Test DVD / Les Indomptés, réalisé par Daniel Minahan

LES INDOMPTÉS (On Swift Horses) réalisé par Daniel Minahan, disponible en DVD le 18 septembre 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Daisy Edgar-Jones, Jacob Elordi, Will Poulter, Diego Calva, Sasha Calle, Don Swayze, Ryan Fitzgerald, Andrew Keenan-Bolger…

Scénario : Bryce Kass, d’après le roman Shannon Pufalhl

Photographie : Luc Montpellier

Musique : Mark Orton

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Muriel et son mari Lee démarrent une nouvelle vie en Californie lorsqu’il revient de la guerre de Corée. Rapidement, l’équilibre de leur couple va être bouleversé par l’arrivée du charismatique Julius, le frère de Lee, un flambeur au passé secret. Un triangle amoureux se forme. Mais Julius décide de suivre Henry, un jeune joueur de cartes dont il est tombé amoureux. Ébranlée par ce départ et plus éprise d’indépendance que jamais, Muriel trouve un exutoire dans les courses de chevaux et l’exploration d’un amour qu’elle n’aurait jamais osé imaginer…

L’ombre de Douglas Sirk et celle de Todd Haynes planent sur Les IndomptésOn Swift Horses, réalisé par Daniel Minahan, essentiellement connu pour son colossal travail à la télévision, sur des séries aussi prestigieuses que The L Word, Six Feet under, Deadwood, Grey’s Anatomy, True Blood, Game of Thrones, House of Cards et bien d’autres. Cela faisait quasiment un quart de siècle que le cinéaste n’avait rien signé pour le grand écran, depuis son premier long-métrage en fait (Series 7 : The Contenders), et il revient par la grande porte, avec un casting exceptionnel, en adaptant le premier roman de Shannon Pufahl, publié en 2019. Cette relecture du rêve américain se penche sur le « modèle » familial prôné par l’Oncle Sam, la définition du foyer, questionne la notion du désir, les ambitions et surtout l’identité sexuelle. Daniel Minahan focalise son action à la marge de l’Amérique profonde – dans les casinos, les circuits hippiques, les lieux de drague et les bars-hôtels gays, tandis que la guerre de Corée connaît ses dernières heures. Sur un solide scénario écrit par Bryce Kass (remarqué avec Lizzie de Craig William Macneill), le metteur en scène livre un fabuleux drame qui fait la part belle au romanesque, partis-pris que certains trouveront démodés, mais que Daniel Minahan embrasse pleinement, pour au final signer une peinture bouleversante de la face cachée des États-Unis après la Deuxième Guerre mondiale.

Il y a tout d’abord cette distribution où chaque comédien laisse pantois d’admiration. Daisy Edgar-Jones (Là où chantent les écrevisses, Twisters) n’en finit plus de subjuguer, Jacob Elordi (Priscilla, Euphoria, bientôt à l’affiche de Frankenstein de Guillermo del Toro) confirme qu’il est l’un des comédiens les plus prometteurs de sa génération, Will Poulter (Detroit, Les Miller, une famille en herbe, Midsommar), trouve l’un de ses plus beaux rôles, Diego Calva (Babylon de Damien Chazelle) est une révélation et Sasha Calle fait oublier sa participation à The Flash d’Andy Muschietti, quand bien même elle n’était pas la plus mauvaise dans ce projet maudit. Ils sont tous merveilleux dans Les Indomptés, plongée intimiste et radiographie d’une Amérique oubliée, ou plutôt dissimulée, tabou, qui fait tâche dans l’American Way of Life, où chacun doit être à sa place, comme dans les magazines au papier glacé.

L’amour est bien sûr au centre du récit, celui qu’on doit feindre, celui qu’on ressent réellement, celui qu’on calfeutre, celui qui nous donne du courage, qui nous rend plus vulnérable, celui qui nous perd ou nous révèle. Le réalisateur filme les corps alors libres de s’exprimer, sans ambiguïté, Muriel et Lee, Muriel qui est aussi attirée par Julius, ce dernier qui entretient une relation passionnée avec Henry, tandis que Muriel, attirée par les femmes, a sa première relation avec Sandra…Si beaucoup seraient tombés dans le piège du Doutage, sketch mythique des Inconnus (« Liliana est amoureuse de Fabiana. Fabiana est amoureuse de Corelia. Corelia aime en secret Liliana. Liliana que peut-elle ? Et Fabiana, que veut-elle ? Et Corelia, qu’attend-t-elle ? Et toutes les trois, où vont-elles ? »), Daniel Minahan fait preuve de pudeur, de délicatesse, qui imprègnent chaque scène, chacun de ses plans.

En fait, Les Indomptés est un film mathématiques, d’équations, où les inconnues se multiplient, où les personnages font penser à des êtres fracturés, des fractions donc, dont le dénominateur commun serait l’amour. Seulement voilà, le résultat n’est pas forcément celui qui était espéré à la base et forcément, beaucoup seront perdus, quand bien même ceux-ci devront se rendre à l’évidence devant l’inévitable, dans une Amérique alors conservatrice et (faussement) puritaine.

Il y a du Emma Bovary dans le personnage de Muriel, incarnée par la magnifique Daisy Edgar-Jones (qui rappelle grandement Anne Hathaway), femme tout d’abord effacée, puis qui s’affirme petit à petit, prend les choses en main, pense enfin à elle, pour découvrir l’indépendance, financière et sexuelle entre autres. Une modernité qui contraste évidemment avec le cahier des charges de la parfaite femme au foyer dans les fifties outre-Atlantique, qui déjoue les stéréotypes sans tomber dans la caricature ou l’anachronisme. Il en est de même pour le personnage de Julius, sous le charme de Muriel, dès la première rencontre, mais attiré avant tout par les hommes.

Succession de miroir tendus et échangés à tour de rôle, Les Indomptés est un mélodrame, qui prend les clichés en vigueur, au cinéma, dans la société d’alors, les triture, les malaxe, avant de redistribuer les cartes, comme justement Todd Haynes l’avait fait en 2002 avec Loin du paradisFar from Heaven, relecture de Tout ce que le ciel permet All That Heaven Allows de Douglas Sirk.

On est sans cesse troublé par Les Indomptés, film culotté car loin des canons et genres en vigueur à Hollywood en 2025, marqué par une beauté et une élégance de tous les instants.

LE DVD

Alors qu’on pensait qu’il s’agissait d’un DTV, Les Indomptés a bel et bien connu une exploitation dans les salles françaises fin avril 2025. Près de 30.000 spectateurs se sont déplacés au cinéma pour découvrir On Swift Horses…Metropolitan Film & Video propose désormais le film de Daniel Minahan, seulement en DVD cette fois. Le menu principal est animé et musical.

La bande-annonce est le seule bonus disponible sur ce disque.

L’Image et le son

C’est en découvrant le master SD soigné des Indomptés que l’on regrette l’absence d’une édition en Haute définition. Si le piqué n’est pas aussi ciselé sur les séquences sombres ou tamisées, la colorimétrie est d’une richesse impressionnante, les contrastes sont tranchants et les détails abondent aux quatre coins du cadre. Le relief est omniprésent, la clarté très appréciable.

Nous n’avons pas non plus à nous plaindre des mixages français et anglais Dolby Digital 5.1 qui répartissent les répliques, la musique et les effets avec une belle fulgurance. Il est évidemment nécessaire de visionner Les Indomptés en version originale, même si la piste française s’en sort aussi bien. Les enceintes s’en donnent à coeur joie dans les envolées musicales. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / LionsGate / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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