MON PÈRE ET MOI (About My Father) réalisé par Laura Terruso, disponible en DVD le 3 octobre 2023 chez Metropolitan Vidéo.
Acteurs : Robert De Niro, Sebastian Maniscalco, Leslie Bibb, Kim Cattrall, David Rasche, Anders Holm, Brett Dier, Adan James Carrillo…
Scénario : Austen Earl & Sebastian Maniscalco
Photographie : Rogiers Stoffers
Musique : Stephanie Economou
Durée : 1h26
Date de sortie initiale : 2023
LE FILM
Encouragé par sa fiancée, Sebastian invite son père Salvo, modeste coiffeur italo-américain, à faire la connaissance de sa très riche et excentrique belle-famille durant un weekend prolongé dans leur somptueuse résidence. Ce véritable choc des cultures se transforme en un concentré édifiant et hilarant de tout ce qu’il faut éviter de faire lors d’une telle rencontre familiale…
Quand il ne tourne pas chez son pote Martin Scorsese ou chez David O. Russell, ce bon vieux Robert De Niro enfile une chemise hawaïenne et un bermuda pour se complaire dans des comédies souvent insignifiantes. Il y a près de 25 ans (oui oui, déjà un quart de siècle), le premier volet de ce qui sera alors une trilogie, Mon beau-père et moi – Meet the Parents de Jay Roach, que le comédien produisait également, allait lui faire un nouveau pécule à la banque et confirmait ainsi au public, déjà conquis précédemment par Mafia Blues – Analyze This de Harold Ramis, que Bob savait faire rire. Ou comment passer en un clin d’oeil de Casino et Heat à Showtime de Tom Dey et La Loi et l’Ordre – Righteous Kill de Jon Avnet, une comédie qui s’ignore certes, mais tout de même. Mon beau-père, mes parents et moi – Meet the Fockers (2004) et Mon beau-père et nous – Little Fockers de Paul Weitz (2010) ont laissé de telles traces, y compris chez nous, que certains distributeurs n’ont pas hésité à nous refourguer d’autres exploits du même genre de Bobby, en nous faisant croire à travers leurs titres français qu’il s’agissait d’une pseudo-suite. Ainsi, après Mon grand-père et moi – The War with Grandpa de Tim Hill en 2020 (sans parler de Dirty Papy de Dan Mazer), voilà que débarque Mon père et moi – About My Father de Laura Terruso. Évidemment, rien à voir encore une fois avec les Fockers, mais il s’agit d’une entourloupe pour nous vendre la nouvelle distribution Lionsgate et production des frères Chris et Paul Weitz. Totalement inconnu en France, Sebastian Maniscalco (né en 1973) est un acteur et humoriste spécialisé dans le stand-up, qui a fait quelques apparitions au cinéma dasns Green Book: Sur les routes du sud de Peter Farrelly et The Irishman de Martin Scorsese. Il y a fort à parier que c’est sur ce dernier que Sebastian Maniscalco a su convaincre Robert De Niro d’incarner son père dans About My Father, inspiré de sa propre vie et donc de son paternel, film qu’il a écrit et dans lequel il s’est octroyé le premier rôle, personnage qui porte d’ailleurs son véritable nom. Mais ce n’est clairement pas avec ce Mon père et moi qu’il se fera justement une renommée dans nos contrées, d’une part parce que le film est sorti dans l’indifférence générale, d’autre part puisqu’il s’agit d’une comédie aux gags pauvres et complètement éculés, qui semble sortir des bas-fonds des années 1990-2000 où elle aurait été oubliée. Rien ou pas grand-chose ne sauve About My Father du tout-venant, si ce n’est l’abattage de De Niro, vêtu aux couleurs du drapeau américain, qui fait la course à l’oeuf et drague une Kim Catrall méconnaissable, tout en faisant sa mimique mythique, l’oeil pincé et le sourire de travers. C’est peu, beaucoup trop peu.
Sebastian Maniscalco informe son père Salvo, un immigré italien très traditionnel, de son intention de demander sa petite amie, une Américaine, en mariage. Salvo insiste pour les rejoindre pour le week-end avec ses parents. Le choc des deux cultures est très important entre ce modeste coiffeur italo-américain et cette riche famille américaine.
En fait, Maniscalco raconte sa vie. En outre, celui-ci a grandi dans la banlieue de Chicago, à Arlington Heights, dans l’Illinois, d’immigrants italiens ; son père Salvatore Maniscalco, qui travaillait comme coiffeur, a immigré aux États-Unis avec sa famille depuis Cefalù, en Sicile, à l’âge de 15 ans. Le reste est vraisemblablement de la pure invention. C’est justement là que Mon père et moi déconne, c’est que le film n’a absolument rien à dire et se contente d’aligner comme il le peut des blagues pas drôles, qui paraissent souvent reprises de la trilogie Fockers. D’où une impression constante de déjà-vu, d’autant plus que Sebastian Maniscalco, dont le charisme rappelle un étrange croisement entre Bobby Cannavale et John Cassavetes, n’est guère attachant, bien qu’il se démène pour l’être. Également inconnue, la réalisatrice Laura Terruso laisse tourner sa caméra la plupart du temps, la photo, pourtant signée Rogier Stoffers, qui avait sublimé Brimstone de Martin Koolhoven et Rock Academy de Richard Linklater, est d’une navrante simplicité…On ne pourra pas reprocher à Robert De Niro de ne pas donner de sa personne dans Mon père et moi, c’est juste qu’il gesticule beaucoup et n’avait pas besoin d’en faire autant puisqu’on ne voit quasiment que lui et qu’il tire la couverture même sans le vouloir, dans chaque scène. Mais comme il s’agit d’une comédie américaine, les gros sentiments sur la famille et ses valeurs reprennent le dessus dans la dernière partie, ce qui finit par gaver (sans parler de cette voix-off omniprésente), malgré la courte durée du film.
Il n’en reste rien après la projection, si ce n’est la séquence du dîner centré sur le paon de la famille. Bobby plante ses navets pour récolter des billets verts afin de faire plaisir au Fisc. Eux au moins seront contents. En l’état, on se demande comment celui qui a été Jon Rubin, Vito Corleone, Travis Bickle, Michael Vronsky, Jack LaMotta, Rupert Pupkin, David « Noodles » Aaronson, Al Capone, Jimmy Conway et bien d’autres personnages mythiques a pu en arriver là à 80 piges. Sans doute pour se faire connaître des jeunes spectateurs et les intéresser à ce qu’a pu faire dans le passé. On préfère penser que cette fin de carrière a été envisagée ainsi.
LE DVD
Après Dirty Papy, L’Instinct de tuer, Face à face, Un grand mariage, Red Lights, Stone, Robert De Niro revient chez Metropolitan Vidéo et uniquement en DVD. Mon père et moi est disponible en boîtier Amaray. La jaquette n’est guère recherchée, tout comme le menu principal, très légèrement animé et musical.
Aux côtés d’un lot de bandes-annonces, vous trouverez quelques featurettes promotionnelles, pour une durée totale de vingt minutes. Les comédiens tentent de nous vendre Mon père et moi comme une grande comédie, les responsables techniques s’expriment rapidement sur leur boulot, les images de tournage dévoilent des moments où les acteurs se marrent entre eux. Pendant ce temps, la réalisatrice, quelque peu figée, essaye aussi de défendre son truc filmé, mais sans grande conviction, en laissant la plus grande part de responsabilité à Sebastian Maniscalco, principal instigateur de Mon père et moi.
L’Image et le son
Le chef opérateur Rogier Stoffers (Death Wish d’Eli Roth, Je te promets de Michael Sucsy, Harcelés de Neil LaBute) ne s’encombre pas de partis pris esthétiques extraordinaires et livre une photo passe-partout. Les contrastes et la luminosité des très nombreuses séquences en extérieur sont à l’avenant, la colorimétrie est riche et chatoyante, le piqué probant. Seules certaines séquences en intérieur ne sont pas autant définies, sans pour autant que les détails s’en trouvent amoindris. Divers moirages.
Mon père et moi repose souvent sur les dialogues. Il n’est donc pas étonnant que les mixages anglais et français Dolby Digital 5.1 fassent la part belle aux enceintes frontales et à la centrale d’où émergent les voix des comédiens et les effets annexes. Dans les deux cas, la spatialisation est essentiellement musicale et, sans surprise, la version originale l’emporte sur son homologue de par son ampleur, son relief et sa dynamique. De même, les ambiances se révèlent plus riches, harmonieuses et naturelles sur la piste anglaise. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français pour les spectateurs sourds et malentendants.
Crédits images : © Metropolitan Video / LionsGate / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr