LE TRESOR DES COLLINES ROUGES (Treasure of Ruby Hills) réalisé par Frank McDonald, disponible en DVD le 4 octobre 2016 chez Artus Films
Acteurs : Lee Van Cleef, Zachary Scott, Carole Mathews, Barton MacLane, Dick Foran, Lola Albright…
Scénario : Tom Hubbard, Fred Eggers d’après la nouvelle de Louis L’Amour
Photographie : John J. Martin
Musique : Edward J. Kay
Durée : 1h10
Date de sortie initiale : 1955
LE FILM
Deux propriétaires terriens concurrents veulent posséder la mainmise totale sur la région de Ruby Hills. Se faisant la guerre par tous les moyens, l’un et l’autre devront également affronter le propriétaire de la source alimentant toute la vallée.
Le prolifique cinéaste Frank McDonald (1899-1980) se distingue par la longévité et l’éclectisme de sa carrière avec près de 145 films et séries télévisées réalisés sur une trentaine d’années. Dès le cinéma muet, il se spécialise dans les westerns et films d’aventures, avec parfois huit longs métrages mis en scène la même année ! Les producteurs lui confient des budgets modestes et Frank McDonald s’en acquitte grâce à beaucoup d’ingéniosité. C’est le cas du Trésor des collines rouges, réalisé en 1955, adapté d’une nouvelle de Louis L’Amour (1908-1988), écrivain et auteur principalement de westerns. Tourné dans les studios KTTV dans des décors honnêtes mais limités, Treasure of Ruby Hills est un petit western bien sympathique et délicieusement vintage. Certes, il ne faut pas s’attendre à des affrontements violents et une histoire alambiquée, mais Le Trésor des collines rouges est typique du western tourné à la chaîne, qui sait contenter le spectateur lambda désireux de passer un petit peu de temps dans le grand Ouest. Les cowboys s’apparentent à des playmobiles munis d’une pétoire à pétards, qui déambulent dans une ville faite de trompe-l’oeil ou de façades factices. Mais l’histoire tient la route et va à l’essentiel, surtout que le film ne dure que 70 minutes montre en main.
Zachary Scott (Le Roman de Mildred Pierce, L’Homme du Sud) porte le film sur ses épaules (et sa moustache à la Clark Gable), le sourcil relevé, le rictus ironique qui semble indiquer « il faut pas me la faire », tout en emballant Carole Mathews et en flinguant ceux qui voudraient bien s’emparer de la source d’eau (le trésor du titre) dont il est propriétaire. Les dialogues sont secs et la mise en scène renvoit souvent à l’époque du cinéma muet, durant laquelle le cinéaste a fait ses classes, à l’instar des plans de « réaction » des personnages avant que ceux-ci n’en viennent aux mains ou aux colts. C’est le cas de Lee Van Cleef, âgé de trente ans, qui promène son visage émacié depuis quelques films seulement. Frank McDonald semble conscient du charisme atypique du jeune comédien et prend son temps pour filmer son visage aux traits ambigus, malgré ses deux petites scènes.
Le Trésor des collines rouges est un western distrayant de série B, qui ne cherche pas à en mettre plein la vue, certes prévisible, mais généreux envers ses spectateurs puisque le réalisateur leur apporte tout ce qu’ils sont venus chercher en matière de règlements de comptes, amourette, pression psychologique, cavalcades, gunfights et punchlines.
LE DVD
Le DVD du Trésor des Collines rouges, édité chez Artus Films, repose dans un boîtier Amaray classique. La jaquette, estampillée Les Grands classiques du western, est très attractive avec un visuel élégant du plus bel effet. Le menu principal est fixe et musical.
Dessinateur et scénariste français de bandes dessinées, Georges Ramaïoli présente Le Trésor des Collines rouges de Frank McDonald (15’) en abordant tout d’abord la très longue carrière du réalisateur (près de 150 films et séries répertoriés sur IMDB), puis celle des comédiens principaux. Cela manque un peu d’entrain et notre interlocuteur s’égare parfois en entrant dans la vie privée des acteurs, mais cet exposé n’est pas inintéressant.
Cette section se clôt sur un diaporama de photos et d’affiches d’époque et de plusieurs bandes-annonces.
L’Image et le son
Le master (1.37, 16/9 compatible 4/3) présente encore un lot de défauts, rayures verticales, raccords de montage, tâches, poussières, mais l’image trouve très vite un équilibre convenable, d’autant plus que l’ensemble est plutôt stable. Le Trésor des Collines rouges est proposé dans un style Cinéma de minuit avec quelques fourmillements et plans flous. Si l’image n’est évidemment pas extraordinaire avec un N&B aux contrastes légers et des séquences plus altérées que d’autres avec un grain plus hasardeux, voir le film de Frank McDonald dans ces conditions rajoute au style rétro.
Seule la version originale est disponible et se révèle heureusement riche et plutôt propre. La musique est joliment restituée bien qu’un peu chuintante, certains légers craquements persistent, le report des voix est appréciable, évite toutes saturations exagérées et l’ensemble est au final suffisamment dynamique. Seule une séquence à la 12e minute a visiblement plus subi les affres du temps avec un souffle plus marqué et des échanges sourds.
Crédits images : © Artus Films / Captures : Franck Brissard