Test Blu-ray / Au grand balcon, réalisé par Henri Decoin

AU GRAND BALCON réalisé par Henri Decoin, disponible en combo DVD/Blu-ray le 7 novembre 2018 chez Pathé

Acteurs :  Georges Marchal, Pierre Fresnay, André Bervil, Félix Oudart, Janine Crispin, Paul Azaïs, Germaine Michel, Abel Jacquin, Clément Thierry…

Scénario : Joseph Kessel, Marcel Rivet

Photographie : Nicolas Hayer

Musique : Joseph Kosma

Durée : 1h56

Année de sortie : 1949

LE FILM

Tous les habitants de la pension de famille toulousaine Au Grand Balcon sont possédés par le goût de l’aventure. Carbot, chef de l’Aéropostale de Toulouse, veut prolonger la ligne vers l’Amérique…

En introduction et sur un montage d’images d’archives, la voix inimitable de l’immense Pierre Fresnay indique qu’Au grand balcon n’a pas pour vocation de relater les faits réels avec une précision documentaire, mais de rendre avant tout hommage aux pionniers de l’aviation civile française, « la plus belle, la plus grande, en date, en sacrifice, en légendes, en étendue ». Très empathique et sincère, ce prologue indique d’emblée le soin tout particulier apporté à cette histoire par le cinéaste Henri Decoin (1890-1969), orthographié ici Henry. Ancien pilote de l’Escadrille des Cigognes pendant la guerre 14-18, le réalisateur signe ici l’un de ses films les plus personnels. Ecrit avec Joseph Kessel (lui-même ancien aviateur et l’auteur d’une biographie sur Jean Mermoz en 1939), Au grand balcon s’inspire de la véritable histoire de la création de l’Aéropostale et de ses deux grandes figures, Didier Daurat, directeur des Lignes aériennes Latécoère, et l’aviateur Jean Mermoz, appelés Carbot et Fabien dans le film, interprétés ici par Pierre Fresnay et Georges Marchal. Sorti en 1949, ce long métrage n’a rien perdu de son charme et reste un formidable moment, animé par la passion de son metteur en scène.

Les années 1920, à Toulouse. Carbot, responsable de l’aéropostale, rêve de prolonger sa ligne en traversant l’Atlantique. Dur à lui-même et aux autres, il exige une discipline aveugle pour un rendement maximum. Un ancien pilote de guerre, Fabien, est tenu à l’écart par Carbot jusqu’au jour où un pilote meurt accidentellement : Fabien, en pleine tempête de neige, transportera le courrier. Il échoue lui aussi et n’est sauvé que de justesse. Pour donner une leçon à tous, c’est Carbot lui-même qui prend le courrier. Fabien sera le chef d’un relais en Afrique et « la ligne » se développera de jour en jour. Chaque soir, les jeunes pilotes intrépides logent au « Grand Balcon » au milieu de fonctionnaires, de retraités et de petits rentiers. Une pension de famille tenue par Adeline et Françoise, deux soeurs qui adoptent leurs turbulents locataires et qui bousculent tout ce petit monde.

Un film à la gloire de l’Aéropostale, mais aussi un portrait des locataires du Grand balcon, le quartier général de ces jeunes pilotes travaillant au développement des liaisons aériennes. Ils sont sous les ordres de Carbot, qui ne vit que pour « la ligne » et qui impose une stricte discipline à ses hommes. Il se soucie peu – du moins en apparence – des existences sacrifiées à son idéal. Jean Fabien, héros de la guerre de 1914, tient tête à Carbot et se heurte constamment à lui. Même si les deux personnages principaux ne s’appellent pas comme cela dans le film, les spectateurs passionnés par le sujet de l’Aéropostale reconnaîtront Daurat et Mermoz. Pierre Fresnay, impérial, droit comme un i, la voix imposante et sèche, campe un Carbot-Daurat impitoyable, strict et dur, guidé par son rêve, prêt à tout pour le concrétiser. Georges Marchal est parfait dans cette représentation de Mermoz aka Fabien dans Au grand balcon. Sa stature, ses épaules sculptées, son charisme rappellent évidemment « l’Archange » disparu accidentellement en 1936 à l’âge de 34 ans.

Ancien sportif, nageur et joueur de water-polo, champion de France du 500m nage libre dans les années 1910, Henri Decoin connaît la persévérance et l’obstination. Officier de cavalerie, de zouaves puis d’aviation durant la Première Guerre mondiale, il devient également chef d’escadrille. Aimant le défi, le risque et le danger, le cinéaste du merveilleux Les Amoureux sont seuls au monde (1947) a voulu faire le plus brillant des éloges à ses modèles et inspirations. Formidablement mis en scène, Au grand balcon compte moult personnages, tous animés par cette envie irrépressible de voler, d’aller toujours plus loin, toujours plus haut. S’ils ont conscience de risquer leur vie chaque fois qu’ils quittent le plancher des vaches, ces jeunes hommes chevronnés entre 20 et 30 ans ne manqueraient jamais l’occasion de prendre place dans un cockpit et de s’envoler.

Les dialogues signés Joseph Kessel rendent compte de ce feu ardent qui les consume à chaque instant, tandis qu’Henri Decoin, qui avait déjà abordé le thème de l’aviation dans Les Bleus du ciel en 1933, soigne le cadre (très belle photo de Nicolas Hayer) et privilégie les séquences intimistes aux scènes aériennes (quasi-absentes), avec en fond la composition romanesque de Joseph Kosma. Au grand balcon est un grand film d’aventures, une épopée humaniste, passionnante et très attachante.

LE BLU-RAY

Les deux disques de ce combo Pathé reposent dans un Digipack à deux volets, glissé dans un surétui cartonné au visuel très élégant. Le menu principal est animé sur la musique de Joseph Kosma.

Tout d’abord et c’est devenu une habitude, Pathé nous gratifie de trois petits modules tirés de ses archives. Les sujets d’actualité sont évidemment en rapport avec le film qui nous intéresse puisque nous y voyons l’inauguration des premières lignes postales aériennes françaises (2’30), la disparition de Jean Mermoz et de ses compagnons (2’45) et les pionniers de la poste aérienne (2’50). Des images toujours impressionnantes à découvrir.

Le bonus le plus conséquent est l’entretien croisé avec l’écrivain Didier Decoin, fils du réalisateur Henri Decoin, et d’Olivier Margot, journaliste et auteur avec Benoît Heimermann de L’Aéropostale publié chez Broché en 2010 (45’). Ce module propose un formidable portrait du cinéaste Henri Decoin, l’homme et l’artiste, le père, le mari, l’ancien aviateur et metteur en scène, qui a mis beaucoup de lui-même dans son film Au grand balcon. Olivier Margot propose également un retour sur l’histoire et les étapes déterminantes de l’Aéropostale française, tout en louant la reconstitution d’Henri Decoin, ainsi que la représentation à peine dissimulée dans le film de Jean Mermoz et de Didier Daurat, sans oublier celle des autres pionniers de l’air. Lent, mais maîtrisé, ce documentaire est aussi informatif qu’attachant, surtout lorsque Didier Decoin, 73 ans, évoque la passion de l’aviation de celui qu’il appelle encore très affectueusement « papa ».

L’Image et le son

La restauration numérique 4K a été réalisée par le laboratoire L’Immagine Ritrovata à partir du négatif original. Le nouveau master HD de Au grand balcon au format 1.37 respecté impressionne par son piqué, par la gestion des contrastes (noirs denses, blancs lumineux), ses détails ciselés (voir les nombreux gros plans) et son relief. La propreté de la copie est souvent sidérante, même chose pour sa stabilité, la profondeur de champ est éloquente, et la superbe photo signée par le grand et pourtant souvent oublié Nicolas Hayer (Le Corbeau, Orphée, Le Doulos) retrouve une nouvelle jeunesse doublée d’un superbe écrin, avec un grain d’origine heureusement été préservé. Les fondus enchaînés sont également fluides et n’occasionnent pas de décrochages. Les stockshots utilisés pour le prologue sont plus marqués par les affres du temps. Notons également un fil en bord de cadre qui a visiblement donné quelques suées aux magiciens de la restauration, ainsi qu’une séquence à la définition étrangement chancelante, celle où Fabien tente de s’en sortir après son crash dans les Pyrénées (à 1h07).

La piste mono restaurée bénéficie d’un encodage en DTS HD-Master Audio. Si quelques saturations et chuintements demeurent inévitables, l’écoute se révèle fluide, équilibrée, limpide. Aucun craquement intempestif ne vient perturber l’oreille des spectateurs, les ambiances sont précises et les dialogues clairs. Les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiovision.

Crédits images : © Pathé Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test 4K Ultra-HD / Rambo 3, réalisé par Peter MacDonald

RAMBO 3 (Rambo III) réalisé par Peter MacDonald, disponible en Coffret Trilogie (4K Ultra HD + Blu-ray – Édition boîtier SteelBook) le 14 novembre 2018 chez Studiocanal

Acteurs : Sylvester Stallone, Richard Crenna, Marc de Jonge, Kurtwood Smith, Spiros Focas, Sasson Gabai…

Scénario : Sylvester Stallone, Sheldon Lettich

Photographie : John Stanier

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Le Colonel Trautman contacte Rambo dans sa retraite en Thaïlande pour qu’il l’accompagne dans une mission périlleuse en Afghanistan. Mais l’ex-soldat refuse afin de se consacrer aux moines bouddhistes qui l’ont recueilli. Lorsque, quelques jours plus tard, l’agent Griggs lui explique que Trautman a été capturé par le Colonel Zaysen, Rambo décide de sauver son ami. Il s’infiltre dans les lignes ennemies et découvre toute l’horreur du conflit qui oppose les moudjahidins à l’armée soviétique. Déterminé, il s’attaque à toute une armée sans oublier son objectif premier : récupérer Trautman.

God would have mercy, John Rambo won’t !

C’est probablement l’épisode sur lequel il y a le moins de choses à dire. Pourtant, Rambo 3 était à l’époque l’une des plus grosses productions cinématographiques jamais entreprise à la fin des années 1980 ! Rambo 2 – La Mission et Rocky 4 marquent l’apogée commerciale de Sylvester Stallone. Deux triomphes mondiaux. Après un Cobra très violent et un Bras de fer mal aimé – pour lequel l’acteur avait obtenu un cachet record – qui a pourtant traversé les années sans trop de dommages, Sly décide de revenir à John Rambo en 1988. Et pour cela rien de tel que de s’en prendre à nouveau à ces « pourritures communistes » en ciblant l’Afghanistan et peu importe si personne ne sait où ce pays se trouve sur une carte. Du moment que Rambo dézingue quelques rouges mal intentionnés, les spectateurs s’en fichent. Sylvester Stallone s’entraîne dur et dessine ses dorsaux. Pour l’aider au scénario, Sly fait appel à Sheldon Lettich, l’auteur de Russkies de Rick Rosenthal, qui évoquait déjà la Guerre Froide, et qui vient de signer également Bloodsport – Tous les coups sont permis qui révélait alors JCVD au monde entier. Mal aimé par les fans de la première heure, Rambo 3 n’en reste pas moins un divertissement bourrin encore ahurissant aujourd’hui, réalisé avant l’avènement des images de synthèse, dans lequel Stallone pousse encore plus loin les manettes en faisant définitivement de Rambo un personnage de cartoon invincible. C’est explosif, jouissif, on en prend plein les yeux, bref Rambo 3 est un immense plaisir.

Tentant d’oublier sa vie de guerrier, John Rambo vit désormais dans un monastère thaïlandais. Alors quand son ami le Colonel Samuel Trautman et l’agent de la CIA, attaché à l’ambassade américaine, Robert Griggs lui demandent de participer à une mission en Afghanistan, occupée par les Soviétiques depuis 1979, Rambo décline. Trautman part donc faire la mission seul mais il est capturé et torturé par le Colonel Zaysen. Quand Rambo apprend la nouvelle par Robert Griggs, il accepte de partir en Afghanistan. Recueilli par des moudjahidins, il assiste à la destruction de leur camp par les hélicoptères de Zaysen. Les rebelles préfèrent alors se retirer au Pakistan alors que Rambo tente sans succès de libérer Trautman du fort soviétique où il est retenu prisonnier.

Alors…où est-ce que les missiles sont localisés ?

Tout près…

Où ça ?

Dans ton cul !

Si Rambo 3 est l’épisode qui comporte le moins de séquences anthologiques, il demeure celui qui contient le plus de punchlines. Conscient de « l’hénaurmité » dans laquelle il s’est fourré, Sylvester Stallone se permet quelques répliques bourrées d’humour du style « Qu’est-ce que c’est qu’ça ? » « Une lumière bleue. » « Et ça fait quoi ? » « Du bleu. » « Je vois… ». Avant cela, le cinéaste Russell Mulcahy (Razorback, Highlander) est renvoyé au bout de deux semaines pour « divergences artistiques » avec la production. Réalisateur de la seconde équipe, le britannique Peter MacDonald est désigné pour le remplacer. Loin d’être un manchot, ce dernier aura travaillé auparavant comme responsable de la deuxième équipe sur L’Empire contre-attaque, Excalibur, Rambo 2 – La Mission, mais aussi comme cadreur chez Bob Fosse (Cabaret), John Boorman (Zardoz), Sidney Lumet (Le Crime de l’Orient-Express), Richard Attenborough (Un pont trop loin), Richard Donner (Superman) et Ridley Scott (Legend). C’est ce qui s’appelle avoir un C.V. qui a la classe ! Un peu pris au dépourvu, Peter MacDonald reprend le flambeau et s’en acquitte formidablement.

Le problème, c’est que durant la production, Mikhaïl Gorbatchev décide de retirer les troupes russes d’Afghanistan et de serrer la main à Ronald Reagan. Le scénario ne peut être remanié à temps. Les ennemis du film ne le seront plus à sa sortie, le monde change, l’Histoire est bouleversée. Qu’à cela ne tienne, Rambo 3 devient alors un gros divertissement où l’action prend le dessus sur tout, y compris sur la psychologie et le réalisme. Peu importe si les russes y sont une fois de plus montrés comme des salopards inhumains (le français Marc de Jonge incarne le perfide Zaysen), Stallone et MacDonald privilégient les explosions et les bastons sur un rythme trépident. Rambo 3 devient de la vraie BD filmée avec un héros qui se prend des coups, des flèches et des bastos, sans jamais tomber. Si son corps musclé à l’extrême est meurtri, Rambo cautérise ses plaies avec de la poudre extraite d’une balle, avant de repartir encore plus vénère.

Stallone n’a jamais été aussi monolithique que dans Rambo 3. Souvent filmé de dos afin que les spectateurs prennent le temps d’admirer ses efforts dans la salle de sport, le comédien exagère et abuse de son expression figée. Impossible de ne pas rire et cela fait partie du spectacle. L’un des points forts de cet épisode est également d’avoir accordé une plus grande place au Colonel Trautman. Les scènes entre Richard Crenna et Stallone fonctionnent à plein régime dans la dernière partie et les deux rivalisent de badasserie. Enfin, il serait également hypocrite de dire le contraire, Rambo 3 est un film qui a vraiment de la gueule. Peter MacDonald soigne son cadre large, la profondeur de champ est sans cesse exploitée, les séquences d’action soutenues par l’équipe de l’indispensable Vic Armstrong sont jubilatoires et bénéficient surtout d’un montage toujours lisible. Les tympans sont crevés, les yeux révulsés et on aime ça. Le film est sans cesse redécouvert et se voit aujourd’hui avec une certaine nostalgie. Pour résumer, on passe encore un put*** de bon moment.

La sortie de Rambo 3 est difficile. L’Histoire a rattrapé et même doublé Hollywood. Le film déboule sur les écrans américains le 25 mai 1988 et atteint péniblement les 53 millions de dollars de recette en fin de parcours, ce qui ne rentabilise pas le budget pharaonique de 65 millions de dollars, loin derrière les 150 millions récoltés par le second épisode trois ans auparavant. L’accueil à l’international permet néanmoins à Rambo 3 d’être un succès commercial avec près de 140 millions de dollars. Il cartonne en outre en Allemagne, en Italie et même en France avec près de 2 millions d’entrées. Conscient des temps qui changent, Sylvester Stallone range son treillis, son arc et son couteau dans une malle. Contre toute attente, l’acteur ressuscitera le personnage vingt ans après pour un exceptionnel quatrième épisode, écrit et réalisé par ses soins, sobrement intitulé dans nos contrées John Rambo (Rambo aux Etats-Unis), juste après avoir repris les gants pour son splendide Rocky Balboa. L’un des plus beaux comebacks du cinéma. Alors, vivement Rambo – Last Blood mis en scène par Adrian Grunberg (Kill the Gringo) qui sortira en automne 2019.

LE 4K-UHD

Studiocanal regroupe les trois premiers opus de la saga Rambo dans un boîtier Steelbook. Cette édition se compose des Blu-ray 4K empilés sur le côté gauche du coffret et des Blu-ray traditionnels empilés sur la droite. Certains apprécieront, la plupart regretteront ce choix qui abîme les galettes. Autrefois apparu sous la forme d’une boîte de rationnement militaire ou même sous la forme d’une grenade, le coffret présenté ici est plus sobre, aux reflets verdâtres-argentés. Les seuls suppléments disponibles sur les disques UHD sont les commentaires audio, tout le reste est disposé sur les Blu-ray standard. Le menu principal est animé et musical.

Le commentaire audio de Peter MacDonald (vostf) est plutôt intéressant, même s’il intervient finalement rarement. Toutefois, le cinéaste est fier de son film et aborde le renvoi de Russell Mulcahy et sa nomination en tant que réalisateur alors qu’il s’occupait jusque-là de la seconde équipe. Peter MacDonald parle évidemment beaucoup de Sylvester Stallone et de son implication dans les scènes d’action.

Divisé en trois parties, l’acte III du nouveau documentaire intitulé Rambo, symbole des années 80 (11’) donne la parole à l’écrivain David Morrell, aux monteurs Adam Woodward et Joe Mackertich, au comédien Chris Murkey, au réalisateur Peter Macdonald (Rambo III), ainsi qu’à d’autres intervenants (des critiques notamment), qui replacent Rambo 3 dans son contexte cinématographique, mais également historique (« Le monde changeait et faisait la paix, alors qu’on tuait 15 russes par jour sur le tournage » dit le metteur en scène) et politique, ainsi que dans la carrière de Sylvester Stallone. Tout ce beau petit monde se focalise surtout ici sur l’évolution du cinéma d’action dans les années 1980 et de l’émergence des stars du genre (aidées en cela par l’explosion de la VHS), avec comme point d’orgue la rivalité Stallone/Schwarzenegger.

L’éditeur reprend le clip inutile (La boucle est bouclée) de six minutes composés d’images tirées du film. Probablement un spot promotionnel destiné à la vente du film à l’étranger.

Le Voyage d’un héros (25’30 ) : L’écrivain David Morrell revient sur la création du personnage, sa mythologie, ses valeurs et sur l’évolution de John Rambo au fil des trois premiers épisodes de la franchise.

Plus anecdotique est le module intitulé Le matériel de survie de Rambo (9’) qui présente toutes les armes du personnage, leur calibre, leur poids, leur portée…

Studiocanal a mis la main sur un début alternatif (3’30) probablement non retenu car non focalisé sur John Rambo, mais sur un commando qui se fait décimer par un hélicoptère. Nous retiendrons les scènes coupées (7’), notamment celle où Rambo prépare son arsenal et forge lui-même son couteau, devenu ici une véritable machette, avant de partir au combat. Une séquence qui sera reprise par Stallone pour son John Rambo en 2008. Une réplique alternative (« Un touriste égaré ! » à la place de « Ton pire cauchemar ! »), ainsi qu’un épilogue différent au cours duquel Rambo décidait de rester avec les moudjahidins.

Présent dans le coffret 2002, le documentaire Afghanistan, un pays en crise (30′) donne la parole aux producteurs de Rambo 3, à des historiens et à Sylvester Stallone, pour remettre le film dans son contexte politique et historique, du moins au début du tournage. Quelques images d’archives viennent illustrer ce module.

Du coffret 2002, Studiocanal a également repris le supplément Le courage et la gloire (27′) qui propose un retour sur la Rambomania, le merchandising qui accompagnaient les épisodes 2 et 3, l’évolution du personnage en parallèle de la politique de Ronald Reagan, puisque les trois épisodes ont couvert les deux mandats du Président des Etats-Unis. Passionnant.

L’éditeur propose ensuite un comparatif avant/après la restauration (1’30).

Les fans apprécieront le making of d’époque (6’) montrant l’envers du décor et le tout commenté par les comédiens. A cela s’ajoute un segment consacré à la relation Rambo/Trautman (2’30), toujours avec des interviews des acteurs sur le plateau de Rambo 3.

Dirigez-vous ensuite sur l’entretien dense et intelligent de Sylvester Stallone (9’) réalisé à l’occasion de sa venue en France pour la sortie de John Rambo. Si les propos tenus ici renvoient à ceux entendus dans son commentaire audio sur le premier film, il est toujours plaisant de passer un moment avec Sly, qui mine de rien est définitivement entré dans les livres d’histoires du cinéma et dont les œuvres commencent depuis quelques années à être reconsidérées, analysées, commentées et étudiées. Mieux vaut tard que jamais ! Sly, qui a beaucoup de recul sur sa création, revient également sur l’évolution pas toujours heureuse de son personnage. Il déclare également porter l’entière responsabilité de l’échec de Rambo 3.

On termine par une séance de musculation ! Ne riez pas car Franco Columbu, alors âgé de 70 ans en 2011, va vous apprendre à devenir Rambo (15’). Dans sa salle de sport, le coach et docteur en chiropratique et nutrition raconte comment il a entraîné Sylvester Stallone et propose de nous montrer les exercices auxquels s’est plié le comédien au fil du tournage des trois épisodes.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et des spots TV.

Ah oui, ne manquez pas le bonus caché qui était déjà présent sur l’ancien coffret métallique. Pour y accéder, placez votre curseur sur le premier supplément et appuyez sur la flèche du haut. Le couteau de Rambo apparaît en bas de page. Validez. Vous accéderez à un montage génial (4’30) réalisé à partir des jouets d’époque (avec le prix original qui s’affiche) animés et qui rejouent les plus grandes scènes des trois films.

L’Image et le son

Des trois masters 4K, celui de Rambo 3 est celui qui en met plein la vue. Le négatif original a été scanné en 4K chez Technicolor Hollywood avant d’être pris en charge par l’indispensable laboratoire Eclair pour sa remasterisation. La promotion UHD est quasi-omniprésente. Le soleil tape dur sur les paysages secs et poussiéreux ! Les tons sont ici sableux, chatoyants et la palette chromatique possède ici une richesse assez inouïe. Chaque séquence en extérieur, que ça soit durant le coucher du soleil en Thaïlande ou lors de la scène du bouzkachi, ou pendant les affrontements entre les chars et les hélicoptères apparaît flambant neuve, tout en préservant la belle texture argentique originale, avec peut-être un grain plus grumeleux sur les scènes sombres. Cette galette 4K Ultra-HD labellisée Dolby Vision HDR 10 est franchement superbe. La propreté de l’image est remarquable, tout comme sa clarté, les contrastes, la gestion des noirs. Le cadre large regorge de détails, comme sur les visages (voir celui de Rambo perlé de sueur lors du combat inaugural) et la profondeur de champ laisse pantois. Ou comment redécouvrir Rambo 3 dans les meilleures conditions techniques à ce jour.

Nous nous retrouvons avec les mêmes propositions que pour les deux précédents volets, à savoir des pistes anglaises et françaises disponibles en DTS-HD Master Audio 5.1. Cette fois encore, la version française n’arrive pas à la cheville de l’autre option acoustique, même si la spatialisation est plus enveloppante et mieux équilibrée. Toutefois, les basses auraient mérité d’être plus accentuées. En revanche, grosses ambiances explosives pour la version originale, très immersive lors des scènes d’action dès le combat en début de film avec les acclamations des spectateurs. A ce titre, la dernière demi-heure mettra à mal votre installation. Seul bémol de cette piste, les scènes plus « calmes » délaissent les effets naturels lors des échanges. Sans surprise, le score de Jerry Goldsmith est l’élément qui profite de la DTS-HD. On aurait tellement aimé une Dolby Atmos ou DTS-X…

Crédits images : © Studiocanal/ Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test 4K Ultra-HD / Rambo 2 – La Mission, réalisé par George Pan Cosmatos

RAMBO 2 – La Mission (Rambo: First Blood Part II) réalisé par George Pan Cosmatos, disponible en Coffret Trilogie (4K Ultra HD + Blu-ray – Édition boîtier SteelBook) le 14 novembre 2018 chez Studiocanal

Acteurs : Sylvester Stallone, Richard Crenna, Charles Napier, Julia Nickson, Steven Berkoff, Martin Kove…

Scénario : Kevin Jarre, Sylvester Stallone, James Cameron

Photographie : Jack Cardiff

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

John Rambo purge une peine de prison lorsque le Colonel Trautman lui donne la possibilité de sortir pour une mission délicate : avoir la preuve qu’il reste bel et bien des prisonniers américains au Vietnam. Supposé n’être qu’un observateur, Rambo désobéit aux ordres et tente de sauver un prisonnier. Murdock, le responsable de la mission, décide alors de l’abandonner en territoire ennemi, Rambo, seul, sans armes et face à l’ennemi, prépare sa vengeance et son retour au pays.

Aucun homme, aucune loi, aucune guerre ne peuvent l’arrêter.

Bheeeeeeeeeuaaaaaaaar ! Cette fois on y va pour gagner Colonel ? Trois ans après l’incroyable succès de Rambo, il fallait bien que Sylvester Stallone revienne à ce personnage immédiatement adopté par les spectateurs du monde entier, y compris par le monde politique. Alors qu’il vient d’entamer son deuxième mandat, le Président Ronald Reagan n’hésite pas à citer Rambo dans quelques discours. Il n’en fallait pas plus pour Sly pour préparer le retour de son personnage John Rambo, d’autant plus que la suite de La Fièvre du samedi soir, Staying Alive, qu’il a mis en scène, n’a pas été le succès escompté, tout comme la comédie musicale Rhinestone aka Le Vainqueur de Bob Clark qui reste un des moments les plus gênants de sa carrière. Rambo 2 – La Mission / Rambo – First Blood Part II est donc lancé, sur une histoire originale de James Cameron, oui oui, reprise ensuite par le comédien afin de la mettre à sa sauce, à sa propre gloire, à celle de son pays, histoire de panser les plaies de la guerre du Vietnam encore présente dans les esprits. Mais contrairement au premier opus de Ted Kotcheff, celui réalisé par George Pan Cosmatos (Le Pont de Cassandra, Bons baisers d’Athènes) prend comme partis pris de faire de Rambo le représentant d’une nation. Ici, le personnage va enfin permettre à The Star-Spangled Banner d’être fièrement brandi au Vietnam puisque Rambo va à lui-seul remporter la victoire en massacrant à la chaîne toute une armée jusqu’aux dents. Ou comment Sylvester Stallone va trahir de façon outrancière son personnage afin d’écraser la concurrence au box-office. Rambo 2 – La Mission est et demeure l’un des plus grands phénomènes cinématographiques des années 1980.

Ce que vous appelez l’enfer, il appelle ça chez lui.

Après son arrestation à la fin du premier volet, Rambo est emprisonné et condamné aux travaux forcés. Son mentor, le Colonel Samuel Trautman (Richard Crenna avec son béret vissé de travers sur la tête) débarque et lui propose d’accomplir une mission périlleuse : trouver des preuves de la présence de prisonniers américains au Vietnam, en échange de quoi il retrouvera sa liberté. Arrivé dans la jungle, il entre en contact avec l’espionne anti-communiste Co Bao. Ensemble, ils découvrent un camp vietnamien et Rambo libère un prisonnier. Alors que l’hélicoptère chargé d’exfiltrer Rambo arrive, Murdock, le chef de la mission, qui a eu vent de la libération du prisonnier, décide d’annuler la mission sans récupérer ni ce dernier ni Rambo, malgré la tentative du colonel Trautman pour infléchir ses ordres. Murdock espérait en effet que Rambo ne découvre aucune preuve pour pouvoir classer l’affaire car le Congrès américain n’a aucune envie d’une nouvelle guerre du Vietnam. Trahi et abandonné à son sort, Rambo est ramené au camp vietnamien et torturé. Il fera tout pour s’échapper, venir en aide à d’autres prisonniers, se venger de Murdock, mais aussi et surtout prendre sa revanche sur le Vietnam.

Pour survivre à la guerre il faut devenir la guerre.

Quand on y regarde de plus près et surtout près de 35 ans après sa sortie, les américains ne sont pas aussi bien lotis qu’on pourrait le croire dans Rambo 2 – La Mission. Certes, Rambo joue au ball-trap pendant 1h30 en flinguant tout ce qui bouge (près de 70 hommes y passent) et cette fois sans sourciller, mais ceux qui l’ont employé sont quand même d’immenses salopards (Charles Napier avec son sourire carnassier) qui ont voulu faire bonne figure en faisant croire qu’ils pensent encore aux soldats disparus en organisant de pseudo-recherches. Mais ils reculent dès qu’on leur présente la preuve de ce qu’ils avançaient, n’hésitant pas pour cela à trahir l’un des leurs par lâcheté. Cela étant, Rambo 2 – La Mission reste symbolique de la politique Reaganienne, fustigeant les régimes communistes, tout à la gloire du Pays de l’Oncle Sam où le Rêve américain est ouvert à tous, où le fric déborde de partout, sans oublier le culte du corps. Bref, l’hégémonie américaine est omniprésente.

Ayant abusé de la gonflette, Sylvester Stallone apparaît deux fois plus énorme que dans le premier. Tout est fait pour faire de son personnage une icône, une référence au même titre qu’un G.I. Joe. Tout est prétexte pour mettre en valeur les muscles bandés de l’acteur, y compris lorsqu’il affûte son couteau (avec sa lame également deux fois plus grande que dans Rambo), ou quand il lace ses Rangers comme dans la mythique bande-annonce. Difficile aujourd’hui de revoir Rambo 2 – La Mission sans sourire ou même rire devant la parade de Stallone. Pourtant, ce dernier assure. Il fait tout exploser à l’écran (des communistes surtout c’est vrai, puisque les méchants russes sont également de la partie contre notre super-héros), tire avant de parler, prend le temps de tomber amoureux tout en se recoiffant, prend un bain de boue, prépare son arsenal et surtout ses flèches avec lesquelles il rase une bonne partie de la jungle. Le sketch Rambo d’Albert Dupontel reste le meilleur résumé du film au monde.

S’il y a bien une chose que l’on ne peut nier ni reprocher à Sylvester Stallone, c’est sa générosité en ce qui concerne les scènes d’action. Rambo 2 – La Mission peut largement être critiqué, mais en aucun cas pour sa notion de divertissement. Le film reste d’ailleurs l’une des références en la matière et moult ersatz verront le jour après, sans jamais atteindre la réussite de spectacle pyrotechnique savamment mis en scène par George Pan Cosmatos, joliment photographié par le célèbre chef opérateur Jack Cardiff et toujours sur une musique tonitruante de Jerry Goldsmith. Sorti en 1985 et accompagné d’une campagne promotionnelle internationale dévastatrice, Rambo 2 – La Mission dépasse tous les pronostiques.

C’est vous qui avez commis une erreur.

Et vous allez me dire laquelle.

Rambo.

Si le budget est largement supérieur à celui du premier épisode avec 45 millions de dollars, le triomphe est ahurissant (voire obscène) avec 150 millions de dollars de recettes sur le sol américain, l’équivalent dans le reste du monde. En France, Sylvester Stallone connaîtra alors son plus grand succès en attirant près de six millions de spectateurs (deuxième plus gros hit de l’année derrière Trois hommes et un couffin de Coline Serreau) et rentre dans l’histoire en devenant le premier film à passer la barre des 500.000 entrées la première semaine. Il restera également pendant dix ans le plus gros démarrage en région parisienne avec plus de 80.000 spectateurs sur la première journée d’exploitation le 16 octobre 1985. La Rambomania bat son plein, les gamins jouent à la guerre dans la rue, les mecs bombent le torse et vont au club de gym, Ronald Reagan rêve d’avoir le nouveau patriote Rambo à ses côtés. Sly et Pan Cosmatos referont immédiatement équipe avec Cobra. Mais Sylvester Stallone prépare activement Rocky IV, qu’il a écrit entre deux prises de Rambo 2 – La Mission, et mettra quatre ans avant de revenir une troisième fois à Rambo.(à suivre…)

LE 4K UHD

Studiocanal regroupe les trois premiers opus de la saga Rambo dans un boîtier Steelbook. Cette édition se compose des Blu-ray 4K empilés sur le côté gauche du coffret et des Blu-ray traditionnels empilés sur la droite. Certains apprécieront, la plupart regretteront ce choix qui abîme les galettes. Autrefois apparu sous la forme d’une boîte de rationnement militaire ou même sous la forme d’une grenade, le coffret présenté ici est plus sobre, aux reflets verdâtres-argentés. Les seuls suppléments disponibles sur les disques UHD sont les commentaires audio, tout le reste est disposé sur les Blu-ray standard. Le menu principal est animé et musical.

Contrairement aux excellents commentaires audio présents sur le premier opus, celui du réalisateur George Pan Cosmatos (vostf) est soporifique et à fuir. Ce dernier paraphrase ce qui se passe à l’écran du début à la fin, s’endort visiblement parfois, puis reprend en racontant quelques anecdotes sans intérêt ou reprises dans les suppléments suivants de façon nettement plus enjouée.

Divisé en trois parties, l’acte II du nouveau documentaire intitulé Rambo, symbole des années 80 (12’) donne la parole à l’écrivain David Morrell, aux monteurs Adam Woodward et Joe Mackertich, au comédien Chris Murkey, au réalisateur Peter Macdonald (Rambo III), ainsi qu’à d’autres intervenants (des critiques notamment), qui replacent Rambo 2 – La Mission dans son contexte cinématographique, mais également historique et politique, ainsi que dans la carrière de Sylvester Stallone. Le ton est bien évidemment plus cynique et pince-sans-rire que pour le premier épisode.

Reprise ici du documentaire de 2002 intitulé On y va pour gagner (20’), suite d’Avant que le sang ne coule, réalisé pour le vingtième anniversaire de Rambo, et composé d’interviews des comédiens, de David Morrell, du réalisateur George Pan Cosmatos et des producteurs qui racontent plus ou moins les mêmes anecdotes et souvenirs de tournage déjà entendues précédemment. Ce qui n’empêche pas ce documentaire d’être très bon. Quelques photos et images de plateau viennent illustrer l’ensemble.

Dans la jungle (8’) est un making of d’époque composé d’interviews d’époque de Sylvester Stallone, de Julia Nickson-Soul et de George Pan Cosmatos, qui racontent les grandes lignes de cette suite.

Place à un document d’archive (2’) consacré à Robert Garwood, le dernier prisonnier de guerre américain capturé au Vietnam, libéré en 1979 après 14 ans de détention.

Le module suivant Sean Baker (2’) montre la visite sur le plateau d’un adolescent fan de Sylvester Stallone, qui aurait vu 220 fois le premier épisode. Le film de Ted Kotcheff et surtout la force surhumaine de Rambo aurait aidé le jeune homme, condamné par la maladie, à combattre le cancer qui le ronge. Devant la caméra, Sly tape la discute avec Sean Baker et lui raconte quelques souvenirs de tournage du premier film.

S’ensuivent deux interviews de Sylvester Stallone (2’) et Richard Crenna (1’30) réalisées sur le plateau.

L’éditeur propose ensuite un comparatif avant/après la restauration (1’), puis un montage d’images brutes de tournage (2’).

On termine par une séance de musculation ! Ne riez pas car Franco Columbu, alors âgé de 70 ans en 2011, va vous apprendre à devenir Rambo (14’). Dans sa salle de sport, le coach et docteur en chiropratique et nutrition raconte comment il a entraîné Sylvester Stallone et propose de nous montrer les exercices auxquels s’est plié le comédien au fil du tournage des trois épisodes.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et des spots TV.

L’Image et le son

Comme pour le premier opus et pour le troisième dont le test arrive très bientôt, le transfert UHD pour Rambo 2 – La Mission tient toutes ses promesses. Le négatif original a été scanné en 4K chez Technicolor Hollywood avant d’être pris en charge par l’indispensable laboratoire Eclair pour sa remasterisation. La promotion 4K est ici encore plus flagrante que pour le film de Ted Kotcheff, plus sombre, plus poisseux. Ce qu’on l’on oublie souvent, c’est que la photographie de l’épisode réalisé par George Pan Cosmatos est vraiment très belle. Le travail du vétéran Jack Cardiff (Le Narcisse noir, Les Chaussons rouges, Pandora, La Comtesse aux pieds nus) n’a jamais été aussi choyé avec une luminosité de chaque instant et un aspect parfois ouaté du plus bel effet quand Rambo est en compagnie de sa douce. Voilà probablement l’édition Ultime de Rambo 2 – La Mission. Cette galette 4K Ultra-HD labellisée Dolby Vision HDR 10 est franchement superbe. La palette chromatique est resplendissante dès le premier plan sur la carrière, les verts et les marrons de la jungle ressortent comme jamais auparavant. Les explosions (la scène où Rambo court au ralenti) en mettent plein la vue. La propreté de l’image est remarquable, tout comme sa clarté, les contrastes, la gestion du grain argentique et des noirs. Le cadre large est loin d’être avare en détails, notamment sur la tronche burinée (et toujours en sueur) de Stallone et sur ses abdos huilés.

Les versions anglaise et française sont disponibles en DTS-HD Master Audio 5.1. Bon, ceux qui auront découvert le film dans la langue de Molière et qui restent attachés au doublage risquent d’être déçus devant le manque d’ampleur de cette option acoustique, même si l’ensemble est nettement plus agité que sur le premier. Le report des voix est trop léger ou sourd, tout comme la balance frontale. La piste originale est également mieux lotie, surtout lors de la dernière demi-heure où les explosions et les déflagrations s’enchaînent non-stop jusqu’au retour de Rambo où il détruit le matériel de l’armée. Alors, si cette piste anglaise DTS-HD Master Audio 5.1 n’atteint pas la dynamique des films contemporains, le spectacle est bel et bien présent avec des basses percutantes. La spatialisation est plus éloquente (ambiances de la jungle, rotors d’hélicoptères), et profite encore une fois à la composition de l’immense Jerry Goldsmith.

Crédits images : © Studiocanal/ Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test 4K Ultra-HD / Rambo, réalisé par Ted Kotcheff

RAMBO (First Blood) réalisé par Ted Kotcheff, disponible en Coffret Trilogie (4K Ultra HD + Blu-ray – Édition boîtier SteelBook) le 14 novembre 2018 chez Studiocanal

Acteurs : Sylvester Stallone, Richard Crenna, Brian Dennehy, David Caruso, Jack Starrett, Bill McKinney, Michael Talbott…

Scénario : Michael Kozoll, William Sackheim, Sylvester Stallone d’après le roman Le Premier sang – First Blood de David Morrell

Photographie : Andrew Laszlo

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

John Rambo est un héros de la Guerre du Vietnam errant de ville en ville à la recherche de ses anciens compagnons d’armes. Alors qu’il s’apprête à traverser une petite bourgade pour s’y restaurer, le Shérif Will Teasle l’arrête pour vagabondage. Emprisonné et maltraité par des policiers abusifs, Rambo devient fou furieux et s’enfuit dans les bois après avoir blessé de nombreux agents. Traqué comme une bête, l’ex-soldat est contraint de tuer un policier en légitime défense. Dès lors, la police locale et la garde nationale déploient des moyens considérables pour retrouver le fugitif. Le Colonel Trautman, son mentor, intervient et essaie de dissuader les deux camps de s’entre-tuer pendant que Rambo, acculé et blessé, rentre en guerre contre les autorités.

Welcome to Hope !

Après Rocky, Rambo est bien évidemment le second personnage mythique interprété par Sylvester Stallone. Intitulé First Blood en version originale (ou le premier sang versé causé par celui qui ouvre les hostilités), Rambo dans nos contrées et Rambo : Le Dévastateur chez nos amis du Québec, est un grand classique et même un chef d’oeuvre absolu du cinéma américain des années 1980. Au-delà de son importance historique de par son sujet abordé des anciens soldats revenus du Vietnam et affrontant la haine de leurs concitoyens, Rambo, produit par Mario Kassar et Andrew G. Vajna, est également le film matriciel de tout le cinéma d’action qui allait envahir les salles du monde entier en faisant d’Arnold Schwarzenegger, Jean-Claude Van Damme et consorts les plus grandes stars de la décennie. Si la réputation du premier opus a pâti d’un second épisode nawak et parfaite antithèse du premier volet, Rambo est aujourd’hui considéré à l’unanimité comme une référence et n’a pas à rougir d’être cité aux côtés d’oeuvres emblématiques comme Voyage au bout de l’enfer, Taxi Driver, Platoon sans oublier le méconnu et pourtant précurseur Les Visiteurs d’Elia Kazan (1972). Alors en attendant de découvrir cette année le cinquième et dernier combat de John Rambo intitulé Last Blood, il est toujours bon de réviser ses classiques.

John Rambo, un ancien Béret vert et héros de la guerre du Vietnam, erre sans but de ville en ville depuis son retour aux Etats-Unis. En voulant rendre visite au dernier de ses anciens compagnons d’armes encore en vie, il apprend la mort de celui-ci des suites d’un cancer. Reprenant sa route, il arrive dans une petite ville d’une région montagneuse, afin de s’y restaurer. Mais le shérif de la ville, Will Teasle, prétextant ne pas vouloir de vagabonds dans sa ville, le raccompagne à la sortie de l’agglomération. Ulcéré, Rambo tente de faire demi-tour, mais il est alors arrêté sans ménagement par le shérif. Jeté en prison pour vagabondage et refus d’obtempérer, il est maltraité par un des policiers, Galt, qui le prend en grippe dès son arrivée. Rambo se révolte et, après une violente bagarre, s’enfuit du commissariat au guidon d’une motocyclette volée. Après avoir semé le shérif Teasle lors de sa dangereuse course-poursuite en voiture, Rambo se réfugie dans les bois qui garnissent la montagne. Traqué comme un animal par le shérif qui a rameuté ses troupes, Rambo est contraint à la défensive. Usant ensuite de son expérience des ruses de guerre, de la guérilla et des pièges acquise dans la jungle vietnamienne, il neutralise un à un les subordonnés de Teasle lancés à sa poursuite. Ignorant la menace, Teasle, après être revenu en ville, fait appel à la Garde nationale. Des moyens considérables sont alors déployés pour retrouver le fugitif. Le colonel Samuel Trautman, ancien mentor de Rambo, arrive sur les lieux et intervient pour convaincre Teasle d’abandonner un combat perdu d’avance : face au soldat surentraîné, ils n’auraient aucune chance.

Rambo est adapté du roman de David Morrell, Le Premier sang, publié en 1972, l’un des premiers ouvrages consacrés à la difficile réinsertion des vétérans ayant quitté l’Amérique de JFK sûrs de leur bon droit, pour retrouver une Amérique hippie et moralisatrice qui formulait de sévères critiques à leur encontre. Les sujets alors tabous de la dénonciation des horreurs de la guerre et surtout des troubles de stress post-traumatique sont également au centre de l’ouvrage. Projet passé dans les mains de réalisateurs frileux préférant repasser le scénario à un confrère et des acteurs de renom (Dustin Hoffman, Al Pacino, Steve McQueen, Clint Eastwood, Nick Nolte, Jeff Bridges, Robert De Niro, Michael Douglas, Terence Hill) refusant poliment, le script de Rambo est envoyé par Ted Kotcheff, finalement retenu, à Sylvester Stallone.

Révélé au monde entier avec Rocky en 1976, notre ami Sly est tout de suite passé à la mise en scène avec l’attachant La Taverne de l’enferParadise Alley, qui s’est soldé par un échec. Rocky II était déjà sur les rails, ce qui le maintenait à flot au box-office. Les Faucons de la nuitNighthawks de Bruce Malmuth et A nous la victoire de John Huston se ramassent également dans les salles. Pas de problème, Sly nous sort un Rocky III au triomphe international. Et c’est alors que Rambo arrive dans la vie du comédien. Derrière la caméra, le canadien Ted Kotcheff hérite donc du bébé. Essentiellement connu pour le frappadingue Réveil dans la terreurWake in fright (1971), ainsi que les excellentes comédies caustiques Touche pas à mon gazon (1977) et La Grande cuisine (1978), le réalisateur signera ici son film le plus célèbre. Quant à Sylvester Stallone, ce rôle, pour lequel il a réécrit une bonne partie du scénario original (dans lequel Rambo était décrit comme un vrai psychopathe et qui tuait sans aucun recul) afin de mieux se l’approprier, lui permet de livrer l’une de ses plus grandes prestations dramatiques.

John J. Rambo est un personnage éminemment tragique. Un jeune soldat transformé en machine à tuer, un monstre, un chien enragé qui se retrouve abandonné par ses « maîtres » une fois sa mission terminée. Le retour à la vie « normale » est donc difficile, voire impossible malgré les apparences. Les regards furieux dirigés contre lui en disent long sur la frustration des américains quant à leur défaite au Vietnam. Rambo est devenu le punching-ball idéal contre lequel les Etats-Unis vont s’acharner afin de mieux oublier l’issue de cette guerre. Les tortures et humiliations subies par le personnage principal apparaissent sous forme de flashbacks, des réminiscences plutôt, de façon sèche et quasi-subliminale, qui reflètent instantanément la psyché perturbée de Rambo. Stallone a donc réussi à faire passer son personnage du côté des victimes de l’armée, de la politique et de la société, plutôt que d’en faire un monstre décérébré ou un Terminator humain.

Le comédien n’est pas seul en piste dans ce premier volet et se voit solidement épaulé par le grand – au sens propre comme au figuré – Brian Dennehy, véritablement flippant dans le rôle du shérif Teasle, lui-même ancien de la Guerre de Corée, alors quasi-oubliée de la conscience collective et qui voit en Rambo un moyen cathartique de se livrer une violence jusqu’alors contenue. Quant au rôle du célèbre Colonel Trautman, un temps envisagé pour Kirk Douglas, Lee Marvin ou Gene Hackman, c’est finalement Richard Crenna qui l’endosse et qu’il reprendra dans les deux films suivants et pour ainsi dire dans le cultissime Hot Shots 2. Un certain David Caruso (sans ses lunettes de soleil, mais déjà roux) apparaît également dans l’un de ses premiers rôles au cinéma.

Tourné dans les magnifiques paysages sauvages de la province de Colombie-Britannique, Rambo combine à la fois le drame psychologique et le survival, le thriller et le film de guerre. Véritablement investi, Sylvester Stallone, pas encore bodybuildé à l’extrême parvient à rendre extrêmement fragile son personnage, créant immédiatement l’empathie pour cet être ravagé de l’intérieur, qui souhaite trouver le repos ou une main tendue qu’on lui refuse. Dans le premier montage livré aux spectateurs lors d’une projection-test, Rambo parvenait à détourner l’attention de Trautman pour que ce dernier l’assassine. Devant ce rejet unanime, le final est retourné, celui où Rambo est finalement se rend aux autorités (sur la sublime musique de Jerry Goldsmith) après s’être écroulé en pleurs dans les bras de celui qui a fait de lui ce qu’il est devenu.

Contre toute attente, y compris Sylvester Stallone qui ne croyait pas au personnage durant une bonne partie du tournage, Rambo est un succès dans le monde entier. Tourné pour un budget de 15 millions de dollars, le film en rapporte près de 50 millions sur le sol américain, 80 à l’étranger et attire plus de 3 millions de français dans les salles. Mais ce hit ne sera rien comparé à celui de Rambo II – La MissionFirst Blood Part 2…(à suivre)

LE 4K UHD

Studiocanal regroupe les trois premiers opus de la saga Rambo dans un boîtier Steelbook. Cette édition se compose des Blu-ray 4K empilés sur le côté gauche du coffret et des Blu-ray traditionnels empilés sur la droite. Certains apprécieront, la plupart regretteront ce choix qui abîme les galettes. Autrefois apparu sous la forme d’une boîte de rationnement militaire ou même sous la forme d’une grenade, le coffret présenté ici est plus sobre, aux reflets verdâtres-argentés. Les seuls suppléments disponibles sur les disques UHD sont les commentaires audio, tout le reste est disposé sur les Blu-ray standard. Le menu principal est animé et musical.

Rambo dispose de deux commentaires audio, disponible en version originale sous-titrée en français. Le premier est réalisé par l’auteur David Morrell, déjà disponible auparavant. Un excellent supplément, clair, net, précis, sans aucun temps mort, dans lequel David Morrell revient notamment sur la genèse de son roman, mais aussi sur les différences entre le film et son best-seller. Le tout parsemé d’anecdotes sur le tournage.

Le second commentaire est évidemment indispensable pour tous les fans puisque mister Sylvester Stallone prend le micro durant 1h30 pour évoquer TOUT ce qui concerne Rambo, la genèse (Sly ne voulait pas le faire, trouvant l’idée du film très mauvaise et le personnage repoussant), le tournage, sa préparation pour le rôle, mais aussi ses doutes, la réécriture du scénario, les conditions des prises de vue (marquées par des températures glaciales), la psychologie du personnage, les accessoires, le casting, les scènes coupées au montage, ses nombreuses blessures (« Les urgences en avaient marre de me voir tous les jours ! »), sa condition physique et le phénomène mondial qui allait être amplifié avec la sortie du deuxième épisode. Etrangement, Sylvester Stallone parle très peu de la mise en scène et de sa collaboration avec Ted Kotcheff. Mais le comédien considère Rambo comme le meilleur film d’action de sa carrière, raison pour laquelle il a voulu enregistrer ce commentaire audio assez exceptionnel.

Divisé en trois parties, l’acte I du nouveau documentaire intitulé Rambo, symbole des années 80 (18’) donne la parole à l’écrivain David Morrell, aux monteurs Adam Woodward et Joe Mackertich, au comédien Chris Murkey, au réalisateur Peter Macdonald (Rambo III), ainsi qu’à d’autres intervenants (des critiques notamment), qui replacent Rambo dans son contexte cinématographique, mais également historique et politique, ainsi que dans la carrière de Sylvester Stallone. Quelques arguments font écho avec ce qui a déjà pu être entendu dans les deux commentaires audio précédents, mais les propos tenus ici sont souvent passionnants.

Repris des éditions précédentes, le making of Avant que le sang ne coule (22’30) réalisé pour le vingtième anniversaire de Rambo, est composé d’interviews des comédiens, de David Morrell et des producteurs qui reprennent plus ou moins les mêmes anecdotes et souvenirs de tournage déjà racontés précédemment. Ce qui n’empêche pas ce documentaire d’être très bon.

Vous découvrirez ensuite la fameuse fin rejetée par les premiers spectateurs, celle où Rambo parvient à détourner l’attention de Trautman, pour que celui-ci lui tire dessus. « Vous m’avez créé, vous devez me tuer ». Curieux de voir le personnage s’écrouler et mourir à l’écran et surtout de constater que Trautman n’a finalement aucun remords en voyant Rambo décéder à ses pieds (2’).

La séquence inédite suivante (1’) reprend plus ou moins la précédente, mais Trautman refuse cette fois de pointer son arme sur Rambo. Cette séquence se termine par une petite blague de Sylvester Stallone qui fait rire l’équipe et son partenaire.

La scène coupée (2’30) évoquée lors des commentaires audio, se déroule après que Rambo ait tué le sanglier. Prenant un peu de repos à côté de son feu de camp, le personnage se remémore soudain sa rencontre avec une prostituée vietnamienne, une passion éphémère dans un bar, avant de retourner au combat.

L’éditeur propose ensuite un comparatif avant/après la restauration (1’30).

Place à un documentaire déjà vu sur les anciennes éditions, intitulé Le vrai Vietnam par ceux qui l’ont vécu (27′). Une archive qui combine les interviews de militaires (anciens officiers des renseignements de l’armée américaine, soldats) et de militants pour la paix, avec des images et photos hallucinantes du vrai conflit.

Si Rambo vous a donné envie de vous enrôler chez les Bérets verts – Green Berets, ne manquez pas La Formation des héros (10’), autrement dit un spot de propagande sur cette entité faisant partie des forces spéciales de l’United States Army (armée de terre américaine).

On termine par une séance de musculation ! Ne riez pas car Franco Columbu, alors âgé de 70 ans en 2011, va vous apprendre à devenir Rambo (14’). Dans sa salle de sport, le coach et docteur en chiropratique et nutrition raconte comment il a entraîné Sylvester Stallone et propose de nous montrer les exercices auxquels s’est plié le comédien au fil du tournage des trois épisodes.

L’interactivité se clôt sur deux bandes-annonces.

L’Image et le son

Ça va péter mon colonel ! Et le moins que l’on puisse dire c’est que ce transfert UHD tient toutes ses promesses. Le négatif original a été scanné en 4K chez Technicolor Hollywood avant d’être pris en charge par l’indispensable laboratoire Eclair pour sa remasterisation. Alors certes, le résultat à l’écran n’est pas aussi flagrant que pour Rambo 2 – La Mission et encore moins que pour Rambo III à qui cette promotion 4K sied le plus, mais toujours est-il que nous n’avions jamais vu le chef d’oeuvre de Ted Kotcheff dans ces conditions. Voilà probablement l’édition Ultime de Rambo. Il serait en effet difficile de faire mieux pour cet opus sans en dénaturer les volontés artistiques originales du chef opérateur Andrew Laszlo (Les Guerriers de la nuit, Massacre dans le train fantôme). L’attente a donc été longue, mais ceux qui auront acheté les différentes éditions de Rambo sur tous les supports l’auront constaté, la qualité allait toujours en s’améliorant. Cette édition 4K Ultra-HD labellisée Dolby Vision HDR 10 est l’apogée. La palette chromatique n’a jamais été aussi suintante avec ses nuances de verts et de bleus, des teintes froides voire glaciales, tandis que les explosions finales n’ont jamais été aussi luminescentes. La propreté de l’image est remarquable, tout comme sa clarté, la gestion du grain argentique et des noirs. Le cadre large est loin d’être avare en détails sur les paysages sauvages avec notamment une profondeur exceptionnelle.

Les versions anglaise et française sont disponibles en DTS-HD Master Audio 5.1. Bon, ceux qui auront découvert le film dans la langue de Molière et qui restent attachés au doublage risquent d’être déçus devant le manque d’ampleur de cette option acoustique. Le report des voix est trop léger ou sourd, tout comme la balance frontale. La piste originale est mieux lotie, même si cette fois encore le spectacle ne peut évidemment pas rivaliser avec les standards actuels. C’est dynamique, puissant même, surtout durant le dernier tiers où Rambo fait tout exploser, mais ne vous attendez pas à un fracas de tous les diables. La spatialisation reste dans la moyenne et profite surtout à la composition de l’immense Jerry Goldsmith.

Crédits images : © Studiocanal/ Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test DVD / Les Yeux dans les ténèbres, réalisé par Fred Zinnemann

LES YEUX DANS LES TÉNÈBRES (Eyes in the Night) réalisé par Fred Zinnemann, disponible en DVD le 4 décembre 2018 chez Artus Films

Acteurs : Edward Arnold, Ann Harding, Donna Reed, Stephen McNally, Katherine Emery, Allen Jenkins, Stanley Ridges, Reginald Denny…

Scénario : Baynard Kendrick, Guy Trosper, Howard Emmett Rogers d’après le roman Odor of Violets de Baynard Kendrick

Photographie : Charles Lawton Jr., Robert H. Planck

Musique : Lennie Hayton, Daniele Amfitheatrof

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 1942

LE FILM

Norma Lowry sollicite l’aide de son ami le détective non voyant Duncan Maclain car elle vient d’apprendre que l’un de ses ex-prétendants courtise sa belle-fille âgée de 17 ans.  Lorsque ce dernier est retrouvé assassiné, Norma devient la principale suspecte de ce crime. Avec l’aide de Friday, son fidèle chien, Duncan va mener une enquête débouchant sur une obscure affaire d’espionnage.

Les Yeux dans les ténèbres Eyes in the Night est l’un des premiers longs métrages de Fred Zinnemann (1907-1997), mais aussi son second à sortir en 1942, la même année que L’Assassin au gant de veloursKid Glove Killer. D’origine autrichienne, le cinéaste né à Vienne, fait ses études de cinéma à Paris. A la fin des années 1920, il décide d’aller tenter sa chance à Hollywood. Il devient assistant costumier, fait quelques apparitions devant la caméra, notamment dans À l’ouest rien de nouveau de Lewis Milestone (1930), puis il devient aide-opérateur. Il gravit petit à petit les échelons. Il passe ensuite assistant-réalisateur auprès de Berthold Viertel et de George Cukor. Sans être crédité, il participe à la mise en scène du film à sketches Les Hommes le dimanche auprès de Robert Siodmak et Edgar G. Ulmer. Il signe alors le scénario des Révoltés d’Alvarado (1936), qu’il coréalise au Mexique aux côtés d’Emilio Gómez Muriel. Suivront de nombreux courts-métrages et des documentaires, sur lesquels Fred Zinnemann se fait la main jusqu’en 1942 où ses deux vrais premiers longs métrages sortent sur les écrans. Celui qui nous intéresse, Les Yeux dans les ténèbres, est un petit polar fort sympathique, certes désuet, mais qui conserve encore un charme fou et qui se distingue par son personnage principal, un détective privé non-voyant, expert en autodéfense (et en lutte), secondé par son incroyable chien (une vraie performance à part entière de la part du berger allemand) et un assistant un peu fou prénommé Marty. L’ombre d’Alfred Hitchcock plane une fois de plus sur ce thriller méconnu, mais qui devrait faire le bonheur des cinéphiles.

En 1942, Duncan « Mac » Maclain, un détective privé aveugle, se fait aider par son assistant Marty et par son chien Friday. Une amie, Norma Lawry, lui demande d’intervenir pour mettre fin à la liaison entre Barbara, sa belle-fille, et un acteur bien plus âgé qu’elle, Paul Gerente, son ancien amant. Lorsque celui-ci est assassiné, l’enquête de « Mac » le mène jusqu’à un réseau d’espionnage nazi.

Deux fois lauréat de l’Oscar du meilleur réalisateur pour Tant qu’il y aura des hommesFrom Here to Eternity (1954) et pour Un homme pour l’éternitéA Man for All Seasons (1967), Fred Zinnemann entre définitivement par la grande porte du cinéma via le film noir. Le metteur en scène du Train sifflera trois foisHigh Noon (1952) s’en sort haut la main avec une réalisation rigoureuse, un vrai sens du cadre, un rythme maîtrisé et tendu, ainsi qu’une solide direction d’acteurs. Film court (77 minutes montre en main), Les Yeux dans les ténèbres vaut surtout pour l’interprétation de son acteur principal, Edward Arnold, vu chez Frank Capra (Vous ne l’emporterez pas avec vous, Monsieur Smith au sénat), William Dieterle (Tous les biens de la terre), Vincente Minnelli (Ziegfeld Follies) et bien d’autres cinéastes de génie. Si son nom reste obscur, sa bonhommie, sa voix grave et son immense talent ne passent jamais inaperçus.

Les Yeux dans les ténèbres est adapté du roman The Odor of Violets de Baynard Kendrick, l’un des opus de la saga consacrée au capitaine Duncan Maclain, un détective privé devenu aveugle à la suite d’une blessure de guerre, déjà incarné au cinéma en 1938 par Ken Taylor dans The Last Express d’Otis Garrett. Suite au succès des Yeux dans les ténèbres, Edward Arnold reprendra son rôle en 1945 dans The Hidden Eye de Richard Whorf. L’autre « Mac » du film est en réalité un MacGuffin, ce prétexte cher à Alfred Hitchcock qui reste mystérieux dans Les Yeux dans les ténèbres, mais qui attire néanmoins la convoitise d’une bande de nazis dissimulés dans la foule (valet, dramaturge) et notamment ici auprès d’une famille aisée. Une invention semble être très prisée par les méchants de l’histoire.

Riche en rebondissements, Eyes in the Night est une très belle découverte, la photo est sombre à souhait et reflète « le royaume » de Duncan Maclain à plusieurs reprises et quelques touches d’humour – avec l’assistant maladroit de Mac – viennent ponctuer cette intrigue d’espionnage bien ficelée, originale et encore très divertissante aujourd’hui.

LE DVD

La collection Classiques s’agrandit chez Artus Films avec l’arrivée dans les bacs des Yeux dans les ténèbres. La jaquette est élégante, le menu principal fixe et musical.

Un aperçu des autres titres disponibles dans la même collection est proposé comme supplément.

L’Image et le son

Pour ceux qui s’en souviennent, le master 1.33 – 4/3 des Yeux dans les ténèbres rappelle un peu le Ciné Vieux de Grolandsat. Si la copie est stable, elle reste très souvent marquée par des griffures, des points, des tâches et des raccords de montage toutes les vingt minutes. La gestion des contrastes est totalement aléatoire, les noirs bouchés et la définition des séquences sombres laisse franchement à désirer. Ajoutez à cela des décrochages sur les fondus enchaînés, un piqué émoussé, un manque flagrant de détails sur les gros plans et un grain étonnamment lissé. Bref, ce DVD n’a rien de miraculeux, mais a au moins le mérite d’exister et nous permet de découvrir ce bon petit film de Fred Zinnemann.

Point de version française sur cette édition, alors que le doublage existe bel et bien. L’écoute est souvent parasitée par quelques menus craquements, des échanges plus sourds et des fluctuations. La piste Dolby Digital Mono 1.0 fait ce qu’elle peut et en dépit d’un bruit de fond persistant se révèle au final suffisante. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Artus Films / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Flash, saison 4

FLASH – SAISON 4, disponible en DVD et Blu-ray  le 28 novembre 2018 chez Warner Bros.

Acteurs : Grant Gustin, Candice Patton, Danielle Panabaker, Carlos Valdes, Tom Cavanagh, Jesse L. Martin, Keiynan Lonsdale, Neil Sandilands, Hartley Sawyer…

Musique : Blake Neely

Durée : 22 épisodes de 43 minutes + 4 épisodes du crossover Crisis on Earth-X (avec Supergirl, Arrow et DC’s Legends of Tomorrow)

Date de sortie initiale : 2017-2018

LA SAISON 4

Après avoir été libéré de la prison dans la Vitesse Pure par ses amis, Barry Allen reprend du service en tant que Flash en combattant les méta-humains. Il s’avère rapidement que son retour a été orchestré par son nouvel adversaire, Clifford DeVoe, qui possède une intelligence qui dépasse l’imagination.

Flash, quatrième ! Après trois saisons menées tambour battant et près de 70 épisodes, la série Flash se devait de placer la barre très haute pour sa fournée 2017-2018. Si cette saison 4 déçoit par le manque d’envergure et de charisme de son bad-guy DeVoe – The Thinker (Neil Sandilands), évoqué durant la saison 3 par Savitar, Flash reste incontestablement au-dessus du lot de toutes les séries DC grâce à ses formidables comédiens, des histoires originales, des personnages très attachants, des effets visuels spectaculaires, un rythme trépidant, des scènes d’action souvent dantesques et un humour bien dosé. Grant Gustin est toujours aussi impérial dans le rôle principal et ne tire jamais la couverture à ses camarades de jeu. D’ailleurs, la « famille » s’agrandit avec l’arrivée d’un nouveau personnage, Ralph Dibny alias Elongated Man, ou l’Homme-élastique, génialement interprété par Hartley Sawyer, véritable révélation. Loin d’Arrow qui à ce moment-là entamait péniblement sa sixième saison et qui ne cesse encore aujourd’hui de racler les fonds de tiroir pour subsister, Flash peut compter sur l’intelligence de vrais scénaristes, qui font la part belle à la fantaisie, tout en comblant les téléspectateurs avides de divertissements colorés et débridés.

Six mois après l’emprisonnement de Barry dans la Vitesse Pure, Wally et Cisco ont repris le flambeau. Ce sont les nouveaux défenseurs de Central City. Après avoir mis hors d’état de nuire Peak-a-Boo, le duo est confronté à Samouroïd, un nouveau super vilain qui lance un ultimatum à l’équipe : il veut détruire la ville si Flash ne lui est pas livré. L’équipe Flash doit trouver un moyen de le libérer de sa prison. Malgré le fait qu’Iris ne voit pas d’un très bon œil le fait de le sortir de la Vitesse Pure en mettant en danger la ville entière de Central City, le jeune scientifique poursuit son idée et va retrouver Caitlin qui désormais travaille comme barman dans un pub malfamé. Elle accepte de l’aider. Après avoir informé Wally et Joe, le duo fait une percée dans le ciel avec un canon de leur fabrication et un Flash apparaît. Barry est ramené au poste de police. Tous ses amis le retrouvent mais il a changé, il a vieilli et porte une barbe et a un comportement étrange : il ne cesse de gribouiller des signes et parle comme un dément. Samouroïd refait son apparition. Comme Barry n’est pas en état de se battre, Wally prend sa place dans le costume de Flash mais il est rapidement battu et blessé à la jambe droite. Iris décide de se livrer au robot ce qui a pour réflexe de sortir Barry de sa catatonie. Il reprend confiance et affronte le robot. Il sauve Iris et retrouve l’équipe à Star Labs.

Le mystérieux inventeur du robot fait son apparition dans son repaire high-tech, il s’agit du Penseur secondé par son assistante, The Mechanic. De son côté, Caitlin doit composer avec son double Killer Frost et parvient petit à petit à l’apprivoiser. Iris, qui dans l’équipe devient pour ainsi dire l’équivalent de Felicity dans Arrow, commence les préparations de son mariage avec Barry, tant attendu par les fans. Quant à Cisco, il se retrouve poursuivi pendant un délai de 24h par Breacher (Danny Trejo lui-même!), le père ultra-protecteur de la sexy Gypsy.

Après une troisième saison plus sombre durant laquelle Barry devait affronter son double maléfique Savitar, les showrunners ont décidé de revenir à une veine plus humoristique et les fonctionnalités du nouveau costume de Barry offrent à cette occasion quelques gags pour le moins inattendus et burlesques. Du coup, le début de la saison 4 peut sembler un poil longuet puisque les épisodes se suivent de façon plus ou moins indépendante, sans réelles connexions, même si le personnage du Penseur apparaît progressivement. Il faut véritablement attendre l’incroyable crossover en quatre parties, se déroulant sur Terre-X, avec respectivement les épisodes 8 de Supergirl-Saison 3, Arrow-Saison 6, Flash-Saison 4 et DC’s Legends of Tomorrow-Saison 3 pour que toute la mécanique se mette en marche. En attendant, nous faisons donc la connaissance de nouveaux méta-humains, « créés » par le Penseur, dans le but de s’approprier leurs pouvoirs, nécessaires dans sa quête finale. C’est le cas de Ralph Dibny. En cherchant parmi les passagers du bus touchés par la matière noire, Barry retrouve le nom de cet ancien policier corrompu devenu détective privé. L’homme est menacé mais s’en sort grâce à son corps devenu élastique à souhait. Dibny trouve refuge à Star-Labs. Barry va alors tenter de le former et de lui montrer ce que la vie de héros implique. L’ancien détective prend souvent les missions à la légère, négligeant les victimes pour arrêter une nouvelle méta-humaine, une descendante des Sioux capable d’animer les statues et mannequins humains.

Pour trouver DeVoe, Harry convoque les hologrammes de trois doubles dimensionnels de lui-même mais ils se révèlent vite incapables de s’entendre et de combiner leurs génies. Et ainsi de suite, de rebondissement en rebondissement avec notamment Iris qui se retrouve momentanément avec les pouvoirs de Barry ou bien ce dernier qui doit faire face à une explosion nucléaire et qui pour cela doit quasiment arrêter le temps grâce à un nouveau pouvoir acquis dans la Vitesse Pure. Un épisode 15 exceptionnel. A noter également la nouvelle participation de Kevin Smith qui réalise l’épisode 17, dans lequel il fait également une apparition dans la peau d’un agent de sécurité muet nommé Bob, aux côtés de son ami Jason Mewes, qui incarne son collègue Jay. Les cinéphiles apprécieront également les références explicites à Matrix Reloaded et Matrix Revolutions, quand Barry se retrouve face à une armée de clones de DeVoe au moment où il doit s’extraire de l’esprit du Penseur dans l’épisode final. Tout cela sans oublier le charme de Candice Patton et Danielle Panabaker, la folie comique de Tom Cavanagh qui s’en donne à coeur joie, l’ambiguïté de Kim Engelbrecht, la frappadingue Katee Sackhoff (Amunet Black) et l’apparition en pointillés de Jessica Parker Kennedy qui installe l’actuelle saison 5. Bref, cette saison 4 est du même acabit que les précédentes, une très grande réussite.

LE BLU-RAY

La quatrième saison de Flash en Blu-ray, disponible chez Warner Bros., se compose de quatre disques placés dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La liste des épisodes apparaît au verso, tout comme celle des suppléments et des acteurs de la série. Le menu principal est identique sur les quatre Blu-ray, fixe et musical, qui reprend le visuel de la jaquette. Signalons que l’éditeur a eu la bonne idée de proposer l’intégralité de l’épisode crossover divisé sur les quatre séries DC. Cette édition se compose donc de 26 épisodes de 42 minutes.

Dispersées au fil des quatre disques, nous trouvons huit séquences coupées (9’) qui présentées ainsi n’ont forcément pas beaucoup d’intérêt. Nous retiendrons quand même une scène plus intimiste que d’habitude entre Barry et Iris, qui prennent le temps de faire un câlin le matin.

Un bêtisier amusant se trouve sur le premier disque (9’).

Le second Blu-ray contient un débat bien rythmé entre les producteurs des séries DC, qui répondent aux questions de l’animateur Hector Navarro (42’) sur la création de l’énorme crossover, Crisis on Earth-X, composé des épisodes 8 de Supergirl, Arrow, Flash et DC’s Legends of Tomorrow. C’est ici que vous apprendrez chacune des étapes ayant conduit à cette histoire de tentative d’invasion de la Terre par des soldats nazis issus d’un monde dystopique appelé Terre-X. Les spoilers sont évidemment au rendez-vous. Chacun aborde la difficulté d’écrire pour une vingtaine de personnages réunis à l’écran et sur les défis finalement relevés.

Le disque 3 propose un reportage sur la création du personnage Ralph Dibny aka Elongated Man, incarné à l’écran par Hartley Sawyer (10’), qui apparaît dans la saison 4 afin de donner une nouvelle énergie comique après une troisième saison plutôt sombre.

Même chose, la même galette dispose d’un commentaire audio/vidéo de la comédienne Katee Sackhoff, en compagnie du coproducteur exécutif et scénariste Eric Wallace et du scénariste Starling Gates (13’). L’actrice s’amuse derrière le micro et indique comment elle a créé le personnage d’Amuneth Black avec les costumiers et les maquilleurs.

L’éditeur joint également un module consacré au Thinker (16’), composé des propos des showrunners, qui reviennent à tour de rôle sur la psychologie du personnage et la raison pour laquelle Barry l’affronte dans cette saison en particulier.

L’interactivité se clôt sur un best-of du Comic-Con 2017 avec notamment un résumé des présentations des nouvelles saisons de Supergirl, Flash, Arrow, DC’s Legends of Tomorrow et Gotham (58’).

L’Image et le son

Les épisodes sont proposés au format HD (1080p, AVC). Les couleurs sont froides, toujours marquées par quelques touches bleutées. Le piqué est acéré, les contrastes au top et la profondeur de champ très appréciable. Les séquences diurnes sont éclatantes et les scènes de nuit sont aussi bien définies. Warner Bros. met la barre haute et prend soin de l’arrivée de cette nouvelle saison de Flash dans les salons avec même un léger et élégant grain typique du tournage avec la caméra Arri Alexa. Le résultat est superbe et la promotion HD indispensable.

Sans surprise, seule la version originale est livrée au format DTS-HD Master Audio 5.1. Privilégiez évidemment cette option qui instaure un confort acoustique digne des plus grands blockbusters avec une spatialisation tonitruante, des effets latéraux à foison, une percutante délivrance des dialogues et une balance frontale explosive. Mention également au caisson de basses très souvent sollicité dans les scènes d’action. Les réfractaires à la V.O. devront se contenter d’une toute petite VF Dolby Digital 2.0 Stéréo. Etrangement, les allemands disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1.

Crédits images : © Warner Bros. / DC Comics / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr