UNE VIE AILLEURS réalisé par Olivier Peyon, disponible en DVD le 12 septembre 2017 chez Blaq Out
Acteurs : Isabelle Carré, Ramzy Bedia, María Dupláa, Dylan Cortes, Virginia Méndez, Lucas Barreiro, Olivier Ruidavet, Flavio Quintana…
Scénario : Olivier Peyon, Cécilia Rouaud, Patricia Mortagne
Photographie : Alexis Kavyrchine
Musique : Nicolas Kuhn
Durée : 1h36
Date de sortie initiale : 2017
LE FILM
C’est en Uruguay que Sylvie retrouve enfin la trace de son fils, enlevé il y a quatre ans par son ex-mari. Avec l’aide précieuse de Mehdi, elle part le récupérer mais arrivés là-bas, rien ne se passe comme prévu : l’enfant, élevé par sa grand-mère et sa tante, semble heureux et épanoui. Sylvie réalise alors que Felipe a grandi sans elle et que sa vie est désormais ailleurs.
Remarqué en 2007 avec son premier long métrage Les Petites vacances, interprété par Bernadette Lafont et Claude Brasseur, Olivier Peyon a tout d’abord suivi des études de sciences économiques, avant de devenir assistant de production pour le cinéma. Après un passage au CNC, il réalise quatre courts métrages, Promis, juré (1996), Jingle Bells (1997), Claquage après étirements (2000) et A tes amours (2001). A côté de ses activités de metteur en scène et de scénariste, Olivier Peyon traduit également en français plus d’une centaine de films anglophones, dont les œuvres des frères Coen, Danny Boyle, Stephen Frears, Ken Loach, Spike Jonze et bien d’autres. Egalement documentariste, Olivier Peyon signe ensuite deux documentaires pour l’émission Empreintes, diffusée sur France 5, le premier consacré à Élisabeth Badinter, le second à Michel Onfray. Vient ensuite la consécration critique et publique avec son long métrage documentaire Comment j’ai détesté les maths. Après avoir attiré 76.000 spectateurs dans les salles, le film est ensuite nommé aux César en 2014 dans la catégorie meilleur documentaire. Avec Une vie ailleurs, Olivier Peyon revient à la fiction et offre à Isabelle Carré son meilleur et son plus beau rôle depuis longtemps.
Depuis quatre ans, Sylvie se bat pour retrouver son fils, enlevé par son ex-mari. Elle vient de retrouver sa trace en Uruguay, où Felipe, le petit garçon, vit avec sa tante et sa grand-mère. Sylvie demande à Medhi, assistant social ému par sa peine, de lui ramener son fils. Sur place, Medhi rencontre la famille et se rend vite compte que Felipe est aimé et mène une existence heureuse. Medhi finit par renoncer, au grand désespoir de Sylvie, qui s’était imaginée de belles retrouvailles. Elle se rend sur place, bien décidée à prendre Felipe dans ses bras et à le ramener en France. Tourné à Montevideo et Florida en Uruguay, Une vie ailleurs crée un sentiment d’urgence dès les premières séquences. Avec cette mise en scène heurtée, on comprend très vite les sentiments qui animent le personnage de Sylvie, merveilleusement incarné par l’intense Isabelle Carré, et Medhi, qui démontre une fois de plus à quel point le drame sied bien à Ramzy Bédia comme dans Vandal de Hélier Cisterne sorti en 2013. Olivier Peyon parvient d’emblée à déstabiliser le spectateur en le plongeant dans un pays qu’il ne connaît pas et par ailleurs rarement filmé, l’Uruguay, tout en l’impliquant dans une quête à laquelle il est tout d’abord difficile d’adhérer.
Puis, la réalisation trouve un équilibre qui permet aux deux personnages principaux de réaliser ce pourquoi ils sont venus. Medhi et Sylvie sont alors séparés. Ils se dévoilent chacun de leur côté, vont à la rencontre de certaines personnes, partagés entre tendresse et violence. Ecrit, mis en scène et interprété avec une sensibilité à fleur de peau, Une vie ailleurs se dévoile par strates avec des sentiments tout d’abord intériorisés, qui vont ensuite submerger les personnages. Formidable directeur d’acteurs, Olivier Peyon entoure ses deux têtes d’affiche – qui s’étaient déjà croisées sur Des vents contraires de Jalil Lespert – d’excellents comédiens, parmi lesquels se distingue notamment l’argentine Maria Dupláa, qui interprète Maria, la tante de Felipe, qui illumine l’écran. Sur la forme, le cinéaste capture l’essence, la langue, le parfum et les couleurs d’un pays, qui contrastent avec une histoire d’amour contrariée, celle d’une mère pour son fils, la première étant bien décidée à récupérer ses droits sur le second, même s’il lui faut pour cela l’enlever à l’amour d’une tante, qui l’a élevé comme son propre fils, et d’une grand-mère.
Une vie ailleurs agrippe son audience du début à la fin pour l’emmener dans un tourbillon d’émotions à la fois profondes et contradictoires propres à la maternité, en évitant tout pathos. On en ressort à la fois étourdi, apaisé et ravi.
LE DVD
Le DVD d’Une vie ailleurs, disponible chez Blaq Out, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est fixe et musical.
Pas grand-chose à se mettre sous la dent en guise de suppléments. Néanmoins, ces sept séquences coupées au montage (22’30) méritent l’attention du spectateur. D’une part parce qu’elles sont très réussies, d’autre part parce que la première scène Llamadas (6’) et la dernière La danse d’Isabelle (2’) combinent à la fois les images du film avec celles du tournage. Un carton indique que tous les dimanche soirs dans chaque quartier de Montevideo, les habitants se réunissent dans la rue pour répéter, afin de participer aux Llamadas, le carnaval uruguayen, à base de percussions. Il s’agit ici du premier jour de tournage et de la première scène tournée en février 2016. Le carnaval venant juste de se terminer, tout le quartier de Jacinto a accepté de ressortir leurs instruments pour le film, pendant qu’Isabelle Carré et Lucas Barreiro interprètent leurs personnages. La Danse d’Isabelle n’est pas véritablement une scène coupée puisqu’on y voit la comédienne danser au rythme des percussions. En revanche, les cinq autres séquences sont bel et bien des séquences abandonnées (l’arrivée de Sylvie et Medhi à la douane, la rencontre de Medhi avec le Consul de France, la recherche d’un bateau qui pourrait emmener Sylvie et son fils en Argentine) ou allongées, à l’instar de la communion et du match de foot des enfants.
L’Image et le son
Point d’édition HD pour Une vie ailleurs, mais cela n’est pas trop grave puisque le DVD concocté par Blaq Out s’avère de fort bon acabit. La copie est très propre et claire, avec un cadre large qui fourmille de détails. La photo d’Alexis Kavyrchine (Les Petites vacances, Vincent n’a pas d’écailles, Je ne suis pas un salaud) fait la part belle aux teintes chatoyantes, ambrées et solaires, avec de fabuleux dégradés de bleus, de rouges et de jaunes, les contrastes sont denses et le piqué joliment acéré. L’encodage est solide, y compris sur les premières séquences qui reflètent l’agitation de Sylvie. Seul bémol au niveau des scènes nocturnes, moins précises que le reste. Sinon, la profondeur de champ permet d’apprécier les magnifiques paysages et ce DVD demeure très beau.
Au rayon acoustique, il va sans dire que la piste Dolby Digital 5.1 est à privilégier. Les enceintes sont mises à contribution avec des frontales qui délivrent des effets précis et immersifs, des dialogues clairs et précis sur la centrale, des latérales qui distillent quelques atmosphères palpables. Les ambiances annexes en extérieur apportent également leur lot de satisfaction. La piste 2.0 est tout aussi dense et excellente. A noter la présence de sous-titres disponibles pour les spectateurs sourds et malentendants.