraîcheur à l’ensemble.

Aux côtés des stars du show, même si la toujours sexy Willa Holland est le personnage réellement sacrifié de cette saison, d’autant plus qu’elle ne participe plus (ou presque) à l’action, Echo Kellum apporte beaucoup d’humour dans le rôle de l’équivalent de Felicity Smoak au masculin. A la fois nouvelle tête pensante et homme de terrain, Curtis Holt essaye d’aider ses amis en prenant l’identité de Mr Terrific. S’il a encore beaucoup de chemin à faire du point de vue combat, ses inventions technologiques apportent une aide non négligeable à l’équipe dans leur quête pour sauver Star City. Citons également Rick Gonzalez aka Rene Ramirez ou bien encore Wild Dog, Juliana Harkavy, excellente et bad-ass nouvelle Black Canary qui avait déjà peu à faire pour effacer Katie Cassidy – gros point noir de la série, mais qui est quand même présente dans une poignée d’épisodes – de nos mémoires. La nouvelle bande est également constituée du méta-humain Rory Regan/Ragman, interprété par le prometteur Joe Dinicol, ainsi que d’Evelyn Sharp/Artemis, incarnée par la jeune Madison McLaughlin. Moins d’apparitions (et la dernière) de John Barrowman, alias Malcolm Merlyn ou bien encore Ra’s al Ghul, qui intervient seulement dans quatre épisodes. L’association Oliver Queen / John Diggle reprend également du poil de la bête comme dans les deux premières saisons, Paul Blackthorne ou plutôt Quentin Lance, retrouve également un personnage plus consistant en tant qu’adjoint en maire, bref tout est bon dans cette saison.

Entre les soucis à la mairie de la ville, les truands qui ne reculent devant rien et qui débordent d’imagination pour s’emparer de Star City (dont un nouveau justicier violent et aux méthodes radicales qui œuvre sous le nom de Vigilante), plus ce nouvel ennemi impitoyable, Prometheus, qui a décidé de mettre Green Arrow face à son passé d’assassin impitoyable, Oliver Queen a de quoi faire et donc ses nouveaux partenaires ne seront point de trop pour lui donner un coup de pouce. Et pour une fois, les flashbacks omniprésents s’avèrent très intéressants puisqu’ils se focalisent sur les débuts d’Oliver en tant que membre de la Bratva et surtout dans le costume d’Arrow, en Russie, où il affronte un impressionnant mafieux auquel le grand Dolph Lundgren prête ses traits, son mètre 96 et son accent de Rocky IV.

Dernière chose, pour son centième épisode (le huitième dans la saison 5), la production a mis le paquet avec un cross-over très réussi avec les séries Flash, Legends of Tomorrow et Supergirl. Depuis, Arrow semble avoir retrouvé les faveurs des téléspectateurs, même si les audiences de la sixième saison, actuellement en cours de diffusion aux Etats-Unis, ne parviennent pas à retrouver les sommets des trois premières.

LE BLU-RAY

La cinquième saison d’Arrow en Blu-ray, disponible chez Warner Bros., se compose de quatre disques placés dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La liste des épisodes apparaît au verso, tout comme celle des suppléments. Le menu principal est identique sur les quatre Blu-ray, fixe et musical, qui reprend le visuel de la jaquette.

L’interactivité est dispersée sur les quatre disques.

Blu-ray 1 : La Nouvelle équipe Arrow (10’) : Les créateurs et producteurs de la série font le point sur les grands changements de cette cinquième saison et plus particulièrement sur les nouveaux justiciers qui combattent aux côtés d’Oliver.

Une scène coupée de l’épisode 3 (1’) est également disponible.

Blu-ray 2 : Alliés : l’Invasion (13’) : Les mêmes protagonistes que dans le module précédent sont de retour pour évoquer cette fois le centième épisode de la série, également l’épisode central d’un cross-over avec les autres shows DC. Quelques spoilers dévoilent l’intrigue de ce huitième épisode.

Deux scènes coupées issues des épisodes 9 (1’) et 11 (30 secondes) sont aussi présentes sur ce disque.

Blu-ray 3 : Deux scènes coupées des épisodes 16 (1’10) et 17 (4’) sont proposées ici.

Blu-ray 4 : Débat du Comic-Con (27’) : C’est devenu le rendez-vous incontournable des éditions DVD-Blu-ray d’Arrow. L’éditeur joint la présentation de la nouvelle saison par toute l’équipe de la série, au Comic-Con de San Diego. L’occasion d’allécher les fans toujours présents et prêts à poser toutes leurs questions aux comédiens, tous très souriants et proches des spectateurs.

Retour aux racines de Arrow : Prometheus (15’) : Les comédiens et les créateurs de la série se penchent sur l’une des grandes réussites de la cinquième saison, l’adversaire d’Oliver Queen interprété par l’excellent Josh Segarra. Attention aux nombreux spoilers si vous n’avez pas encore vu cette saison !

L’interactivité se clôt sur un bêtisier amusant et sur deux scènes coupées (4’ au total) des épisodes 19 et 22.

L’Image et le son

Les épisodes sont proposés au format HD (1080p, AVC). Les couleurs sont froides, toujours marquées par quelques touches vertes, caractéristiques du personnage principal. Le piqué est acéré, les contrastes au top et la profondeur de champ très appréciable. Les séquences diurnes sont éclatantes et les scènes de nuit sont aussi bien définies. Warner Bros. met la barre haute et prend soin de l’arrivée de Arrow dans les salons avec même un léger et élégant grain typique du tournage avec la caméra Arri Alexa. Le résultat est superbe et la promotion HD indispensable.

Sans surprise, seule la version originale est livrée au format DTS-HD Master Audio 5.1. Privilégiez évidemment cette option qui instaure un confort acoustique digne des plus grands blockbusters avec une spatialisation tonitruante, des effets latéraux à foison, une percutante délivrance des dialogues et une balance frontale explosive. Mention également au caisson de basses très souvent sollicité dans les scènes d’action. Les réfractaires à la V.O. devront se contenter d’une toute petite VF Dolby Digital 2.0 Stéréo au doublage nian-nian souvent indigne de la série. Etrangement, les allemands disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1.

Crédits images : © Warner Bros. / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test DVD / It Comes at Night, réalisé par Trey Edward Shults

IT COMES AT NIGHT réalisé par Trey Edward Shults, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studios le 7 novembre 2017

Acteurs :  Joel Edgerton, Christopher Abbott, Carmen Ejogo, Riley Keough, Kelvin Harrison Jr., Griffin Robert Faulkner, David Pendleton…

Scénario : Trey Edward Shults

Photographie : Drew Daniels

Musique : Brian McOmber

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Alors que le monde est en proie à une menace terrifiante, un homme vit reclus dans sa propriété totalement isolée avec sa femme et son fils. Quand une famille aux abois cherche refuge dans sa propre maison, le fragile équilibre qu’il a mis en place est soudain bouleversé.

Etrange film que cet It Comes at Night, deuxième long métrage du jeune réalisateur, scénariste et producteur américain Trey Edward Shults, né en 1988, remarqué en 2016 avec Trisha, Prix de la critique à Deauville en 2015. Ayant fait ses classes auprès d’un certain Terrence Malick sur le tournage de The Tree of Life en tant qu’assistant cameraman, il s’inspire pour son second film de la mort de son père, qui l’a profondément affecté. It Comes at Night est né de ces questions sur la fin de vie, sur ses propres peurs, sur la transmission. Moins un film d’horreur qu’un drame intimiste et thriller psychologique, It Comes at Night déstabilise souvent et ne manque pas d’attraits, même si tout est loin d’être parfait.

Toujours affublé d’un masque à gaz, Paul vit reclus et isolé, avec femme et enfant, dans une maison en bois au milieu de la forêt. Il se voit dans l’obligation d’accueillir une famille chez lui, alors qu’un virus semble avoir mis à mal la civilisation telle qu’on la connaît. Il essaie d’instaurer certaines règles : il faut toujours sortir à deux, passer par la même porte et ne surtout pas s’aventurer dans le bois. Mais ces beaux principes sont mis à mal quand d’étranges événements se produisent.

« Lorsque tombe la nuit » comme nos amis québécois ont intitulé le film, ne révolutionne pas le genre. Voilà ça c’est dit. Il n’en a pas la prétention d’ailleurs. Mais son approche de la peur, celle liée à ses cauchemars, à l’inconnu, au noir et à ce qu’il renferme interpelle bel et bien. Si le rythme est souvent très (trop) lent, Trey Edward Shults a incontestablement le sens du cadre et de la grammaire cinématographique. Sur un postulat simple et bénéficiant d’un budget minuscule de 2,5 millions de dollars, le metteur en scène parvient à tirer profit de son décor limité, une cahute plantée au milieu de nulle part, de son intrigue serrée sur une demi-douzaine de personnages réunis dans la même habitation. Il peut également compter sur de très bons comédiens parmi lesquels se démarquent l’australien Joel Edgerton (Midnight Special, Bright), dont la présence inquiétante et ambigüe met souvent mal à l’aise, ainsi que Riley Keough (Mad Max: Fury Road, Logan Lucky), petite-fille d’Elvis Presley, qui commence à faire sa place à Hollywood.

Trey Edward Shults sait filmer et rendre menaçant une simple forêt en jouant sur les effets suggérés. La menace, puisque menace il y a, vient de l’extérieur et profite souvent de la nuit pour s’engouffrer dans le refuge de la famille principale. Aucun effet gratuit ni tape à l’oeil, la peur et l’angoisse des personnages sont contagieuses, surtout lorsque le réalisateur adopte le point de vue de l’adolescent de la famille, en prise avec ses visions d’horreur et ses premiers émois qu’il est obligé de réfréner. La « routine » de la famille de Paul est ainsi troublée par l’intervention d’un autre couple et de leur enfant. Comment réapprendre à faire confiance quand on a appris à se méfier de tout et de tout le monde ? Où s’arrête l’humanité et où commence l’animalité ? Les sens s’aiguisent dans cet espace fermé, les sentiments contradictoires se déploient et se confrontent, l’instinct de survie prime sur le reste, quitte à réaliser de mauvais choix que l’on pourra sans doute regretter après.

Avec sa photo ténébreuse signée Drew Daniels, ses changements de formats qui soulignent la détresse anxiogène des personnages, sa sécheresse qui rappelle parfois The Witch de Robert Eggers, par ailleurs produit par le même studio A24, It Comes at Night est un film post-apocalyptique maîtrisé, ambitieux, qui peut laisser froid et de marbre certains spectateurs, mais qui n’en demeure pas moins intéressant, au point qu’il n’a de cesse de mûrir encore bien après, et qui révèle surtout un jeune auteur prometteur.

LE DVD

Le DVD d’It Comes at Night, disponible chez TF1 Studio, repose dans un boîtier classique transparent. Changement de visuel par rapport à l’affiche originale, pour la sortie du film dans les bacs. Le menu principal est animé et musical.

Cette édition comprend un seul supplément, un making of de 28 minutes. Sans surprise, ce documentaire se compose d’interviews du réalisateur et des comédiens, ainsi que d’images de tournage. Trey Edward Shults intervient sur la genèse de son second long métrage, ses intentions et partis pris (le cadre, le son, le montage), tandis que les acteurs abordent les thèmes du film. Attention tout de même aux nombreux spoilers. Notons que le metteur en scène indique avoir enregistré un commentaire audio, non disponible sur le DVD français.

L’Image et le son

Pour la photo léchée de son film, Trey Edward Shults a demandé à son chef opérateur Drew Daniels de jouer avec les formats et les ambiances très sombres. Tourné en numérique avec la caméra numérique Arri Alexa XT, prenant comme partis-pris de restreindre le champ visuel, en usant des bords noirs comme dans une toile du Caravage dans les séquences de nuit, le directeur de la photographie plonge ainsi les personnages dans une pénombre froide et angoissante, en passant du format 2.35 au 2.55, jusqu’au format 3.00. Si nous devons vous donner un conseil, c’est de visionner It Comes at Night dans une pièce sans aucune luminosité, afin de mieux plonger dans l’ambiance. Le DVD édité par TF1 Studio restitue habilement la profondeur des contrastes, même si le résultat est forcément moins probant qu’en HD. Par ailleurs, certaines séquences apparaissent plus poreuses et l’on perd parfois en détails. Malgré ces menus défauts, le piqué reste ferme, les fourmillements limités. Ce master SD s’en tire avec les honneurs et contentera ceux qui ne seraient pas passés à la Haute Définition.

Les versions anglaise et française disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1 et Stéréo. La spatialisation satisfait amplement et fait sursauter aux moments opportuns grâce à ses effets latéraux et frontaux particulièrement fins. Le caisson de basses participe à cette immersion, les dialogues sont exsudés avec force sur la centrale et les ambiances naturelles et dérangeantes ne manquent pas. La piste anglaise s’en tire le mieux du point de vue richesse acoustique et ardeur, surtout du point de vue musical. Les versions Stéréo sont évidemment moins enveloppantes, mais de fort bonne facture. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français, destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mars Films / TF1 Studios / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / # Pire Soirée, réalisé par Lucia Aniello

# PIRE SOIRÉE (Rough Night) réalisé par Lucia Aniello, disponible en DVD chez Sony Pictures le 3 janvier 2018

Acteurs :  Scarlett Johansson, Kate McKinnon, Jillian Bell, Zoë Kravitz, Ilana Glazer, Paul W. Downs, Demi Moore, Ty Burrell, Colton Haynes…

Scénario : Lucia Aniello, Paul W. Downs

Photographie : Sean Porter

Musique : Dominic Lewis

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Cinq amies qui se sont connues à l’université se retrouvent dix ans après pour un week-end entre célibataires à Miami. Une seule règle : tout est permis. Mais avec ce qui arrive à un strip-teaseur à cause d’elles, la petite fête va partir en vrille… Que faire face à la gravité de la situation ? Comment s’en sortir ? D’idées stupides en solutions loufoques, c’est l’escalade dans le délire. Au final, si elles s’en sortent, les cinq filles seront plus proches que jamais…

S’il n’y avait pas eu cet incroyable interlude qu’était Under the Skin de Jonathan Glazer en 2013, on aurait presque pu croire que Scarlett Johansson ne pouvait plus jouer autre chose que la Veuve Noire chez Marvel, rôle qu’elle tient depuis 2010 et qu’elle a déjà interprété six fois. C’est en fait un peu faux, car elle était excellente dans le superbe Nouveau DépartWe Bought a Zoo de Cameron Crowe (2011) et se montrait très vulgaire dans le sympathique Don Jon de Joseph Gordon-Levitt (2013). Entre deux tournages, elle n’oublie pas de donner sa voix rauque à une intelligence artificielle dans Her de Spike Jonze (2013), qui lui vaut le Prix d’interprétation au Festival international du film de Rome (!), ainsi qu’au serpent Kaa dans la superbe adaptation du Livre de la jungle de Jon Favreau (2016). Non, nous n’évoquerons pas Lucy, le nanar de Luc Besson qui a engrangé près de 500 millions de dollars à travers le monde en 2014. Tout cela pour dire que Scarlett Johansson fait toujours partie du paysage cinématographique, qu’on le veuille (les mecs surtout) ou non (les filles en fait). En 2017, outre son rôle de Motoko Kusanagi dans la transposition de Ghost in the Shell (Zzz Zzzz Zzz) par Rupert Sanders, Scarlett a également été à l’affiche d’une comédie délirante, passée inaperçue en France, qui offre pourtant de très bons moments de franche rigolade. Cette comédie c’est # Pire Soirée, premier long métrage réalisé par Lucia Aniello.

Si l’on pense dans un premier temps à l’horrible EVJF Party, réalisé par Jason Friedberg et Aaron Seltzer, responsables des calamiteux Sexy Movie, Spartatouille, Disaster Movie, Mords-moi sans hésitation et Superfast 8, c’est plutôt le désormais culte Very Bad Things, mis en scène par Peter Berg en 1998, dans lequel des potes tuaient accidentellement une prostituée lors d’un enterrement de vie de garçon, qui a servi de référence au film de Lucia Aniello. # Pire Soirée reprend un peu le même canevas, on peut même parler de remake vu cette fois du point de vue des filles. Les comédiennes, venant d’horizon différent, sont parfaites de complémentarité et d’alchimie. Si Scarlett Johansson est un peu rigide par rapport à ses partenaires, on sent qu’elle est ici pour s’amuser, même si son talent comique a déjà été mieux exploité, dans Scoop de Woody Allen notamment. Toujours est-il que malgré l’investissement de la belle Zoë Kravitz, le jeu survolté de Jillian Bell, la lunaire Ilana Glazer et l’apparition de Demi Moore en voisine lubrique qui souhaite ne faire qu’une bouchée de cette bande de filles, c’est une fois de plus la géniale et pétillante Kate McKinnon qui se démarque.

L’actrice et humoriste, issue de la troupe du Saturday Night Live (ses performances lui ont valu un Emmy Award), imitatrice, musicienne, a déjà pu être aperçue par le public français dans le remake-reboot-suite de SOS Fantômes de Paul Feig et dans Joyeux Bordel ! de Josh Gordon et Will Speck. Deux films dans lesquels elle piquait facilement la vedette. Même chose ici. Hilarante, Kate McKinnon déclenche les rires à chaque apparition et le film vaudrait rien que pour elle.

Mais # Pire Soirée est aussi une bonne comédie. Bien rythmée, branchée sur cent mille volts et parfois teintée d’un humour noir très appréciable. Alors même si on a l’impression d’avoir déjà vu ça pas mal de fois au cinéma, on suit avec plaisir cette bande de nanas surexcitées qui tentent de se débarrasser d’un cadavre encombrant, un strip-teaseur invité à la fête, mort sur le coup après une chute, et qui se retrouvent en plus mêlées à une affaire de diamants volés. Oui, c’est n’importe quoi, mais c’est fendard, c’est bien fichu, efficace et c’est surtout bien divertissant.

LE DVD

Le test du DVD de # Pire Soirée, disponible chez Sony Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical. Aucune édition Haute-Définition en France en raison de son échec dans les salles.

La section des suppléments propose tout d’abord un petit clip de la chanson amusante de Kate McKinnon entendue dans la scène finale de # Pire Soirée, disponible ici en karaoké. Alors, suivez bien les lunettes-pénis et reprenez tous en choeur !

S’ensuivent quatre featurettes promotionnelles (18 minutes au total), centrées sur le casting, la collaboration de la réalisatrice Lucia Aniello et son scénariste/producteur/acteur Paul W. Downs, la difficulté pour le comédien Ryan Cooper d’interpréter…un cadavre, sans oublier les répétitions des actrices pour la séquence de danse. Les comédiens, la réalisatrice, les producteurs interviennent à tour de rôle (« amazing » par ci, « terrific » par là), les images de tournage montrent la bonne ambiance qui régnait sur le plateau et Kate McKinnon montre qu’elle est une reine de l’improvisation.

On termine par un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Pas de Blu-ray d’accord, mais DVD quatre étoiles ! Fidèle à sa réputation, Sony livre un master SD irréprochable. Les contrastes affichent une densité remarquable, le piqué est tranchant comme une lame de rasoir, les scènes diurnes sont éclatantes, la colorimétrie est bigarrée à souhait, la profondeur de champ est irréprochable. Le léger grain de la photo est respecté, les détails abondent sur le cadre large, bref, le transfert est resplendissant.

# Pire Soirée repose souvent sur les dialogues. Il n’est donc pas étonnant que les mixages anglais et français Dolby Digital 5.1 fassent la part belle aux enceintes frontales et à la centrale d’où émergent les voix des comédiens et les effets annexes. Dans les deux cas, la spatialisation est essentiellement musicale (voir toutes les séquences de fiesta) et, sans surprise, la version originale l’emporte sur son homologue de par son ampleur, son relief et sa dynamique. De même, les ambiances se révèlent plus riches, harmonieuses et naturelles sur la piste anglaise.

Crédits images : © Sony Pictures / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Les Hommes du feu, réalisé par Pierre Jolivet

LES HOMMES DU FEU réalisé par Pierre Jolivet, disponible en DVD chez Studiocanal le 7 novembre 2017

Acteurs :  Roschdy Zem, Émilie Dequenne, Michael Abiteboul, Grégoire Isvarine, Guillaume Labbé, Guillaume Douat…

Scénario : Pierre Jolivet

Photographie : Jérôme Alméras

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Philippe, 45 ans, dirige une caserne dans le Sud de la France. L’été est chaud. Les feux partent de partout et il se pourrait qu’ils soient l’oeuvre d’un pyromane. Arrive Bénédicte, adjudant-chef, même grade que Xavier, un quadra aguerri : tension sur le terrain, tensions aussi au sein de la brigade… Plongée dans la vie de ces grands héros : courageux face au feu, mais aussi en 1ère ligne de notre quotidien.

Les Hommes du feu est le seizième long métrage de Pierre Jolivet, réalisé en 32 ans de carrière. Même s’il n’a jamais connu les cimes du box-office, le réalisateur a pu compter sur quelques succès d’estime à l’instar de Ma petite entreprise (1999) et Je crois que je l’aime (2007), tous les deux avoisinant les 850.000 entrées. Nombreux de ses films ont également été boudés par le public, mais Pierre Jolivet a toujours persisté dans ses portraits de petites gens confrontés aux aléas de la vie (Fred, La Très très grande entreprise, Jamais de la vie) et surtout trouvé des financements envers et contre tous. Les Hommes du feu est une nouvelle chronique sociale. Attachant, mais bancal, très bien interprété, le nouvel opus de Pierre Jolivet ne manque pas d’atouts, mais pèche par sa facture télévisuelle et son approche semi-documentaire qui l’emporte sur la fiction.

Bénédicte, adjudant-chef, intègre une caserne de pompiers dans le sud de la France, dirigée par Philippe. Une région ravagée par de nombreux incendies, criminels ou non. Lors d’une mission pour un accident de la route, Bénédicte ne voit pas une victime qui reste dans le coma à l’hôpital. Touchée, elle pense à quitter la brigade alors que Philippe tente de la convaincre de rester.

Le projet des Hommes du feu remonte à 2012, des suites d’un fait divers survenu dans les Bouches-du-Rhône, au Plan d’Orgon, où un adolescent de 14 ans avait mis le feu à 400 hectares. Marqué par cet événement, ainsi que par un autre incendie qui s’était déclaré dans un village du Club Med où il résidait, Pierre Jolivet a ensuite entrepris des recherches auprès de psychologues, pour essayer de comprendre ce qui pouvait pousser un individu à déclencher volontairement un incendie. Ces études l’ont amené à rencontrer de nombreux pompiers, qui lui ont parlé de leur quotidien. Les Hommes du feu découle de ces cinq années de travaux réalisés en parallèle de ses derniers films. Malgré l’ambition du cinéaste, le film pèche par un récit mécanique qui aligne les interventions des pompiers, filmées comme un documentaire avec une caméra au plus près des personnages, avec les quelques moments de repos où les soldats du feu tentent d’avoir une vie « normale », puisqu’ils sont également mari, épouse, père ou mère.

Rien à redire sur les comédiens, qui tous convaincants. Roschdy Zem est impeccable dans la peau du capitaine de la caserne et signe par ailleurs sa sixième collaboration avec Pierre Jolivet. Dommage cependant que la quête de rédemption du personnage soit finalement prétexte, clichée et entraîne la scène la plus ratée – car trop écrite et au verbe pompier oh oh – du film dans le dernier acte. La toujours lumineuse Emilie Dequenne s’en tire également haut la main dans le rôle de Bénédicte, la nouvelle adjudant-chef, qui va devoir lutter pour s’imposer auprès de certains subalternes afin de se faire respecter. C’est le cas de Xavier, interprété par l’excellent Michaël Abiteboul, qui va se montrer froid et cynique, surtout après une erreur professionnelle de Bénédicte qui a failli coûter la vie à un accidenté, tout en mettant également en doute les compétences et l’avenir de la caserne.

Le quotidien est bien rendu, tout comme les interventions sur les accidents et incendies, spectaculaires, authentiques et évidemment supervisés par de véritables soldats du feu et capturés caméra à l’épaule. Le film est loin d’être désagréable et d’en-Jolivet (oh oh bis) la réalité, c’est juste qu’il est finalement assez (trop ?) commun, redondant et manque d’enjeux pour retenir l’attention sur 1h30. Si L.627 de Bertrand Tavernier lui servait de modèle pour l’immersion désirée, Pierre Jolivet se trouve quelque peu prisonnier de son dispositif et de ses intentions, au point où on finit par l’imaginer cocher chaque case du guide du « parfait pompier dans l’exercice de ses fonctions ». La solution aurait été de suivre de véritables pompiers pour un documentaire, plutôt que d’hésiter constamment, ce qui se ressent et donc ce qui en fait la faiblesse des Hommes du feu.

LE DVD

Un tout petit DVD pour Les Hommes du feu, disponible chez Studiocanal, qui ne bénéficie même pas d’une édition HD en raison de son échec dans les salles. Un menu fixe et muet d’un autre temps accueille le spectateur.

Heureusement, l’éditeur a quand même intégré un supplément, même s’il ne s’agit que d’un making of de 10 minutes. Classique, composé d’images de tournage et d’interventions de l’équipe, y compris des pompiers qui ont accueilli et conseillé le réalisateur et les comédiens, ce module s’attarde notamment sur la préparation des acteurs et le désir d’authenticité du réalisateur.

L’Image et le son

Même si Studiocanal a préféré faire l’impasse sur une édition Blu-ray, l’éditeur prend soin du film de Pierre Jolivet et livre un service après-vente tout ce qu’il y a de plus solide. Les partis-pris esthétiques du chef opérateur Jérôme Alméras (Retour à Montauk, Un homme à la hauteur) sont respectés et la colorimétrie habilement restituée. La clarté est de mise, tout comme des contrastes fermes et des noirs denses, un joli piqué et des détails appréciables sur l’ensemble des séquences en extérieur et du cadre large en général, y compris sur les gros plans des comédiens. Notons de sensibles pertes de la définition et des plans un peu flous, qui n’altèrent cependant en rien le visionnage. Un master SD élégant, propre et clair.

Studiocanal joint une piste Dolby Digital 5.1 qui instaure une spatialisation musicale indéniable, même si les basses manquent à l’appel. En dehors de cela, les ambiances naturelles et les effets annexes sont convaincants, surtout lors des séquences d’interventions, avec une très bonne balance frontales-latérales. De ce point de vue il n’y a rien à redire, les enceintes assurent tout du long, les dialogues étant quant à eux exsudés avec force par la centrale. La Stéréo n’a souvent rien à envier à la DD 5.1. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également de la partie, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © 2.4.7. Films / Roger Arpajou / Studiocanal / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Manon, réalisé par Henri-Georges Clouzot

MANON réalisé par Henri-Georges Clouzot, disponible en DVD aux Editions Montparnasse le 3 octobre 2017

Acteurs :  Michel Auclair, Cécile Aubry, Serge Reggiani, Andrex, Raymond Souplex, André Valmy…

Scénario : Henri-Georges Clouzot, Jean Ferry d’après le roman L’Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut de l’abbé Prévost

Photographie : Armand Thirard

Musique : Paul Misraki

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1949

LE FILM

Fin de la Seconde Guerre mondiale, dans un village français, la jeune Manon est accusée de collaboration avec les nazis. Sauvée du lynchage par le jeune Robert Dégrieux, les deux jeunes gens fuient à Paris où leur relation ne tarde pas à devenir orageuse suite au comportement de Manon…

Rien n’est sale quand on s’aime.

C’est un choc, c’est un chef d’oeuvre oublié. Tourné en 1948 et sorti sur les écrans en 1949, Manon est un opus central dans la filmographie d’Henri-Georges Clouzot. Après la projection et le triomphe de Quai des Orfèvres à la Mostra de Venise, le cinéaste est néanmoins amer, persuadé que son polar, présenté en version française non sous-titrée, aurait remporté bien plus que le Prix de la mise en scène s’il n’avait pas été aussi « bavard ». Clouzot décide alors de repenser sa façon de faire des films, en privilégiant le cadre, le montage, la photographie, tout en privilégiant le tournage en extérieur plutôt qu’en studio. Si le précipité final de ces expériences sera Le Salaire de la peur en 1953, Manon marque une première étape dans ce désir de remise en question. Ce quatrième long métrage, adapté du roman L’Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut de l’abbé Prévost, rompt alors avec ce que Clouzot avait fait précédemment. Manon est un immense film, souvent négligé quand on évoque le réalisateur. Il est temps aujourd’hui de le réhabiliter.

Une nuit, deux clandestins sont découverts dans la cale d’un bateau qui vient d’appareiller de Marseille à destination de la Palestine. Egalement à bord, des juifs rescapés du génocide, qui immigrent illégalement. Le capitaine et son second (un tout jeune Michel Bouquet dans l’une de ses premières apparitions au cinéma) reconnaissent l’homme grâce à la photographie d’un journal. Il s’agit de Robert Desgrieux, un assassin en fuite. Le capitaine envisage alors de les livrer à la police aussitôt la ville d’Alexandrie atteinte, mais se laisse attendrir par cette passion dévorante dont le jeune couple entreprend le récit. Tout commence dans une petite ville de Normandie, peu après la Libération, où Robert Desgrieux jeune maquisard, sauve l’envoûtante Manon Lescaut de la vindicte populaire, qui s’apprête à la lyncher pour avoir couché avec l’ennemi. Tous deux s’enfuient vers Paris et entament une liaison. Mais bientôt, ils se perdent dans de sordides histoires de prostitution et de meurtre. De plus, l’amour exclusif de Robert gêne Manon. Elle charge son frère, Léon d’éloigner son amant pendant qu’elle part avec un riche Américain qu’elle espère dépouiller.

« On va leur montrer que c’est possible d’être heureux ! » « A qui ? » « A ceux qui sont contre. »

Entre le prologue et son extraordinaire épilogue, Henri-Georges Clouzot narre son récit au moyen d’un long flashback étourdissant, sombre et puissant. Alors que Le Corbeau dressait le portrait d’une petite communauté française sous l’Occupation, le cinéaste montre ici la France de l’après-guerre. Comment se remettre de ces années de conflit ? Comment retrouver une vie normale ? Affamés, voulant rattraper les années perdues et une jeunesse qui s’est envolée, les personnages sont aussi démolis que l’église en ruine dans laquelle ils démarrent leur fatale idylle. Manon souhaite bien en profiter en mettant tous les atouts de son côté pour pouvoir sortir de la misère, quitte à mettre toute morale de côté. D’ailleurs, son frère Léon (vénéneux Serge Reggiani), continue de vivre de larcins sous les ordres d’un petit parrain notoire. Véritablement envoûté par Manon, Robert devient de plus en plus jaloux et possessif. Il se laisse entraîner malgré-lui par cette blonde à la moue enfantine, dans un monde violent et sans concessions, jusqu’à se laisser envahir par la colère et commettre l’irréparable.

Profondément pessimiste, Manon contient toute la sève du cinéma d’Henri-Georges Clouzot. Nappé de romantisme noir, son film plonge son personnage masculin dans des trafics toujours plus louches, afin de subvenir aux exigences insatiables de sa compagne. Afin d’incarner l’ambiguïté de Manon et de faire ressentir aux spectateurs une empathie faite de répulsion, Clouzot jette son dévolu sur la jeune Cécile Aubry, qui préférera abandonner le métier d’actrice assez tôt pour se consacrer à l’écriture pour enfants, avant de créer et de réaliser les séries Poly, puis Belle et Sébastien, avec son propre fils Mehdi El Glaoui dans le rôle principal. Dans Manon, elle est la parfaite garce, perdue dans le monde impitoyable des adultes, en ayant encore un pied dans l’adolescence. Manon veut le monde et Robert, impressionnant Michel Auclair, semble prêt à tout pour le lui offrir, quitte à se perdre lui-même. Manon est un film qui triture les méninges et les entrailles. Clouzot ne recule devant rien pour mettre le spectateur mal à l’aise, sans pour autant forcer le trait.

Le dernier acte montre les protagonistes débarquer clandestinement avec leurs compagnons d’infortune sur une plage discrète. Après une marche épuisante dans le désert, la petite troupe est attaquée par une troupe de Bédouins. Sans révéler son sulfureux dénouement, à la fois morbide et sensuel, Clouzot atteint ici les sommets et annonce la force graphique et hypnotique du Salaire de la peur en faisant déambuler ses personnages entre le paradis et l’enfer. Pas étonnant que le public ait été choqué par le jusqu’au-boutisme du réalisateur, qui n’hésite pas à jouer avec la censure. Mélodrame ambitieux et intense, moderne sur le fond comme sur la forme (mise en scène virtuose), ce quatrième film est immanquable, une pierre angulaire dans l’immense carrière d’un de nos plus grands auteurs et cinéastes. Manon se verra remettre le Lion d’or à la Mostra de Venise en 1949, ainsi que le Prix Méliès.

LE DVD

Après une première édition sortie en 2010 chez M6 Vidéo dans sa collection Les Classiques français SNC, Manon réapparaît sous la bannière des Editions Montparnasse. Le DVD est placé dans un boîtier classique transparent, glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical.

Le seul supplément de cette édition, Manon, l’amour fou, croise les interventions de Chloe Folens (auteur de Les Métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot), Bertrand Schefer (écrivain et réalisateur), Frédéric Mercier (critique cinéma) et Noël Herpe (commissaire de l’exposition Le mystère Clouzot à la Cinémathèque Française). A tour de rôle dans ce module de 13 minutes, chacun s’exprime sur Manon d’Henri-Georges Clouzot, avec une approche différente. Dommage que l’éditeur n’ait pas proposé l’intégralité de chaque intervention. Pour cela, il faudra vous diriger vers la chaîne YouTube des Editions Montparnasse. Toujours est-il que les propos tenus ici sont toujours intéressants, qu’ils replacent habilement Manon dans la filmographie de Clouzot et analysent à la fois le fond et la forme sur quatrième long métrage du cinéaste, à travers quelques séquences, en particulier son dénouement.

L’Interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Restauré par Les Films du Jeudi, Manon bénéficie d’un nouveau master supérieur à celui précédemment édité par M6 Vidéo. Le résultat est plutôt bluffant. Généralement, un générique de film donne toujours le ton. Ici, le début du film est impressionnant : le Noir & Blanc offre des contrastes impeccables et les blancs sont lumineux. Les détails sont précis, tant sur les visages, les décors et les arrière-plans. La copie, 1.33 (4/3), est on ne peut plus propre, stable, dépoussiérée de la moindre impureté, tandis que le grain demeure parfaitement équilibré et géré.

Le mono d’origine restauré (par L.E. Diapason) offre un parfait rendu des dialogues, très dynamiques, et de la musique qui ne saturent jamais. Le niveau de détails est évident et les sons annexes, tels que les ambiances de rue et bruits de fond sont extrêmement limpides. Mauvais point en revanche pour l’absence des sous-titres français pour les spectateurs sourds et malentendants !

Crédits images : © Editions Montparnasse / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Baywatch : Alerte à Malibu, réalisé par Seth Gordon

BAYWATCH : ALERTE À MALIBU (Baywatch) réalisé par Seth Gordon, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD chez Paramount Pictures le 24 octobre 2017

Acteurs :  Dwayne Johnson, Zac Efron, Priyanka Chopra, Alexandra Daddario, Kelly Rohrbach, Ilfenesh Hadera…

Scénario : Damian Shannon, Mark Swift d’après une histoire originale de Jay Scherick, David Ronn, Thomas Lennon, Robert Ben Garant et la série créée par Michael Berk, Douglas Schwartz et Gregory J. Bonann

Photographie : Eric Steelberg

Musique : Christopher Lennertz

Durée : version cinéma (1h56) / version longue (2h01)

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Le légendaire sauveteur Mitch Buchannon est contraint de s’associer à une nouvelle recrue, Matt Brody, aussi ambitieux que tête brûlée ! Ensemble, ils vont tenter de déjouer un complot criminel qui menace l’avenir de la Baie…

Bon…pourquoi et comment réaliser une critique pour Baywatch : Alerte à Malibu, adaptation cinématographique de la série du même nom ? Bah parce que le film est là, que c’est une comédie qui n’a aucune autre prétention que de faire rire et que le contrat est rempli. En plus de ça, le film est produit et interprété par Dwayne – The Rock – Johnson, probablement l’acteur le plus cool aujourd’hui, qui est ici accompagné de merveilleuses naïades super-sexy, mais aussi et surtout pleines d’autodérision.

Lorsqu’une dangereuse vague de crimes frappe Malibu, le légendaire Lieutenant Mitch Buchannon, entouré de son équipe de sauveteurs d’élite, prend les choses en main pour protéger la baie et démasquer les coupables. Mitch est rejoint par trois nouvelles recrues triées sur le volet, dont l’ancien athlète, champion olympique mais très controversé, Matt Brody. Ensemble, ils enquêteront et risqueront l’impossible pour dénoncer l’impitoyable femme d’affaires, dont les plans diaboliques menacent l’avenir de la baie.

A la fin des années 1980, la série Alerte à Malibu aka Baywatch en version originale, est lancée sur le réseau NBC. Le principe est simple : filmer au ralenti des jeunes femmes et des jeunes hommes en maillot de bain rouge sur la plage – normal puisqu’ils sont sauveteurs – menés par un David Hasselhoff torse-poils, quand ils doivent venir au secours de nageurs qui se sont baignés trop tôt après avoir mangé, ou parce qu’ils se sont fait piquer par une méduse. Le prétexte est bon, tant que les acteurs et actrices, les actrices surtout, sont filmées comme dans une pub pour un shampoing ou le dentifrice Ultra-Brite. Les spectateurs s’emballent très vite. Résultat, la série vivra onze saisons jusqu’en 2001, se composera de 243 épisodes de 45 minutes, et deviendra surtout la série télévisée la plus regardée au monde avec plus d’un milliard de téléspectateurs par semaine. Après plusieurs téléfilms et une série dérivée (Un privé à Malibu), le film était donc inévitable.

Plus de quinze ans après l’arrêt de la série et plus de 25 ans après son lancement, ce qui était premier degré et ce qui faisait son triomphe, est ici à peine détourné et pourtant provoque un rire teinté de nostalgie. Seth Gordon, réalisateur des cartons US Tout…sauf en famille (2008), Comment tuer son boss ? (2011) et Arnaque à la carte (2013), prend ici les commandes d’une belle superproduction au budget de 70 millions de dollars. Au programme de Baywatch : Alerte à Malibu le film ? Des boobs, des blagues de cul, des blagues avec des pénis en érection coincés dans un transat, des boobs, des scènes d’action invraisemblables, des blagues avec du formol et des morts dans une morgue, des boobs et…ah oui encore des blagues de cul. Et croyez-le ou non, ça fonctionne. Ça marche bien car le casting est au top. Si Dwayne Johnson mène son équipe sans se forcer, avec un charisme de dingue, une spontanéité, une bonne humeur naturelle et un sourire immédiatement empathique, il est très bien épaulé. Le casting féminin se compose des divines, des sublimes, des über-sexy, des sculpturales (oui bon j’arrête) Alexandra Daddario (tu te souviens de la première saison de True Detective ?) et des méconnues, mais qu’on ne demande qu’à connaître personnellement, Kelly Rohrbach (mannequin aperçue dans Café Society de Woody Allen et prochainement dans A Rainy Day in New York du même cinéaste) qui reprend le rôle autrefois tenu par Pamela Anderson, ainsi qu’Ilfenesh Hadera, amazone d’1m80 qui reprend le personnage de Stephanie Holden aka Alexandra Paul. Bon, puisqu’ils sont là autant en parler, ces demoiselles sont accompagnées de Zac Efron (dans le rôle de Matt Brody, anciennement David Charvet), dont les abdos et biceps paraissent réalisés en images de synthèse (non, je ne suis pas jaloux de « ça »), sans oublier le jeune Jon Bass, l’élément nouveau de la troupe, le mec de tous les jours, bedonnant, souriant, timide, mais volontaire et fou amoureux de C.J.

Toutes ces belles personnes bronzées vont unir leurs forces pour démanteler un réseau de trafic de drogue, organisé par la perfide (et aussi canon que le reste de la bande) Victoria Leeds, interprétée par Priyanka Chopra, actrice indienne, chanteuse, mannequin et même ancienne Miss Monde 2000. Autant dire que cette dernière, peu habituée à tourner dans un film de cet acabit(e) dans son pays, s’en donne ici à coeur joie. L’intrigue est donc évidemment complètement anecdotique, mais du moment que les scènes se tiennent et que la bonne humeur soit contagieuse, nous n’en demandons pas plus.

Il n’y a pas tromperie sur la marchandise, on ne va pas voir Baywatch – Alerte à Malibu pour espérer se perdre dans les méandres d’un esprit malade ou dans une histoire tortueuse et kafkaïenne. On se marre pendant deux heures. Pur produit formaté pour l’été, on déguste ce buddy-movie comme un bon Magnum. C’est bourré d’huile de palme, ce n’est pas bon pour la santé, mais ça fait un bien fou. Les nanas sont belles et à se damner, tous les acteurs sont bons et attachants, les répliques graveleuses et trash fusent à cent à l’heure et voilà le film est terminé. Ah oui pour ceux qui se le demandaient, David Hasselhoff et Pamela Anderson sont bien de la partie. Si Baywatch : Alterte à Malibu n’a pas eu le succès escompté avec son budget à peine rentabilisé aux Etats-Unis, l’Europe a accueilli le film les bras ouverts avec plus d’1,5 million d’entrées en France et près de 2 millions en Allemagne. Et pourquoi pas une suite ?

LE BLU-RAY

Le test de l’édition HD de Baywatch : Alerte à Malibu, disponible chez Paramount Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et muet. A noter que le film est disponible dans son montage cinéma (1h56) et en version longue (2h01) qui n’apporte absolument rien de plus.

Comme c’est souvent le cas chez l’éditeur, les bonus sont inutilement divisés. Les modules intitulés A la rencontre des sauveteurs (21’30), Poursuivre l’héritage (9’30) et Cascades et entraînement (9’) sont constitués des mêmes intervenants (acteurs, producteurs et réalisateur essentiellement), tous en monde promo à fond, qui affichent un sourire à s’en décrocher la mâchoire, un teint bronzé limite vermillon et une pèche d’enfer. Le truc, c’est qu’ils le font bien. Ces suppléments ne vont certes pas loin dans l’info (The Rock sent bon, Alexandra Daddario est bonne, Ilfenesh Hadera n’aime pas la salade de thon), mais la bonne humeur est franchement contagieuse, à l’image du film. Les personnages sont présentés, ainsi que « l’histoire », tout le monde fait référence à la série originale (d’ailleurs Pamela Anderson vient dire quelques mots, profitez-en pour régler le contraste de votre télé), les images de tournage et des coulisses abondent. On passe un bon moment.

Cette section se compose également de 10 minutes de scènes coupées ou proposées en version longue. Des séquences qui prolongent les moqueries de Mitch envers Matt, la maniaquerie de Stephanie ou bien encore l’infiltration de l’équipe à l’hôpital.

L’Image et le son

Fidèle à sa réputation, Paramount livre un master HD irréprochable et rutilant de Baywatch : Alerte à Malibu, tourné au moyen de la caméra Arri Alexa XT Plus. Les contrastes affichent une densité exceptionnelle, le piqué est tranchant comme une lame de rasoir, les scènes diurnes sont éclatantes, la colorimétrie est étincelante (plus pastel sur les séquences à effets spéciaux), la profondeur de champ irréprochable. Le léger grain de la photo est respecté, les détails abondent sur le cadre large, sur le crâne de The Rock, les visages et les décolletés (m’enfin), bref, le transfert est resplendissant. Apport HD validé pour ce titre.

Paramount sort l’artillerie lourde avec une version originale Dolby Atmos , compatible Dolby TrueHD 7.1 ! Dès l’apparition du titre « hénaurme » après le premier sauvetage, les latérales distillent des effets latéraux qui appuient chaque séquence agitée (l’incendie, le feu d’artifice, la poursuite) et tant pis si parfois ça n’est pas très naturel. Le caisson de basses soutien allègrement toutes les scènes d’action, la musique de Christopher Lennertz explose, c’est un très bon spectacle acoustique. A côté, la piste française fait pâle figure avec son petit encodage Dolby Digital 5.1, même si elle conviendra aux allergiques à la version originale, avec son ouverture sympatoche des enceintes frontales, des arrière qui assurent et son doublage honteux mais rigolo.

Crédits images : © Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Leatherface, réalisé par Julien Maury et Alexandre Bustillo

LEATHERFACE réalisé par Julien Maury et Alexandre Bustillo, disponible en DVD et Blu-ray chez Métropolitan Vidéo le 2 janvier 2018

Acteurs :  Stephen Dorff, Lili Taylor, Sam Strike, Vanessa Grasse, Finn Jones, Sam Coleman, Jessica Madsen, James Bloor, Christopher Adamson…

Scénario : Seth M. Sherwood

Photographie : Antoine Sanier

Musique : John Frizzell

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

La famille Sawyer sème la terreur au Texas. Leur plus jeune enfant est envoyé en hôpital psychiatrique après avoir reçu comme cadeau d’anniversaire une tronçonneuse qu’il essaya dès l’ouverture du paquet sur une des proies de la famille. Des années plus tard, le garçon s’échappe de l’hôpital psychiatrique où il était interné avec quelques patients déviants et une infirmière prise en otage. Semant la terreur sur les routes, ils sont poursuivis par un shérif dont la fille a été victime de la famille tronçonneuse. Qui parmi les criminels deviendra le terrifiant « Leatherface » ?

Alors c’est ça le fameux Leatherface ? Huitième film de la franchise initiée par Tobe Hooper en 1974 avec le cultissime Massacre à la tronçonneuse, qui comprend trois suites (inégales), Massacre à la tronçonneuse 2 (Tobe Hooper, 1986), Massacre à la tronçonneuse 3 : Leatherface (Jeff Burr, 1990), Massacre à la tronçonneuse 4 : La Nouvelle Génération (Kim Henkel, 1994), un remake éponyme du film original, réalisé par Marcus Nispel en 2003, une préquelle de ce dernier, Massacre à la tronçonneuse : Le Commencement (Jonathan Liebesman, 2006), sans oublier une autre suite tardive qui s’immisce entre le premier et le second volet, Texas Chainsaw 3D, mis en scène par John Luessenhop en 2013. Pour réaliser ce nouvel opus de la saga, les cinéastes français Julien Maury et Alexandre Bustillo, metteurs en scène d’A l’intérieur (2007), Livide (2011) et Aux yeux des vivants (2014) ont été choisis par la société Millenium Films. Si le film vaut bien mieux que le précédent volet, Leatherface souffre néanmoins d’un manque d’intérêt flagrant et pâtit de sa reprise en main par le studio qui l’a taillé dans le vif en lui retirant sa moelle épinière, préférant se focaliser sur l’aspect horrifique. Privé d’une sortie dans les salles en France, c’est ici qu’apparaît l’importance de découvrir Leatherface en Blu-ray et DVD, qui proposent près d’une demi-heure de séquences coupées, qui contiennent la sève du film original de Maury/Bustillo, à savoir l’émotion, la motivation des personnages, ainsi qu’une séquence finale bien plus ambitieuse, tordue et percutante que celle finalement imposée par la production.

Alors que la terrifiante famille Sawyer est soupçonnée d’avoir assassiné la fille du shérif Hartman, le fils cadet est enlevé à sa mère et placé en asile psychiatrique. Devenu adolescent, ce dernier profite d’une mutinerie pour s’échapper de l’asile avec trois autres psychopathes qui prennent en otage une jeune infirmière. La petite bande s’engage alors dans une balade sauvage, semant la mort partout où ils passent. Le Shérif Hartman, assoiffé de vengeance, se lance à leur poursuite. De cette chasse à l’homme sanglante émergera le tueur à la tronçonneuse et au masque de cuir.

Puisqu’il faut juger le résultat final, autrement dit le film officiel présenté au public, autrement dit en DTV chez nous, alors Leatherface n’est pas un bon film. Et en même temps, il n’est pas mauvais, du moins pas autant de ce qu’on a pu entendre depuis les premiers retours. Leatherface est un film malade, dans le sens où la griffe des deux réalisateurs se ressent, mais apparaît étrangement émoussée et de façon involontaire. Si l’on pourra reprocher certains choix esthétiques, comme cette photo jaune dispensable, le cadre est soigné, la direction d’acteurs irréprochable et certaines séquences font leur effet. Néanmoins, s’il était prometteur sur le papier de découvrir les origines du tueur de Massacre à la tronçonneuse, Leatherface ne tient pas ses promesses. Mais encore une fois, tout n’est pas à jeter.

En dehors d’un générique qui faisait habilement le lien avec Massacre à la tronçonneuse premier du nom, un caméo sympatoche de Marilyn Burns et de Gunnar Hansen, il n’y avait pas grand-chose à retenir de Texas Chainsaw 3D, slasher classique qui surfait de façon opportuniste sur la vague relief initiée par Avatar de James Cameron. Les comédiens étaient plutôt mauvais (même si Alexandra Daddario était certes plaisante à regarder), les personnages dépourvus d’intérêt, et l’on piétinait d’impatience de les voir se faire massacrer par un Leatherface pataud, finalement plus drôle qu’inquiétant. Pas de ça chez Maury/Bustillo. Quelque chose de malsain parcourt leur film et c’est tout en leur honneur. Ici, pas de comédiennes maquillées comme des pandas, affublées de wonderbras et de jean-slim qui les empêchent de courir (en moulinant des bras), d’acteurs au look de Ken, semi-rictus et dents blanches éclatantes, chemise ouverte, qui se la pètent et qui finalement se réfugient derrière leur nana quand ils ont peur. Pas d’actrices filmées à hauteur des fesses, qui trébuchent dans les marches, qui rentrent le ventre et qui se cachent derrière un ficus pour échapper au texan frappadingue. Maury/Bustillo s’intéressent à leurs personnages et jouent à une partie de Qui est-ce ? dans le sens où un jeu s’installe avec les spectateurs pour lui faire deviner lequel des personnages sera celui que l’on nommera Leatherface. Certes, on devine assez vite la réponse, mais les deux cinéastes s’amusent autant qu’ils rendent hommage au film original, ainsi qu’à divers films qui les ont inspirés, comme American History X, Tueurs Nés et Hannibal, en faisant de leur mieux avec un budget serré et un tournage…en Bulgarie !

Le gros problème de Leatherface est d’adopter le ton d’un road-movie avec un rythme en dents de scie (électrique), après un épisode de mutinerie qui rappelle involontairement La Carapate de Gérard Oury. On peut trouver le temps long et si quelques effets gores sont particulièrement sympathiques et efficaces, l’intrigue, écrite par Seth M. Sherwood (l’auteur du nanar sympathique La Chute de Londres) s’essouffle très vite et n’installe rien, ou pas assez, pas grand-chose. Néanmoins, l’interprétation vaut le déplacement, notamment Stephen Dorff, excellent Texas Ranger, dont le rôle a néanmoins souffert de coupes au montage, ainsi que Lili Taylor, particulièrement glaçante dans le rôle de Verna Sawyer, la « môman » de Leatherface himself. En tant que tel, Leatherface n’est pas repoussant et contentera celles et ceux qui voudront s’installer avec des potes devant un spectacle divertissant, pour une soirée film-pizza-bière. C’est juste une œuvre frustrante, car si l’on sent le feu qui anime Maury/Bustillo à quelques reprises, il n’en demeure finalement que quelques braises et pas assez d’éléments pour distinguer cette œuvre du tout-venant du genre. Pas un nanar, pas un navet, juste un film d’horreur banal comme il en sort à la pelle chaque année. 

LE BLU-RAY

Le test de l’édition Haute-Définition de Leatherface, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’interactivité de ce Blu-ray s’ouvre sur une interview de Julien Maury et Alexandre Bustillo (26’). Installés au premier rang d’une salle de cinéma, les deux réalisateurs expliquent avec franchise et humilité, comment ils ont été dépossédés de leur film. Car, comme ils le disent posément, les producteurs exécutifs ont le final cut aux Etats-Unis et peuvent reprendre entièrement le film si les deux montages présentés par le metteur en scène ne leur conviennent pas. C’est ce qui s’est passé pour Leatherface, dont la fin originale a notamment été jugée trop déviante. Pourtant, Maury et Bustillo paraissent sereins et reviennent sur chaque étape du tournage et de sa production, ainsi que sur les premiers retours des spectateurs. Les deux réalisateurs déclarent avoir essayé d’apporter ce qu’ils aiment dans le genre à cette franchise qu’ils affectionnent tout particulièrement, en reprenant le scénario qui leur était proposé et qu’ils trouvaient à l’origine trop violent. On sent également que Maury et Bustillo ont le respect des spectateurs, qu’ils espèrent les surprendre le plus possible (ce qui est le plus difficile à faire aujourd’hui), quitte à les emmener là où ils ne s’y attendaient pas. Ils passent en revue les thèmes du film, le casting, les conditions de tournage, soit quatre semaines et demi en Bulgarie (assez libres dans leurs intentions, avec le soutien du casting et de l’équipe technique majoritairement européenne), en indiquant avoir traité le film à leur manière en prenant comme référence La Balade sauvage de Terrence Malick et…Virgin Suicides de Sofia Coppola ! Enfin, Maury et Bustillo s’expriment sur les décisions des producteurs et les changements apportés à leur travail. Au final, les deux réalisateurs estiment que cette expérience américaine est positive malgré tout, estimant qu’ils savaient d’entrée de jeu qu’ils pouvaient perdre le contrôle de leur film. La disparition de Tobe Hooper (producteur exécutif ici), que les deux cinéastes n’ont finalement pas pu rencontrer, le lendemain de la première du film à Londres, est également abordée.

Le making of (13’) ne laisse rien apparaître des problèmes en postproduction. Entièrement promotionnel, les producteurs, le scénariste, les réalisateurs, le chef opérateur et les comédiens se livrent à l’exercice face caméra, dans un module destiné à vendre Leatherface, ses enjeux et sa place dans la saga initiée par Tobe Hooper. Le casting, les personnages, les effets visuels, les partis pris esthétiques sont passés au peigne fin.

L’un des gros morceaux de cette section est bien évidemment celui consacré aux séquences coupées (25’), brutes et non étalonnées. Huit scènes au total, dont une ouverture et une fin alternatives. Sans trop dévoiler ce que vous trouverez ici, sachez tout de même que le final original tourné par Maury et Bustillo, est absolument sensationnel, étouffant (car tout se déroulait dans la maison et non dans les bois) et couillu. On comprend d’ailleurs pourquoi les producteurs ont pris peur en la voyant.

Mais c’est aussi devant tout ce matériel laissé sur le banc de montage qu’on se rend compte du vrai boulot des cinéastes, qui s’intéressaient aussi et avant tout à la psychologique des personnages, en particulier celui du Texas Ranger interprété par l’excellent Stephen Dorff. Dans une scène coupée, Hal Hartman s’entretient avec son fils (qui deviendra également Texas Ranger dans Texas Chainsaw 3D) en rentrant chez lui pour prendre une carabine. Ils prennent une bière ensemble sur le perron, le fils indiquant à son père qu’il souhaite également l’aider dans sa quête de vengeance. Son père refuse. Une autre séquence montrait Hartman venir se recueillir sur la tombe de sa fille, avant de se mettre à pleurer.

Même chose pour le personnage de Jackson, dont les troubles de la personnalité sont nettement plus marqués, notamment quand le jeune homme dit à Lizzy qu’il ne se rappelle plus de ses actes violents et qu’une partie de lui disparaît chaque fois que cela arrive. Refusant de plonger dans cet état, Jackson demande à Lizzy de ne pas le laisser faire de mal.

Pas étonnant que les studios aient vu rouge devant ces séquences qui « osaient » s’intéresser aux personnages, puisque les producteurs voulaient se concentrer avant tout sur l’aspect horrifique de l’histoire. Dommage pour eux, dommage pour nous, mais heureusement que le Blu-ray est là pour donner un bel aperçu de la vision des réalisateurs.

Julien Maury et Alexandre Bustillo sont de retour dans leur salle de projection privée, afin de commenter l’ouverture et la fin alternatives, ainsi que les deux séquences coupées avec Stephen Dorff (13’30). L’occasion pour les deux réalisateurs de se pencher un peu plus sur leurs intentions et partis pris, qui n’ont malheureusement pas convaincu les producteurs.

L’interactivité se clôt sur un artbook défilant (3’), 118 pages de storyboard illustrant dix séquences spécifiques du film, ainsi que les bandes annonces censurée/non censurée de Leatherface.

Et n’oubliez pas le petit bonus caché amusant (placez le curseur sur la tronçonneuse en bas à droite de la page des suppléments, puis validez), dans lequel Maury et Bustillo se retrouvent face à une tronçonneuse mise à leur disposition, avec pour enjeu de la mettre en route !

L’Image et le son

Leatherface débarque donc directement dans les bacs. Heureusement, le titre atterrit dans l’escarcelle de Metropolitan Vidéo. A cette occasion, l’éditeur semble repousser une fois de plus les limites de la HD avec cette superbe édition Blu-ray. La patine est délicate et léchée durant 1h30, les partis pris merveilleusement rendus. C’est un quasi-sans-faute technique : relief, colorimétrie (jaune-orangée), piqué (acéré), contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux, autant dans les scènes de nuit (très nombreuses) que les séquences diurnes. Chaque détail aux quatre coins du cadre large est aussi saisissant qu’étourdissant. Ce transfert immaculé soutenu par une compression AVC solide comme un roc laisse souvent pantois, en particulier sur les gros plans des comédiens.

Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution. Les ambiances fusent, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une belle ouverture, plongeant le spectateur dans l’ambiance. Seuls les dialogues sur la version originale manquent d’ardeur sur la centrale par rapport à la piste française qui de son côté délivre les voix avec plus de peps. Les effets sont très bien spatialisés. A ce titre, c’est la tronçonneuse qui prédomine dans la dernière partie, ce qui risque de décontenancer votre voisinage si vous visionnez le film le soir… N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle à ce spectacle acoustique, y compris dans la séquence de mutinerie.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Et les mistrals gagnants, réalisé par Anne-Dauphine Julliand

ET LES MISTRALS GAGNANTS réalisé par Anne-Dauphine Julliand, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studio le 2 novembre 2017

Production : Edouard de Vésinne

Photographie : Katell Djian, Isabelle Razavet, Laurent Brunet, Alexis Kavyrchine, Matthieu Fabbri

Musique : Rob

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 2017

LE DOCUMENTAIRE

Ambre, Camille, Charles, Imad et Tugdual ont entre 6 et 9 ans. Malgré la maladie, ils continuent à rire, jouer, se disputer, rêver. A aimer la vie. Ambre, qui souffre d’hypertension artérielle pulmonaire, se passionne pour le théâtre et les garçons affrontent leur mal avec courage et humour…

Exceptionnel documentaire réalisé par Anne-Dauphine Julliand (auteure de Deux petits pas dans le sable mouillé en 2011 et Une journée particulière en 2013), probablement le plus beau de cette année 2017 et qui nous l’espérons se verra remettre le César en 2018, Et les mistrals gagnants est bouleversant, mais aussi drôle, animé par une immense sensibilité, solaire, positif, durant lequel le spectateur est invité à suivre le quotidien d’une poignée d’enfants atteints de neuroblastome, d’épidermolyse bulleuse, d’insuffisance rénale sévère…Des mots qui font aussi peur que la maladie qu’ils désignent, et pourtant, ces bouts de choux gardent un sourire extraordinaire, s’expriment sur la vie qu’ils croquent à pleines dents, car « être malade, ça n’empêche pas d’être heureux, rien n’empêche d’être heureux » comme le dit l’un des héros (car c’est ce qu’ils sont) de ce film chaudement recommandé.

Ambre souffre d’hypertension artérielle pulmonaire, mais joue du badminton et adore le théâtre. Malgré son neuroblastome, un cancer, Camille (aujourd’hui décédé) a une personnalité énergique et animé par un appétit de vivre très contagieuse. Charles est atteint d’une douloureuse épidermolyse bulleuse, une maladie génétique qui met à vif la moindre parcelle de son épiderme s’il n’est pas protégé. « Ma peau est aussi fragile que les ailes d’un papillon, comme du papier crépon » dit-il. Venu d’Algérie où sa vie était condamnée par la médecine, Imad, atteint de situs inversus (les organes inversés) et d’insuffisance rénale, attend une greffe de rein depuis deux ans. Tugdual, également atteint de neuroblastome, est un peu plus réservé que les autres héros de cette histoire, mais se livre doucement quand il s’épanouit dans son jardin, dont il prend soin avec délicatesse. Ils ont tous entre six et neuf ans et par-dessus tout, vivent dans l’instant, sans se soucier du lendemain.

Avec humour et surtout l’énergie de l’enfance, ils nous prennent par la main, nous invitent à entrer dans leur monde où ils nous font partager leurs jeux, leurs joies, leurs rires, leurs rêves, leurs soins. Sans utiliser de voix-off superflue et envahissante, Anne-Dauphine Julliand, qui a connu la perte de deux de ses enfants des suites d’une maladie orpheline, place la caméra à hauteur de ses gigantesques héros et leur donne la parole. Ce sont eux qui mènent la danse, qui imposent leur rythme aux prises de vues. Et les mistrals gagnants (titre en référence à la chanson Mistral gagnant de Renaud, que l’on entend dans le film) capture ces instants de vies, qui malgré l’adversité, continuent d’éclore. Les pathologies sont diverses, chacun réside dans un endroit différent en France, mais les portraits croisés témoignent de leur envie commune de s’amuser, de jouer, de rire avec leurs copains et leurs familles. Ces moments sont là, précieux. Et quand Anne-Dauphine Julliand filme ensuite ces enfants durant leurs soins intensifs, ils en ressortent grandis, donnant ainsi une vraie leçon de courage aux spectateurs adultes que nous sommes.

On les regarde, on les écoute, fascinés par autant de maturité et de lucidité face à leur maladie. D’une certaine façon, tous nous conseillent de retrouver cette innocence liée à l’enfance, afin de pouvoir vivre intensément l’instant présent. Si les parents et le personnel médical apparaissent parfois dans le cadre, la caméra ne quitte jamais nos protagonistes et reste focalisée sur eux, en s’attachant à de petits détails sensibles, un petit pied qui se balance, une main serrée, en se laissant guider par leur spontanéité. Il aura fallu un an de tournage, chaque enfant ayant été filmé séparément et pendant une dizaine de jours (non consécutifs) au total, à l’aide d’une seule caméra afin de ne pas perturber leur environnement. Sur 110 heures de rushes, Anne-Dauphine Julliand n’en a gardé qu’1h20. Mais ces 80 minutes sont précieuses et s’inscrivent parmi les plus belles vues au cinéma en 2017.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Et les mistrals gagnants, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Si vous avez aimé le film, nous vous conseillons de prolonger cette expérience en visionnant les suppléments présents sur ce Blu-ray.

Commencez par la formidable interview d’Anne-Dauphine Julliand (32’). Lumineuse et élégante, la réalisatrice aborde chaque étape qui l’ont mené à son premier documentaire, mais aussi et surtout sur les conditions de tournage. Avec des mots percutants et une immense sensibilité, Anne-Dauphine Julliand évoque les thèmes d’Et les mistrals gagnants, son propre vécu (elle a malheureusement perdu deux enfants atteints d’une maladie orpheline), la rencontre avec le producteur Edouard de Vésinne, le financement du film (un budget en grande partie couvert par près de 1 800 donateurs dans le cadre d’un financement participatif sur internet), les partis pris et ses intentions. Elle aborde également la rencontre avec les jeunes protagonistes, ses doutes (la peur de filmer frontalement certaines scènes du quotidien, comme le bain spécial du petit Charles), le rapport de confiance qui s’est instauré immédiatement avec les enfants et leur naturel face à la caméra. Enfin, Anne-Dauphine Julliand parle du titre, extrait des paroles de la chanson de Renaud, Mistral gagnant. Contactés, l’interprète et sa maison de disques ont alors tout fait pour lui faciliter l’utilisation du titre et de la chanson. Très émue, la réalisatrice clôt cet entretien en revenant sur l’accueil chaleureux des spectateurs.

C’est ensuite au tour du producteur Edouard de Vésinne de revenir sur Et les mistrals gagnants (16’). Si quelques propos font inévitablement redondance avec ce qui a été entendu précédemment, cette interview parvient malgré tout à la compléter. Nous retiendrons également la délicatesse du producteur, qui se souvient de sa rencontre avec Anne-Dauphine Julliand et comment cette dernière a su le convaincre de plonger avec elle dans cette aventure, alors qu’il n’avait jamais produit de documentaire. Les conditions de production et des prises de vue, les thèmes, les intentions de la réalisatrice, Edouard de Vésinne revient posément sur ces sujets, en indiquant qu’il s’agit d’une des expériences les plus intenses de sa carrière.

La bouille du petit Imad reste en tête après avoir vu le film. Nous le retrouvons ici dans une interview (10’) réalisée par Thierry Demaizière pour l’émission Sept à Huit, diffusée le 22 janvier 2017. Une introduction rappelle qu’Imad était en phase terminale en Algérie, avant que le petit garçon soit sauvé grâce à une campagne participative, qui a permis de recueillir des fonds, afin de l’envoyer se faire soigner en France. Drôle, franc, spontané, Imad répond aux questions du journaliste avec un naturel aussi éclatant que dans Et les mistrals gagnants. Une nouvelle leçon de sagesse, d’optimisme et de courage (« Dans la vie faut jamais se plaindre !  Vous pouvez quand même pleurer parfois car ça fait du bien ! »), durant laquelle Imad explique quelle est sa maladie.

L’interactivité se clôt sur trois modules vidéo (5’ au total) qui compilent les réactions de spectateurs à la sortie du cinéma (à Paris, Nîmes et des lycéens), la bande-annonce et un montage de projets d’affiches.

L’Image et le son

Tourné en numérique, Et les mistrals gagnants bénéficie d’une édition HD, qui parvient à restituer les volontés artistiques, un tournage vif à hauteur d’enfant afin de capter leur spontanéité, avec une belle précision. Le cadre est beau, la colorimétrie scintillante et le relief omniprésent. L’encodage AVC consolide l’ensemble avec fermeté, le piqué est acéré, les ambiances chaudes et les contrastes denses.

La piste 5.1. est anecdotique et le soutien des latérales n’est palpable que sur les rares séquences tournées en extérieur, ainsi que lors de l’utilisation de la chanson de Renaud. Les scènes demeurent essentiellement axées sur les frontales, les latérales se contentant d’un écho très lointain. Pour cause de tournage brut, l’enregistrement sonore varie selon les conditions des prises de vue. Pour une meilleure homogénéité, la stéréo se révèle parfaite, percutante à souhait, cette piste donne finalement plus de corps à l’ensemble. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont au programme.

Crédits images : © Nour FilmsCaptures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Le Cavalier du crépuscule, réalisé par Robert D. Webb

LE CAVALIER DU CRÉPUSCULE (Love Me Tender) réalisé par Robert D. Webb, disponible en DVD chez Sidonis Calysta le 1er décembre 2017

Acteurs :  Elvis Presley, Richard Egan, Debra Paget, Robert Middleton, William Campbell, Neville Brand, Mildred Dunnock, Bruce Bennett…

Scénario : Robert Buckner d’après une histoire originale de Maurice Geraghty

Photographie : Leo Tover

Musique : Lionel Newman

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1956

LE FILM

Trois frères de l’armée des confédérés entreprennent de voler un trésor des Yankees, avant de découvrir que la guerre est terminée, et qu’ils sont maintenant considérés comme des hors-la-loi. Après s’être partagés le butin, ils rentrent chez eux, mais l’un d’eux, Vance, découvre que sa bien-aimée, Cathy, s’est mariée avec son jeune frère, Clint…

Introducing Elvis Presley

Le Cavalier du crépusculeLove me tender, marque les premiers pas d’Elvis Presley devant la caméra. Ayant toujours désiré être comédien comme ses idoles James Dean et Marlon Brando, celui qu’on allait appeler le King souhaite prouver à ses fans qu’il n’est pas seulement le chanteur à succès dont le culte et l’aura n’ont de cesse de s’étendre à travers le monde, mais qu’il possède bel et bien un vrai talent d’acteur. Toutefois, il doit se résoudre à chanter quatre chansons dans son premier film (une idée de son célèbre impresario le Colonel Parker), dont le titre original, The Reno Brothers a été modifié afin de mieux surfer commercialement sur le triomphe de son dernier tube, Love Me Tender, qu’il interprète d’ailleurs dans le film. Si cela le rend fou de rage, le jeune homme alors âgé de 21 ans a néanmoins signé un contrat de sept ans avec la Paramount Pictures et doit accepter les clauses qui l’obligent à chanter. S’il n’interprète qu’un rôle secondaire dans Le Cavalier du crépuscule, cas unique dans sa filmographie, ce petit film lui vaut sa postérité.

Alors que la guerre de Sécession touche à sa fin, un groupe de soldats sudistes, attaque une trésorerie yankee et file avec le butin. Parmi eux, trois frères : le lieutenant Vance Reno, Ray et Brett. Au lieu de remettre l’argent à l’armée sudiste en déroute, le groupe décide de se partager le butin. Ainsi chacun rentre chez eux. Puisque la guerre était terminée au moment du vol, ils sont, sans le savoir, considérés comme des hors-la-loi. Ce trésor de guerre va attirer bien des convoitises ainsi que des revirements de situations inattendues pour la famille Reno. À son retour Vance Reno, découvre que sa bien-aimée, Cathy, s’est mariée avec son jeune frère, Clint. Ce dernier ne connaissait pas la relation qu’avait entretenue sa femme avec Vance avant son départ pour la guerre. Le cœur brisé, Vance décide de partir pour épargner Cathy qui semble avoir encore des sentiments pour lui.

Etrange production qui montre bien l’ambition de ses producteurs, Le Cavalier du crépuscule est un western basique, sympathique et divertissant, qui se trouve parasité par le phénomène Elvis. Avec son déhanché anachronique (à la manière de Val Kilmer dans Top Secret !, chef d’oeuvre des ZAZ) réalisé devant des jeunes paysannes groupies (!), Presley entonne quelques-uns de ses tubes (Let Me, We’re Gonna Move, Poor Boy, Love Me Tender) et refait même une dernière apparition en surimpression, en reprenant le dernier couplet de Love Me Tender, gratifiant les spectateurs, et ses fans, d’un dernier sourire Ultra-Brite. Si l’on fait abstraction des chansons imposées par contrat au jeune chanteur, ce dernier fait preuve de charisme et s’en tire pas trop mal en tant que comédien. On a déjà vu pire du moins dans le genre chanteur qui s’improvise acteur. Mais les véritables stars de Love Me Tender sont Richard Egan (Barbe-Noire le pirate, Les Inconnus dans la ville, La Venus des mers chaudes), impeccable et élégant dans le rôle du frère aîné obligé de s’incliner devant son destin, ainsi que la sublime Debra Paget (La Maison des étrangers, La Flèche brisée, Les Dix Commandements), qui illumine le film de son talent et de sa beauté. Rappelons qu’avec Joseph L. Mankiewicz, Robert Siodmak, Delmer Daves, Henry Hathaway, Jacques Tourneur, Lewis Milestone, Cecil B. DeMille, Allan Dwan, William Dieterle, Fritz Lang (qui a pu oublier sa danse quasi-nue du Tombeau hindou ?) et Roger Corman à son palmarès, Debra Paget peut se targuer d’afficher l’une des plus belles et grandes filmographies hollywoodiennes.

Film rapide et bien mis en scène par Robert D. Webb (ancien assistant d’Henry King), Le Cavalier du crépuscule ne révolutionne certes pas le western, d’ailleurs il n’en a pas la prétention, mais vieillit bien, enchaîne les péripéties, les scènes dramatiques, les affrontements et les rebondissements avec suffisamment d’efficacité et dans un très beau CinemaScope. Bref, Love Me Tender, par ailleurs énorme succès à sa sortie avec son budget rentabilisé dès son premier week-end d’exploitation, vaut bien plus que pour la simple participation du King qui voit alors sa carrière cinématographique lancée.

LE DVD

Le test du DVD du Cavalier du crépuscule, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Une toute petite interactivité pour ce western, qui était disponible chez 20th Century Fox auparavant.

François Guérif (8’30) et Patrick Brion (6’) ont répondu à l’appel de l’éditeur, afin de présenter Le Cavalier du crépuscule. Le premier revient sur les débuts au cinéma d’Elvis Presley, en indiquant trouver l’attaque de la gare réussie et l’apprenti-comédien assez bon et touchant, malgré les faiblesses du film.

De son côté, Patrick Brion passe en revue les plus grands westerns de l’année 1956 au cinéma, avant d’en venir au réalisateur Robert D. Webb et bien entendu aux changements apportés au scénario original, suite à l’engagement d’Elvis Presley à la dernière minute, que l’historien-critique trouve d’ailleurs très bien et bon comédien.

Cette section se clôt sur une galerie de photos, ainsi que les bandes-annonces des trois films avec Elvis Presley, disponibles chez Sidonis Calysta, Le Cavalier du crépuscule, Les Rôdeurs de la plaine et Charro.

L’Image et le son

Si la restauration ne fait aucun doute, la quasi-absence de la patine argentique a de quoi énerver. Le grain a été bien trop lissé, ce qui rend l’image trop artificielle à notre goût. Bon, si l’on excepte cela, même si c’est difficile, le cadre large 2.35 est superbe, le N&B lumineux et dense, la gestion des contrastes solide et élégante. La propreté de la copie est indéniable, les détails éloquents et la profondeur de champ impressionnante. Malgré ses points forts, le rouleau compresseur du DNR fait beaucoup de mal aux puristes que nous sommes.

Point de version française à l’horizon, mais deux mixages anglais, Stéréo et Dolby Digital 5.1. Si l’on pouvait s’attendre à une éventuelle spatialisation sur les quatre chansons d’Elvis, sur les scènes d’affrontements et de poursuites, il n’en est rien. Les latérales restent quasiment au point-mort et seul un très léger écho se fait entendre sur la scène arrière. Privilégiez donc la piste Stéréo, de fort bon acabit, qui instaure un confort acoustique très plaisant et dynamique, sans aucun souffle. Les sous-titres français sont imposés sur un lecteur de salon.

Crédits images : © 20th Century Fox / Sidonis Calysta / All Rights Reserved / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Quai des Orfèvres, réalisé par Henri-Georges Clouzot

QUAI DES ORFÈVRES réalisé par Henri-Georges Clouzot, disponible en Blu-ray chez Studiocanal le 17 octobre 2017

Acteurs :  Louis Jouvet, Suzy Delair, Simone Renant, Bernard Blier, Pierre Larquey, Jeanne Fusier-Gir…

Scénario : Henri-Georges Clouzot, Jean Ferry, d’après le roman Légitime défense de Stanislas-André Steeman

Photographie : Armand Thirard

Musique : Francis Lopez

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1947

LE FILM

L’inspecteur Antoine est chargé de l’enquête sur l’assassinat du vieux Brignon, retrouvé mort chez lui un soir de Noël. Son travail le mène dans les milieux du music-hall et des photographes où il rencontre Jenny Lamour, une petite chanteuse et Maurice, son mari très jaloux. Jenny venait d’accepter un rendez-vous à dîner avec Brignon, qui devait lui procurer un rôle…

A la Libération, Henri-Georges Clouzot est condamné par le tribunal d’épuration à ne plus jamais exercer son métier de réalisateur, en raison du Corbeau, jugé anti-français. Défendu par ses pairs, réalisateurs, écrivains et autres artistes, la sentence est finalement (et heureusement) levée deux ans après. Le cinéaste prépare alors son retour sur le devant de la scène et décide pour cela d’adapter pour la troisième fois de sa carrière, un roman policier de l’écrivain belge Stanislas-André Steeman. Après Le Dernier des six (1941), réalisé par Georges Lacombe, pour lequel il avait signé les dialogues, puis sa suite L’Assassin habite au 21 (1942), qui marquait alors les premiers pas d’Henri-Georges Clouzot derrière la caméra, ce dernier jette son dévolu sur le livre Légitime défense, publié en 1942. Le réalisateur ne voit qu’un seul homme capable d’incarner l’inspecteur chargé de l’enquête principale, Louis Jouvet. Non seulement le comédien trouve ici l’un de ses plus grands rôles, mais il livre également une extraordinaire composition. Son personnage reste encore aujourd’hui l’un des plus beaux et emblématiques personnages de policier de l’histoire du cinéma.

Dans le Paris de l’après-guerre, la jeune chanteuse Jenny Lamour ne manque pas d’ambitions et use parfois de ses charmes — notamment auprès d’un vieillard libidineux influent, Brignon — pour se faire une place dans le milieu du music-hall. Un soir, elle accepte son invitation à dîner, espérant que cet homme riche et puissant l’aide dans sa carrière. Son mari, Maurice Martineau — un brave garçon, modeste pianiste évoluant lui aussi dans le spectacle, profère par jalousie des menaces de mort envers le septuagénaire. Se croyant trompé, Maurice se précipite chez Brignon, pour découvrir son rival assassiné. Pris de panique, Maurice s’enfuit. L’inspecteur Antoine, un flic désabusé, cynique et humain du Quai des Orfèvres, est chargé de l’enquête.

Il aura donc fallu attendre quatre années pour qu’Henri-Georges Clouzot fasse son comeback après les immondes accusations de collaboration avec l’ennemi pendant la Seconde Guerre mondiale. Tourné pour la firme allemande Continental, Le Corbeau avait été perçu comme une œuvre de propagande anti-française. Après jugement, le cinéaste avait mis sur la liste noire et exclu des studios. Pour son retour, Clouzot adapte lui-même le roman de Steeman, en prenant de grandes libertés avec l’oeuvre originale, afin de se l’approprier véritablement. Comme il le fera pour Le Salaire de la peur et Les Diaboliques, le cinéaste se sert surtout d’un postulat de départ, pour en faire un film qui lui ressemble à part entière. Quai des Orfèvres est un film charnière dans la carrière de son auteur, un immense chef d’oeuvre, un monument du cinéma français, une référence internationale.

En évoquant le troisième long métrage d’Henri-Georges Clouzot, le cinéphile pense immédiatement à Louis Jouvet. Sa voix, sa dégaine, son phrasé, ses regards, il est absolument fascinant. La modernité de son jeu laisse pantois d’admiration. Son personnage, l’Inspecteur Antoine, de la Brigade criminelle de la préfecture de police de Paris est également un ancien sous-officier de l’Infanterie coloniale qui vit seul avec son petit garçon métis. Clouzot montre Antoine très attentionné et doux avec son fils, dont la couleur de peau choquait alors encore une grande partie de l’audience en 1947. S’il n’avait pas la réputation d’être particulièrement tendre avec ses acteurs, Clouzot les dirigeait merveilleusement et savait s’entourer des meilleurs sur le plateau. Louis Jouvet (qui n’apparaît qu’à la 40e minute du film) donne ainsi la merveilleuse réplique teintée d’humour noir à Bernard Blier (qui n’a jamais été aussi à fleur de peau), Suzy Delair (la gouaille aguicheuse avec son petit tralala), Simone Renant (sensuelle photographe), Charles Dullin (génial pervers pas pépère), et toute une ribambelle d’admirables seconds couteaux tels que Pierre Larquey et Jeanne Fusier-Gil (récurrents chez Clouzot), Robert Dalban, Raymond Bussières et bien d’autres.

Loin de laisser sa caméra fixe au milieu des décors, souvent encrassés, humides et poisseux (sublime photographie à la patte expressionniste d’Armand Thirard), Clouzot compose des plans en mouvements, qui détonnent dans le cinéma français, qui préère habituellement laisser tourner la caméra, sans prendre de risques. La mise en scène s’avère tout aussi moderne que le jeu de son acteur principal. Pas étonnant donc que Quai des Orfèvres n’ait aujourd’hui pas pris de rides et demeure l’un des mètres étalons du genre, où la psychologie des personnages est passionnante et prévaut même sur l’enquête elle-même avec ses faux témoignages et fausses pistes.

Projeté à la Mostra de Venise en version française non sous-titrée, Quai des Orfèvres reçoit le Prix de la mise en scène. Pourtant, Clouzot repart mitigé d’Italie. Persuadé que son film, triomphe critique et public, aurait pu gagner d’autres prix plus prestigieux s’il avait été moins « bavard », le cinéaste décide de se renouveler, en réfléchissant à une nouvelle façon de mettre en scène, en privilégiant le cadre et le montage, au détriment des dialogues. S’il enchaîne très vite avec Manon (1949) et Miquette et sa mère (1950), Le Salaire de la peur (1953) sera la résultante de ces années de réflexion.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Quai des Orfèvres, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, animé sur quelques séquences du film.

Comme sur l’édition HD du Corbeau, nous ne trouvons sur cette édition qu’un seul documentaire rétrospectif, heureusement complet et intéressant (31’), constitué des interventions de Noël Herpe (commissaire de l’exposition Le Mystère Clouzot à la Cinémathèque Française), Chloé Folens (auteur de Les Métamorphoses d’Henri-Georges Clouzot), Marc Godin (co-auteur de Clouzot cinéaste), José-Louis Bocquet (co-auteur de Clouzot cinéaste) et des cinéastes Xavier Giannoli et Bertrand Blier.

On reprend là où nous en étions restés à la fin du module sur Le Corbeau, autrement dit après le jugement rendu par le tribunal d’épuration à la Libération, qui avait interdit à Henri-Georges Clouzot d’exercer son métier de réalisateur jusqu’à la fin de ses jours. Les (nouveaux) intervenants reprennent le train en marche en situant Quai des Orfèvres dans la vie et la carrière de son auteur. Le fond comme la forme sont finalement analysés, la préparation de Clouzot est abordée (trois semaines passées au Quai des Orfèvres pour observer les policiers dans l’exercice de leurs fonctions), tout comme la psychologie des personnages, les thèmes du film, le tout agrémenté de nombreuses anecdotes de tournage.

L’Image et le son

La restauration numérique de Quai des orfèvres est encore plus impressionnante que celle du Corbeau. Le nouveau master HD (codec AVC) au format respecté se révèle extrêmement pointilleux en matière de piqué, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés, de clarté et de relief. La propreté de la copie est souvent sidérante, la nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans d’Henri-Georges Clouzot, la photo signée par le grand Armand Thirard (Les Diaboliques, Le Salaire de la peur) retrouve une nouvelle jeunesse doublée d’un superbe écrin, et le grain d’origine a heureusement été conservé.

Comme pour l’image, le son a également un dépoussiérage de premier ordre. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur ce mixage DTS-HD Master Audio Mono, pas même un souffle parasite sur les quelques plages de silences. Le confort phonique de cette piste unique est total, les dialogues sont clairs et nets. Les sous-titres anglais et français pour le public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr