WIRE ROOM réalisé par Matt Eskandari, disponible en DVD le 16 août 2023 chez Studiocanal.
Acteurs : Kevin Dillon, Bruce Willis, Oliver Trevena, Texas Battle, AMbert Townsend, Cameron Douglas, Shelby Cobb, Faith Stowers…
Scénario : Brandon Stiefer
Photographie : Will Barratt
Musique : Rhyan D’Errico & Jared Forman
Durée : 1h32
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
L’agent fédéral Justin Rosav intègre la salle des écoutes du FBI, centre de commandement qui espionne les criminels dangereux grâce à des caméras et des micros planqués dans leurs QG. Sous la supervision de Shane Mueller, il est chargé de surveiller Eddie Flynn, trafiquant d’armes soupçonné d’avoir à sa solde toute une tripotée de policiers corrompus. Pendant son service, Justin voit des hommes armés entrer dans la maison du trafiquant. Tentant vainement d’alerter Shane, l’agent prend la responsabilité d’appeler Eddie pour l’aider à survivre à l’assaut qui se prépare.
L’idée était pourtant bonne : un agent fédéral tentant d’assister à distance un criminel pris pour cible dans sa maison, voilà qui promettait quelques bonnes scènes de suspense, des échanges de tirs savamment bourrins, de la punchline mascu à foison dont Olivier Marchal lui-même n’oserait pas rêver. On se contentera de fantasmer sur le film que n’importe quel réalisateur un peu concerné aurait pu tirer d’un tel postulat. Car en l’état, Wire Room est une pure catastrophe de la première à la dernière minute. Les responsables de ce carnage : absolument tout le monde. Passons d’emblée sur les raisons qui ont poussé Matt Eskandari à commencer son film par un flash forward nous en dévoilant la fin – lui-même ne sait probablement pas pourquoi il a fait ça. La mise en scène anémique, le montage foireux, la photographie épouvantable, l’étalonnage inexistant, l’écriture ridicule, les personnages caractérisés à la truelle… C’est bien simple, rien ne va. Le film, tourné sur deux lieux en une semaine (et qui a manifestement nécessité une heure de post-production), exhibe des effets numériques pitoyables. Les impacts de balles, la fumée s’échappant de la fenêtre, tout est d’une laideur absolue, au même titre que la musique, jouée sur un radio-cassette dont Eskandari a perdu le mode d’emploi. A ce jour, il n’a toujours pas trouvé le bouton « stop ».
Côté interprétation, c’est pire. Kevin Dillon (le Matt Dillon de Wish) est incapable d’être crédible ne serait-ce que 3 secondes, peu aidé, il est vrai, par des dialogues consternants de nullité. Face à lui par écrans interposés, les gesticulations d’Oliver Trevena, caricature de trafiquant en peignoir léopard, sont involontairement hilarantes. Quant à Bruce Willis, affublé d’un rôle d’alcoolique bien pratique pour justifier son imperturbabilité (pour rester poli), il n’est pas là. Littéralement. Le temps d’écran de l’acteur doit avoisiner le quart d’heure, et son personnage ne sert à rien, sinon à faire les gros yeux pour signifier à celui interprété par Dillon qu’il fait mal son travail. Willis sera d’ailleurs respectueusement jeté dans un coin de la pièce le temps que tous les autres se tirent dessus, à la faveur d’une séquence de gunfight surréaliste où les trois quarts du casting dézinguent des boites en carton, des fauteuils, des casiers, des murs… mais jamais l’ordinateur renfermant la clé de l’intrigue et qui pourtant traîne un demi-quintal d’écrans sur une surface de 40m2 (on a bien rigolé, ceci dit).
Rien à sauver là-dedans, y compris l’heure et demi qu’on a perdue à regarder cette chose dont on se demande encore comment elle a pu trouver des financements. Les fans de Bruce Willis seraient bien avisés de passer leur chemin. Ils n’ont pas mérité ça. Et lui non plus.
LE DVD
Nos conseils pour recycler votre DVD :
Retirez la jaquette du boîtier et jetez-la dans la corbeille à papier. Vous pouvez aussi l’utiliser comme allume-feu dans votre cheminée, feuille de brouillon ou papier à lettres (mais écrivez au verso sinon le ou la destinataire ne verra rien). Autre idée originale : découper la tête de Bruce Willis pour la coller sur votre photo de mariage, ou celle de Kevin Dillon pour la coller sur celle de Matt Dillon et constater que ça ne change rien. Vous allez voir, c’est bluffant.
Le boîtier, lui, pourra vous être utile pour ranger votre Divx préféré, gravé en 1999 quand vous étiez pauvre et que vous passiez des heures sur la Mule pour faire des compils de films téléchargés au 56K en 8 jours (les vrais savent). Malin : vous pouvez aussi y glisser des photos grâce aux languettes positionnées sur la partie intérieure gauche et dont on se demande toujours à quoi elles servent quand les DVD sont vendus sans livret (et c’est fréquent). N’hésitez pas à détourner complètement la boîte de sa fonction de boîte, en la transformant par exemple en cadre photo, ou en assiette apéro.
Le DVD, quant à lui, sera très utile dans votre cerisier pour éloigner les oiseaux gloutons, en sous-bock super stylé ou en roulette à pizza. Vous pouvez aussi vous en faire un petit frisbee ou un miroir de poche. Si vous décidez de vous en débarrasser, merci de vous renseigner auprès de la déchèterie la plus proche.
[Cherchez pas, y’a pas de bonus, dans le DVD de Wire Room. De toute façon on n’aurait pas eu envie de les mater]
L’Image et le son
Wire Room est uniquement disponible en DVD. Qui s’en plaindra. Tourné en numérique, ce truc n’est guère aidé par ce master platounet qui peine à donner un relief aux décors ou un piqué digne de ce nom, d’autant plus que les partis-pris esthétiques sont guère reluisants. Si la clarté est agréable, quelques flous sporadiques subsistent, la définition chancèle quelque peu, les noirs s’accompagnent de halos bizarres.
Les mixages français et anglais Dolby Digital 5.1 créent un espace d’écoute suffisamment plaisant en faisant la part belle à la musique. Quelques ambiances naturelles, explosions et déflagrations percent les enceintes latérales sans se forcer mais avec une efficacité chronique, tandis que le caisson de basses distille ses effets avec ardeur. Le doublage français est assez marrant et ajoute du piment à ce gros navet, même si la piste demeure moins percutante et trop axée sur le report des voix.
Crédits images : © Studiocanal / Critique du film et chronique du DVD réalisées par Sabrina Guintini / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr