N’AVOUE JAMAIS réalisé par Ivan Calbérac, disponible en DVD le 28 août 2024 chez Wild Side Video.
Acteurs : André Dussollier, Sabine Azéma, Thierry Lhermitte, Joséphine de Meaux, Sébastien Chassagne, Gaël Giraudeau, Michel Boujenah, Céline Esperin, Frédéric Deleersnyder
Scénario : Ivan Calbérac
Photographie : Philippe Guilbert
Musique : Laurent Aknin
Durée : 1h31
Date de sortie initiale: 2024
LE FILM
Après 50 ans de mariage, François Marsault, général à la retraite, est encore fou amoureux d’Annie, sa femme. Lorsqu’il découvre qu’elle l’a trompé 40 ans plus tôt, son sang ne fait qu’un tour. Afin de laver son honneur, une seule solution : la quitter et partir manu militari retrouver Boris, l’ancien amant, pour lui casser la figure. Mais à son âge, l’affaire n’est pas si simple…
Ils forment l’un des couples (ou tandems) les plus connus du cinéma français, à l’écran si cela est nécessaire de le préciser. Au cours de ces quarante dernières années, André Dussollier et Sabine Azéma ont partagé la même affiche plus de dix fois, de Tanguy (et sa suite mal aimée) aux Herbes folles, en passant par La Chambre des Officiers, Coeurs, Aimer, boire et chanter…Avec N’avoue jamais, nous ne sommes sûrement pas chez Alain Resnais, qui les a souvent réunis à l’écran, mais cela n’empêche pas les deux comédiens de s’amuser à fond dans ce vaudeville réalisé par Ivan Calbérac (lauréat du Molière de la meilleure comédie 2019 avec La Dégustation), comédie de boulevard que l’on pourrait très bien imaginer être jouée sur une scène, mais qui bénéficie ici de superbes décors naturels et donc d’une respiration bienvenue. Le duo est évidemment parfait, leur alchimie fait le sel de N’avoue jamais, même s’ils sont excellemment entourés par une distribution aux petits oignons. Tout le monde (y compris le public, heureusement) se délectent de dialogues vachards, finement ciselés à leur attention et quand bien même on pourrait critiquer de grandes et grosses facilités d’écriture, on passe un très bon moment devant ce spectacle très frais, bourré d’énergie (contagieuse), qui a su attirer près de 600.000 spectateurs à sa sortie.
François, général à la retraite, et Annie sont mariés depuis 50 ans et ont trois enfants : Amaury, Adrien, et Capucine qu’ils voient tous les ans pour l’anniversaire d’Annie le 14 juillet. Fidèle et toujours très amoureux de sa femme, François découvre que celle-ci avait pris un amant quelques années seulement après leur mariage. Annie avoue immédiatement sa faute et plaide pour la prescription… mais François doit laver son honneur et décide de retrouver l’ancien amant pour lui casser la figure, et envisage ensuite de divorcer. Utilisant ses ex-relations professionnelles, il obtient facilement l’adresse de Boris à Nice, là où François et Annie se sont rencontrés. Prétextant une lune de miel tardive, ils débarquent à l’improviste chez leur fille Capucine qui habite également Nice.
« Je comprendrai jamais ce que maman fait avec papa ! »
« C’est sans doute un super coup… »
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Sabine Azéma et André Dussollier possèdent encore le feu, une incandescence que même les plus jeunes acteurs peuvent envier. Car à près de 75 ans pour la première et les 80 balais approchant pour le second, ces monstres du cinéma hexagonal sont de vrais gamins dans N’avoue jamais. Nous sommes en plein terrain classique, on peut même dire que l’ensemble manque bougrement de surprises et repose donc essentiellement sur leur dynamique, leur savoir-faire, leur charisme, leur virtuosité. Ils s’emparent d’un texte standard, qui aurait pu être lassant mis dans d’autres bouches, mais qui balancé par ces deux génies devient un nectar dont on se régale du début à la fin. « Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s’est passé » disait Groucho Marx (ou est-ce Terry Pratchett) et François et Annie semblent se poser cette question quand ressurgissent soudainement des lettres d’amour très hot (on y parle de triangle de Vénus en éruption) datant du début des années 1980. Le problème, c’est que ces belles déclarations ne sont pas signées de la main de François, mais d’un certain Boris, un de leurs amis perdu de vue depuis belle lurette. Alors, quand François, ancien militaire, décide de prendre les choses en main, autrement dit aller régler son compte à Boris qui habite à 300 kilomètres de chez eux, le couple connaît une grande crise pour la première fois depuis un demi-siècle, allant même jusqu’à envisager de divorcer.
On ajoute à cela quelques relations compliquées avec leurs enfants (Gaël Giraudeau, Sébastien Chassagne et Joséphine de Meaux, irrésistibles), Amaury (lui-même militaire, élevé dans la discipline et qui a toujours tout fait pour rendre son père fier de lui), Adrien (marionnettiste, sensible, artiste, avec lequel François n’a jamais vraiment parlé) et Capucine (qui voudrait bien présenter sa compagne à ses parents, mais dont l’homosexualité pourrait bien avoir raison de son père), sans oublier Boris (Thierry Lhermitte, génial et qui se met à poil devant la caméra à plus de 70 ans), encore un bien bel homme, dont le charme agit encore sur Annie. La question qui se pose est, ce couple peut-il voir voler en éclats cinquante ans de mariage en raison d’une erreur de jeunesse ?
Si la réponse n’a guère d’originalité, ce qui importe avant tout c’est de prendre beaucoup de plaisir à voir cette troupe se déchaîner pour nous faire rire, ce que tous parviennent aisément et sans se forcer à faire pendant une petite heure et demie, durant laquelle on oublie absolument tous les soucis du quotidien. C’est déjà ça de gagné !
LE DVD
Malgré son joli score dans les salles, N’avoue jamais n’est finalement proposé qu’en DVD dans les bacs. L’éditeur Wild Side, pensant que le public cible ne disposerait pas de lecteur Blu-ray en a-t-il décidé ainsi…Toujours est-il que nous avons entre les mains une édition Standard dite technique. Le menu principal est fixe et musical.
Juste la bande-annonce est proposée comme bonus. Rien d’autre à se mettre sous le dentier. La dent pardon.
L’Image et le son
En dépit de ses quasi-600.000 entrées, il semble que Wild Side n’ait pas jugé bon de sortir N’avoue jamais en Blu-ray. Il faudra donc se contenter de cette édition standard, mais heureusement la qualité est là. Les couleurs sont chatoyantes et élégantes, le piqué est suffisamment affûté, la clarté de mise et les contrastes profonds. Les détails ne manquent pas sur le cadre large, les noirs sont denses. Que demander de plus ?
Le mixage Dolby Digital 5.1 instaure un excellent confort acoustique en mettant la musique en avant, tout en délivrant les dialogues avec ardeur, sans jamais oublier les effets et ambiances annexes. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.