Test DVD / Un monde merveilleux, réalisé par Giulio Callegari

UN MONDE MERVEILLEUX réalisé par Giulio Callegari, disponible en DVD le 16 septembre 2025 chez Blaq Out.

Acteurs : Blanche Gardin, Angélique Flaugère, Laly Mercier, Lucie Guien, Édouard Sulpice, Georgia Scalliet, Xavier Lacaille, Yanisse Kebbab, Jérémy Sanagheal…

Scénario : Giulio Callegari

Photographie : Aurélien Marra

Musique : William Serfass

Durée : 1h15

Année de sortie : 2025

LE FILM

Dans un futur proche où les humains dépendent des robots, une ancienne prof, remplacée par un robot, totalement réfractaire à la technologie, vivote avec sa fille grâce à des petites combines. Elle a un plan : kidnapper un robot dernier cri, T- O, pour le revendre en pièces détachées. Mais tout dérape. Flanquée de ce robot qui l’exaspère, elle s’embarque dans une course-poursuite pour retrouver sa fille et prouver qu’il reste un peu d’humanité dans ce monde.

Le genre est suffisamment rare en France pour qu’on se penche sur Un monde merveilleux, premier long-métrage de Giulio Callegari, jusqu’à présent scénariste (Selfie, Validé, Terminal). Pour un coup d’essai, c’est une belle réussite, par ailleurs saluée à travers de nombreux festivals internationaux, de Hong Kong à Saint-Jean-de-Luz, en passant par Singapour et Mâcon, jusqu’aux États-Unis. Le nouveau réalisateur retrouve Blanche Gardin, présente à l’affiche de Selfie et la plonge dans un futur « un peu trop proche », où les robots ont pris place dans la vie quotidienne des êtres humains. Du moins dans certains pays. C’est le cas de la France, où on les trouve partout. Mais certains ont encore beaucoup de mal à cohabiter avec ces êtres de métal et d’électronique, d’autant plus que l’intelligence artificielle a fait des bonds de géant en peu de temps. C’est le cas de Max. Un jour, celle-ci et sa fille Paula, déguisée en garçon, entrent dans une maison de repos, s’annonçant sous une fausse identité, où elles prétendent rendre visite à un proche atteint de la maladie d’Alzheimer. Elles réussissent en fait à dérober un robot assistant, programmé sur la fonction médicale, en le déguisant avec un manteau et l’embarquant sur un fauteuil roulant. Mais une fois chez un revendeur, celui-ci refuse de le leur acheter, car il s’agit d’un vieux modèle, le T-0 (Théo), alors que la dernière génération est au T-5. Elles doivent alors garder Théo avec elles, décidant de l’embarquer dans leurs petits larcins, ce qui ne va pas aller sans poser de problèmes. Petit film de science-fiction dont l’intrigue se trouve resserrée sur 70 minutes (on ne va pas se plaindre), Un monde merveilleux pâtit sans doute d’un flagrant manque de moyens, mais regorge d’idées on ne peut plus sympathiques et pertinentes et s’avère au final une fable contemporaine ambitieuse, qui a des choses à dire, qui le fait bien et qui divertit tout en même temps. Un coup de coeur.

Aïe, robote.

Comme il l’a indiqué lui-même en interview à l’occasion de la présentation de son film dans les salles, Giulio Callegari a eu l’idée d’Un monde merveilleux en découvrant une vidéo du MIT (Massachusetts Institute of Technology, institut de recherche et université), dans laquelle un robot dernier cri était victime d’un bug, envoyant valdinguer divers objets autour de lui, avant de s’effondrer. Un événement qui lui a rappelé Chaplin face à la machine à manger des Temps modernes, lui qui vaut un culte au plus grand burlesque (mais pas que) de l’histoire du cinéma. Il n’en fallait pas plus à Giulio Callegari pour imaginer une histoire devenue de plus en plus « réaliste » au fur et à mesure de son écriture, avec les progrès technologiques et l’apparition de ChatGPT. Rattrapé par toutes ces avancées, Un monde merveilleux a vu son récit être ancré dans la vie de tous les jours. C’est à la fois bénéfique pour le film (qui ne nécessitait alors que des « costumes » de robot à enfiler, sans avoir recours aux images de synthèse), mais aussi sa limite, qui lui donne un cachet rétrofuturiste et donc sensiblement vintage.

Chorte circuite.

Blanche Gardin se fond à merveille dans ce décor et dialogue avec son robot, aussi bavard que C-3PO dans Star Wars, avec les mots fleuris qu’on lui connaît. Le face-à-face avec cette machine lui sied à ravir, les deux se renvoyant la balle comme dans un véritable buddy-movie teinté de road-movie, qui évoque les films de Francis Veber période Pierre Richard-Gérard Depardieu. Les répliques sont vachardes à souhait et mettent en relief l’absurdité, ainsi que la gravité, de remplacer la race humaine par une IA ultra-perfectionnée, prenant petit à petit les postes de l’obsolète être de chair et de sang que nous sommes et qui coûte cher à la société.

D’où ce besoin de s’en sortir en permanence, à l’instar de Max, qui a été prof pendant dix ans, avant d’être éjectée pour que son siège puisse accueillir une machine programmée, sans être ralentie par la fatigue et la faim…Mais Max ne s’est pas avouée vaincue et a survécu avec sa fille en ayant recours au vol. Jusqu’au jour où un grain de sable est venu enrayer cette mécanique trop bien huilée. Ce tempérament volcanique va de plus avoir une incidence sur « Théo », qui va voir sa propre « personnalité » évoluer à son contact, à l’instar d’un T-800 auprès de John Connor dans Terminator 2 : Le Jugement dernier.

La mécanique fonctionne, les rebondissements s’enchaînent, l’humour est corrosif, l’émotion s’invite à la partie, on rit, on réfléchit, pari réussi donc que ce conte dystopique.

LE DVD

48.000 spectateurs seulement auront fait le déplacement dans les salles pour découvrir la confrontation de Blanche Gardin et de son robot. C’est peu, trop peu, donc pas d’édition Haute-Définition et ce n’est pas une surprise. En revanche, Blaq Out propose tout de même Un monde merveilleux en DVD et c’est déjà sacrément courageux. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Blaq Out propose une rencontre avec Giulio Callegari (24’). Une interview très chouette, où le réalisateur revient sur la genèse de son premier long-métrage et ce qui lui a donné envie d’aborder ce sujet, raconté sur le registre de la comédie, genre qu’il a toujours travaillé comme scénariste avant de passer lui-même derrière la caméra et qui lui permet d’affronter ses démons, ainsi que ses angoisses. Il explore aussi son amour pour le burlesque (et ce depuis sa découverte de Chaplin à l’âge de trois ans), dissèque ses intentions et ses partis-pris, son travail avec les comédiens, la création de l’aspect du robot, ainsi que ses références.

L’Image et le son

Pour son premier long-métrage, Giulio Callegari a fait appel au directeur de la photographie Aurélien Marra, dont le travail avait déjà été remarqué sur la série Zorro avec Jean Dujardin et Les Météorites de Romain Laguna. Les deux associés ont privilégié les teintes froides, et ont utilisé d’anciens optiques, afin d’apporter du grain à l’image. Les couleurs sont correctes, mais la définition laisse parfois à désirer, avec notamment un piqué émoussé à de nombreuses reprises, sans oublier des scènes nocturnes passables. Quelques moirages sont aussi constatés.

Un monde merveilleux n’est pas à proprement parler d’un film à effets, mais la piste Dolby Digital 5.1 parvient à distiller ici et là quelques ambiances. La plupart des séquences reposent sur les dialogues et le mixage se concentre souvent sur les enceintes avant. La spatialisation est essentiellement musicale, les effets latéraux sont rares. Même chose pour la piste Stéréo, amplement suffisante pour un film de cet acabit. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également au programme, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Blaq Out / TS Productions – Marianne Productions / KMBO / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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