Test DVD / Les Mains d’un étranger, réalisé par Newt Arnold

LES MAINS D’UN ÉTRANGER (Hands of a Stranger) réalisé par Newt Arnold, disponible en DVD le 3 décembre 2019 chez Artus Films

Acteurs : Paul Lukather, Joan Harvey, James Noah, Irish McCalla, Barry Gordon, Ted Otis, Michael Rye, Laurence Haddon…

Scénario : Newt Arnold d’après le roman Les Mains d’Orlac de Maurice Renard

Photographie : Henry Cronjager Jr.

Musique : Richard LaSalle

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

Célèbre concertiste virtuose du piano, Vernon Paris perd ses mains dans un accident de voiture. Le docteur Harding tente une opération très audacieuse et lui greffe les mains d’un gangster assassiné le même soir par un gang rival. Convalescent, Vernon devient obsédé par l’idée que ses nouvelles mains sont dotées d’une vie propre et le forcent à commettre des actes de violence, se venger du chauffeur responsable de son accident et du chirurgien qui l’a opéré.

Les Mains d’un étrangerHands of a Stranger (1962) est une transposition non-officielle du roman policier teinté de fantastique écrit par Maurice Renard, Les Mains d’Orlac, publié en 1920. Si l’adaptation la plus célèbre demeure celle d’Edmond T. Gréville, réalisée en 1960 avec Mel Ferrer, Dany Carrel, Christopher Lee et Donald Pleasence, il en existe pourtant deux plus anciennes. La première, Orlac’s Händen, film muet, mise en scène par Robert Wiene (Le Cabinet du docteur Caligari) avec Conrad Veidt (L’Homme qui rit), date de 1924. La suivante, Mad Love, signée Karl Freund (La Momie avec Boris Karloff) en 1935 confie le rôle du docteur controversé au légendaire Peter Lorre. Dans les années 1960, outre le film d’Edmond T. Gréville, une autre transposition du roman de Maurice Renard voit donc le jour. Petite série B fantastico-dramatique, Hands of a Stranger remplit aisément son contrat et s’avère un divertissement très plaisant, bien mis en scène et interprété par des comédiens très convaincants.

Newt Arnold a essentiellement fait sa longue et prolifique carrière en tant qu’assistant ou réalisateur de seconde équipe sur de grands films et auprès de noms prestigieux du cinéma tels que Norman Jewison sur Dans la chaleur de la nuit, Sam Peckinpah sur Guet-apens et Pat Garrett et Billy le Kid, Francis Ford Coppola sur Le Parrain, 2ème partie, John Guillermin sur La Tour infernale, William Friedkin sur Le Convoi de la peurSorcerer, Ridley Scott sur Blade Runner, James Cameron sur Abyss, John McTiernan sur Last Action Hero et bien d’autres. Un nom respecté à Hollywood. Etrangement, Newt Arnold n’aura signé que trois films en tant que réalisateur, espacés sur 26 ans. Si Les Mains d’un étranger est son premier long métrage, celui qui le fera passer à la postérité sera BloodsportTous les coups sont permis (1988), premier carton au box-office de Jean-Claude Van Damme ! Entre les deux, Newt Arnold aura également emballé le film d’horreur Blood Thirst (1971).

Hands of a stranger témoigne de l’intérêt du réalisateur pour le genre, d’autant plus qu’il signe lui-même cette adaptation. On sent également l’influence des Yeux sans visage de Georges Franju sorti deux ans auparavant, avec cette approche du fantastique ancré dans le réalisme. Avec son N&B maîtrisé que l’on doit au chef opérateur Henry Cronjager Jr., grand habitué des séries télévisées, dont il s’agit de la quasi-unique incursion au cinéma et la partition inspirée de Richard LaSalle, Newt Arnold est solidement épaulé et l’ensemble participe à la belle réussite de Hands of a Stranger.

Du point de vue des comédiens, le spectateur avide de cinéma d’épouvante reconnaîtra Paul Lukather, ici dans le rôle du Dr – pas Frankenstein, mais presque – Gil Harding, qui interprétait également un toubib dans Vendredi 13: Chapitre final (1984) de Joseph Zito. Si son visage sera principalement récurrent dans les séries télévisées des années 1960-70, il est ici impeccable et charismatique dans ce rôle finalement plus intéressant et ambigu que celui du malheureux pianiste. Toutefois, James Noah ou plutôt James Stapleton comme il est crédité ici, est aussi très bon dans la peau de cet homme devenu malgré-lui un monstre créé par la science. Quelques séquences étonnent par leur violence sèche, surtout celle où Vernon Paris s’en prend au fils du chauffeur de taxi qu’il rend responsable de son accident, puis de sa malédiction.

Le budget est sans doute très restreint, mais Newt Arnold parvient à instaurer une véritable ambiance, avec une tension maîtrisée et un vrai sens visuel, comme l’annonce d’emblée la séquence inaugurale avec l’assassinat de l’homme aux « mains à la fois puissantes et sensibles » qui seront ensuite greffées au pianiste Vernon Paris.

Au final, Les Mains d’un étranger demeure un très bon moment de cinéma, très efficace, au charme désuet toujours intact.

LE DVD

La collection « Les classiques » d’Artus Films accueille de nouveaux titres, dont Les Mains d’un étranger de Newt Arnold. Une jaquette au visuel étonnant est glissée dans un boîtier Amaray classique de couleur noire. Le menu principal est aussi sobre, fixe et musical.

Aucun supplément.

L’Image et le son

Voici un master correct, propre, même si tâches, griffures, raccords de montage et autres points font régulièrement leur apparition tout au long du film. Le N&B est de bonne facture, les gris acceptables, les noirs denses et les blancs assez lumineux. Le piqué est forcément aléatoire, mais s’avère parfois étonnant. Un grain peut-être discret, divers fourmillements et quelques baisses de la définition, mais l’image est principalement équilibrée.

Point de version française sur cette édition. L’écoute est propre, les échanges clairs, le souffle présent mais contenu. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Artus Films / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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