THE SON (Son) réalisé par Ivan Kavanagh, disponible en DVD le 2 novembre 2021 chez Rimini Editions.
Acteurs : Andi Matichak, Emile Hirsch, Luke David Blumm, Cranston Johnson, Blaine Maye, J. Robert Spencer, Rocco Sisto, Kristine Nielsen…
Scénario : Ivan Kavanagh
Photographie : Piers McGrail
Musique : Aza Hand
Durée : 1h34
Année de sortie : 2021
LE FILM
Laura, enceinte, s’enfuit de la secte satanique où elle a grandi. Huit ans plus tard, elle vit en toute tranquillité avec son fils David quand, un soir, Laura voit des inconnus réunis autour du lit du jeune garçon. Après une étrange cérémonie, ce dernier développe des troubles inquiétants et est hospitalisé en urgence. La santé mentale de Laura intrigue rapidement les enquêteurs.
On vous avait bien dit de retenir le nom du réalisateur irlandais Ivan Kavanagh à la sortie de Never Grow Old, western crépusculaire, sombre et poisseux, noir anthracite, jusque dans sa sublime photographie. En effet, celui-ci revient avec son septième long-métrage, un thriller d’épouvante, Son ou bien The Son dans certains pays, dont il signe une fois de plus le scénario, récompensé au Festival International du film fantastique de Bruxelles et au Festival International du film de Dublin. Il retrouve à cette occasion Emile Hirsch (impeccable, même s’il commence bizarrement à ressembler à Jack Black), qu’il avait dirigé dans son précédent opus, mais confie le premier rôle à l’américaine Andi Matichak, qui incarne la petite fille de Laurie Strode dans la trilogie Halloween de David Gordon Green. La comédienne crève l’écran ici dans un rôle ambigu et difficile, troublant et émouvant, celui d’une mère traumatisée par un passé extrêmement violent, qui revient perturber son quotidien et qui pourrait bien attenter à la vie de son fils. Mieux vaut en savoir le moins possible cette fois encore sur les multiples rebondissements qui jalonnent le récit et pour mieux se laisser porter par ce conte macabre souvent virtuose. Une grande claque.
De mystérieux individus ayant tenté de kidnapper son fils David, Laura s’enfuit avec l’enfant. Dans le jours qui suivent, David tombe gravement malade, souffrant d’un mal étrange. Décidée à protéger son fils coûte que coûte, Laura est prête à commettre l’irréparable. Mais le passé de la jeune femme recèle un terrible secret…
Ivana Kavanagh parvient d’emblée à accrocher le spectateur à son fauteuil, dans une scène d’introduction suffocante, en plongeant son audience dans une atmosphère tendue, sinistre et oppressante. Ce qui impressionne immédiatement dans The Son, c’est la beauté dingue du cadre, ainsi que celle de la photographie du chef opérateur Piers McGrail, déjà à l’oeuvre sur Never Grow Old. Puis, huit ans plus tard, nous débarquons dans le quotidien de Laura et de son fils David. Il n’y a pas d’homme à la maison, Laura est bien trop prise par son travail et ses cours du soir, laissant à sa voisine le soin de s’occuper de David en son absence. Mais une nuit, alors que son fils est endormi, Laura entend un bruit, ou sent une présence dans la maison. En poussant la porte de la chambre de David, elle voit celui-ci, endormi, entouré par plusieurs dizaines d’individus réunis autour du garçon, comme lors d’une procession. Laura court appeler de l’aide, mais quand elle revient la maison est vide et David est inconscient. Si le passé de Laura vient de ressurgir d’un coup, celle-ci était loin d’imaginer ce que cet évènement allait déclencher chez David. Ce dernier semble être désormais infecté par une maladie rare, qui lui brûle l’épiderme et lui fait vomir du sang. Attention aux quelques scènes gore bien senties. Mais le remède paraît encore bien plus terrifiant. Saluons d’ailleurs l’interprétation épatante du petit Luke David Blumm, vu dans The King of Staten Island de Judd Apatow.
Ivan Kavanagh parvient à brasser beaucoup d’éléments dans The Son, une secte satanique, la maladie mentale, le tout saupoudré de références aux films de vampires, de zombies et de possessions démoniaque. C’est trop diront certains, mais le cinéaste-scénariste trouve un équilibre inattendu entre tous ces composants, tandis que les personnages se laissent porter par les évènements, tels des funambules sur un fil tendu entre deux socles indéterminés, entre deux mondes peut-être. S’il est évident que Laura fera tout pour défendre son fils, au point de redevenir quasiment sauvage (la scène dans le motel fait froid dans le dos) et de commettre l’irréparable, le spectateur commence sérieusement à douter de sa santé mentale. Tous ces événements ne seraient-ils que le fruit de l’imagination de cette ancienne victime d’un culte diabolique et pédophile, ou est-elle encore manipulée par celles et ceux qui avaient vu en elle l’élue, celle grâce à qui un démon pourrait débarquer sur Terre ? Même ces ingrédients ont de quoi perturber ceux qui me liront, alors ceux-ci seront bien avisés d’arrêter immédiatement, pour se plonger dans ce vrai film de genre, très intelligent et magistralement mis en scène.
LE DVD
Pas de sortie HD en France pour The Son, juste une petite édition Standard, minimaliste, qui se présente sous la forme d’un boîtier Amaray classique de couleur noire. Le visuel de la jaquette est sombre, intrigant, attractif. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné qui reprend le même visuel. Le menu principal est animé et musical.
Seule la bande-annonce en français est proposée en bonus.
L’Image et le son
Pas de Blu-ray pour The Son donc, mais heureusement ce DVD s’en tire royalement. Pour la superbe photo de son film, Ivan Kavanagh s’est à nouveau octroyé les services du chef-opérateur Piers McGrail. Le directeur de la photographie plonge les personnages dans une pénombre froide et angoissante. Si nous devons vous donner un conseil, c’est de visionner The Son dans une pièce très sombre afin de mieux profiter des volontés artistiques originales et des ambiances nocturnes. Le DVD immaculé édité par Rimini restitue habilement la profondeur des contrastes et les éclairages stylisés. Le piqué est aiguisé, peut-être pas autant que pour une édition HD, mais s’avère impressionnant, la copie est d’une stabilité à toutes épreuves et les scènes diurnes sont lumineuses et parfaitement saturées.
Les versions anglaise et française disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1. La spatialisation satisfait amplement et fait sursauter aux moments opportuns grâce à ses effets latéraux et frontaux particulièrement fins. Le caisson de basses participe à cette immersion, les dialogues sont exsudés avec force sur la centrale et les ambiances naturelles et dérangeantes ne manquent pas. La piste anglaise s’en tire le mieux du point de vue richesse acoustique et ardeur, surtout du point de vue musical.