Test Blu-ray / L’Affaire Dominici, réalisé par Claude Bernard-Aubert

L’AFFAIRE DOMINICI réalisé par Claude Bernard-Aubert, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 22 mai 2019 chez Coin de mire Cinéma

Acteurs : Jean Gabin, Victor Lanoux, Gérard Depardieu, Paul Crauchet, Geneviéve Fontanel, Henri Vilbert, Jacques Rispal, Jacques Richard, Gérard Darrieu, Daniel Ivernel, Jean-Paul Moulinot…

Scénario : Claude Bernard-Aubert, Daniel Boulanger, Louis-Emile Galey

Photographie : Ricardo Aronovitch

Musique : Alain Goraguer

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

4 aout 1952, une chaude nuit en Haute Provence. Un triple meurtre  : le père, la mère, la petite fille sont sauvagement assassinés. Ces 3 anglais sont tués en pleine campagne… À 500 mètres d’une ferme qui, du jour au lendemain, devient célèbre dans le monde entier : la grand’Terre. C’est le fief de Gaston Dominici, ancien berger, qui règne tel un seigneur sur ses terres, sur ses neuf enfants et dix neuf petits enfants. Au matin qui suit la tragédie, l’enquête commence…

Alors qu’il avait déclaré penser à arrêter le cinéma, Jean Gabin, à l’aube de ses 70 ans, endosse le costume de Gaston Dominici. Accusé d’un triple meurtre, condamné à mort par la cour de justice, le vieil homme avait ensuite été gracié six ans après par le général de Gaulle et avait pu rentrer chez lui, en homme libre. L’Affaire Dominici s’évertue à reprendre les faits et prône l’évidente innocence du protagoniste. Dans le rôle-titre, Jean Gabin livre une remarquable prestation. Peut-être même l’une de ses plus grandes. Son jeu reste d’une fraîcheur rare et le comédien, qui s’est alors grandement documenté pour entrer dans les bottes de son personnage, subjugue du début à la fin. Un grand film réalisé par Claude Bernard-Aubert.

Une petite fille anglaise, accompagnée de ses parents, rencontre un vieux paysan, occupé à faire paître ses chèvres. Ces personnes sont venues en pèlerinage à cet endroit d’où leur fils parachuté lors de la dernière guerre, n’est pas revenu. Et un geste du père à sa fille en direction du ciel, n’échappe pas au vieux Dominici. Les Anglais décident de passer, au bord de la route, une nuit qui s’annonce des plus inconfortables. Des personnages motorisés arrivent à la ferme tard dans la soirée. Une fusillade éclate en pleine nuit. On retrouve, le lendemain matin, les cadavres des trois touristes. Suivent les péripéties nombreuses et embrouillées de l’enquête, puis du procès. Les fils Dominici, soupçonnés, accusent leur père du triple assassinat. Celui-ci avoue, puis se rétracte. Le cadet se rétracte à son tour. Le vieux Dominici sera finalement condamné sans qu’apparaissent les preuves formelles de sa propre culpabilité.

Etrange carrière que celle de Claude Ogrel, aka Claude Bernard-Aubert (1930-2018), qui a commencé tout d’abord comme reporter de guerre en Indochine de 1949 à 1954, avant de revenir en France et de couvrir sa première affaire, celle de Gustave Dominici. En 1957, il écrit et met scène son premier long métrage, Patrouille de choc, film sur le conflit en Indochine, qui lui vaut quelques démêlés avec la censure, en raison de son réalisme cru. S’ensuivent huit films jusqu’à L’Affaire Dominici, des œuvres engagées et animées par un besoin de comprendre, d’engager le débat et de mettre l’être humain face à son incompréhension, ou plutôt à désir de ne pas comprendre. Après le film qui nous intéresse, Claude Bernard-Aubert prendra le pseudonyme de Burd Tranbaree et réalisera moult films pornographiques, aux titres aussi fleuris que La Fessée ou les Mémoires de monsieur Léon maître-fesseur, Sarabande porno, La Grande Mouille, La Grande lèche et autres réjouissances.

Pour L’Affaire Dominici, le cinéaste déclare à la sortie du film s’être armé de tous les éléments de l’enquête et des informations de l’époque. Contrairement à la masse populaire, Claude Bernard-Aubert n’est pas arrivé à la même conclusion. Pour lui, il est évident que Gaston Dominici a été la victime d’une enquête mal faite, d’un procès mal conduit, qui ont précipité la culpabilité de l’accusé. Le réalisateur, soutenu par Jean Gabin, entend bien démontrer que le jugement a été basé sur une « conviction profonde » plutôt que sur de véritables preuves.

Cinématographiquement parlant, L’Affaire Dominici est l’exemple type, la référence du film inspiré d’une histoire vrai, du film de procès et policier. Une mise en scène sèche et implacable, parfois à la frontière du documentaire (certaines scènes ont été tournées sur les lieux du triple meurtre), une direction d’acteurs au cordeau, des dialogues ciselés de Daniel Boulanger, une maîtrise du rythme, un casting quatre étoiles. C’est peu dire que L’Affaire Dominici est une très grande réussite. Si Jean Gabin laisse pantois dans la peau de Gaston Dominici, les comédiens qui l’entourent ne sont pas en reste avec notamment Victor Lanoux, qui prouve quel immense acteur il était dans les années 1970, mais aussi Paul Crauchet, impérial dans le rôle du commissaire Sébeille, ainsi que le jeune Gérard Depardieu, 24 ans, qui venait de débuter dans le cinéma. Sans oublier les tronches de Gérard Darrieu, Jacques Rispal, Daniel Ivernel et d’autres seconds couteaux incontournables du cinéma français d’alors qui participent à cette plongée poisseuse dans une famille qui fait froid dans le dos.

L’épilogue reste troublant avec l’apparition et la plaidoirie d’Émile Pollak. L’avocat de Gaston Dominici et l’une des grandes figures du barreau français du XXᵉ siècle, s’adresse aux spectateurs face caméra en leur expliquant clairement que le film et ses auteurs prennent la défense du patriarche, après avoir mis en relief les incohérences de toute cette incroyable histoire.

A sa sortie en 1973, le film divise les français et l’accueil reste tiède avec seulement 1,3 million d’entrées. Quant à Gabin, après le puissant Deux hommes dans la ville de José Giovanni, Verdict d’André Cayatte et L’Année sainte de Jean Girault, son coeur s’arrêtera de battre en 1976, tandis qu’il laissera derrière lui l’une des plus grandes filmographies de l’histoire du cinéma français.

LE DIGIPACK

Et de quatre pour la deuxième vague « La Séance » de Coin de Mire Cinéma ! Et troisième titre avec l’immense Jean Gabin. Après une « carrière » dans les bacs chez René Chateau, puis chez TF1 Studio depuis 2017, le film de L’Affaire Dominici commence désormais une nouvelle vie en Haute-Définition et rejoint la collection créée par Thierry Blondeau en 2018. A l’instar de ses autres titres édités et chroniqués par nos soins, le coffret Digibook prestige (format 142 x 194 mm) est numéroté et limité à 3.000 exemplaires. Il comprend le Blu-ray et le DVD, ainsi qu’un 1 livret de 24 pages cousu au boîtier, comprenant la filmographie du réalisateur avec quelques propos tirés d’une interview donnée à la sortie du film, mais aussi des reproductions des archives sur le film (fac-similé des matériels publicitaires et promotionnels, de la couverture et de l’article parus dans Le Journal de la France et dans Paris-Match), la reproduction de 10 photos d’exploitations cinéma sur papier glacé format 120 x 150 mm rangées dans 2 étuis cartonnés, la reproduction de l’affiche originale en format 215 x 290 mm pliée en 4. Le menu principal est fixe et musical.

En cette dixième semaine de l’année 1973, voici un bulletin d’informations (9’) : Faites un tour sur le circuit mythique du Mans, en compagnie du Club 90 qui vous formera à la conduite. Ensuite, nous donnons la parole à un certain Michel Sardou, 26 ans, qui nous reçoit à la campagne pour évoquer ses précédents démêlés suite à ses chansons « à scandale ». Après, place au défilé Dior et à un message adressé aux spectateurs de Danièle Delorme, marraine d’une association pour les enfants handicapés.

C’est pas tout ça, mais que diriez-vous d’un esquimau Gervais ? Cela tombe bien, quelques réclames (7’) de l’année 1973 nous rappellent que les glaces sont en vente « ici dans cette salle ». La mère Denis vient faire un petit tour dans une publicité pour Vedette. A ne pas manquer également, un spot formidable pour La Samaritaine qui détourne le film King Kong, avec effets spéciaux de rigueur et frayeur des parisiens ! Un vrai petit chef d’oeuvre.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

L’affaire Dominici a été restauré à partir du négatif original. Il s’agit du premier film en couleur édité par Coin de Mire Cinéma. L’élévation HD proprement dire offre à L’Affaire Dominici une nouvelle cure de jouvence, aucune scorie n’est à déplorer, le grain cinéma est restitué et les contrastes trouvent une nouvelle densité. L’encodage AVC consolide l’ensemble, les textures sont flatteuses, le piqué est renforcé et rend hommage aux nombreux gros plans sur les tronches de Gabin (ses yeux bleus brillent de mille feux) et de ses partenaires. Signalons tout de même une colorimétrie parfois fanée, certains plans sensiblement plus altérés ainsi qu’une profondeur de champ limitée. Format 1.66 respecté.

Le mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un confort acoustique total. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. L’éditeur joint les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.


Crédits images : © TF1 Droits Audiovisuels / Coin de Mire Cinéma / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Rue des prairies, réalisé par Denys de La Patellière

RUE DES PRAIRIES réalisé par Denys de La Patellière, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 22 mai 2019 chez Coin de mire Cinéma

Acteurs : Jean Gabin, Marie-José Nat, Claude Brasseur, Roger Dumas, Jacques Monod, Louis Seigner, Paul Frankeur, Alfred Adam, François Chaumette…

Scénario : Michel Audiard, Denys de La Patellière d’après le roman de René Lefèvre

Photographie : Louis Page

Musique : Georges Van Parys

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Henri Neveux rentre d’Allemagne où il était prisonnier. À Paris, il retrouve ses deux enfants et découvre que sa femme est morte en couche en lui laissant un troisième enfant qui n’est pas de lui. Il décide de l’élever comme son fils. Ouvrier et satisfait de son état, mais ambitieux pour sa descendance, Henri Neveux est fier de ses enfants. Du moins de ces deux premiers ! Car la pièce rapportée ne lui donne pas les mêmes satisfactions…

« Tu crois que c’est marrant à mon âge de potasser la carte économique de l’Europe ou d’apprendre en combien de temps se vide une baignoire ? »
« Eh bien, c’est peut-être comme cela, qu’un jour, t’auras une salle de bain. »

Juste après Les Grandes familles, Denys de La Patellière et Jean Gabin s’associent à nouveau pour Rue des prairies, dans lequel le réalisateur exploite l’autre versant du comédien, à savoir la face populaire. En un an, Jean Gabin passe ainsi du fondateur d’un empire qui règne tel un souverain absolu sur ses affaires et sa famille, à un simple ouvrier du XXe arrondissement de Paris. Par ailleurs, en 1959, l’acteur qui aura attiré près de vingt millions de spectateurs dans les salles l’année précédente, s’évertuera à passer d’un univers à l’autre, aussi à l’aise dans la peau d’un vagabond singulier (Archimède le clochard de Gilles Grangier) que dans celle du commissaire Jules Maigret dans L’Affaire Saint-Fiacre de Jean Delannoy. Jean Gabin clôt en beauté cette année avec un nouveau grand succès populaire (3,4 millions d’entrées), Rue des prairies, un superbe drame familial, bercé par de magnifiques dialogues de Michel Audiard.

Henri Neveux rentre d’Allemagne après deux ans de captivité. Sa femme vient de mourir laissant trois enfants, Louis et Odette et un nouveau-né, Fernand, issu d’une liaison adultère, mais qu’il accepte comme son fils. Élevant seul les enfants, Henri fait tout pour qu’ils aient la meilleure éducation possible. 17 ans plus tard. Si Fernand pose quelques problèmes scolaires, les aînés s’en sortent mieux : Louis devient coureur cycliste professionnel tandis qu’Odette devient modèle et la maîtresse d’un homme riche et marié. L’un et l’autre veulent oublier leurs origines modestes et s’écartent de leur père. À la suite d’une fugue, Fernand est traduit devant un tribunal pour mineurs. Face aux magistrats, les deux ainés accablent leur père tandis que Fernand, le fils illégitime montre un véritable amour filial pour Henri.

Ceux qui n’ont eu de cesse de critiquer Jean Gabin en prétextant qu’il vampirisait les films dans lesquels il jouait, tout en écrasant ses partenaires n’ont décidément jamais rien compris. S’il porte certes le film de Denys de La Patellière sur ses larges épaules, Rue des prairies laisse une place très importante aux trois jeunes comédiens qui incarnent ses enfants à l’écran : Claude Brasseur, 23 ans, dans une de ses premières apparitions au cinéma, Roger Dumas et Marie-José Nat. Le miracle avec Jean Gabin, c’est aussi de passer de la haute bourgeoise à la classe populaire, rien qu’en arborant une casquette et une salopette. Il est absolument sublime dans Rue des prairies, père veuf de trois rejetons, dont l’un n’est d’ailleurs pas de lui, qui accepte que « jeunesse se passe », en prenant beaucoup sur lui et en espérant qu’ils s’en sortent mieux que lui dans un monde alors en mutation, comme l’attestent les chantiers d’habitations modernes sur lesquels travaille Henri.

En s’inspirant d’un roman de René Lefèvre, Denys de La Patellière et Michel Audiard trempent leur plume dans une encre douce-amère pour raconter le quotidien de la famille Neveux et surtout l’émancipation des trois enfants du « Vieux », du « Dab ». Alors oui Gabin bouffe l’écran, quand il discute petite reine avec ses copains de bistrot en buvant un verre de vin blanc, quand éméché il parle de ses enfants, quand il débarque chez le vieil amant de sa fille, mais ses trois jeunes partenaires lui tiennent la dragée haute et font preuve d’un caractère enflammé. Entre le désir légèrement suintant de Brasseur, la voix rauque et le charme de Marie-José Nat et la fougue innocente de Roger Dumas, la fratrie Neveux est solidement représentée.

A travers ce drame psychologique, les auteurs parlent avant tout d’amour, y compris de celui qui va au-delà des liens du sang. La séquence finale est difficile, injuste, jusqu’à l’explosion des sentiments enfin révélés. Un très grand moment de cinéma. Fidèle aux réalisateurs avec lesquels il entretenait une solide amitié, Jean Gabin retrouvera Denys de La Patellière pour Le Tonnerre de Dieu en 1965 (leur plus grand succès), Du rififi à Paname en 1966, Le Tatoué en 1968 et Le Tueur en 1972.

LE DIGIBOOK

Le voici le voilà, Rue des prairies, le troisième titre de la deuxième vague « La Séance » disponible chez Coin de Mire Cinéma. Si vous êtes un habitué de la maison, vous savez désormais ce qui vous reste à faire pour découvrir cette magnifique collection. L’objet prend donc la forme d’un Coffret Digibook prestige numéroté et limité à 3.000 exemplaires, au format 142 x 194 mm et comprenant un Blu-ray, un DVD, 1 livret de 24 pages cousu au boîtier, reproduisant des archives sur le film, avec également la reproduction de 10 photos d’exploitations cinéma sur papier glacé format 120 x 150 mm rangées dans 2 étuis cartonnés, mais aussi la celle de l’affiche originale en format 215 x 290 mm pliée en 4. Le menu principal est fixe et musical.

Mais au fait, il se passait quoi dans le monde en cette 43è semaine de l’année 1959 ? Heureusement que les actualités sont là (11’30) ! On assiste donc à un reportage sur les transports routiers en Algérie, aux travaux du Tunnel du Mont-Blanc, à l’adoption d’un bébé chimpanzé après son rejet par des parents colériques, ou encore à un reportage sur la politique de Josip Broz Tito en Yougoslavie.

Et si vous désirez vous désaltérer avant le film, n’oubliez pas que les réclames publicitaires de l’année 1959 (8’) sont là pour vous rappeler que les caramels Isicrem, les bonbons Gilbert et les esquimaux Gervais sont en vente dans cette salle ! Ou si vous voulez une boisson chaude, le café Nescafé décaféiné ou les potages Heudebert sont également en vente à l’épicerie du coin.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

En ce qui concerne l’image de ce fabuleux Blu-ray, c’est encore l’éditeur qui en parle le mieux. « Voici donc la nouvelle restauration 4K de Rue des prairies, réalisée par TF1 Studio avec la participation du CNC et de Coin de Mire Cinéma. Le film a été restauré par le laboratoire Hiventy – Digimage. Les éléments suivants ont été sortis temporairement du CNC à Bois d’Arcy :- Négatif image 35 mm safety en 10 bobines de 300 mètres, Négatif son 35 mm en 10 bobines de 300 mètres, Magnétique son 35 mm en 9 bobines de 300 mètres, Marron 35 mm combiné safety en 5 bobines de 600 mètres. Le négatif image était dans un état médiocre. Il contient de nombreux défauts liés au dépolissage (dont des taches blanches côté support), des scratchs et éclats de gélatine, des poinçons, de nombreuses rayures côté gélatine (particulièrement sur la bobine 6), des inserts d’images transparentes, des déchirures réparées au scotch, ainsi que plusieurs inserts de contretype. Signalons également des collures renforcées au scotch. Après essuyage au perchloréthylène, le négatif image a été scanné en 4K sur Scanity de DFT (DPX 10 bits log). Quelques plans du marron ont également été scannés pour combler des lacunes dans le négatif ». Le résultat est très spectaculaire. Si certains plans demeurent sensiblement flous, nous assistons ici à une véritable résurrection de Rue des prairies. A l’exception des plans en ouverture provenant d’images d’archives, le master HD est aussi immaculé qu’étincelant. Le N&B est dense, la clarté omniprésente, le piqué impressionnant et la texture argentique heureusement préservée et équilibrée. Exit l’ancienne édition DVD René Chateau, aujourd’hui complètement obsolète, place à ce sublime Blu-ray au format respecté 1.66 (16/9).

Un petit mot de l’éditeur sur la restauration du son de Rue des prairies : « Le magnétique son est vinaigré mais demeure exploitable. Le négatif son est pour sa part dans un état mécanique correct. La restauration audio a été faite sur différents plug-ins Protools permettant de traiter le son sans le dénaturer et de retrouver une « couleur » agréable, ainsi qu’une continuité d’écoute stable ». Au final, la piste DTS-HD Master Audio Mono instaure un haut confort acoustique avec des dialogues percutants et une très belle restitution des effets annexes. Aucun souffle sporadique ni aucune saturation ne sont à déplorer. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © TF1 Droits Audiovisuels / Coin de Mire Cinéma / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Cas du docteur Laurent, réalisé par Jean-Paul Le Chanois

LE CAS DU DOCTEUR LAURENT réalisé par Jean-Paul Le Chanois, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 22 mai 2019 chez Coin de mire Cinéma

Acteurs : Jean Gabin, Nicole Courcel, Silvia Montfort, Henri Arius, Antoine Balpètre, Michel Barbey, Orane Demazis, Marcel Daxely, Josselin…

Scénario : Jean-Paul Le Chanois, René Barjavel

Photographie : Henri Alekan

Musique : Joseph Kosma

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Le Docteur Laurent quitte Paris pour s’installer dans un village des Alpes provençales. Il y rencontre une femme qui est en train d’enfanter dans des douleurs terribles. Le médecin décide de passer à l’action avec une nouvelle méthode d’accouchement sans douleur. Mais la femme, méfiante, le fait mettre à la porte et le village, pourtant intrigué, se ligue contre lui…

« La nature elle a bon dos ! Parfois, il faut lui donner un coup de main… »

Le réalisateur Jean-Paul Dreyfus, plus connu sous le nom de Jean-Paul Le Chanois (1909-1985) aura offert à Jean Gabin son plus grand succès au cinéma avec Les Misérables (1958). Le comédien et le cinéaste s’associeront sur quatre longs métrages. L’adaptation de l’oeuvre de Victor Hugo donc, suivi en 1964 de Monsieur, puis du Jardinier d’Argenteuil en 1966. Mais leur première collaboration, moins diffusée à la télévision que les trois films cités précédemment, remonte à 1957. Le Cas du docteur Laurent a pourtant été un grand succès populaire à sa sortie, en attirant 2,7 millions de français dans les salles. Le sujet est et demeure singulier.

Comme l’indique le panneau final, «Ce film est dédié respectueusement aux pionniers de la méthode psychoprophylactique d’accouchement sans douleur. Il a été réalisé avec l’aide de la maternité des métallurgistes à Paris où cette méthode a été pratiquée la première fois en France en 1952». Oeuvre engagée, Jean-Paul Le Chanois était d’ailleurs connu pour son engagement politique au sein du Parti communiste français, son syndicalisme dans le milieu de cinéma et ses activités dans la Résistance sous l’Occupation allemande, Le Cas du docteur Laurent se situe à mi-chemin de la chronique provinciale et du documentaire. Si l’ensemble dégage un charme suranné, le film est surtout resté célèbre pour sa toute dernière séquence, qui montre un accouchement sans douleur, mais aussi et surtout sans aucun trucage. Quant à Jean Gabin, il y est une fois de plus exceptionnel.

Le docteur Laurent est contraint, pour des raisons de santé, de quitter Paris. Il arrive dans un petit bourg de l’arrière-pays des Alpes-Maritimes, à Saint-Martin-Vésubie, où il doit remplacer le docteur Bastide devenu trop âgé pour continuer à exercer. Après avoir fait le tour du village sous la conduite du docteur Bastide, le docteur Laurent commence ses consultations. Très vite, il est sollicité par de nombreux villageois, notamment par Francine, une jeune paysanne célibataire qui lui révèle qu’elle est enceinte. Catherine Loubet, qui a beaucoup souffert durant sa grossesse et lors de son accouchement, le reçoit chez elle, mais en désaccord avec ses conseils, abrège leur entretien. Le docteur Laurent souhaite donner des cours sur l’accouchement sans douleur. Immanquablement, sa décision fait jaser le village sur son compte. Homme de bien, méthodique, le médecin est-il obligé de se rendre chez ses patientes pour leur enseigner les nouvelles pratiques. Bientôt, des habitants des alentours viennent le consulter. Les médecins de la région redoutent sa concurrence et, avec l’aide de la municipalité, adressent une pétition au conseil de l’ordre.

Il y a tout d’abord comme un petit air des films de Marcel Pagnol dans Le Cas du docteur Laurent, « avé l’accent », tourné dans les magnifiques paysages naturels des Alpes-Maritimes. La participation de l’actrice Orane Demazis, l’éternelle Fanny de la Trilogie marseillaise, fait d’ailleurs le lien. Une toile de fond qui ravit les yeux, tandis que les acteurs du cru, dont Marcel Daxely, qui rappelle furieusement Yves Montand, aussi bien dans le charisme que par la voix, entourent Jean Gabin, comme un vrai film choral. C’est d’ailleurs la première réussite du Cas du docteur Laurent, parvenir à rendre attachant chacun des habitants, à les faire exister, à leur donner un rôle important, jusqu’au final où ils participent tous à l’accouchement. Le charme agit petit à petit. Le spectateur est invité à suivre l’arrivée et l’accueil du docteur Laurent, nouveau venu dans ce petit village. Sa visite des lieux s’accompagne de sa rencontre avec les habitants. Avec douceur et délicatesse, Jean Gabin interprète ce docteur progressiste, soucieux de ses patients, en particulier des femmes qui souffraient alors encore lors de la mise au monde de leur enfant au début des années 1950. L’une d’elles est interprétée par la délicieuse Nicole Courcel (Les Amoureux sont seuls au monde, Papa, maman, la Bonne et moi), qui prend également l’accent chantant et qui s’empare avec talent de ce rôle à la fois fort et fragile.

La séquence où toutes les femmes du village s’unissent pour emmener Francine à l’hôpital est jubilatoire, féministe avant l’heure, rare dans le cinéma français de l’époque. Même chose pour cette fameuse dernière scène déjà mentionnée, où un enfant vient au monde, filmé en gros plan. Il faut alors faire fi de certaines longueurs, surtout durant la première partie très naturaliste, même si le jeu décalé, pour ne pas dire théâtral de Silvia Monti détonne comme d’habitude. Jean-Paul Le Chanois et l’écrivain René Barjavel (co-scénariste et co-dialoguiste) prennent le temps de bien ancrer leur récit dans un réalisme attrayant, afin de montrer, sans appuyer, que la fameuse méthode dévoilée et analysée dans le film n’est aucunement fantasmée ou falsifiée pour tromper l’audience. « Vous serez pour ou contre…mais jamais indifférent » scandait l’affiche.

Au final, Le Cas du docteur Laurent est une curiosité, le témoignage d’une époque qui disparaît pour laisser place à une autre, celle du progrès, de l’évolution des mœurs et pour les femmes, celles de disposer de leur corps.

LE DIGIBOOK

Deuxième titre de la seconde salve « La Séance » éditée par Coin de Mire Cinéma, Le Cas du docteur Laurent est sans aucun doute le plus méconnu, même si le film de Jean-Paul Le Chanois avait déjà bénéficié d’une édition en DVD chez LCJ en 2005 puis chez TF1 Studio en 2017. Revoici donc Le Cas du docteur Laurent, disponible à présent dans une superbe édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret, sans oublier la reproduction de l’affiche originale et de dix photos d’exploitation. Le menu principal est fixe et musical. Les autres titres disponibles dans cette nouvelle vague sont Non coupable de Henri Decoin (1947), Rue des prairies de Denys de La Patellière (1959), Le Train de John Frankenheimer (1964), La Grosse caisse de Alex Joffé (1965) et L’Affaire Dominici de Claude Bernard Aubert (1973). Quant à la présentation de la collection, vous pouvez la retrouver en suivant ce lien https://homepopcorn.fr/category/coin-de-mire-cinema/ . Édition collector limitée à 3 000 exemplaires et numérotée.

Le livret comporte moult photographies du film, ainsi que les reproductions en fac-similé des matériels publicitaires et promotionnels, d’un extrait de la revue La Cinématographie Française, de publicités américaines pour le film, ainsi que la filmographie de Jean-Paul Le Chanois avec Le Cas du docteur Laurent mis en évidence.

Allez, on enclenche la « Séance » ! Place aux actualités de la 14e semaine de l’année 1957 (10’). Des informations chargées avec les hommages rendus au président Edouard Herriot, les conséquences de divers séismes qui ont ravagé la ville de San Francisco, des émeutes sur les Champs-Elysées et le tour des Flandres.

Bonbons Minto ! Esquimaux Gervais ! Pippermint Get ! Vous les trouverez tous dans les réclames (8’30) de l’année 1957 ! Et après tout cela, n’oubliez pas de vous laver les dents avec le dentifrice moussant Gibbs, avant d’aller faire un petit tour en Renault 4 CV (« même maltraitée, elle pardonne tout, pour vous mesdames ! »).

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces. Celle du Cas du docteur Laurent s’accompagne d’un carton d’avertissement quant à la nature de la dernière scène du film.

L’Image et le son

Fort d’un master au format respecté 1.37 et d’un solide encodage (AVC), ce Blu-ray au format 1080p en met souvent plein les yeux. Passé un générique légèrement tremblant et des scènes de nuit moins précises, les séquences diurnes s’avèrent resplendissantes, luminescentes même, et profitent clairement de l’apport HD. La restauration HD réalisée à partir du négatif original est étincelante, les contrastes d’une densité souvent impressionnante, la stabilité de mise, les gris riches, les blancs éblouissants et les détails étonnent par leur précision. Les noirs sont profonds, la gestion du grain très équilibrée, le piqué pointu et on s’extasie souvent devant l’indéniable beauté de ce master HD !

Le mixage DTS-HD Master Audio 2.0 manque de naturel, surtout durant le premier acte où les dialogues semblent avoir été repris en post-production. Le volume est souvent trop élevé, un léger bruit de fond se fait entendre, les effets sont exagérés et les voix sont chuintantes. Heureusement, cela s’arrange après. Les répliques sont plus fines et les bruitages plus doux à l’oreille. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © TF1 Droits Audiovisuels – Roissy Films / TF1 Droits Audiovisuels / Coin de Mire Cinéma / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Non coupable, réalisé par Henri Decoin

NON COUPABLE réalisé par Henri Decoin, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 22 mai 2019 chez Coin de mire Cinéma

Acteurs : Michel Simon, Jany Holt, Jean Debucourt, Jean Wall, Georges Brehat, François Joux, Robert Dalban, Charles Vissières, Henri Charrett, Pierre Juvenet, Ariane Murator, Christian Delacroix, Emile Chopitel, Max Trejean…

Scénario : Marc-Gilbert Sauvajon

Photographie : Jacques Lemare

Musique : Marcel Stern

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1947

LE FILM

Installé dans une petite ville de province française, le Docteur Ancelin est un médecin raté et alcoolique. Pourtant, il sent en lui une certaine supériorité… Un soir, un stupide accident d’automobile la lui révèlera, Il sait maintenant en quoi il est plus fort que tous les autres : il porte en lui le génie de tuer. Il y résistera mais les événements et son orgueil seront plus forts que lui…

Grand sportif, il a notamment été champion de France de natation, ancien officier de cavalerie et d’aviation pendant la Première Guerre mondiale, chef d’escadrille, Henri Decoin (1890-1969) se reconvertit ensuite dans l’écriture et devient journaliste. Puis, il se tourne vers le théâtre et tout naturellement vers le cinéma, en devenant assistant-réalisateur à la fin des années 1920. Il passe ensuite derrière la caméra en 1933 pour son premier long métrage, Toboggan. Il rencontre Danielle Darrieux, qu’il épouse et qu’il suit à Hollywood à la fin des années 1930. Cette expérience lui permet d’assimiler les méthodes américaines. A son retour en France, Henri Decoin s’évertuera à appliquer ses acquis dans son propre travail, en variant les genres, passant du polar (Razzia sur la Chnouf) au film d’espionnage, en passant par les films historiques et drames psychologiques.

Non coupable fait partie de cette dernière catégorie, mais teinté cette fois de thriller. Sombre et inattendu dans la carrière d’Henri Decoin, Non coupable apparaît à mi-parcours dans la longue carrière (de 1931 à 1964) éclectique et prolifique du réalisateur des Inconnus dans la maison, Les Amoureux sont seuls au monde, Au grand balcon, La Vérité sur Bébé Donge, L’Affaire des poisons et du Masque de fer avec Jean Marais. Henri Decoin signe ici un film détonnant, qui tranche singulièrement avec le reste de sa filmographie et qui offre à Michel Simon un rôle de monstre humain à la fois empathique et pathétique. En un mot, indispensable.

Michel Ancelin est un médecin qui a plongé dans l’alcoolisme. Dans sa déchéance, plus il subit le regard moqueur des gens, plus il se hait… jusqu’à cette nuit où conduisant en état d’ivresse, il renverse et tue un motocycliste, devant les yeux effarés de Madeleine Bodin, sa jeune amie et maîtresse. Il maquille le méfait en déplaçant le cadavre et la moto puis en enlevant l’ampoule du phare, pour faire croire à un banal et malheureux accident de la route. Il efface les traces de freinage de la voiture. Tout fonctionne à merveille, et la police classe l’affaire sans suite. Un détail anodin, la perte d’une bague en or que portait Madeleine, va venir tout bousculer dans ce couple apparemment sans histoires, et une série de drames vont s’ensuivre.

Dans les années 1940, qui d’autre que Michel Simon aurait pu incarner ce médecin de province, méprisé par ses confrères et même par sa compagne (qui le trompe), qui se découvre des talents de tueur et donc une raison d’être, tout en inspirant une indéniable sympathie ? D’emblée, le spectateur est invité à suivre son quotidien, autrement dit ses soirées noyées dans l’alcool, dans le but d’oublier une vie gâchée. A la suite d’un accident qui a causé la mort d’un homme, ce docteur Ancelin (à la fois Jekyll et Hyde) va alors se créer un personnage romanesque, celui d’un tueur qui met à mal l’enquête d’un inspecteur envoyé de Paris dans cette petite bourgade d’Indre-et-Loire. Henri Decoin filme justement cette ville oubliée de province, mise sous les feux des projecteurs, en raison de la « popularité » de ce criminel que tout le monde recherche. Les journalistes du coin s’affolent, les habitants soupçonnent les voisins. Et pendant ce temps, Ancelin jubile car le tueur est considéré comme un « artiste », un « génie », qui arrive à passer à travers les mailles du filet.

En 1947, Henri Decoin et Michel Simon tourneront deux films ensemble. Les Amants du pont de Saint-Jean et ce Non coupable, œuvre charbonneuse dans lequel le cinéaste exploite à merveille la gueule incroyable du comédien. A travers un N&B fuligineux, Henri Decoin place son antihéros dans l’ombre de ses méfaits, alors que son désir premier est d’être placé dans la lumière et de briller aux yeux du monde, voulant également se prouver à lui-même qu’il n’est pas le raté décrit par tous. Fort de son impunité, il multiplie alors les assassinats, en écoutant la réaction de ses voisins et connaissances. Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon d’Elio Petri (1970) n’est pas loin !

Henri Decoin filme malgré tout l’histoire d’un perdant, qui, sans dévoiler le dénouement imparable et virtuose, parviendra même à manquer sa sortie. Michel Simon, immense, récompensé par le Prix de la meilleure interprétation masculine au Festival de Locarno, suinte l’alcool et la suffisance, mais également la tristesse et la solitude. Parmi ses partenaires, on reconnaîtra l’indispensable Robert Dalban en patron de café (un de ses rôles récurrents à l’époque) et Jean Debucourt, grand comédien de la Comédie-Française, dont la voix est passée à la postérité pour avoir été celle de Jésus dans Don Camillo. Il est ici impérial en inspecteur de police.

Il serait temps de reconsidérer l’oeuvre d’un des plus grands artisans du cinéma français de l’après-guerre. Non coupable, dont Christophe Gans voulait réaliser un remake avec Albert Dupontel, en est d’ailleurs le parfait exemple. Heureusement, Henri Decoin connaît depuis peu un regain de popularité grâce à l’édition de ses films en DVD et Blu-ray. Il n’est donc jamais trop tard.

LE DIGIBOOK

Coin de Mire Cinéma est de retour ! Pour en savoir plus sur cette collection unique, reportez-vous à notre présentation réalisée lors du premier test consacré à Archimède le clochard https://homepopcorn.fr/test-blu-ray-archimede-le-clochard-realise-par-gilles-grangier/. Pour cette nouvelle salve de la collection « La Séance », l’éditeur reprend le même principe. Non coupable d’Henri Decoin, un temps disponible en DVD chez LCJ, est le premier titre de cette vague, qui comprend également Le Cas du docteur Laurent de Jean-Paul Le Chanois (1958), Rue des prairies de Denys de La Patellière (1959), Le Train de John Frankenheimer (1964), La Grosse caisse de Alex Joffé (1965) et L’Affaire Dominici de Claude Bernard Aubert (1973). Inédits en Blu-ray, ces titres seront édités à 3000 exemplaires. Chaque titre est annoncé au tarif de 32€, disponible à la vente sur internet et dans certains magasins spécialisés à l’instar de Metaluna Store tenu par l’ami Bruno Terrier, rue Dante à Paris.

Le livret de 24 pages de cette édition contient également la filmographie de Henri Decoin avec le film qui nous intéresse mis en surbrillance afin de le distinguer des autres titres, de la reproduction en fac-similé des matériels publicitaires et promotionnels de l’époque, des photos promotionnelles françaises et italiennes, du programme illustré des cinémas Balzac Helder Scala Vivienne, d’un article de la revue Ciné-Miroir d’octobre 1947 et d’un article de Calypso. Le menu principal est fixe et musical.

Comme sur tous les titres de la collection, nous trouvons les actualités liées à la semaine de sortie du film qui nous intéresse. Ici, place aux infos de la 39e semaine de l’année 1947 (11’). Quelques images montrent l’arrivée imminente d’un ouragan tropical sur la Floride, les ravages de la guerre d’indépendance de l’Inde, une visite du général De Gaulle à Lyon où il est acclamé par 20.000 personnes sur la place Bellecour, le voyage pour les Etats-Unis des Petits Chanteurs à la croix de bois, l’exploration de l’abîme de la Henne Morte (à moins 450 mètres), etc.

Place ensuite aux réclames publicitaires de l’année 1947 (4’30) avec un tout nouveau réfrigérateur dernier cri, un shampooing à base de moelle de bœuf et la nouvelle cire de la marque Le Drapeau !

Autre supplément, nous trouvons également une fin alternative du film Non coupable (3’), restaurée à partir du négatif nitrate, présentée également à la suite de l’oeuvre d’Henri Decoin. A l’instar de La Belle équipe et Les Amoureux sont seuls au monde, un épilogue maladroit (et plus optimiste) a heureusement été rejeté et donnait une autre signification à l’histoire.

L’Image et le son

Non coupable a été restauré en 4K à partir du négatif image nitrate. Les travaux numériques et photochimiques ont été réalisés par le laboratoire Hiventy. Quelques fourmillements sont constatés sur le générique d’ouverture, ainsi que divers points, tâches et flous sporadiques. Ce master HD trouve ensuite son équilibre avec des noirs denses, une texture argentique élégante, plus appuyée sur les gros plans. Les contrastes profitent de cette promotion Haute-Définition, les détails sont très appréciables, la propreté ne déçoit pas et au final ce Blu-ray permet (re)découvrir Non coupable dans les meilleures conditions techniques.

Aucun souci acoustique constaté sur ce mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Le confort phonique de cette piste unique est indéniable, les dialogues sont clairs et nets. Si quelques saturations demeurent inévitables, la musique est joliment délivrée et aucun craquement intempestif ne vient perturber l’oreille des spectateurs. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.


Crédits images : © TF1 International / TF1 Droits Audiovisuels / Coin de Mire Cinéma / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr