UN MONDE PLUS GRAND réalisé par Fabienne Berthaud, disponible en DVD le 19 mars 2020 chez France Télévisions Distribution.
Acteurs : Cécile de France, Narantsetseg Dash, Tserendarizav Dashnyam, Ludivine Sagnier, Arieh Worthalter…
Scénario : Fabienne Berthaud, Claire Barre d’après le livre de Corine Sombrun « Mon initiation chez les Chamanes«
Photographie : Nathalie Durand
Musique : Valentin Hadjadj
Durée : 1h36
Date de sortie initiale : 2019
LE FILM
Corine, technicienne du son, aimait follement Paul, pianiste et violoncelliste. Mais ce dernier vient de mourir. Dévastée par la peine, elle accepte de partir travailler en Mongolie, où elle rencontre Oyun, une chamane. Lorsque Corine entre en transe au cours d’une cérémonie, Oyun ne peut qu’en faire le constat : cette étrangère a le don d’aller à la rencontre des esprits…
C’est une histoire vraie digne d’un film fantastique. Un monde plus grand est l’adaptation du livre autobiographique Mon initiation chez les chamanes de Corine Sombrun. Née en 1961, l’ethno-musicienne est devenue l’une des plus grandes spécialistes françaises du chamanisme mongol, puisque formée à la transe par des chamanes de Mongolie. En 2001, au cours d’un reportage sur les traditions chamaniques au nord de la Mongolie, Corine Sombrun se laisse envahir par le son d’un tambour utilisé par Balgir, un chamane, et plonge dans un état de transe incontrôlable. A son réveil, Balgir lui apprend que sa réaction prouve qu’elle est elle-même chamane et qu’elle doit impérativement être initiée. Vivant un deuil douloureux, Corine accepte. Sa vie va alors changer. Réalisé par Fabienne Berthaud, Un monde plus grand est une véritable expérience sensorielle, portée Cécile de France, exceptionnelle, qui crève l’écran une fois de plus.
Partie en Mongolie chez des éleveurs de rennes pour enregistrer des chants traditionnels, Corine pensait pouvoir surmonter la mort de Paul, son grand amour. Mais sa rencontre avec la chamane Oyun bouleverse son voyage, elle lui annonce qu’elle a reçu un don rare et doit être formée aux traditions chamaniques. De retour en France, elle ne peut refuser ce qui s’impose désormais à elle : elle doit repartir pour commencer son initiation… et découvrir un monde plus grand.
Rendez-vous en terre inconnue. Ou presque. Non, en réalité Un monde plus grand mélange habilement fiction et réalisme documentaire en montrant les traditions, les croyances, les coutumes. Le cinéma de Fabienne Berthaud a toujours été centré sur les personnages féminins et a offert à ses comédiennes quelques-uns de leurs rôles les plus intéressants. De Diane Kruger dans Frankie (2005), Pieds nus sur les limaces (2010) d’après son propre roman et Sky (2015), à Ludivine Sagnier dans Pieds nus sur les limaces également, mais aussi dans Un monde plus grand dans lequel elle interprète la sœur de Cécile de France, la cinéaste a toujours montré une autre facette des actrices qui ont collaboré avec elle. Plus connue pour ses comédies, Cécile de France a pourtant toujours été une merveilleuse comédienne dramatique. Claude Miller (Un secret), Nicolas Boukhrief (Gardiens de l’ordre), les frères Dardenne (Le Gamin au vélo), Eric Rochant (Möbius), Catherine Corsini (La Belle saison) et dernièrement Emmanuel Mouret (Mademoiselle de Joncquières) ne s’y sont pas trompés. Elle est encore une fois sublime et touchée par la grâce dans Un monde plus grand, dans lequel le spectateur suit son personnage dans un deuil impossible, puis dans sa reconstruction après l’étonnante révélation en Mongolie. Sans fard, à fleur de peau, la comédienne s’en remet totalement à la réalisatrice et signe une remarquable prestation.
Choquée, pour ne pas dire traumatisée après sa première transe, Corine rentre à Paris, mais quelque chose de nouveau s’est ouvert dans son âme et dans son corps. Ses sens se sont développés, elle entend des sons que d’autres ne peuvent percevoir, elle sent des présences. Corine doit alors accepter son destin et repart en Mongolie. Le film suit pas à pas sa lente formation, à mesure que Corine apprend aussi à faire son deuil. Fabienne Berthaud scrute son actrice, filme son visage au plus près, sa fatigue, ses cernes, puis son lâcher prise et son sourire.
Depuis sa formation Corine Sembrun tient des conférences, témoigne de son parcours dans le chamanisme et n’a eu de cesse d’aider la recherche scientifique sur la transe chamanique et son action sur le cerveau. Formidablement écrit, mis en scène (dans la steppe mongole) et interprété, magnifiquement photographié par Nathalie Durand (Jusqu’à la garde), Un monde plus grand est une œuvre romanesque, passionnante, qui au-delà de son récit sur le chamanisme, narre aussi et surtout une histoire universelle sur l’acceptation et la reconstruction après la perte d’un être cher. Et c’est autant fascinant que d’une beauté à couper le souffle.
LE DVD
Un monde plus grand est disponible en DVD, pas d’édition HD pour ce titre et c’est bien dommage, chez France Télévisions Distribution. Le menu principal est animé et musical.
L’éditeur ne livre qu’un minuscule module de six minutes au cours duquel la réalisatrice Fabienne Berthaud et Corine Sombrun reviennent sur l’adaptation du livre Mon initiation chez les chamanes. Le sujet du film, les rapports de la nature à travers la transe, les partis pris et les intentions (rendre accessible ce sujet au plus grand nombre de spectateurs), ainsi que les conditions de tournage sont également abordés.
L’Image et le son
Après Pieds nus sur les limaces et Sky, Fabienne Berthaud collabore à nouveau avec la directrice de la photographie Nathalie Durand pour Un monde plus grand. Les partis-pris esthétiques et les volontés artistiques sont rudement pris en charge par France Télévisions Distribution qui édite un magnifique et lumineux master SD. Le piqué est sans cesse aiguisé, de jour comme de nuit, la profondeur de champ est étendue, le relief est omniprésent, les détails riches, les contrastes denses et le transfert immaculé.
La piste multilingue Dolby Digital 5.1. instaure d’excellentes conditions acoustiques et fait la part belle à la musique, ainsi qu’aux ambiances naturelles bien présentes. Quelques effets sont saisissants et le rendu des voix est sans faille. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants.